Université de Poitiers Faculté de Médecine et Pharmacie
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Université de Poitiers Faculté de Médecine et Pharmacie ANNEE 2009-2010 Thèse n° THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE (décret du 7 avril 1988) présentée et soutenue publiquement le 20 Octobre 2010 à Poitiers par Mademoiselle Solène Quentin Etude descriptive du sommeil chez des patients souffrant d’un Trouble Obsessionnel Compulsif Composition du Jury Président : Monsieur le Professeur Jean-Louis Senon Membres : Monsieur le Professeur Joël Paquereau Monsieur le Professeur Jean-Philippe Neau Monsieur le Professeur Philippe Gaillard Monsieur le Docteur Jean-Jacques Chavagnat Monsieur le Docteur Renaud Bernadet Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Nématollah Jaafari Université de Poitiers Faculté de Médecine et Pharmacie ANNEE 2009-2010 Thèse n° THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE (décret du 7 avril 1988) présentée et soutenue publiquement le 20 Octobre 2010 à Poitiers par Mademoiselle Solène Quentin Etude descriptive du sommeil chez des patients souffrant d’un Trouble Obsessionnel Compulsif Composition du Jury Président : Monsieur le Professeur Jean-Louis Senon Membres : Monsieur le Professeur Joël Paquereau Monsieur le Professeur Jean-Philippe Neau Monsieur le Professeur Philippe Gaillard Monsieur le Docteur Jean-Jacques Chavagnat Monsieur le Docteur Renaud Bernadet Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Nématollah Jaafari UNIVERSITE DE POITIERS Faculté de Médecine et Pharmacie Année universitaire 2009 - 2010 LISTE DES ENSEIGNANTS DE MEDECINE Professeurs des Universités-Praticiens Hospitaliers 1. 2. 3. 4. AGIUS Gérard, Bactériologie-Virologie ALLAL Joseph, Thérapeutique BATAILLE Benoît, Neurochirurgie BECQ-GIRAUDON Bertrand, Maladies infectieuses, maladies tropicales (surnombre) 5. BENSADOUN René-Jean, cancérologie radiothérapie 6. BRIDOUX Frank, Néphrologie 7. BURUCOA Christophe, Bactériologie-Virologie-Hygiène 8. CARRETIER Michel, Chirurgie générale 9. CORBI Pierre, Chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 10. DABAN Alain, Cancérologie Radiothérapie (surnombre) 11. DAGREGORIO Guy, Chirurgie plastique et Reconstructrice 12. DEBAENE Bertrand, Anesthésiologie Réanimation Chirurgicale 13. DEBIAIS Françoise, Rhumatologie 14. DIGHIERO Paul, Ophtalmologie (disponibilité) 15. DORE Bertrand, Urologie 16. DUFOUR Xavier, Oto-Rhino-Laryngologie 17. EUGENE Michel, Physiologie 18. FAUCHERE Jean-Louis, Bactériologie- Virologie (surnombre) 19. FROMONT-HANKARD Gaëlle, Anatomie et cytologie pathologiques 20. GAYET Louis-Etienne, Chirurgie orthopédique et traumatologique 21. GIL Roger, Neurologie (surnombre) 22. GILBERT Brigitte, Génétique 23. GOMBERT Jean-Marc, Immunologie 24. GOUJON Jean-Michel, Anatomie et Cytologie Pathologiques 25. GUILHOT-GAUDEFFROY François, Hématologie et Transfusion 26. GUILLET Gérard, Dermatologie 27. HADJADJ Samy, Endocrinologie et Maladies métaboliques 28. HANKARD Régis, Pédiatrie 29. HAUET Thierry, Biochimie 30. HERPIN Daniel, Cardiologie et Maladies vasculaires 31. HOUETO Jean-Luc, Neurologie 32. INGRAND Pierre, Biostatistiques, Informatique médicale 33. IRANI Jacques, Urologie 34. KEMOUN Gilles, Médecine physique et Réadaptation 35. KITZIS Alain, Biologie cellulaire 36. KLOSSEK Jean-Michel, Oto-Rhino- Laryngologie 37. KRAIMPS Jean-Louis, Chirurgie générale 38. LEVARD Guillaume, Chirurgie infantile 39. LEVILLAIN Pierre, Anatomie et Cytologie pathologiques 40. MAGNIN Guillaume, Gynécologie et obstétrique 41. MARCELLI Daniel, Pédopsychiatrie 42. MARECHAUD Richard, Médecine interne 43. MAUCO Gérard, Biochimie et Biologie moléculaire 44. MENU Paul, Chirurgie thoracique et cardio-vasculaire 45. MEURICE Jean-Claude, Pneumologie 46. MIMOZ Olivier, Anesthésiologie, Réanimation chirurgicale 47. MORICHAU-BEAUCHANT Michel, Hépato-GastroEntérologie 48. NEAU Jean-Philippe, Neurologie 49. ORIOT Denis, Pédiatrie 50. PACCALIN Marc, Gériatrie 51. PAQUEREAU Joël, Physiologie 52. PERAULT Marie-Christine, Pharmacologie clinique 53. PERDRISOT Rémy, Biophysique et Traitement de l'Image 54. PIERRE Fabrice, Gynécologie et obstétrique 55. POURRAT Olivier, Médecine interne 56. PRIES Pierre, Chirurgie orthopédique et traumatologique 57. RICCO Jean-Baptiste, Chirurgie vasculaire 58. RICHER Jean-Pierre, Anatomie 59. ROBERT René, Réanimation médicale 60. ROBLOT France, Maladies infectieuses, Maladies tropicales 61. ROBLOT Pascal, Médecine interne 62. RODIER Marie-Hélène, Parasitologie et Mycologie 63. SENON Jean-Louis, Psychiatrie d'adultes 64. SILVAIN Christine, Hépato-Gastro- Entérologie 65. SOLAU-GERVAIS Elisabeth, Rhumatologie 66. TASU Jean-Pierre, Radiologie et Imagerie médicale 67. TOUCHARD Guy, Néphrologie 68. TOURANI Jean-Marc, Cancérologie Radiothérapie, option Cancérologie (type clinique) 69. TURHAN Ali, Hématologie-transfusion 70. VANDERMARCQ Guy, Radiologie et Imagerie Médicale 71. WAGER Michel, Neurochirurgie ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 6 rue de la Milétrie, B.P. 199, 86034 POITIERS CEDEX, France 05.49.45.43.43 - 05.49.45.43.05 – e.mail : [email protected] Maîtres de Conférences des Universités-Praticiens hospitaliers 1. ARIES Jacques, Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale 2. BEBY-DEFAUX Agnès, Bactériologie-Virologie-Hygiène 3. BEN-BRIK Eric, Médecine du travail 4. BOINOT Catherine, Hématologie et Transfusion 5. BOUNAUD Jean-Yves, Biophysique et Traitement de l'Image 6. BOURMEYSTER Nicolas, Biologie cellulaire 7. CASTEL Olivier, Bactériologie-Virologie- Hygiène 8. CAVELLIER Jean-François, Biophysique et Traitement de l'Image 9. CHANSIGAUD Jean-Pierre, Biologie du développement et de la reproduction 10. DAHYOT-FIZELIER Claire, Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale 11. DIAZ Véronique, Physiologie 12. FAURE Jean-Pierre, Anatomie 13. FAVREAU Frédéric, Biochimie et Biologie moléculaire 14. GRIGNON Bernadette, Bactériologie-Virologie-Hygiène 15. GUILLARD Olivier, Biochimie et Biologie moléculaire 16. HURET Jean-Loup, Génétique 17. JAAFARI Nematollah, Psychiatrie d’adultes 18. KARAYAN-TAPON Lucie, Cancérologie 19. LAFAY Claire, pharmacologie clinique 20. LECRON Jean-Claude, Biochimie et Biologie moléculaire 21. MIGEOT Virginie, Santé publique 22. ROUMY Jérôme, Biophysique, Médecine nucléaire 23. ROY Lydia, Hématologie 24. SAPANET Michel, Médecine légale 25. TALLINEAU Claude, Biochimie et Biologie moléculaire 1 Professeurs associés de Médecine générale GAVID Bernard GOMES DA CUNHA José Maître de Conférences associé de Médecine générale VALETTE Thierry Professeur certifié d'Anglais BULKO Annie Professeur émérite 1. FONTANEL Jean-Pierre, Oto-Rhino Laryngologie 2. LAPIERRE Françoise, Neurochirurgie Professeurs et Maîtres de Conférences honoraires 1. ALCALAY Michel, Rhumatologie 2. BABIN Michèle, Anatomie et Cytologie pathologiques 3. BABIN Philippe, Anatomie et Cytologie pathologiques 4. BARRAINE Robert, Cardiologie et Maladies vasculaires 5. BARRIERE Michel, Biochimie et biologie moléculaire 6. BEGON François, Biophysique, Médecine nucléaire 7. BONTOUX Daniel, Rhumatologie 8. BURIN Pierre, Histologie 9. CASTETS Monique, BactériologieVirologie - Hygiène 10. CLARAC Jean-Pierre, Chirurgie orthopédique 11. DE NAS TOURRIS Henri, Gynécologie obstétrique 12. DESMAREST Marie-Cécile, Hématologie 13. DEMANGE Jean, Cardiologie et Maladies vasculaires 14. GASQUET Christian, Radiologie 15. GOMBERT Jacques, Biochimie 16. JACQUEMIN Jean-Louis, Parasitologie et Mycologie médicale 17. LARSEN Christian-Jacques, Biochimie et biologie moléculaire 18. MAIN de BOISSIERE Alain, Pédiatrie 19. MARILLAUD Albert, Physiologie 20. MORIN Michel, Radiologie, Imagerie médicale 21. PATTE Dominique, Médecine interne 22. PATTE Françoise, Pneumologie 23. POINTREAU Philippe, Biochimie 24. REISS Daniel, Biochimie 25. RIDEAU Yves, Anatomie 26. SULTAN Yvette, Hématologie et transfusion 27.TANZER Joseph, Hématologie et transfusion A notre Maître et Président de thèse, Monsieur, le Professeur Jean-Louis Senon Vous nous avez accueilli avec bienveillance dans votre service et nous avez offert une formation de qualité dans le cadre de notre formation en DES de psychiatrie. Vous nous avez fait l’honneur de bien vouloir présider notre jury. Soyez assuré de notre profonde reconnaissance. A notre maître, Monsieur le Professeur Joël Paquereau, Vous nous avez éveillé à la neurophysiologie du sommeil et nous avez ouvert à de nouvelles perspectives. Votre compétence et votre rigueur sont pour nous un exemple. Ce travail n’aurait pas pu être fait sans votre aide. Soyez en vivement remercié. A Monsieur le Professeur Jean-Philippe Neau L’intérêt que vous nous avez porté a été précieux. Votre participation à ce jury témoigne de la multidisciplinarité de l’étude du sommeil. Vous avez accepté de juger ce travail. Soyez assuré de notre profond respect. A Monsieur le Professeur Philippe Gaillard Vous nous faites l’honneur d’accepter de juger ce travail. Veuillez trouver dans cette étude l’expression de notre sincère reconnaissance. A Monsieur le Docteur Nématollah Jaafari Vous nous avez fait profiter de vos conseils et de votre expérience tout au long de notre formation en clinique psychiatrique. Votre dynamisme et vos compétences ont toujours fait notre admiration. Votre amitié, votre soutien et votre disponibilité nous ont beaucoup encouragé. Vous avez dirigé cette thèse avec patience et compréhension. Avec toute notre gratitude. A Monsieur le docteur Jean-Jacques Chavagnat Votre expérience et votre pratique sont pour nous un exemple. Votre présence parmi nos juges nous honore ; A monsieur le Docteur Renaud Bernadet Vous avez guidé nos premiers pas dans le monde de la psychiatrie. Vous nous avez initié à l’électroconvulsivothérapie, avec patience et bienveillance. Votre présence dans ce jury nous touche particulièrement. Mes remerciements Aux médecins de neurophysiologie clinique, Dr Véronique Stal, Dr Karoline Lode-Koltz ainsi qu’au Dr Christine Kremer, de m’avoir accompagnée sur mon apprentissage dans ce service. A Solène ma co-interne préférée, qui a su me soutenir par sa bonne humeur et jovialité et à tous ses collègues internes et médecin du service de neurologie plus particulièrement le Dr Gaël Godenèche. A Monsieur le Professeur Jean-Claude Meurice pour sa formation lors de ses consultations. Au Dr Antoine Verbert, pour ses conseils. Merci aussi à toute l’équipe de techniciens (si je n’en oublie pas : Pierre pour avoir été diplomate avec les patients et pour ma formation EEG, Daniel et Philippe pour m’avoir initiée au sommeil, Sylvie, Françoise, Catherine, Stéphanie, Magalie, Céline) pour leur bonne humeur et gentillesse, sans qui ce travail n’aurait pas lieu d’être. Merci aussi aux secrétaires Samira et Françoise ainsi qu’au Cadre de notre service Pierre, pour leur aide. Aux médecins de l’équipe de Minkowski (Dr Claude Guyonnet, Dr Dominique Sautel, Dr Bruno Lahely, Dr Carole Chevalier, Dr Adeline Rochais pour m’avoir permis d’approfondir la clinique psychiatriques et cru en moi. Merci aussi à toute l’équipe paramédicale dont Stéphanie et Sandra. A Sophie, notre NOUNOU de l’internat de psychiatrie, tu nous as amené de la fraicheur dans nos pauses de midi. Au Docteur Diane Levy-Chavagnat, pour ses conseils sur l’ECT et sa gentillesse. A toute l’équipe du secteur 2 de psychiatrie à Poitiers, et particulièrement à Patrick Magnoux. A mes collègues internes de Poitiers, je vous dédie ce travail, Pensées pour Anne, Amina, Rachel, Aline… Au Dr Remazeilles Elodie… Aux secrétaires du service de gynécologie du CHR de la Rochelle, Anna et Nathalie, pour leur aide précieuse pour la pagination. Aux médecins et à l’équipe médicale et paramédicale de Vontes et en particulier, Dr Catherine Caparros et le Dr Viaud, pour leur soutien et leur aide pour me dénicher des « sponsors ». Au laboratoire Astra-Zeneca et sa représentante Mme Même, pour son aide A la MACSF et sa représentante Mme Barrou, pour sa participation A ma Famille A ma mère et mon père, Merci d’avoir contribué à ce que je suis et d’avoir cru en moi. Votre soutien pour cette dernière ligne droite m’a été précieux, je vous dédie ce travail. A ma sœur et mon frère, Lysiane, et François, J’aurais aimé que vous soyez là… A mes grands parents Denise et Jacques pour leur précieux conseils et soutien. A celui qui partage ma vie, Christophe Tu as su me soutenir, lorsque j’étais découragé. Ta joie de vivre et ton enthousiasme m’ont donné des forces. Ton aide m’a été précieuse, ainsi que tes talents de « photoshopeurs » ! Cette thèse est quelque part un peu la tienne. A ma belle famille A mes amis, Damien, Nadège, Pascale, Emilie, Vianney, Nicolas, Christophe, Angélique, et tous ceux que j’aurais oublié. A « Deezer » pour avoir accompagné mes longues soirées d’ « insomnies » en musique ! Table des matières Glossaire ..................................................................................................................................... 3 Introduction ................................................................................................................................ 6 1 Données de la littérature TOC et sommeil .......................................................................... 8 1.1 1.1.1 Définition ............................................................................................................. 8 1.1.2 Épidémiologie ...................................................................................................... 9 1.1.3 Evolution et comorbidité ...................................................................................... 9 1.1.4 Thérapeutique ..................................................................................................... 10 1.2 Le sommeil ................................................................................................................ 14 1.2.1 Définition ........................................................................................................... 14 1.2.2 Physiologie du sommeil ..................................................................................... 15 1.2.3 Outils d’évaluations du sommeil ........................................................................ 36 1.2.4 Les troubles du sommeil .................................................................................... 44 1.3 2 Troubles obsessionnels compulsifs ............................................................................. 8 TOC et sommeil......................................................................................................... 51 1.3.1 Revue de la littérature ........................................................................................ 52 1.3.2 Types d’études et objectifs ................................................................................. 52 1.3.3 Matériel et méthode de ces études ...................................................................... 53 1.3.4 Résultats de ces études ....................................................................................... 54 1.3.5 Discussion et limitations .................................................................................... 56 Etude pilote ....................................................................................................................... 60 2.1 Principe de cette étude ............................................................................................... 60 2.2 Hypothèses................................................................................................................. 61 2.2.1 Hypothèses principales ....................................................................................... 61 2.2.2 Hypothèses secondaires ...................................................................................... 61 2.3 Objectifs de la recherche ........................................................................................... 62 1 2.3.1 Objectif principal ................................................................................................ 62 2.3.2 Objectifs secondaires .......................................................................................... 62 2.4 3 Matériel et méthode ................................................................................................... 62 2.4.1 Recrutement des patients .................................................................................... 62 2.4.2 Schéma de l’étude .............................................................................................. 64 2.4.3 Les instruments d’évaluation de l’étude ............................................................. 66 2.4.4 Evaluations de sommeil ..................................................................................... 67 2.4.5 Méthode d’analyses statistiques ......................................................................... 81 Résultats et discussion ...................................................................................................... 84 3.1 Caractéristiques générales des patients ...................................................................... 84 3.1.1 Aspect psychométrique général.......................................................................... 85 3.1.2 Aspect qualitatif du sommeil.............................................................................. 87 3.1.3 Description du rythme veille-sommeil ............................................................... 94 3.1.4 Chronotype ....................................................................................................... 104 3.1.5 Troubles du rythme circadien ........................................................................... 107 3.2 Description de la structure du sommeil chez les patients TOC ............................... 109 3.2.2 Fragmentation du sommeil ............................................................................... 115 3.2.3 Discordances visions subjectives (agenda) et objectives de l’actimètre .......... 117 3.3 Discussion ................................................................................................................ 118 3.3.1 Synthèse ........................................................................................................... 118 3.3.2 Confrontation à la littérature ............................................................................ 120 3.3.3 Les points forts et les limites de cette étude ..................................................... 130 Conclusion .............................................................................................................................. 133 Bibliographie .......................................................................................................................... 134 ANNEXE Résumé Serment d’Hippocrate 2 Glossaire Glossaire AASM: American Academy of Sleep Medicine BABS: Brown Assessment of Beliefs Scale CIM-10 : Classification Internationale des Maladies DMS-IV-TR : Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (Diagnostic Statistical Manual-IV-Revised) DSP : Retard de Phase EAV : Echelle Analogique Visuelle EDM : Episode Dépressif Majeur EDM : Episode Dépressif Majeur EEG : Electroencéphalographie Eff S : efficacité du sommeil EGF : Echelle d’Evaluation Globale du Fonctionnement EMG : Electromyographie EMG : l’Activité Musculaire EOG : Electrooculographie EOG: l’Activité Oculaire ESS: Epworth Sleepiness Scale HDRS: Hamilton Depression Rating Scale ICSD-revised: International Classification of Sleep Disorder – Revised IES : Index d’Efficacité du Sommeil INSV : Institut National du Sommeil et de la Vigilance ISRS : Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine MADRS: Montgomery Asberg Depression Rating Scale 3 MCH : Melanin-Concentrating Hormone MINI : International Neuropsychiatric Interview MOR : Mouvements Oculaires Rapides NPS : Non-Retard de Phase N-REM: No- Rapid Eyes Movements NSC : Noyau Suprachiasmatique PLM : Periodic Leg Movements PSG : Polysomnographie PSQI : Index de Qualité du Sommeil de Pittsburgh (Pittsburgh Sleep Quality PTS : Période Totale de Sommeil REM : Sommeil Paradoxal (Rapid Movement Eyes ) REM ou SP : Rapid Eyes Movements RK : Rechtschaffen et Kales RLS : Restless Legs Syndrome SAOS : Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil SAS : Syndrome d’Apnées du Sommeil SLL : Sommeil Lent et Léger SLP : Sommeil Lent et Profond SNC : Noyau Supra Chiasmatique SOREMP : Sleep Onset REM Period SOREMP : Latence du Sommeil Paradoxal STAI : State-Trait-Anxiety Inventera SV : Sujets Volontaires SWAI : Inventaire d'Activité Veille-Sommeil ( Sleep-Wake Activity Inventer) SWS : Sommeil Lent Profond TAL : Temps Au Lit tb : Trouble TCC : Thérapie Cognitivo-Comprtementale 4 TIDE : Tests Itératifs d’Endormissement TOC : Trouble Obsessionnel Compulsif TTS : Temps Total de Sommeil TTS : Temps Total de Sommeil VLPO : Aire Préoptique Ventrolatérale WASO : La Veille Intrasommeil Y-BOCS : Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale 5 Introduction Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est une pathologie psychiatrique fréquente. Sa prise en charge thérapeutique est basée sur une psychothérapie de type cognitivocomportemental et un traitement pharmacologique comprenant principalement les antidépresseurs sérotoninergiques. La psychothérapie repose sur l’hypothèse physiopathologique de l’habituation. Elle est basée principalement sur les techniques de Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) notamment la technique d’exposition à la situation anxiogène et la prévention de la réponse ritualisée. Les traitements pharmacologiques sont basés sur l’hypothèse d’une anomalie des systèmes monoamines et particulièrement la sérotonine (car efficacité des antidépresseurs sérotoninergiques). Il semblerait que ce dysfonctionnement sérotoninergique contribue à des troubles de la structure du sommeil comme le sommeil paradoxal (Rapid Movement Eyes ou REM). Dans ce sens, les données de la littérature rapportent l’existence de troubles de la structure du sommeil chez des patients souffrant d’un TOC avec des anomalies du sommeil paradoxal (REM) similaires à celles des sujets dépressifs. D’autres études rapportent aussi l’existence de trouble du rythme veille-sommeil tel que le syndrome de retard de phase, chez les patients souffrant d’un TOC particulièrement sévère. Dans ce sens, on pourrait penser que les patients souffrant de TOC, selon la sévérité de leur pathologie, pourraient avoir des obsessions voire des compulsions le jour comme la nuit, ce qui pourrait troubler leur rythme veille-sommeil. Cependant, seules 10 études ont été réalisées sur le sommeil chez ces patients. La majorité d’entre-elles se sont concentrées principalement sur leur structure de sommeil. Seules 2 études sur 10 ont étudié le trouble du rythme veillesommeil, sans réellement détailler le rythme veille-sommeil des patients inclus, alors qu’ils ont dépisté un syndrome de retard de phase. Cette dernière donnée permet de penser qu’en plus du dysfonctionnement du système sérotoninergique, ces patients les plus sévèrement atteints pourraient avoir aussi un dérèglement de leur horloge biologique interne. Ce dérèglement est en rapport avec un dysfonctionnement du noyau suprachiasmatique (NSC) sécrétant la mélatonine, hormone clé permettant la synchronisation d’un grand nombre de fonctions physiologiques et comportementales par rapport au cycle jour-nuit. Cette hypothèse permettrait de comprendre les troubles du rythme veille-sommeil chez les patients souffrant TOC. 6 A partir de ces réflexions, nous avons effectué une étude pilote sur la description du rythme veille-sommeil concernant un échantillon de 19 patients souffrant d’un TOC sévère avec ou sans traitements psychotropes. Notre objectif était dans un premier temps, de décrire leur rythme veille-sommeil au moyen de l’évaluation simultanée de l’agenda du sommeil et de l’actimétrie pendant deux semaines. Cette description avait pour but de détailler et caractériser leur rythme veille-sommeil et d’en dépister d’éventuels troubles comme un syndrome de retard de phase. Dans un second temps, nous avons complété cette étude par la description de leur structure de sommeil à l’aide d’un enregistrement polysomnographique. Le but était d’étayer et conforter les résultats des précédentes études ayant retrouvé une anomalie du sommeil paradoxal (REM) dans les TOC sévères. Notre étude pourrait apporter une nouvelle piste de réflexion dans la physiopathologie du TOC notamment dans les formes les plus sévères. Avant d’aborder le protocole de cette étude pilote, il nous a semblé préférable de faire un état des lieux de la littérature existante sur le TOC et le sommeil. Puis, nous avons exposé et discuté les résultats de notre étude en les confrontant aux données existantes. 7 1 Données de la littérature TOC et sommeil 1.1 Troubles obsessionnels compulsifs 1.1.1 Définition Le DSM-IV-TR (Diagnostic Statistic Manual revised) définit ce trouble par la présence d’obsessions (pensées, images ou impulsions persistantes qui font intrusion dans la conscience du sujet) et de compulsions (comportements répétitifs ou actes mentaux) que le patient se sent obligé d’accomplir, même s’il en reconnaît le caractère absurde [1]. Ces obsessions et/ou compulsions récurrentes sont suffisamment sévères pour entraîner une perte de temps de plus d’une heure par jour ou interférer de façon significative avec les activités habituelles du patient, sa vie professionnelle et/ou familiale. Les patients ayant des obsessions tentent habituellement de mettre en place des conduites d’évitement soit pour ignorer ou supprimer de telles pensées ou impulsions, soit pour les neutraliser en les remplaçant par une autre pensée ou action (c’est-à-dire des compulsions). Il existe plusieurs formes cliniques de TOC. Les obsessions les plus communes sont des pensées répétées de contamination, des doutes répétés, un besoin de mettre les choses dans un ordre particulier, des impulsions agressives et des représentations sexuelles. Les compulsions les plus habituelles sont le lavage, le nettoyage, le fait de compter de vérifier, d’exiger ou de demander des réassurances à ses proches, de répéter des actions et de ranger selon un certain ordre. La conscience du trouble ou l’insight a une place centrale dans le TOC. Sa description dans la littérature est faite sous les termes égodystoniques (obsessions critiquées) [2], égosyntoniques (obsessions non critiquées) [2], les idées surévaluées [3-5] et l’insight [3, 6-8]. La capacité du patient à reconnaître ses symptômes et à en critiquer le caractère absurde détermine le degré d’insight. Plusieurs études ont suggéré que le niveau d’insight est variable au cours de la maladie [9-11]. L’étude princeps de Foa et al., [12] a confirmé ces suggestions et a permis d’inclure dans le DSM-IV [1] la notion de faible insight ou insight élevé. L’évaluation de l’insight dans le TOC peut se faire à l’aide de l’échelle d’évaluation des croyances BABS (Brown Assessment of Beliefs Scale) mise en place par Eisen et al., [8] qui permet de distinguer les patients avec un bon insight de ceux présentant un faible insight. 8 1.1.2 Épidémiologie Le trouble obsessionnel compulsif est une pathologie psychiatrique fréquente, dont la prévalence vie entière est estimée à 2,3 % [13, 14] et de 1,2 % sur 12 mois [1] chez les adultes. Plusieurs études [13-18] ont confirmé ces chiffres de prévalence parmi lesquelles on peut noter ceux de l’Epidemiologic Catchement Area program (prévalence vie entière 1,9 à 3,3%) [13], du Cross National Collaborative Group (prévalence sur 12 mois 1,1 à 1,8%) [17] et du British National Psychiatric Morbidity Survey (prévalence à 1 mois 1,1%) [16]. Ces données ont été répliquées une fois de plus par Ruscio et al., [14]. Ceci signifie l’existence d’un nombre élevé de patients souffrant de TOC non seulement dans les pays dans lesquels ces études ont été réalisées, mais aussi en France. Le TOC n’est pas seulement une pathologie de l’adulte, il débute fréquemment dans l’enfance ou l’adolescence. Chez ces derniers, la prévalence du TOC vie entière est de 1 à 3% et sur un an de 0,7% [1]. L’âge de début est plus précoce chez les garçons que chez les filles : entre l’âge de 6 et 15 ans pour les garçons et entre 20 et 29 ans pour les filles [14]. 1.1.3 Evolution et comorbidité Les obsessions et compulsions sont à l’origine d’une grande détresse et d’un handicap fonctionnel [19]. Au handicap généré par le trouble lui-même, peuvent se surajouter des comorbidités psychiatriques, comme d’autres troubles anxieux (40 à 75.8%), des troubles dépressifs (50 à 63,3%), des comportements addictifs (38,6% particulièrement l’alcoolisme) et des troubles schizophréniques (3,5 à 25%) [14, 19, 20]. Les études de suivi sur 2 ans [21], 20 [22] ou 40 ans [23] démontrent que le TOC est une pathologie chronique dans laquelle, quelque soit le traitement utilisé, plus de 40 à 60% des patients ne répondront pas et présenteront des symptômes significativement handicapants. Cette pathologie peut être à l’origine de tentatives de suicide (12%) et d’un impact important sur la qualité de vie [24]. La maladie et le handicap engendré, peuvent être aussi importants que ceux observés dans la schizophrénie, avec un coût socio-économique élevé [25]. Les données des études médicoéconomiques vont dans ce sens. Dupont et al. 1995 [26] rapportent qu’aux Etats-Unis les coûts directs s’élèvent à 2,1 milliards de dollars et les coûts indirects à 5,9 milliards de dollars par an. 9 Le TOC est une pathologie fréquente définie par des obsessions et compulsions. Il devient chronique dans plus de 50% des cas avec un impact important sur la qualité de vie des patients avec un coût direct et indirect très important. Cette pathologie pose un véritable problème de Santé publique. Sa prise en charge est basée sur une psychothérapie de type TCC et un traitement psychotrope. 1.1.4 Thérapeutique 1.1.4.1 Traitement par psychothérapie de type TCC Depuis les années 1980, l’utilisation des techniques de thérapie cognitivocomportementale (TCC) est devenue la méthode de psychothérapie de référence pour la prise en charge des patients souffrant d’un TOC [27, 28]. La psychothérapie repose sur l’hypothèse physiopathologique de l’habituation. Elle est basée principalement sur les techniques de Thérapie Cognitivo-Comportementale avec la technique d’exposition à la situation anxiogène et prévention de la réponse ritualisée. Dans ce modèle, le TOC est expliqué par un trouble de l’habituation émotionnelle sur le plan comportemental et par une anomalie de traitement de l’information sur le plan cognitif. Sur le plan comportemental, on utilise la technique « d’exposition avec prévention de la réponse ritualisée ». Cette technique consiste à exposer les patients aux stimuli anxiogènes et à leur demander de résister à leurs rituels afin d’obtenir une habituation maximale dans ces situations. Sur le plan cognitif, des techniques de restructuration cognitive, mises en place par Salkovskis [5], sont utilisées afin d’améliorer les dysfonctionnements cognitifs (surestimation des risques encourus, propre responsabilité et vision d’infériorité). La thérapie se déroule en 20 à 30 séances à raison de deux à trois séances par semaines et chaque séance dure environ 30 minutes [27]. Les études randomisées [27, 29] et les méta-analyses [30, 31] confirment une bonne efficacité de cette approche thérapeutique dans 50% des cas, alors qu’elle n’est que partielle dans 40% et inefficace dans 10% des cas. La raison de l’inefficacité de cette approche thérapeutique demeure inconnue. L’effet thérapeutique diminue avec le temps, car parmi les 50% répondeurs, seuls 30% en garderont un bénéfice à 6 mois [32]. L’association des TCC avec un antidépresseur sérotoninergique [33], en particulier la clomipramine [34] diminue le taux de rechute et prolonge l’effet thérapeutique. 10 La psychothérapie de type cognitivo-comportementale est reconnue pour son efficacité dans la prise en charge des patients souffrant d’un TOC. Quelque soit la technique utilisée, cognitive ou comportementale, 10 à 40% des patients ne répondent pas, et parmi les répondeurs, l’effet thérapeutique s’atténue avec le temps. La raison de l’absence de réponse à cette thérapie reste inconnue. L’association d’un traitement psychotrope permet d’améliorer la réponse thérapeutique et de diminuer le taux de rechute. 1.1.4.2 Traitements par psychotropes Les traitements pharmacologiques sont basés sur l’hypothèse d’une anomalie des systèmes monoamine et particulièrement de la sérotonine chez les patients souffrant d’un TOC. Dans ce sens, plusieurs études cliniques ont démontré l’efficacité des antidépresseurs sérotoninergiques dans le TOC (33 études chez l’adulte et 18 chez l’enfant) [35, 36]. Dans ces études, le critère d’efficacité est jugé sur une diminution de score de 25 à 35% sur l’échelle de Y-BOCS (Yale-Brown Obsessive Scale) [37]. Elles rapportent que les antidépresseurs et particulièrement les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) constituent le traitement pharmacologique de première intention dans le TOC. Il doit être prescrit à deux fois la dose utilisée dans la dépression [38]. Les différentes molécules telles que la fluoxétine, fluvoxamine, sertraline, paroxétine, citalopram, escitalopram permettent une amélioration de la maladie et une réduction des symptômes de 20 à 40% [39-43]. Certaines études rapportent que les ISRS seraient aussi efficaces que la clomipramine [44, 45]. Cependant, d’autres études et des méta-analyses ont montré que la clomipramine reste d’une efficacité supérieure. Elle doit être utilisée en seconde intention du fait des effets secondaires, avant de parler de TOC résistant [46, 47]. La forme parentérale de cet antidépresseur tricyclique serait aussi efficace que la forme orale [48] et permet une diminution de 40% des symptômes. Pourtant, cette efficacité doit être relativisée car dans une étude de suivi sur 40 ans, Skoog et al. [23] rapportent que plus de la moitié des patients ayant présenté un TOC, s’aggraveront progressivement avec le temps, ceci quelque soit le traitement. Dans cette étude portant sur 144 patients, 17 ont été traités par la clomipramine pendant plus de 30 ans, et seulement 10 ont répondu positivement à cette molécule, avec une diminution des symptômes. Par ailleurs, dans cette étude, l’utilisation des autres techniques thérapeutiques (psychochirurgie, psychothérapie), chez les autres patients, a permis une amélioration complète chez 20% d’entre eux. Autrement dit, plus de 80% des patients ont gardé une symptomatologie obsessionnelle importante. 11 Les antidépresseurs sérotoninergiques de type inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine sont le traitement de référence dans le TOC. Cependant, quelque soit les traitements psychotropes utilisés, ils ne permettent une amélioration symptomatique que chez 40 à 60% des patients. Autrement dit dans 60 à 40% des cas les patients présenteront un TOC résistant. 1.1.4.3 Cas du TOC résistant L’absence de réponse thérapeutique pose le problème de résistance thérapeutique et la nécessité d’établir une stratégie thérapeutique pour la prise en charge des patients. Les termes « non-répondeur », « répondeur partiel », « résistance au traitement » et « réfractaire au traitement » ont été utilisés par différents auteurs pour désigner les patients souffrant d’un TOC résistant. Plusieurs auteurs rapportent que quelque soit le traitement antidépresseur utilisé, 40 à 60% des patients TOC présentent une réponse partielle et restent symptomatiques [49-51]. Certains auteurs considèrent qu’une potentialisation des antidépresseurs par les neuroleptiques [52, 53] et/ou les thymorégulateurs [54] permettraient une augmentation de la réponse thérapeutique. Certaines études réalisées en double aveugle ont utilisé l’olanzapine [55, 56], la quetiapine [57, 58], la risperidone [53, 59, 60] à faibles doses associées à un antidépresseur, sur une durée de 6 à 16 semaines. Elles rapportent une amélioration de 30% chez les patients précédemment non répondeurs, avec un effet s’épuisant dans le temps. Cependant, une métaanalyse récente, réalisée par Bloch et al. 2006 [37], rapportent que cette amélioration n’est pas constatée avec toutes les molécules. Elle est observée seulement pour l’halopéridol et la risperidone et est probablement liée à une affinité plus importante de ces molécules pour les récepteurs dopaminergiques D2. Cette méta-analyse et d’autres revues de la littérature [61, 62] rapportent que même avec une potentialisation de l’effet du traitement antidépresseur par l’association d’une molécule psychotrope, 30 à 40% des patients sont non-répondeurs et restent symptomatiques. Les facteurs prédictifs de mauvaise réponse ou de résistance à une stratégie thérapeutique bien conduite sont des TOC avec des dimensions sexuelles et religieuses importantes [63-66], l’association avec des comorbidités (dépression, phobie simple et/ou sociale, troubles alimentaires, troubles bipolaires [67-69]), une évolution d’un seul tenant (par opposition à 12 l’évolution rémittente) [63, 69, 70], l’âge de début précoce [46, 66, 71], le sexe féminin [72] et l’insight [73-76]. Certains de ces résultats sont contestés [63, 69, 77-79]. Compte tenu des éléments sus-cités et en particulier la possibilité de la forme résistante du TOC, Pallanti et al. en 2002 [61] et 2006 [47] ont proposé une classification en dix niveaux de non-réponse. On peut le résumer de la manière suivante : en première intention 20 séances de thérapie cognitivo-comportementales (exposition avec prévention de la réponse) associées à des antidépresseurs pendant plus de 10 semaines (en doses journalières : Clomipramine 150250, Fluoxétine 40-80, Sertraline 50-200, Fluvoxamine 200-300, Paroxétine 40-60). En deuxième intention une potentialisation de ce traitement par une des molécules suivantes : pendant 4 semaines clonazepam (0.5-5 mg/j), pimozide (1-3 mg/j), haloperidol (0.5-10 mg/j), pendant 8 semaines buspirone (15-60 mg/j). En troisième intention une association avec un thymorégulateur (lithium) ou utilisation de la clomipramine par voie intraveineuse. L’électroconvulsivothérapie doit être utilisée que s’il y a une comorbidité dépressive. En quatrième intention un traitement neurochirurgical peut être proposé. Au total, un groupe de patients TOC dit « TOC résistant » ne répondent pas à un traitement comprenant une psychothérapie de type cognitivo-comportementale et des psychotropes (antidépresseurs associés à des neuroleptiques et/ou thymorégulateurs). La gravité de leur maladie et la souffrance qu’elle provoque, justifient de développer et valider des approches thérapeutiques novatrices si possible basées sur la physiopathologie du trouble. L’exploration du sommeil chez les patients souffrant d’un TOC résistant ou sévère pourrait permettre un abord complémentaire pour étayer la physiopathologie de ce trouble. De plus, l’étude du sommeil dans cette pathologie, compléterait la description de sa symptomatologie. En effet, contrairement aux dépressifs, le sommeil n’est pas abordé chez les patients TOC dans les principaux manuels de critères diagnostics comme le DSM-III, III-R et IV ainsi que la CIM-10 (Classification Internationale des Maladies-10). Pourtant ces patients souffrant de TOC, notamment les plus sévèrement atteints pourraient présenter une perturbation de leur sommeil, notamment à cause de leurs obsessions qui pourraient aussi être omniprésents la nuit. Dans ce sens, les données de la littérature rapportent l’existence de troubles du sommeil chez les TOC. Avant d’aborder la littérature sur les troubles du sommeil chez les patients souffrant TOC, il est avant tout nécessaire de décrire les bases fondamentales sur la physiologie du sommeil et sa pathologie. 13 1.2 Le sommeil 1.2.1 Définition Le sommeil est un état particulier qui se traduit par une suspension périodique, réversible et naturelle de la vie consciente. Il s’agit bel et bien d’un phénomène actif car on retrouve une activité cérébrale revêtant d’une caractéristique particulière lors du sommeil. Le sommeil permet donc une récupération, dans le sens où la fatigue « diurne » disparaît après une nuit de sommeil (à ne pas confondre avec la fatigue physique lors d’un sport qui peut se récupérer sans sommeil). Dans le cours de la journée, au contraire, la fatigue « diurne » entraîne un besoin de sommeil, d’où une pression de sommeil de plus en plus importante au fur et à mesure du déroulement de la journée et maximale le soir. On dit que le sommeil obéit à un processus homéostasique. En résumé, plus la journée passe, plus la pression de sommeil est importante et inversement, plus la nuit passe, plus la pression de veille est importante. De plus, le sommeil est important qualitativement et quantitativement. On passe, en effet, en moyenne 8 heures par nuit à dormir, soit près de 25 ans dans une vie de 75 ans. Le sommeil est donc indispensable ou point qu’une dette de sommeil entraîne d’abord une somnolence jusqu’à l’irrépressible envie de dormir. Dans ce sens, une privation totale et prolongée de sommeil entraîne après 10 à 20 jours, la mort chez le rat. Chez l’homme, elle peut-être à l’origine de perturbations comportementales et physiologiques comme : La somnolence diurne avec les conséquences que cela impliquent (accidents de la route, accidents du travail, sécurité des transports, difficultés sociales…) Les troubles de l’attention et de la mémoire Les troubles de l’humeur (irritabilité, dépression) Le retard scolaire Le retard de croissance La baisse d’efficacité au travail Par ailleurs, la structure du sommeil n’est pas uniforme. En effet, l’étude de la physiologie du sommeil va nous permettre de caractériser plusieurs états de vigilance constituant l’architecture interne et globale du sommeil. 14 1.2.2 Physiologie du sommeil Il existe trois états de vigilance rendant de ce fait le sommeil inhomogène : la veille, le sommeil lent et le sommeil paradoxal qui ont chacun leurs caractéristiques électroencéphalographiques (EEG), électrooculographiques (EOG) et électromyographiques (EMG), leurs concomitants physiologiques et comportementaux particuliers et leur activité neuronale spécifique. La reconnaissance de ces différents états se fait sur des critères polygraphiques incluant nécessairement 3 paramètres : EEG, EOG et EMG notamment du menton. Un manuel de scorage a été jusqu’à 2008, la référence dans tous les laboratoires de sommeil : il s’agissait du « Manual of Standardized terminology, techniques and scoring system for sleep stages of human subjects » de Rechtschaffen et Kales (RK) (1968). Depuis 2008, les laboratoires doivent se référer au nouveau manuel de scorage édité par l’ « American Academy of Sleep Medicine » (AASM) qui est le Manual for the Scoring of Sleep and Associated Events: Rules, Terminology, and Technical Specifications (2007). Par rapport aux critères RK, ceux de l’AASM apportent de nouvelles règles sur le plan du scorage des stades du sommeil, ainsi que sur le plan respiratoire et cardiaque. De plus, ils apportent de nouvelles exigences techniques ainsi que des spécifications particulières concernant l’application des électrodes EOG, EMG et aussi EEG. Nous n’allons pas détailler ici ces changements mais juste apporter lors de la description de base de la structure du sommeil, la nouvelle nomenclature AASM tout en y précisant à côté l’ancienne de RK. Nous préciserons ensuite les normes usuelles sur le sommeil qui sont des ordres de grandeurs allant nous servir de référence par la suite à notre étude. 1.2.2.1 Structure du sommeil [80] Stade de Veille ou Eveil ou W=Wakefullness L’activité EEG peut prendre deux aspects, suivant que le sujet est actif, yeux ouvert ou relaxé, yeux fermé. Lors de la veille active, on retrouve une activité EEG rapide désynchronisée faite de fréquences rapides de bas voltages appartenant à la bande béta (> 15 Hz) Lors de la veille relaxée, les yeux fermés, on retrouve une activité EEG faite de rythme alpha (8 à 13 Hz) plus ample sous les régions occipitales. Les mouvements oculaires à l’EOG sont 15 nombreux et rapides (MOR) et le tonus musculaire du menton à l’EMG est à son maximum (figure1). Figure 1: Etat de veille yeux fermés (W) Sommeil lent: NREM Sleep (No-Rapid Eyes Movement) Il est divisé en 3 stades qui sont le stade N1 (NREM 1) correspondant anciennement au sommeil lent et léger selon RK, le stade N2 (NREM2) correspondant anciennement au sommeil lent et léger stade 2 selon RK et le stade N3 (NREM3) correspondant anciennement au sommeil lent et profond stade 3 et 4 selon RK. Le stade N1 Le stade N1 comprend une activité EEG un peu plus ralenti qu’à l’état de veille. Il est composé de fréquences mixtes alpha-thêta (4 à 7 Hz). On note des pointes vertex (ondes V) sous les dérivations centrales qui se distinguent du rythme de fond. On retrouve toujours des mouvements oculaires (MO) qui deviennent réguliers ainsi qu’un tonus musculaire à l’EMG (figure 2). 16 Figure 2: Passage de l'éveil au stade N1 Le stade N2 Le stade N2 comprend une activité de fréquences mixtes comme le stade N1. On commencera à trouver des ondes plus lentes et plus amples dans moins de 20% du tracé. Ce stade présente des figures particulières telles que le complexe K, isolé du bruit de fond, composé d’une onde négative ample suivie immédiatement d’une onde positive et les fuseaux (spindles), trains d’ondes de fréquences allant de 11 à 16 Hz. L’activité EOG est abolie et celle de l’EMG est existante mais souvent diminuée (figure 3). Figure 3: Stade N2 17 Le stade N3 Le stade N3 (anciennement stade 3 et stade 4) comprend à l’EEG une activité en ondes lentes type delta (de 0,5 à 2 Hz), ample (> 75 V) sur plus de 20% du tracé. On note une absence de l’activité à l’EOG et une nette diminution de l’activité à l’EMG. Son maintien est assuré par les neurones aminergiques (sérotonine entre-autre) (figure 4). Figure 4: Stade N3 Sommeil à Mouvements Oculaires Rapides (MOR) ou paradoxal ou stade R (REM=Rapid Eyes Movements) Le stade R comprend à l’EEG une activité de faible amplitude avec des fréquences mixtes composées d’éléments alpha souvent 1 à 2 Hz plus lent que le fréquence de veille et d’éléments théta en dents de scie, pointus ou triangulaires entre 2 et 6 Hz, souvent maximales sous les régions centrales et qui accompagnent en général les MOR. L’activité à l’EOG montre des MOR ou REM par salves. L’activité à l’EMG montre un tonus faible, inférieur à celui de tous les autres stades du sommeil. Une activité phasique matérialisée par des bouffées irrégulières (twitches) se greffe sur cette hypoactivité de fond. Concernant la régulation du sommeil REM, sa présence est favorisée schématiquement par une diminution de l’activité du système sérotoninergique (expliquant sa grande quantité chez les déprimés) et une augmentation de l’activité du système cholinergique (expliquant l’atonie musculaire) (figure 5). 18 Figure 5: Sommeil REM (R) 1.2.2.2 Organisation temporelle du sommeil [81] La succession des différents stades du sommeil durant une période donnée peut-être résumée par l’hypnogramme (figure 6). L’hypnogramme n’est autre que le diagramme représentant l’évolution temporelle des différents stades du sommeil au cours de la nuit ou du nycthémère. Il comporte en abscisses les heures et en ordonnées les différents stades (veille ou W, stades N1, N2, N3 et R). Souvent, le sommeil paradoxal apparaît sur l’axe des ordonnées entre la veille et le stade 1. Le sommeil comprend normalement 4 à 5 cycles, constitués chacun de sommeil lent puis paradoxal. Le premier cycle va de l’endormissement à la fin de la première phase REM. Le second cycle de la fin de la première phase REM à la fin de la seconde et ainsi de suite. L’hypnogramme met ainsi parfaitement en évidence la récurrence périodique des phases REM toutes les 90 à 110 minutes avec le premier REM toujours précédé par au moins une heure de sommeil lent chez l’adulte jeune ou d’âge moyen normal. Il permet également de visualiser la composition et répartition normale des cycles, avec le sommeil lent et profond (SLP) abondant en début de nuit et diminuant voire disparaissant ensuite, tandis que les phases sommeil REM vont en s’allongeant de quelques minutes pour la première jusqu’à 20 à 40 minutes pour les suivantes, avec une probabilité maximum de survenue de sommeil REM en 19 fin de nuit. De brèves périodes de veille tendent à apparaître en seconde partie de nuit, généralement lors de la transition entre sommeil lent et REM, à l’entrée en sommeil paradoxal (REM) ou à sa sortie (figure 6). Figure 6: Hypnogramme d'un sujet normal : femme de 30 ans Les divers paramètres et stades du sommeil obéissent à des répartitions spécifiques concernant leur quantité que nous allons étudier. 1.2.2.3 Normes chez l’adulte [82] Beaucoup de laboratoires ont tenté de standardiser les normes concernant les paramètres du sommeil. Malgré ces efforts, les résultats restent encore divergents et de ce fait, la plupart des laboratoires gardent leurs propres normes. Nous donnerons ci-dessous quelques normes usuelles de laboratoires. 20 Figure 7: Paramètres sommeil sur hypnogramme La latence d’endormissement La latence d’endormissement est parfaitement normale jusqu’à 20 minutes. Une latence du stade 2 de 30 minutes ou plus est considérée comme l’objectivation d’une difficulté d’endormissement. La durée du sommeil ou Période Totale de Sommeil (PTS) Elle peut être variable d’un individu à l’autre, de 4 à 11 heures voire plus chez des sujets se considérant bon dormeurs (typologie du petit, moyen ou gros dormeur). La durée moyenne du sommeil de nuit est d’environ 7 à 8 heures. Elle diminue lorsqu’on avance en âge. La variabilité d’une nuit à l’autre peut être grande suivant la variabilité de l’heure du coucher. La durée du sommeil dépend à la fois de facteurs génétiques et aussi de l’heure à laquelle on s’endort (par rapport heure minimum thermique). En pathologie, on considère la plainte d’un insomniaque objectivée pour une durée de sommeil inférieure à 6 heures. 21 L’Index d’Efficacité du Sommeil dit Efficacité du sommeil (IES) Il est égal au rapport du Temps Total de Sommeil sur le Temps Au Lit (IES= TTS/TAL). Il est au-dessus de 90% chez le sujet normal. On considère qu’une insomnie est objectivée quand cet index est inférieur ou égal à 80%. Cet index diminue lorsque l’âge avance. La veille intrasommeil (WASO) Un sujet normal passe moins de 20 minutes éveillé pendant sa période totale de sommeil. Audelà de 30 minutes (ou au-delà de 5% de la PTS), on peut parler de troubles de maintien du sommeil. La veille intrasommeil augmente en nombre et en durée en fonction de l’âge. Stade N 1 Il est considéré comme normal jusqu’à 5 ou 10% de la PTS. Au-delà de 10%, on peut dire qu’il est augmenté avec le plus souvent une augmentation concordante de la veille intrasommeil. Stade N 2 Il est normalement compris entre 40 et 55% du PTS. Il est augmenté en cas de déficit du sommeil profond et/ou du sommeil REM, par exemple dans les pathologies fragmentant beaucoup le sommeil tels que le syndrome d’apnées du sommeil ou lors de la prise de certains psychotropes (benzodiazépines). Stade N3 Il occupe normalement de 110 à 120 min chez l’adulte jeune, soit 25 à 30% du PTS. Sa quantité est diminuée quand on avance en âge mais aussi lors d’un syndrome d’apnée du sommeil ou prise de benzodiazépine. Sa quantité peut augmenter avec un traitement antidépresseur ou encore lors d’une récupération d’une privation de sommeil ou d’un exercice physique intense. 22 Latence d’apparition du sommeil paradoxal (SP) ou REM Elle est de 60 à 100 minutes. Supérieure à 120 minutes, il y a un retard d’apparition du SP. Le SP est très sensible au stress, comme celui de dormir la première fois au laboratoire sommeil où la latence du SP va être augmentée. Presque tous les antidépresseurs retardent considérablement l’apparition du SP. Concernant la latence du SP raccourcie, elle peut se retrouver dans la dépression, la privation de sommeil, chez le narcoleptique et physiologiquement de manière modérée chez les sujets âgés. La quantité de sommeil paradoxal (SP) ou REM En minutes, elle est un paramètre peu pertinent pour comparer plusieurs nuits ou plusieurs sujets puisqu’elle dépend de la longueur du sommeil. On préférera raisonner sur le pourcentage de SP habituellement compris entre 20 et 25% chez l’adulte jeune. Le pourcentage de SP est facilement réduit : effet première nuit en laboratoire sommeil, prise de psychotropes. Il est présent en quantité normal chez l’insomniaque. Le sommeil paradoxal est augmenté lors de la récupération en rebond après privation de SP (par exemple lors d’un sevrage médicamenteux). L’intervalle moyen intercycle La valeur varie entre 90 à 110 minutes. Cette rythmicité est conservée dans la plupart des pathologies, sauf quand la nuit est trop perturbée par les éveils. Dans certaines très mauvaises nuits, le sommeil paradoxal peut être absent ou bien il ne peut exister qu’une seule phase de sommeil paradoxal d’où l’impossibilité de déterminer une rythmicité. Le nombre de phases REM et leur durée moyenne Pour une nuit de 7 ou 8 heures, on retrouve en moyenne 5 phases de SP (de 4 à 6). La durée moyenne des phases est d’environ 22 minutes. Chez l’adulte jeune, la première phase REM est la plus courte et la plus pauvre en MO (Mouvements Oculaires). Les phases suivantes sont plus longues et de plus en plus riches en éléments phasiques comme les MOR. Chez la personne âgée, la première phase REM de la nuit peut être longue, voire la plus longue et riche en mouvements oculaires. La densité en MO ne s’accroît pas au fur et à mesure de la nuit, mais reste stable. Le déprimé a lui-aussi une première phase de SP longue et riche en MO. 23 Ainsi, la physiologie du sommeil bien que décrite de manière simplifiée reste complexe tant par sa structure mais aussi sa variabilité rendant sa standardisation actuellement compliquée. Cependant, le sommeil peut être évalué aisément tant pour son aspect qualitatif et subjectif que pour son aspect quantitatif et structurel. Il existe pour cela des évaluations dont la plupart sont standardisées. Avant de nous intéresser à ces évaluations, nous allons introduire quelques notions sur la neurobiologie de la régulation du sommeil. 1.2.2.4 Régulation de l’alternance veille sommeil Aujourd'hui, on comprend mieux les mécanismes de la veille, de l'endormissement, du sommeil et de l'éveil, ainsi que la physiopathologie des troubles du sommeil. Les trois principaux mécanismes de régulation - dits homéostatique, circadien et ultradien -ainsi que les neurotransmetteurs impliqués dans les états de veille et de sommeil dépendent de nombreux, paramètres, tels l'âge, le sexe, l'environnement et les facteurs génétiques, notamment ceux contrôlant notre horloge biologique interne. Comprendre les mécanismes normaux du sommeil est indispensable si l'on veut élucider la (les) cause(s) des insomnies et tenter de soulager les dérèglements de ces mécanismes naturels. Pourquoi s'endort-on ? Pourquoi se réveille-t-on ? Si ces deux questions paraissent naïves, elles recouvrent des mécanismes complexes. Par un processus dit homéostatique, le besoin de sommeil augmente pendant l'éveil... et diminue pendant le sommeil. Cette lapalissade sousentend que, durant l'éveil, des substances qui déclenchent le sommeil s'accumulent dans l'organisme ; quand une certaine valeur correspondant à un « seuil haut » est atteinte, le sommeil peut survenir si les conditions le permettent. Inversement, quand la concentration de ces substances hypnogènes repasse sous un « seuil bas », le sujet peut se réveiller, en réaction à une stimulation extérieure (la sonnerie du réveil, par exemple). L'adénosine, produit de dégradation du métabolisme énergétique des cellules cérébrales, s'accumule effectivement pendant la veille et pourrait être un déclencheur du sommeil par cet effet de seuil. 24 1.2.2.4.1 Les molécules de l’éveil [83] Pourquoi, après une nuit de sommeil, se réveille-t-on ? Grâce au réseau exécutif de l'éveil qui va d'une part inhiber le système du sommeil et, d'autre part, activer des éléments impliquant divers neuromédiateurs excitateurs. L'acétylcholine et le glutamate La formation réticulée (partie centrale de la substance grise du tronc cérébral), le télencéphale basal, le système diffus thalamique (neurones thalamiques intralaminaires) et les noyaux mésopontins cholinergiques (aire du tegmentum pédonculopontin et du tegmentum latérodorsal) stimulent le cortex cérébral et, par conséquent, l'état de veille. Ces systèmes de veille font intervenir deux neuromédiateurs essentiels, l'acétylcholine et le glutamate. Le relargage de l'acétylcholine dans le cortex est maximal pendant la veille et minimal pendant le sommeil lent. La noradrénaline D'autres structures sont aussi importantes dans la genèse du processus de veille : le locus coeruleus (siégeant dans le pont du tronc cérébral) contient des neurones noradrénergiques en connexion étroite avec la formation réticulée et envoie des projections directes vers le cortex. L'activité des neurones du locus coeruleus augmente pendant l'éveil et diminue pendant le sommeil et de façon plus marquée en sommeil paradoxal ; leur stimulation augmente l'éveil, et le blocage de la libération de noradrénaline diminue l'éveil, la vigilance et, par conséquent, les processus attentionnels. L'histamine Le système de l'hypothalamus postérieur contient les neurones du noyau tubéro-mammillaire (seule source d'histamine dans le cerveau) siégeant au niveau de la partie ventrolatérale de l'hypothalamus postérieur et se projetant sur tout le cerveau, en particulier au niveau des autres systèmes d'éveil incluant notamment le cortex cérébral, le télencéphale basal et les systèmes mono-aminergiques. Ces neurones histaminergiques présentent une activité tonique 25 durant l'éveil uniquement, l'activité diminuant au cours du sommeil et notamment en sommeil paradoxal. L'inactivation de ces neurones déclenche le sommeil. Enfin, l'inhibition de la synthèse d'histamine dans cette région augmente le sommeil lent et le sommeil paradoxal ; à l'inverse, les agonistes histaminergiques (qui renforcent l'action de l'histamine) accentuent la veille. La dopamine Le système nigrostriatal (siégeant dans les noyaux gris centraux) dopaminergique participe, d'une part, au maintien de l'éveil comportemental via l'activation de la substance noire et, d'autre part, aux processus de cognition et d'attention sélective par l'activation de l'aire du tegmentum ventromédial. L'activité des neurones dopaminergiques change peu au cours des cycles veille-sommeil, mais la libération de dopamine semble augmenter pendant la veille, et des agonistes des récepteurs Dl, 2 et 3 (qui potentialisent leur activité) augmentent la veille en diminuant le sommeil lent et le sommeil paradoxal. À l'inverse, les bloqueurs des récepteurs Dl et D2 (par exemple les antipsychotiques) ou la maladie de Parkinson (responsable d'un déficit en dopamine) induisent fréquemment une somnolence, voire une hypersomnie intrinsèque. La dopamine interviendrait bien dans la régulation physiologique du sommeil. La sérotonine Le raphé dorsal contient des neurones sérotoninergiques (dits 5HT pour 5- hydroxytryptophane, le précurseur de la sérotonine) se projetant vers l'hypothalamus antérieur (aire préoptique et noyau suprachiasmatique) et le cortex. L'activité des neurones à HT est maximale pendant l'éveil et la libération de 5HT plus importante pendant l'éveil que pendant le sommeil (quasi inactive pendant le sommeil paradoxal) ; la stimulation de ces neurones est éveillante. Toutefois, la destruction du système sérotoninergique du raphé antérieur est suivie d'une insomnie totale de longue durée (10 à 15 jours) chez l'animal et, chez l'homme, l'inhibition de la synthèse de la sérotonine (5HT) entraîne également une insomnie de deux à trois jours. Ainsi le système sérotoninergique contrôle les différents états de vigilance, aussi bien la veille que le sommeil. 26 Les hypocrétines Contrairement aux autres neuromédiateurs impliqués dans l'éveil et le sommeil, les hypocrétines (ou orexines) n'ont été découvertes qu'en 1998. Ce sont des peptides synthétisés dans l'hypothalamus dorsolatéral. Elles participent à la régulation du comportement alimentaire, mais aussi à celle de la veille. Il existe d'importantes interactions avec le système monoaminergique du locus coeruleus, où se projettent les neurones à hypocrétines. De plus, l'injection directe d'hypocrétine-1 dans le locus coeruleus stimule la veille tout en diminuant la quantité de sommeil chez l'animal. Le système hypocrétinergique est impliqué dans la régulation physiologique de la veille et du sommeil, avec une activation neuromodulatrice de ces neurones pendant la veille. À l'inverse, des neurones à MCH (melanin-concentrating hormone), localisés dans la même région, sont particulièrement actifs pendant le sommeil paradoxal, suggérant que les uns sont actifs quand les autres sont inhibés et inversement. Les neurones à hypocrétines se projettent vers de nombreux groupes de neurones et notamment sur ceux impliqués dans la régulation de la veille, de l'appétit et de la locomotion. Les hypocrétines agissent comme un chef d'orchestre coordonnant les différentes substances libérées par les noyaux impliqués dans le système de l'éveil. 1.2.2.4.2 Les rythmes biologiques [84] De nombreux organismes, des plus simples aux plus complexes, présentent des rythmes biologiques proches de 24 heures. Un rythme biologique est défini par sa période - l'intervalle de temps séparant la survenue de deux phénomènes identiques -, son maximum (acrophase) et son minimum (batyphase), son amplitude et sa valeur moyenne (mésor) (figure 8). La période (ou son inverse, la fréquence) permet de classer les rythmes en ultradien (moins de 20 heures), circadien (entre 20 heures et 28 heures) et infradien (plus de 28 heures) (figure 12). Figure 8: Définition du rythme biologique 27 Le rythme circadien, propriété quasi universelle, commande de nombreuses activités physiologiques, de l'alternance veille-sommeil à l'absorption de nourriture, la température corporelle, les sécrétions hormonales (mélatonine, cortisol), avec une stabilité et une précision étonnantes dues à la présence d'une horloge biologique (figure 9). Figure 9: Rythmes biologiques Une lésion de ces noyaux abolit tout rythme, tandis que la transplantation de tissu hypothalamique fœtal chez les animaux lésés restaure les rythmes circadiens. Ainsi, les noyaux suprachiasmatiques seraient nécessaires et suffisants à la genèse des rythmes biologiques (figure 10). Figure 10: Le Noyau Suprachiasmatique (NCS): "Master Clock" 28 On peut aussi montrer que l'activité neuronale, métabolique et neurochimique du tissu constituant ces noyaux varie de façon circadienne même quand le tissu est isolé in vitro : leur activité serait spontanée. Indépendamment de l'alternance entre le jour et la nuit, les rythmes circadiens persistent en obscurité constante. Leur période endogène est de 24,18 heures. Toutefois, les variations de notre environnement, notamment de la température corporelle et de la lumière, entraînent d'importantes modifications de l'horloge biologique permettant d'adapter nos rythmes internes à l'environnement en nous resynchronisant sur 24 heures. Dans les conditions de vie physiologique, nous nous endormons et nous réveillons chaque jour à des horaires prévisibles. Environ deux heures avant le réveil spontané, la température remonte, les modifications métaboliques liées à la sécrétion de cortisol sont stimulées et nous nous réveillons en forme. En présence de synchroniseurs forts (alternance lumière-obscurité, horaires « normaux » de travail...), la plupart des individus s'endorment alors que leur température interne diminue, quelques heures après le maximum thermique (qui survient vers 18 heures), et se réveillent sur la pente ascendante de la courbe, quelques heures après le minimum thermique (vers 4 heures). Notons que les périodes de sommeil proches de ce minimum thermique sont les plus riches en sommeil paradoxal. 29 Plusieurs études ont été réalisées chez des sujets volontaires sans aucun repère temporel (isolés dans des grottes ou dans des bunkers) pendant plusieurs mois. Au début de chaque expérimentation (figure 11), la période du rythme veille-sommeil suit celle de la température corporelle et s'organise sur 24,1 à 24,8 heures. Le sujet se lève et se couche en se décalant d'une demi-heure tous les jours par rapport à ses horaires habituels de 24 heures. Après un temps variable selon les individus, l'alternance des phases éveillées et des phases de sommeil se poursuit avec une proportion stable de deux tiers de veille pour un tiers de sommeil, mais ne coïncide plus avec l'évolution de la température : c'est la désynchronisation interne. Contrairement à la périodicité de la température qui reste stable, celle des cycles veillesommeil varie, pouvant adopter des périodes comprises entre 36 et 60 heures. Figure 11: Expérience hors du temps Il existerait ainsi chez l'homme non pas une, mais deux horloges biologiques principales : un « oscillateur fort », peu dépendant de l'environnement, à l'origine du rythme de la température centrale, de la sécrétion de molécules intervenant dans l'éveil et le sommeil (notamment la mélatonine et le cortisol), ainsi que du sommeil paradoxal ; et un « oscillateur faible », particulièrement sensible à l'environnement, sur lequel reposerait la synchronisation du rythme veille-sommeil avec celui de la sécrétion de certaines hormones, telles la prolactine et l'hormone de croissance. L'oscillateur faible se dérègle rapidement en l'absence de synchroniseurs, expliquant les alternances veille-sommeil désynchronisées du rythme de la température dans les expériences « hors du temps ». 30 Rappelons que les trois principaux mécanismes de régulation du sommeil et de l'éveil sont l'horloge biologique qui commande le rythme circadien à laquelle s'ajoutent les processus homéostatique et ultradien (figure 12). Figure 12: les rythmes biologiques 1.2.2.4.3 La régulation du sommeil [83] Le processus homéostatique, comme nous l'avons déjà évoqué, augmente exponentiellement pendant la veille, jusqu'à atteindre le seuil haut, après quoi le sommeil survient. Pendant le sommeil, ce processus faiblit jusqu'à atteindre le seuil bas déterminant le moment du réveil. Ce modèle expliquerait les différences observées entre les sujets longs dormeurs ou courts dormeurs, et ceux du matin ou du soir. Quant au processus ultradien, il contrôle notamment l'alternance sommeil lent-sommeil paradoxal. Le rythme ultradien du sommeil paradoxal (c'est-à-dire l'intervalle qui sépare le début d'une période de sommeil paradoxal du début de la suivante) est relativement fixe chez l'homme (90 minutes). Ce rythme est fonction de la taille de l'animal (10 minutes chez la souris, 24 minutes chez le chat, 60 chez le chimpanzé, 120 chez l'éléphant). L'état de veille se caractérise sur le plan comportemental par un aspect moteur (tonus musculaire) et sur le plan cortical par une activation de l'électroencéphalogramme. Certaines structures sont indispensables à l'éveil. Elles sont notamment localisées dans l'hypothalamus : une lésion de l'hypothalamus postérieur est associée à un état de léthargie, tandis qu'une lésion de l'hypothalamus antérieur (la région préoptique) entraîne une insomnie. Le développement 31 des nouvelles techniques neuroanatomiques a permis d'individualiser les systèmes responsables de l'éveil et les neurotransmetteurs impliqués ; l'acétylcholine, les monoamines (noradrénaline, adrénaline, dopamine, sérotonine), l'histamine, les hypocrétines, divers peptides ainsi que des systèmes fonctionnant avec des acides aminés excitateurs (le glutamate et l'aspartate) (figure 13) ou inhibiteurs (la glycine, le GABA). Les différentes structures de ce système d'éveil forment des réseaux redondants, ce qui explique pourquoi l'inactivation d'un seul système est suivie, après quelques jours, d'une récupération complète de l'éveil. Comment passe-t-on du sommeil à l'éveil ? Le système de l'éveil (figure 13) comprend de nombreux réseaux neuronaux situés entre le pont et l'hypothalamus postérieur et pouvant être schématisé en deux voies principales : une voie thalamique (flèches bleues sur la figure 13), où les neurones cholinergiques (dont le neurotransmetteur est l'acétylcholine) de l'aire du tegmentum pédonculo-pontin et du tegmentum latérodorsal agissent sur le thalamus, et une voie extrathalamique (flèches verte sur la figure 13) regroupant les neurones noradrénergiques du locus coeruleus (dont le neurotransmetteur est la noradrénaline), sérotoninergiques (sérotonine) du raphé, histaminergiques (histamine) du noyau tubéro-mammillaire activant le télencéphale basal. L'ensemble de ces structures peut activer le cortex cérébral et ainsi déclencher l'éveil. Le réseau de l'éveil est activé et entretenu par des stimulations internes (température corporelle ou émotions, par exemple) et externes (clarté du jour, bruits) (figure13). Figure 13: système de l'éveil 32 1.2.2.4.4 Le passage de l'éveil ou sommeil Une autre question nous préoccupe ici : comment passe-t-on de la veille au sommeil ? L'hypothalamus antérieur joue un rôle déterminant dans la phase d'initiation du sommeil. Pour induire le sommeil, il faut simultanément activer la partie antérieure de l'hypothalamus (région préoptique) et inhiber la partie postérieure de l'hypothalamus, ainsi que celle de la formation réticulée. Le sommeil apparaît lorsque se produit une activation au niveau de la région préoptique, capable d'éteindre les réseaux de l'éveil. Les neurones de cette région ont une activité maximale pendant le sommeil lent, mais ils sont « éteints » pendant l'éveil et le sommeil paradoxal, inhibés par la noradrénaline, la sérotonine et l'acétylcholine. Une lésion de ces neurones chez le chat induit une insomnie quasi totale de longue durée. Ces neurones sont principalement GABAergiques (fonctionnant avec le GABA, inhibiteur) ; ils se projettent sur les systèmes monoaminergiques inhibant l'apparition de la veille. Aujourd'hui, les mécanismes impliqués dans le déclenchement de l’endormissement commencent à être précisés. L'éveil provoque sa propre inhibition : les neurones sérotoninergiques du système du raphé présentent des décharges régulières stimulant la région préoptique et activant ainsi le système GABAergique qui inhibe le réseau exécutif (celui qui assure l'activité motrice, notamment) de l'éveil. Ainsi, les neurones GABAergiques du noyau préoptique ventrolatéral interagissent avec le système de l'éveil. En s'activant, ces neurones inhibent les régions impliquées dans l'éveil (régions fonctionnant avec les monoamines et l'acétylcholine) : c'est l'éveil qui conduit au sommeil. Le sommeil lent et le sommeil paradoxal sont contrôlés par des réseaux de neurones différents mais qui associent tous deux un réseau commandant le déclenchement du sommeil et un autre le maintenant. Pour s'endormir, il ne suffit pas que le réseau de la veille soit inactivé, il faut aussi que le réseau du sommeil soit activé. Une insomnie survient quand le réseau de l'éveil est activé en même temps que celui du sommeil. Pour que le sommeil s'installe, les neurones de l'éveil, notamment les neurones monoaminergiques et cholinergiques, doivent être inhibés. Or pendant la veille, l'activité corticale entraîne une forte consommation d'ATP (adénosine triphosphate), l'énergie des cellules, de sorte que l'ADP (adénosine diphosphate), produit de dégradation de l'ATP, s'accumule dans le télencéphale basal cholinergique. En outre, l'injection d'adénosine dans cette région inhibe les neurones cholinergiques et induit le sommeil ; à l'inverse, la caféine (qui empêche l'adénosine de se fixer sur ses récepteurs) stimule la veille. D'autres facteurs «hypnogènes » s'accumulent durant l'éveil, notamment des cytokines, l'interleukine-IB et le 33 TNF alpha. Ces molécules sont synthétisées par le système immunitaire, mais, produites directement dans le cerveau, elles activeraient le sommeil dans des conditions physiologiques, c'est-à-dire sans aucune inflammation associée. Les neurones de l'aire préoptique ventrolatérale (VLPO) (figure 14) produisent du GABA qui inhibe (flèches orange) tous les systèmes de veille pendant le sommeil lent. En s'activant, ces neurones inhibent les régions monoaminergiques et cholinergiques impliquées dans l'éveil, et initient le sommeil lent. L'activité électrique d'autres structures cérébrales corticales et souscorticales participe au maintien du sommeil lent. Figure 14: système du maintien du sommeil La libération des neuromédiateurs noradrénaline, sérotonine et histamine cesse pendant le sommeil paradoxal, ce qui désinhibe les neurones cholinergiques du PPT et du LDT : pendant cette phase du sommeil, les neurones cholinergiques du tegmentum pédonculopontin (PPT) et du tegmentum latérodorsal (LDT) sont actifs. Durant le sommeil paradoxal, les neurones cholinergiques produisent aussi une atonie musculaire par inhibition des neurones moteurs de la voie motrice. Quant au sommeil paradoxal, la mise en évidence des structures qui en sont responsables a été facilitée par l'existence de comportements caractéristiques où l'atonie musculaire est associée à des mouvements oculaires rapides. Il a été établi dès la fin des années 1980 que la formation réticulée du pont est nécessaire et suffisante à l'apparition du sommeil paradoxal. Seuls les deux tiers antérieurs de cette région contiennent les structures génératrices du sommeil paradoxal. 34 1.2.2.4.5 Les neurones SP-on et SP-off Le système exécutif à l'origine de la genèse du sommeil paradoxal (ou SP) dépend de neurones cholinergiques dits SPon, situés dans le tronc cérébral dans la région du bulbe et du pont, notamment le tegmentum latérodorsal (LDT) et le tegmentum pédonculopontin (PPT). Ces neurones SP-on sont actifs en sommeil paradoxal grâce à un mécanisme de désinhibition. En effet, ces neurones sont inhibés pendant le sommeil lent par la noradrénaline, la sérotonine et l'histamine. L'activité des neurones aminergiques, dits SP-off, du tronc cérébral qui inhibent le sommeil paradoxal diminue pour permettre la mise en place du sommeil paradoxal, en opposition avec l'activité des neurones cholinergiques SP-on qui augmente pendant le sommeil paradoxal. Le système exécutif du sommeil paradoxal est aussi soumis au contrôle de l'horloge biologique. L'activité des neurones SP-off, importante pendant la veille, diminue pendant le sommeil lent et cesse pendant le sommeil paradoxal. Le sommeil paradoxal apparaît quand les neurones cholinergiques SP-on se projetant sur le thalamus sont activés. Ces neurones cholinergiques sont aussi responsables des caractéristiques du sommeil paradoxal : les mouvements oculaires rapides et l'atonie musculaire. Les neurones cholinergiques de la formation réticulée du pont (le tegmentum pédonculopontin, PPT, et le tegmentum latérodorsal, LDT) constituent le générateur endogène d'une activité électrique qui croît peu avant et pendant tout épisode de sommeil paradoxal. Cette activité est transmise à chaque noyau oculomoteur qui permet les saccades des mouvements oculaires rapides. Quant au déclenchement de l'atonie musculaire, elle dépend d'un petit groupe de neurones situés à côté du locus coeruleus, dans le locus coeruleus alpha, qui sont actifs uniquement pendant le sommeil paradoxal. Au terme d'une cascade d'interactions neuronales, ces neurones du locus coeruleus alpha provoquent une inhibition puissante des neurones moteurs de la moelle épinière, à l'exception des noyaux oculomoteurs et des moto-neurones respiratoires qui commandent le diaphragme et, par conséquent, la respiration. Aujourd'hui, on sait que la neurobiologie du sommeil ne peut être envisagée séparément de celle de l'éveil ; elles forment un tout et les influences sont réciproques. Cependant, chaque état de veille et de sommeil a son propre réseau de structures neuronales. D'importantes découvertes ont été réalisées ces dernières années dans le domaine du sommeil, en particulier sur les réseaux neuronaux impliqués dans les processus de régulation de la veille et du sommeil lent et paradoxal, sur leurs messagers chimiques et leurs interconnexions. 35 D'un individu à l'autre, plusieurs aspects du sommeil varient, que ce soit la durée du sommeil, les horaires de coucher et de lever. En effet, on a des sujets soit dit « du matin » ou dit « du soir » mais aussi des longs et courts dormeurs L'environnement et la génétique jouent des rôles déterminants. Toutefois, on ignore encore quelle est la fonction précise du sommeil. Si les neuroscientifiques savent qu'il est nécessaire à la maturation cérébrale, à la restauration de l'organisme, à la mémoire, à l'apprentissage, ils ignorent encore les mécanismes précis qui le relient à ces diverses fonctions. Une meilleure connaissance de la physiologie du sommeil permettra de mieux comprendre certains dysfonctionnements fréquents du sommeil et d'envisager des prises en charge plus adaptées. 1.2.3 Outils d’évaluations du sommeil Il existe à la fois des outils d’évaluations subjectives permettant de décrire l’aspect qualitatif du sommeil et objectives permettant de quantifier voire d’approfondir la description de l’aspect structurel du sommeil. 1.2.3.1 Evaluations subjective Les différentes méthodes subjectives d'investigation du sommeil tels l'observation visuelle, les interviews, les questionnaires, les calendriers et agendas de sommeil ont des avantages mais aussi des inconvénients par rapport aux méthodes objectives déjà envisagées. L'avantage évident est la facile acceptation par le patient par rapport à une nuit d’enregistrement. Le caractère peu contraignant du remplissage d’un simple questionnaire et le coût minime de ces explorations rendent ce type d'étude bien adapté aux enquêtes épidémiologiques ou aux essais pharmacologiques portant sur un grand effectif de sujets. L'inconvénient majeur est que ces méthodes subjectives ne sont pas toujours bien corrélées avec les résultats des enregistrements objectifs, et que certaines d’entre-elles souffrent d’un manque de validation. Pour l’étude subjective du sommeil, ont utilise les outils suivants tels que les interviews, les questionnaires du sommeil, les calendriers ou agenda du sommeil, l’observation visuelle ainsi que des questionnaires évaluant la somnolence. 36 Les interviews comprennent : L'interrogatoire du patient qui permet de cerner les symptômes évocateurs des troubles du sommeil ou de la vigilance ainsi que ceux d'une affection physique ou mentale concomitante. Il permet éventuellement de porter un diagnostic psychiatrique. Les tests psychologiques, consistent en la passation de tests ou échelles simples de dépistage de maladie somatique ou psychiatrique. Nous citerons quelques tests d'autoévaluation couramment utilisés dans les laboratoires de sommeil tels que les inventaires généraux de la symptomatologie anxieuse comme le State-Trait-Anxiety Inventera (STAI) de Spielberger [85], en 40 items ou encore les échelles de dépression telles que le QD2A de Pichot, en 13 items [86]. Le questionnaire matin/soir de Horne et Östberg [87], utilisé aussi couramment en laboratoire de sommeil. Ce questionnaire analyse les variations de la vigilance en fonction des habitudes horaires des sujets. Il consiste à placer théoriquement les sujets dans différentes situations de la vie quotidienne et à leur demander de décrire le comportement qu'ils auraient tant sur le plan subjectif que dans des tâches exigeant une très grande attention. Pour chacune des 19 situations présentées, le sujet estime (sur une échelle analogique ou par une note de 1 à 5) la qualité de sa forme intellectuelle et physique au réveil, dans la journée et le soir, la meilleure façon d'organiser cette situation en termes d'horaires et de type de travail L'interrogatoire du partenaire de lit ou de chambre qui est particulièrement utile pour améliorer l'information concernant le ronflement, l'existence de secousses musculaires pendant le sommeil ou la somnolence diurne d'un patient qui est parfois peu conscient de son trouble. Les questionnaires de sommeil Les questionnaires portant sur la nuit précédente sont très nombreux, tantôt élaborés par un laboratoire de sommeil pour un usage exclusivement interne, tantôt validés sur plusieurs populations puis publiés pour être utilisés par tous. La façon de coter les items est variable : 37 - Soit on répond en clair, par exemple : « à quelle heure avez-vous éteint la lumière ? » « à 23 h 10 ». - Soit on demande de cocher la case correspondant à la réponse, celle-ci étant à choisir entre différents adverbes. - Soit on donne une note de 1 à 10 à la qualité de son sommeil (ou de sa veille dans la journée). - Soit on remplit une échelle analogique visuelle (EAV) [88]. En somme, les paramètres le plus souvent retenus dans les différents questionnaires de sommeil portent sur les items suivants : - l’heure du coucher ; de l'extinction de la lumière ; du réveil ; du lever ; - la latence de l'endormissement (rapide ou non) ou sa durée subjective en minutes ; - la durée estimée du sommeil ; - le réveil précoce ou à l'heure souhaitée ; - le nombre de réveils nocturnes (par exemple de zéro à 5, en ajoutant la case « éveils nombreux, difficiles à évaluer »); - la qualité du sommeil ; - la profondeur du sommeil ; - le caractère récupérateur ou non du sommeil ; - le souvenir de rêves et la présence ou non de cauchemars ; - les caractéristiques du réveil : réveil facile ou non, la forme au réveil, la somnolence au réveil, etc. On peut y ajouter des questions concernant l'anxiété, l'humeur, l'irritabilité. Beaucoup de questionnaires prennent en compte la journée écoulée: événement de vie ou trouble somatique ayant pu perturber le sommeil, siestes, fatigue, somnolence diurne, trouble de la concentration ou de la mémoire, forme, humeur dans la journée, etc. Dans ce cas une partie du questionnaire est à remplir au coucher, l'autre au réveil. Ce type de questionnaire est utile dans le suivi de plusieurs nuits (enregistrées ou non par ailleurs), dans le cadre d'une enquête sur une grande population ou dans un essai thérapeutique. 38 Citons quelques questionnaires publiés: - Le questionnaire du St. Mary's Hospital [89], validé sur des patients hospitalisés en chirurgie, en médecine, en psychiatrie et chez des volontaires sains, consiste en 14 questions évaluant le sommeil, le comportement au réveil et dans la journée précédente ; - le questionnaire de Leeds, surtout utilisé en pharmacologie [90]. Quand aux questionnaires portant sur le sommeil habituel, il existe de nombreux questionnaires de ce type, certains passant en revue toute la pathologie du sommeil, y compris les troubles du rythme circadien et d'autres portant plus spécifiquement sur un trouble, comme par exemple les questionnaires productifs de syndrome d'apnée, nous ne les avons pas détaillés ici. La qualité du sommeil est un paramètre difficile à définir avec précision et pourtant, les plaintes concernant la qualité sont très fréquentes dans la population générale et sont souvent un symptôme important de troubles du sommeil ou d'une affection médicale. Les facteurs liés à l'anxiété et au stress sont fréquents dans la population générale qui se plaint de mauvais sommeil. La dépression ou un autre trouble psychiatrique sont à l'origine du plus grand nombre des insomnies venant consulter dans un centre de sommeil. Le phénomène « qualité » du sommeil comporte, outre les aspects quantitatifs de durée d'endormissement, durée du sommeil, nombre et durée des éveils qui peuvent être mesurés objectivement, des éléments complètement subjectifs tels que la profondeur du sommeil et le caractère réparateur ou non du sommeil. - Le centre de sommeil de Pittsburgh a développé un index, l'index de qualité du sommeil de Pittsburgh (Pittsburgh Sleep Quality Index = PSQI) dans le but d'avoir une mesure standard et valide de la qualité du sommeil, capable de discriminer les bons et les mauvais dormeurs [91]. Il comporte 19 questions posées au patient et 5 au partenaire ou au voisin de lit. Ces 5 dernières questions sont totalisées uniquement pour information mais ne comptent pas dans le score global du PSQI. Les 19 questions sont regroupées en 7 composantes scorées sur une échelle de 0 à 3. Les scores aux 7 composantes sont sommés. Le score global du PSQI va donc de 0 à 21. Les scores les plus élevés indiquent la qualité du sommeil la pire. Cet index est facile à remplir par les patients et facile à interpréter par les cliniciens ou chercheurs. Il pose des questions 39 sur le sommeil pendant le mois précédent. Il est parfait pour évaluer des échantillons cliniques, pour distinguer une population de bons et de mauvais dormeurs ou pour séparer des patients de sujets contrôle. En clinique, le PSQI peut être utilisé pour différencier les patients à trouble du sommeil significatif. En psychiatrie, il permet d'identifier les patients qui ont un trouble du sommeil concomitant. Il a servi à différencier la qualité du sommeil entre une population de sujets âgés et de sujets jeunes [92]. Il peut être utilisé pour apprécier l'évolution des troubles du sommeil suivant une thérapeutique médicamenteuse ou non médicamenteuse. - Les calendriers ou agendas de sommeil [93]. Si l'on veut évaluer cliniquement un patient susceptible de présenter une anomalie du rythme veille-sommeil, il faut pouvoir reconnaître que la période d'activité du sujet est différente des horaires classiques d'activité et de repos dans les 24 heures. - Un calendrier de sommeil à remplir pendant 15 jours ou un mois est de ce fait un outil simple, certes moins objectif qu'un enregistrement actimétrique, mais suffisant pour révéler un décalage de phase ou un allongement du rythme circadien. Différentes version que nous n’allons pas détailler ici existent (calendrier de Jouvet, agenda de sommeil de Pittsburgh, Social Rhythm Metric etc.). L’évaluation subjective de la somnolente diurne La somnolence diurne doit pouvoir être quantifiée de façon simple avant de prescrire des examens longs, ennuyeux et coûteux comme le sont les tests itératifs d'endormissement (TIDE) qui durent la journée entière. Ces derniers ne peuvent donc être proposés en routine à tous les patients. La réponse à la question simple : « Vous sentez-vous somnolent dans la journée » peut permettre de faire un premier tri. On peut juger de l'importance de cette somnolence à un moment donné en faisant remplir différentes échelles. La somnolence en général, dans la vie courante, sera appréciée par d'autres échelles. Nous ne citerons que celles les plus connues. En effet, on peut certes, lors de l'interview du patient, poser des questions sur l'horaire et la durée des épisodes de somnolence, de fatigue ou de « coups de pompe » dans la journée ; sur la fréquence des siestes, leur horaire et leur durée, leur caractère réparateur ou non ; sur la tendance à s'endormir lors de la lecture, devant la télévision, au cinéma, dans les transports en commun, dans les réunions professionnelles. Ces renseignements sont précieux mais ne sont pas quantifiés pour permettre de comparer plusieurs patients ou l'évolution chez le même 40 patient. Plusieurs auteurs se sont attachés à créer un outil simple et standardisé permettant de quantifier ces paramètres. En voici les exemples les plus connus : - L'échelle d'Epworth [94] Cette échelle mesure la probabilité d'assoupissement ou d'endormissement (cotée de zéro à 3, 0 = aucune chance de s'endormir ; 3 = grande chance de s'endormir) dans 8 situations courantes plus ou moins soporifiques. Le score total peut varier entre zéro et 24. On demande au sujet de différencier l'assoupissement du sentiment de fatigue. L'échelle est significativement corrélée à la latence moyenne d'endormissement aux tests itératifs d'endormissement ou à la latence d’endormissement lors de la polygraphie nocturne. Les scores élevés, supérieurs à 16, se rencontrent dans les syndromes d'apnée du sommeil entraînant une forte somnolence, les narcolepsies, les hypersomnies idiopathiques. Chez les patients apnéiques, le score à l'échelle d'Epworth est corrélé à l'index d'apnéehypopnée et à la saturation minimum. Les insomniaques psychophysiologiques ou idiopathiques ont des scores bas car ils ont une faible propension à s'endormir même quand ils sont susceptibles de se relaxer [95]. On considère qu'il n'y a pas de somnolence pour des scores de zéro à 8. La somnolence existe mais est peu handicapante pour des scores compris entre 8 et 14 ou 15. Elle est franchement pathologique à partir de 16. La corrélation test-retest de cette échelle est bonne chez des étudiants en médecine retestés 5 mois après le premier test et chez qui le niveau de somnolence était supposé rester constant [96]. L'échelle a été utilisée avec succès pour apprécier l'amélioration de la vigilance après 3 mois de traitement par pression positive continue (CPAP) chez des apnéiques [97]. - L'inventaire d'activité veille-sommeil ou Sleep-Wake Activity Inventery (SWAI) a été développé par Rosenthal et al. [98] Il comporte 59 items concernant le comportement pendant les 7 jours précédant le remplissage de l'inventaire. Les sujets répondent à chaque item sur une échelle analogique de type Likert, où chaque item est suivi d'une échelle semi-continue de zéro à 9. Les scores les plus bas correspondent aux plus hauts niveaux de somnolence et d'énergie. 41 En conclusion, les méthodes subjectives d'appréciation du sommeil et de la vigilance se sont affinées et gardent tout leur intérêt en clinique comme en recherche. Après tout, lorsqu'on cherche à traiter une insomnie, ce n'est pas quelques minutes de plus ou de moins de tel ou tel stade qui comptent, mais plutôt l'appréciation globale que le patient porte sur son sommeil. De même, quand on traite une hypersomnie, ce qui compte le plus n'est pas que la latence d’endormissement aux tests itératifs d'endormissement ou au test de maintien de l'éveil augmente de quelques minutes mais plutôt que le patient ne s'endorme plus au volant ou en réunion et considère qu'il peut désormais mener une vie professionnelle normale. Un bon interrogatoire suffit pour un patient en tant qu'individu, mais des données quantifiées, standardisées, valides internationalisent et reproductibles sont nécessaires dès qu'il s'agit de comparer la situation avant et après traitement chez un patient donné ou de comparer plusieurs patients entre eux. 1.2.3.2 Evaluations objectives 1.2.3.2.1 L’actimétrie Avant l'ère de l'EEG, une mesure de l'activité motrice avait été proposée pour apprécier le sommeil [99]. Depuis, diverses techniques basées sur des principes variés, ont été envisagées : cinématographie, enregistrement vidéo, capteurs de mouvements situés sur le dormeur ou au niveau de la literie. Les développements technologiques, la miniaturisation des capteurs et des moyens de stockage des signaux recueillis ont permis la mise au point de moniteurs d'activité ambulatoires ou actimètres, généralement portés au poignet nondominant. Ces appareils permettent l'enregistrement des mouvements 24 h sur 24, pendant des jours ou des semaines et cela aussi bien pendant la veille que le sommeil [100-103]. Composé d’un capteur de type piézoélectrique, l’actimètre permet l’enregistrement des mouvements 24h / 24 par intervalle de temps (période d’enregistrement préalablement choisie) et pendant une durée définie pouvant aller de plusieurs heures à plusieurs mois. Ce petit boîtier, de la taille d’une montre se porte généralement au poignet non dominant afin que l’activité motrice enregistrée soit moins directement dépendante des activités courantes (manger, écrire…) et que son niveau reflète mieux l’activité générale de l’individu. L’actimètre va transformer les mouvements physiques dont l’accélération est supérieure au seuil de 0.1g. En aucun cas les actimètres mesurent le sommeil. Ils enregistrent simplement des valeurs d’activité à partir desquelles on va pouvoir repérer, soit automatiquement grâce à des algorithmes préétablis, 42 soit visuellement, en scorant manuellement les données actimètriques, les périodes de profonde inactivité qui seront interprétées comme étant des périodes de sommeil. Depuis la fin des années 70, un nombre croissant d’études a non seulement démontré la validité de l’actimétrie pour distinguer le sommeil de l’éveil mais aussi pour donner des mesures utiles et précises sur l’organisation veille-sommeil et sur la qualité du sommeil. Ces études qui ont été faites auprès de sujets dits « normaux » et de patients cliniques issus de différents groupes d’âge ont mis en rapport cette méthode avec la polysomnographie [100, 104] et les agendas du sommeil [105, 106]. Par la suite, l’actimétrie a principalement été utilisée pour évaluer la durée et horaires du sommeil. Sadeh présente une synthèse des principales études utilisant l’actimétrie [107]. Dans un cadre clinique, tout d’abord, on compte des études sur les effets pharmacologiques de certains médicaments et de certaines drogues sur le sommeil [108-111], des études s’intéressant aux troubles ou pathologies du sommeil [105] ; et enfin, des études consacrées aux rythmes d’activité-repos de populations particulières comme des patients présentant des troubles psychiatriques [108-119] ou alimentaires [120]. Des études plus expérimentales, ensuite, ont également été réalisées. Ces études portent principalement sur le temps de travail, les horaires irréguliers et leurs effets sur la santé et le bien être des travailleurs [121], mais aussi sur les perturbations liées aux changements brusques de fuseaux horaires [122]. L’actimétrie a, bien entendu, également été utilisée dans le cadre d’études portant sur la mesure des effets environnementaux tels que le bruit [123] ou la température [124] sur le sommeil et pour décrire, dans des conditions réelles de vie, le rythme veille-sommeil de certaines populations [125]. L’actimétrie offre la possibilité d’avoir des enregistrements peu coûteux, de longue durée, en prenant compte de la réalité quotidienne. Cet outil de mesure est également moins contraignant pour les sujets, facile à utiliser et bien toléré. 43 1.2.3.2.2 Polysomnographie (PSG) La polysomnographie comprend l’enregistrement des paramètres du sommeil (EEG, EOG, EMG) et des paramètres végétatifs associés, principalement de type cardio-respiratoire et musculaire (mesure des mouvements des membres inférieurs). Cet enregistrement qui peut se faire en laboratoire ou en ambulatoire parfois (avec quelques différences concernant l’installation des électrodes) permet de détailler les processus physiologiques dont l’architecture du sommeil. 1.2.4 Les troubles du sommeil 1.2.4.1 Définition et classification 1.2.4.1.1 Classifications diagnostiques Les schémas diagnostiques de la Médecine du sommeil se basent sur des critères pathogénétiques, cliniques et polysomnographiques, devant satisfaire certaines exigences scientifiques. La société nord-américaine des centres des troubles du sommeil (l’ICSDrevised) [126] ne distingue pas moins de 88 diagnostics différents. Leur classification n’a pas grand intérêt en pratique courante, car la discussion et l’appréciation du médecin ont peu de poids, et elle est surtout fonction de critères polysomnographiques. Par contre, nous verrons que cette classification pourra être utile dans les critères diagnostics concernant l’étude de l’aspect objectif du sommeil. En effet, la précision des définitions notamment sur les troubles du rythme circadien avec l’aspect actimétrique, polysomnographique permet d’affiner les critères diagnostics employés dans le contexte de la recherche sur le sommeil. Contrairement, à l’ICSD-r, les critères du manuel de diagnostic de la société américaine de Psychiatrie (DSM-IV), existant depuis le début des années ’90, et celui de l’OMS (ICD-10) (International Classification Disorder-10) permettent de poser un diagnostic sans enregistrement en laboratoire du sommeil. Selon ces classifications, une répartition phénoménologique des troubles du sommeil en dyssomnies (anomalie de la quantité, de la qualité ou du moment du sommeil), avec insomnies, hypersomnies et troubles du rythme veille-sommeil, et en parasomnies (dysfonctions du sommeil, des stades du sommeil et de l’éveil partiel) est courante en pratique (DSM- IV). De ce fait, la classification détaillée ici repose sur les critères du DSM-IV [1]. 44 Dyssomnies Insomnie. L’insomnie la plus fréquente se définit par les critères suivants du DSM-IV: 1. Plaintes concernant des troubles de l’endormissement, du maintien du sommeil et/ou une mauvaise qualité du sommeil. 2. Fréquence au moins trois fois par semaine pendant au moins un mois. 3. L’insomnie soit provoque une souffrance manifeste, soit perturbe les performances sociales et professionnelles. 4. Préoccupation envahissante de l’insomnie et souci excessif, nocturne et diurne, sur ses conséquences négatives. Hypersomnies. Elles sont beaucoup plus rares, et se caractérisent par une somnolence excessive, ou des attaques de sommeil pendant la journée, et ne peuvent s’expliquer par une quantité insuffisante de sommeil. Selon l’ICD-10, ce trouble doit durer plus d’un mois, ou récidiver par périodes de plus longue durée, et entraîner un épuisement, ou amputer les performances sociales et professionnelles. Les causes les plus communes sont les dépressions à symptômes dits atypiques, le syndrome d’apnées du sommeil et la narcolepsie. Troubles du rythme veille-sommeil. Ces formes rares d’insomnies se caractérisent par une mauvaise synchronisation entre le rythme veille-sommeil désiré et le rythme individuel. En fait partie le syndrome avec avance ou retard de phase, dans lequel la principale phase du sommeil est déplacée vers l’arrière, par rapport à l’heure souhaitée (début dans les heures après minuit), ou vers l’avant (début en fin d’après-midi ou en début de soirée). Il faut également mentionner ici le trouble veille-sommeil avec écart par rapport au rythme de 24 heures. L’heure de l’endormissement et du réveil est décalée de 1–2 heures chaque jour. Ce type d’insomniaque «shifte» chaque jour, en dépit du fait que toutes les horloges donnent la même heure, ce qui est difficilement compatible avec les exigences d’une vie normale. Des troubles physiologiques du rythme veille-sommeil se voient lors d’un changement de fuseau horaire (syndrome du jet-lag) et dans le travail en équipe. 45 Parasomnies Il s’agit de troubles s’insérant dans le processus du sommeil, et pas primairement de troubles de l’état de sommeil ou de veille. Ils peuvent être associés à des réactions d’éveil, à un réveil partiel ou à un changement de stade du sommeil. Ils font partie des troubles se produisant en phase de sommeil profond, essentiellement la première moitié de la nuit, dont le somnambulisme (déambulation en dormant) ou le pavor nocturnus (terreurs nocturnes). Contrairement à cela, les troubles se produisant pendant le sommeil REM surviennent essentiellement dans la seconde moitié de la nuit. Dont notamment les cauchemars et troubles du comportement pendant le sommeil REM. Les troubles avec mouvements rythmiques pendant l’endormissement ou le sommeil, le bruxisme (grincement de dents nocturne) et la somniloquie (parler en dormant) font également partie des parasomnies. 1.2.4.2 Epidémiologie, évolution Les troubles du sommeil sont l’un des problèmes les plus fréquents en pratique médicale. Selon certaines études épidémiologiques internationales, entre 19 et 46% des gens présentent des insomnies, dont 13% à symptomatologie modérée à grave [127] .En prenant en compte scrupuleusement les critères diagnostiques, c‘est-à-dire présence simultanée de troubles de l’endormissement et du maintien du sommeil, avec perturbations diurnes du bienêtre général, leur fréquence est de 1,3%. Les insomnies présentent souvent une évolution intermittente, avec tendance à la chronicisation. L’insomnie chronique (insomnie depuis plus de 6 mois) est une pathologique chronique. Sa prévalence est de 9 à 14 % dans la population générale [128]. Parmi les conséquences des insomnies, il faut citer des problèmes de mémoire ou de concentration, une agitation, une irritabilité, une anxiété et une fatigue diurne. Et les absences au travail, avec les accidents dus à la fatigue, représentent des problèmes considérables de santé publique, dont les conséquences sont souvent sous-estimées [127]. Les facteurs de risque d’installation des insomnies tels que l’âge avancé, le sexe féminin, autres problèmes de santé somatiques, et les troubles psychiques, sont bien identifiés. 46 1.2.4.3 Etiologies des troubles du sommeil [129] Les troubles du sommeil imposent un diagnostic consciencieux, pour qu’un traitement étiologique puisse être instauré. Ces étiologies sont de l’ordre physique, physiologique, pharmacologique, psychologique et psychiatrique. 1.2.4.3.1 Physique Avec l’âge les causes organiques augmentent, pour atteindre 80% chez les plus de 60 ans. De nombreuses pathologies internes, neurologiques et rhumatologiques perturbent le sommeil, qui se rétablira après leur traitement. - Syndrome d’apnées du sommeil (SAS). Avec une prévalence d’environ 10 %, cette maladie est cliniquement importante. Il touche en majorité la population masculine. Il faut en distinguer le syndrome obstructif, le plus fréquent, et le syndrome central. Dans le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), il se produit une obstruction pharyngée par diminution du tonus de la musculature du pharynx. L’hypoxémie et l’hypercapnie résultant d’une hypopnée ou d’une apnée déclenchent des réactions de réveil, et donc une fragmentation du sommeil. Parallèlement, la tension artérielle et la fréquence cardiaque augmentent, et il y a parfois des arythmies. Cette pathologie constitue un facteur de risque non-négligeable pour développer un Accident Vasculaire Cérébral (AVC). Le syndrome d’apnées centrales du sommeil est rare et se définit par l’arrêt ou le relâchement de la stimulation ventilatoire pendant le sommeil. Il est fréquent chez les insuffisants cardiaques. En cas de suspicion de SAS, il faut en connaître les facteurs prédisposants: obésité, conditions mécaniques négatives au niveau de la cavité naso-pharyngée (déviation septale, polypes nasaux, grosses amygdales et végétations), maladies neuromusculaires et pulmonaires, facteurs myorelaxants et dépresseurs respiratoires tels qu’alcool, drogues et médicaments (sédatifs, hypnotiques, myorelaxants, sympathicolytiques centraux, neuroleptiques, etc.). 47 Bien que le diagnostic puisse être posé dans 80% des cas par l’anamnèse, l’examen interne et neurologique, il faudrait adresser ces patients à un centre du sommeil. - Le ronflement sans phases d’apnée ou d’hypoventilation n’est pas dangereux pour la santé, mais fort gênant pour les proches. En cas de suspicion de répercussions négatives sur le sommeil et l’état général diurne, un diagnostic plus précis est indiqué comme pour le syndrome d’apnées du sommeil. - Restless Legs Syndrome (RLS) et Periodic Leg Movements (PLM). Ces deux syndromes sont assez fréquents (4–8%). Dans l’ICD-10, ils figurent dans le groupe des «autres maladies et troubles moteurs extrapyramidaux». Le RLS se manifeste par des dysesthésies au niveau des deux jambes, survenant habituellement avant l’endormissement. Ce qui provoque un besoin impérieux de changer la position des jambes. Dans les PLM, il se produit pendant le sommeil des épisodes de mouvements stéréotypés des membres, mais surtout des jambes. Il n’y a pas de dysesthésies, mais le sommeil est fragmenté par ces mouvements. Pathogénétiquement, une dysfonction des systèmes transmetteurs dopaminergiques, et morphiniques est postulée au niveau du SNC. 40% environ de ces troubles sont idiopathiques, et 60% associés à une maladie de base ou à une grossesse (carence en fer). Du fait des étiologies possibles, il est recommandé de prendre une anamnèse détaillée de la symptomatologie, et d’effectuer les examens de laboratoire avant d’adresser le patient à un laboratoire du sommeil pour polysomnographie avec enregistrement des mouvements des jambes. - Narcolepsie. Son étiologie et sa pathogenèse sont pratiquement inconnues. Ses symptômes sont une somnolence diurne impérieuse avec plusieurs accès de somnolence et cataplexie. Il s’agit en l’occurrence d’une perte soudaine de tonus musculaire lors d’excitations intenses, le patient étant parfaitement conscient, durant de quelques secondes à quelques minutes, avec récupération subite. Il se produit en outre une paralysie de sommeil (quelques minutes d’impossibilité de bouger et blocage du discours lors de la transition entre sommeil et veille, se terminant par le toucher ou d’autres stimuli extérieurs), et des hallucinations hypnagogiques (phénomènes visuels, tactiles, cinétiques ou acoustiques accompagnant l’endormissement). Le sommeil nocturne fragmenté suit souvent ces symptômes cardinaux. La polysomnographie montre que la narcolepsie s’accompagne d’une latence très courte de sommeil REM, partiellement en crise. 48 1.2.4.3.2 Physiologique Ce groupe comporte essentiellement les insomnies du jet lag, du travail en équipe et les troubles fréquents dus à une mauvaise hygiène du sommeil, ou «insufficient sleep syndrome», avec amputation du bien-être diurne. 1.2.4.3.3 Pharmacologique De nombreux médicaments et drogues provoquent des troubles du sommeil. L’alcool comme «somnifère» apprécié raccourcit le délai d’endormissement et supprime le sommeil REM dans la première moitié de la nuit. Au cours de la seconde moitié, il se produit un rebond REM avec davantage de phases d’éveil, ce qui fait que le sommeil nocturne n’a plus ni la quantité ni la qualité voulue. L’alcoolisme chronique s’accompagne de nombreuses phases d’éveil et d’une baisse de l’efficacité du sommeil, d’une diminution du sommeil profond et d’une augmentation du sommeil REM. Le tout persistant en partie même après abstinence. 1.2.4.3.4 Psychologique Chez les jeunes, ce sont les insomnies psychophysiologiques et réactionnelles qui dominent dans le cadre de conflits émotionnels ou autres stress psychiques. 1.2.4.3.5 Psychiatrique Les troubles du sommeil notamment l’insomnie est associée à une pathologie psychiatrique dans 30 à 40% des cas. Ainsi, de nombreuses pathologies psychiatriques, dont dépressions, troubles anxieux ou schizophrénies s’accompagnent d’insomnies. Les relations entre insomnies et dépressions sont bien connues. 70–90% des patients souffrant de dépression modérée à profonde ont de graves insomnies, qui se compliquent de symptômes, anxieux et d’un risque suicidaire. Selon certaines études prospectives, l’insomnie est associée 49 à la dépression de manière significative. La moitié des insomniaques suivis sur plus de 10 ans a présenté au moins un épisode dépressif. Et le risque de problème dépressif ultérieur a augmenté proportionnellement à la gravité de l’insomnie. Pour les insomnies prolongées, le risque de dépression dans l’année suivante a été nettement plus important. Les troubles du sommeil des dépressifs peuvent être objectivées par polysomnographie, et présentent une architecture typique (figure 15) – Moins bonne efficacité du sommeil par perturbation de sa continuité, délai d’endormissement prolongé, réveil nocturne fréquent et réveil prématuré. – Perturbation de l’architecture du sommeil avec déplacement du sommeil REM au cours de la première moitié de la nuit et diminution du sommeil profond. – Latence REM plus brève et augmentation de la proportion et densité du REM. Figure 15: Structure du sommeil chez une femme déprimée de 40 ans En dehors de la dépression qui est bien documentée concernant les troubles du sommeil, les troubles anxieux apparaissent pourtant comme la première cause de comorbidité psychiatrique associés à l’insomnie. Parmi les troubles anxieux, le trouble psychiatrique le plus fréquemment associé est le trouble obsessionnel compulsif. Une étude de la littérature est nécessaire pour justifier notre étude sur les troubles du sommeil chez les TOC. 50 1.3 TOC et sommeil Peu d’études ont dans ce sens été réalisées sur les troubles du sommeil et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) avec l’idée que ces deux pathologies puissent avoir une origine commune, à savoir un dysfonctionnement du système sérotoninergique [130-132]. Dans la continuité de cette hypothèse, certaines d’entre-elles postulent pour un lien psychobiologique entre le TOC et la dépression par le biais de l’étude du sommeil. L’hypothèse de l’altération du système sérotoninergique a été bien étudiée sur les TOC mais les résultats restent contradictoires contrairement à la dépression et sa comorbidité avec le TOC, où le rôle de la déplétion de la sérotonine n’est plus à prouver. En effet, certaines études confirment cette hypothèse [132-134], d’autres la rejettent [135-137]. Le sommeil peut constituer un paradigme intéressant pour étudier le système sérotoninergique (5-HT), celui-ci étant impliqué dans la régulation de l’alternance du sommeil REM et le sommeil non-REM [138]. La signification du 5-HT dans le sommeil chez l’être humain a été approfondie par les études travaillant sur l’impact de la déplétion du tryptophane (précurseur de la sérotonine) dans le sommeil. Par exemple, Bhatti et al., [139] démontrent un raccourcissement de la latence du sommeil REM suite à une déplétion en tryptophane chez les patients dépressifs et les sujets sains. Concernant les sujets sains, d’autres ont trouvés une légère mais significative altération du sommeil non-REM telle que la diminution de la durée du stade 2 et une augmentation des périodes d’éveils [140, 141]. Des changements similaires sont retrouvés chez des patients insomniaques [142]. Ces résultats prouvent le rôle du 5-HT dans le sommeil et particulièrement dans le rôle de l’alternance du cycle du sommeil REM avec le sommeil non REM. Dans ce modèle, la diminution de l’activité du système sérotoninergique entraîne une desinhibition du sommeil REM. Dans ce sens, on peut s’attendre à un sommeil REM perturbé chez le patient dépressif dont l’implication de la déplétion en sérotonine est très bien documentée. Cette hypothèse est effectivement constamment retrouvée dans la plupart des études chez les dépressifs [143, 144]. Celles-ci retrouvent une altération aussi bien dans le sommeil REM et non-REM. Ces anomalies ont été interprétées en termes de déséquilibre de la balance système cholinergique et aminergique versus système noradrénergique et sérotoninergique [143]. Ce postulat sur la diminution relative de la transmission 5-HT (sérotoninergique) peut contribuer à être un des facteurs explicatifs des anomalies du sommeil chez les dépressifs. 51 Au total, il semblerait donc que les pathologies du sommeil soient en rapport avec un dysfonctionnement sérotoninergique comme les pathologies dépressives. Quelques unes de ces études concernant les TOC ont travaillé sur cette hypothèse. Certaines d’entre-elles, ont pu démontrer également ce dysfonctionnement chez les patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif et aller dans le sens de l’hypothèse d’une atteinte du système monoaminergique entre le TOC et la dépression. La quasi-totalité de ces travaux sur le sommeil est revue et explicitée dans la partie suivante. 1.3.1 Revue de la littérature Comparées aux études sur le sommeil chez les patients dépressifs, peu d’entre-elles existent chez les patients souffrant d’un TOC. Une recherche de la littérature concernant ce sujet sur les bases de données « Pubmed » et « Cochrane Library », a retenu 10 études (voire tableaux 1 et 2). 1.3.2 Types d’études et objectifs Aucune étude contrôlée n’a été retrouvée. Seule une étude [145] était une étude rétrospective, les neuf autres études étaient des études prospectives comparatives avec une population de sujets volontaires sains [131] [130, 146-152]. Certaines d’entre-elles s’attachaient à comparer en plus les patients atteints de TOC à ceux dépressifs [131, 152] voire à ceux souffrant d’un TOC avec une dépression secondaire [131]. L’objectif principal de 7 de ces études [130, 131] [146-148] [150, 151] était de décrire le sommeil au moyen d’un enregistrement polysomnographique chez les patients souffrant d’un TOC, en les comparant avec une population de sujets volontaires sains et de retrouver notamment des anomalies de la structure du sommeil comme le sommeil REM. En effet, la plupart des auteurs émettaient l’hypothèse de départ d’un sommeil REM (paradoxal) perturbé (raccourcissement de la latence, augmentation de sa durée et de sa quantité ainsi que de sa densité) chez les patients souffrant d’un TOC en se basant sur le postulat de la déplétion en sérotonine dans cette pathologie. Une étude a été plus loin en étudiant sur un petit sousgroupe de patients TOC versus sujets volontaires sains l’impact sur le sommeil de la déplétion en sérotonine [148]. 52 Quant à l’objectif principal des trois autres études, il s’attachait pour 2 d’entre-eux [145, 149], à étudier le trouble du rythme veille-sommeil comme le retard de phase (coucher après 1 heure du matin et lever après 10 heures du matin) au moyen d’un dépistage par le DSM-IV [145] ou de questionnaires subjectifs tels que le PSQI et les observations d’infirmières de nuit [149]. L’autre étude [152] proposait une évaluation qualitative des caractéristiques du sommeil au moyen de la passation du PQSQI. Le postulat pour les 2 précédentes études [145, 149] était de retrouver un retard de phase de sommeil chez les patients souffrant d’un TOC, sévère notamment, voire plus fréquemment chez les TOC avec une dépression secondaire associée. Ils émettaient comme hypothèse étiologique du retard de phase, la sévérité des rituels TOC qui entraînerait une perturbation de l’horloge sociale, voire une perturbation de l’horloge biologique et par conséquent, de la sécrétion en mélatonine. Ces auteurs ont donc tenté par ce biais une autre approche physiopathologique du TOC. 1.3.3 Matériel et méthode de ces études Les patients inclus étaient pour la plupart des « TOC purs », c'est-à-dire sans comorbidités psychiatriques associées [130, 152, 146-149]. 4 études acceptaient une dépression associée à condition qu’elle soit secondaire [131, 145, 150, 151]. Hormis l’étude rétrospective de Mukhopadhyay et al., qui recense 187 patients [145], les autres études prospectives affichaient un échantillonnage relativement faible allant de 9 patients à 28 patients [130, 131, 146, 147, 149-152]. Une exception était faite avec l’étude de Voderholzer et al., qui portaie sur 62 patients [148]. Les travaux portaient en général sur des adultes âgés entre 29,3 et 36,4 ans et aussi bien sur le genre masculin que féminin. Parmi ces travaux, celui de Rapoport et al. [147] portait sur un échantillon de 9 adolescents souffrant d’un TOC comparés à des adolescents sains. Les critères diagnostics psychiatriques standards reposaient (voire tableaux 1 et 2), pour la majorité des études, sur le DSM-IV ou DSM III-R. La plupart d’entre-elles employaient la YBOCS pour l’évaluation de la sévérité des TOC ; l’HRSD ou la MADRS pour dépister et apprécier la sévérité d’une comorbidité dépressive. Concernant le sommeil, les critères diagnostics standards reposaient, notamment pour les travaux étudiant le retard de phase sur le DSM-IV 53 Peu d’études employaient les évaluations subjectives rétrospectives notamment. Celles-ci reposaient surtout sur le PSQI et des questionnaires dont les références n’ont pas été cités dans la majorité des études. Ces examens étaient retrouvés surtout dans les études ayant pour objectif de retrouver un retard de phase du sommeil [145, 149, 152]. Les autres échelles d’évaluation telles que le score d’Epworth évaluant la somnolence diurne, l’échelle d’Horne et Ötsberg évaluant le rythme circadien n’ont pas été employées dans ces études revues. L’agenda du sommeil, outil d’évaluation simple permettant un regard subjectif sur le rythme veille-sommeil sur une durée plus ou moins longue dans les conditions réelles de vie du sujet n’a été, là-aussi, employé dans aucuns de ces travaux étudiés. Quant aux évaluations objectives, 7 études les avaient employées [130, 131] [146-148] [150, 151]. Il s’agissait uniquement de la polysomnographie qui se faisait dans les conditions laboratoires. Cette technique était employée de manière prospective soit sur une [130, 147] ou deux nuits [131, 146, 148, 150, 151] pour l’adaptation au laboratoire. L’actimétrie qui est un outil objectif reconnu pour évaluer de manière rétrospective sur un long terme (jusqu’à 180 jours) le rythme veille-sommeil d’un sujet de manière non-invasive dans les conditions de vie réelle n’a été employé dans aucune des études revues. 1.3.4 Résultats de ces études Les résultats des études sur les troubles du sommeil chez les patients souffrant d’un TOC étaient contradictoires. En effet d’une part, Insel et al. en 1982 [131] rapportaient par un enregistrement polysomnographique chez 14 patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif comparé au 14 témoins, une diminution significative de la durée totale du sommeil avec plusieurs réveils nocturnes, moins de stade 4 (sommeil lent et profond), une diminution de la densité du REM et un raccourcissement du temps de latence du sommeil paradoxal. Dans ce sens, une étude rapportée par Rapoport et al., [147] trouvait aussi par la polysomnographie, une diminution significative de durée totale du sommeil et du sommeil lent (non-REM) ainsi qu’un raccourcissement du temps de latence du sommeil paradoxal chez 9 enfants et adolescents hospitalisés souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif. Cette dernière étude contrairement à l’étude menée par Insel et al. en 1982 [131] rapportait une augmentation significative du sommeil profond chez les patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif. 54 Cependant, d’autre part, une étude menée par Hohagen et al., [150] ne trouvait pas de différence entre les témoins et les patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif. Le seul élément retrouvé dans cette étude est une diminution de l’efficacité du sommeil chez les patients souffrant de TOC et de même une augmentation du nombre d’éveils nocturnes et de réveils précoces. Contrairement à ces trois précédentes études, Robinson et al., [146] chez 13 patients souffrant de TOC sans traitement comparé à 13 témoins, ne trouvaient aucune anomalie particulière de troubles du sommeil par la polysomnographie. Dans une étude plus récente, des anomalies dans l’architecture du sommeil ont été rapportées. Dans cette étude réalisée par Kluge et al., [130] chez 10 patients comparés à 10 sujets volontaires sains, les auteurs retrouvaient une disparition du temps de latence du sommeil paradoxal chez 30% des patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif. Cette disparition du temps de latence observée chez trois patients était nommée SOREMP (Sleep Onset REM Period). Selon ces auteurs, cette pathologie était plutôt caractéristique des troubles du sommeil chez les patients souffrant de TOC, car ces patients ne présentaient pas de dépression comorbide. En effet, les anomalies touchant le sommeil paradoxal étaient plutôt observées chez les patients dépressifs. Ceci pourrait suggérer un lien possible entre la dépression et le TOC. Des auteurs comme Voderholzer et al., [148] ont été dans ce sens en étudiant des enregistrements polysomnographiques après une induction expérimentale de la déplétion de sérotonine chez 12 patients souffrant de TOC sans traitement comparés à 12 sujets sains. Hormis une aggravation de la discontinuité du sommeil, aucunes anomalies concernant le sommeil REM ou le sommeil lent et profond n’ont été retrouvées. Si on considère que le changement de l’architecture du sommeil est lié à des troubles neurobiologiques, cette étude pourrait alors indiquer que les troubles neurobiologiques pourraient être différents chez les TOC primaires par rapport aux dépressions primaires. Cependant, d’autres investigations sur un plus grand échantillonnage permettraient selon eux, de confirmer ce postulat. Par ailleurs, une autre anomalie du sommeil rapportée dans la littérature chez les patients atteints de TOC était celle des troubles du rythme veille-sommeil ou encore du rythme circadien. Le retard de phase a été rapporté chez les patients souffrant de TOC dans une étude rétrospective réalisée par Mukhopadhyay et al, [145]. Dans cette étude rétrospective chez 194 patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif, 17,6% de ces patients souffraient d’un retard de phase. Ce retard de phase ne semblait pas être expliqué par des préoccupations obsessionnelles ou la réalisation des rituels. Une autre équipe, dans une étude prospective, [149] avait rapporté chez 28 patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif 55 l’existence d’un retard de phase chez 42% de ces patients. Il s’agissait de patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif sévère ayant reçu pour la plupart, plus de deux traitements sérotoninergiques (Clomipramine ou un IRS) et un traitement en psychothérapie de type cognitivo-comportementale. Une autre étude faite par Bobdey et al., [152] allait aussi dans ce sens, en retrouvant un petit sous-groupe parmi des patients souffrant d’un TOC, avec un retard de phase. 1.3.5 Discussion et limitations Les différentes études rapportaient (voire tableaux 1 et 2), pour certaines d’entre-elles, l’existence d’un trouble du sommeil chez les patients souffrant de TOC. Ce trouble pouvait toucher le rythme veille et sommeil (retard de phase) [145, 149] ainsi que l’architecture du sommeil (sommeil REM, sommeil profond) [130, 131, 147]. Cependant, ces données de la littérature étaient peu nombreuses et contradictoires et la majorité d’entre-elles ne comportaient que peu de patients. Les différences méthodologiques étaient aussi notables et présentaient de nombreux biais : - Tout d’abord, aucune étude revue n’était randomisée ou contrôlée. Il s’agissait principalement d’études prospectives et comparatives (cas/témoins) sauf une qui était rétrospective [145]. - Concernant les études prospectives, le faible échantillonnage rendait les études peu puissantes. En effet, la taille des échantillons était comprise pour les études prospectives entre 9 et 14 patients. Deux études avaient des échantillons compris entre 20 et 30 patients [150, 152] et une seulement comprenait un échantillonnage supérieur à 60 patients [148]. - Les différences méthodologiques et l’absence de standardisation des méthodes d’évaluation contribuaient aussi à biaiser ces résultats. Par exemple, certaines échelles n’ont pas été caractérisées, s’agissait-il d’échelles standardisées ? Par ailleurs les critères de l’ICSD (International Classification of Sleep Disorder) n’ont pas été utilisés, alors qu’ils sont plus spécifiques et plus précis que ceux du DSM-IV, concernant l’évaluation des troubles du sommeil dans le domaine de la recherche clinique. 56 - Par ailleurs, il n’existait pas de données sur les habitudes de sommeil le mois précédent dans les études prospectives. Seules deux études prospectives [149, 152] et l’étude rétrospective [145] employaient ces évaluations mais uniquement avec des questionnaires subjectifs. Aucuns n’employaient l’agenda du sommeil et l’actimètre. - La polysomnographie était la seule méthode objective d’évaluation dans les études prospectives décrivant la structure du sommeil. Les études utilisant cette méthode l’avait tous effectuée en laboratoire pour la plupart sur deux nuits tout en sachant que l’effet « nuit » pouvait avoir lieu jusqu’à 3 nuits [153]. Les études sur les retards de phase [145, 149] se contentaient d’utiliser des méthodes subjectives comme des échelles d’auto-évaluation ou des échelles d’hétéro-évaluation sur les plaintes des patients, donc dépendant de l’interprétation des soignants. Il aurait donc été intéressant dans ce cas, d’effectuer un enregistrement actimétrique afin de préciser cette anomalie du rythme veille-sommeil de manière plus objective. Il aurait été par ailleurs intéressant de proposer à ces patients un enregistrement polysomnographique afin de vérifier s’il existait un lien entre le trouble du rythme veille-sommeil et la structure du sommeil. - L’absence d’études détaillées sur le rythme veille-sommeil était à déplorer dans les études décrivant le retard de phase chez les TOC. Il aurait été pertinent pour ces travaux qui se contentaient de repérer ce retard de phase uniquement selon les critères du DSM-IV, de proposer une évaluation rétrospective en couplant l’agenda du sommeil et l’actimétrie. Ainsi, les éventuelles altérations du rythme veille-sommeil en plus du DSP chez les TOC pourraient être en lien avec la présence, dans le nycthémère, d’éventuelles obsessions voire compulsions. Au total, notre étude est justifiée car d’une part, les données de la littérature sont peu nombreuses, souffrent de problèmes méthodologiques, statistiques et ne reposent que sur un échantillon de faible effectif. D’autre-part, cette étude ne pose pas de problème de faisabilité. Effectivement, l’équipe de psychiatrie poitevine a une forte expérience sur l’évaluation et la prise en charge de ce type de patients. En effet, la consultation spécialisée au Centre Hospitalier Henri Laborit sur les TOC a permis de faciliter les inclusions des patients dans ce protocole. L’évaluation des troubles du sommeil n’a pas posé non plus de problème car l’équipe du centre de sommeil du CHU de Poitiers est spécialisée dans l’évaluation et l’étude des troubles du sommeil. 57 Tableau 1: Résumé des études TOC et sommeil Auteur 1-S.mukhopadhyay 2008 rétrospective patients N= 187 DSP TOC : 50, 6% ♂ 33,3 ans objectifs Prévalence DSP TOC Comorbidité ndaire psychiatriques 2 échelles DSP : DSM-IV EDM : BDI TOC : CAC score Résultats DSP : 33% 2-R.Robinson, 1997 comparative TOC : N= 13 4♂ 33,1 ans PSG TOC /SV TOC : SCID-P, Y-BOCS, NIMHO-C EDM : HRSD anomalies REM continuité sommeil efficacité sommeil 3-M.Kluge, 2005 comparative TOC : N= 10 7♂ 34,5 ans Latence REM TOC /SV TOC : DSM-IV, Y-BOCS EDM : HAMD 4-TR.Insel, 1982 comparative TOC : N= 14 8♂ 36,4 ans er EDM 1 : N=14 8♂ 35,1 ans TOC : N=22 10 ♂ 38, 7 ans PSG TOC /EDM/SV TOC : DSM-III, SADS EDM : SADS, HAMD 3/10 TOC = SOREMP SOREMP = % REM 2 SOREMP TOC = SWS Sévérité TOC corrélée SOREMP Anomalies REM (latence, %, densité, efficacité) continuité efficacité sommeil PSG TOC /SV/TOC EDM ndaire EDM 2 possible TOC : DSM-III-R, SCID, Y-BOCS EDM: DSM-III-R, HRSD Anxiété: CAS 5) F.Hohagen, 1994 comparative anomalies S REM continuité efficacité sommeil Légende : DSP = retard de phase ; PSG = polysomnographie ; SWS = Sommeil lent profond ; N = Nombre ; EDM = Episode Dépressif Majeur ; REM = sommeil paradoxal ; SV = Sujets Volontaires, ♂ = sexe masculin ; SOREMP = latence du sommeil paradoxal < 10 minutes ; = absence ; = diminution ; = augmentation 58 Tableau 2: Résumé des études TOC et sommeil (suite) Auteur 6- Bobdey M 2001 comparative patients TOC : N= 22 8♂ objectifs sommeil TOC /SV /EDM échelles TOC : Y-BOCS EDM : HRSD Sommeil : PSQI Résultats Sous-groupe avec DSP 7- Rapoport J 2008 comparative TOC : N=9 TOC 5♂ 14,1 ans PSG TOC /SV TOC : Y-BOCS EDM : HRSD TTS sommeil non-REM. latence REM 8- U.Voderholzer 2005 comparative TOC N= 62 33 ♂ 35,6 ans PSG TOC /SV tryptophane chez TOC/SV Y-BOCS HDRS-21 Score 9- J.Turner 2007 comparative DSP TOC : N=13 76,9 % ♂ 29,3 ans. NPS : N= 15 40 % ♂ 41, 4 ans. N= 13 6♂ 30,3 ans DSP TOC / TOC NPS DSM-IV Y-BOCS PI CAC MADRS Patients TOC : continuité sommeil anomalies REM tryptophane : continuité S S lent léger DSP corrélé : Sévérité TOC, ♂ jeunes corrélation avec EDM PSG TOC /SV/ TOC EDM CAC DSM IV HDRS 10- Walsleben 1990 Comparative anomalies REM continuité sommeil Sommeil lent léger Légende : DSP = retard de phase ; PSG = polysomnographie ; SWS = Sommeil lent profond ; N = Nombre ; EDM = Episode Dépressif Majeur ; REM = sommeil paradoxal ; SV = Sujets Volontaires, ♂ = sexe masculin ; tb = trouble; NPS = Non-retard de phase ; = absence ; = diminution ; = augmentation ; TTS = Temps Total de Sommeil 59 2 Etude pilote 2.1 Principe de cette étude Une étude pilote décrivant le rythme veille-sommeil chez les patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif a été proposée. Il s’agissait d’une étude descriptive sur les troubles du sommeil chez 19 patients souffrant d’un TOC. Ces patients ont été indifféremment avec ou sans traitements antidépresseurs. Elle a consisté à étudier dans un premier temps le rythme veille et sommeil de manière subjective et objective. Cette étude s’est effectuée au moyen d’un enregistrement pendant 14 jours par actimètre avec tenue concomitante d’un agenda du sommeil par le patient. Dans un second temps, les patients ont eu au terme de ces 2 semaines, un enregistrement polysomnographique (PSG) en ambulatoire ce qui a permis de décrire leur architecture du sommeil tout en évitant l’effet nuit au laboratoire [153] chez ces patients anxieux de nature. L’originalité de cette étude par rapport à celles effectuées jusqu’à maintenant, a été de proposer une description détaillée du rythme veille-sommeil chez les patients souffrant d’un TOC. L’idée a été que ces patients puissent présenter des troubles de rythme veille-sommeil dont certains pourraient être causés par des obsessions voire compulsions nocturnes. De plus, les méthodes d’évaluations rétrospectives telles que l’agenda du sommeil et l’actimètre, sont utilisées, pour la première fois dans cette étude et ce, de manière couplée. En effet, ces derniers n’avaient pas encore été employés simultanément dans les études existantes portant sur les patients souffrant d’un TOC. Pourtant, l’utilisation de l’actimètre peut se révéler intéressante dans cette pathologie. L’actimétrie est une méthode objective validée pour repérer les éveils de plus de 1 min, le temps total de sommeil (TTS) et la latence de survenue du sommeil [154]. Même si elle présente quelques biais (algorithme, artefact, sensibilité diagnostique) [155], et pour certains auteurs comme Paquet A et al., [156] une plus faible capacité par rapport à la polysomnographie à détecter les éveils nocturnes ainsi qu’une surestimation du temps total de sommeil, elle s’avère néanmoins, couplée à la précision et à la subjectivité de l’agenda du sommeil, une alternative intéressante à la polysomnographie (PSG) pour évaluer le sommeil sur une plus longue période. En effet, la PSG bien que non-invasive et faisable en ambulatoire, s’avère mal tolérée par les patients sur le long terme à cause de son installation complexe, encombrante mais aussi coûteuse. De ce fait, la polysomnographie n’est proposée que sur une période restreinte à quelques jours. L’actimétrie comme la PSG est non invasive mais sa petite taille et son aspect en forme de montre rendent son utilisation aisée et 60 constituent une alternative intéressante pour évaluer globalement le sommeil en ambulatoire sur plusieurs semaines. De plus la présentation des résultats de l’actimètre sous forme d’agenda « objectif » permettra une vision aisée et comparative avec celle subjective de l’agenda du sommeil que le patient aura rempli dans les mêmes temps. Dans ce sens, les repérages des disperceptions pourront se faire de manière aisée. En effet, certaines personnes souffrent de disperception ou de mauvaise perception de leur sommeil. Cette étude a permis aussi de dépister ce trouble chez les patients souffrant de TOC. 2.2 Hypothèses 2.2.1 Hypothèses principales On s’attendait à retrouver dans cette étude, des troubles du rythme veille-sommeil dans les TOC, du fait d’éventuelles ruminations sur leurs obsessions, comme : - Un Trouble de l’initiation du sommeil ou de l’endormissement (latence d’endormissement augmentée) - Un retard de phase du sommeil 2.2.2 Hypothèses secondaires On s’attendait à retrouver des troubles de l’architecture du sommeil concernant le sommeil REM avec une augmentation de la proportion du sommeil REM et une diminution sa latence de survenue, comme chez les dépressifs. Il pourrait exister un lien entre ces anomalies et la sévérité des TOC. Par ailleurs, la structure du sommeil pourrait présenter un lien avec le rythme veille-sommeil notamment ses troubles comme le syndrome de retard de phase du sommeil. Les sujets TOC, notamment les plus sévèrement atteints pourraient présenter un trouble de la perception du sommeil. 61 2.3 Objectifs de la recherche 2.3.1 Objectif principal Décrire sur un versant subjectif et objectif le rythme veille-sommeil chez les patients souffrant d’un TOC. 2.3.2 Objectifs secondaires Décrire l’architecture du sommeil, dépister ses troubles et rechercher l’existence d’un lien avec la sévérité du TOC et la qualité de vie. Rechercher l’existence d’un lien entre les troubles du rythme veille-sommeil et les troubles de l’architecture du sommeil. Dépister un trouble de la perception du sommeil chez les patients souffrant d’un TOC. 2.4 Matériel et méthode 2.4.1 Recrutement des patients Les patients ont été inclus, après consentement libre et éclairé lors d’une consultation spécialisée dans le TOC, effectuée par un médecin spécialisé en psychiatrie. Les patients inclus souffraient d’un TOC sans autres comorbidités concomitantes psychiatriques selon les critères DSM-IV. Les antécédents de dépression sont acceptés, à condition, qu’ils soient postérieurs au TOC développé par le patient. Ce recrutement obéit à des critères d’inclusion précis. 62 2.4.1.1 Critères d’inclusion Les patients doivent présenter tous les critères d’inclusion pour être éligibles : - Patients souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif depuis plus d’un an. - Age supérieur à 18 ans. - Patient souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif selon les critères de DSM -IV. 2.4.1.2 Critères d’exclusion Les patients ne doivent présenter aucun des critères de non inclusion pour être éligible : - Femme en état de procréer sans moyen de contraception efficace ou allaitant - Patients présentant un autre diagnostic de l’axe 1 au DSMIV (EDM concomitant, troubles schizophréniques, bipolaire, abus de substance ou dépendance à une substance). - Patient présentant un risque suicidaire (item 10 de la MADRS ≥ 16). - Pathologie neurologique ou pulmonaire, cardiaque ou rénale ou métabolique pouvant influencer un trouble du sommeil. - Antécédents de pathologies psycho-chirurgicales non stabilisées. - Existence d’une électroconvulsivothérapie dans les trois mois précédents l’inclusion dans ce protocole. - Utilisation d’insuline ou de neuroleptiques retard depuis plus d’un an. - Patient souffrant d’une apnée du sommeil (index apnée-hypopnée > 10). - Patient souffrant d’un syndrome des mouvements périodiques connu. - Patient en travail posté. - Patient en « jet lag ». - Existence d’un retard mental. - 63 2.4.2 Schéma de l’étude 2.4.2.1 Déroulement pratique Visite 1 (V1) : Les patients inclus ont eu un traitement libre (psychotrope ou non) qui a été recensé. L’ensemble des patients a été évalué, après l’inclusion avec les échelles psychométriques suivantes lors de la consultation psychiatrique, par un médecin psychiatre ou un psychologue clinicien formé à la recherche : - La Y-BOCS pour la sévérité de la maladie ; - la MADRS pour la dépression ; - l’échelle de Pichot pour le niveau de fatigue ; - l’échelle d’Epworth pour évaluer la somnolence ; - le MINI, pour étoffer le diagnostic psychiatrique du patient et ces antécédents psychiques ; - l’EGF pour évaluer le fonctionnement global du patient, sur le plan psychologique, social et culturel ; - Par ailleurs, il a été précisé lors de cet entretien s’ils avaient une activité professionnelle ainsi que leur niveau social ou d’études. - Tous les patients ont ensuite réalisé sur une durée de deux semaines un agenda de sommeil. Ils y indiquent l’heure de coucher, de lever, d’endormissement, de réveil, ainsi que le nombre et la durée des éveils nocturnes. De plus, il leur a été demandé de noter sur dix, la qualité de leur nuit et de leur veille-éveil. Tous les patients ont porté, en concomitance de cet agenda, un actimètre sur une durée de deux semaines avant l’enregistrement par polysomnographie. Visite 2 (V2) : A l’issu de ces deux semaines, un enregistrement par polysomnographie portatif (PAMELA) a été effectué chez les patients en ambulatoire sous traitement psychotrope s’ils en ont un. Les agendas du sommeil, l’actimétrie et les polysomnographies ont été interprétés en aveugle concernant le traitement, par un médecin du centre de sommeil. De plus, les éléments suivants demandés aux patients pendant la durée de l’étude étaient : - ne prendre qu’une tasse de café par jour, pas plus ; - pas de consommation d’alcool ou d’excitant ; - pas d’activité sportive excessive le soir, ou pouvant empêcher le sommeil. 64 Visite 3 (V3) : Puis les patients nous ont remis, le lendemain, l’appareil PAMELA. Cette visite avait pour but de dépister les soucis techniques qu’auraient pus rencontrer les patients (décollement d’électrode par exemple). 2.4.2.2 Synthèse : Schéma de l’étude 2 semaines après 24 heures après V1 V2 V3 Evaluation psychiatrique Polysomnographie Restitution PAMELA Agenda (PAMELA) Actimétrie Par ailleurs, lors de l’analyse de données issues de nos instruments d’étude comme l’actimètre, le repérage d’un syndrome de retard de phase du sommeil, s’est effectué selon les critères de l’ICSD-r ou International Classification of Sleep Disorder revised, qui est comme nous l’avons vu dans la partie classification du sommeil, la classification internationale des troubles du sommeil révisée. Nous avons préféré nous fier à cette classification pour le repérage d’un retard de phase. En effet, d’une part, le trouble psychique dans l’ICSD-r n’est pas un critère d’exclusion comme l’est le critère C7 du DSM-IV et d’autre part, cette classification présente des critères plus souples concernant le repérage du retard de phase, en n’imposant pas par exemple d’horaire stricte pour l’endormissement et le réveil. Les instruments d’évaluation tels que les échelles psychométriques et d’évaluations subjectives du sommeil, ainsi que l’agenda du sommeil, l’actimétrie et la polysomnographie, nous ont été indispensables pour le déroulement de cette étude. Nous allons décrire dans la partie suivante leur caractéristiques, intérêt, et notre manière de les aborder pour l’extraction des data. 65 2.4.3 Les instruments d’évaluation de l’étude 2.4.3.1 Evaluations psychométriques Nous avons utilisé les évaluations de la symptomatologie obsessionnelle, de la psychologie générale et du fonctionnement global et de l’adaptation sociale. 2.4.3.1.1 Yale Brown Obsessive Compulsive Scale (Y-BOCS) [6] (annexe 1) Il s’agit une échelle d’évaluation de la symptomatologie obsessionnelle. Le clinicien donne d’abord la définition des obsessions et des compulsions au patient. Puis il fait une enquête à l’aide d’une liste d’obsessions et de rituels passés ou actuels. L’évaluateur définit ensuite les 3 principales obsessions et les 3 principaux rituels et les 3 principales situations actuellement évitées par le patient. L’échelle comprend 10 items qui mesurent 5 dimensions pour les obsessions et les compulsions. Ces dimensions sont la durée, la gêne apportée dans la vie quotidienne, l’angoisse, la résistance et le degré de contrôle exercé par le sujet sur ses obsessions ou compulsions. Chaque item est côté de 0 (pas de symptôme) à 4 (symptômes sévères). Le score total va de 0 à 40, et se subdivise en score d’obsessions (items 1 à 5) et score de compulsions (items 6 à 10). Les explorations des qualités psychométriques de la YBOCS, en anglais et en français [27], montrent une bonne concordance inter-juge, une consistance interne satisfaisante, et une bonne sensibilité au changement. Sa cotation nécessite cependant une connaissance précise de la sémiologie des TOC. Le score obtenu par cette échelle, nous a permis de distinguer différents stade de sévérité de TOC : TOC infraclinique = 0 à 7, TOC léger = 8 à 15, TOC modéré = 16 à 23, TOC sévère = 24 à 31, TOC invalidant = 32 à 40. Un score de 16 ou plus a été retenu pour sélectionner des sujets obsessionnels compulsifs dans le cadre des études contrôlées [157]. Dans notre étude, cette échelle a été utile pour évaluer l’impact du traitement à différents moments du protocole. 66 2.4.3.1.2 Montgomery and Asberg Depression Rating Scale (MADRS) [158] (annexe 2) Il s’agit d’une échelle d’hétéroévaluation. Elle permet une mesure dimensionnelle de la symptomatologie dépressive. L’évaluation de l’anxiété et de la dépression doit être associée à la cotation des TOC, ceci en raison de la coexistence des symptômes anxiodépressifs et obsessionnels. De plus, la passation de cette échelle est courte et d’un emploi relativement facile. Les indices fournis, sensibles au changement nous ont permis d’apprécier l’impact sur l’humeur et l’anxiété à différents temps du protocole. 2.4.3.1.3 Echelle d’évaluation globale du fonctionnement (EGF) [159] (annexe 3) Cette échelle a permis d’apprécier, au moment même de la passation, le niveau de fonctionnement psychologique, social et professionnel sur un continuum hypothétique qui va de 1, valeur représentant l’individu le plus malade, à 90, valeur représentant un individu quasiment indemne de symptômes (ou présentant des symptômes très minimes) et fonctionnant d’une façon satisfaisante dans son milieu social ou sa famille. L’échelle est divisée en 9 intervalles égaux allant de 1à 10, 11 à 20, 21 à 30, etc. 2.4.4 Evaluations de sommeil Elles comprennent aussi bien des évaluations subjectives qu’objectives. 2.4.4.1 Evaluations subjectives 2.4.4.1.1 Agenda du sommeil (figure 17) L’agenda du sommeil nous a permis d’analyser le sommeil, les habitudes et l’hygiène du sommeil sur une période prolongée. Les informations doivent être apportées jour après jour sur une feuille dit « agenda de sommeil » qui est donnée au patient. Nous avons précisé au patient que les informations que nous leur demandions d’indiquer, étaient assez simples et ne pouvaient être utilisables que si elles étaient notées avec soin jour après jour. Cependant, 67 l’agenda de sommeil n’est pas un outil de précision. Nous leur avions expliqué qu’il était donc inutile, par exemple, de regarder leur montre toute la nuit pour le remplir. Nous leur avions demandé plutôt une estimation la plus proche de la réalité possible, et qui soit selon nos patients TOC, la plus représentative de leurs habitudes de sommeil. Il leur a été conseillé de remplir l’agenda de sommeil le matin en ce qui concerne le déroulement de la nuit, et le soir pour l’évaluation de la somnolence dans la journée. Les informations suivantes ont été données au patient (figure 17). Figure 17: Exemple d'un agenda du sommeil du patient TOC N° 13 Noter chaque jour les moments où : - vous avez envie de dormir (bâillements) par un rond non-rempli. - vous avez dormi (dans votre lit ou dans un fauteuil) par un rond plein. Indiquer : - La durée de votre nuit (hachurer l’espace correspondant au moment où vous avez dormi et laisser un blanc pour les périodes de l’éveil. - L’heure du coucher (l’heure à laquelle vous éteignez la lumière pour dormir), par une flèche pointée en bas. 68 - L’heure de levé (l’heure à laquelle vous vous levez du lit), par une flèche pointant vers le haut. Donner une note sur 10 : - A votre nuit, selon la quantité de votre sommeil. - A votre journée (éveil-veille), selon la quantité de votre réveil et de votre journée. Indiquer si vous avez pris des médicaments autres que ceux qui vous ont été prescrits pour votre sommeil, (ce qui n’a pas été effectué dans cette étude). 2.4.4.1.2 Echelle d’Epworth ou ESS (Epworth Sleepiness Scale) [94] (annexe 4) Cette échelle mesure la probabilité d'assoupissement ou d'endormissement (cotée de zéro à 3, 0 = aucune chance de s'endormir ; 3 = grande chance de s'endormir) dans 8 situations courantes plus ou moins soporifiques. Le score total peut varier entre zéro et 24. Nous avons demandé au sujet de différencier l'assoupissement du sentiment de fatigue. L'échelle est significativement corrélée à la latence moyenne d'endormissement aux tests itératifs d’endormissement ou à la latence d’endormissement lors de la polygraphie nocturne. Les scores élevés, supérieurs à 16, se rencontrent dans les syndromes d'apnée du sommeil entraînant une forte somnolence, les narcolepsies, les hypersomnies idiopathiques. Chez les patients apnéiques, le score à l'échelle d'Epworth est corrélé à l'index d'apnée-hypopnée et à la saturation minimum. Les insomniaques psychophysiologiques ou idiopathiques ont des scores bas car ils ont une faible propension à s'endormir même quand ils sont susceptibles de se relaxer [95]. On a considéré qu'il n'y avait pas de somnolence pour des scores de zéro à 8. La somnolence existait mais était peu handicapante pour des scores compris entre 8 et 14 ou 15. Elle était franchement pathologique à partir de 16. La corrélation test-retest de cette échelle est bonne chez des étudiants en médecine retestés 5 mois après le premier test et chez qui le niveau de somnolence était supposé rester constant [97]. L'échelle a été utilisée avec succès pour apprécier l'amélioration de la vigilance après 3 mois de traitement par pression positive continue (CPAP) chez des apnéiques [97]. 69 2.4.4.1.3 Echelle de Pichot [86] (annexe 5) Contrairement à la somnolence, la fatigue suscite beaucoup de controverses. Entre les tenants du "tout somatique" (souvent mis en échec par la normalité des bilans) et ceux du tout psychologique (pas toujours plus efficaces), il n’est pas fréquent d’envisager une approche somnologique à la fatigue. La fatigue est la sensation de ne pas pouvoir effectuer les tâches habituelles sans faire appel à des ressources insoupçonnées de la volonté. Elle peut se dépister par l’interrogatoire chez un sujet qui consulte pour des motifs très variables, allant de la demande de fortifiants au bilan d’un trouble fonctionnel. Sur le plan évaluation, l’échelle de Pichot a permis de constituer une alternative intéressante pour évaluer le niveau de fatigue de manière standardisé chez le patient, qui pouvaient être fatigués notamment à cause de leurs rituels. Elle évalue la fatigue à travers 8 items dont la cotation va pour chacun d’entre eux de 0 pour « pas du tout » à 4 pour « extrêmement ». Un score supérieur à 16 était considéré comme pathologique. 2.4.4.2 Evaluation objectives 2.4.4.2.1 Actimètre Tous les actimètres ont en commun l'utilisation d'un capteur de type piézoélectrique qui permet de détecter les accélérations liées aux mouvements. Les impulsions engendrées par les mouvements dont l'accélération est supérieure à un seuil donné (en général 0,1 g) sont comptées par intervalle de temps et stockées en fonction de leur moment de survenue. Ils permettent donc une évaluation précise de l'activité motrice au cours du temps. Dans le domaine des applications liées à l'alternance veille-sommeil, les intervalles de temps choisis sont habituellement de 30 secondes ou une minute, ce qui permet des durées d'enregistrement d'au moins une semaine. Certains appareils échantillonnent le signal à plus grande fréquence et condensent ensuite les valeurs sur 30 secondes ou une minute [160]. Ces appareils, de la taille d'une montre, sont 70 légers, robustes, à l'exception des chocs et pour la plupart de l'immersion dans l'eau, ce qui était le cas dans notre étude. Un adulte les porte au poignet sans inconvénient majeur. Il est habituellement recommandé d'enregistrer l'activité motrice au poignet non dominant. L'activité est ainsi moins directement dépendante des activités courantes et son niveau reflète mieux l'activité générale de l'individu. En ce qui concerne la discrimination entre les états de veille et de sommeil, la comparaison entre poignet dominant et non dominant n'affecte pas la valeur discriminante de l'enregistrement [161, 162]. Des enregistrements à la cheville ont été proposés : ils ont la même valeur discriminante entre la veille et le sommeil que ceux faits au poignet. Ils permettent en outre de détecter les mouvements périodiques nocturnes [163, 164]. Il est clair que ce site d'enregistrement n'est acceptable que chez la personne alitée. Les actimètres ont principalement été utilisés pour évaluer la durée et les horaires du sommeil. La différence de niveau d'activité entre la veille et le sommeil apparaît clairement. La détermination du début et de la fin du sommeil peut se faire soit visuellement, soit automatiquement à partir d'algorithmes préétablis. Parmi les différentes utilisations possibles de l'enregistrement de l'activité motrice, l'hypoactivité liée au sommeil a suscité de nombreuses études en vue d'obtenir une détermination fiable des épisodes de sommeil. Dans le but de discriminer automatiquement les épisodes de sommeil, différentes études se sont attachées à comparer les données actimétriques à celles obtenues simultanément par l'enregistrement holographique du sommeil. Les travaux ont été conduits aussi bien chez le sujet normal que chez des patients présentant différents troubles du sommeil. La plupart des enregistrements de validation de la méthode actimétrique ont été faits sur une ou deux nuits. Les paramètres suivants ont été comparés : l'heure du début du sommeil, la période totale de sommeil (PTS) c'est-à dire le temps séparant l’endormissement du réveil final, le temps total de sommeil (TTS), la quantité de veille intrasommeil et l'indice d'efficacité du sommeil (TTS/durée au lit, lumières éteintes ou TAL). Pour Mullaney et a1., [100] la durée de sommeil est surestimée d'environ 15 minutes par l'actimètre. Les taux d'agrément entre actimétrie et polygraphie sont respectivement de 90 % pour la PTS, de 89 % pour le TTS et de 70 % pour la veille intrasommeil (WASO). Quel que soit l'algorithme choisi, les auteurs ont trouvé des corrélations du même ordre entre les données de l'actimétrie et celles de la polygraphie [113, 160, 162, 164]. 71 On peut globalement admettre que l'actimétrie surestime légèrement la latence d’endormissement et la durée totale de sommeil et sous-estime la durée des éveils nocturnes. Elle semble par contre apprécier assez convenablement le nombre des réveils nocturnes de plus de 5 minutes. Les différences obtenues avec la polygraphie sur la durée du sommeil restent en moyenne de l'ordre de 15 à 20 minutes et sont donc tout à fait acceptables sur le plan clinique. Elles sont bien moindres de toute façon que celles trouvées entre les appréciations subjective et polygraphique de la qualité du sommeil. Enfin, une tentative de différencier les stades du sommeil entre-eux a été faite sans succès [165]. Par ailleurs, l'intérêt principal de la méthode actinométrique tient au fait qu'il est possible d'avoir des enregistrements peu coûteux et de longue durée qui permettent de décrire, à domicile, le comportement veille-sommeil en termes d'horaires, de durée et de qualité des épisodes de sommeil. En accord avec Sadeh et a1., (1991) l'enregistrement actimétrique permet de fournir pour chaque nuit d'enregistrement et en moyenne sur l'ensemble de l'enregistrement, les données suivantes sur le sommeil [113] : - horaires du début et de la fin du sommeil qui peuvent être comparés avec les heures de début et de fin de l'extinction des lumières inscrites par le patient sur un agenda de sommeil ; - durée de la période totale de sommeil ; - pourcentage de sommeil calme (immobilité totale) ; - durée de la plus longue période d'immobilité ; - pourcentage de périodes actives au-dessus d'un certain seuil ; - durée de la plus longue période d'activité continue ; - nombre d'éveils de durée supérieure à une ou plusieurs minutes. Les données obtenues permettent une bonne visualisation de la régularité ou de l'irrégularité des paramètres globaux du sommeil. Comparées aux données recueillies simultanément sur l'agenda de sommeil, elles constituent un outil diagnostique précieux et permettent d'ouvrir le dialogue thérapeutique avec le patient. L'enregistrement actimétrique est donc une méthode de choix, du fait de son faible coût et de son acceptabilité, pour l'évaluation du rythme veille-sommeil en situations naturelles sur des laps de temps prolongés aussi bien chez le sujet normal que chez le patient présentant des troubles du sommeil. Cette méthode est cependant peu fiable pour l'appréciation des épisodes de sommeil chez des patients susceptibles de rester allongés et immobiles bien qu'éveillés (dépressifs, personnes âgées, certaines insomnies). Selon Sadeh et a1., (1995) cette méthode 72 est inadaptée pour l'évaluation des troubles du sommeil liés à des troubles respiratoires [107]. Ces derniers doivent faire l'objet d'évaluations polysomnographiques complètes en laboratoire. Bien toléré, facile à mettre en œuvre, l'enregistrement actimétrique du rythme veille-sommeil peut trouver sa place parmi les moyens objectifs d'exploration et de suivi d'un grand nombre de patients présentant des troubles du sommeil. L'Actiwatch est à ce jour le plus petit appareil disponible. L'initialisation et le transfert des données après enregistrement se font par contact avec l'interface ce qui limite les manipulations intempestives de l'appareil. Ce modèle nous a paru particulièrement intéressant du fait de sa petite taille et de la facilité de sa programmation. De ce fait, nous avons utilisé pour la plupart des patients le modèle Actiwatch 4 (figure 18). Seuls trois d’entre eux ont porté le modèle Vivago (figure 19). Comparé aux autres modèles d’actimétrie, le modèle Vivago est plus sensible pour détecter les mouvements de basse intensité [166]. Dans ce sens, Lötjönen et al., trouvent une corrélation de plus de 80% par rapport aux autres modèles d’actimètre entre l’actimètre Vivago et la polysomnographie pour détecter les éveils et le sommeil. Figure 18: Actimètre modèle Vivago Figure 19 : Modèle actiwatch 4 Dans cette étude, la période d’enregistrement des actimètres (Actiwatch AW4, Cambridge Neurotechnology, version 3.24, et Vivago) était de 1 minutes. Comme nous l’avons déjà évoqué auparavant, il faut toujours garder à l’esprit qu’en aucun cas les actimètres ne mesurent le sommeil. Pour extraire les résultats d’actiwatch, nous avions à étudier sur ordinateur, une sorte d’agenda électronique d’une durée de 14 jours comme pour l’agenda du sommeil. Les activités motrices étaient présentées jour par jour, par des sortes de traits verticaux qui nous donnent en quelque sorte le profil d’activité minute par minute. Plus ces traits sont hauts, plus l’activité motrice était importante et inversement, plus ces traits 73 étaient bas, moins l’activité motrice était importante. Il est à noter que l’activité motrice ne porte pas d’unité, il s’agit d’une quantité unitaire. Bien que nous ayons pu apprécier et quantifier plus précisément cette activité motrice (figure 20), nous n’avions pas précisé le chiffre exact de cette activité motrice de la journée dans cette étude. Figure 20: Mesure de l'activité par actiwatch 4 Nous avons mis surtout l’accent sur la période d’hypoactivité minimale, nous permettant ainsi de repérer et d’identifier un sommeil chez nos patients. Un exemple d’enregistrement chez un sujet sain se trouve en figure 21. 74 Figure 21: Analyse du rythme circadien chez un sujet sain par actiwatch Grâce au logiciel de calcul d’actiwatch, nous avons pu zoomer jour par jour et déterminer les divers paramètres du sommeil, concernant notre étude (figure 22) Figure 22: Calcul des paramètres sommeil par actiwatch 4 75 Ainsi, à partir de l’heure de coucher et de lever estimé par le patient, nous en avons déduit l’heure d’endormissement en pointant le curseur, sur le début de l’hypoactivité et l’heure de réveil dès une reprise d’activité d’emblée maximale (figure 20). Le logiciel faisait ensuite le calcul automatiquement de la latence d’endormissement, du Temps passé Au Lit (TAL), la Période Totale de Sommeil (PTS), le Temps Total de Sommeil TTS), le nombre d’éveils et durée d’éveils intra-sommeil (WASO). Une activité de durée supérieure à une minute était considérée comme un éveil nocturne. La procédure a été différente pour Vivago, dans le sens où le logiciel n’avait pas la capacité de faire des calculs comme Actiwatch 4. Nous avons donc effectué une programmation sur Excel, dans le but de repérer les activités supérieures à 2 et de calculer les moyennes d’activité heure par heure, afin de déterminer le L5 Onset, l’heure de début de la période des 5 heures d’hypoactivité. Tous les calculs jour par jour ont été ensuite effectués manuellement sur Excel pour chaque paramètres. Actiwatch a calculé automatiquement le L5 Onset (figure 21). Par exemple, le L5 Onset de la figure 21 est pour l’heure de début à 3 heures du matin. Il montre déjà un rythme bien décalé chez ce patient atteint d’un TOC invalidant. Figure 23: détermination du L5 Onset chez le patient 3 76 2.4.4.2.2 Polysomnographie Ce terme a été proposé pour décrire l’enregistrement de nombreuses variables physiologiques pendant le sommeil. La polysomnographie comprend l’enregistrement des paramètres du sommeil (l’activité électroencéphalographiques : EEG, l’activité oculaire : EOG, l’activité musculaire : EMG) et des paramètres végétatifs associés, principalement de type cardio-respiratoire et musculaire. Cet outil permet de décrire la structure et microstructure (architecture) du sommeil (figure 24). Figure 24: enregistrement polysomnographique L’enregistrement s’est effectué à l’aide d’un appareil polysomnographique portatif PAMELA afin que cela se passe dans les conditions de vie réelles du patient et qu’il n’y ait pas les effets « laboratoires ». En effet, en général, les patients peuvent avoir un sommeil de moins bonne qualité en laboratoire. L’appréhension liée à l’examen, l’inconfort d’une nuit à l’hôpital, etc., entraînent des modifications du sommeil la première nuit si l’on compare au sommeil les nuits suivantes toujours au laboratoire. Dans ce sens, d’après une étude de Schmidt et al (1971) qui ont enregistrés le sommeil de 6 nuits consécutives chez 16 volontaires sains de 7 à 45 ans, il n’était trouvé une adaptation qu’à la 3e nuit. Dans cette étude, les latences d’endormissement ainsi que celle du stade N3 et REM ont été allongées et la durée du sommeil (PTS et TTS) raccourcies lors des deux premières nuits. Hors la plupart des études revues effectuent l’enregistrement en laboratoire que sur deux nuits. Nous avons donc tenté de palier à cet effet en utilisant un appareil de polysomnographie ambulatoire (PAMELA), d’autant qu’il ne semble pas exister d’effet première nuit avec ces systèmes [167]. L’enregistrement s’est déroulé sur une période de 1 minute durant une nuit 77 dont l’heure d’extinction et d’ouverture des lumières était choisie librement par le patient. Les caractéristiques de cet enregistrement chez l’enfant sont résumées sur la figure 25 représentant un enregistrement polysomnographique par l’appareil PAMELA, la seule différence avec l’adulte étant une absence des électrodes des jambiers en raison d’une longueur courte leurs fils. Figure 25: Pose d'un PAMELA chez un enfant La pose des électrodes a été effectuée selon les nouveaux consensus de l’American Academy of Sleep Medecine ( AASM) [126] avec sur le plan de l’EEG 3 électrodes, l’EOG 2 électrodes et l’EMG une voie mentonnière. Le scorage du sommeil de chaque patients a également été effectuée, ici, avec les nouvelles règles de scorage issues du « the AASM Manual for the Scoring of Sleep and Associated 78 Events ». Ce système a donc changé par rapport à la cotation de Rechtschaffen et Kales (RK) (1968) où on a utilisé pour le scorage de cette étude le : - stade éveil = W ou Wakefulness - sommeil lent et léger ancien stade 1 devenant stade N1 (NREM1) comme (No Rapid Eyes Mouvement) - sommeil lent et léger ancien stade 2 devenant stade N2 (NREM2) - sommeil lent et profond ancien stade 3 et stade 4 devenant un seul et même stade N3 (NREM3) ou SWS (Slow Wave Sleep ou sommeil à ondes lentes) - sommeil à MOR (Mouvements Oculaires Rapides) ou paradoxal devenant sommeil REM ou R L’analyse s’est effectuée pour toute la durée du Temps Au Lit (TAL) par époque de 30 secondes, avec un scorage du stade en fonction de l’aspect EEG, EOG et EMG du tracé et de son aspect dominant (> 50 % de l’époque). L’inconvénient de ce système est qu’il lisse le sommeil d’où une perte d’information notamment sur la microstructure du sommeil (spindles entre-autres...). 2.4.4.3 Variables enregistrées Les variables enregistrées ont été : - Les résultats des échelles psychométriques o Y-BOCS, MADRS, Pichot, Epworth, EGF o Emploi (oui ou non), niveau d’étude ou social, traitements psychotropes - Les résultats sur l’agenda du sommeil : o Durée totale de l’absence de la lumière (l’heure à partir de laquelle la lumière est éteinte jusqu’à l’heure de l’allumage de la lumière) ou heure de coucher et de lever, correspondant au TAL (Temps au lit = Temps passé au lit) en minutes o Heure d’endormissement ou début du sommeil ; heure d’éveil ou fin de sommeil o La période totale de sommeil (PTS) allant de l’heure d’endormissement à l’heure d’éveil en minutes o Le temps de latence de sommeil qui est définit par le délai entre l’heure de coucher 79 o Le nombre et la durée des éveils intra-sommeils en minutes (WASO) o Le temps total de sommeil (TTS), qui correspond au PTS moins la durée des éveils intra-sommeil en minutes o La proportion d’éveil (en %) (durée éveils/PTS) o La proportion de sommeil en % (durée sommeil/PTS) o L’efficacité de sommeil en % (TTS/TAL) o La note sur 10 de la qualité du sommeil et de la journée o Les résultats d’actimètre o Durée totale de l’absence de la lumière (l’heure à partir de laquelle la lumière est éteinte jusqu’à l’heure de l’allumage de la lumière) ou heure de coucher et de lever, correspondant au TAL (Temps Au Lit = Temps passé au lit) en minutes o Heure d’endormissement ou début sommeil ; heure d’éveil ou fin de sommeil o La période totale de sommeil (PTS) allant de l’heure d’endormissement à l’heure d’éveil en minutes o Le temps de latence de sommeil qui est définit par le délai entre l’heure de coucher o Le nombre et la durée des éveils intra-sommeil en minutes (WASO) o Le temps total de sommeil (TTS), qui correspond au PTS moins la durée des éveils intra-sommeil en minutes o La proportion d’éveil (en %) (durée éveils/PTS) o La proportion de sommeil en % (durée sommeil/PTS) o L’efficacité de sommeil en % (TTS/TAL) o heure de début de la période d’activité minimale (L5 onset) o heure de début de la période d’activité maximale (M10 onset) - Les résultats de polysomnographie : - Durée totale de l’absence de la lumière (l’heure à partir de laquelle la lumière est éteinte jusqu’à l’heure de l’allumage de la lumière) ou heure de coucher et de lever, correspondant au TAL (Temps Au Lit = Temps passé au lit) - Heure d’endormissement ou début sommeil ; heure d’éveil ou fin de sommeil - La période totale de sommeil (PTS) allant de l’heure d’endormissement à l’heure d’éveil en minutes - Le temps de latence de sommeil qui est définit par le délai entre l’heure de coucher (ou lumière éteinte) et l’heure de début du stade 2 en minutes 80 - Le nombre et la durée des éveils intra-sommeil en minutes (WASO) - Le temps total de sommeil (TTS), qui correspond au PTS moins la durée des éveils intra-sommeil en minutes - La proportion d’éveil (en %) (durée éveils/PTS) - La proportion de sommeil en % (durée sommeil/PTS) - L’efficacité de sommeil en % (TTS/TIB) - Le pourcentage et la durée de stade N1 du sommeil, - Le pourcentage et la durée du stade N2 et stade N3 du sommeil en minutes - Le temps de latence du sommeil paradoxal (REM) en minutes - Pourcentage et durée du sommeil REM en minutes - Répartition sommeil REM (oui = O pour normal ; non= N pour anormal). La proportion devant être plus importante en fin de nuit. 2.4.5 Méthode d’analyses statistiques Il s’agit avant tout d’une étude clinique descriptive. De ce principe, l’analyse des données dans cette étude s’est surtout basée sur des statistiques descriptives. Pour l’analyse du rythme veille-sommeil ainsi que de la structure du sommeil, nous avons d’abord effectué des statistiques descriptives sur chaque variable continue en calculant la moyenne, l’écart-type standard, le minimum, le maximum et la médiane. Nous n’avons pas jugé utile en raison du petit effectif de l’échantillon de calculer l’intervalle de confiance. Concernant les variables catégorielles (« emploi », anomalie répartition sommeil REM, anomalies REM, traitement, et les variables sur les antécédents des patients), seul un pourcentage (soit sur les « oui », soit sur les « non ») a été calculé, avec l’indication sur la case écart-type, (en sachant que cela n’en est pas un), l’effectif des patients qui s’y rapportaient. Par ailleurs, pour l’étude du rythme veille-sommeil, nous avons pu proposer une description chronotypologique en catégorisant les patients en groupe : - « vespéralité/matinalité » - « du matin », correspondant l’expression traditionnelle «couche tôt, lève tôt », où nous considérions non pas une heure de coucher et de lever mais une heure d’endormissement moyenne maximal à 22 heures. 81 - « du soir », correspondant au « couche tard, lève tard » avec le même système que précédemment avec une heure d’endormissement moyenne minimale à 23 heures 45. - « les neutres », ne rentrant dans une des deux précédentes catégories - « longs et courts dormeurs » - « longs dormeurs » avec une PTS supérieure à 510 minutes, soit 8 heures 30 - « courts dormeurs » avec un PTS inférieure à 400 minutes, soit 6 heures 30 environ. Une fois cette description faite, nous avons confronté ces valeurs par rapport à des données issues de l’interview de l’enquête effectuée par l’INSV en 2007 (Institut National du Sommeil et de la Vigilance) sur le sommeil à partir d’un échantillon représentatif de la population française de 1014 sujets. Les tests statistiques de comparaison de notre échantillon de patient par rapport à celui de l’enquête, n’ont pas de sens dans cette étude, du fait d’une trop grande différence dans les effectifs. Nous avons donc préféré illustrer la confrontation de ces deux groupes sous forme d’histogrammes en y précisant les proportions dans chaque catégorie ainsi que sous forme de graphiques à points afin d’apprécier les distances « inter-shift » c'est-à-dire pic à pic des effectifs maximaux sujets INSV et sujets TOC pour la catégorie de valeur des paramètres concernés par ce type d’analyse. Concernant l’analyse de la structure du sommeil, les valeurs de chacun de nos paramètres ont été confrontées aux normes usuelles utilisées par les laboratoires nationaux du sommeil. Là non-plus, nous n’avons pas effectué de tests statistiques comparatifs du fait que ces normes étaient des ordres de grandeur. Pour l’analyse des divers liens que pouvaient avoir les paramètres entre-eux, nous avons avant tout utilisé des tests non-paramétriques. En effet, notre échantillon présentant un faible effectif, risquait de ne pas suivre une distribution normale. Pour l’analyse des variables catégorielles ou qualitatives entre-elles, autrement-dit, celles où la valeur est « oui » ou « non », (par exemple, « retard de phase » versus « non-retard de phase » pour la variable emploi « oui » ou « non »), un test de comparaison des pourcentages a été effectué au moyen du test de Fisher Exact. Pour l’analyse des variables catégorielles ou qualitatives avec des variables continues ou quantitatives, (par exemple « retard de phase » versus « non-retard de phase » pour la variable latence du REM en minutes), un test de comparaison des moyennes U de Mann-Whitney a été effectué. 82 Pour l’analyse des variables continues ou quantitatives entre-elles, (par exemple, sévérité des TOC avec score à la Y-BOCS et latence du sommeil REM en minutes), nous avons effectué une régression linéaire en utilisant le test de corrélation de Spearman. Enfin, concernant la recherche de discordance entre les résultats subjectifs de l’agenda donnés par le patient et ceux objectifs de l’actimètre, nous avons compté jour par jour pour chaque patient, le nombre de discordance concernant le paramètre heure d’endormissement, heure de réveil, et durée des éveils nocturnes. Les discordances ont été calculées en faisant la différence pour chaque jour et pour chaque paramètre entre la valeur à l’agenda et la valeur à l’actimètre. Les résultats obtenus, donnés en valeur absolue, devaient dépasser un seuil que nous avons déterminé pour qu’il y ait discordance. Pour l’heure d’endormissement, il s’agissait de 30 minutes, pour l’heure de réveil de 15 minutes et les éveils intra-sommeil (WASO) de 45 minutes. Concernant la différence de ces valeurs, nous avons mis un cut-off plus important pour les éveils dans la nuit, car nous concevions qu’il était plus difficile de s’en apercevoir. Les tests sont similaires que ceux décrits précédemment. Ils ont été effectués avec les variables psychométriques (Y-BOCS, etc.), du sommeil (Epworth, Pichot, etc.). Nous avons estimé la significativité à nos tests statistiques quand p < 0,05. 83 3 Résultats et discussion 3.1 Caractéristiques générales des patients Les patients inclus étaient au nombre de 19. Par la suite, 3 n’ont pas désiré continuer l’étude, notamment au moment de l’enregistrement polysomnographique, avec pour motif principal l’obsession par rapport aux décollements des électrodes. Enfin, 2 autres patients (un homme et une femme) ont été exclus pour découverte fortuite lors de la lecture de leur tracé polysomnographique d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil sévère (SAS). Nous avons dans ce sens constaté que cette donnée était comparable à la prévalence en France du syndrome d’apnée du sommeil d’environ de 10%. L’analyse actimétrique et polysomnographique ont porté finalement sur 16 patients. Quant à l’agenda du sommeil, l’analyse a porté sur 12 patients, 2 étant ininterprétables car incomplets. L’examen polysomnographique a duré une nuit tandis que l’examen actimétrique a duré 2 semaines soit 14 jours et nuits. L’analyse n’a porté que sur 7 jours pour le patient N°5, 5 jours pour le patient N°6, et 6 jours pour le patient N°11. Dans le premier cas nous avons retiré volontairement des jours, pour cause de fêtes (le réveillon de Noël et 4 jours de récupération post-fête), afin de ne pas avoir d’interférence de cet évènement sur le rythme veille-sommeil du patient. Dans les deux autres cas, les nombres de jours étaient restreints suite à une décharge de batterie de l’actimètre. Concernant le type d’actimètre porté, tous les patients ont porté le modèle Actiwatch 4 à l’exception de 3 patients (patients N°6, 13, 14) qui ont porté le modèle Vivago. Enfin, 6 patients (patients N°2, 7, 10, 12, 14) n’ont pas effectué l’évaluation subjective de la qualité du réveil-éveil et de la nuit proposée dans l’agenda du sommeil, réduisant l’analyse de ces deux données à 8 patients. Les caractéristiques générales sont décrites pour chaque patient atteint de TOC, dans le tableau 3 pour les données psychométriques générales et dans le tableau 4 pour les antécédents et les traitements. 84 3.1.1 Aspect psychométrique général Tableau 3 : Caractéristiques psychométriques des patients souffrant de TOC Numéro patients genre patient 1 ♀ patient 2 ♀ patient 3 ♂ patient 4 ♀ patient 5 ♀ patient 6 ♀ patient 7 ♀ patient 8 ♀ patient 9 ♀ patient 10 ♀ patient 11 ♀ patient 12 ♀ patient 13 ♀ patient 14 ♀ moyenne 7% ♂ écart-type N=1 Minimum Maximum médiane niv social=niveau social ♀= femme ; ♂= homme Q sommeil=qualité sommeil sur 10 Q éveil=qualité éveil sur 10 âge niv social Emploi 34,0 14,0 N 24,0 10,0 N 22,0 11,0 N 45,0 15,0 N 21,0 16,0 O 51,0 10,0 N 47,0 13,0 N 30,0 17,0 O 40,0 13,0 O 38,0 16,0 O 20,0 13,0 N 51,0 11,0 N 53,0 12,0 O 46,0 9,0 N 37,3 12,9 64,3% N 12,1 2,5 N=9 20,0 9,0 53,0 17,0 39,0 13,0 Epworth=score échelle Epworth Pichot=score échelle de Pichot âge en années Emploi= activité professionnelle Y-BOCS MADRS EGF Epworth Pichot Q sommeil 32,0 7,0 40,0 5,0 4,0 8,9 28,0 8,0 50,0 15,0 17,0 33,0 10,0 55,0 13,0 13,0 5,1 27,0 6,0 65,0 18,0 19,0 4,4 23,0 5,0 40,0 5,0 7,0 7,9 25,0 4,0 60,0 6,0 3,0 8,8 26,0 8,0 55,0 8,0 19,0 26,0 7,0 40,0 15,0 21,0 7,3 29,0 9,0 60,0 3,0 21,0 24,0 4,0 70,0 6,0 9,0 25,0 10,0 55,0 16,0 25,0 2,3 26,0 12,0 60,0 17,0 21,0 24,0 4,0 60,0 15,0 18,0 5,1 26,0 8,0 40,0 2,0 11,0 26,7 7,3 53,6 10,3 14,9 6,2 2,9 2,5 10,1 5,8 7,0 2,4 23,0 4,0 40,0 2,0 3,0 2,3 33,0 12,0 70,0 18,0 25,0 8,9 26,0 7,5 55,0 10,5 17,5 6,2 Y-BOCS=score échelle "Yale Brown Obsessive Compulsive Scale" BABS=score échelle "Brown Assesment of Beliefs Scale" MADRS=score échelle "Montgomery and Asberg Depression Rating Scale" EGF=score "Echelle d'évaluation Globale du Fonctionnement" Q éveil 8,4 4,8 4,4 8,6 9,2 6,5 4,0 6,4 6,5 2,0 4,0 9,2 6,4 Au total, les données analysées (tableau 3) ont porté sur 14 patients composés de 13 femmes et d’1 homme dont l’âge moyen était d’environ 37,29 ans +/- 12,33 ans avec un niveau d’étude moyen de 12,86 +/- 1, 31 ans. Près de 64,3% d’entre eux soit 9, n’avaient pas d’emploi. La plupart d’entre-eux, ont présenté un TOC sévère avec un score moyen à la Y-BOCS de 26,7 +/- 2,9 ans. Près de 7,1% des patients soit 1, a présenté un TOC plutôt modéré (Y-BOCS à 23) ; 14,3%, soit 2, avaient un TOC invalidant (score le plus élevé à la Y-BOCS à 33). Sur le plan thymique, le score moyen à la MADRS était de 7,3 +/- 2,5. Comme l’exigeaient les critères d’inclusion, aucun ne souffrait, au moment de l’étude, de comorbidité dépressive, le score maximal à la MADRS étant bien inférieurs à 16. Il est à noter cependant l’existence d’une corrélation positive significative entre la sévérité du TOC et la thymie (r = 0,556 ; p = 0,045) (figure 26). 85 Figure 26: Corrélation Y-BOCS/MADRS, régression 34 32 Y-BOCS 30 28 26 24 22 3 4 5 6 7 8 9 10 11 MADRS Y-BOCS = 22.827 + .534 * MADRS; R^2 = .208 12 13 Sur le plan du niveau fonctionnement global (milieu socio-familial entre-autre), les patients souffrant TOC ont présenté en général une atteinte relativement sévère avec un score moyen à l’EGF de 53,6 +/- 10,1 dont un minimum à 40 et un maximum à 70. Aucune corrélation positive significative n’a été retrouvée avec la sévérité du TOC (Y-BOCS) ainsi que la thymie (MADRS). 86 Tableau 4: Antécédents et traitements des patients souffrant de TOC Numéro patients patient 1 patient 2 patient 3 patient 4 patient 5 patient 6 patient 7 patient 8 patient 9 patient 10 patient 11 patient 12 patient 13 patient 14 moyenne en % Nombre patients 0= pas de traitement 1= antidépresseur 2=antipsychotique 3=anxiolytique Dépression Agoraphob Phob sociale Anorexie Boulimie Toxiques Ttt actuel Ttt sevré O N N N O N 0 1et3 N O N N N N 1 1 O N O N N N 0 1 et 2 et 3 N N N O N N 3 0 O N O N N N 1 1 O O N N N N 1 et 3 1 et 3 O O O N N N 1 et 3 1 et 3 N N N N N N 0 0 O N O N O N 1et 2 1 et 2 O N N O N N 1 1 O N N O N N 1 et 2 1 et 2 O N N O N N 1 et 3 1 et 3 O N N N N N 1 et 2 et 3 1 et 2 O N O N N N 0 0 78,6% O 21,4% O 35,7% O 28,6% O 14,3% O 0% O 71,4% traités 78,6% sevrés 11 3 5 4 2 0 10 11 Ttt actuel= traitement actuel Ttt sevré= traitement sevré depuis plus de 2 mois Agoraphob=agoraphobie Phob sociale=phobie sociale Au niveau des antécédents (tableau 4), près de 78,6% des patients soit 11, ont souffert auparavant de dépression ; 21,4%, soit 3, d’agoraphobie ; 35,7% soit 5, de phobie sociale et 42,9% soit 6, de trouble du comportement alimentaire, aucun n’a présenté d’abus de toxique (alcool et autres substances illicites). Sur le plan thérapeutique, lors de l’étude, environ 28,6% des patients soit 4, n’avaient aucun traitement, parmi eux, 2 étaient sevrés de leur traitement à plus de 3 mois avant l’étude. 21,4% soit 3, étaient sous antidépresseurs ; 7,1%, soit 1, sous anxiolytique seul ; 21,4% soit 3, sous antidépresseurs et anxiolytiques ; 14,3% soit 2, sous antidépresseurs et antipsychotiques et 7,1%, soit 1, sous les trois types de psychotropes. 3.1.2 Aspect qualitatif du sommeil L’aspect qualitatif du sommeil a englobé l’évaluation de la somnolence (Epworth), de la fatigue (Pichot), et de la qualité d’éveil-veille et de sommeil dont la description se trouve dans le tableau 5. 87 Tableau 5: Evaluation qualitative du sommeil des patients souffrant de TOC Numéro patients Epworth patient 1 5,0 patient 2 15,0 patient 3 13,0 patient 4 18,0 patient 5 5,0 patient 6 6,0 patient 7 8,0 patient 8 15,0 patient 9 3,0 patient 10 6,0 patient 11 16,0 patient 12 17,0 patient 13 15,0 patient 14 2,0 moyenne 10,3 écart-type 5,8 Minimum 2,0 Maximum 18,0 médiane 10,5 Epworth=score échelle Epworth Pichot=score échelle de Pichot Pichot Q sommeil Q éveil 4,0 8,9 8,4 17,0 13,0 5,1 4,8 19,0 4,4 4,4 7,0 7,9 8,6 3,0 8,8 9,2 19,0 21,0 7,3 6,5 21,0 9,0 25,0 2,3 4,0 21,0 18,0 5,1 6,4 11,0 14,9 6,2 6,5 7,0 2,4 2,0 3,0 2,3 4,0 25,0 8,9 9,2 17,5 6,2 6,4 Q sommeil=qualité sommeil sur 10 Q éveil=qualité éveil sur 10 Ttt actuel N O N O O O O N O O O O O N 71,4% O N=10 3.1.2.1 Evaluation de la somnolence (Epworth) Les patients souffrant de TOC ont présenté en moyenne un score à l’échelle d’Epworth de 10,3 +/-5,8. La moitié des patients soit 50%, ont présenté un score supérieur à 11 (en rouge sur le tableau 4), autrement-dit une plainte de somnolence. Dans ce sens, cette proportion était supérieure à la prévalence nationale qui est d’environ 20%. Parmi-eux, 71,4% d’entre-eux, soit 5 patients avaient un traitement psychotrope. Par ailleurs, aucune corrélation positive significative n’a été retrouvée entre la somnolence et la sévérité des TOC (Y-BOCS) ainsi qu’avec la thymie (MADRS) et l’adaptation générale (EGF) (p > 0,1). 3.1.2.2 Evaluation de la fatigue (Pichot) Les patients atteints d’un TOC avaient un score moyen de fatigue (Pichot) subnormal avec un score moyen de 14,9 +/- 7. Environ 57,7% des patients soit 8, se disaient en moyenne fatigués, soit un score supérieur à 16 à l’échelle de Pichot. Parmi eux, environ 87,5% soit 7, avaient un traitement psychotrope. 88 Aucune corrélation positive significative n’a été retrouvée avec la sévérité des TOC (Y-BOCS) ainsi que le fonctionnement global (EGF) (p > 0,1). En revanche, une corrélation positive significative a été retrouvée avec la somnolence (Epworth, r = 0,634 ; p < 0,05) (figure 27) et la thymie (MADRS, r = 0,599 ; p = 0,0308) (figure 28). Figure 27: Corrélation Pichot/Epworth, régression Figure 28: Corrélation Pichot/MADRS, régression 30 score échelle Pichot 25 20 15 10 5 0 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 MADRS score échelle Pichot = 3.542 + 1.553 * MADRS; R^2 = .306 3.1.2.3 Qualité de sommeil et d’éveil-veille (agenda du sommeil) Les scores de qualité d’éveil-veille et de sommeil ont été étroitement corrélés positivement (r = 0,92 ; p < 0,001) (figure 29). En effet, les patients ayant eu une mauvaise qualité de sommeil ont généralement eu un éveil-veille aussi de mauvaise qualité. Figure 29: Corrélation qualité éveil-veille/qualité de sommeil, régression 89 Les scores moyens de qualité de sommeil et d’éveil-veille pour les 8 patients, étaient en moyenne respectivement de 6,2 +/-2,4 et de 6,5 +/-2,0 sur 10 (tableau 5). La moitié d’entreeux se disait satisfait de leur sommeil contre 25% de « peu satisfaits » et 25% d’insatisfaits. Concernant la veille-éveil, 37,5% des patients souffrant de TOC soit 3, se disaient reposés contre 25% de « peu reposés » et 37,5% de « pas reposés ». Nous avons donc autant de patients « reposés » que « pas reposés ». Dans ce sens, les patients souffrant d’un TOC par rapport à la population française (échantillon représentatif de la population française sondé par l’Institut National de Veille et Sommeil : INSV en 2007) se plaignent d’avantage plus de leur qualité de sommeil et de veille-éveil (figure 30, 31, 32, 33). Figure 30: Qualité sommeil TOC/population française histogramme Figure 31: Qualité sommeil TOC/population française graphique 90 Figure 32: Qualité éveil-veille TOC/population française histogramme (d’après le score de Pichot) Figure 33: Qualité éveil-veille TOC/population française graphique (d’après le score de Pichot) Par ailleurs, des corrélations significatives positives ont été trouvées aussi bien que pour la qualité de sommeil que d’éveil-sommeil, avec le niveau de somnolence (Epworth) et de fatigue (Pichot) (p < 0,05) (cf équations 34, 35, 36, 37). 91 Figure 34: Corrélation qualité sommeil/Epworth ; r = 0,828 Figure 35 : Corrélation qualité éveil-veille/Epworth ; r = 0,896 92 Figure 36: Corrélation qualité sommeil/Pichot; r = 0,838 Figure 37: Corrélation qualité éveil-veille/Pichot; r = 0,856 93 3.1.3 Description du rythme veille-sommeil La description du rythme veille-sommeil a porté dans un premier temps sur les variables « heure de coucher », « d’endormissement, de réveil », « de lever » et « de latence d’endormissement » issues de l’actimètre et de l’agenda du sommeil. Ces variables sont décrites dans le tableau 6. Elles ont été pour la plupart confrontées à l’échantillon caractéristique de la population française sondée en 2007 par l’INSV. Ces données ont ainsi permis de d’établir dans un second temps, une description chronotypologique des patients souffrant d’un TOC et de repérer au final des troubles du rythme circadien tel qu’un éventuel retard de phase. 3.1.3.1 Aspect général Les divers paramètres du rythme veille-sommeil, relevés dans l’actimétrie et l’agenda du sommeil sont résumés pour chaque patient dans le tableau 6. Tableau 6: rythme veille-sommeil actimètre et agenda des patients souffrant de TOC Numéro patients H coucher H lever patient 1 23:12 09:40:00 patient 2 0:13 12:27:34 patient 3 2:14 08:51:56 patient 4 21:50:00 08:06:56 patient 5 0:10 10:05:00 patient 6 23:10 07:48:36 patient 7 22:12 07:01:39 patient 8 23:24 08:08:47 patient 9 20:02 08:09:34 patient 10 22:52 08:02:39 patient 11 23:33 10:04:10 patient 12 23:05 08:53:09 patient 13 22:47 08:39:51 patient 14 23:51 09:48:34 moyenne 23:11 08:59:10 écart-type 1:23 01:21:28 Minimum 21:50:00 07:01:39 Maximum 2:14 12:27:34 médiane 23:12:00 08:45:54 H coucher=Heure coucher H lever=Heure lever Latence A= latence endormissement actimètre Latence= latence endormissement agenda TAL 627,1 733,8 397,1 616,7 595,0 518,0 529,5 524,6 727,4 550,1 630,3 587,3 592,1 597,3 587,6 85,6 397,1 733,8 593,6 latence A 41,6 64,9 31,6 7,9 19,6 16,0 12,5 17,6 18,2 21,6 82,3 43,1 22,9 22,8 30,2 21,2 7,9 82,3 22,2 latence H Endorm A H Endorm H Réveil A H Réveil PTS A PTS L5 onset 0,0 23:52 23:12 09:29:00 09:40:00 574,5 622,9 02:00:00 1:18 12:13:00 654,3 02:00:00 0,0 02:46:26 02:14:47 08:43:13 08:51:00 356,8 397,1 03:00:00 173,7 21:58 0:56 07:54:56 6:37 596,8 454,3 23:00:00 55,7 0:29 1:05 08:41:00 8:49 491,4 463,6 1:00 23,6 23:26 23:34 07:33:00 6:27 486,4 412,8 01:00:00 19,6 22:24 22:31 06:58:00 6:38 513,4 487,3 01:00:00 33,6 23:41 23:57 07:50:47 7:30 488,9 452,2 01:00:00 44,9 20:20 20:47 07:58:43 7:31 698,3 643,9 21:00:00 23:14 07:46:21 512,3 02:00:00 73,7 0:56 0:47 09:06:00 9:02 489,8 495,0 03:00:00 0,0 23:49 23:05 08:13:34 08:53:09 504,6 587,3 01:00:00 60,5 23:10 23:48 08:32:13 7:41 556,0 473,6 00:25:00 23,9 0:13 0:15 09:27:56 9:27 553,0 552,9 02:55:43 42,4 23:41 23:51 08:36:16 09:08:03 534,0 503,6 1:10 48,1 1:32 1:24 01:16:05 00:27:42 82,8 80,3 1:37 0,0 20:20 20:47 06:58:00 06:27:00 356,8 397,1 21:00 173,7 02:46:26 02:14 12:13:00 09:40:00 698,3 643,9 3:00 28,8 23:45 23:57 08:22:54 08:16:00 512,8 480,5 1:00 H Endorm A=Heure Endormissement actimètre PTS A= Période Total de Sommeil actimètre: minutes H Endorm=Heure Endormissement agenda PTS= Période Total de Sommeil agenda: minutes H Réveil A=Heure réveil actimètre TAL= Temps Au Lit H Réveil=Heure réveil agenda L5 onset= Heure de début d'activité minimale (actimètre) 94 3.1.3.2 Heure de coucher Les heures de coucher sont résumées dans le tableau 7. Les sujets TOC étaient près de 64,3% soit 9 à se coucher à l’heure moyenne c’est-à dire entre 22h00 et minuit, contre 14,3% soit 2 avant 22 heures et 14, 3% soit 2 entre minuit et 2 heures du matin. Un patient (soit 7,1%) se couchait au-delà 2 heures du matin. Il n’existait par ailleurs, pas de corrélation positive entre heure de coucher moyens et les paramètres psychologiques (Y-BOCS, etc.) ainsi qu’avec ceux concernant l’évaluation subjective du sommeil (Epworth, Pichot, etc.) Tableau 7: Heure de coucher TOC et « population française INSV » < 20h 20h00 - 21h59 % Sujets INVS 0,0 8,0 % TOC 0,0 14,3 N toc 0 2 22h00 - 23h59 56,3 64,3 9 00h00 - 01h59 27,1 14,3 2 > 02h00 7,3 7,1 1 NSP 1,4 0,0 0 base 100,0 100,0 14 Par rapport à la moyenne française, les patients avaient plus tendance à se coucher en moyenne plus tôt ou à l’heure moyenne (figure 38). Figure 38: Heure de coucher TOC et "population française INSV", histogramme 95 Néanmoins, l’effectif moyen le plus élevé des patients souffrant de TOC, se situait pour l’heure de coucher dans la moyenne française (figure 39). Figure 39 : Heure de coucher TOC et "population française INSV", graphique 3.1.3.3 Heure d’endormissement Les heures d’endormissement sont résumées dans le tableau 8 qui prend maintenant en compte en plus des données de l’agenda du sommeil tenu par le patient, ceux de l’actimètre. Les patients s’endormaient pour la moitié d’entre-eux entre 22 heures et minuit, contre 8,3% (1 pour l’agenda) ou 14,3% (2 pour l’actimètre), avant 22 heures. Près de 41,6 % (5 pour l’agenda) ou 35,7% (5 pour l’actimètre) des patients s’endormaient après minuit. Un seul, parmi ces derniers, s’endormait au-delà de 2 heures du matin. Tableau 8: Heure d’endormissement TOC et "population française INSV" < 20h 20h00 - 21h59 % Sujets INVS 0,0 5,0 % TOC actimètre 0,0 14,3 % TOC agenda 0,0 8,3 EFFECTIFS toc actimètre 0 2 EFFECTIFS toc agenda 0 1 22h00 - 23h59 51,9 50,0 50,0 7 6 00h00 - 01h59 32,2 28,6 33,3 4 4 > 02h00 8,1 7,1 8,3 1 1 NSP 2,8 0,0 0,0 0 0 base 100,0 100,0 100,0 14 12 > 00h00 40,3 35,7 41,7 5 5 96 Comparés à la moyenne française, les patients TOC étaient en moyenne plus nombreux à « s’endormir plus tôt » (actimètre) et légèrement plus tard (agenda) (figure 40). Là aussi, l’effectif moyen le plus élevé des patients souffrant de TOC, se situait pour l’heure d’endormissement dans la moyenne française (figure 41). Figure 40 : Heure d’endormissement TOC et "population française INSV", histogramme Figure 41 : Heure d’endormissement TOC et « population française INSV », graphique 97 Comme pour l’heure de coucher, il n’existait aucune corrélation entre l’heure d’endormissement et les paramètres psychométriques (Y-BOCS, etc.) ainsi que ceux du sommeil (Epworth, etc.). Par ailleurs, les patients se couchant et s’endormant tard présentaient un traitement psychotrope pour la majorité d’entre-eux. Par contre, il existait une corrélation positive très significative avec le paramètre L5 onset (R = 0,825 ; P = 0,0031) issu de l’actimètre et correspondant à l’heure de début des 5 heures d’activités minimales motrices du patient (figure 42). Ce paramètre ne présentait par contre aucune corrélation avec les paramètres sur la psychométrie et le sommeil qualitatif. Figure 42: Corrélation heure d’endormissement/L5 onset, régression linéaire 3.1.3.4 Latence d’endormissement Les latences d’endormissement sont résumées dans le tableau 9, prenant en compte les données de l’agenda et de l’actimètre. Près de 64,3% (9 pour l’actimètre) ou 50% (6 pour l’agenda) de patients avaient une latence d’endormissement inférieure à 30 minutes, contre 35,7% (5 pour l’actimètre) ou 50% (6 pour l’agenda), supérieure à 30 minutes. Parmi, ces derniers, 14,3% (2 pour l’actimètre) ou 25% (3 pour l’agenda) avaient une latence d’endormissement supérieure à 60 minutes. Autrement dit, près de 35,7% pour l’actimètre ou 50% pour l’agenda des patients TOC présentent un trouble de l’initiation du sommeil. Les 98 patients présentant ce trouble de l’endormissement avaient pour la majorité d’entre eux un traitement psychotrope. Tableau 9: Latence d’endormissement TOC et "population française INSV" Aussi % Sujets INVS % TOC actimètre % TOC agenda EFFECTIFS toc actimètre EFFECTIFS toc agenda < 15' 67,4 14,3 25,0 2 3 15' - 30' 31' - 45' 20,8 1,6 50,0 21,4 25,0 16,7 7 3 3 2 46' - 60' 6,8 0,0 8,3 0 1 > 60' NSP base > 30' 2,1 1,4 100,0 10,5 14,3 0,0 100,0 35,7 25,0 0,0 100,0 50,0 2 0 14 5 3 0 12 6 bien dans l’agenda que dans l’actimètre, les patients TOC étaient en moyenne beaucoup plus nombreux à présenter un trouble de l’endormissement, par rapport à la moyenne française. Dans ce sens, la majorité des patients souffrant de TOC présentaient un décalage pour la latence d’endormissement de 15 à 30 minutes (actimétrie) et de plus de 60minutes (agenda) par rapport à la moyenne française (figures 43 et 44). Figures 43: Latence endormissement TOC et "population française INSV", histogramme 99 Figures 44: Latence endormissement TOC et "population française INSV", graphique De même, aucune corrélation positive n’a été retrouvée entre les paramètres « latence d’endormissement » et les paramètres psychométriques (Y-BOCS, etc.) ainsi que les paramètres qualitatifs du sommeil (Epworth, etc.). 3.1.3.5 Heure de réveil Les heures de réveil sont résumées dans le tableau 10, prenant en compte les données de l’agenda et de l’actimètre. Près de 42,5% (6 pour l’actimètre) ou 41,7% (5 pour l’agenda) se réveillaient entre 6h30 et 9 heures du matin, contre 0% pour l’actimètre et 8,3% (1 pour l’agenda) avant 6 heures 30 du matin. Environ 28,6% (4 pour l’actimètre) ou 25% (3 pour l’agenda) se réveillaient au-delà de 9 heures du matin. Parmi, ces derniers, 7,1% (1 pour l’actimètre) ou 0% pour l’agenda se réveillait au-delà de 11 heures du matin. La majorité des patients se réveillant au-delà de 9 heures avaient un traitement psychotrope. 100 Tableau 10 : Heure de réveil TOC et "population française INSV" % Sujets INVS % TOC actimètre % TOC agenda EFFECTIFS toc actimètre EFFECTIFS toc agenda < 6h30 6h30 - 7h59 22,4 34,5 0,0 42,9 8,3 41,7 0 6 1 5 8h00 - 9h29 28,6 50,0 41,7 7 5 9h30 - 10h59 > 11h NSP base > 9h 8,9 2,8 3,0 100,0 23,2 0,0 7,1 0,0 100,0 28,6 8,3 0,0 0,0 100,0 25,0 0 1 0 14 4 1 0 0 12 3 Aussi bien pour les données de l’agenda, que pour celles de l’actimètre, les patients souffrant de TOC étaient en moyenne plus nombreux à se lever plus tard que la moyenne française. Dans ce sens, la majorité des patients souffrant de TOC présentaient un décalage pour l’heure de réveil d’environ 1 heure 30 à 1 heure 45 (actimètre, agenda) par rapport à la moyenne française (figures 45 et 46). Par ailleurs, aucune corrélation n’a été retrouvée entre l’heure d’éveil et les paramètres psychométriques (Y-BOCS, etc.) ainsi que les paramètres qualitatifs du sommeil (Epworth, etc.). Figure 45 : Heure de réveil TOC et "population française INSV", histogramme 101 Figure 16 : Heure de réveil TOC et "population française INSV", graphique 3.1.3.6 Heure de lever Les heures de lever sont résumées dans le tableau 11, prenant en compte les données uniquement de l’agenda. Près de 14,3% soit 2 patients se levaient entre 6h30 et 9 heures du matin, contre 0% avant 6 heures 30 du matin. Environ 35,71% soit 5 patients se levaient audelà de 9 heures du matin. Parmi, ces derniers, 7,1% soit 1 patient se levait au-delà de 11 heures du matin. Comme pour le paramètre « heure de réveil », aucune corrélation n’a été retrouvée avec les paramètres psychométriques (Y-BOCS, etc.) et évaluations qualitatives du sommeil (Pichot, etc.). La majorité des patients se levant au-delà de 9 heures avaient un traitement psychotrope. Tableau 11: Heure de lever TOC et "population française INSV" < 6h30 % Sujets INVS 18,7 % TOC 0,0 N toc 0 6h30 - 7h59 34,0 14,3 2 8h00 - 9h29 9h30 - 10h59 > 11h NSP base > 9h 28,5 12,4 3,2 3,4 100,0 26,6 50,0 28,6 7,1 0,0 100,0 35,7 7 4 1 0 14 5 102 Par rapport à la moyenne française, les patients souffrant de TOC étaient en moyenne plus nombreux à se lever à une heure tardive. Dans ce sens, la majorité des patients souffrant de TOC présentaient un décalage pour l’heure de lever d’environ 1 heure 30 à 1 heure 45 par rapport à la moyenne française (figures 47 et 48). Figure 47: Heure de lever TOC et "population française INSV", histogramme Figure 48: Heure de lever TOC et "population française INSV", graphique 103 Au total, la description détaillée de ces paramètres du rythme veille-sommeil, nous ont permis de proposer un chronotype pour chacun des patients atteints de TOC. Les chronotypes pour chaque patient sont décrits dans le tableau 12. 3.1.4 Chronotype Tableau 12: Chronotype des patients souffrant de TOC Numéro patients S /M dormeur L /C dormeur R.phase Y-BOCS MADRS EGF Epworth Pichot Ttt actuel Emploi patient 1 S L N 32,0 7,0 40,0 5,0 4,0 N N patient 2 S L O 28,0 8,0 50,0 15,0 17,0 O N patient 3 S C O 33,0 10,0 55,0 13,0 13,0 N N patient 4 M L N 27,0 6,0 65,0 18,0 19,0 O N patient 5 S N O 23,0 5,0 40,0 5,0 7,0 O O patient 6 N N N 25,0 4,0 60,0 6,0 3,0 O N patient 7 N L N 26,0 8,0 55,0 8,0 19,0 O N patient 8 N N N 26,0 7,0 40,0 15,0 21,0 N O patient 9 M L N 29,0 9,0 60,0 3,0 21,0 O O patient 10 N L N 24,0 4,0 70,0 6,0 9,0 O O patient 11 S N O 25,0 10,0 55,0 16,0 25,0 O N patient 12 S N N 26,0 12,0 60,0 17,0 21,0 O N patient 13 N L N 24,0 4,0 60,0 15,0 18,0 O O patient 14 S L O 26,0 8,0 40,0 2,0 11,0 N N moyenne 50% S 57,1% L 35,7% O 26,7 7,3 53,6 10,3 14,9 71,4% O 64,3% N écart-type N=7 N=8 N=5 2,9 2,5 10,1 5,8 7,0 N=10 N=9 Minimum 23,0 4,0 40,0 2,0 3,0 Maximum 33,0 12,0 70,0 18,0 25,0 médiane 26,0 7,5 55,0 10,5 17,5 Epworth=score échelle Epworth R.phase= O pour "Oui", N pour "Non" EGF=score "Echelle d'évaluation Globale du Fonctionnement" Pichot=score échelle de Pichot Ttt actuel= traitement actuel: Oui/Non R.phase= retard de phase (paramètres pour les "O" en "rouge") MADRS=score échelle "Montgomery and Asberg Depression Rating Scale" S/M= S pour "du Soir", M pour "du Matin", N pour "Neutre" Y-BOCS=score échelle "Yale Brown Obsessive Compulsive Scale" L/C= L pour "Long", C pour "Court", N pour "Neutre" dormeur Le chronotypage des patients nous a permis d’une part de distinguer les sujets vespéraux (les « couche tard, lève plus tard ») des matinaux (les « couche tôt, lève plus tôt »), et d’autre part les sujets dits « courts dormeurs », de ceux « longs dormeurs ». 104 3.1.4.1 Matinalité/vespéralité Les caractéristiques « vespéralité » ou « du soir » et « matinalité » ou « du matin » sont résumés dans le tableau 13. Près de 50% des patients TOC, soit 7 étaient vespéraux, contre 14,3%, soit 2 matinaux. Les 35,7% restants, soit 5 patients étaient ni l’un ni l’autre. Parmi les vespéraux, 60% soit 3 patients étaient sous traitement psychotropes. Tableau 13: « vespéralité/matinalité » patients TOC et "population française INSV" % Sujets INVS % TOC N TOC Du soir 44,7 50,0 7 Du matin Aucun NSP base 44,4 10,6 0,3 100,0 14,3 35,7 0,0 100,0 2 5 0 14 Par rapport à la moyenne française, les patients TOC sont en moyenne plus « ni l’un ni l’autre » et sensiblement vespéraux (figure 49). Figure 49: "vespéralité-matinalité" patients TOC et "population française INSV" 105 3.1.4.2 « Courts », « longs » dormeurs Les caractéristiques « courts » et « longs» dormeurs sont résumées le tableau 14. Ces caractéristiques sont basées sur la Période Totale de Sommeil (PTS) du patient, issues de l’actimètre et de l’agenda du sommeil. Près de 57,1% (soit 8 pour l’actimètre) ou près de 33,3% (soit 4 pour l’agenda) des patients étaient de « longs dormeurs » contre 7,1% (soit 1 pour l’actimètre) ou 0% pour l’agenda, de « courts dormeurs ». Près de 35,1% (soit 5 pour l’actimètre) ou 66,7% (soit 8 pour l’agenda) étaient « neutres ». Parmi les « longs dormeurs », 75% étaient sous psychotropes soit 6 patients. La majorité d’entre-eux était sans emploi. Tableau 14: « courts »-« longs » dormeurs, patients TOC et "population française INSV" Court Dormeur Long Dormeur Aucun base % Sujets INVS 29,2 5,7 65,1 100,0 % TOC actimètre 7,1 57,1 35,7 100,0 % TOC agenda 0,0 33,3 66,7 100,0 EFFECTIFS toc actimètre EFFECTIFS toc agenda 1 0 8 4 5 8 14 12 Aussi bien pour l’actimètre que pour l’agenda, les patients atteints de TOC étaient en moyenne nettement plus nombreux à être de « long » dormeur par rapport à la moyenne française (figure 50). Par ailleurs, aucune corrélation n’a été trouvée entre la PTS et les paramètres psychométriques (Y-BOCS, etc.) et évaluations qualitatives du sommeil (Pichot, etc.). Figure 50: « courts »-« longs » dormeurs, patients TOC et "population française INSV" 106 La chronotypologie des patients a pu contribuer à dépister des troubles du rythme circadien chez ces sujets (tableau 15). 3.1.5 Troubles du rythme circadien Tableau 15: Patients présentant un retard de phase : groupe Retard de phase (RTP) versus NON-Retard de phase NRTP) patient 2 patient 3 patient 5 patient 11 patient 14 M RTP E RTP M NRTP E NRTP L/C dormeur L C N N L 40% L N=2L 42,8% L N=6 Y-BOCS 28 33 23 25 26 27 3,8 26,6 2,6 MADRS 8 10 5 10 8 8,2 2,0 6,8 2,7 EGF 50 55 40 55 40 48 7,6 56,7 10,3 Epworth 15 13 5 16 2 10,2 6,3 10,3 5,8 Pichot 17 13 7 25 11 14,6 6,8 15 7,5 Ttt actuel O N O O N 60% O N= 3 O 77,8% O N=7 Emploi N N O N N 80% N N= 4 N 55,55% N N=5 âge 24 22 21 20 46 26,6 10,9 43,3 8,2 niv social 10 11 16 13 9 11,8 2,8 13,4 2,3 Epworth=score échelle Epworth Ttt actuel= traitement actuel: Oui/Non EGF= Echelle d'évaluation Globale Fonctionnement Pichot=score échelle de Pichot L/C= L pour "Long", C pour "Court", N pour "Neutre" dormeur MADRS=score échelle "Montgomery and Asberg Depression Rating Scale" M RTP=moyenne retard de phase Y-BOCS=score échelle "Yale Brown Obsessive Compulsive Scale" E RTP=écart-type retard de phase E NRTP=écart-type "NON-retard de phase" M NRTP=moyenne "NON-retard de phase" Aucun décalage de phase et d’avance de phase n’a été décelé chez ces patients dans cette étude. En revanche, 5 patients présentant un retard de phase (tableau 15) ont été dépistés, soit près de 35,7%, ce qui est élevé par rapport à la prévalence générale qui est de 3,5%. Ce trouble concerne les patients 2, 3 (figure 51), 5, 11 et 14. Le dépistage du retard de phase est soit basé sur le critère DSM-IV (endormissement après 1 heure et éveil après 1 heures), ou soit basé sur le critère ICSD-r (latence d’endormissement de plus d’une heure, et/ou endormissement après minuit et lever après 8 heures et demi). Environ 60% étaient sous traitement contre 77,8% des patients « non-retard de phase ». Seul un patient avec retard de phase avait conservé son emploi (patient 5). La comparaison des moyennes pour les paramètres Y-BOCS, EGF, niveau social, Epworth, Pichot entre les sujets « retard de phases » et ceux « non-retard de phase » n’a contribué à 107 rien de significatif (p > 0,1). Une tendance, non significative a été retrouvée avec la MADRS (z = -1,791 ; p = 0,0734). En revanche, les patients avec retard de phase étaient significativement plus jeunes que ceux n’ayant pas de retard de phase (p < 0,006) et étaient plus nombreux à être sans emploi (p < 0,01). Figure 51: Actimètre patient 3 108 Au total, les patients souffrant de TOC étaient en moyenne, sur le plan chronotypologique, vespéraux et « longs dormeurs » par rapport à la moyenne française. Par ailleurs, ils présentaient pour la plupart un trouble de l’initiation du sommeil, avec une proportion moyenne plus élevée que dans la population générale française. Enfin, le trouble du rythme circadien tel que le retard de phase avait une prévalence en moyenne nettement plus importante chez les patients souffrant de TOC par rapport à la population française. 3.2 Description de la structure du sommeil chez les patients TOC La description de la structure du sommeil des patients souffrant de TOC s’est centrée uniquement sur sa macro-structure. Les nombres de cycle de sommeil, les différents stades de sommeil tels que le sommeil léger, profond, paradoxal (REM) et la fragmentation du sommeil ont été successivement décrits. Ces résultats sont issus de l’enregistrement polysomnographique en ambulatoire. 3.2.1.1 Cycles de sommeil Les cycles de sommeil sont composés de sommeil lent et de sommeil paradoxal et durent environ 90 minutes. Autrement-dit, ces cycles correspondent au nombre d’épisodes de sommeil paradoxal ou REM (tableau 17). Pour une nuit de 7 à 8 heures, on retrouve en moyenne 5 phases de REM (de 3 à 6). Concernant les patients de l’étude, le nombre moyen de cycle était de 2,3 +/- 1,3 par nuit soit une moyenne un peu en-dessous de celle de la population générale. Près de 57,1% des patients soit environ 8 présentaient un nombre de cycle inférieur ou égal à 2. Parmi eux, 2 n’avaient aucun cycle. Les nombre maximum de cycle était de 3. Ceux ayant un nombre de cycle inférieur à 2, étaient à l’exception d’1, sous traitement psychotropes. 109 3.2.1.2 Les stades de sommeil Les stades N1 et N2 étaient regroupés sous l’appellation de sommeil Lent et Léger (SLL) ; le stade N3, anciennement stade 3 et 4, en Sommeil Lent et Profond (SLP) et le stade sommeil paradoxal en sommeil à mouvement oculaire rapide dit REM (Rapid Eyes Mouvement en anglais soit REM). La latence, la proportion, ainsi que la présence d’éventuelles anomalies ont été décrits pour chacun des stades. 3.2.1.3 Les sommeils lents (SLL et SLP) Les caractéristiques sont décrites dans le tableau 16. Tableau 16: caractéristiques des sommeils lents (SLL et SLP) des patients atteints de TOC Numéro patients lat SLL T SLL prop SLL patient 1 201,5 169,0 43,1 patient 2 90,5 226,0 73,0 patient 3 16,5 190,0 57,9 patient 4 34,3 176,0 66,2 patient 5 6,2 155,0 48,0 patient 6 71,0 225,0 61,3 patient 7 9,5 221,0 52,1 patient 8 28,2 228,0 46,1 patient 9 27,5 140,0 48,5 patient 10 13,0 240,0 61,1 patient 11 16,0 319,0 67,7 patient 12 14,5 299,0 66,6 patient 13 12,5 268,0 62,7 patient 14 26,0 200,0 41,1 moyenne 40,5 218,3 56,8 écart-type 52,2 52,1 10,2 Minimum 6,2 140,0 41,1 Maximum 201,5 319,0 73,0 médiane 21,3 223,0 59,5 T SLL= durée Sommeil Lent Léger: minutes, anomalies en "rouge" prop SLL= proportion Sommeil Lent Léger: minutes lat SLL= latence Sommeil Lent Léger: minutes lat SLP T SLP prop SLP Ttt actuel Y-BOCS 103,0 70,0 17,8 N 32,0 33,0 84,0 27,1 O 28,0 11,5 125,0 38,2 N 33,0 11,2 90,0 33,8 O 27,0 13,5 118,0 36,6 O 23,0 24,0 80,0 21,8 O 25,0 18,0 143,0 33,6 O 26,0 11,0 124,0 25,0 N 26,0 23,0 117,0 40,9 O 29,0 58,0 84,0 21,4 O 24,0 16,5 118,0 25,0 O 25,0 25,3 52,0 11,6 O 26,0 31,5 113,0 26,5 O 24,0 33,0 80,0 16,4 N 26,0 29,5 99,9 26,8 71,4% O 26,7 24,6 26,0 8,8 N=10 2,9 11,0 52,0 11,6 23,0 103,0 143,0 40,9 33,0 23,5 101,5 25,8 26,0 T SLP = durée Sommeil Lent Profond par rapport au SLL : minutes prop SLP= proportion Sommeil Lent Profond : minutes lat SLP=latence Sommeil Lent Profond: minutes 110 La latence de survenue du SLL était en moyenne pour les patients souffrant de TOC de 40,5 +/-52,2 minutes. Près de 28,5% des patients, soit 4 présentaient un trouble de l’initiation du sommeil avec une latence de survenue du SLL supérieure ou égale à 30 minutes. Parmi ces derniers, 3 avaient une latence de plus de 60 minutes dont un avec une latence maximale de 201,5 minutes. Par ailleurs, 3 sur ces 4 patients étaient sous traitement psychotrope. Concernant les 71,5% patients, soit 10 avec une latence de survenue du SLL inférieure à 30 minutes, 7 étaient sous traitement psychotropes avec parmi eux, 4 qui avaient une latence du SLL inférieure à 15 minutes. Concernant la latence de survenue du SLP, elle a été calculée à partir du premier épisode de SLL. Elle était en moyenne de 29,5 +/-24,6 minutes pour l’ensemble des patients TOC. Près de 57,1% soit 8 d’entre-eux, présentaient un retard de survenue du SLP avec une latence de survenue supérieure à 20 minutes. Parmi eux, 2 avaient une latence du SLP respectivement à 58 et à 103 minutes et 6 étaient sous traitement psychotropes. Ce retard de latence du SLP s’était fait pour 2 patients au profit d’une latence raccourcie du REM (patients 1 et 9, tableau 16). La durée et la proportion du SLL, étaient en moyenne respectivement de 218,3 +/- 52,1 minutes et de 56,8 +/-10,2% pour les patients atteints de TOC. Près de 50% soit 7 patients avaient une proportion de SLL anormalement élevée à plus de 60%. Parmi eux, 4 avaient une proportion à plus de 65%. Tous étaient sous traitements psychotropes. Cette élévation de proportion du SLL s’était faite pour 4 patients au détriment du REM, pour 1 au détriment du SLP et pour 2 à la fois au détriment du SPP et surtout du REM. Concernant la durée et la proportion du SLP, elles étaient en moyenne respectivement de 99,9 +/- 26,0 minutes et de 26,8 +/- 8,8%. Près de 35,7%, soit 5 patients avaient une faible proportion de SLP inférieure à 20%, dont le minimum atteignait 11%. Pour 2 d’entre-eux, cette diminution du taux de SLP s’était faite au profit d’une proportion plus élevée de REM (patients 1 et 14, tableau 16). Parmi ces 5 patients avec une faible proportion de SLP, 3 étaient sous traitement psychotrope. Dans ce sens, 50% des patients, soit 7 avaient au contraire une forte proportion de SLP au détriment de la proportion du REM. Parmi eux, 6 étaient sous traitement psychotrope. Aussi bien pour le SLL et le SLP, aucune corrélation positive ou négative significative n’a été retrouvée avec les scores des échelles psychométriques (Y-BOCS, MADRS, EGF avec p > 0,3) et les scores des échelles d’évaluation subjectives du sommeil (Epworth, Pichot, qualité veille et sommeil avec p > 0,1). Par ailleurs, aucun lien significatif n’a été retrouvé aussi bien pour le SLL et le SLP avec le rythme veille sommeil (heure d’endormissement, L5 onset, heure de réveil, PTS, latence d’endormissement avec p > 0,2). Dans ce sens, la comparaison 111 des moyennes des paramètres du SLL et SLP entre le groupe « retard de phase » et « nonretard » de phase n’a contribué à rien de significatif (p > 0,7). 3.2.1.4 Sommeil paradoxal (REM) Les caractéristiques sont décrites dans le tableau 17. Tableau 17: sommeil paradoxal (REM) des patients atteints de TOC Numéro patients lat REM (min) T REM (min) patient 1 23,5 153,0 patient 2 / 0,0 patient 3 123,5 13,0 patient 4 / 0,0 patient 5 84,3 48,0 patient 6 270,5 62,0 patient 7 69,5 60,0 patient 8 74,5 139,0 patient 9 49,0 30,0 patient 10 229,0 69,0 patient 11 349,0 34,0 patient 12 245,2 98,0 patient 13 283,0 46,0 patient 14 115,0 207,0 moyenne 136,9 68,5 écart-type 115,8 61,0 Minimum 0,0 0,0 Maximum 349,0 207,0 médiane 99,7 54,0 EN "rouge gras"=anomalies sommeil REM A répartition=anomalies répartition REM (Oui=O, Non=N) prop REM%=proportion sommeil paradoxal en % Ttt actuel=traitement actuel N épisodes REM prop REM % A répartion A S.REM Ttt actuel Y-BOCS 4,0 39,1 O O N 32,0 0,0 0,0 / N O 28,0 2,0 4,0 N N N 33,0 0,0 0,0 / N O 27,0 2,0 15,0 O O O 23,0 1,0 16,9 N N O 25,0 3,0 14,1 O O O 26,0 4,0 28,1 N O N 26,0 3,0 10,6 N O O 29,0 4,0 17,5 N N O 24,0 2,0 7,3 N N O 25,0 2,0 21,9 N N O 26,0 2,0 10,8 N N O 24,0 3,0 42,5 N O N 26,0 2,3 16,3 21,4% O 42,9% O 71,4% O 26,7 1,3 13,0 N=3 N=6 N=10 2,9 0,0 0,0 23,0 4,0 42,5 33,0 2,0 14,6 26,0 sommeil REM=sommeil "Rapid Eyes Mouvement" (paradoxal)=sommeil paradoxal lat REM=latence de survenue du sommeil paradoxal (REM) en minutes N épisode REM=nombre épisode de sommeil paradoxal ou cycles de sommeil A S.REM= anomalies de sommeil paradoxal (REM), toutes confondues (Oui=O, Non=N) La quantité de REM était normalement plus élevée en fin de nuit. Or, 21,4% des patients, soit 3, avaient une anomalie de la répartition du REM, avec une proportion plus importante en début de nuit. 2 d’entre-eux avaient un traitement psychotrope. La latence de survenue du REM était pour les patients atteints de TOC en moyenne de 136,9 +/- 115,8 minutes. Environ 42,8% des patients, soit 6 avait un retard de la latence de survenue du REM avec une latence supérieure à 110 minutes. Quasiment tous ceux (soit 5) ayant ce retard étaient sous traitement psychotrope. Environ 14,2% des patients, soit 2, avait une latence de survenue du REM raccourcie avec une latence inférieure ou égale à 60 minutes. Dans ce sens, le patient 1 (figure 52) présentait une latence du REM à 23,5 minutes avec en 112 plus une anomalie de la répartition du REM et le patient 9 une latence à 49 minutes, sans anomalie de la répartition du REM figure. Figure 52: Hypnogramme patient 1 Le patient 1 n’avait pas de traitement psychotrope tandis que le patient 9 en avait un. Par ailleurs, la latence du REM était corrélée significativement avec le score de la Y-BOCS (R = 0,586 ; p = 0,0347) (figure 53), autrement-dit, plus la pathologie TOC est sévère, plus la latence de survenue du REM est courte. En revanche la latence REM n’était pas corrélée significativement avec les autres paramètres psychométriques (EGF et MADRS avec p > 0,37) et d’évaluations du sommeil (Epworth, Pichot, qualité veille/réveil et sommeil avec p > 0,4). Le lien avec les autres paramètres du rythme veille-sommeil (l’heure d’endormissement, le L5 onset, l’heure de réveil, la latence d’endormissement, PTS), était absent. Par ailleurs, la comparaison des moyennes de latence du REM entre le groupe retard de phase et non-retard de phase qui n’a contribué à rien de significatif (P > 0,1). 113 Figure 53 : Corrélation latence REM et Y-BOCS, régression linéaire 400 latence REM (min) 350 300 250 200 150 100 50 0 20 22.5 25 27.5 30 32.5 35 37.5 40 Y-BOCS latence REM (min) = 645.919 - 19.056 * Y-BOCS; R^2 = .231 La proportion moyenne de REM était pour les patients TOC respectivement d’environ 16,3 +/-13%. 14,2% soit 2 patients avaient une absence totale de REM. Ces derniers avaient un traitement psychotrope. Près de 57,1% soit 8 patients avaient une proportion diminuée avec une proportion < 20%, la plupart au profit de la proportion du SLP. La majorité d’entre-eux, soit 7 étaient sous traitement psychotrope. En revanche, 21,4% soit 3 patients avaient une proportion de REM augmentée à 28,1% pour le patient 8, à 39,1% pour le patient 1 et à 42,5% pour le patient 14. Cette augmentation du REM s’étaient faite au détriment de la proportion du SPP pour les patients 1 et 14. Tous n’avaient aucun traitement psychotrope. Par ailleurs, aucune corrélation positive ou négative significative n’a été retrouvée avec les scores des échelles psychométriques (Y-BOCS, MADRS, EGF avec p > 0,2). Dans ce sens, aucune corrélation telle quelle soit de significative n’a été retrouvée avec les paramètres du rythme veille-sommeil (heure d’endormissement, de réveil, L5 onset, latence d’endormissement, PTS avec p > 0,3). 114 Au total, près de 42,9% soit 6 patients avaient une trouble du REM (troubles tout confondus : répartition, latence, proportion). La majorité d’entre-eux, soit 5 ne présentaient qu’un trouble du REM (latence ou répartition ou proportion), alors que le patient 1 regroupait à lui tout seul tous les troubles du REM (à la fois la répartition, la latence et la proportion) et les troubles du sommeil léger qui en découlaient (diminution de la proportion du SLL et surtout du SLP). Le patient 1 était aussi un des plus sévèrement atteints pour ses TOC (YBOCS à 32), avec en revanche un des scores les plus bas à la MADRS (MADRS à 7) et n’avait pas de traitement psychotropes. Les caractéristiques de l’architecture du sommeil du patient sont résumées dans l’hypnogramme ci-dessous (figure 52). 3.2.2 Fragmentation du sommeil Elle a été étudiée par la polysomnographie. Les paramètres relevés concernant la fragmentation du sommeil étaient la « proportion d’éveil », « de sommeil », « la durée » et « l’index des éveils nocturnes » par heure (Index éveils= nombre éveils/PTS*60), le Temps Total de sommeil (= PTS - durée des éveils) et « l’efficacité du sommeil » (ou ESI = TTS/TAL). Les caractéristiques sont résumées dans le tableau 18. Tableau 18 : Etude de la fragmentation du sommeil les patients souffrant de TOC (polysomnographie) Numéro patients lat S PTS patient 1 201,5 471,0 patient 2 90,5 387,0 patient 3 16,5 345,0 patient 4 34,3 456,0 patient 5 6,2 362,0 patient 6 71,0 391,0 patient 7 9,5 505,0 patient 8 28,2 613,0 patient 9 27,5 332,0 patient 10 13,0 497,0 patient 11 16,0 490,0 patient 12 14,5 478,0 patient 13 12,5 515,0 patient 14 26,0 514,0 moyenne 40,5 454,0 écart-type 52,2 79,9 Minimum 6,2 332,0 Maximum 201,5 613,0 médiane 21,3 474,5 lat S=latence sommeil ou survenue stade N2: minutes PTS= Période Totale de Sommeil en minutes TTS= Temps Total de Sommeil en minutes TTS 393,0 310,0 328,0 267,0 324,0 367,0 426,0 496,0 288,0 394,0 472,0 450,0 427,0 488,0 387,9 75,7 267,0 496,0 393,5 T éveils prop éveil efficacité S index éveil Ttt actuel Y-BOCS 78,0 16,6 57,0 2,8 N 32,0 77,0 20,0 63,0 5,7 O 28,0 17,0 5,0 91,0 4,5 N 33,0 189,0 41,0 52,0 5,5 O 27,0 38,0 10,0 88,0 4,3 O 23,0 24,0 6,0 74,0 2,0 O 25,0 79,0 16,0 83,0 5,8 O 26,0 117,0 19,0 81,0 2,2 N 26,0 44,0 13,0 80,0 6,7 O 29,0 103,0 21,0 76,0 2,4 O 24,0 18,0 4,0 93,0 2,9 O 25,0 28,0 6,0 89,0 4,9 O 26,0 88,0 17,0 79,0 6,8 O 24,0 26,0 5,0 90,0 2,9 N 26,0 66,1 14,0 78,0 4,2 71,43% O 26,7 48,7 10,0 13,0 1,7 N=10 2,9 17,0 4,0 52,0 2,0 23,0 189,0 41,0 93,0 6,8 33,0 60,5 14,0 81,0 4,4 26,0 T éveils= durée éveils: minutes T éveil=durée éveils en minutes prop éveils= proportion éveils en % (TTS/PTS) anomalies en rouge efficacité S= efficacité sommeil en % (TTS/TAL) 115 L’index d’éveils nocturnes moyen était chez les patients de 4,2 +/- 1,7 par heure, ce qui était à la limite de la normale (index éveil < 5). La proportion moyenne des éveils nocturnes était quand à elle, de 14,0 +/- 10%, affichant une proportion élevée par rapport à la norme (proportion éveil < 10%). Près de 57,14 % soit 8 patients, présentaient un trouble du maintien du sommeil avec une proportion d’éveils supérieure à 10%. Les trois-quarts étaient sous traitement psychotrope. L’efficacité du sommeil moyenne était là-aussi abaissée par rapport à la norme (< 90%), à environ 78,0 +/- 13%. 50% avaient une efficacité du sommeil inférieure à 80% et tous, à l’exception d’1 étaient sous traitement psychotrope. En intégrant à la description de l’efficacité du sommeil les paramètres évaluant l’aspect qualitatifs du sommeil, tels que la qualité de veille et d’éveil, du sommeil, l’échelle d’Epworth et de Pichot, il a pu être objectivé des insomnies (patients soulignés en rouge sur le tableau 19). En effet, l’insomnie est avant tout une plainte subjective. Une efficacité diminuée du sommeil ne peut objectiver une insomnie que s’il y a une plainte associée sur la qualité du sommeil mais aussi de la vie diurne. Tableau 19: Efficacité du sommeil et aspect qualitatif sommeil chez les patients TOC Numéro patients patient 1 patient 2 patient 3 patient 4 patient 5 patient 6 patient 7 patient 8 patient 9 patient 10 patient 11 patient 12 patient 13 patient 14 efficacité S efficacité S A efficacité S 57,0 77,0 98,0 63,0 62,2 91,0 67,4 100,0 52,0 74,7 48,0 88,0 69,0 78,0 74,0 80,4 79,0 83,0 89,5 92,0 81,0 78,8 82,0 80,0 81,1 73,0 76,0 74,2 93,0 46,5 53,0 89,0 72,8 100,0 79,0 77,7 71,0 90,0 63,0 93,0 Epworth 5,0 15,0 13,0 18,0 5,0 6,0 8,0 15,0 3,0 6,0 16,0 17,0 15,0 2,0 Pichot 4,0 17,0 13,0 19,0 7,0 3,0 19,0 21,0 21,0 9,0 25,0 21,0 18,0 11,0 Q sommeil 8,9 Q éveil 8,4 5,1 4,4 7,9 8,8 4,8 4,4 8,6 9,2 7,3 6,5 2,3 4,0 5,1 6,4 Ttt actuel N O N O O O O N O O O O O N En considérant les efficacités du sommeil inférieures à 80% (au moins dans l’un des trois examens polysomnographie et/ou agenda et/ou actimètre), avec les scores de Pichot, Epworth, qualité veille et sommeil, déjà bien étroitement corrélés entre-eux, il a été dépisté près de 50% d’insomnie soit 7 patients en tout. 116 Aussi bien pour le nombre et proportion d’éveils nocturnes ainsi que l’efficacité du sommeil, aucune corrélation positive ou négative significative n’a été retrouvée avec les scores des échelles psychométriques (Y-BOCS, MADRS, EGF avec p > 0,3) et les scores des évaluations subjectives du sommeil (Pichot, Epworth, qualité éveil et sommeil avec p > 0,2). De même, aucune corrélation positive ou négative significative n’a été retrouvée avec les paramètres du rythme veille-sommeil (heure d’endormissement, de réveil, latence d’endormissement, L5 onset, PTS avec p > 0,2). Dans ce sens, la comparaison des moyennes entre les groupes « retard de phase » et « non-retard de phase » n’a contribué non-plus à rien de significatif (p > 0,2). 3.2.3 Discordances visions subjectives (agenda) et objectives de l’actimètre Pour chaque patient, les « discordances » ont été repérées pour les paramètres « heure de réveil » (H Réveil), « heure d’endormissement » (H Endorm) et durée d’éveils nocturnes (T Eveils). Sont considérées comme discordances une différence en valeur absolue entre données agenda et actimètre supérieure à 15 minutes pour l’heure de réveil, à 30 minutes pour l’heure d’endormissement et à 45 minutes pour la durée des éveils nocturnes. La somme des discordances est rapportée pour chaque patient dans le tableau 20. Tableau 20: Discordances agenda/actimètre chez les patients TOC Numéro patients patient 1 patient 2 patient 3 patient 4 patient 5 patient 6 patient 7 patient 8 patient 9 patient 10 patient 11 patient 12 patient 13 patient 14 moyenne écart-type H.Réveil H.endorm T.éveils Total discor 3 10 12 25 2 5 14 21 12 13 6 31 8 4 6 18 5 1 4 10 9 2 5 16 7 2 8 17 9 6 6 21 6 1 6 13 11 8 14 33 13 8 9 30 0 4 14 18 7,1 5,3 8,7 21,1 4,1 3,8 3,8 7,3 Les « discordances étaient en moyenne plus nombreuses pour la durée des éveils nocturnes. Près de 50% des patients soit 6 avaient un nombre de discordances supérieures ou égales à 20. 117 Aussi bien pour l’heure de réveil d’endormissement que pour la durée des éveils nocturnes, aucune corrélation positive ou négative significative n’a été retrouvée avec les scores des échelles psychométriques (Y-BOCS, MADRS, EGF avec p > 0,3) et les scores des évaluations subjectives du sommeil (Pichot, Epworth, qualité éveil et sommeil avec p > 0,1). 3.3 Discussion Dans cette partie les principaux points des résultats de cette étude ont été synthétisés, puis confrontés à la littérature existante. Puis, les points forts et les limites de cette étude ont été exposés. 3.3.1 Synthèse Ce travail a permis d’une part d’étudier surtout le rythme veille sommeil des patients souffrant d’un TOC sévère sans dépression associée (MADRS<16) et ce de manière subjective par l’agenda et objective par l’actimètre. D’autre part, il a permis d’apprécier les composantes qualitatives du sommeil. Par ailleurs, il a permis de décrire la structure du sommeil pour repérer l’existence d’un éventuel lien avec le rythme veille-sommeil et ses troubles, et de proposer un dépistage des discordances entre les données subjectives que le patient a inscrit sur l’agenda du sommeil et celles objectives de l’actimètre. Au total, sur le plan subjectif et qualitatif, la plupart des patients souffrant de TOC se plaignent de somnolence, de fatigue et sont peu satisfaits de leur qualité de veille et de sommeil. Dans ce sens, ces plaintes sont toutes corrélées entre-elles. Sur le plan du rythme veille-sommeil les sujets TOC sont plutôt vespéraux et long dormeurs, avec une proportion moyenne plus importante que la population générale française au point où ils présentent un décalage de phase par rapport à ces derniers. La plupart des patients de cette étude présente un trouble de l’endormissement avec là-aussi une proportion moyenne plus importante que la population générale. Par ailleurs, certains des patients étudiés présentaient un trouble du rythme circadien qui était uniquement un retard de phase du sommeil. Concernant toutes ces caractéristiques comme le retard de phase entre-autre, aucun lien significatif n’a été retrouvé avec la sévérité des TOC, la thymie le fonctionnement 118 globale ainsi qu’avec les plaintes sur la fatigue, la somnolence et la qualité de veille et de sommeil. Sur le plan de l’architecture ou structure du sommeil, les patients TOC avaient plutôt un nombre de cycles de sommeil diminué. La proportion et latence de leur sommeil lent et léger avaient tendance, pour la majorité d’entre eux à être augmenté et supérieure à la normale, ainsi que pour le sommeil lent et profond. Certains avaient au contraire une légère diminution de la proportion du sommeil léger et une forte diminution de sommeil profond. Sur le plan du sommeil paradoxal (REM), certains avaient soit une latence de sa survenue diminuée, soit une augmentation anormale de sa proportion ou soit une répartition inversée avec une quantité plus importante en début de nuit. Un patient regroupait même toutes ces anomalies (patients 1, figure 52). D’autres avaient au contraire, une latence de la survenue du sommeil REM augmentée anormalement avec une proportion nettement diminuée par rapport à la normale, voire pour certains d’entre-eux une absence totale de sommeil REM. Une corrélation négative significative avait été retrouvée entre la latence de survenue du sommeil REM et la sévérité des TOC (score Y-BOCS). Hormis ce résultat, l’existence d’autres liens entre les paramètres psychométriques (Y-BOCS, MADRS, EGF, Epworth, Pichot, qualité de veille et de sommeil) et les paramètres « structures du sommeil » (SLL, SLP, efficacité sommeil, proportion, nombre et durée d’éveils), n’a pas été retrouvée. Par ailleurs, leur sommeil était plus fragmenté que la normale avec un trouble de la continuité du sommeil et par conséquent une efficacité du sommeil diminuée et donc une diminution du Temps total de Sommeil (TTS). Dans ce sens, en y adjoignant les plaintes subjectives sur la somnolence, la fatigue, la qualité de veille et de sommeil, il a été retrouvé une insomnie pour près de la moitié des patients souffrant de TOC. L’existence d’un lien entre la structure du sommeil et le rythme veille-sommeil notamment leurs troubles comme par exemple le lien entre sommeil REM et le retard de phase n’ont pas été retrouvés. Tous les patients ont présentés des discordances entre leurs données subjectives sur l’agenda du sommeil et les données objectives de l’actimétrie. Les discordances étaient plus nombreuses sur les éveils nocturnes souvent sous-estimés. Près de la moitié d’entre-eux avaient plus de 20 discordances. Aucun lien n’a été retrouvé entre le nombre de discordances pour chaque paramètre et la sévérité des TOC (Y-BOCS), la thymie (MADRS), le 119 fonctionnement global (EGF), la qualité de veille et de sommeil, la somnolence (Epworth) et la fatigue (Pichot). 3.3.2 Confrontation à la littérature Les résultats concernant l’aspect qualitatif du sommeil, le rythme veille-sommeil, la structure du sommeil et la comparaison actimètre et agenda vont être successivement confrontés à la littérature existante. 3.3.2.1 Aspect qualitatif du sommeil Les plaintes des patients par rapport à leur qualité de sommeil ont aussi été retrouvées avec à peu près la même proportion dans l’étude d’Insel et al [131]. Les patients avaient dans leur étude, pour la plupart des difficultés à aller au lit et avaient plus d’éveils nocturnes du fait pour certains de leurs rituels. L’étude d’Insel et al., était la seule avec celle de Turner et al., à évaluer les plaintes subjectives des patients [131, 149]. Cependant, les types d’évaluation n’étaient pas précisés dans cette étude, et donnaient l’impression que les plaintes étaient plus relevées dans le cadre d’un entretien clinique peu standardisé n’utilisant aucune échelle validée. De ce fait les données sur la somnolence (Epworth), la fatigue (Pichot) n’ont pas pu être discutées avec la littérature. Nous avons essayé d’apporter quelques explications sur les résultats retrouvés par les différentes méthodes d’évaluation qualitatives du sommeil. Concernant l’évaluation de la qualité du sommeil et veille-éveil sur l’agenda, les patients étaient en moyenne plus nombreux que la population générale à être peu satisfaits de leur sommeil. En effet, les patients souffrant d’un TOC ont, de par leur anxiété accrue, tendance à plus se plaindre et à s’inquiéter de leur sommeil que la population générale. Il aurait été intéressant de voir si cette plainte sur la qualité de veille et sommeil était plus retrouvée chez certains types de TOC, comme par exemple ceux avec des obsessions et compulsions sur le thème somatique. Quant à la somnolence évaluée par l’échelle d’Epworth, la proportion moyenne élevée de plaintes par rapport à celle de la population générale peut en partie être expliquée par les 120 traitements. En effet, 71,4% des patients se disant somnolents étaient sous traitements psychotropes et la plupart sont réputés pour induire une baisse de la vigilance. Pour « la fatigue » évaluée par l’échelle de Pichot, là aussi, la proportion moyenne plus élevée que dans la population générale pouvait aussi être imputée aux traitements psychotropes. De plus, certains types de rituels peuvent amener aussi à cette fatigabilité, mais cela n’a pas été détaillé dans notre étude. On pourrait penser à un lien de tous ces paramètres et de l’impact social avec la sévérité des TOC mais cela n’a pas été le cas. Le petit échantillon, contribuait probablement à ce résultat ainsi que l’échelle EGF qui n’était pas une des plus complètes pour évaluer l’aspect social. Le lien retrouvé entre le score à l’échelle de Pichot et la MADRS peut être expliqué par le fait que l’échelle de Pichot emprunte beaucoup d’éléments qui sont déjà propres à la dépression donc à la MADRS. Par ailleurs l’absence de lien entre le score à la MADRS et les autres évaluations sur le sommeil (Epworth, qualité de veille et sommeil) peuvent se comprendre par le fait que les patients de notre étude présentaient déjà un score faible à la MADRS et n’étaient donc pas dépressifs. Il est à préciser que la MADRS présentait une corrélation positive significative avec le score de la Y-BOCS, mais un ajustement sur le plan statistique a confirmé l’indépendance de ces deux variables et par conséquent a permis de bien confirmer l’absence de lien entre la sévérité des TOC ou la Y-BOCS avec le score de fatigue évalué par l’échelle de Pichot. Concernant ensuite les liens des paramètres de sommeil entre-eux, il ne semble pas exister de travaux les ayant étudiés. Le lien significatif entre le score de Pichot et d’Epworth où plus les patients souffrant de TOC étaient fatigués, plus la somnolence était accrue, fait à nouveau rediscuter la différence entre la somnolence et la fatigue. Pourtant ce lien a été retrouvé dans notre étude, et peut nous amener à la confusion entre la fatigue et la somnolence. La seule explication que nous parvenons à faire est le traitement psychotrope qu’ont la plupart de ces patients présentant une plainte de somnolence et de fatigue. Dans ce sens 70% patients traités présentant cette plainte, étaient sous anxiolytiques et antipsychotiques, traitements qui sont connus pour jouer sur la vigilance mais aussi sur la fatigue. 121 3.3.2.2 Rythme veille-sommeil Aucune étude n’a été faite jusqu’à maintenant concernant le rythme veille-sommeil chez les TOC. Seules deux études [145, 149] traitent le versant pathologique (retard de phase) du rythme circadien chez les patients TOC. De plus, ces derniers n’ont pas utilisés d’agenda du sommeil et/ou d’actimètre pour repérer les retards de phases mais se sont plutôt basés sur les critères DSM IV [145, 149] et sur l’évaluation rétrospective des aspects qualitatifs du rythme veille-sommeil et par l’échelle PSQI [149]. Les patients TOC ne se couchaient et s’endormaient en moyenne pas plus tard que la population générale mais étaient en moyenne plus nombreux à être vespéraux ou du soir et à présenter un trouble de l’initiation du sommeil. Concernant le trouble de l’endormissement chez les TOC, ce résultat a été retrouvé dans un travail de Uhde [168] sur le sommeil chez les troubles anxieux tous confondus. Ce résultat a été aussi retrouvé, de manières peu significatives, dans les études sur la polysomnographie chez les TOC [131, 147], en sachant que ces études ne reposaient que sur une nuit contre quatorze pour la notre. Ce trouble de l’initiation du sommeil et cette tendance à la vespéralité pouvaient être liés éventuellement à des compulsions ou rituels effectués à une heure plus tardive [168] le soir bien que le lien avec la sévérité de la maladie ne soit pas confirmé. Néanmoins, le critère de sévérité de la maladie selon la Y-BOCS est basé non pas sur un moment précis de la journée comme la nuit, mais sur un nombre d’heure minimale pour effectuer les rituels. Les éventuels rituels, pouvant retarder le coucher et l’endormissement, n’avaient cependant pas été relevés et détaillés dans notre étude. Dans ce sens, les patients souffrant de TOC étaient plus nombreux que la moyenne générale à se lever tard, d’où l’effectif moyen plus important de la tendance à la vespéralité chez les TOC. Les traitements pouvaient aussi avoir leur part de responsabilité concernant du moins la tendance à se réveiller et se lever plus tard, bien que nous n’ayons pas la notion de l’heure et de la fréquence de prise des traitements. L’arrêt d’activités professionnelles pour la majorité des patients, pouvait aussi contribuer à cette tendance « lève tard » dans notre étude. L’effectif important de patients « long dormeur » était en discordance avec l’étude de Voderholzer et Robinson [146, 148]. Ces auteurs trouvaient que la PTS avait tendance à être plus courte chez les sujets TOC par rapport aux sujets volontaires sains. Cependant, il s’agissait d’enregistrement polysomnographique sur deux nuits en laboratoire. Cette considération permet d’expliquer cette différence du fait d’un effet adaptation au laboratoire 122 pouvant aller jusqu’à 3 nuits [153]. Le facteur « traitement » et « travail » étaient aussi à prendre en considération car près de 75% des « longs dormeurs » étaient sous psychotropes, et pour la plupart sans activité professionnelle. Au final cette étude de rythme veille-sommeil nous avait permis, en plus de définir une chronotypologie des patients souffrant TOC, de leur dépister un trouble du rythme circadien. Aussi, un retard de phase a été retrouvé chez près de 35,7% de nos patients atteints de TOC. Ceci est près de 35 fois plus élevé que la prévalence internationale (0,17% à 0,72%) [169]. La prévalence est plus élevée chez les adolescents à 7,3% [170] et aussi chez les enfants à 10% [171]. Peu d’études examinant avec précision le retard de phase chez les patients souffrant d’un trouble psychique, existent et encore moins chez les TOC. Elles sont au nombre de deux [145, 149]. Une étude rétrospective [145] et une prospective [149] portant toutes deux chez les TOC sévères. La proportion de patients souffrant de TOC avec retard de phase était respectivement de 17% [145] et 42% [149]. Nous n’avions pas retrouvé d’impact du retard de phase sur le score de l’adaptation sociale où les moyennes du score à l’EGF groupe « retard de phase » versus « non-retard de phase », ne présentaient pas de différences significatives. Il en était de même pour leur niveau d’étude. Cependant, nous avions retrouvé comme l’étude de Mukhopadhyay et al., [145] de manière très significative, que les patients « retard de phase » étaient plus nombreux à être au chômage que les patients « non-retard de phase ». Par ailleurs, l’effet du retard de phase sur la somnolence chez nos patients souffrant de TOC et le lien avec la sévérité de la maladie n’ont pas été retrouvés. Pourtant, les études de Mukhopadhyay et de Turner retrouvaient ces liens [145, 149]. La différence de nos résultats par rapport à l’étude de Mukhopadhyay et al., pouvait s’expliquer par le fait qu’il s’agissait d’une étude rétrospective. Nous savons qu’une étude rétrospective a moins d’impact qu’un étude prospective. De plus, dans leur étude, le lien avec la sévérité des TOC retrouvé était seulement une tendance non significative (p = 0,071), et l’instrument d’évaluation utilisé à cet effet, la CAC, ne permettait pas une aussi bonne différenciation de la sévérité de la maladie que la Y-BOCS que nous avions employé [7]. Pour la somnolence en journée, ce fait pouvait être expliqué par une forte proportion par rapport à notre étude de patients sous benzodiazépine. Concernant l’impact social, l’étude de Mukhopadhyay [145], n’a pas vraiment utilisé d’échelle évaluant l’aspect social mais s’est contenté de comparer la proportion de sujets au chômage entre le groupe « retard de phase » 123 et « non retard de phase ». Ce résultat, comme nous l’avons vu précédemment, allait dans le sens de notre étude. Par rapport à l’étude de Turner [149], qui était prospective, la différence réside dans l’évaluation sociale. Ils avaient employé une échelle plus complète qui était le Sheehan Disability Scale. Il s’agit d’un instrument d’auto-évaluation mesurant les troubles de fonctionnement au travail, dans la famille et la vie sociale et proposant de ce fait un degré d’incapacité [172]. Concernant la sévérité des TOC, la différence pouvait s’expliquer d’une part, par le fait que le groupe de patients avec « retard de phase » souffraient d’un TOC plus sévère (Y-BOCS à 32,4 +/- 3,5) que celui de notre étude (Y-BOCS à 27,0 +/- 3,8). D’autre part, notre étude ne comportait que 5 sujets présentant un « retard de phas »e (13 dans celle de Turner) et qui plus est, étaient comparés à un effectif plus important soit 10 patients « non retard de phase », ce qui rendait notre comparaison peu aisée. Une autre explication résidait aussi dans le test statistique employé dans l’étude de Turner [149]. En effet, ils avaient employé pour comparer les deux moyennes des groupes « retard de phase et « non-retard de phase», le t test non-apparié alors qu’un test non-paramétrique tel que le U-Mann Whitney aurait plutôt été préconisé en raison du petit échantillon qui implique en général une distribution ne suivant pas de loi normale. Dans notre étude, nous n’avions pas retrouvé de moyenne à la MADRS plus élevé pour le groupe « retard de phase » tout en sachant que nos patients sélectionnés n’étaient pas dépressifs. Ce résultat allait aussi dans le sens de l’étude de Turner [149] mais à l’encontre de celle de Mukhopadhyay et al., [145]. Ces derniers stipulaient que les patients souffrant de TOC étaient dépressifs par le seul fait de prendre un antidépresseur. Or nous savons que le traitement usuel du TOC repose sur la prescription d’un antidépresseur. Cependant une étude de 33 patients avec un retard de phase [173] rapportait que près de 75% d’entre-eux étaient ou avaient été dépressif. Dans ce sens, 4 de nos 5 patients « retard de phase » présentaient un antécédent de dépression après le début de leur TOC. De plus, chez 14 des 22 adolescents avec un retard de phase, Thorpy et al., [174] avaient retrouvé un trouble dépressif et avaient suggéré un trouble psychique comme cause primaire du retard de phase. Weitzman et al., [175] pensaient au contraire que les troubles psychiques étaient plutôt une conséquence qu’une cause du retard de phase. Certains auteurs rapportaient aussi des retards de phases chez 2 schizophrènes, 1 trouble bipolaire, 4 dépressions chroniques, et 6 troubles de la personnalité [175]. De plus, il aurait pu être intéressant comme dans les deux travaux sur le retard de phase dans les TOC [145, 149], de s’intéresser à l’éventuelle interférence du début du développement des 124 TOC sur l’apparition d’un retard de phase. Concernant une éventuelle prévalence sur le sexe, cela n’a pas été retrouvé dans ces études, et il aurait été difficile pour nous de confronter ce résultat sachant que nos patients souffrant de TOC recrutés étaient en partie des femmes. Par ailleurs, ces deux études avaient utilisés le critère DSM-IV sans le critère C7. Ce critère exigeait un endormissement après 1 heure du matin et un réveil après 10 heures du matin Notre étude s’est plutôt centrée sur les critères de l’ICSD-r qui met plutôt l’accent sur un délai d’endormissement de plus d’une heure, avec bien entendu une heure de coucher tardive dans les alentours de minuit. Les patients 5 et 14 étaient aussi retenus pour un retard de phase bien que leur heure d’endormissement soit à minuit. Le paramètre L5 Onset a justement contribué à cette sélection. En effet, ce paramètre était pour ces deux patients respectivement élevé à 1 heure du matin et 2 heures 55 du matin. Le L5 Onset représente la période des cinq heures d’hypoactivités minimales. Il est par conséquent certainement représentatif du sommeil profond. Il a été utilisé dans plusieurs études [176, 177], notamment sur l’aglomélatine (un succédané de la mélatonine) chez les patients dépressifs [108].Contrairement à ces études, nous nous sommes penchés sur l’heure de début du L5 onset. Dans ce sens, nous nous sommes aperçus d’une corrélation significative très étroite avec l’heure d’endormissement, ce qui présage que plus le patient s’endort tard, plus l’activité cesse tard et plus tard vient le sommeil profond. Comme nous savons que le sommeil profond est surtout en début de nuit et vient rapidement après l’endormissement, ce paramètre pourrait donc être une alternative voire un outil à part entière pour repérer des retards de phases. Des études ultérieures sur un nombre plus important de patient permettraient d’étayer ce résultat. Dans ce sens, d’après le graphique 3, nous avons constaté que la répartition des patients atteints de TOC se faisait audelà d’ 1 heure du matin. Ceci pourrait faire présager d’un nombre de retard bien plus important qu’il n’y paraît chez nos patients. Ainsi, en plus des utilisations de ces critères diagnostics, notre étude a été plus loin dans la détection des retards de phase par rapport à ces deux précédentes études grâce au couplage actimètre et agenda. Concernant le traitement, 3 des 5 patients « retard de phase » étaient sous traitements antidépresseur. Dans ce sens, il a été rapporté que la fluvoxamine contrairement à la clomipramine ou la fluoxétine [178] causait un syndrome de retard de phase. Hermish et al stipulaient que l’induction de trouble du rythme circadien par la fluvoxamine résultait d’un effet de l’action du traitement sur le lien entre la sérotonine centrale et la mélatonine, autrement dit sur l’impact qu’ont ces traitements sur le niveau de sécrétion de la mélatonine [178],[179]. Des études prospectives seraient donc souhaitables dans le futur pour confirmer 125 l’influence des psychotropes dans le rythme veille-sommeil chez des patients sains. Aucun de nos patients « retard de phase », n’étaient sous fluvoxamine. Toujours est-il est que cette proportion importante de retard de phase chez nos patients, fait suggérer qu’ils ne sont pas capables de recaler leur propre horloge biologique [175]. Une explication pour la difficulté à produire l’indispensable avance de phase de sommeil chez les individus avec un retard de phase est d’avoir cette exceptionnelle longue période endogène de rythme circadien. Dans une étude sur le rythme circadien spontané chez de jeunes adultes en isolement temporel, la plupart développait un cycle de veille-sommeil autour des 25 heures, mais pour certains sujets, ce cycle pouvait s’étendre jusqu’à 50 heures [173]. La différence entre ces individus était en partie liée au génotype. Quelques-uns de ces gènes impliqués dans la régulation du rythme circadien humain, et dans les formes familiales de retard de phase, étaient associés à la mutation d’un ou plusieurs gènes « clock ». L’âge jeune (contrairement au sexe) est aussi un facteur favorisant le retard de phase (plus fréquent chez les adolescents et les jeunes adultes [173]. Ceci a été dans le sens de notre étude, ou la moyenne d’âge dans le groupe « retard de phase » était sensiblement plus jeune que le groupe « non-retard de phase ». En effet, (voire les tableaux 2 et 11) tous les patients en-dessous de 30 ans de notre étude avaient un retard de phase, soit 4, le cinquième étant le plus âgé (46 ans). Avec notre compréhension sur la régulation du rythme veille-sommeil, nous avons pu émettre l’hypothèse d’un mécanisme expliquant le fait que les TOC sévères pouvaient développer un retard de phase. Les rituels longs ou complexes peuvent rendre les patients confinés à la maison, et par conséquent entraîner un défaut d’exposition à la lumière du matin ce qui entraîne un retard de phase. De plus, l’isolement social, le manque d’activité et la difficulté à préparer un repas régulier pour les patients souffrant de TOC sévères pourraient compromettre le recalage de leur horloge biologique sur la journée. Dans ce sens, il existe des anomalies dans la sécrétion circadienne de la mélatonine chez ces patients. Monteleone et al., [180, 181] ont trouvé un niveau de pic nocturne de la sécrétion de la mélatonine significativement plus bas que chez les sujets contrôles et avec un retard de 2 heures par rapport à ces derniers. La différence était plus prononcée chez les patients avec un TOC plus sévère basé sur les plus hauts scores à la Y-BOCS. Un retard de survenue du pic de mélatonine pourrait produire un retard de phase. Ainsi, ces considérations, pourraient faire penser que la pathologie du TOC serait une pathologie du rythme circadien. Le TOC serait-il cause ou conséquence, autrement-dit 126 précurseur ou conséquence d’un retard de phase? Les deux cas de figures pourraient être possibles, un retard de phase étant souvent associé à une pathologie psychiatrique [173]. Concernant la cause, la physiopathologie des TOC avec les rituels plus prononcés dans les atteintes sévères, pourraient expliquer la survenue d’un retard de phase. Concernant la conséquence, un retard de phase pourrait entraîner un TOC. En effet, les individus souffrant de retard de phase, à cause d’un rythme social imposé (travail) allant à l’encontre de leur propre horloge biologique, pourraient à la longue commencer à développer un trouble anxieux et développer des rituels pour faire face à cette angoisse. Il reste néanmoins difficile de répondre à cette question. Cela nécessiterait la mise en place d’une grande étude épidémiologique chez les retards de phases pour décrire leurs éventuelles comorbidités psychiatriques. - Sachant que le TOC reste encore de nos jours sous-diagnostiqué et que son ébauche peut prendre plusieurs années après les premiers signes (jusqu’à 10 à 20 ans après) [38]-. De plus, l’inclusion dans notre étude d’un plus grand nombre de patients souffrant de TOC ainsi que de volontaires sains sous actimètre et agenda du sommeil permettrait d’étayer cette piste. Une étude sur un lien possible entre les gènes sur les TOC et ceux concernant le retard de phase ne serait pas de trop et permettrait d’étayer la réponse à notre interrogation. Cependant, ces données peuvent nous permettre déjà de mettre l’accent sur l’importance de la lumière et de la mélatonine dans la régulation du rythme veille-sommeil chez les TOC. Ceci peut nous faire suggérer le rôle possible d’un traitement avec un traitement exogène par mélatonine ou encore avec le nouvel antidépresseur à base d’aglomélatine et/ou de la luminothérapie chez nos patients TOC souffrant d’un trouble du rythme circadien. Des recherches ultérieures s’intéressant à ce processus biologique dans le retard de phase chez les TOC seraient à envisager pour mener à de nouvelles perspectives de traitement pharmacologiques. 3.3.2.3 Structure du sommeil Suite à l’hypothèse de la déplétion en sérotonine chez le TOC, nous avons retrouvé des anomalies similaires aux dépressifs chez certains de nos patients [182-184] concernant la structure du sommeil telles qu’une anomalie du sommeil REM et un sommeil fragmenté. Un patient, le numéro un, réunissait toutes ces caractéristiques à la fois comme les dépressifs en sachant que son score à la MADRS était très bas et qu’il n’avait aucun traitement (voire figure). 127 Concernant les anomalies de proportion et de latence des REM, seul un patient était sous traitement (patient 9 avec une latence des REM à 49 minutes). Sinon les anomalies des REM notamment sur la latence de nos patients sans traitements n’étaient pas non-plus expliqués par un effet rebond du sommeil REM. En effet, le rebond du REM peut avoir lieu jusqu’à 6 semaines de sevrage du traitement (ISRS). Les traitements psychotropes de nos patients avaient été arrêtés depuis plusieurs mois. Par ailleurs nos résultats étaient en accord avec 3 des travaux [130, 131, 147] de la littérature existante concernant la structure du sommeil chez les TOC, où ces auteurs retrouvaient une diminution de la latence et une augmentation de la proportion des REM. Nos résultats étaient par contre en contradiction avec 4 autres études [146, 148, 150, 151] qui retrouvaient une macrostructure du sommeil chez les TOC similaires aux sujets volontaires sains. Cependant, tous s’accordaient à dire, comme dans notre étude, que le sommeil chez les patients souffrant d’un TOC était plus fragmenté avec une efficacité du sommeil inférieure à la normale [130, 131, 146-148, 150, 151]. Les raisons de ces divergences peuvent être expliquées par la sévérité de la maladie moins importante dans ces études, mais aussi par un état de stress plus important évalué chez ces patients lors de l’enregistrement polysomnographique en laboratoire. Le sommeil paradoxal est en effet très sensible au stress [153], comme par exemple le fait de dormir pour la première fois en laboratoire. La latence du sommeil paradoxal peut donc être allongée. Ces études ont pourtant pallié à ce fait en faisant un enregistrement sur deux nuits en sachant que l’adaptation peut se faire qu’à la quatrième nuit [153], d’autant que les sujets TOC sont plus anxieux et stressés que la normale. Enfin, n’oublions pas que certains types de TOC comme ceux ayant des obsessions sur la contamination et la propreté peuvent être sujets d’autant plus à ce stress lors d’un enregistrement en laboratoire, par peur d’être contaminé dans un lieu inconnu. C’était pour ces raisons que nous avions proposé sur une nuit un enregistrement en ambulatoire au plus proche de leur condition de vie réelle, en sachant que l’effet première nuit ne semble pas exister en enregistrement ambulatoire [167]. Concernant le lien entre la sévérité de la dépression (score MADRS), cela n’a pas pu être démontré dans notre étude, nos patients n’étant pas dépressifs. Notre lien significatif où plus les TOC étaient sévères, plus leur sommeil REM était de courte latence, a été aussi retrouvé dans l’étude de Kluge et al, 2007 mais pas dans celles de Hohagen, Robinson et Walsleben, Rapoport et Insel [131, 146, 150, 151]. Cette différence [146, 150], était en rapport avec un échantillon de patients souffrant de TOC moins sévères 128 que les nôtres. De plus, leur test statistique (test de corrélation de Pearson) semblait peu adéquat au vu du faible effectif de leur échantillon. Concernant les études Rapoport et d’Insel [131, 147], ces différences pouvaient s’expliquer en plus des raisons statistiques similaires, par l’utilisation d’autres échelles que la Y-BOCS concernant la quantification de la sévérité des TOC. Le fait d’avoir retrouvé ces anomalies concernant le sommeil REM chez les TOC, nous suggère d’après des études sur les animaux, que le sommeil REM est promu par le fonctionnement des cellules cholinergiques du système nerveux central. L’intrication à la fois des neurones sérotoninergiques du raphé et noradrénergiques du locus coerulus sont véritablement inhibés durant le sommeil REM [185-188]. Une latence courte d’apparition des REM pourrait de ce fait signifier une hyperactivité cholinergique ou une hypoactivité aminergique [150]. Devant une diminution de la neurotransmission centrale en sérotonine chez les TOC [189, 190], nous pouvions donc nous attendre à retrouver des anomalies et cette desinhibition du sommeil paradoxal. Au contraire, nous avons trouvé chez certains patients une latence de survenu des REM très allongée ainsi qu’une proportion de ces REM fortement diminuée. Il faut noter que presque tous, à l’exception d’un, étaient sous traitement antidépresseur dont l’effet sur le sommeil est fortement documenté [82]. En effet, les antidépresseurs et d’autant les sérotoninergiques indiqués chez nos patients souffrant de TOC, diminuent voire abolissent le sommeil REM (ce qui est le cas de deux de nos patients 2 et 4) au profit d’une plus forte proportion de sommeil lent et profond. Ils augmentent aussi fortement la latence du sommeil paradoxal. L’explication donnée concernant le patient 3 (n’ayant pas de traitement antidépresseur et ayant un sommeil REM de proportion faible et de survenue tardive), peut être liée soit au stress et/ou soit à une récupération d’une dette de sommeil. Par ailleurs, l’augmentation du sommeil lent et léger a pu être expliquée aussi par le facteur traitement et notamment par la prise de benzodiazépines [82] pris par la plupart des patients exhibant cette anomalie. 129 3.3.2.4 Discordance entre résultats agenda du sommeil et actimétrie chez les patients TOC. Des discordances ont été retrouvées entre les données de l’agenda du sommeil et l’actimètre surtout sur la durée des éveils. Cela allait dans le sens d’une étude faite sur le rythme veille-sommeil [106], où les données entre l’agenda du sommeil et ceux de l’actimètre étaient similaires concernant les paramètres « heure d’endormissement » et « heure de réveil » mais différents concernant « la latence de sommeil », « le nombre et durées d’éveils ». Une étude faite avec les observations d’infirmières chez des patients psychiatriques toutes pathologies confondues, présentait des résultats similaires [116]. Cependant le peu d’études faites sur les comparaisons des données subjectives avec celles de l’actimètre, les biais statistiques et le faible effectif de nos patients ne nous permettent pas de tirer de conclusions. La méthodologie notamment statistique sera à prendre en compte dans des études ultérieures sur la comparaison des données subjectives de nos patients et celles de l’actimètre. 3.3.3 Les points forts et les limites de cette étude 3.3.3.1 Les points forts Notre étude a été la première à avoir décrit le rythme circadien chez les patients souffrant d’un TOC sévère. Elle a eu l’originalité de proposer une description chronotypologique et de repérer les troubles du rythme circadiens chez ce type de patients. Le rythme circadien a en effet été étudié chez les patients souffrant d’un trouble psychique tels que les schizophrènes et les troubles bipolaires [108-113, 115, 117-119], mais pas encore chez les TOC. Par ailleurs, en plus d’avoir étudié le rythme veille-sommeil, nous avions aussi étudié l’architecture du sommeil par un enregistrement polysomnographique ambulatoire pour justement proposer un lien entre les troubles de l’architecture du sommeil et les troubles du rythme veille-sommeil. Concernant l’enregistrement polysomnographique, l’originalité par rapport aux autres études a été de proposer un enregistrement en ambulatoire dans l’environnement du patient pour éviter l’effet nuit au laboratoire bien connue. L’originalité par rapport aux autres études chez les patients atteints de TOC, a été aussi de coupler sur plusieurs jours une évaluation subjective par l’agenda du sommeil à celle 130 objective de l’actimètre. Ces deux instruments pourtant validés [191], n’ont pas encore été utilisées jusqu’à maintenant dans les études sur les patients souffrant de TOC, alors que l’actimétrie est une méthode peu coûteuse pouvant être une alternative à l’enregistrement polysomnographique bien intéressante [188]. L’actimétrie a été pourtant utilisée chez des patients présentant des troubles psychiatriques comme la schizophrénie et les troubles bipolaires [108-113, 115, 117-119]. De plus, concernant les outils d’évaluations du sommeil, nous avons été la seule étude à évaluer la somnolence et la fatigue chez nos patients. Par ailleurs, nos patients ne présentaient pas de trouble dépressifs concomitants. La majorité d’entre-eux présentait un antécédent de dépression, secondaire au TOC. Puis enfin, concernant nos outils d’évaluations, la Y-BOCS pour la sévérité des TOC et la MADRS pour la dépression sont des échelles validées avec une meilleure sensibilité que les autres. 3.3.3.2 Les limites de cette étude 3.3.3.3 Ils résidaient principalement dans la sélection de nos patients. En effet, la plupart des patients étaient sous traitement lesquels interfèrent avec le sommeil. Cependant, la sévérité des TOC, nous a conduit à ne pas interrompre le traitement de ces patients afin d’éviter une perte de chance. Le point encourageant était que les anomalies du REM étaient exhibées chez les patients, pour la majorité d’entre-eux, sans traitement. L’effectif surtout féminin (seulement un homme), nous amènera à le reconsidérer pour des études futures, afin qu’il soit plus représentatif de la population TOC. En effet, le TOC contrairement à la dépression touche aussi bien les hommes que les femmes [38]. Un groupe contrôle de sujets sains, apparié par rapport à l’âge, au sexe, et aux caractéristiques sociales était manquant à cette étude. De plus, le faible effectif et la fluctuation de notre échantillon (14 pour l’actimètre, 12 pour l’agenda) mais aussi en nombre de jours (pour 3 patients moins de 2 semaines) ainsi que les méthodes d’analyse non-paramétrique ont rendu cette étude peu puissante. Ceci s’expliquait par la quantité limitée du matériel de l’unité du sommeil : - Polysomnographie portable « PAMELA » au nombre de 1 - Actimètre au nombre de 4 (2 actiwatch 4 et 2 vivago) - Le tout à partager avec les patients ne faisant pas parti du protocole 131 Par ailleurs, pour rendre plus aisé, l’établissement d’un lien entre la structure du sommeil et le rythme veille-sommeil, il aurait été plus pertinent de coupler l’actimètre avec la polysomnographie. Concernant les évaluations de l’adaptation sociale, l’EGF était incomplète et succincte par rapport au score de Sheehan effectué dans les autres études. L’échelle de Horne et Östberg, aurait pu être utile dans notre étude afin de pré-dépister les retards de phase, en repérant les patients « du soir ». Par ailleurs, nous aurions pu utiliser aussi une sorte d’agenda de l’insomnie chez nos patients afin qu’ils précisent de manière rétrospective les raisons de leur latence d’endormissement augmentée ou encore de leurs éveils nocturnes. Pour notre étude, nous avions préféré ne pas l’utiliser de crainte d’induire de nouvelles obsessions surtout chez les vérificateurs et de perturber encore plus leur sommeil. Par ailleurs, l’étude de sieste était aussi manquante dans notre travail, mais le fait d’avoir des « TOC laveurs » qui enlèvent plusieurs fois en journée l’actimètre pour accomplir des rituels de lavages, aurait pu nous faire interpréter de façon erronée des siestes. L’enregistrement par PAMELA, a aussi pu nous faire ignorer un syndrome de mouvements périodiques des membres inférieurs (absence d’EMG des jambiers). Enfin la catégorisation des types de TOC (laveurs, vérificateurs, etc…) a été manquante dans notre étude et aurait pu être intéressante notamment pour faire un lien avec le trouble de rythme veille-sommeil. Au total, il était donc normal de retrouver de tels biais (étude pilote). Elle avait pour but de faire un état des lieux préliminaire du rythme veille-sommeil chez les patients souffrant de TOC, dans l’objectif de monter un véritable protocole, qui prendra en compte tous les éléments évoqués précédemment. 132 Conclusion Le TOC est une pathologie fréquente d’évolution chronique souvent associé avec des pathologies co-morbides telles que la dépression. Une pris en charge thérapeutique comprenant la psychothérapie et des antidépresseurs sérotoninergiques permet une amélioration de la symptomatologie dans 60% des cas. Dans une portion non-négligeable (40%), les patients ne répondent pas aux traitements habituels et souffrent d’un TOC sévère. Ces formes sévères peuvent engendrer des troubles du rythme veille-sommeil. Cette étude a été mise en place dans l’idée de démontrer l’existence d’un trouble du rythme circadien pour avancer l’hypothèse d’une atteinte de l’horloge interne chez les patients souffrant d’un TOC sévère. Notre étude a été réalisée chez 19 patients souffrant d’un TOC sévère sans pathologie dépressive associée. Elle nous a permis de décrire principalement le rythme veille-sommeil sur deux semaines d’un point de vue subjectif (agenda du sommeil) et objectif (actimètre). Nous avons pu déterminer d’une part une chronotypologie des patients atteints de TOC, qui étaient plutôt longs dormeurs et vespéraux et d’autre part dépister un retard de phase chez environ 35% d’entre-eux. Ce résultat nous a amené à entrevoir une éventuelle atteinte du noyau suprachiasmatique sécrétant la mélatonine. De plus, nos données polysomnographiques chez les patients sans traitements psychotropes confirment l’hypothèse d’un dysfonctionnement sérotoninergique avancé par d’autres études en repérant des anomalies du sommeil (REM similaires aux dépressifs). La mise en évidence des troubles veille-sommeil chez les patients atteints de TOC sévères, permet de reconsidérer la physiopathologie de ce trouble et peut-être de nouvelles issues pharmacologiques pour de nouveaux types de traitements. Cela nécessitera bien entendu de développer des études ultérieures sur cet aspect. Pour en arriver à de telles perspectives, il reste primordial de continuer et d’étayer la description du rythme veille-sommeil chez ce type de patient. L’idéal serait dans un premier temps de continuer cette étude et d’inclure un nombre plus important de patients souffrant de TOC sévères avec des sujets contrôles appariés. Dans un second temps, nous pourrions proposer à ces patients, une comparaison entre des traitements sérotoninergiques et un traitement agissant sur le rythme veille-sommeil (luminothérapie ou aglomélatine). 133 Bibliographie 1. DSM-IV-TR, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, texte révisé. MASSON, 2003: p. 525-532. 2. DSM-III-TR, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Masson, 1989: p. 276279. 3. Kozak, M.J. and E.B. Foa, Obsessions, overvalued ideas, and delusions in obsessive-compulsive disorder. Behav Res Ther, 1994. 32(3): p. 343-53. 4. Neziroglu, F., et al., The Overvalued Ideas Scale: development, reliability and validity in obsessive-compulsive disorder. Behav Res Ther, 1999. 37(9): p. 881-902. 5. Salkovskis, P.M., Obsessional-compulsive problems: a cognitive-behavioural analysis. Behav Res Ther, 1985. 23(5): p. 571-83. 6. Goodman, W.K., et al., The Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale. I. Development, use, and reliability. 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Résultats : les patients inclus dans cette étude sont plutôt vespéraux et « longs dormeurs ». Nous avons identifié un syndrome de retard de phase du sommeil, pour près de 35,7% des cas. Sur le plan de l’architecture du sommeil, 42,9% avaient une anomalie du sommeil paradoxal (REM). Parmi ces derniers, 2 (préciser %) avaient une latence raccourcie de la survenue des REM, 3 une proportion anormalement augmentée du REM, et 3 une anomalie de la répartition des REM. Nous avons également trouvé que plus le TOC était sévère, plus la latence de survenue du REM était raccourcie. Conclusion : La mise en évidence des troubles veille-sommeil chez les patients atteints de TOC sévères, permet de reconsidérer la physiopathologie de ce trouble et nous permettre de nouvelles issues pharmacologiques pour de nouveaux types de traitements. Ces traitements pourraient être basés sur l’implication probable d’un dérèglement de l’horloge biologique dans les TOC sévères. Mots clés : Trouble Obsessionnel Compulsif, rythme veille-sommeil, actimétrie, horloge biologique, sommeil paradoxal. 163 Faculté de Médecine et de Pharmacie SERMENT En présence des Maîtres de cette école, de mes chers condisciples et devant l'effigie d'Hippocrate, je promets et je jure, au nom de l'Etre Suprême, d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité dans l'exercice de la médecine. Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et n'exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail. Admis dans l'intérieur des maisons mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe ; ma langue taira les secrets qui me seront confiés, et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime. Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que j'ai reçue de leurs pères. Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ! Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères si j'y manque ! 164 Résumé : Le Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) est une pathologie psychiatrique fréquente, pouvant se chroniciser et devenir invalidante à plus ou moins long terme. La physiopathologie de ce trouble repose avant tout sur un dysfonctionnement du système monoaminergique particulièrement le système sérotoninergique. Un syndrome de retard de phase du sommeil a été retrouvé dans 2 études sans pour autant évaluer véritablement le rythme veille-sommeil de ces patients. Objectif de cette étude : décrire les troubles du rythme veille-sommeil chez des patients souffrant d’un TOC sévère. Méthode : dans cette étude, 19 patients souffrant d’un TOC sévère ont été inclus. Ils ont été examinés sur 2 semaines au moyen d’une évaluation simultanée par l’agenda du sommeil et l’actimétrie puis avec un enregistrement polysomnographique d’une nuit en ambulatoire. Résultats : les patients inclus dans cette étude sont plutôt vespéraux et « longs dormeurs ». Nous avons identifié un syndrome de retard de phase du sommeil, dans près de 35,7% des cas. Sur le plan de l’architecture du sommeil, 42,9% avaient une anomalie du sommeil paradoxal (REM). Parmi ces derniers, 40 % avaient une latence raccourcie de la survenue des REM, 60% une proportion anormalement augmentée du REM, et 3 une anomalie de la répartition des REM. Nous avons également trouvé que plus le TOC était sévère, plus la latence de survenue du REM était raccourcie. Conclusion : La mise en évidence des troubles veille-sommeil chez les patients atteints de TOC sévères, permet de reconsidérer la physiopathologie de ce trouble et d’envisager de nouvelles issues pharmacologiques et peut-être de nouveaux types de traitements. Ces traitements pourraient être basés sur l’implication probable d’un dérèglement de l’horloge biologique dans les TOC sévères. Mots clés : Trouble Obsessionnel Compulsif, rythme veille-sommeil, actimétrie, horloge biologique, sommeil paradoxal. 165