Carpe Diem - eg31 communication

Transcription

Carpe Diem - eg31 communication
Carpe
Diem
Scénario :
CARPE
DIEM
PAR :
¡
ª
GAILING Emmanuelle
31 000 TOULOUSE
[email protected]
http://eg31.free.fr
06.76.63.77.20
GENRE :
Comédie dramatique, film de télévision.
DURÉE :
1h30/1h45.
SUJET :
Une balade langoureuse dans les rues toulousaines et italiennes. Un groupe d’amis qui
s’apprivoisent, un couple qui se cherche… Un fond musical accompagne leur histoire et leurs
histoires…
SYNOPSIS:
T
ony est un parisien d’une trentaine d’années. Fuyant un divorce difficile et un désir
inassouvi de danse (c’est une passion dont il ne parvient pas à vivre), il emménage dans
un petit immeuble pittoresque au cœur de la Ville Rose, espérant retrouver une certaine sérénité et
douceur de vivre, et pourquoi pas, un travail dans son domaine de prédilection. Toutefois, échouant
dans ses démarches, il se contentera de petits boulots par intérim, jusqu’à ce qu’une rencontre
imprévue ne change le cours de sa vie. Gêné par une ex-femme envahissante qui ne tolère pas son
départ et qui le poursuit en utilisant divers prétextes, le jeune homme devra faire de gros efforts pour
l’éloigner définitivement de sa nouvelle vie, chose qu’il n’avait jamais vraiment eu le courage de faire
tandis qu’ils vivaient ensemble. L’erreur qu’il commet est d’engager son ex-femme dans un projet de
spectacle de danse, lui offrant ainsi sur un plateau d’argent l’occasion de se rapprocher de lui...
L
éa est sa jeune voisine. Volontaire et indépendante, elle vient de quitter l’université, pleine
de rêves et d’illusions. Elle souhaiterait vivre de sa passion, l’écriture, ou monter sa boîte
de communication. Mais traversant une phase passive, elle ne fait aboutir aucun projet. Son plus
grand problème est de succomber trop souvent à des occupations futiles qui ne lui apportent rien sur
le plan humain. Ces aventures superficielles renforcent son sentiment d’inutilité et ralentissent son
épanouissement personnel. Son passe temps favori est de danser tous les week-end avec ses amis
dans une discothèque qui va être un lieu révélateur : le Sky. Mais ses amis et voisins vont l’aider à
progresser plus rapidement.
L
éa et sont amie Steph réaliseront ensemble, mais sans se l’avouer directement, la vanité
de leur vie actuelle. C’est lors d’une retrouvaille en discothèque que Léa comprendra que
son attirance pour Tony ne ressemble en rien à ce qu’elle a ressenti ou connu auparavant, et que
cette relation-là mérite peut-être d’être vécue différemment, c'est à dire intelligemment. Mais à ce
stade de leur relation, le jeune homme en pense t-il autant ? Tony sera quant à lui frappé par la force
de l’amitié existant entre les deux jeunes femmes, et ému par les qualités humaines de Léa qui
décide spontanément et malgré les événements, de participer à son projet professionnel. Tony
découvrira alors un nouvel aspect de la « façade » de sa voisine. Dans un même temps, la bande
d’amis s’élargit et tout le monde s’investit pour aider Tony dans sa tâche. Un voyage en Italie soudera
leurs esprits et leur apportera la force de continuer chacun leur route et d’aller de l’avant sans
appréhension.
S
ur fond de musique, objet magique qui les rapproche inéluctablement tout au long de
l’histoire, Tony et Léa vont apprendre à se connaître, et à s’apprécier malgré les
quiproquos et les nombreuses barrières à franchir. Ils vont également apprendre à leur dépens qu’il
ne sert à rien de tirer des conclusions rapides de quelques situations embarrassantes ou
compromettantes, et que le bonheur réside dans le fait qu’il faut accepter l’être aimé avec son passé,
quel qu’il soit. Chose très délicate pour deux écorchés vifs, qui, prétendant être libres, ont plus que
tout besoin du regard et de la reconnaissance d’autrui pour se sentir exister. (La danse pour l’un, la
communication et les échanges pour l’autre).
Î PERSONNAGES PRINCIPAUX :
Ž Léa : héroïne.
Idéalement dans le rôle :
- Hélène de Fougerolles
Passionnée, entière, fonceuse, elle traverse une période de doute et a besoin de rencontres et
d’échanges pour être bien dans sa peau.
Ž Tony : héros, voisin de Léa.
Idéalement dans le rôle :
-
Samuel le Bihan
Laurent Hennequin
Anthony Delon
Volontaire et fort, très solitaire, il aura du mal à refaire confiance après un divorce difficile.
Ž Sophie : meilleure amie de Léa.
Plutôt insouciante, gaie, franche, c’est l’autre moitié de Léa. Elles se comprennent sans se parler et
se respectent profondément.
Idéalement dans le rôle :
-
Bérénice Béjo
Romane Bohringer
Ž Claire : Ex-femme de Tony.
Idéalement dans le rôle :
-
Karin Viard
Anne Parillaud
Sandrine Bonnaire
Bien décidée à se venger de son ex-mari, elle va lutter contre son attirance pour Léa, et ira jusqu’à
manipuler un homme afin d’accomplir sa vengeance.
Ž Alain : Responsable d’une agence d’intérim, amant et complice de Claire.
Idéalement dans le rôle :
-
Franck Dubosc
Thierry Lhermitte
Amoureux de Claire et manipulé par elle, brave homme qu’on a du mal à détester malgré sa profonde
naïveté.
Ž David et Laurent : couple homo, amis de Tony et danseurs de sa troupe.
Idéalement dans les rôles :
-
David :
-
Robinson Stévenin
Benoît Magimel
Jérémie Rénier
-
Yvan Attal
Frédéric Diefhental
Jean Marc Barr
-
Laurent :
Î PERSONNAGES SECONDAIRES :
Par ordre d’apparition
Ž Joseph, alias Jo : autre habitant de l’immeuble
Idéalement dans le rôle :
-
Gérard Lanvin
Alain Chabat
Jean-Pierre Bacri
Un quinquagénaire très entretenu. Il vit seul, et Léa bavarde souvent avec lui. Très complices, ils
partagent des sentiments à mi-chemin entre amitié et paternalisme.
Ž Mathieu : ami de jeunesse de Léa.
Idéalement dans le rôle :
-
Jocelyn Quivrin
Guillaume Canet
Vincent Elbaz
Un jeune homme un peu stéréotypé que Léa a connu à la maternelle et qui se console régulièrement
dans ses bras. Est là pour lui montrer la vanité de ses relations sentimentales.
Ž Saïd : ami de Léa, petit copain de Sophie.
Présent dans l’histoire pour faire comprendre à Sophie qu’elle a besoin de liberté, et de quelqu'un de
radicalement différent être vraiment heureuse.
Idéalement dans le rôle :
-
Sami Bouajila
Chad Chenouga
Roschdy Zem
Ž Le cousin italien de Laurent, Juliano :
Bel Italien, charmant riche et cultivé, pour qui Sophie va avoir un petit faible...
Idéalement dans le rôle :
-
Boris Teral
Stefano Dionisi
Eduardo Noriegua
Î BANDE ORIGINALE :
Certaines chansons seront utilisées plusieurs fois
1.
- Mystify
INXS
2.
- Thong Song
3.
- Played-a-live
Safri Duo
4.
- Love don’t let me go
David Guetta
5.
- Trust
Cure
6.
- Never let me down again
Depeche Mode
7.
- Rythm of the night (orig. vers.)
8.
- Colorblind
9.
- Heal the Pain
Sisqo
Debarge
Counting Crows
George Michael
10. - Maneater
Hall&Otes
11. - Fragile
Sting
12. - Dont’ stop the dance
Bryan Ferry
13. - Don’ leave me now
Supertramp
14. - Vogue (Inch. Mix)
Madonna
15. - Walking on the Chinese Wall
Philip Bailey
GÉNÉRIQUE :
Extérieur jour, Toulouse. Fond musical : “ Mystify ”, d’INXS.
On surplombe le ciel puis les toits toulousains, et on entre doucement en centre ville, pour rejoindre
lentement la place st Georges, en passant par les rues piétonnes. Ballade entre les passants, les
gens en terrasse des cafés, les enfants qui jouent sur la place, les arbres et les bancs publics... On
aperçoit la foule, l’agitation, la bonne humeur. C’est l’été, il fait beau et chaud. On voit l’enseigne du
café le Van Gohg, puis une jeune femme qui marche, traversant la place à vive allure. Elle pénètre
dans une rue adjacente, le son de la musique s’atténue.
SÉQUENCE 1 : première rencontre 1
EXT. JOUR. Grand soleil. Léa arrive devant la porte de son immeuble et voit un camion de
déménagement.
Léa, à voix basse :
Tiens, peut-être un nouveau voisin !
Elle entre et prend l’ascenseur jusqu’au 5e étage. Quelqu'un lui ouvre la porte :
Le voisin, en jean clair et tee-shirt blanc, moulants :
Bonjour !
La dévisageant :
Je suis nouveau dans l’immeuble, j’emménage à l’instant !
Léa :
Oui, oui, j’ai vu le camion en bas ! Enchantée, vous habitez où alors ?
Voisin :
Au 8, là !
Il montre sa porte du doigt.
Léa, rougissant :
Ben, moi je suis au 9, juste en face... Bienvenue alors !
Lui monte dans l’ascenseur en souriant. Elle rentre chez elle et décroche le téléphone puis compose
un numéro.
Léa, tournant dans son salon, nerveuse :
Sophie, c’est Léa ! Salut, ça va toi ? Moi ouais, ça va ! Eh, tu sais pas ? J’ai un nouveau voisin ! Pas
mal du tout ! Tu crois que je peux l’inviter à boire un pot pour fêter son arrivée ? Pourquoi ça se fait
pas ? Ah bon, dommage... T’as raison, il est peut-être pas seul... Je m’y croyais déjà ! Oh, grand,
plutôt carré, charmant, un sourire à tomber... Pas canon tu vois, mais très ... Enfin, voilà. Passe un de
ces 4, tu le croiseras peut-être ! Mais non, je fantasme pas, maintenant que je tiens Mathieu pour de
bon ! OK, allez, bye !
1
Les séquences portent un titre pour un repérage plus facile lors de la relecture.
SÉQUENCE 2 : premier soir.
INT. JOUR. Léa descend un étage à pieds et frappe à l’appartement situé sous le sien. Un homme
ouvre et passe la tête :
Homme :
Salut minette ! Entre, j’ai fait des crêpes.
Léa :
Encore ? Eh, fais gaffe à ton bidon, tu te nourris que de ça en ce moment !
Homme :
Paraît que les femmes aiment bien les crêpes !
Léa :
Mais pas les ventres mous ! Et quelles femmes ? T’attends quelqu'un ?
Homme, en faisant un clin d’œil :
Mais non bichette, je les appâte comme ça !
Léa :
Et t’appâtes qui dans cet immeuble de vieux ? Enfin de vieux... T’as vu la tronche des nanas ?
Homme :
Bon dis, t’as vu le nouveau locataire ?
Léa :
Oui oui ! Charmant. Tu l’as vu toi ?
Homme :
Ouaip. Il va me piquer toutes les célibataires du quartier celui-là !
Léa, riant :
Commence par arrêter de manger des crêpes. Conserve ton corps de rêve ! Je passais t’emprunter le
livre dont tu m’as parlé.
Homme :
A bûcher par cœur si tu veux créer ta boîte de communication un jour.
Léa :
Attends, je me documente d’abord, vas pas trop vite en besogne ! Allez je file ! Je te le rends au plus
tôt ! A plus ! Merci Jo !
En remontant, Léa s’avance près de la porte de son nouveau voisin. Elle entend de la musique :
« Vogue » de Madonna. Elle sonne chez lui. Il ouvre, souriant :
Voisin :
Tiens, salut !
Soudain, le chat de la jeune femme s’échappe de son appartement et se faufile en face.
Léa :
Choupy ! Reviens ! Désolée ! Ce chat alors...
Voisin :
Choupy ? ! Y’a pas de mal ! Ben, entrez ! C’est mignon Choupy ! C’est un mâle ?
Léa, mal à l’aise :
Non, une chatte ! Excusez-moi, elle faisait ça aussi avec le couple qui vivait là avant !
La jeune femme entre et jette un coup d’œil dans le salon. Cartons fermés par terre, télé à même le
sol, rien sur les murs, canapé lit défait, c’est le squat !
Léa :
Ah ouais, en fait ici c’est comme chez moi mais à l’envers ! Moi j’ai le salon à gauche en entrant !
Voisin :
Je suis pas encore bien installé, j’ai même pas encore de table dans la cuisine !
Léa sourit.
Léa :
Vous avez un frigo et un four au moins, ou... un réchaud ? !
Voisin :
Heu... même pas, non ! Tout ça sera réparé la semaine prochaine, quelqu'un doit m’amener le reste
de mes affaires. Enfin, normalement !...
Il se gratte la tête, un peu gêné. Puis ils sourient, le chat se frotte à ses jambes, elle le prend dans ses
bras.
Léa :
Bon, eh bien, si ça vous dit de venir grignoter quelque chose à la maison, ce soir ? Le lundi c’est
pizza ! D’ailleurs elle arrive dans une heure !
Voisin :
Volontiers, c’est sympa ! Qu’est-ce que j’apporte ?
Léa, ironique :
Ben rien, vous n’avez rien ! Je plaisante, ça ira comme ça !
Voisin :
Oui, c’est vrai !... Bon, à tout à l’heure alors !
Léa :
Bien, à tout à l’heure !
Léa sort avec le chat dans ses bras. Tony referme la porte derrière elle.
Léa, au chat, agacée :
Merci toi !... Quelle entrée en matière !... Très original !
SÉQUENCE 3 : Sophie et Saïd.
EXT. JOUR. Sophie et Saïd sortent du cinéma, main dans la main.
Saïd :
Tu veux manger une glace au soleil ?
Sophie :
Non merci. Tu ne préfères pas qu’on rentre ?
Saïd :
Tu ne veux vraiment pas te balader un peu ? Regarde ce temps magnifique !
Sophie :
Non merci, j’te jure. On rentre et on discute du film, ok ?
Saïd :
T’as pas la forme ? Qu’est-ce qui se passe ?
Sophie, détachée :
Rien rien, le film m’a un peu ramollie là, j’ai envie de rentrer.
Saïd :
Très bien, on y va...
Il entoure ses épaules et la serre contre lui. Ils partent.
SÉQUENCE 4 : première tentative de conversation.
INT. JOUR. Le voisin de Léa sort sur le palier et entend de la musique. Il tend l’oreille : c’est un
chanteur américain de hip hop qui chante : Sisqo, « Thong song ». Il sourit puis il frappe à la porte de
Léa qui ouvre immédiatement :
Léa :
Salut ! Entrez, je vais baisser le son ! J’aime bien me défouler le soir sur du hip hop !
Voisin :
Non, non, laissez, j’aime bien, j’écoute ça aussi !
Léa, se dirigeant vers la cuisine :
Bon ! Faites comme chez vous ! “ Crème-fraîche saumon ”, ça vous va ?
Voisin :
Parfait, parfait ! C’est mignon chez vous, c’est... chaleureux !
Il observe les murs, voit des photos d’amis, de famille, des tableaux de Braques, Matisse : couleur
dominante : bleue. Il s’assied, saisit un compact disc sur la table basse, et jette un œil vers une
étagère où est stocké un grand nombre de CD.
Voisin :
Quelle collection ! Ca fait longtemps que vous vivez ici ?
Léa, revenant avec la pizza et des assiettes :
Deux ans, même pas, j’arrête pas de déménager ! Mes CD c’est comme des bijoux, je les bichonne.
C’est grâce à la musique que je m’évade. La musique, le cinéma et l’écriture : mes trois passions.
Mais en ce moment je suis en panne d’inspiration. Enfin, je parle trop ! Et vous ?
Elle s’assoit près de lui sur le canapé. Il ne dit rien.
Léa :
J’ai faim ! Servez-vous, moi j’attaque ! Alors, qu’est-ce que vous faites à Toulouse ? De passage ou
vous comptez rester ?
Le jeune homme dévisage sa voisine tandis qu’elle dévore un morceau de pizza. Il lui lance alors un
regard emplit de culpabilité, regard qu’elle finit par croiser.
Léa, gênée :
Quoi ? C’est pas bon ? Mangez, ça refroidit vite ces trucs-là !
Voisin :
On ne connaît même pas nos prénoms.
Léa :
Ah oui, c’est vrai. Léa ! Et vous, Anthony, c’est ça ?
Tony :
Comment ...
Léa :
La boîte aux lettres ! Je suis curieuse !... C’est joli comme prénom, ça vous va bien ! Ca me rappelle
le Prince Anthony, l’amoureux de Candy ! Désolée, j’étais dingue de lui enfant !
Tony, plutôt froid :
Ah ? ! Candy... J’étais déjà grand moi... Bon appétit.
Léa, presque vexée :
Mais qu’est-ce qui ne va pas ? J’ai dit quelque chose de mal ?
Tony :
Non, non... C’est rien. Je suis en train de penser que j’attends un coup de fil important.
Léa, qui sent le mensonge :
Ah bon ? Déjà ! Si vous devez y aller... Je vous retiens pas...
Tony, finissant sa bouche et se levant :
Oui, c’est mieux, désolé ! Merci encore ! Et, à une autre fois !
Léa, inquiète :
Oui, oui... C’est ça, à une autre fois... Bonne soirée.
Tony quitte la pièce assez vite. Léa referme derrière lui puis s’adosse à la porte, soupire
profondément et lève les yeux au ciel.
Léa, à haute voix:
Oh le con ! J’ai rien compris ! Tout allait bien ! Sophie avait raison, il doit pas être seul. Bon, au moins
si c’est ça, ça prouve qu’il est réglo. C’est vrai que depuis la première fois que je l’ai vu, tout est allé
un peu vite ! Bon enfin, tant pis, j’appelle Mathieu.
Léa prend le téléphone et compose un numéro. Elle tombe sur un répondeur dont on entend
faiblement le message : Salut, vous êtes sur le répondeur de Mathieu, parlez après le bip, merci !
Léa :
Math’, c’est moi, bon, t’es où encore ? Ca fait pas une semaine qu’on s’est retrouvés et déjà tu
disparais! Je dois sortir samedi avec Sophie et Saïd, on va au Sky, tu veux venir ? Rappelle-moi !
Bisous ! Et rappelle, hein ? !
Léa raccroche.
Chez lui, Tony compose à son tour un numéro de téléphone.
Tony :
Salut, c’est moi ! Alors, tu viens toujours la semaine prochaine me ramener mes affaires ? Écoute
Claire, me raconte pas d’histoire, je sais très bien que t’as plus de voiture mais tu devais prendre celle
de ton frère. Moi je peux pas Claire, j’ai des rendez-vous pour du boulot, et puis tu m’avais dit que tu
serais là ! Putain, je savais bien que je pouvais pas compter sur toi, tu compliques toujours tout ! Tu
crois que c’est facile pour moi ? Bon, bon, je raccroche, viens pas, tant pis. Je me démerderai. T’es
vraiment trop conne. Au moins j’ai pas de regret !
La nuit est tombée. Chacun se vautre sur son canapé et se laisse absorber par les images de la télé.
On voit les deux voisins simultanément depuis leur balcon.
SÉQUENCE 5 : dérapage.
EXT. JOUR. On aperçoit le ciel, (depuis la cime des arbres avec le sifflement des oiseaux), et Tony
qui marche, tête baissée, une main dans la poche. Il entre dans son immeuble, le jour se lève à peine.
Il tient un sachet en papier. Il glisse ses clefs dans la serrure, mais avant de rentrer, il frappe trois
petits coups chez Léa.
Au bout de quelques secondes, elle passe la tête dehors :
Léa, décoiffée et en nuisette :
Salut ! T’as vu l’heure ?
Tony, amusé, et décontracté :
Oh la tronche !
Léa :
Hey, t’as vu la tienne ? ! Tu viens m’insulter à six heures et demie ? T’es sympa, mais j’ai mis le réveil
à huit !
Tony :
Et si je t’insulte avec des croissants devant un bon café ? Je rentre d’un chantier là, j’ai vraiment très
faim !
Il montre le sachet.
Tony :
C’est pour me faire pardonner pour hier soir. Faut que je t’explique.
Léa :
T’abuses là ! Je savais pas que tu bossais de nuit. On se voit ce soir si tu veux. Y’a un bar sympa sur
la place à côté : le Van Gohg. Viens vers sept heures. Là je vais me recoucher, OK ? J’ai écrit toute la
nuit, j’ai besoin de dormir.
Tony :
Ben c’est bien si la verve revient ! Désolé de t’avoir réveillée...
Léa :
C’est rien... Je te retiens pas... A ce soir !
Fermant la porte puis la ré-ouvrant :
Léa :
Eh ! Au fait ! Avec moi c’est pas aussi facile que ça de se racheter !
Tony souriant :
Ah ouais, mais moi pour les chieuses, j’ai déjà donné, tu vois ?
Léa :
Alors toutes les nanas que tu réveilles à 6h30 avec des croissants sont des chieuses ? Hein, c’est
ça ? Allez, à ce soir...
Tony toujours souriant :
Toi t’as l’air d’être une chieuse 24 heures sur 24 ! A ce soir !
Léa refermant la porte en criant :
Je rêve ! Tu sais ce qu’elle te dit la chieuse ? ? ?
SÉQUENCE 6 : Léa et Sophie.
EXT. JOUR. Après-midi, sur le banc d’une place publique au centre ville, sirotant des jus de fruits :
Sophie :
Bon alors, tu connais pas la dernière ?
Léa, naïvement :
Ah, c’est plus moi ? !
Sophie :
Allez ! Non, je me suis faire draguer par mon coiffeur l’autre jour !
Léa :
Il est bien ? Il te plaît ?
Sophie :
Mais c’est pas la question !
Léa :
Bien sûr que si ! Ca te ferait peut-être du bien de voir quelqu'un d’autre non ?
Sophie :
T’es gonflée toi !
Léa :
Pourquoi ? Tu t’encroûtes avec Saïd, tu perds ton sourire, c’est pas moi qui l’invente !
Sophie :
Ouais bon, il me plaît, mais il est hyper jeune ! Tu sais que je préfère les hommes mûrs...
Léa, pliée de rire :
C’est à dire ? ! Il a 13 ans, c’est un apprenti ?
Sophie, riant :
Ah ah ! Non, il doit avoir 19, 20 ans à tout casser !
Léa, morte de rire :
Genre “ inexpérimenté cherche jeune femme souple ” ! Ah, je t’y vois trop là ! Fonce ma grande !
Sophie :
Mais que t’es conne ! Non, il a l’air, doux, gentil... Il est tout blond, on dirait un ange !
Léa :
Ouais, c’est bien ce que je dis, jeune blond cherche femme plus âgée pour trainings privés ! Tu sais
quoi ? Tu devrais lui dire que tu vas en boîte demain ! Qu’il se pointe ! Un peu d’culot !
Sophie :
Ah oui, c’est vrai... Tu veux vraiment aller au Sky demain ? Ca fait un bail qu’on sort plus en boîte
avec Saïd !
Léa :
A qui le dis-tu ? Quand t’es avec lui on dirait une mamie de 60 ans ! Tu danses même plus alors que
t’adorais ça avant ! Eh, on a 25 ans, faut vivre avant d’être vieilles et moches !
Sophie :
Eh dis donc, fais gaffe à ce que tu dis ! C’est ton voisin qui t’a énervée comme ça ?
Léa :
En partie oui. Il a un sacré caractère ! Il s’est pointé ce matin à 6h et demie avec les croissants pour
s’excuser, parce qu’hier soir il m’a plantée avec ma pizza après 2 minutes de conversation !
Tranquille quoi ! Et en plus il me traite de “ chieuse ” ! De bon matin, j’adore !
Sophie :
Ben, c’est plutôt mignon pour démarrer une relation de voisinage, non ?
Léa :
C’est pas le plus grave. Mathieu m’a pas rappelée depuis 3 jours. Ca fera une semaine samedi qu’on
s’est revus au Sky, et ce con il m’avait juré qu’il rappellerait. Il se fout encore de ma gueule, et ça fait
plus de 20 ans qu’on se connaît ! A chaque fois qu’on reprend contact c’est comme ça : la grosse
déclaration dans la soirée, genre : “ Maintenant on s’quitte plus ! ”, puis tintin, il rappelle jamais,
jusqu’à l’année suivante !
Sophie :
Ben si tu le sais, laisse tomber !... Passe à autre chose !
Léa :
Ouais, mais disons que d’habitude quand on se revoit en boîte, je le ramène pas chez moi, si tu vois
ce que je veux dire...
Sophie :
Ah ok, oui, je vois...
Léa :
Wep, c’est pas formidable comme situation ! Enfin... Je vais pas lui courir après toute ma vie, hein ? !
Sophie :
Bon, et ton voisin, il a quel âge au fait ? Il fait quoi ?
Léa :
J’en sais rien moi ! Je t’assure, il s’est pointé, radieux, il s’est assis, super, j’amène la pizza, on
échange nos prénoms, (quand-même !), pis là... il change de gueule, il pose son assiette et il se
casse ! J’ai même pas eu le temps de lui demander ce qu’il faisait, j’ai rien compris !
Sophie :
Son âge, à peu près ?
Léa :
Curieuse ! Je sais pas moi... 35, pas plus je crois... Je le vois ce soir tiens, il veut m’expliquer ! On va
rire !
Sophie :
Ben c’est cool, tu me raconteras, moi j’ai une réunion jusqu’à 10 heures. Tu m’appelles après ?
Léa :
Non toi en rentrant... En tout cas, vivement demain qu’on se bouge un peu, je me sens molle !
Sophie :
C’est « l’après-fac » ça ! Pourtant ça fait quoi ? A peine deux mois que tu n’y vas plus ?
Léa :
Ouais, mais je m’emmerde sec! Personne ne répond à mes candidatures spontanées. Même pour
mes demandes de stages je reçois des lettres types de refus d’embauche, c’est pitoyable ! On dirait
qu’ils lisent même pas tes lettres. Ca n’encourage pas ! Du coup, même écrire ça me tente plus en ce
moment ! J’ai plus goût à rien. Pour te dire !
Sophie :
Ca reviendra... Allez, je t’appelle, je dois filer !
Les jeunes filles se font la bise puis filent chacune de leur côté. Léa jette un œil vers le Van Gogh,
Sophie la voit faire, sourit, fait un signe de la tête, puis part.
SÉQUENCE 7 : mystérieux voisin.
EXT. JOUR. Bruit des voitures + klaxons.
Le héros masculin marche sur un boulevard. Il tient une chemise sous son bras, et on le voit entrer
dans une agence d’intérim, saluer des gens, déposer ses papiers, ressortir, marcher quelques mètres
et renouveler l’action 2 ou 3 fois. Il a l’air soucieux. Les bruits de la ville se font plus sourds, gros plan
sur son regard anxieux. Dans une dernière agence, il reste plus longtemps. Un homme le fait asseoir,
lui parle quelques minutes, prend et lit ses papiers, semble enthousiaste. (On suit tout ça de
l’extérieur). Tony sort le sourire aux lèvres, et retourne d’où il était arrivé.
SÉQUENCE 8 : curiosité...
INT. JOUR. En arrivant sur le palier, Tony entend Léa parler à quelqu'un et s’approche de sa
porte. Tandis qu’elle parle, il écoute :
Léa :
Non, il n’a pas rappelé cet imbécile.
Voix de Sophie à l’autre bout du fil :
Mais laisse tomber, passe à autre chose, ça sent le coup foireux !
Léa :
T’as raison ! Je règlerai ça au Sky demain, si je le vois ! Pis des mecs, y’en a d’autres, hein ?
Sophie :
Mais au fait, t’as pas rendez-vous au café là ?
Léa :
Ouais, dans quelques minutes ! Faut que je me prépare. J’espère que je pourrai au moins compter
sur lui ! J’en ai marre des types qui fuient. Qui promettent et qui fuient !
A ce moment-là, la sonnerie du téléphone retentit chez Anthony : il se précipite, ouvre sa porte et se
jette sur le combiné. Léa entend alors qu’il est rentré chez lui.
Léa, à Sophie :
Oh dis donc, le boucan ! Le voisin vient de rentrer, et là il parle au téléphone ! J’espère qu’il n’entend
pas tout ce que je dis ! Et ma musique toujours à fond, il doit en avoir marre !
Sophie :
Il est peut-être pas souvent là ! T’occupe pas de lui, il est grand non ?
Léa :
C’est sûr, mais bon, c’est gênant quoi... On se voit demain alors ? Vous passez me prendre au métro
Jolimont ?
Sophie :
Comme d’hab ! A demain, et fais toi belle !
Léa :
Comme d’hab ! Toi aussi ! Allez, bye !
De son côté, Anthony semble énervé et crie dans le combiné :
Tony :
Comment ça, “ t’es là ” ?
Voix féminine à l’autre bout du fil :
Ben oui, j’ai fait comme j’ai pu !
Tony :
Tu pouvais pas appeler avant, non ?
Voix :
Mais je l’ai fait, t’étais pas là ! J’ai téléphoné juste avant de partir !
Tony, énervé :
J’ai pas branché mon répondeur. Si seulement t’avais pas aussi gardé mon portable... Espèce de
garce !
Voix :
Bon merde, je suis là maintenant ! Stop les insultes ! Faut savoir ce que tu veux à la fin ! T’habites
où ? Je me gare où ?
Tony se met à crier, mais Léa est partie se doucher et n’entend rien. On voit Léa entrer dans la salle
de bain, elle sifflote en pensant à son rendez-vous, elle a l’air heureux.
Tony, hurlant presque :
T’es venue seule ? De Paris ? ! On t’a prêté un... CAMION ? Je rêve... Bon, j’arrive, tu bouges pas de
là, j’arrive ! Non tu sors pas, tu restes sur ta place de parking où tu es, t’as compris ? J’arrive ! ! !
SÉQUENCE 9 : dernière minute.
EXT. JOUR. Tony sort de chez lui en trombe, regarde sa montre en attendant l’ascenseur,
trépigne, marmonne des insultes. On le voit courir dans la rue.
SÉQUENCE 10 : longue attente.
Musique off: « Love don’t let me go » de David Guetta.
EXT. JOUR. La jeune femme sort de chez elle, toute gaie, se dirige vers le café, jette un œil autour
de la place, puis en terrasse, mais ne voit personne. Elle entre, commande un jus de fruit au bar,
regarde la salle mais ne trouve toujours pas Tony. Elle s’installe dehors et sirote lentement le jus
qu’on lui apporte. Elle regarde l’heure plusieurs fois. La musique de Fond est de plus en plus
forte. Elle feuillette un magazine de cinéma, regarde encore sa montre. Elle est sur le point de finir
son jus. Elle attend encore. Balayage de la place et des gens qui marchent, des groupes qui parlent
debout, qui rient, puis retour à Léa qui se lève, laisse quelques pièces et rentre, les yeux rivés sur la
place et ses alentours.
En marchant elle pousse un petit cri :
Eh merde ! Y’en a vraiment pas un pour rattraper les autres !
SÉQUENCE 11 : le fardeau.
EXT. JOUR. Tony conduit un camion auprès d’une femme qui fait de grands mouvements.
Tony :
Tu pouvais pas me dire que t’avais un camion énorme ? On rentrera pas dans ma rue avec ça ! Quel
merdier !
Claire :
T’es chiant, hein ! Tu les as tes affaires là, c’est bon, non ? Tu veux pas me montrer où tu vis, c’est
ça ? ! De toute façon je m’en fous !
Tony :
Mais non... Je sais pas comment on va faire pour tout monter. Attends, je vais appeler un pote, passe
moi ton portable. Enfin, MON portable ! Puis au passage, je le récupère celui là, si tu permets !
Claire :
Je sais pas comment j’ai pu vivre avec toi...
Tony :
Je me pose même plus la question ! Passe moi ce fichu appareil, s’il te plaît !
Claire :
Je peux pas.
Tony :
Tu peux pas ? ? ?
Claire :
Je l’ai revendu.
Tony :
Pardon ? T’as revendu MON téléphone ?
Claire :
Ben oui, t’es parti si vite, sans payer ta part de loyer... J’avais besoin de...
Tony, fou de rage :
Tu te fous de ma gueule là ? Et les 2000 euros que je t’ai laissés ? T’en as fait quoi ? Et ta famille,
elle te laisse sans argent ? Tu m’énerves, descends !
Claire :
Quoi ? Là ?
Tony :
Démerde toi, j’en ai marre. Trouve une piaule ou repars tout de suite. Ouais, c’est ça, retourne à
Paris, on a vraiment plus rien à se dire. Allez, hop !
Il pile dans une rue et ouvre la portière de Claire.
Tony :
Du balai !
Claire :
T’es un beau salaud tu sais ! Mais je me casserai pas comme ça ! C’est trop facile !
Elle descend et claque la potière.
Tony, par la fenêtre:
Je ramènerai le camion, allez dégage ! Et oublie moi !
Il démarre en trombe et ne regarde même pas dans le rétroviseur. Claire prend un portable de son
sac, rit et appelle quelqu'un.
Claire, cessant de marcher :
C’est Claire. Je suis arrivée. Tu peux m’apporter un peu de fric ce soir ? Je vais peut-être rester
quelques jours. Non, je sais pas encore où il vit, mais j’ai sa carte grise ! Je te rappelle pour te dire
quand je reviens. Mais moi aussi, je t’aime !
SÉQUENCE 12 : fin de l’emménagement.
EXT. JOUR. Séquence où l’on voit Tony soulever des cartons et les emmener du camion garé à
quelques mètres de l’immeuble jusqu’à chez lui. Il fait 2 ou 3 allers-retours rapidement, il regarde
l’heure plusieurs fois, râle, souffle. Puis il ramène le camion dans le garage d’un ami. On les voit
bavarder quelques secondes. Enfin il rentre, essoufflé, débraillé, et va prendre une douche.
SÉQUENCE 13 : le Sky.
EXT. NUIT. Sophie, Saïd et Léa sont dans la voiture. Le jeune homme leur fait signe de descendre.
Saïd :
Rentrez, je me gare et je vous rejoins !
Sophie :
Ok, vas pas trop loin, on aura mal aux pieds en sortant.
Léa :
Ouais c’est ça, surtout toi si tu danses autant que la dernière fois ! Hein ?
Sophie :
La ferme, tu vas voir de quel bois j’me chauffe ! Avance !
Les deux jeunes femmes entrent dans la discothèque, posent leur vestiaire. On entend déjà une
mélodie au loin : Safri Duo, « Played-a-live ». Léa trépigne.
Léa :
Wouah ! J’ai déjà envie de danser !
Sophie, riant :
Ouais, ben me laisse pas tomber pour le premier mâle qui passe, hein ?
Léa, après un clin d’œil :
Moi ? Tu rigoles ? ! Allez viens, on va déjà voir si y’a du beau monde, pour la drague on verra plus
tard. Je veux danser moi, bouger, remuer, me dépenser un peu !...
Les filles sont légèrement vêtues et s’avancent dans un couloir. Elles croisent les regards de
nombreux jeunes hommes qui fument et discutent debout ou adossés aux murs. Certains leur
sourient, d’autres essaient de leur parler. Elle ne répondent pas, continuent d’avancer, elles ont l’air
décontractées, très complices. Enfin, elles arrivent dans la pièce principale, immense et sombre. La
musique est forte : Safri Duo, « Played-a-live ». Les basses résonnent, elles se regardent et se
sourient sans dire un mot. Puis Sophie prend Léa par le bras et lui fait un signe de la tête, lui montrant
Mathieu, debout au bar, les yeux rivés sur la piste de danse. Léa fait un “ non ” de la tête et une moue
boudeuse, et entraîne son amie à l’opposé pour danser. Elles se mêlent à la foule et s’imprègnent du
rythme. Mais Mathieu les repère assez vite.
Au même moment, Tony fait son entrée.
On voit les jeunes femmes de très près, puis on les quitte en direction de Tony, la vue surplombant la
salle pleine à craquer, pour revenir sur le jeune homme. Il se tient droit, mains sur les hanches, habillé
très sobre mais sexy, l’œil amusé, curieux. La caméra filme ensuite ce qu’il voit : balayage de la salle
de droite à gauche ; il aperçoit Mathieu s’approcher d’Léa et de Sophie qui commencent à s’amuser
vraiment. Puis Tony dirige son regard vers la cabine du DJ située au-dessus de la piste. Il jette un œil
vers le bar à droite, puis revient sur les filles et s’avance vers elles à son tour. Pourtant tout en
marchant, un élément le frêne un peu. Mathieu a pris Léa par la taille, l’embrasse dans le cou, danse
avec elle, ce qu’elle ne semble guère apprécier. Tony se demande s’il doit intervenir mais Léa ne lui
en laisse pas le temps ; elle repousse Mathieu qui insiste, puis aidée par Sophie, la jeune femme
parvient à le faire quitter la piste de danse. Mathieu râle, arrange sa tenue, passe une main dans ses
cheveux puis s’en va au bar. Tony qui a suivi toute la scène, s’avance vers les filles.
Tony, criant :
Ca va les filles ?
Léa, sur le même ton :
Tiens Tony ! Qu’est-ce que tu fiches ici ? Comment t’as su qu’on était là ? Et t’étais où d’abord tout à
l’heure ?
Tony, souriant :
Eh oh, une question à la fois ! Et puis c’est pas le bon moment pour s’expliquer là, si ? !
Léa, outrée :
Mais merde à la fin, y’en a marre de ces gars qui se croient tout permis !
Énervée, elle pousse Tony et quitte la piste de danse. Elle se dirige vers les toilettes. Tony tente de la
suivre mais il est arrêté par Sophie qui lui fait signe de rester.
Sophie :
Laisse-la un peu, danse avec moi !
Tony :
C’est qui le type qui s’est fait jeter avant que j’arrive ?
Sophie :
T’as assisté à ça ? Y’a longtemps que t’es là ?
Tony, cherchant Léa des yeux :
Où elle va là ?
Sophie :
Eh, c’est en partie à cause de toi qu’elle a les nerfs, alors laisse tomber !
Tony :
Je dois lui parler ! Depuis le début on marche à coups de quiproquos ! Puis, elle est trop spontanée
cette nana !
A cet instant, Saïd fait son apparition et aperçoit Tony et Sophie au milieu de la foule, en pleine
conversation. Il les laisse continuer et ne s’avance pas. Plus tard, Mathieu rejoint Léa qui se dirige
vers les toilettes en passant devant le bar.
Mathieu :
Eh ! Où tu vas là ? Pourquoi t’es agressive comme ça ? Qu’est-ce que je t’ai fait ?
Il essaie de l’embrasser. Elle le repousse.
Léa, vite et énervée :
T’as eu le culot de rester dormir chez moi la semaine dernière, tu m’as jamais rappelée, et tu te
pointes là, comme si de rien n’était, parce que t’as rien d’autre à te mettre sous la dent ce soir, c’est
ça ?
Mathieu :
Mais de quoi tu parles ? J’avais un stage ces derniers jours, tu le savais non ?
Léa :
Et ça t’empêchait de me passer un simple coup de fil, hein ? Allez, dégage, laisse-moi.
Mathieu :
Léa, tu me connais ! Je suis pas très téléphone ! Allez, viens danser, tu l’aimes cette chanson ! Allez
viens !
Fond sonore : David Guetta : « Love don’t let me go » Il la prend par la main et use de tout son
charme pour la traîner sur la piste. Pendant ce temps, Saïd, qui observe toujours Tony et Sophie de
loin, se fait accoster par une superbe jeune femme noire.
La jeune femme :
Faut pas rester seul comme ça ! Tu viens danser ?
Saïd se laisse embarquer. On a alors une vue d’ensemble de la piste de danse, avec sur un côté Léa
et Mathieu qui dansent, Saïd et l’inconnue sur l’autre côté qui bougent maladroitement mais qui
essayent de s’accorder, et puis, au centre, Tony qui cherche Léa du regard, Sophie à ses côtés qui
cherche du côté de l’entrée pour apercevoir Saïd. Sophie voit enfin son ami danser avec une
inconnue. Elle est clouée sur place.
Tony :
Quoi ? Tu la vois ?
Sophie :
Non, j’ai mieux encore ! C’est pas vrai ça... Et dire que ça fait une heure que je l’attends !
Tony, suivant le regard de Sophie :
C’est un ami à vous ?
Sophie :
Non, c’est... enfin c’était mon copain !
Tony :
T’affole pas, il fait comme nous, il fait le jeune qui s’éclate !
Sophie :
Il danse jamais avec moi.
Tony :
Ah... Bon, écoute, te fais pas de soucis. Je reviens, je vais chercher Léa.
Tony prend un peu de recul et plonge ses yeux dans la foule. Il voit enfin Léa et Mathieu serrés l’un
contre l’autre. Il affiche une mine dégoûtée et est sur le point de partir quand le DJ annonce un
concours de danse qui aura lieu sur un podium situé entre la piste et sa cabine. La musique est
lancée : Sisqo avec « Thong Song » pour commencer. Tony sursaute. Un sourire s’affiche sur son
visage. Léa et Mathieu se séparent afin d’observer les quelques couples qui montent sur le podium.
Tony avance vers le podium et croise une jeune femme aux allures de mannequin, en très légère
tenue, qui se dirige aussi vers le podium. Il lui glisse un mot à l’oreille et la prend par la main pour
l’emmener danser. Ils montent sur le podium et Léa reconnaît son voisin.
Léa, voyant les gens monter sur le podium pour le concours :
Non ! Mais qu’est-ce qu’il fait là lui ?
Mathieu :
Sa copine est pas mal du tout !
Léa :
Ca m’aurait étonné... T’es vraiment trop con mon pauvre ! Je sais pas ce qui m’a plu en toi ! Lâche
moi maintenant ! Va danser avec tes tops, mais ne refous plus les pieds chez moi !
Elle s’approche aux pieds du podium, à la fois amusée et intriguée, et regarde Tony qui se déhanche
comme un dieu, évinçant la créature de rêve qui reste presque impassible à ses côtés. Les filles dans
la salle le sifflent, et Léa semble très amusée. Elle se retourne pour chercher Sophie. Celle-ci l’avait
déjà vue et presque rejointe.
Léa :
J’en crois pas mes yeux ! T’as vu comment il bouge ? Mais regarde ! ! !
Sophie :
Saïd me trompe.
Léa, déconcentrée :
Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Il est où ?
Sophie :
Il dansait avec une black magnifique...
Léa :
Et alors ? ! Laisse couler, t’as bien dansé avec Tony ! C’est rien ça ! Oh, je rêve, regarde le corps qu’il
se paye !...
Sophie :
Il doit faire du sport... Bon, je suis au bar.
Léa :
Sophie, te fais pas de bile, on en reparlera ! Je te rejoins plus tard, je veux rien rater là ! ! !
Sophie :
Où t’as mis “ pot d’colle ” ?
Léa, subjuguée :
J’en sais rien, je m’en fous ! Regarde ! ! !
Sophie, en partant, à voix basse :
Tu t’en fous... Tu dis ça tous les six mois...
Tony voit Léa aux pieds du podium, lui sourit et lui tend la main. Le top model a trouvé un autre
partenaire à qui se coller. Léa grimpe.
Léa :
Eh, je savais pas que tu aimais danser !
Tony :
C’est mon métier !
Léa :
Quoi ? Comment ça ? En tout cas, t’assures hein !
Tony :
Toi aussi, ça va pour une amatrice !
Léa et lui attaquent une danse des plus sensuelles, ils se dévorent du regard, la salle les applaudit et
hue le top model qui tente d’aguicher tous les hommes en adoptant un comportement à la limite du
vulgaire.
Léa :
T’es prof de danse ou quoi ?
Tony :
Demain l’interrogatoire, pour une fois qu’on arrive à s’accorder !
Saïd a retrouvé Sophie au bar. Ils se disputent. Saïd s’en va, furieux. Mathieu rejoint alors Sophie.
Mathieu, en montrant le podium à Sophie:
C’est qui ce con ?
Sophie :
Son nouveau voisin.
Mathieu :
Ah ouais, plus pratique pour coucher.
Sophie :
Ca va pas ? T’es bourré ?
Mathieu :
Non, pas encore malheureusement, mais ça va venir.
Sophie :
C’est vrai que t’as pas oublié d’être con toi ! Allez dégage, je suis pas d’humeur ! Et arrête de la faire
chier va, ça fait trop longtemps que ça dure. Tu vois pas qu’elle est bien sans toi ?
Mathieu les regarde encore danser, sa méchanceté ancrée au fond des yeux.
Mathieu :
Elle danse mieux avec moi ! Ca fait 20 ans que je la connais. Je l’aurai de toute façon.
Sophie :
Mais pourquoi tu t’acharnes ? Maintenant qu’elle a compris qui t’étais, c’est trop tard !
Mathieu :
Tu parles, je l’ai dans la poche. Et puis, comment tu peux donner des conseils quand tu viens de te
faire piquer ton mec par une créature divine, hein ?
Sophie :
T’es vraiment trop con mon pauvre.
Sur le podium, Léa est troublée. Tony est devenu trop suggestif.
Tony, se faisant plus pressant :
Laisse-toi aller Léa !
Léa, gênée :
J’ai soif ! Tu veux pas boire ?
Elle s’échappe et saute du podium, en direction du bar, suivi par Tony que toutes les filles essayent
de toucher quand il passe devant elles. Il s’en amuse.
Léa :
Sophie faut que tu m’aides, je sais plus ce que je fais...
Sophie :
Et moi, je fais quoi à ton avis ? Saïd s’est barré.
Léa :
Ah bon ? Vous vous êtes engueulés ?
Sophie :
Je le quitte.
Léa :
Quoi ? Parce qu’il a juste dansé avec...
Tony tend deux verres aux filles.
Léa :
C’est quoi ?
Tony :
Malibu-ananas. Vous aimez ?
Léa :
Heu, ouais, allez, un p’tit alors !
Sophie, blasée :
Qu’importe le flacon...
Léa, sirotant son verre :
Calme toi Sophie, on en parlera demain.
Sophie, sur le même ton :
Ouais c’est ça, demain, il fera jour ! Et toi , t’en es où avec ton “charmant voisin qui danse comme un
dieu” ?
Léa, roulant des yeux :
Demain j’ai dit ! Je suis crevée, tu veux qu’il nous ramène ?
Léa, à Tony :
Tu veux bien nous ramener ?
Tony :
Déjà ? Bon ! C’est vous qui voyez les filles ! En tout cas c’est super ici, je reviendrai.
Léa :
Tu peux, on t’a déjà ouvert un fan-club je crois !
Tony, approchant ses lèvres de l’oreille d’Léa :
Danser avec toi c’est très sensuel, et tu verras, on gagnera le prochain concours !
Léa, sur un ton neutre:
Sûrement oui ! Bon, on y va ? !
SÉQUENCE 14 : tentative de réconciliation.
INT. JOUR. Matin. Léa frappe chez Tony. Il ouvre vite, en tenue décontractée, mal coiffé, petits yeux.
Léa :
Et alors ? Les croissants à 6h30 c’est pas valable les lendemains de sorties ? !
Tony :
Heu.... Pas toujours, mais j’ai du café... d’hier, si ta te va !
Il ouvre sa porte. Léa entre. Ils s’assoient sur le canapé encore défait.
Léa, observant autour d’elle :
Tiens, t’as des nouvelles affaires ? Je vois d’autres cartons !
Tony :
Ouaip, depuis hier. Mon ex est venue me les ramener.
Léa :
De Paris ? Ton ex-copine ?
Tony :
De Paris. Mon ex-femme.
Léa :
Ah ! Oui, c’est vrai...
Tony, lui servant une tasse de café :
Quoi donc ?
Léa :
La marque de ton alliance... Et puis, fallait m’en douter, un homme comme toi, et de ton âge...
Tony :
Ca y est, tu me trouves vieux parce que je suis fraîchement divorcé à 34 ans ?
Léa :
Non, non ! J’ai pas dit ça ! Mais tu dois avoir d’autres préoccupations que les miennes, et une autre
vie...
Tony :
Ah bon ? C’est quoi ces préjugés Léa ?
Léa, modestement :
Ben rien ! On est différents c’est tout ! Moi j’ai à peine fini mes études, je suis pas prête à... à faire
plein de choses ! J’ai plein de projets persos tu vois ?
Tony :
Et moi non ? Prof de danse au chômage, qui vient de s’inscrire en intérim pour bosser sur des
chantiers parce que dans ta belle ville y’a pas de boulot : tu crois que c’est ça mes projets persos à
moi ? !
Léa :
T’as très bien compris ce que je voulais dire.
Tony, agacé :
Non, que dalle ! On a des choses en commun, non, d’après ce que j’ai pu constater hier ? On peut
pas être amis parce qu’on a pas les mêmes préoccupations, c’est ça que t’essaies de me dire ?
Léa, levant la voix :
Mais non ! Pas du tout ! T’emporte pas ! Tu comprends rien !
Tony :
C’est quoi alors ? ! Ca y est je sais, je t’ai fait peur hier soir en boîte ! Pourtant, tu semblais t’amuser,
non ?
Léa, gênée :
Oui, oui, bien sûr ! C’est pas ça... J’ai un copain, c’est ça qui me gêne !
Tony, regardant la jeune femme droit dans les yeux :
C’est qui ton mec ? Le guignol qui te chauffait hier soir ? L’espèce de clown avec qui tu dansais ?
Léa, éclatant de rire :
Le “ guignol ” ? Le “ clown ” ? Tu le connais même pas ! Moi oui, et depuis 20 ans !
Tony :
C’est pas à moi de juger hein, mais bon... Elle est un peu faible ton excuse !
Léa :
Au fait, pourquoi tu m’as posé un lapin au café hier ?
Tony :
Claire, enfin, mon ex, m’a appelé quand j’allais sortir. Elle était en ville avec son putain de camion là...
Obligé de le laisser chez quelqu'un... Même pas fichue de prévoir... Mais bon, mes affaires sont là.
Léa :
Ok, ok, ça va, laisse tomber ! Oublions !
Tony :
Voilà ce que je te propose : je fais un saut sous la douche et on va se le boire notre café. Ca roule ?
Léa :
Ok, je t’attends alors. Fais vite.
Tony :
J’en ai pour 10 minutes, fais comme chez toi !
Il quitte la pièce. Léa s’allonge sur le canapé après l’avoir arrangé et refermé. Là le téléphone sonne.
Tony ne peut pas entendre, Léa laisse le répondeur s’enclencher :
Voix de Claire :
Salut mon chéri ! Tu m’as vite jetée dis donc, t’en as fait tomber ta carte grise ! Je suis à l’hôtel “ City
One ”, appelle pour qu’on se donne rendez-vous ! Bye !
Léa est très étonnée. Quand Tony sort de la douche, elle lui fait part du message :
Léa :
Claire t’a appelé, c’est sur le répondeur...
Tony :
C’est important ?
Léa :
Je te laisse écouter. Je descends au café. Si t’es pas là dans 10 minutes, je me barre ! OK ?
Tony, lui ouvrant la porte et l’observant sortir de très près :
D’accord, à tout de suite, je saute dans un jean et j’arrive.
SÉQUENCE 15 : accident.
INT. NUIT. Dans l’ascenseur. Léa compose sur son portable le numéro de Sophie qui ne décroche
pas.
Léa, impatiente :
Décroche, allez ! Sophie, qu’est-ce que tu fiches ?
Bip du répondeur.
Léa :
Bon, alors ? T’es où ? Si tu passes en ville, je suis au café avec Tony, viens nous voir, on parlera
d’hier. OK ? Allez, bisous, à plus !
Elle sort dans la rue, il fait lourd, le ciel est sombre et menace de pleuvoir. Se dirigeant vers la place
où se situe le café, quelqu'un la happe et l’attrape par le bras. Elle se retourne vivement.
Saïd, essoufflé :
Léa, faut que tu viennes !
Léa :
T’es con, tu m’as fais peur !
Saïd :
Sophie est à l’hosto, faut que tu viennes !
Léa :
Quoi ? C’est quoi encore ce plan ?
Saïd :
Je suis garé juste là, viens vite.
Ensemble ils montent dans la voiture de Saïd. On les voit s’exprimer de l’extérieur. Léa pose une
main sur sa bouche, sidérée.
SÉQUENCE 16 : hôpital.
INT. NUIT. Léa, penchée sur le lit de Sophie qui ouvre à peine les yeux :
Léa, douce :
Ben alors pépette ? Ca va pas non ? Tu pouvais pas me dire que c’était si important à tes yeux ?
Sophie, faible :
Huum... J’avais trop de choses dans la tête.
Léa :
Raconte-moi...
Saïd, en quittant la pièce :
J’attends dehors. Ca va aller puce ?
Sophie :
Oui, c’est bon.
Léa :
C’est à cause de la fille avec qui il dansait hier ? !
Sophie :
Non. Je l’aime plus c’est tout.
Léa :
Comment ça ?
Sophie :
J’en ai pris conscience il y a quelques mois, mais je croyais que ça passerait.
Léa :
Mais pourquoi tu m’as rien dit ? C’est pas ton... ton apprenti coiffeur au moins ?
Sophie :
Mais non, que t’es bête ! Je pensais que c’était un petit passage à vide, rien de grave ! Mais non, en
fait je supporte plus qu’il me parle, qu’il me touche. C’est de la folie, je l’ai tellement aimé ce garçon !
Elle se met à pleurer. Léa prend sa main.
Léa :
C’est dingue ça... J’ai toujours cru que vous alliez vous marier ! Comme quoi... Ne pleure pas, ce
n’est pas de ta faute !
Sophie :
On devait se fiancer dans quelques mois...
Léa :
Ah bon ? Ah bon... Oh là là, ma pauvre Sophie, ce sont des choses qui arrivent, tu ne dois pas t’en
vouloir...
Sophie :
Il va pas me croire, il va tant souffrir...Après 6 ans de vie commune...
Léa :
C’est la vie Sophie, ça sera dur pour vous deux ; regarde-toi !
Elle serre Sophie dans ses bras.
Léa :
Moi qui te croyais heureuse depuis toujours... Je m’en veux terriblement de n’avoir rien vu...
Sophie :
Mais non, tu avais tes soucis aussi... C’est rien.
Léa :
Mais... t’as vraiment avalé le tube entier ?
Sophie, riant :
Non, la moitié ! Quelle connerie ! J’ai l’air fin, hein ?
Léa :
Il faut que tu me parles davantage Sophie, faut jamais hésiter avec moi, d’accord ?
Sophie, essuyant ses larmes :
Ok, compte sur moi ! Je dois parler à Saïd tout de suite. Ca sera fait... Demain j’en aurai plus la force.
Souhaite moi bonne chance. Tu peux attendre dans le couloir ?
SÉQUENCE 17 : l’intruse.
EXT. JOUR. Léa introduit la clef dans sa serrure.
Léa, s’exclamant :
Merde ! Merde merde, j’ai oublié Tony !
Elle fait demi tour, s’approche pour frapper chez lui et l’entend parler avec quelqu'un. Elle écoute à la
porte. Gros plan sur son visage inquiet.
Tony :
Tu peux pas vivre ici Claire, je suis descendu pour te fuir, ne me pourris pas la vie !
Claire, reniflant :
T’as quelqu'un, c’est ça ?
Tony :
Mais non j’ai personne... Tu m’empêches de respirer !! On est divorcés Claire, DI-VOR-CÉS !
Claire :
Et, tu me demandes pas si j’ai quelqu'un moi ?
Tony :
Mais je m’en fous de ta vie ! C’est bien si t’as quelqu'un, c’est super, et dans ce cas rejoins-le !
Claire, se levant :
Je sais pas... je sais pas quoi faire.
Entendant un bruit de chaise, Léa rentre chez elle en vitesse. Claire sort, prend l’ascenseur et
disparaît. Tony frappe alors chez sa voisine.
Léa, ouvrant :
Salut, désolée, j’étais à l’hôpital.
Tony :
C’était pas une vengeance alors ? !
Léa :
Non, du tout, c’est Sophie... Elle a essayé... Elle et Saïd... En fait c’est pas très clair dans sa tête !
Tony, entrant chez Léa :
Clair, clair... Ah non, pitié, pitié, pas elle...
Léa, compatissante, refermant derrière eux :
Tu veux en parler ? Je vous ai un peu entendu en rentrant. Allez, entre, respire et raconte !
Depuis le balcon, on voit Léa et Tony assis sur le canapé, discutant, gigotant, puis la caméra s’élève
vers les toits toulousains.
SÉQUENCE 18 : hésitation.
INT. JOUR. Léa et Mathieu sont assis en face l’un de l’autre au Van Gohg. Il sourit, elle a l’air furieux.
Musique de Fond : Depeche Mode : « Never let me down again »
Léa :
Dépêche-toi j’ai pas beaucoup de temps.
Mathieu :
Ah ouais ? Même pour parler avec moi ?
Il prend sa main, elle la retire.
Léa :
Mathieu, faut être clair, ça fait... 10 ans peut-être que tu retournes vers moi à chaque fois que tu te
prends une veste en amour ! Alors sois sympa, cette fois ne pousse pas le bouchon trop loin qu’on
puisse au moins rester amis !
Mathieu :
Non non, t’as rien compris ! Cette fois comme tu dis, je veux qu’on soit sérieux !
Léa, ricanant :
Pppffff, sérieux, toi ? Arrête ! Mathieu, on se connaît depuis qu’on a 2 ans ! Pour qui tu me prends ? !
Elle sort de la monnaie et se lève.
Mathieu :
Pose ça. Écoute, je voudrais que tu y penses. Regarde-moi !
Léa, souriant :
Oui, je fais que ça ! Tu sais Mathieu, je t’aime bien mais...
Mathieu :
Regarde-moi. Je veux que tu réfléchisses. T’as personne en plus, alors c’est quoi le problème ?
Léa, touchée :
Écoute, tu m’as jamais laissée indifférente, mais là...
Mathieu :
Réfléchis un peu. On se revoit au Sky samedi prochain.
Léa :
Je sais pas si j’y retournerai, Sophie est pas encore sortie de l’hosto.
Mathieu :
Je passe te chercher à minuit, on va se boire un verre et on danse, ensemble, tous les deux. Et si ça
marche pas, je laisserai tomber à tout jamais. D’accord ? Dis oui, laisse-moi au moins essayer !
Léa :
Huuum... On verra ça... Allez bye.
Elle se lève et part. Mathieu la regarde s’en aller affichant un sourire narquois.
SÉQUENCE 19 : espoir.
INT. JOUR. Tony parle avec l’homme qui l’avait reçu à l’agence d’intérim. On entre dans les locaux et
on se faufile dans le bureau du gérant.
Gérant de l’agence :
J’ai pensé à vous immédiatement : il faut quelqu'un de jeune, costaud, qui n’a pas peur de bosser dur.
Parce que ça va être un sacré boulot. Et ça sera à vous de composer l’équipe, presque toute l’équipe.
Tony :
C’est quand le spectacle ?
Gérant :
Dans 5 mois, c’est prévu pour novembre. Vous avez tout ce temps pour reprendre ce que l’autre con
de Narcel a laisse tombé. Narcel, le directeur du Théâtre des Quatre. Vous connaissez ?
Tony :
Pas vraiment, j’arrive à Toulouse là... ! Mais je vais me mettre à la page, pas de problème.
Gérant :
Alors attention : je vous donne 2 jours pour y penser, pas un de plus. Il vous faudra recruter une
responsable de communication, six danseurs, un éclairagiste. Les décors sont déjà prêts. En fait vous
danserez tout en dirigeant. Les anciens de l’équipe restent, enfin ceux qui voudront. Voilà. Faudra se
débrouiller jusqu’au retour du boss. Allez, à dans deux jours pour votre réponse et tous les détails !
SÉQUENCE 20 : un mois plus tard.
INT. JOUR. Mathieu sort de chez Léa, ferme à clefs et croise Tony qui sort de l’ascenseur avec deux
jeunes hommes.
Tony :
Elle a fini de faire la gueule ?
Mathieu, dévisageant étrangement les deux amis de Tony :
Je crois pas ! Et ton truc, ça avance ?
Tony :
Quand je pense qu’elle n’a même pas voulu m’aider...
Mathieu :
Ton ex a l’air de faire ça très bien !
Tony :
Ouais, c’est ça... je peux la voir quand Léa ? Je veux dire... seule ?
Mathieu :
Ah, je sais pas ça, on est cul et chemise maintenant !
Tony, un brin amusé :
Petit con, va ! Allez, bye. J’ai du taf.
Et entrant chez lui, sans se retourner, suivant ses amis :
Tony :
Passe lui quand même le bonjour...
Dedans, l’un des deux garçons s’exclame :
C’est qui ce naze ? T’as vu comment il nous a maté ? Il a jamais vu de couple gay de sa vie ou quoi ?
L’autre jeune homme :
Il a jamais approché de gay du tout je crois ! T’emballe pas, va !
Tony :
C’est rien les gars, il est limité mais pas méchant ! Bon, asseyez-vous, on va parler projet et
rémunération.
Le premier garçon :
Hum, j’aime ce mot ! Tu payes bien même si on se connaît depuis longtemps j’espère !
L’autre garçon :
Dis donc mon Lolo, on est là pour aider avant tout. Pour l’amour de la danse et du challenge ! Allez
Tony, raconte. On est tout ouï !
SÉQUENCE 21 : léger froid.
INT. JOUR. Un autre jour. Léa, Jo et Tony se retrouvent dans l’ascenseur. Léa et Tony se tiennent à
distance, de chaque côté de Jo. Jo les prend par les épaules et leur dit sur un ton ironique :
Vous savez c’qu’on dit les jeunes ? Faites l’amour, pas la guerre !
Léa et Tony se regardent, pas franchement souriants. Puis ils regardent Jo qui éclate de rire :
Ah, ces jeunes, n’importe quoi. Après on s’demande pourquoi y’a autant de guerres !...
L’ascenseur arrive en bas, les portes s’ouvrent. Chamailleries pour savoir qui va descendre en
premier.1
1
Passage comique.
SÉQUENCE 22 : participation inattendue.
INT. JOUR. Scène du Théâtre des Quatre. Quelques danseurs s’échauffent sur de la musique :
« Don’t stop the dance », Bryan Ferry.
Tony s’agite au milieu de l’espace où on reconnaît Laurent et David. Léa s’approche lentement,
curieuse et impressionnée. Personne ne la voit. Elle prend place au premier rang et observe Tony
diriger ses danseurs et effectuer quelques mouvements avec eux. Soudain il se retourne :
Tony, se mettant dos aux danseurs - (face au public) :
Je vous montre, regardez !
Et puis apercevant Léa :
C’est simple, c’est comme si vous brassiez de l’air inutilement... Jambes fléchies serrées, bras
écartés délicatement, épaules droites, puis on resserre les bras, et hop, on les rouvre doucement...
Refaites ça plusieurs fois et prenez deux minutes de pause, je reviens.
Il rejoint la jeune femme.
Tony, suspicieux :
Une revenante...
Léa :
Je dérange pas j’espère... Je t’amène quelque chose.
Sortant des papiers d’un grand sac :
J’ai planché sur des exemples de plaquettes pour le spectacle, puisque Claire te fait déjà les affiches.
Voilà.
Tendant les plaquettes :
Tu me dis franchement hein, si c’est vraiment trop moche je connais quelqu'un qui peut...
Tony, l’interrompant :
C’est superbe ! Franchement, celle-là par exemple, elle est terrible ! Très jolie. Avec une photo là...
Ca serait pas mal du tout ! Je savais pas que tu comptais les faire.
Léa :
Je sais. J’aurais du m’impliquer plus tôt, excuse moi, mais je... je suis maladroite en ce moment. En
fait, c’est... depuis que t’es là, je fais n’importe quoi, enfin... Bon, ça avance les chorégraphies ?
Tony :
Ca va, ça va ! C’est un peu speed, mais des gens sont venus en renfort nous aider, puis j’ai réuni une
super équipe. Heureusement que... enfin, ça va !
Léa :
Heureusement que Claire est là, c’est ça ? C’est bien. Profite. Enfin, bon, allez, je file !... Tu passes
pour parler des modifs que tu veux faire et m’amener des photos ok ? J’ai même bossé sur quelques
textes pour tes plaquettes. On verra ça ensemble ?
Tony :
Mais, je veux pas déranger ! Mathieu vit chez toi maintenant !
Léa :
Non, non, en fait c’est provisoire, il cherche un appart. Et puis toi, tu revis bien avec Claire !
Tony :
Pas du tout, elle est à l’hôtel. Elle prolonge son séjour ici pour m’aider, mais elle repart après la
première. C'est à dire dans deux mois. Maximum. J’espère. C’est une bonne professionnelle, mais je
la supporte pas.
Léa :
Mouais... Enfin, tu sais avec Mathieu, c’est plus amical que...
Tony, l’interrompant de nouveau :
...C’est ta vie, je m’en fiche ! Assume tes choix ma grande ! Allez, je retourne à mes répèts ! Je
t’appelle !
Léa, à voix basse, tandis qu’il s’éloigne :
Mais qu’est-ce que je fiche là sans réagir... Je le laisse filer, quelle honte... Il faut que ça change !
SÉQUENCE 23 : quand l’imprévu s’en mêle.
INT. JOUR. Léa travaille à son ordinateur en écoutant de la musique : Debarge : « Rythm of the
night ». Jo bouquine sur son canapé, remuant les jambes au rythme de la musique. Soudain on
frappe à sa porte. Elle ouvre :
Léa :
Eh Tony, salut ! T’as fini ta journée ?
Tony :
Presque. Je venais te voir pour te porter trois photos. On peut réfléchir à celle qui va le mieux avec la
plaquette que j’aime bien, dans les tons or et rouge. Et puis, je vais jeter un œil à tes textes.
Apercevant des feuilles de papier colorées affichées sur un mur :
T’as pas chômé dis moi !
Léa :
Comme tu peux voir ! Je t’en prie, entre !
Jo, posant sa revue et se levant :
Salut jeune homme. Je vous laisse, j’ai à faire !
Alors que Tony s’apprête à entrer, Jo embrasse Léa sur la joue et descend un étage. Là, l’ascenseur
s’ouvre et un des danseurs de la troupe en sort :
Alors qu’il s’apprête à entrer, l’ascenseur s’ouvre et un des danseurs de la troupe en sort :
David :
Salut ! Tony, je te cherchais ! Je peux te voir deux minutes ?
Tony :
Parle, vas-y.
Voyant que David hésite en présence de Léa :
Parle, c’est Léa, ma voisine... et amie ! Comme ça tu la connaîtras, vous allez vous croiser souvent !
David danse dans la troupe.
David, gêné :
Bon très bien ! Enchanté ! En fait voilà : Lolo et moi on part quelques jours chez son cousin en Italie.
On voulait savoir si toi et... Si toi et Claire vous vouliez venir avec nous ! Ca peut être sympa non ? !
Tony, riant :
Claire et moi ? ! Hors de question ! Par contre...
Regardant Léa fixement :
Si ça dit à la demoiselle de passer quelques jours au milieu des oliviers en notre compagnie...
Léa dont le visage s’illumine :
Ah ouais ? Tu m’emmènerais ? Vous m’emmèneriez ? C’est super ça, je peux pas dire non ! Et le
travail ? On plante tout ?
Tony :
Pour les répèts, on peut danser partout ! Le reste peut bien attendre quelques jours, on a quand
même bien avancé là... Alors, je t’enlève vers les paysages miraculeux de la Toscane ?
A David, sans attendre la réponse :
Allez, c’est bon pour nous ! On voit demain pour les détails. Merci David, très bonne idée !...
Léa :
Ciao David, à la prochaine alors ! Et... merci ! La Toscane, c’est géant !
David reprend l’ascenseur, Léa saute au cou de Tony, folle de joie. Puis ils entrent chez elle et
discutent devant l’ordinateur, plutôt euphoriques.
SÉQUENCE 24 : étrange.
EXT. JOUR. Fin de journée, soleil couchant. Sophie, Léa, David et Lolo sont au bord de la Garonne,
Prairie des Filtres. Ils sont allongés et discutent.
Sophie :
Tu penses que je peux venir avec vous alors ?
Léa :
Ben pourquoi pas ? ! Une personne de plus, c’est gérable ! Hein David ?
David :
Je sais pas, c’est Lolo qui conduit ! Non je délire, bien sûr qu’elle peut venir !
Sophie :
Même si je suis avec quelqu'un, en prenant une autre voiture ?
Lolo :
Venez à dix je m’en fiche, la villa de mon cousin est gigantesque. A la dernière virée qu’on y a faite,
huit personnes sont restées dormir, si ma mémoire est bonne ! On risque pas de se marcher dessus !
David :
Putain je m’en souviens de cette viré ! C’était en mai, pour les 40 ans de ton cousin Juliano ! Oh, le
feu qu’on avait mis !
Les garçons discutent ensemble un moment.
Léa, à Sophie en aparté, très surprise :
Tu veux venir avec quelqu'un ? C’est pas ton coiffeur quand même ? !
Sophie :
Non, un ami ! Mon coiffeur... n’importe quoi !
Léa :
Un ami ? ! Un ami, « ami », ou un ami... « ami » ? ? ?
Sophie :
Oui, un ami de Saïd avec qui je corresponds depuis quelques semaines, voilà !
Léa :
Ah !... Eh ben, si ça peut te remonter le moral, viens faire ta convalescence au soleil avec...
...Luc.
Sophie :
Léa :
Luc ? LE Luc ? Avec qui t’es sortie y’a...
Sophie :
7 ans. Ouais, ce Luc-là.
Léa :
Oups ! Et Saïd sait ça ?
Sophie :
Laisse Saïd va. C’est assez dur comme ça, je préfère ne plus en parler.
Léa :
Ok ok, comme tu veux miss ! Donc Sophie et Luc sont de la partie ! Allez, j’en parle à Tony ce soir.
Sophie :
Tu le revois alors ? Ca se passe bien ? Et Mathieu il en dit quoi ?
Léa :
Il est en stage de rugby. Pas là quoi !
Sophie :
Il te manque ?
Léa :
Pas vraiment. Je l’aime bien tu vois, mais c’est pas du tout...
Sophie :
Comme avec Tony !
Léa :
Avec Tony ? ! Il ne se passe rien avec Tony. Je sais pas ce qu’il veut ou pas.
Sophie :
Et toi, tu le sais ? Quand tu es avec lui, quelque chose se produit, que tu ne ressens pas avec Mat, ça
se voit !
Léa :
Forcément, ça fait plus de vingt ans que je le connais, c’est pas du tout pareil...
Sophie :
Tony et toi, un jour vous fusionnerez. Et là, attention à qui se trouvera sur votre route !
Léa :
Wouh ! Tu crois ça ? !
Sophie :
Ca se lit sans vos yeux, y’a de la passion là-dessous ! Il faut juste du temps pour que vos karmas se
rencontrent. Mais je ne me fais pas de soucis, un jour, vous finirez par vous trouver ! Peut-être dans
les dédales des champs d’oliviers !...
Léa :
Ainsi soit-il !... Il faudrait encore que son ex arrête de se mêler de ses affaires. Bon, on y va les gars ?
Les amis se relèvent pour partir.
Sophie, en marchant :
Ah, les ex !...
Léa :
Eh, regardez, là, c’est pas Claire justement ?
Sophie :
La rousse là ? Ah oui, tu as raison. C’est elle, avec... un gars... Ma foi, ça a l’air bien chaud tout ça !
Léa, ravie :
Eh ben tant mieux ! Elle va peut-être nous lâcher plus tôt comme ça ! Il est pas mal en plus ! T’as pas
pris ton appareil photo sur toi, pour garder des preuves ? Non, je déconne...
David :
Mais je le connais lui !
Lolo :
Ah ? ! Tiens ? Et d’où ?
David :
Mais oui, regarde bien ! C’est pas le gars de l’agence d’intérim qui a mis Tony sur le coup au théâtre ?
Lolo :
Peut-être, mais franchement à cette distance, je garantis rien ! Mais oui, peut-être en effet.
Léa :
Quel gars ?
David :
Si si, c’est lui, j’en suis sûr. Le type que Tony a rencontré et qui lui a parlé du spectacle à reprendre.
Putain, mais comment il est tombé sur elle ?
Léa :
Ou comment elle est tombée sur lui ? C’est bizarre tout ça ! M’enfin, Toulouse c’est pas Paris non
plus, hein !... Allez, pause finie, le boss nous attend. Vous vous êtes échauffés les mecs ? Répèt
jusqu’à 20h là !
Lolo :
Ouais, et vous les filles ? Repos jusqu’à demain ? Fainéantes !
Léa :
Moi je vous filme ce soir. Making-off au programme !
Sophie, baillant :
Et moi je supervise le making-off !
Léa :
Ouais, c’est ça ! Pppff ! Couchée sur un fauteuil ! Ah ah ah !
Et ils prennent tous la direction du retour en plaisantant. Balade visuelle sur la flore environnante,
depuis le groupe d’amis en direction du ciel.
Fond musical : “ Never let me down again ” de Depeche Mode.
(Passage :
« I’m taking a ride with my best friend
I hope he never lets me down again
He knows where he’s taking me
Taking me where i want to be
I’m taking a ride with my best friend
(...)
We’re flying high
We’re watching the world pass us by
Never want to come down
Never want to put my feet back down on the ground... »)
SÉQUENCE 25 : complots.
INT. NUIT. Claire et l’homme de l’agence sont dans une chambre, lui est allongé sur le dos. Elle est
assise sur lui en nuisette et caresse son torse nu. Éclairage à la bougie.
Claire :
Maintenant il va falloir penser au pire des dénouements pour son spectacle.
Alain :
Tu y as bien réfléchi ? C’est vraiment ce que tu veux faire ?
Claire :
Bien sûr ! Il m’a humiliée, déshonorée ! Il va voir de quel bois je me chauffe.
Alain :
Tu ne serais pas malheureuse de le voir souffrir ?
Claire :
Pardon ?
Alain :
Tu l’aimes encore. Ca va te faire mal de saboter son spectacle.
Claire :
Ma douleur sera de courte durée. Par contre la sienne sera immense. Après ça il ne pourra plus
travailler nulle part. Il sera grillé jusqu’à la fin de sa vie.
Alain :
Tu n’es pas obligée de t’y prendre comme ça. Tu peux faire différemment.
Claire :
Non, mon père a eu une excellente idée ! On ne se débarrasse pas comme ça de la Comtesse de La
Pujadière. Tu vas voir ça. Je vais venger ma famille et notre déshonneur. Toute le monde m’avait dit
que ça finirait mal, qu’il valait mieux que j’épouse quelqu'un de riche plutôt qu’un artiste. J’aurais du
les écouter. J’ai été la première et la seule de la famille à divorcer ! Quelle honte ! Regarde où j’en
suis. Regarde !
Alain :
Mais je suis là maintenant, je suis de ton côté moi. Je pense juste que tu peux le blesser et l’humilier
autrement.
Claire :
Comment ?
Alain :
En touchant sa nouvelle copine.
Claire :
Ppff ! Il ne se passe rien entre eux. Ils sont juste voisins.
Alain :
Alors comment tu sais que je parle d’elle ?
Claire :
Il s’aiment bien, mais... elle est jeune, elle n’a pas d’argent, que veux-tu qu’il lui trouve ? C’est une
pauvre fille !
Alain :
Toi tu avais tout et pourtant...
Claire, serrant la gorge d’Alain entre ses mains :
Eh dis donc !
Alain, essayant de l’embrasser :
Je ne veux pas être méchant. Mais ce spectacle, si tu le gâches, tu gâches aussi ma carrière et la
renommée de mon agence.
Claire, jouant avec ses lèvres :
Ca il fallait y penser avant. Je t’avais prévenu. Maintenant tu t’es engagé, alors je fonce. ON fonce. Si
tu me lâches en chemin, tu sais ce qui t’attend...
Elle l’embrasse et il la serre amoureusement contre lui avant de relever les draps sur eux.
SÉQUENCE 26 : départ imminent.
EXT. JOUR. Balcon de Jo. Léa et Jo bavardent en buvant quelque chose.
Léa :
Donc voilà, quelques jours de vacances improvisés !
Jo :
Je serais bien parti avec toi, mais...
Léa :
Mais ?
Jo :
J’ai été contacté pour donner des cours.
Léa :
Des cours de psycho ?
Jo :
Non, de violon, banane !
Léa :
C’est super ! Mais, tu t’en sens le courage ?
Jo :
Ouais, je crois que j’ai assez boudé là. Je veux plus exercer en cabinet, mais instruire les p’tits
jeunes, ça, ça me dit bien !
Léa :
Des p’tits jeunes, t’es gentil ! C’est la fac quand même ! Jo en prof de psycho ! Je t’y vois bien ! Tu
vas pouvoir draguer tes étudiantes ! Et leurs mères !
Ils rient, puis Léa se lève et l’embrasse.
Je suis contente pour toi ! Décidément, les choses bougent avec les beaux jours ! Bon, je dois faire
ma valise m’sieur Joseph ! Je t’envoie une carte !
Jo :
Amuse toi bien minette. Et sors couverte ! Tu veux emporter des crêpes ?
Léa, riant :
Quoi ? ? Tu délires là ? Bientôt il te les faudra en perf’ tes crêpes !
Jo :
Je déconne ! Allez, file !
Léa, envoyant un baiser avec la main :
J’te raconte ça au retour !
Elle sort et ferme la porte derrière elle.
SÉQUENCE 27 : arrivée en Toscane.
EXT. JOUR. Plein soleil, ciel sans nuage. Maison italienne typique perdue sur une colline, au milieu
des oliviers. Ambiance estivale mais sensuelle. Il fait chaud mais tout le monde semble s’en
accommoder 1. On voit le groupe aligné, sidéré devant la beauté du site.
Musique de Fond : « Raining in Baltimore » des Counting Crows.
Un ténébreux italien d’une cinquantaine d’année, très séduisant, les rejoint et montre du doigt les
appartements qui vont être intégrés par les amis. La répartition se fait calmement, chacun rejoint sa
petite cachette, très excité. Léa est seule dans une pièce accolée à la maison, Sophie qui est
finalement venue seule se retrouve avec David et Laurent dans la maison principale. Tony se rend
quant à lui dans la pièce la plus isolée, au Fond du jardin près de la piscine.
L’italien, avec un accent français :
Le repas sera servi dans une heure. Ensuite je m’éclipserai et la maison sera à vous. Vous avez des
provisions pour toute une armée !
A Laurent :
Je te confie les lieux, à toi et à tes amis.
Puis regardant fixement Sophie :
J’espère que nous aurons le temps de bavarder un peu après le dîner !
Coup de coude de Léa à Sophie.
1
(Cf « Beauté Volée » de Bertolucci, je veux la même ambiance, la même maison, les mêmes appartements
autour -sortes de dépendances rafistolées en pierre et bois- et la même piscine en pierre au fond du jardin !)
SÉQUENCE 28 : premier repas.
INT. NUIT. Salon, ouvert sur l’extérieur. On voit des torches plantées dans l’herbe au dehors. La
tablée rit, bavarde et se sert à manger dans une ambiance agitée, contrebalancée par une musique
fraîche et légère qui provient de la radio : « Heal the pain » de George Michael.
Sophie à Lolo :
Dis, pourquoi tu nous a caché si longtemps un tel paradis ?
Léa à Tony :
Et toi, pourquoi tu nous a caché si longtemps des amis comme ça ?
Tony à David :
Mais j’en savais rien de cette maison au beau milieu de la Toscane ! C’était peut-être réservé aux
week-end en amoureux !...
David à Tony :
Si tu savais !
Le cousin italien :
Bon appétit les jeunes, reprenez des forces avant votre spectacle. Ca vous fera du bien de passer
quelques jours ici, l’air y est pur et l’eau de la piscine n’est pas chlorée !
Léa au cousin :
Mais on ne veut pas vous mettre à la porte ; où allez vous dormir ?
Le cousin :
Il y a d’autres appartements près d’ici, à côté du gros arbre dans le champ d’oliviers. J’aménage des
logements chaque été, ou je bricole les anciens, et nous les louons toute l’année. Quand j’ai des
pièces libres j’en fais profiter Laurent, et ses proches !
Léa à Lolo :
Je te remercierai jamais assez ! C’est un rêve qui se réalise ! Une semaine en Toscane dans une
maison digne des films de Bertolucci ! C’est incroyable !
Lolo, regardant Tony :
Oh tu sais, c’est pas moi qu’il faut remercier !...
Tony sourit en levant son verre de vin.
Sophie à Léa, discrètement :
Il est vraiment pas mal le cousin...
Léa :
Sophie ! J’te savais pas géronto !
Sophie :
Ben quoi ? Il a quelque chose de... Gérard Lanvin ! Tu trouves pas ?
Léa :
Non pas du tout ! Il fait plutôt « vieux beau » ! Mais c’est vrai qu’il a du charme !
Sophie :
Sami Frey !
Léa :
Arrête ! N’importe quoi !
Sophie :
T’as raison, non, c’est pas ça... On dirait plutôt...
Léa :
Ah non, pitié, pas Malkovich ! Tu vas pas tous les passer !
Sophie, au cousin :
Vous vivez seul ici ?
Le cousin :
Oui, depuis mon divorce ! Je suis si bien ici, pour rien au monde je ne quitterai cet endroit !
Sophie à Léa :
Je sais ! Jeremy Irons ! Ah ouais, c’est son portrait craché !
Léa :
Arrête, je parie que tu sais même pas dans quoi il a joué Irons !
Sophie :
C’est vrai ! Mais je sais que c un vieux séduisant !
Léa :
« Fatale », c’est le père qui se tape la copine de son fils.
Sophie :
Ah ben non, je pensais pas à lui alors... Mais tu trouves pas qu’il a quand même les yeux de Julien
Clerc ?
Les deux amies rient.
SÉQUENCE 29 : baignade interdite.
EXT. NUIT. Sous l’auvent de l’appartement de Tony, sorte de terrasse à moitié couverte. Léa et lui
sirotent un jus de fruit. Elle est debout, appuyée contre une poutre en bois, regardant l’eau de la
piscine faire des vagues. Lui est assis derrière elle.
Léa :
Le paradis sur Terre... Je pourrais mourir maintenant, que ça ne me gênerait pas. Écoute le clapotis
de l’eau sur la pierre...
Tony :
Mourir maintenant, ça serait vraiment trop bête...
Et, posant son verre sur une petite table, il se lève et s’approche de Léa. Alors qu’il saisit ses hanches
de dos, une musique monte d’un poste de radio : « Don’t leave me now », de Supertramp. Léa ferme
les yeux. Le vent souffle dans ses cheveux défaits. Tony la serre dans ses bras et la retourne vers lui.
Pendant quelques minutes ils se regardent au fond des yeux, puis sourient, et dansent, très serrés. Ils
jouent avec leurs bouches, et tandis qu’ils sont sur le point de s’embrasser, un effroyable cri les fait
sursauter. Ils se séparent brutalement et se précipitent dans le jardin.
SÉQUENCE 30 : enfin...
EXT. NUIT. David et Lolo se sont jetés à l’eau. Sophie hurle de rire. Tony et Léa accourent.
Sophie :
Ils sont complètement fous ! ! !
Léa :
Je vois ça !... Vous avez abusé du Chianti ou quoi ?!
David :
Même pas ! Venez, elle est trop bonne ! Wouaaaah, c’est le pied cette baraque !
Léa à Tony :
Non merci !
A Tony :
On les laisse s’amuser ?
Tony :
Oui oui, viens, on a à travailler nous !
Léa :
Ah ? Ah ! ! ! Allez oui, on va travailler !
David, Lolo et Sophie en chœur :
Wouhhh, faut qu’on fasse beaucoup de bruit alors, c’est ça ?
Tout le monde rit. Alors que les tourtereaux retrouvent le chemin de l’appartement de Tony, la
musique qu’on entend est celle d’All & Otes : « Maneater ». Ils arrivent sur la terrasse main dans la
main et Tony propose sans un mot à Léa de continuer à danser.
Tony :
J’en avais envie depuis si longtemps...
Léa :
De danser avec moi ?
Tony, mielleux :
Non, de te serrer comme ça contre moi... Mais je voulais être sûr que ça te plairait.
Léa reste sans voix et ferme les yeux.
Tony :
J’espère que je ne fais rien de désagréable... Ca a été si difficile d’en arriver là !
Léa, appuyant son index sur les lèvres de Tony :
Chuuuut !...
Ils s’embrassent enfin, tendrement, en continuant de danser. Puis Tony dirige Léa vers l’intérieur de la
bicoque.
Là, toute la scène repose sur l’ambiance que dégagent les éléments : les couleurs (bordeaux, ocre et
doré) des tapisseries, nappes, draps et tentures, la musique super sensuelle, la lumière tamisée
(éclairage à la bougie+ lueur de la lune)...
On devine les formes des corps qui se cherchent et s’unissent. On aperçoit sans voir et ça dure un
certain moment, le temps d’avancer dans la chanson sublimissime !...
Dans le même temps, sur la même musique, on voit Sophie discuter sur un banc sous un gros arbre
en compagnie du cousin de Lolo, et Lolo et David se sécher mutuellement à l’aide de serviettes dans
leur appartement...
SÉQUENCE 31 : mise à zéro.
EXT. JOUR. On aperçoit Léa au téléphone dans un recoin du auvent de Tony, elle fait les 100 pas en
enroulant une mèche de cheveux autour d’un doigt.
Léa :
D’accord... Tu me laisseras l’adresse ? Pourquoi non ? T’es fâché ? Vexé ? Oh eh, tu me l’a déjà faite
celle-là. Tu sais parfaitement que c’est mieux comme ça ! Je suis sûre que t’as déjà trouvé une belle
brune pour te consoler ! Allez, fais pas l’enfant Math’ ! Oui c’est beau, c’est magnifique et je m’éclate !
A la prochaine !
Elle raccroche et rejoint un coin du jardin, près de la piscine, où Tony, David et Lolo répètent une
chorégraphie. Musique : « Don’t Stop the Dance » de Bryan Ferry. Elle se cache derrière un arbre
pour observer un moment. Puis elle rejoint la chambre de Sophie.
SÉQUENCE 32 : découverte surprenante.
INT. JOUR. Léa arrive devant la chambre de Sophie et colle son oreille à la porte avant de frapper.
Musique de fond : « Fragile » de Sting. Visiblement gênée, elle s’écarte, se cache derrière une statue
collée à l’entrée et attend.
Plan suivant :
On voit le couple tendrement enlacé allongé sur le lit, lui caressant les cheveux de Sophie, elle
embrassant les mains de Juliano. On voit leurs lèvres bouger mais on n’entend que la musique.
Ambiance de la pièce : dans les bleu-vert, teintures façon madras mais aux tons froids. Les rideaux
flottent à cause du vent qui entre dans la pièce.
SÉQUENCE 33 : confidences.
INT. JOUR . Juliano finit par sortir de la pièce et referme la porte derrière lui. Léa attend un peu et
sort de sa cachette pour frapper.
Léa :
Sophie, t’es là ? Je peux entrer ?
Sophie :
Oui oui bien sûr, entre !
Léa, s’asseyant sur le rebord du lit de Sophie :
Hey, dis donc toi ! Quel est ce sourire que tu ne peux cacher ? !
Sophie :
Oh Léa... J’aurais jamais cru vivre un truc pareil en venant ici ! C’est si bon de se sentir libre et de
vivre une histoire comme ça au moment où on s’y attend le moins !... Je revis !
Léa :
Heureuse de te l’entendre dire ! C’est formidable !
Sophie :
C’est Juliano qui est formidable ! Attentionné, cultivé... Je suis tellement bien près de lui !
Léa, serrant son amie dans ses bras :
Profite ma grande, la vie est trop courte pour se préoccuper encore et toujours de ce qui est révolu.
Fonce et ne te retourne pas !
Sophie :
Je fonce !... Tête baissée ! Mais je sais pas où je vais !
Léa :
Moi non plus ! Je suis dans ton cas, je fonce !
Sophie :
C’est pas vrai ! Avec Tony ? Ca y est, enfin ! Super ! Faut fêter ça !
Elles rient.
Sophie :
Tu sais Léa, il m’a proposé de... rester ici, avec lui. Au moins quelque temps, pour voir si la vie ici me
convient mieux. Et ça me tente bien à vrai dire. T’en penses quoi ?
Léa :
Wouah, ça c’est du scoop! Écoute ton cœur, j’ai pas de conseils à te donner ! Mais souviens-toi :
Carpe Diem ma grande ! Allez, tu viens dîner ?
Sophie, se précipitant vers son placard :
Attends un peu, on va se faire belle pour nos hommes !
SÉQUENCE 34 : sabotage ?
INT. NUIT. Toulouse. On reconnaît le théâtre du Capitole rebaptisé pour l’occasion.
Des silhouettes noires entrent dans le Théâtre des Quatre et se glissent dans les coulisses.
SÉQUENCE 35 : douceur italienne.
INT. NUIT. A l’aide d’un fond musical, « Trust » de Cure, on a une vision latérale (de gauche à
droite), de tous les protagonistes qui dorment. Je jour est sur le point de se lever :
Léa et Tony dorment l’un contre l’autre, les vitres ouvertes, les bougies pas encore éteintes. Sophie et
Juliano sont assis sur un lit, volets mi-clos, ils sont éveillés et bavardent en se caressant (mais on
n’entend rien sauf la musique). David ouvre les yeux puis tente de réveiller Laurent tendrement. Celuici ne veut rien entendre, ce qui fait sourire son ami qui le dévisage.
SÉQUENCE 36 : adieux.
EXT. JOUR. et EXT. NUIT. La fin du séjour en Italie approche. On voit la bande d’amis se baigner,
manger, discuter assis sur l’herbe dehors, se courir après, danser, rire, s’embrasser etc....1 Le tout sur
une suite de fondus enchaîné.
[Musique : « Heal the pain », George Michael : le rythme frais et enlevé accompagne ici les va-etvient des protagonistes qu’on voit galoper dans tous les sens. La chanson devient un peu le leitmotiv
de l’Italie.] Le cousin Juliano est bien sûr de la partie.
Enfin, on voit les garçons ranger les sacs et valises dans les coffres des voitures, remercier Juliano et
embrasser Sophie chaleureusement.
Sophie, à Tony :
Surtout prend bien soin d’elle.
A tout le monde :
Et puis nous on se revoit dans 1 mois pour la 1ère du spectacle ! Sans faute ! Bossez bien les gars !
On reste en contact.
A Léa, en la serrant dans ses bras :
Bon courage ma grande. Si ça marche tu auras de sérieuses références en matière de
communication ! Alors aide-les bien. Et souhaite-moi bonne chance.
Léa :
Bonne chance ma grande. Tu m’appelles hein ?
Montant dans la voiture de Tony :
Prends soin de toi, et au mois prochain ! Et pas de mauvais plan hein ?
A Juliano :
Je vous la confie ! A bientôt et encore merci pour tout !
Lolo :
Merci cousin, on sera bientôt de retour, j’en suis sûr !
Tony :
Merci merci, c’était formidable !
David, passant le bars par la fenêtre de la voiture :
Rien à rajouter, je vais chialer !
1
Ca doit durer quelques minutes, le temps qu’on comprenne qu’ils passent du bon temps
ensemble dans la meilleure ambiance possible.
SÉQUENCE 37 : dernières répétitions.
INT. NUIT. Toulouse. Théâtre des quatre. Toute la troupe s’échauffe. Tony et Léa discutent sur un
côté de la scène. Les machinistes s’activent dans tous les sens.
Tony :
Bon tout le monde, on se concentre ! Plus que 24h pour se préparer. L’heure est grave. Je compte
sur vous tous. Donnez le meilleur de vous-même ! C’est parti pour la 1ère partie, on y va.
Les danseurs se mettent en place, Tony devant eux. Il fait un signe de tête à la régie. Une chanson
commence : « Don’t stop the dance », Bryan Ferry. Tandis que les danseurs s’exécutent, Léa prend
place au second rang et regarde.
Claire fait son entrée dans la plus grande discrétion et s’assoit tout au fond de la salle, où personne
ne la voit.
A la fin de la première chanson, Claire se lève et rejoint Tony sur la scène.
Tony :
Claire ? Tu es encore là ? Et ton avion ?
Claire :
Demain soir ! Tu pensais pas que j’allais rater la 1ère après tout le boulot que j’ai fait, si ? Je viendrai
avec un ami d’ailleurs. Avec mon ami !
Tony, voyant Léa trépigner dans son fauteuil :
Bien bien ! Super ! On se voit demain alors ?
Claire, partant :
Ok ! Bonne répèt ! Ca s’annonce bien d’après ce que je vois, non ? Ciao !
Léa retrouvant Tony :
Elle voulait quoi la sorcière ?
Tony :
Rien, elle part demain. Et elle vient voir le spectacle avec son mec !
Léa, pensive :
Son mec ? Le gars du parc ?
Tony :
Qui ? Quel gars ?
Léa :
Non rien. On verra ça demain !
SÉQUENCE 38 : le grand soir.
INT. NUIT. Tous les danseurs se tiennent prêts derrière le gros rideau rouge. Léa parle avec David et
Lolo, Tony donne les derniers conseils. Les machinistes font signe d’en haut que les décors sont
prêts. Tony passe la tête à travers le rideau et en observant la salle qui se remplit, il voit Claire et
Alain assis cote à cote au 1er rang.
Tony, se cachant :
C’est quoi ce bordel ?
Léa accourant :
Quoi ?
Tony :
Claire et le gars de l’agence d’intérim ! Là, au 1er rang.
Léa, regardant :
Ah ben c’est lui ! C’est lui qu’on a vu au parc l’autre jour ! Avec Claire...
Tony, visiblement très énervé :
La salope... la salope...
Léa :
C’est quoi le problème ?
Tony :
Léa... tu trouves pas ça bizarre qu’elle tombe sur lui comme par hasard en arrivant de Paris ?
Léa :
Et alors ? Tu penses à quoi ? Tu me fais peur là.
Tony, prenant Léa par les épaules :
Vas la voir Léa. Demande lui ce qu’elle a manigancé, fais-le pour moi !
Léa :
J’y vais, j’y vais...
Tony regarde Léa parler à Claire qui rit, accompagnée par Alain. Ils ne cessent de rire. Léa revient.
Sur un côté, on reconnaît soudain Joseph qui se demande ce qu’il se passe, prêt à se lever pour
intervenir.
Léa :
Ils se foutent de notre gueule. Elle a rien dit, elle se marre comme une hyène la conne !
Tony :
Merde, merde...
Sur ce, Alain arrive :
Alain :
Alors jeune homme, de quoi a-t-on peur à 10 minutes du lever de rideau ?
Tony :
Qu’est-ce que tu fous avec Claire toi ? Qu’est-ce que vous trafiquez tous les deux ?
Se mettant dans une colère noire et saisissant Alain par le col de la veste :
Dis moi, salaud, qu’est-ce que t’as fait à mon spectacle ?
Alain, se dégageant :
Oh, eh, lâche-moi, p’tit con va ! Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? C’est moi qui t’ai mis sur le coup,
t’as déjà oublié ?
Tony :
Mais Claire est capable de tout ! Qu’est-ce que qu’elle prépare ? Réponds-moi !
Léa, retenant Tony :
Arrête, ils font peut-être ça pour t’emmerder, c’est tout. Fais ce que tu dois faire. Laisse-les Tony, je
t’assure, calme-toi...
Tony, courant vers les coulisses sous les yeux ébahis des danseurs :
Putain de merde, c’est MON spectacle, merde !
Léa à Alain :
Je sais pas si elle vous a convaincu de faire quelque chose ce soir, mais regardez tous ces gens qui
sont venus pour voir la troupe, et l’homme grâce à qui ce spectacle a pu se faire, c'est à dire vous !
Vous ne pouvez pas gâcher tout ça !
Alain :
Laissez tomber. On a rien fait. Je l’ai convaincue au dernier moment.
Léa, joyeuse :
C’est vrai ?
Alain, ajustant son col :
Ouais c’est vrai. On a même fait rajouter des fleurs dans les loges.
Léa :
C’est vous les fleurs ? Alain, je sais pas comment vous avez fait, mais merci !
Alain :
Oh, c’était simple. Elle pense qu’à l’argent. Quand elle a compris que ça faisait 5 mois qu’elle bossait
sur les affiches et qu’elle risquait d’en perdre le bénéfice, elle s’est ravisée. Point final. Je retourne
m’asseoir. Dites bonne chance à Tony de ma part.
SÉQUENCE 39 : le rideau se ferme.
INT. NUIT. Musique de fond : « Vogue » de Madonna. Les danseurs terminent le spectacle en imitant
la star. Léa est debout devant la scène, euphorique. La moitié de la salle s’est levée et applaudit. Et
puis le rideau se referme et Léa se précipite dans les coulisses où l’attendent Sophie et Juliano. Toute
le monde se congratule.
SÉQUENCE 40 : relâchement.
INT. NUIT. Léa s’éloigne un instant du groupe en veillant à ne pas être suivie. Tandis qu’elle court on
entend « Don’t leave me now » de Supertramp. Elle s’isole dans les toilettes. Elle a du mal à
respirer, suffoque. Alors qu’elle s’adosse à un mur, elle pose ses mains sur son ventre et éclate en
sanglots. Elle pleure à chaudes larmes. Soudain quelqu'un frappe.
C’est Joseph :
Léa ouvre, c’est Jo ! Ouvre moi !
Pleurs de Léa.
Jo :
Léa ouvre moi, on va discuter un peu.
Léa ouvre la porte et se jette dans les bras de Jo. Ils s’étreignent pendant un moment.
Jo :
Ca fait peut-être beaucoup d’un coup pour toi minette, hein ? Pleure va, lâche toi, ça fait du bien. Ca
va aller... Chuuut... Là... Tonton Joseph est là, hein ?
Léa :
C’est trop, trop beau, trop tout ! J’ai pas été habituée à ça moi !
Jo :
Prends ce qui est bon quand ça vient minette, on sait jamais combien de temps le bonheur reste.
Tony est un mec bien, il te fera pas de mal je le sais.
Léa :
Ah bon ?
Jo, rigolant :
Ouais, ouais, tu verras ! Fonce minette. Ta vie commence maintenant ! Ta vraie vie ! tu sais, celle où
c’est toi qui décide ! Ca fait peur mais t’es lancée, et tu t’es lancée toute seule, alors fonce, t’as plus le
choix !
Léa se tait et continue de serrer Jo dans ses bras.
Jo :
Bon, tu sais qu’on va faire la fête tout de suite ! Tu vas te rincer le visage et te pomponner un peu là,
et on rejoint la troupe ok ?
Léa, se redressant :
Merci Jo. J’ai des voisins en or hein ?
Il l’embrasse sur le front.
Plan suivant :
On voit tout le monde au restaurant, Jo aussi, excepté Claire et Alain. Dîner dans la joie et le bruit !
Tony porte un toast au bon déroulement des choses.
Ensuite ils vont en discothèque, au Sky, où Léa et Tony dansent en parfaite symbiose, très complices.
Tout le monde se défoule, c’est la grosse fête.
Musique endiablée : « Rythm of the night » de Debarge.
SÉQUENCE 41 : le rideau se ferme.
EXT. JOUR. Petit soleil d’automne. Toulouse, Prairie des Filtres. Alex, couché sur un banc un bonnet
sur les oreilles, pose sa tête sur le ventre de Léa qui elle est assise.
Tony :
Tu vois, ici aussi on est bien !
Léa :
Wep, mais la Toscane c’était formidable hein ?
Tony :
Et Sophie t’attend de pied ferme ! Alors, on s’offre quoi avec nos chèques ?
Léa :
Un p’tit voyage en Italie d’abord, voire un séjour prolongé !
Tony :
Et à notre retour on s’associe ?
Léa, se redressant :
Tu déconnes ?
Tony :
Ben non, jamais avec le boulot ! Ni avec toi.
Il l’embrasse.
Léa :
Alors on monte notre boîte ?
Tony :
Je danse, tu communiques ! Ca te va ?
Léa :
Tu m’étonnes ! C’est géant. Un jour la vie te paraît fade et sans intérêt, et quelques mois plus tard tu
te demandes comment tu as pu douter d’elle. Hein ?
Tony :
L’union fait la force. Et les rencontres notre destin.
Léa, fermant les yeux :
Tiens, moi j’irais bien voir la Muraille de Chine. C’est un des mes rêves.
Tony :
A Noël si tu veux, quand on sera riche !
Léa :
Ne parle pas trop vite, va ! Tu sais ce qu’on dit ?
Tony :
Non, raconte !
Léa :
Carpe Diem !
Ils s’embrassent et rient.
Une musique s’élève lentement : « Walking on the chinese wall », de Philip Bailey. Le film se
termine comme il avait commencé, avec une vue aérienne des héros qui se chamaillent, et une
gentille balade parmi les cimes des arbres et les oiseaux, en suivant le cours de la Garonne et les
rues du centre ville...1
- FIN -
1
Comme ça on voit bien Toulouse !

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