Discours — Anniversaire des 30 ans de Grenoble École de

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Discours — Anniversaire des 30 ans de Grenoble École de
Discours — Anniversaire des 30 ans de Grenoble École de Management
Bonjour, à toutes et à tous,
Cette semaine particulière ouvre les festivités qui marquent les trente ans de notre école. J’ai
souhaité vous faire partager, dans ce discours introductif à ces journées, ce qu’est devenue
GEM, ce qu’elle doit à ses pionniers et à celles et ceux qui, aujourd’hui, poursuivent et
participent, de près ou de moins près, à son développement, et à sa réussite. C’est également
l’occasion de donner le cap pour relever les défis de cette nouvelle ère qui s’ouvre à
l’Enseignement supérieur et à la Nation : défi du numérique, défi de la pédagogie et de la
recherche, défi de la mondialisation, de la gouvernance et du financement, défi de l’éthique et
de la responsabilité.
Loick Roche - 22 mai 2014
En 30 ans, l’école a toujours su garder le cap, cultiver ses racines, mettre en place de vrais
fondamentaux.
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Qu’il s’agisse de son identité : le management de la technologie, l’innovation,
l’entrepreneuriat.
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Qu’il s’agisse de son alignement avec l’écosystème grenoblois.
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Qu’il s’agisse de sa mission : accompagner la performance des entreprises en lui
fournissant des compétences et des talents adaptés à ses enjeux actuels et futurs, des
connaissances par nos travaux de recherche.
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Qu’il s’agisse de notre conception de ce que les étudiants et les participants dans nos
programmes de formation initiale et continue doivent acquérir. Des connaissances et
compétences indispensables en sciences de gestion, naturellement, mais aussi
une compréhension des phénomènes géopolitiques, économiques, sociaux,
sociétaux, environnementaux. Des expériences, nombreuses, fortes, en France, à
l’international, par une exposition de tous les instants avec le monde professionnel.
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Autres fondamentaux, les valeurs, les humanités, l’éthique de la responsabilité
que nous inculquons à nos étudiants. Nous voulons que ceux-ci deviennent des
entrepreneurs d’eux-mêmes, heureux de s’approprier l’ambition la plus haute, faire en
sorte, pour reprendre le message laissé aux générations futures par Albert Camus, que
le monde ne se défasse pas.
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En 30 ans, l’école a formidablement grandi. Elle est aujourd’hui reconnue comme une très
bonne école européenne. Elle est aussi reconnue comme un levier, un accélérateur de
croissance, pour le territoire, pour les entreprises...
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Être avec le CEA http://www.cea.fr/le-cea/les-centres-cea/grenoble et Grenoble INP
http://www.grenoble-inp.fr/ membres fondateurs du campus d’innovation GIANT,
http://www.giant-grenoble.org/fr/ construire dans le cadre de l’IRT sur le triangle
vertueux Education, Recherche, et Industrie, est un bon exemple.
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Notre rapprochement, notre travail aux côtés d’Inovallée http://www.inovallee.com/ en
est un autre.
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Plus généralement, au quotidien, l’engagement, la capacité à innover de nos
enseignants-chercheurs mais aussi, et c’est une caractéristique forte de GEM, de nos
équipes administratives. Innovations dans la gestion des ressources humaines,
innovations au sein de chacun des services, innovations pédagogiques, enseignements
disruptifs, travail avec les entreprises, publications, travaux de valorisation des
technologies, de transformation des brevets en emplois.
 Créer des emplois, l’unité à mes yeux la plus importante pour mesurer la
croissance d’un territoire.
Toute activité économique, toute croissance est in fine mesurée en nombre d’emplois,
directs, indirects. C’est aussi avec cette exigence que nous sommes membres de la
SATT (la Société d’Accélération du Transfert des Technologies) http://www.satt.fr/
comme au premier rang des organismes moteurs de la French Tech.
http://www.lafrenchtech.com/
L’école s’est toujours inscrite dans la logique de site. Avec les entreprises, avec les collectivités,
avec ses partenaires. Elle s’est également toujours inscrite dans cette logique avec l’ensemble
des autres établissements d’enseignement supérieur grenoblois.
Je suis, vous le savez un fervent défenseur de ce que j’ai appelé la théorie du lotissement.
http://loickroche.blog.lemonde.fr/2014/01/30/reforme-enseignement-superieur/
 La théorie du lotissement, c’est cette idée qui veut que ma maison n’a de valeur que si
celle du voisin est aussi belle que la mienne voire plus ! Vu du Satellite, vu de Rio, du
Cap, de Tokyo, de Punta Arenas, de Monterrey, l’enseignement supérieur grenoblois, c’est un
lotissement.
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Plus l’université sera forte, plus cela sera bon pour GEM. Plus GEM sera fort,
mieux ce sera pour les composantes universitaires. D’où notre implication dans les
projets IDEX, ces initiatives d’excellence, d’où nos demandes — qu’importe si elles
confinent parfois à l’apostolat — mille fois réitérées pour être membre du PRES (pôle de
recherche et d’enseignement supérieur) et maintenant membre de la COMUE
(communauté des universités et des écoles).
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Tout autant, à l’échelon France, GEM prend sa part pleine et entière. Au niveau du
chapitre qui regroupe l’ensemble des grandes écoles de management en France. Là
aussi, la théorie du lotissement joue pleinement. Une grande école ne valant que si les
autres grandes écoles sont fortes.
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Parce que c’est bien le lotissement France qui, au sein des lotissements de
chacun des autres pays doit briller, nous devons, entre grandes écoles françaises,
apprendre à ranger nos couteaux, apprendre à nous détourner de nos querelles.
Nous devons jouer en équipe, adopter entre nous ce que très joliment la marine du XIXe
siècle appelait, pour les marins du bord, le pacte de courtoisie — condition indispensable
si l’on voulait avoir une chance d’arriver : « à bon port ».
Oui, c’est bien la qualité de nos enseignements et de nos recherches en sciences de
gestion, la qualité de nos travaux avec les entreprises, que nous devons défendre et
promouvoir à l’international.
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D’autres échelons, cette fois européens et mondiaux, peuvent être mentionnés. Là aussi
GEM joue son rôle. Plein et entier. Que ce soit à l’EFMD, https://www.efmd.org/ à
l’AACSB, http://www.aacsb.edu/ la théorie du lotissement se révèle également
pertinente.
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Si je regarde maintenant l’évolution de l’école au cours de ces 30 années qui viennent de
s’écouler, ce qui frappe, c’est la vitesse et l’accélération de cette évolution.
Il y a 10 ans, c’était hier, nous étions 200 collaborateurs. Nous sommes aujourd’hui 400. Il y a
10 ans, le budget de l’école était de 19 millions d’euros, il sera l’an prochain de 52 millions
d’euros.
Il y a 10 ans la recherche à GEM était en devenir, cette année GEM est classée 2e en France
(classement du Point). Notre institution a établi un nouveau modèle durable de développement,
fondé sur les alliances, la transversalité, les services et les technologies. Les accréditations
EQUIS, AACSB, et AMBA nous ont permis d’entrer dans le club des Top 20 européennes et
Top 50 mondiales. Cette performance, pour une institution qui fête cette année ses 30 ans, est à
ce jour inégalée.
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Réussir demain, c’est anticiper une évolution de l’école encore plus rapide que par le passé.
Réussir demain, c’est prendre la pleine mesure de ce qui se joue aujourd’hui pour y
apporter les bonnes réponses. Et ce qui se joue, ce ne sont pas seulement des
mouvements, mais bien des révolutions.
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Révolution, pour reprendre les termes de Jean-Pierre Corniou, directeur général
adjoint du cabinet SIa Partners, des défis de transformation et d’innovation
auxquels sont confrontés les entreprises, ce qui implique une révision profonde
des modèles d’organisation et de management. Plus généralement, la transformation
de la société est telle que la façon dont on forme les étudiants devrait être une priorité
nationale. Réussir à gérer la transformation de la demande. Réussir à gérer la
transformation des profils...
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Révolution du métier d’enseignant. Démonstration de Michel Serres. Si hier 80% de
ce qu’un professeur enseignait étaient peu ou prou ce que lui-même avait appris
quelques années plus tôt sur les bancs de l’école, aujourd’hui, quand un professeur
arrive en salle de classe, 80% de ce que lui-même a appris sont déjà obsolètes. Quant
aux 20% qui restent, l’étudiant n’a pas besoin de lui.
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Révolution de l’objet même de l’enseignement… Si hier, il s’agissait de former des
étudiants à résoudre des problèmes que, nécessairement, ils rencontreraient un jour
dans leur vie professionnelle, aujourd’hui, il faut former des étudiants qui auront à
résoudre des problèmes dans un monde qu’ils vont contribuer à inventer.
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Révolution de l’information. Le problème n’est plus aujourd’hui de trouver la réponse, il
est révolu le temps où, ayant formulé une question, on achetait des bases de données
pour trouver la réponse. Aujourd’hui, avec ce qu’on appelle le big data, nous sommes
submergés d’informations. Le problème désormais, à partir de ces données, de ces
réponses en devenir, comme me le confiait Laurent Dechaux, Country Leader
d’Oracle France, c’est de trouver la question.
 Comprendre que le numérique est déjà au centre de tout.
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Comprendre dès lors ses impacts-clés. Parmi ceux-ci, la révolution de nos références
concurrentielles. Si hier, nos concurrents pouvaient être les autres grandes écoles,
nos concurrents, sans doute déjà aujourd’hui mais définitivement demain, seront
Google, Amazon... Révolution du marché dans la confrontation à de nouveaux entrants
plus agiles, capable de vendre des services où le client en a besoin, quand il en a
besoin, dans l’exact format attendu.
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Autre révolution, autre lame de fond : l’objet même des écoles. Car si hier, l’objet
était bien éducatif, demain, définitivement, il sera éducatif et commercial.
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Les incidences sont claires. Nous devons, au-delà de plans d’économies, au-delà
d’investissements dont l’objet est d’assurer une partie des leviers de croissance de
demain, être plus attentifs encore que nous ne le sommes aujourd’hui pour les
activités au sein de GEM qui, malgré les différentes actions, les différentes
réorganisations, peinent à trouver leur point d’équilibre. Pour certaines d’entre elles,
parce que, peut-être aussi en marge de nos axes stratégiques, nous devrons
apprendre à les arrêter.
Ne pas le faire — la théorie des dominos l’atteste — ce serait mettre en danger des
pans entiers de GEM.
Ne pas le faire, suffisamment tôt, ce serait hypothéquer l’avenir au sein de GEM des
personnes qui travaillent au sein de ces mêmes activités.
Dit autrement, nous devons nous restructurer où cela est nécessaire si l’on ne
veut pas qu’un jour il faille restructurer, mais cette fois... dans l’urgence.
Si nous le faisons maintenant, alors tout est possible. Nous restons maîtres de notre
destin. Chacune des personnes alors, sans exception aucune, qui serait affectée par
l’arrêt de l’activité dans laquelle il ou elle travaille aujourd’hui se verra proposer de
participer à créer de nouveaux métiers au sein de GEM ou d’intégrer d’autres
équipes de GEM porteuses de nouveaux leviers de croissance.
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Parmi les nouveaux métiers, et pour revenir sur la révolution du numérique (qu’il
s’agisse de digitalisation, réseaux sociaux, big data), nous devons comprendre —
semblable en cela à d’autres entreprises de service pour qui également ce n’est pas
le métier initial — que les sources de financement qui vont permettre de soutenir les
innovations, seront aussi à trouver (dans le respect plein et entier de la législation)
dans l’ordonnancement et la vente des informations.
Et ceci est encore plus vrai pour nous.
Si l’on tient compte du contexte économique de la France, il est en effet patent que
les ressources dédiées à l’enseignement supérieur — et je vous fais grâce des
différentes réformes qui ont été autant de coups reçus par les grandes écoles — au
mieux, stagneront, plus sûrement, diminueront de façon extrêmement conséquente
et extrêmement rapide.
 Pour nous transformer et développer ce nouveau métier, nous avons justement
besoin de ces hommes et de ces femmes.
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Parmi les nouveaux leviers porteurs de croissance, en lien étroit avec l’école
du futur, il nous faut non plus penser mais mettre en œuvre dès aujourd’hui
une 5e école, une école entièrement digitalisée, des actions commerciales à la
diplômation. Mais aussi dans nos process organisationnels, la façon dont nous
travaillons ensemble.
Pour gagner en Fluidité, Agilité, Flexibilité, nous devons conduire des projets de
transformation digitale. Tout autant, et nous en reparlerons, nous devons conduire
encore et toujours des projets qui permettent de simplifier ce qui doit l’être, de
standardiser nos process, d’industrialiser nos processus de productions.
 Là aussi, nous avons besoin de ces hommes et de ces femmes.
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Dès les bougies de notre trentième anniversaire soufflées, nous allons nous remettre à la tâche.
Celle qui nous attend pour les années qui viennent est exaltante.
 Nous voulons, aux niveaux local et global, créer une différence : réussir à inspirer le
monde de l'éducation et de la recherche en sciences de gestion et, par notre impact sur le
monde des entreprises, contribuer à améliorer le bien-être de la société.
 Une formule résume et condense cette vision : « Réussir à passer d’une ‘’Business
School’’ à une ‘’School for Business for Society’’ ». C’est là notre stratégie pour les 5
prochaines années.
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Un mot maintenant peut-être un peu plus personnel, car si le parcours est important, si l’analyse
des mouvements et révolutions est importante, si la définition d’une stratégie claire et partagée
est importante, il est un point qui, lui, est déterminant.
Lorsqu’on me demande, récemment encore, de quelles réalisations pour GEM je suis le
plus fier, ma réponse est celle-ci : avoir participé dans le passé et participé encore
aujourd’hui à mettre les hommes et les femmes de GEM au cœur de notre organisation.
Je crois sincèrement que s’il y a un secret à la réussite de GEM, c’est bien celui-ci.
C’est là un travail jamais achevé, un travail qui parfois peut même sembler se retourner contre
nous.
Car à vouloir définir des ambitions aussi hautes — car il n’est pas de plus grande ambition que
de vouloir au sein d’une organisation mettre les hommes et les femmes au centre, être les
promoteurs de ce que j’appelle une écologie humaine — le moindre retard, le moindre grain de
sable, et c’est normal, peut être extrêmement mal vécu.
Cela ne doit pas nous décourager car s’il est bien un point sur lequel nous ne devons jamais
céder, s’il est bien un point sur lequel nous ne devons jamais rien lâcher, c’est bien sur
l’ambition et la mise en œuvre de notre contrat d’entreprise.
 Faire de GEM un lieu d’exception pour apprendre, travailler, collaborer, échanger. Condition
essentielle pour atteindre une performance durable.
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Je veux terminer ce discours, d’une part, en rendant hommage :
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Hommage aux fondateurs de l’école : des industriels, les Élus et les équipes de la
CCI d’alors. Des Élus qui n’ont jamais cessé de nous soutenir, de nous accompagner
durant ces 30 années. GEM, avant tout autre chose, est d’abord l’école de la CCI
et des entreprises de son territoire.
Hommage, recueilli, à Maurice Cavard, ancien membre Élu de la CCI au moment de
la création de l’école, qui nous a quittés récemment. Maurice Cavard qui était
également le père de Sylvie Debaty.
Hommage particulier à vous partenaires, entreprises, collectivités, monde
académique, qui nous accompagnez. Cette journée du 22 mai, c’est la vôtre.
Hommage à l’ensemble de nos intervenants (Ils étaient 911 en 2013).
Hommage aux anciens étudiants, à nos diplômés (ils sont aujourd’hui plus de 20 000
dans le monde).
Hommage aux étudiants et participants d’aujourd’hui, en formation initiale ou
continue, que ce soit en France, sur nos campus de Grenoble ou Paris, que ce soit à
l’international, à Londres, Casablanca, Marrakech, Shanghai, Pékin, Moscou, Tbilissi,
Genève, Vancouver, New York, ou Singapour.
Hommage enfin aux hommes et aux femmes qui, chaque jour, ont fait ce que GEM
est devenue et travaillent à ce que GEM sera demain.
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D’autre part, je veux remercier les personnes qui se sont mobilisées pour organiser et réussir
ces journées anniversaire. Il s’agit de Renaud Cornu-Emieux qui a dirigé ce projet, Julia
Linhardt, Lauriana Deschamps, Nicolas Garrigues, Grégory Detraz, Joëlle Darbon, Sabine
Lauria, Martin Zahner, Annelaure Oudinot, Mélanie Perruchione et Aude Alliot.
Ensuite, je veux saluer quatre personnes : Claude Bour qui était le directeur général de la CCI
au moment de la création de l’école ; Jean-Paul Léonardi qui a été le premier directeur de ce qui
était alors l’ESC Grenoble ; Jean Vaylet, actuel président de la CCI de Grenoble et Bernard
Aubert, actuel directeur général, tous deux fervents soutiens de l’école au quotidien et qui
seraient présents parmi nous s’ils ne devaient pas assurer aujourd’hui les réunions de Bureau et
d’Assemblée de la Chambre.
Enfin, je veux citer 4 personnes. Parce que ces 30 ans, c’est aussi un peu..., ‘’beaucoup même’’
leur anniversaire à elles aussi… 4 personnes qui, déjà, étaient là à la création de l’école en 1984
et, 30 ans après sont toujours avec nous. Il s’agit de Judith Bouvard ; Michel Albouy ; Marc
Humbert et… bien sûr Thierry Grange.
Je vous remercie,
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