CD-24 BA04 BARCELONE (E) JEUX DANGEREUX (Moll de Bosch i
Transcription
CD-24 BA04 BARCELONE (E) JEUX DANGEREUX (Moll de Bosch i
CD-24 BA04 BARCELONE (E) JEUX DANGEREUX (Moll de Bosch i Alsina) 1’23” SPÉCIFICATIONS RÉSUMÉ La séquence est enregistrée sur la promenade du moll de Bosch i Alsina, à proximité d’une trémie donnant sur le cinturó del Litoral. Grondement de la circulation sur la voie rapide et drône plus discret de moteurs d’embarcations dans la dàrsena Nacional (Golondrinas se rendant sur la jetée). On entend les pas dans le gravier, les voix et les cris d’enfants et d’adultes, ainsi qu’un appel sifflé. Une mère fesse sa gamine qui s’est trop approchée d’une trémie peu protégée. À comparer avec les fragments *3VS/VD02-ZH07. RECONNAISSANCE Beaucoup de personnes confondent le bruit de circulation avec celui des vagues durant une tempête. RÉCEPTION Générale : Positive quand le fragment est localisé sur la digue et qu’il a une signification maritime. Reconnu, il est souvent violemment rejeté et considéré comme le fragment le plus désagréable de ceux entendus jusque là. Relation ville-port : On est sur la limite, avec une prédominance de l’urbain. Représentativité barcelonaise : Maximal, incontournable. Associé aux « Golondrinas ». EFFETS SONORES Anamnèse (fêtes d’autrefois sur le site, feux d’artifice, « mégaconcerts », bruit de fond des terrasses…), bourdon, crescendo, hyperlocalisation, intrusion, masque, mixage, mur, perdition, répulsion, réverbération (circulation), vague. SYNTHÈSE DES HYPOTHÈSES ET DES COMMENTAIRES ESPACE Espace de promenade dégagé qui domine une zone du littoral (digue sur une plage ou jetée) ou bien une voie rapide. MATIÈRE SONORE Le monde humain et le monde mécanique sont en totale opposition. La circulation apparaît comme un mur infranchissable de vacarme. Elle masque en grande partie à la fois les sons portuaires et les pas et les voix, peu nombreuses. La scène qui oppose la mère (« fellinienne » et non catalanophone) à sa fille, le fait que communiquer semble difficile, dans un lieu où il faut « naturellement » crier pour se faire entendre, le fait encore que la matière sonore paraisse « aléatoire », la sécurité devenant alors « aléatoire » elle aussi : ces différents éléments contribuent à faire éclore chez l’auditeur un certain sentiment d’insécurité. Un point positif est relevé : le revêtement de sol, qui permet au piéton d’entendre ses propres pas (gravier, terre ou sable), et qui est apprécié en contraste avec d’autres surfaces plus typiquement urbaines. TEMPS Pour tous, c’est le temps des loisirs et du dimanche. SÉMANTICO-CULTUREL Les auditeurs sont presque tous déçus, voire très critiques, à propos des flux de circulation qui empruntent les 14 voies du moll de la Fusta, souterraines ou en surface, locales ou autoroutières. L’image d’une coupure entre la ville et le port matérialisée par un mur de bruit est latente ou exprimée chez la plupart des auditeurs. Pourtant, si on s’éloigne de cette zone proche du réseau routier, où sont pourtant installés des bancs et les terrasses des restaurants, l’espace paraît plus plaisant, il attire les promeneurs de tout genre, et pas seulement ceux qui appartiennent à la Barcelone « golondrinera » (celle des gens qui pratiquent les « Golondrinas »). CRITÈRES DE QUALITÉ SONORE Adéquation entre espaces sonore et physique, semi-ouverture, relief sonore (alternance proche-lointain, perspective et profondeur), orientation, tiers temps, événementialité. Anonymat ou interconnaissance et potentiel de rencontres, mémoire collective (donneur de temps — promenade dominicale), intentionnalité, narrativité, sentiment d’insécurité (insularité, expression du pouvoir de l’urbaniste, suspension). Espace anti-réverbérant (différent de « mat »), qui freine la voix, emblème sonore (le moll de la Fusta), clichés sonores (gravier, voix, arcades du cinturó), infrastructure ou structure schizophonique, silence relatif, distinctibilité moyenne des voix et des sons. CRITÈRES DE QUALIFICATION SONORE Artificialisation (machinisation, déréalisation), stigmatisation (déshumanisation, dévitalisation, abjection). Métropolisation (urbanisation), naturalisation métaphorique. Esthétisation (projection — Fellini), visualisation (picturalisation, pollution), climatisation (froid), affabulation. CRITÈRES DE QUALITATIVITÉ SONORE Lisibilité d’un cliché sonore barcelonais, authenticité. Sentiment d’immersion et d’intériorisation (de latence et d’évacuation). Schizophonie. 46 EXPRESSIONS REMARQUABLES — Por primera vez reconozco la orientación del sonido, eso sobre todo por las voces o por los ruidos de tráfico. — Aquí es mucho más aleatorio [que en BA02], la presencia o ausencia de individuos es mucho más imprevisible. — Un otro tipo de paisajes, más irlandeses o más del Norte de Europa, por el viento sobre todo, y por un ambiente ciertamente desapacible de viento y de frío y de oleaje, así como si estuviera la cosa un poco tempestuosa. — Hacía mucho viento y la gente gritaba por natural, porque necesitaba. — Una sensación de incomunicación, de estar en un lugar socialmente un poco inhóspito, individuos que no sabes como responderán, parece que el territorio también es peligroso, es donde siento más inseguridad. — Yo he pensado en seguida al moll de la Fusta por el ruido de la suela de zapatos, porque he visto clarísimo que había arena encima del asfalto, yo me imaginaba « els pilons », el tipo de asfalto que hay allí. — [El moll de la Fusta] es una vía rápida más o menos camuflada con ciertos elementos de diseño, pero en cualquier caso es un desastre. — El ruido de aquellos túneles es una barrera importante para llegar aquí. — Realmente si quieres acercar la ciudad al mar, no tienes que oir los coches más que el mar. — Es una zona digamos de límite del puerto. — ¡ […] Es la avenida aquella, inhumana ! — Ese follón de ahí detrás, de tráfico machacándote y martilleando, tú pretendes oir el piar de las gaviotas, y lo que estás oyendo es el rugido del camión en marcha, del 16 toneladas que pasa por ahí. — Te anula los sonidos del mar, te anula los sonidos del puerto. — Me parece lamentable que tengas que disfrutar del mar con ese estruendo a tus espaldas. — Ese ruido es una cabronada. Es un fracaso rotundo. TRADUCTION FRANÇAISE — C’est le premier [fragment] où je reconnais l’orientation du son, et ça surtout par les voix ou les bruits du trafic. — Ici c’est beaucoup plus aléatoire [que dans BA02], la présence ou l’absence d’individus est beaucoup plus imprévisible. — Un autre genre de paysages, plus irlandais, ou plus du Nord de l’Europe, surtout à cause du vent, et à cause d’une atmosphère vraiment désagréable pour l’oreille, avec du vent, du froid et de la houle, en quelque sorte comme si tout ça était un peu tempêtueux. — Il y avait beaucoup de vent et les gens criaient comme ça, tout simplement parce que c’était nécessaire [d’élever la voix]. — Une sensation d’incommunicabilité, d’être dans un lieu socialement un peu inhospitalier, des individus dont tu ne peux pas prévoir le comportement, on dirait que le terrain est dangereux lui aussi, c’est ici que je ressens le plus d’insécurité. — J’ai pensé tout de suite au moll de la Fusta à cause du bruit de la semelle des chaussures, parce que j’ai vu parfaitement qu’il y avait du sable sur l’asphalte, j’imaginais les « pilons », le type d’asphalte qu’il y a à cet endroit là. — [Le moll de la Fusta] est une voie rapide plus ou moins camouflée par quelques éléments de design, mais dans tous les cas c’est un désastre. — Le bruit de ces tunnels est une barrière importante pour arriver [sur le quai]. — Si tu veux vraiment rapprocher la ville de la mer, il ne faut pas que tu entendes les voitures plus que la mer. — Disons que c’est une zone de limite du port. — […] C’est cette avenue inhumaine ! — La panique qu’il y a derrière, ce trafic qui t’écrase et qui te martèle les oreilles, toi tu essayes d’entendre le pépiement des mouettes, et ce que tu entends c’est le rugissement du camion en marche, du 16 tonnes qui passe par là. — Ça t’annule les sons de la mer, ça t’annule les sons du port. — Je trouve ça lamentable que tu doives jouir de la mer avec ce vacarme dans ton dos. — Ce bruit est une insulte. C’est un échec total. 47