Histoire de l`Anatolie antique

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Histoire de l`Anatolie antique
Histoire de l’Anatolie antique
Page 4 : les régions antiques d’Anatolie (Ionie, Carie, Lycie, Pisidie, …)
Page 8 : l’histoire des hittites
Page 9 : les villes antiques d’Anatolie (Alaca Höyük, Hattusa, …)
Page 14 : les villes grecques et romaines d’Asie mineure (Antioche, Tarse, …)
Au commencement, les hommes vivaient dans des abris sous roche et tiraient leur subsistance de la chasse,
de la pêche et de la cueillette. Peu nombreux, ils se déplaçaient en petits groupes et jouissaient sans trop
de mal des fruits de la Terre. Ils utilisaient des pierres et des os pour se défendre, découper la viande et
déterrer les racines.
Autour de -15.000, avec la fin de la dernière glaciation, le climat du Proche-Orient devient plus chaud et
plus humide. Cela favorise la prolifération des céréales sauvages au pied de l’arc montagneux qui s’étend
des chaînes du Levant aux monts du Taurus et du Zagros, dessinant ainsi la zone connue sous le nom de «
Croissant fertile ». Profitant des nouvelles facilités offertes par la nature, les hommes vont stabiliser leur
habitat en abandonnant les grottes et abris naturels pour se sédentariser.
Vers -12.500 apparaissent les premiers villages, mais la sédentarisation ne s’accompagne pas tout de suite
du développement de l’agriculture. Les premiers sédentaires restent pendant plusieurs milliers d’années
des chasseurs-cueilleurs.
Autour de -9.000 sont réalisées les premières expérimentations de mise en culture de céréales sauvages.
A partir de -7.500, les sociétés agricoles sont en plein essor avec le développement de l’élevage (chèvres et
moutons), la construction d’édifice à plan rectangulaire, l’apparition de la céramique et le travail du cuivre.
Entre - 7.500 et - 6.200, c'est le «grand exode» : des migrants diffusent l'économie urbaine et agropastorale du néolithique au-delà du Moyen-Orient, vers l'Europe comme vers les monts Zagros (Iran). En
Anatolie, on en trouve les traces à Cayönu, Portasar et Nevali ainsi qu'à Catal Hüyük.
A partir de -6.000, l’âge d’or des sociétés villageoises fondées sur une organisation égalitaire et coopérative
s’estompe au profit de sociétés hiérarchisées. Les petites communautés paysannes qui, pendant des
millénaires, ont constitué l’unique cadre de vie des hommes, commencent à laisser place à des
agglomérations qui prennent de plus en plus d’ampleur. Une classe de notables s’y constitue, dont les
membres s’enrichissent par le contrôle qu’ils exercent sur la circulation des marchandises et sont investis
d’un certain pouvoir.
A partir de -5.000, le travail du métal permet à l'humanité de faire un bond en avant : en perfectionnant les
fours, les artisans parviennent à élaborer des instruments plus grands et solides (araire).
Vers -3.000, la découverte de la technique de l'alliage permet de produire des outils en bronze, mélange de
cuivre et d’étain, plus résistants et faciles à travailler (avec l'arrivée du fer vers - 1.500, les moyens de
traction et de défrichement gagneront encore en solidité). La grande plaine alluviale de Mésopotamie
méridionale est alors le théâtre d’une mutation décisive des sociétés humaines : l’émergence des villes.
Plusieurs centres urbains se développent le long des bras de l’Euphrate et du Tigre, dans la région de
Sumer, à l’image d’Uruk où est inventée la première écriture de l'histoire humaine, signes gravés avec la
pointe d'un roseau sur des tablettes d'argile humides.
Au IIIe millénaire, des cités-états se constituent sur le haut plateau anatolien, comme dans l’ensemble du
Proche-Orient. Elles fondent l’essentiel de leur prospérité sur l’extraction des différents minerais dont
regorgent les montagnes environnantes. Le travail des métaux y atteint une maîtrise exceptionnelle,
comme en témoigne le matériel funéraire des nécropoles princières, telle celle d’Alaca Hüyük. En raison de
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l’abondance du cuivre en Anatolie, la production du bronze y tient une grande place. Elle devint vite
cependant dépendante de l’importation d’étain, minerai rare à cette époque et dont les principales sources
se trouvaient à l’autre extrémité du monde oriental, des confins montagneux du plateau iranien. Du fait de
sa position centrale, la Mésopotamie constitua un intermédiaire naturel dans son acheminement, et des
marchands mésopotamiens vinrent s’établir au cœur de l’Anatolie dès l’époque de Sargon vers -2.300.
L’ensemble du haut plateau d’Anatolie centrale, habité par des populations connues sous le nom de Hatti,
bénéficia de ces échanges : des cités comme Kanish (Kültepe) ou leur capitale Hattusa (Bogazkale)
connaissent alors une grande prospérité. Des caravanes d’ânes quittent Assur deux fois l’an, chargées de
l’étain venu de l’est, ainsi que d’étoffes tissées en Basse-Mésopotamie. Elles repartent d’Anatolie avec de
l’argent et de l’or, métaux qui font déjà office de monnaie d’échange universelle.
Vers -2.000, l’Anatolie voit l’arrivée de plusieurs ethnies de langue indo-européenne, parlant des dialectes
voisins les uns des autres : les Hittites s’établissent sur le haut plateau d’Anatolie centrale, tandis que les
Louvites occupent le sud de la péninsule (Cilicie, Lycie), et les Palaïtes le nord-ouest (sur les bords de la Mer
Noire). Après une première tentative d’unification politique de l’Anatolie centrale menée au XVIIIe par des
rois de Kussara, c’est un souverain hittite qui va la réaliser vers -1.650. Il établit sa capitale dans la ville
d’Hattusa, dont le site constitue une sorte de citadelle naturelle au cœur du haut plateau, et prend le nom
d’Hattushili 1er (1625-1600), « l’homme d’Hattusa ». Cherchant à se rendre maître de la route du sud qui
lui ouvrira les portes du commerce international, il conquiert la plaine de Cilicie, puis pénètre en Syrie où il
s’empare de plusieurs villes. C’est son successeur Murshili 1er (1620-1590) qui achève la conquête de la
Syrie par la prise d’Alep, la métropole régionale. Il mène alors un raid le long de l’Euphrate jusqu’à
Babylone et provoque la chute d’Hammurabi et de la dynastie amorrite qui y règne depuis trois siècles.
De -1.750 à -1.200, l’Empire Hittite couvre l’Anatolie et la Syrie. Les rivalités entre Hittites et Egyptiens
pour l’hégémonie au Levant aboutissent en -1284 à la bataille de Kadesh et à un traité entre Hattousili III et
Ramsès II. La capitale hittite, Hattousa, est l’objet d’une rénovation de grande ampleur ; les décors
monumentaux des portes ou de la citadelle manifestent de fortes influences syriennes, hourrites en
particulier. Les forgerons hittites découvrent le secret de la métallurgie du fer. C’est l’époque où les
Peuples de la Mer arrivent en Anatolie et au Levant depuis les régions méditerranéennes. Ces migrations
d’accompagnent de troubles qui entraînent l’effondrement d’Etats prestigieux, au premier desquels
l’empire hittite. Les descendants de la dynastie royale hittite établissent des Royaumes Néo-Hittites en
Anatolie du sud-est et en Syrie qui seront annexés à l’empire assyrien au VIIIe.
Entre -1100 et -900, les Grecs s’installent sur la côte anatolienne. Les cités qu’ils fondent deviendront, pour
certaines d'entre elles, des villes majeures, comme Smyrne, Éphèse, Milet... La fertilité légendaire de la
côte de l'Asie Mineure fut la base du développement spectaculaire des villes, qui prit un tour particulier en
raison de la situation particulière de la région : terre d'Asie, elle était adossée aux civilisations indigènes de
l'intérieur, les Lydiens, plus loin les Phrygiens, et à travers eux se trouvait en contact indirect avec les
territoires du Moyen-Orient. C'est là, et non dans la « vieille Grèce » que naitra l'architecture ionique,
beaucoup plus somptueusement décorée que le style dorique de Grèce ; c'est là que les Grecs se lanceront
dans la construction de temples immenses, tels ceux d'Éphèse ou Samos, plus proches du gigantisme
asiatique ou égyptien que de la sage mesure propre à la civilisation grecque.
De -900 à 600, l’Empire Assyrien couvre, sous le règne d’Assurbanipal (668-627), un territoire immense
allant de l’Egypte à la Mésopotamie et du Levant à l’Anatolie. L’empire chutera en quelques années et la
Haute Mésopotamie cessera d'être le foyer d'un royaume puissant.
Jusqu’à -696, la Phrygie (capitale Gordion) domine l’Anatolie jusqu'aux invasions cimmériennes sous le
règne du roi phrygien Midas.
De -696 à -546, la Lydie (capitale Sardes) repousse les Cimmériens et domine l’Anatolie jusqu’aux invasions
perses sous le règne du roi lydien Crésus. A l’ouest de l’Anatolie, l'Ionie est la première région de Grèce où
la philosophie, l'art et les sciences se sont développés, bénéficiant des richesses intellectuelles du Proche© Edelo - Histoire de l’Anatolie Antique
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Orient et de l'Égypte. Les cités ioniennes ont donné de nombreux grands penseurs présocratiques, des
grands artistes et de grands architectes, comme Thalès, Anaximandre, Anaximène, Héraclite, Anaxagore et
Pythagore.
De -546 à -334, les Perses de Cyrus conquièrent l’Anatolie.
De -334 à -133, Alexandre et la période hellénistique : Alexandre conquiert l’Anatolie en -334. La victoire
des Grecs et des Macédoniens sur l'empire achéménide entraîne une expansion sans précédent de la
culture hellénique. Cette culture est l'héritière de la culture grecque de l'époque classique (Ve av. J.-C.).
Grâce aux conquêtes d'Alexandre, le grec devient pour deux mille ans la langue des échanges dans la
Méditerranée orientale et le Moyen-Orient.
A la mort d'Alexandre, l’Empire est partagé entre ses généraux (les Diadoques). En -301, Ptolémée obtient
les territoires situés au sud de l’Anatolie, la plus grande partie de l’Égypte et du Levant pour former
l'Empire ptolémaïque ; Lysimaque contrôle l’Anatolie occidentale et la Thrace, alors que Séleucos s’attribue
le reste de l’Anatolie pour former l’empire Séleucide. Mais très vite, de petits royaumes vont se constituer
tels ceux du Pont fondé par Mithridate en -301 et qui sera conquis par les Romains en -63, de Bithynie qui
sera légué à Rome par son dernier souverain en -74 et de Pergame qui, à son apogée en -189, couvre une
grande partie de l’Asie Mineure et sera légué à Rome par son dernier souverain en -133.
De -133 à 0, Rome intervient en Orient dès le IIe s. av JC et, dans un lent et complexe processus de
grignotage qui s'étale sur près de deux siècles, avec la complicité de cités et du royaume de Pergame, elle
va s'assurer la domination complète de la Méditerranée orientale. En 133 le royaume de Pergame devient
romain et forme la province d'Asie. En 102 c'est la Cilicie qui passe sous le contrôle de Rome. Pompée
organise alors l’Orient sous l’ordre romain.
Aux débuts du 1er siècle av. JC, les souverains séleucides ne gouvernent plus que la Syrie. Celle-ci est
annexée par Pompée en -64/-63.
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Régions antiques d’Anatolie
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La chaîne montagneuse du Taurus surplombe la côte méridionale de l’Anatolie, des marges de l’Egée à la
Mésopotamie et aux côtes syriennes. Des sociétés proches les unes des autres sont apparues et se sont
développées sur ses flancs et le long des plaines littorales. Sans pour autant parler de culture taurique, on
peut isoler du reste de l’Anatolie les régions que l’on désigne, à l’époque classique, sous les noms de Carie,
Lycie, Pamphylie, Pisidie et Cilicie. La montagne leur a conféré un substrat commun : c’est le pays louvite,
du nom du peuple indo-européen ayant précédé les Hittites en Anatolie qui, majoritairement, l’habite aux
IIe et 1er millénaires.
Les villes proches du littoral se sont très tôt ouvertes aux influences venues de la mer, grecques et
levantines ; la montagne, en revanche, est restée un vivier de culture anatolienne, non seulement louvite
mais également phrygienne. Presque chaque région présente d’ailleurs ce double visage : une côte
perméable aux intrusions diverses, et un massif montagneux souvent hostile ; cette dualité s’exprime ainsi
clairement à travers les noms des deux composantes de la Cilicie : Cilicie Plane et Cilicie Trachée (rugueuse).
Ionie
L’Ionie s’étend de Phocée, au nord, près de l'embouchure de la rivière Hermion (Gediz), jusqu'à Milet, au
sud, près de l'embouchure de la rivière Méandre, et comprend les îles de Chios et Samos. Baignée par ses
fleuves, l'Ionie était la région la plus fertile et la plus riche de toutes les provinces d'Asie Mineure. Elle
aurait été colonisée au XIe par des grecs originaires d'Argolide, d'Attique et d'Eubée qui fuyaient devant
l'invasion dorienne. Elle est aux Vie et Ve s. av JC, le berceau de la philosophie grecque et des
mathématiques avec Anaximandre, Anaximène, Leucippe, Thalès, Héraclite, Anaxagore et Pythagore. Cités
antiques d’Ionie : Milet, Héraclée du Latmos, Éphèse, Phocée, Priène, Smyrne (Izmir).
Carie
La Carie est une région montagneuse située à l’extrême sud-ouest de l’Asie Mineure entre les vallées du
Méandre au nord et de l’Indos au sud. Au sud, une haute falaise, qui par endroits dépasse 1000 m, domine
la mer. La Carie apparaît aux XVe s. av JC comme un petit royaume vassal des Hittites. Les Phéniciens y
fondent au XIe les cités côtières de Cnide et Halicarnasse. Elle est vassale de la Phrygie aux VIIIe-VIIe s, puis
de la Lydie aux VIe-Ve, avant de passer en -546 sous domination perse. Les satrapes locaux jouissent d'une
grande autonomie, à l’image de Mausole dont le mausolée est considéré par Pline l’Ancien comme une des
sept merveilles du monde. En -497 les Perses perdent la côte carienne avec les cités d’Halicarnasse, Cnide
et Milet qui rejoignent la Ligue de Délos. Alexandre conquiert la Carie en -334. À sa mort, elle échoit au
royaume Séleucide avant d'être partagée entre deux cités-états : Rhodes qui domine la côte et Cibyrrhée La
Grande qui domine l'intérieur. En -130, elle est intégrée par Rome à la province d'Asie. Cités antiques de
Carie : Didymes, Halicarnasse (Bodrum), Cnide, Caunos, Nysa.
Lycie
Le peuple des Lyciens nous est connu dès l’Age du Bronze grâce à des textes hittites qui en mentionnent
l’existence, mais c’est entre le VIIe et le IVe que leur civilisation fleurit de la façon la plus brillante, dans une
région montagneuse qui s’allonge entre les villes modernes de Fethiye et d’Antalya. Les plaines côtières
sont rares et la culture se fait surtout dans l'arrière-pays, qui est traversé par un seul fleuve, le Xanthos. Les
monuments funéraires (piliers, tombes-maisons, sarcophages, tumulus, tombeaux à édicule) constituent le
plus beau fleuron de la Lycie : on en compte près de 2000, les plus grands étant ceux de Limyra. La Lycie
comme toutes les régions d'Asie mineure, sera envahie par les Perses achéménides. Au IVe s, elle passe
sous la domination du roi carien Mausole, jusqu'à la libération par Alexandre le Grand, puis sous celle des
Ptolémées, des Séleucides et enfin de Rhodes au IIe s. Elle est incorporée à l’empire romain en 43 de notre
ère. Cités antiques de Lycie : Olympos, Telmessos (Fethiye), Patara, Xanthos, Phaselis, Myra.
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Pisidie
La Pisidie est une région intérieure et montagneuse qui englobe la partie occidentale de la chaîne du Taurus
et compte de nombreuses crêtes élevées, entrecoupées de vallées et de torrents, ainsi que des forêts et
des pâturages. C’est la région des lacs de Burdur, Egridir et Kestel. Au sud, des passes à travers le Taurus la
raccordent à la plaine et à la côte pamphyliennes. Les Pisidiens, belliqueux, pillards, se maintinrent
longtemps indépendants. Seuls les Romains parvinrent à les dompter. Cités antiques de Pisidie : Termessos,
Sagalassos, Selge, Antioche de Pisidie (fondée en -280 par Antiochos 1er, fils de Séleucos 1er, fondateur de la
dynastie des Séleucides).
Pamphylie
La plaine de Pamphylie consiste en une mince frange littorale en forme de croissant fertile, au relief plat,
dominée de tous côtés par les imposants massifs du Taurus. Elle s’organise autour de trois fleuves
principaux, navigables pendant l’Antiquité, qui ont assuré le lien entre la mer, les villes de la plaine, et
l’arrière-pays : le Kestros (Aksu), l’Eurymédion (Köprü Su) et le Mélas (Manavgat Cayi). C’est sur les bords
de ces cours d’eau ou à proximité, que sont situées les villes les plus importantes. La côte pamphylienne
fournissait au roi perse, auquel elle était soumise, outre des hommes, une partie importante de sa flotte.
Les massifs forestiers du Taurus, tout proches, étaient systématiquement exploités, et la matière première
acheminée par voie fluviale vers la côte. Cités antiques de Pamphylie : Aspendos, Sidé, Pergé.
Cilicie
La Cilicie est composée de deux ensembles géomorphologiques bien distincts. A l’ouest, de la frontière
pamphylienne à Soloi, les montagnes et collines calcaires escarpées de Cilicie Trachée plongent
directement dans la mer. C’est le domaine des pins, chênes, genévriers, sapins et cèdres. La côte, très
accidentée, est constituée d’une succession de rades plus ou moins protégées. Quelques rares plaines
littorales existent, comme celle de Séleucie d'Isaurie (Silifke), composée des sédiments charriés par le
fleuve Kalykadnos. A l’est de Soloi à Issos, s’ouvrent les vastes et fertiles plaines de Cilicie Plane dont les
fleuves sont les principaux acteurs (Kydnos, Saros et Pyramos) et sur les rives desquels on a bâti les grandes
métropoles de la région. C’est sur l’un d’eux, le Kydnos, que navigua Cléopâtre à la rencontre d’Antoine.
Tout au long de l’histoire achéménide, c’est principalement en Cilicie que s’organisent les grandes
campagnes militaires des Grands Rois contre la Grèce (guerres médiques), Chypre, la Phénicie et même
l’Egypte. C’est ainsi qu’Alexandre, en conquérant la Cilicie par la terre en -333, prive Darius III de l’une de
ses principales bases logistiques militaires occidentales. Cités antiques de Cilicie : Tarse, Soles.
Isaurie
Après la chute de l’empire hittite, les Isauriens tiennent en échec l’empire lydien, gouverné par Crésus, puis
s’allient aux Perses au Vie s. pour former une satrapie. Quand la capitale Isaure est assiégée par les troupes
d’Alexandre, les Isauriens la brûlent plutôt que de la rendre. Région rebelle à l’autorité grecque d’Alexandre
le Grand, des Séleucides et du royaume de Pergame, l’Isaurie est conquise en -76 par les Romains. Elle reste
globalement insoumise et n’est définitivement incorporée à l’Empire romain qu'en 280 de notre ère.
Lycaonie
Annexée à la Perse au Vie s. av JC, la Lycaonie devient une satrapie jusqu'aux conquêtes d'Alexandre le
Grand, puis elle fait partie du royaume des Séleucides, et enfin de celui de Pergame. La province est intégrée
à l'Empire romain en 17 de notre ère. Cité antique de Lycaonie : Iconium (Konya).
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Lydie
Sur la route commerciale entre le bassin méditerranéen et l'Asie centrale, à cheval sur les vallées de
l'Hermos et du Méandre, la Lydie a su tirer les avantages de sa situation géographique, grâce à des taxes et
des droits de douane. Disposant d'importantes ressources minières propres, notamment en électrum
(mélange d'or et d'argent), onyx et mica dans le fleuve Pactole et le mont Tmole, elle fut l'eldorado de la
Grèce, avec qui elle entretenait de nombreux échanges commerciaux, notamment par l'intermédiaire des
cités grecques du littoral anatolien. La Lydie forma de -1579 à -548 un royaume dont les limites
s'étendaient sous Crésus à toute l’Asie Mineure. Annexée à la Perse en -546, elle devient la satrapie de
Sardes. Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, elle fait partie du royaume des Séleucides, puis de celui
de Pergame en -260, et enfin de l'Empire romain en -129. Cité antique de Lydie : Sardes.
Phrygie
Selon Hérodote, les Phrygiens auraient fait partie des Peuples de la mer ; ils auraient migré de Macédoine
et d’Albanie en Asie Mineure au XIIe s av JC, après l’effondrement de l’empire hittite et un peu avant la
guerre de Troie. Le Royaume de Phrygie resta indépendant du XIIe jusqu'aux invasions cimmériennes au
début du VIIe siècle. A son apogée, au VIIIe s, la Phrygie est la principale puissance d'Asie Mineure sous les
règnes de Gordias et Midas. Gordion, la capitale du royaume, tombe en -696 et l'hégémonie passe à la
Lydie. En -546, la Phrygie passe sous domination perse. En -333, Alexandre le Grand passant par Gordion
tranche le fameux nœud gordien. La Phrygie se retrouve alors englobée dans son empire et Antigone le
Borgne en devient le satrape. À la mort du conquérant, elle revient aux Séleucides. En -188, elle passe au
royaume de Pergame. En -275, sa partie orientale est envahie par les Galates. Gordion est prise et rasée. En
-103, elle devient province romaine : c'en est définitivement fini du royaume phrygien. Les rois de Phrygie
édifièrent des tombes monumentales : tumulus surmontant une chambre funéraire. Le plus imposant est le
Tumulus de Midas avec 300 m de diamètre et 40 m de hauteur. Cités antiques de Phrygie : Gordion
(Yassihüyük/Polatli)
Galatie
La Galatie (autour de l'actuelle Ankara) tient son nom vient des Galates, peuple celte qui y a migré dans
l'Antiquité au début du IIIe s av JC. Après avoir été défaits par Attale Ier de Pergame en -232, elle fut
conquise par Rome en -189 avant de devenir province romaine en -25. Cité antique de Galatie : Ancyre
(Ankara).
Cappadoce
Le paysage de Cappadoce se caractérise par des plateaux formés par les cendres et les boues rejetées par
les volcans avoisinants, des gorges, des cheminées de fées, ainsi que de grandes plaines constituées de
résidus volcaniques. La Cappadoce est envahie par les Hittites au IIe millénaire av JC qui y établissent leur
capitale Hattusha. La région est alors une zone traditionnelle de commerce avec les Assyriens, à cause de
ses mines (or, argent, cuivre), comme l'attestent les tablettes en cunéiforme découvertes sur le site de la
ville hittite de Kanesh. Vers -1200, l'Empire hittite s'écroule, envahi par les Peuples de la mer et les
Phrygiens. Vers -1100, la Cappadoce est conquise par les Assyriens. Au IXe s. av JC, elle est reprise par les
Phrygiens, puis est dominée par la Lydie à partir de -696. Viennent ensuite les Mèdes (au nord-est) et les
Cimmériens (au sud-ouest) autour de -650. En -546, elle est conquise par Cyrus le Grand et intégrée à
l'Empire perse. Les Perses appellent le pays Katpatuka (« pays des chevaux de race »), dont dérive
directement le toponyme « Cappadoce ». En -330, elle devient indépendante sous le roi Ariarathe Ier, qui
reconnaît symboliquement la suzeraineté d'Alexandre le Grand et fonde une dynastie qui règnera jusqu’à
l’intégration à l'Empire romain en 17 de notre ère. Cités antiques de Cappadoce : Hattusha (Boğazkale),
Kanesh (Kültepe).
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Histoire des Hittites
A la fin du XVIIIe s, une première principauté hittite est fondée par Pithana au nord-est de Kanesh avec
pour capitale Nesa (Kultepe). Son fils, Anitta, s’empare des petits royaumes limitrophes, notamment du
royaume d’Hatti et de sa capitale Hattusa qu’il détruit.
A la fin du XVIIe s, le Premier Royaume hittite est fondé par Labarna dont la dynastie va dominer la majeure
partie de l'Anatolie pendant plus de quatre siècles. Kussar est capitale du jeune royaume que la présence
d’États-tampons au sud et à l’est de ses frontières, l’Ourartou et le Mitanni, protège des Mésopotamiens.
Les deux rois les plus connus sont Hattusili 1er (1625-1600) qui s'empare d’une grande partie de l’Anatolie
et son petit-fils et successeur Mursili 1er (1600-1590) qui s'empare d'Alep et mène un raid jusqu'à Babylone
en -1595.
Entre -1530 et -1465, le Moyen Royaume hittite désigne une période troublée et imprécise.
De -1465 à 1190, le Nouvel Empire hittite est fondé par Tudhaliya 1er (1430-1400). A cette époque, l’empire
hittite est avec l’Égypte l’État le plus puissant du Proche-Orient. Ses grands souverains sont Suppiluliuma Ier
(1380-1336), Mursili II (1320-1295) et Muwatalli II (1295-1272). Vers la fin de l’époque, des tribus ennemies
(Peuples de la Mer ? Gasgas ?) profitent de l’affaiblissement de l’empire pour l’abattre. La civilisation hittite
disparait dans l’ancien pays du Hatti.
De -1190 à -600, l’époque néo-hittite est marquée par la résurgence de la civilisation hittite dans le sud de
l’actuelle Turquie. De petites villes se constituent en cités-États dans le sud-est anatolien et les provinces de
Syrie du nord : Koummouh (Samsat), Alalakh (Tell Açana), Karkemish, Melid (Arslantepe), Alep et Hama,
mais aussi en Cilicie. : Hilakku et Que. La filiation avec l’ancien empire hittite était si forte que pour leurs
voisins et ennemis, notamment les Assyriens, ces petits royaumes continueront à être dénommés sous le
vocable de Hatti. Du XIIe au IXe siècle, ils connaissent une période de calme et de prospérité.
L’expansionnisme assyrien fera disparaître ces principautés.
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Villes antiques d’Anatolie
Alaca Höyük
Hormis les tombes hatties (2000 av JC), dont une reconstitution est exposée à Çorum, les vestiges les plus
importants sont les ruines d’une ville hittite du IIe millénaire av JC avec la porte des sphinx qui en marquait
son entrée : il s'agit soit de Kussar, leur première capitale, soit d'Arinna, une ville religieuse.
La porte des sphinx est le monument le plus spectaculaire du site. Hautes de 10 m, les sculptures sont en
andésite. Les dalles dressées (orthostates), disposées de part et d'autre de la porte des sphinx, sont
sculptées de bas-reliefs représentant des cérémonies religieuses dont une reine adorant un taureau, une
procession... Ce sont des copies des originaux qui sont conservés à Ankara. À côté de la muraille orientale
se trouve la base d’un grand bâtiment de 20 × 80 m interprété comme étant un temple plutôt qu’un palais
Les objets découverts dans les tombes hatties (amulettes, bijoux, diadèmes, bracelets, colliers, boucles de
ceintures, en or, en électrum, en cuivre ou en bronze) sont conservés à Ankara.
Hattusa
Capitale du royaume et de l’empire hittite. Elle succéda comme capitale des Hittites à Nesha (Kanesh) sous
le règne de Hattusili 1er (1625-1600). Elle connut des périodes fastes et d'autres plus difficiles au cours de
son histoire, perdant quelque temps son rôle de capitale, avant de connaître son apogée au XIIIe siècle sous
l'impulsion du roi Hattusili III (1265-1238) et de son fils Tudhaliya IV (1238-1215), qui y entreprirent un
important programme de constructions. Pourtant, son abandon et la fin du royaume hittite survinrent à
peine quelques années après, au tout début du XIIe siècle.
En tant que capitale d'un des plus puissants royaumes du Proche-Orient du IIe millénaire, elle dispose d'un
ensemble important de monuments mis au jour plus de 160 hectares : la citadelle de Büyükkale, le Grand
Temple de la Ville basse, les temples de la Ville haute, ainsi que les restes de l'impressionnante muraille qui
protégeait la ville au sud du site. Hattusa avait non seulement une fonction politique de capitale, mais
c'était aussi un centre religieux de premier ordre dans le royaume ainsi qu'un centre culturel majeur.
Les traces d’habitat les plus anciennes remontent à la fin du IIIe millénaire. Le site a livré de nombreuses
tablettes qui nous renseignent partiellement sur la vie quotidienne des Hittites. Après sa destruction, le site
restera plusieurs siècles abandonné avant d’être réoccupé par des Phrygiens au VIIe siècle.
Le choix du site n’est pas dû au hasard : plusieurs sources coulaient dans le périmètre ; l’altitude du site la
mettait à l’abri du développement du paludisme endémique dans la région ; la ville était entourée de ravins
profonds et bordée de falaises abruptes, ce qui lui assurait une certaine défense naturelle. Les accidents de
terrain étaient habillement utilisés pour renforcer l’aspect défensif. A la fin de la période impériale,
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l’enceinte mesurait environ six kilomètres de pourtour et enfermait 167 hectares. La population d’alors a
été estimée à 30 ou 40 000 habitants.
Ce qui caractérise Hattusa, c’est le caractère monumental de ses constructions et ses fortifications. Le mur
de fortification reposait sur un rempart de terre recouvert de pierres taillées, qui atteint parfois plus de 70
mètres à la base, formant ainsi un glacis pentu, encore visible en partie. Le mur proprement dit, presque 10
m au-dessus du rempart de terre, devait être fait de briques crues renforcées par des poutres de bois. Tous
les 30 mètres environ, une tour rectangulaire s’avançait en saillie.
Les portes principales, en bois recouvertes de bronze, étaient flanquées de grandes tours. Le jambage de
ces portes était décoré de sculptures de lion (porte des Lions XIV-XIIIe siècles av JC) ou de dieu (Porte royale
ornée du relief du dieu de la guerre, Calcone). Une poterne voûtée constituée d’un souterrain de près de 83
m de long passait sous les remparts.
Le palais était situé au sommet du plateau rocheux connu sous le nom de Büyükkale, qui mesure à peu près
220 par 150 mètres. Véritable acropole, ce plateau est un bastion naturel protégé au nord et à l’est par des
précipices. Le roi y vivait entouré de sa famille et de son clan, parmi lequel se recrutaient les nobles du
grand conseil qui faisaient fonction de juges. Outre l’ensemble des activités de service propre à un palais,
on y trouvait aussi une laiterie, des magasins, une construction religieuse, appelée maison ar-ma, et la
maison du chef de la garde, appelée Gal Meshedi. Trois portes permettaient d’accéder au palais, dont deux
étaient aussi bien fortifiées que celles de la ville.
Les fouilles archéologiques ont révélé les vestiges d’une trentaine de temples. Le plus important d’entre
eux est le temple I. Il date du XIIIe siècle av JC. C’est un carré de 275 mètres de côté, entouré d’un temenos,
et qui comportait peut-être deux étages. Il a été construit sur une terrasse artificielle. Le temple se
composait de trois pièces principales parallèles avec chacune sa porte d’accès.
Au fond des pièces, une colonnade permettait d’accéder à deux chapelles, l’une dédiée au dieu de l’orage
et l’autre à la déesse du soleil. La plupart des pièces étaient éclairées par de hautes fenêtres étroites
ouvertes vers l’extérieur. Le temple était entouré de magasins où l’on a retrouvé d’énormes jarres (jusqu’à
3000 litres) et de quartiers domestiques habités par les prêtres et leurs serviteurs. Certains temples
secondaires possédaient même des ateliers d’artisan produisant les objets cultuels en argile ou en métal.
Hattusa sur le site de l’Unesco
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Yazilikaya
Situé à 2 km de Hattusa, le sanctuaire rupestre à ciel ouvert de Yazılıkaya fait partie de l'ensemble des
bâtiments cultuels de la capitale. En usage depuis au moins le XVIe siècle av JC, il est réaménagé en même
temps que les temples de la ville sous les règnes de Hattushili III et de Tudhaliya IV, qui y font réaliser des
bâtiments et des bas-reliefs, et y introduisent le culte des divinités hourrites comme dans la capitale.
Il comprend deux grandes parties, organisées suivant la disposition du relief de la montagne où le site se
trouve, qui est percée de galeries naturelles. Dans la Chambre A, le bas-relief représente deux cortèges de
63 dieux se rejoignant au centre de la scène. A la gauche se trouvent les divinités masculines, vêtues de
pagnes, conduites par le dieu-Orage de Hattusa (Teshub), debout sur une montagne, et à droite se trouvent
les divinités féminines conduites par Hebat, debout sur un lion. Le roi Tudhaliya IV, qui a fait graver cette
scène, se trouve représenté à trois reprises, avec tous les attributs de sa royauté, attributs qu'il partage
avec le dieu Soleil masculin (longue tunique, bonnet rond, lituus - sceptre au bout allongé symbolisant la
souveraineté). Dans une de celles-ci, il est embrassé par le dieu Sharruma (fils de Teshub et de Hebat), son
dieu-protecteur. Dans la Chambre B, le bas-relief, moins important que celui de la Chambre A, représente
un cortège de douze divinités, ainsi que d'autres représentations, notamment celle d'un énigmatique «
dieu-épée ».
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Aşıklı Höyük
Situé à 1200 m d’altitude sur une superficie de 4 hectares, le site est occupé depuis le VIIIe millénaire av JC.
C’est un des premiers sites de sédentarisation du plateau anatolien. La présence d’obsidienne a sans doute
favorisé les échanges avec Chypre et la Mésopotamie. Sur plus de 400 cellules fouillées, les archéologues
ont retrouvé les restes de 70 personnes sous le sol intérieur des maisons, ce qui laisse à penser qu’il y avait
une forme de sélection (classe supérieure ?) : les hommes vivaient en moyenne jusqu’à 55 ans contre 25
pour les femmes (les restes de ces femmes montrent des déformations de la colonne vertébrale indiquant
qu'elles devaient transporter de lourdes charges), 37% sont des enfants dont plus de 40% sont décédés
dans la première année après la naissance, on a retrouvé sur nombre de corps des colliers et des bracelets
en perles de toutes sortes. La taille moyenne d’une cellule est de 12 m2. Cinq ou six cellules forment un
ilot. Les îlots sont parcourus par des ruelles qui ne dépassent pas 1 m de large. L’accès aux cellules se faisait
par les toits. http://www.asiklihoyuk.org
Eflatun Pinar
Le site d'Eflatun Pınar consiste en un bassin quadrangulaire de 34 × 30 mètres alimenté par une source et
fermé par un petit barrage. Sur son côté nord se trouve une façade constituée de blocs monolithiques
empilés et sculptée de hauts reliefs. Sur le registre inférieur sont figurés cinq dieux-montagne. Le registre
central est dominé par un dieu et une déesse entourés de génies et de symboles. Le tout est surmonté par
un large disque solaire ailé. De l'autre côté du bassin se trouve une seconde plate-forme comportant un
haut-relief d'un dieu et d'une déesse sur un trône, ainsi qu'un autel.
Il s'agit peut-être de divinités indo-européennes liées aux sources, à la montagne, à la fertilité et/ou au
monde souterrain. On ne sait pas qui a commandité la réalisation de ce petit sanctuaire qu'il est tentant de
l'attribuer à Hattusili III ou à son fils Tudhaliya IV qui ont réalisés de nombreux lieux de culte dans la
seconde moitié du XIIIe s av JC.
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Çatal Höyük
Localisée sur une colline partagée en deux par le bras d'une rivière - d’où son nom qui signifie en turc « la
colline de la fourche », Çatal Höyük est une ville datant du Néolithique et est donc l'une des plus anciennes
agglomérations au monde. Fondée vers -7000, elle devient un centre important entre -6500 et -5700. Elle
couvre alors près de 13 hectares et compte un millier de familles, soit une population d'à peu près 5 000
personnes - ce qui est considérable à l'époque. Elle entretient un commerce de longues distances et un
artisanat de qualité. Elle recèle des sanctuaires avec des peintures murales, des figurines et des sépultures,
témoignant d'une vie religieuse complexe.
Ici pas de muraille défensive, les murs des maisons situées en bordure de la ville sont aveugles et tiennent
lieu de rempart, contrairement au site de Jéricho, qui est entouré d'une enceinte haute de 4 m. À
l'intérieur, des groupes de maisons rectangulaires sont disposés selon un plan en forme de nid d'abeille,
chaque bloc d'habitation étant séparé des autres par des cours aux formes irrégulières. Les maisons sont
réalisées en briques crues, recouvertes d'une épaisse couche de plâtre. Elles sont adossées les unes aux
autres, couvertes de toits en terrasse et communiquent entre elles par des cours intérieures. Du fait de
l'absence de rue, les habitations sont seulement accessibles par une ouverture pratiquée dans le toit et des
échelles de bois aboutissant au « coin cuisine ». Elles comprennent généralement une pièce commune de
20 à 25 m2 et des pièces annexes. La pièce principale dispose de bancs et de plates-formes pour s'asseoir et
dormir, d'un foyer rectangulaire surélevé et d'un four à pain voûté.
Les nombreux sanctuaires diffèrent des maisons par leur décoration de peintures murales, de reliefs
modelés, de crânes d'animaux et de figurines. Les corps des morts sont déposés sous les plates-formes de
repos dans les sanctuaires et dans les maisons, et s'entassent au cours des ans et des générations. Avant
d'être ensevelis, accompagnés d'objets précieux, les corps des morts sont confiés aux vautours et aux
insectes nécrophages. Les murs de certaines maisons sont recouverts de peinture avec des scènes de
chasse, des taureaux, des cerfs, des béliers, des vautours et des hommes sans tête, parfois des motifs
géométriques.
Dans la campagne environnante, on cultive le blé, l'orge, les petits pois, les pois chiches, les lentilles, les
vesces ; on y cueille les pommes, les pistaches, les baies, les amandes et les glands. La pêche et la chasse
(cerf, sanglier, onagre) sont également pratiquées. Les artisans maîtrisent la fonte du cuivre et sont
spécialisés dans de nombreuses productions : pointes de flèche, fers de lance, poignards d'obsidienne et de
silex, masses d'armes en pierre, figurines de pierre et d'argile cuite, textiles, vaisselle de bois et de
céramique, bijoux (perles et pendentifs de cuivre).
Par sa situation au centre d'une plaine alluviale, la cité dispose de peu de ressources propres : produits
alimentaires, roseaux, argile, eau. Le reste doit être amené d'autres villes d’Anatolie, Syrie, Mésopotamie :
peaux, étoffes, vases en pierre, bois de charpente, obsidienne, silex, cuivre, coquillages, perles et épingles
de plomb et de cuivre.
Çatal Höyük sur le site de l’Unesco
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Villes grecques et romaines d’Asie mineure
Antioche
Encore appelée Antioche sur l’Oronte (Antakya), afin de la distinguer d’Antioche de Pisidie (Yalvaç), est située
à une cinquantaine de kilomètres de la frontière syrienne et en retrait à 30 km à l’intérieur des terres. Son
fleuve, l’Oronte (Asi), navigable dans l’Antiquité, la reliait à la mer et à son port, Séleucie de Piérie, d’où Paul
embarque pour ses voyages.
Fondée en -300 par Séleucos, c’est une cité florissante et prospère (industrie textile, joaillerie, produits de
luxe) qui devient la deuxième plus prestigieuse cité de l’Orient, au point de rivaliser avec Alexandrie, tant en
importance - elle accueille jusqu’à 500.000 habitants – que sur le plan culturel. Pompée, lors de sa campagne
de conquêtes, en fait en -64 la capitale de la grande province de Syrie.
Située dans une plaine fertile, abritée par de petits massifs montagneux, elle est peuplée de Grecs, de Syriens
rapidement hellénisés et de Juifs. Une rue principale longue de 4 km et large de 10 m, bordée d’élégants
portiques à colonnes, dessert échoppes et bâtiments publics. Comme toutes les grandes villes hellénistiques
puis romaines, Antioche s’enorgueillit d’un hippodrome, d’un amphithéâtre, de bains publics, de temples, …
Dès les premières années du christianisme, Antioche voit se développer une communauté de fidèles du Christ
et, selon les Actes des Apôtres, c'est là que les disciples de Jésus reçoivent pour la première fois le nom de «
chrétiens ». La ville fut pendant plus de 20 ans la patrie d'élection de saint Paul et le point de départ de ses
trois voyages missionnaires. D’après la tradition, Pierre aurait été le premier évêque d’Antioche où il serait
resté sept ans. A Antioche autant qu’à Jérusalem, s’est joué l’avenir du christianisme.
Après la destruction de Jérusalem (70), Antioche resta la seule métropole de la chrétienté en Orient, et exerça
sa juridiction sur la Syrie, la Phénicie, l’Arabie, la Palestine, la Cilicie, Chypre et la Mésopotamie.
Au début du IIe siècle, l'Église d'Antioche est déjà extrêmement organisée, avec Ignace d'Antioche pour
évêque depuis l'an 69. Au IVe s, l'Église d'Antioche est considérée comme la plus importante de la chrétienté
après Rome et Alexandrie. Elle est l'une des premières villes de l'empire à construire une importante
cathédrale (entre 327 et 341) avec coupole et mosaïques. L'importance religieuse d'Antioche diminue
progressivement avec la montée de Constantinople et l'érection de Jérusalem en patriarcat. De plus, l'Église
d'Antioche est affaiblie par les hérésies arienne, puis nestorienne et monophysite.
La cité est détruite en grande partie par un tremblement de terre en 526 qui aurait fait 250 000 victimes. Les
Perses Sassanides la pillent en 540 et déportent sa population en Mésopotamie. La ville est reconstruite par
Justinien sous le nom de Théoupolis (Cité de Dieu). Prise par les Arabes en 638, elle redevient byzantine en
966 et tombe aux mains des Turcs seldjoukides en 1084. Conquise par les Croisés en 1098, elle devient la
capitale d'une principauté. Sa prise par les mamelouks en 1268 annonce la fin de la domination chrétienne
en Syrie.
Aujourd’hui, la ville moderne a tout recouvert. Il ne reste que très peu de vestiges antiques, excepté une
fabuleuse collection de mosaïques romaines, à admirer au musée de la ville. Il ne faut pas manquer :
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Grotte de Saint Pierre : identifiée au XIe s par les Croisés comme étant la première véritable église
d’Antioche où les chrétiens, persécutés, pouvaient s’échapper par un tunnel.
Eglise catholique Saint-Pierre et Saint-Paul : installée depuis 1977 au centre-ville dans l’ancien
quartier juif, elle rassemble quelques dizaines de familles catholiques et serait située dans le quartier
où Paul rendit visite à la première communauté chrétienne de la ville.
Séleucie de Piérie : se trouve à une trentaine de kilomètres d’Antakya.
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Tarse
Comme la plupart des villes de Cilicie, Tarse fut tour à tour assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine,
arabe, arménienne et, pour terminer, ottomane et turque.
A l’époque romaine, Tarse est le siège du gouverneur de la province de Cilicie établie en -60 par Pompée. Elle
était déjà une cité commerçante prospère, située sur le cours inférieur du fleuve Cydnus, navigable jusqu’à
la mer Méditerranée. Son port se situe au départ de deux routes : l’une menant à l’ouest jusqu’à la mer Egée,
l’autre, au nord, jusqu’à la mer Noire. Son développement économique et culturel se poursuit sous l’Empire.
Elle était réputée pour le tissage de la toile.
Selon le géographe Strabon, la ville jouit d’une bonne réputation intellectuelle : elle abrite des écoles de
qualité où l’on enseigne la rhétorique et la philosophie grecque. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de
Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saul. Tarse est aussi connu pour être le lieu de la première
rencontre entre Cléopâtre et Antoine. Elle abrita l'une des premières églises chrétiennes d'Asie Mineure.
Aujourd'hui, le port de Tarse se trouve à une quinzaine de kilomètres à l'intérieur des terres, à cause d'un
envasement important. La ville moderne recouvre entièrement les vestiges antiques. A voir : la voie romaine
pavée de basalte (seul vestige strictement contemporain que l’apôtre a dû emprunter), le puits de Saint Paul
dans le vieux centre de Tarse, un puits d’époque romaine près duquel une tradition assez tardive situe la
maison de Paul, et l’Eglise Saint Paul, une jolie église en calcaire blond du XIe s (très reconstruite au XIXe s),
entourée d’un jardin paisible et transformée en musée.
Lystre
Lystre est fondée comme colonie romaine au 1er siècle av JC. Chassés d’Iconium, Paul et Barnabé viennent
en 48 y annoncer la Bonne Nouvelle. Ils y guérissent un invalide de naissance. La foule est enthousiaste : on
les prend pour des dieux. Ce qui fâche Saint Paul : « nous sommes des hommes, comme vous ». Il est
possible que Paul se soit pour la première fois adressé à des Gentils. Des juifs venus d’Iconium sèment la
dissension et la foule versatile se retourne contre Paul qui est lapidé et laissé pour mort. Secouru par des
disciples, il quitte Lystre pour Derbé.
Après l’assemblée de Jérusalem Paul repasse dans la région pour y communiquer les décisions du concile. Il
visite à nouveau Lystre vers 51 pour encourager dans la foi la jeune communauté chrétienne. Il y rencontre
Timothée, un jeune chrétien de père grec et mère juive devenue chrétienne, qui devient un proche
collaborateur. Il est possible que Paul soit passé une troisième fois à Lystre lorsqu’il traverse le ‘haut pays’,
en route pour Éphèse.
Iconium
Remontant à un site de l'âge du cuivre daté d'environ - 3 000, Iconium (Konya) fut dominée successivement
par le Hatti, les peuples de la mer, la Phrygie, les Galates, les Cimmériens, les Perses, le royaume de
Pergame. Elle fut évangélisée par l'apôtre Paul entre 45 et 49, et est le lieu de naissance de sainte Thècle
d'Iconium. Thècle est une jeune vierge qui, voulant devenir chrétienne, provoque la colère de sa mère et de
son fiancé qui la dénoncent au gouverneur. Paul est chassé de la ville et Thècle condamnée au bûcher. Elle
est sauvée par un orage providentiel. Elle rejoint Paul et survit tout aussi miraculeusement à d'autres
aventures et meurt en ermite à 90 ans.
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Antioche de Pisidie
Fondée par Séleucos vers 280, Antioche de Pisidie (Yalvaç) devient romaine vers 25. Elle connait un âge d’or
sous le règne d’Auguste qui y fonde une colonie pour ses soldats vétérans et ordonne de nombreux
aménagements urbanistiques, dont un temple à son culte et un théâtre. La ville, célèbre pour ses carrières
de marbre, comptait 15.000 habitants au IIe.
Les Actes des Apôtres nous apprennent que Paul et Barnabé se sont rendus deux fois à Antioche en 46. Ce
fut l'une des premières villes d'Anatolie à adopter le christianisme. C’est par cette ville moyenne, plus
précisément dans sa synagogue, que Paul commence à prêcher en Asie Mineure, dès son premier voyage. Il
semble enflammer les foules par ses discours le jour du sabbat, mais très vite il est chassé avec Barnabé.
Pourtant il y repasse à son retour. Peut-être a-t-il laissé dans la ville un noyau de fidèles …
En 713, Antioche est rasée par les Arabes. Elle ne s'en rétablit jamais et fut définitivement abandonnée au
profit de Yalvaç au XIIIe s.
Ne pas manquer la grande Basilique dédiée à Saint-Paul: située au nord-ouest de la ville, elle est connue
comme l’un des tous premiers exemples d’édifices chrétiens, la tradition veut qu’elle ait été bâtie sur les
vestiges de la synagogue où Paul a prêché.
A voir également les vestiges romains : le théâtre, le temple, l’aqueduc, …
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Aspendos
Aspendos est située sur un petit plateau qui domine la vallée et une rivière qui coule au pied. Elle fut fondée,
selon la tradition grecque, à l'époque préhellénique par des colons originaires d'Argos dans l'ancienne
province de Pamphylie. La présence d'eau et la valeur défensive du site explique sans doute le choix initial
de l'emplacement par les premiers occupants. Au Ve s av JC, Aspendos appartient à la ligue de Délos. Elle se
soumet à Alexandre le Grand en -334. À la mort du conquérant, elle est intégrée au royaume de Pergame,
puis rattachée à la province d'Asie à l'époque romaine. Comme une grande partie des cités antiques
orientales, Aspendos a été abandonnée vers le VIe-VIIe siècle suite aux invasions arabes. Mais au XIIIe s, un
sultan est tombé sous le charme du Théâtre Romain et l'a restauré pour en faire sa résidence d'été. Cela
explique que le monument nous est transmis pratiquement intact alors que le reste de la cité, notamment la
Basilique et le champ de course, sont totalement en ruine.
Le théâtre, construit sous le règne de Marc Aurèle, est l'un des mieux conservés du monde romain, et
certainement le mieux conservé d'Asie Mineure. Des spectacles y sont organisés tous les étés.
En contrebas de l'acropole, un aqueduc apportait l'eau depuis les hauteurs situées à quelques kilomètres au
nord-ouest. Il est le mieux conservé du monde romain avec ceux de Lugdunum.
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1. Aqueduc, 2. Porte nord, 3. Stade, 4. Bouleutérion, 5. Porte est, 6. Marché couvert, 7. Nymphée, 8. Agora,
9. Basilique, 10. Exèdre, 11. Théâtre, 12. Porte sud, 13. Bains, 14. Gymnase
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Pergé
Pergé aurait été fondée après la guerre de Troie par des colons grecs sur les rives du fleuve Cestros (Aksu
çayi), bordé de terres en pente douce, arables et fertiles. L'accès fluvial donnait à Pergé l'avantage de
disposer d'un port éloigné de 17 km de la mer. Elle se trouvait ainsi à l'abri des attaques de pirates.
Quand Alexandre le Grand arriva en Pamphylie, au IVe s av JC, les Pergéens se soumirent à lui sans combat.
Pergé passa ensuite sous la domination des Séleucides (223- 187), puis celle du royaume de Pergame. En 133, Pergé intégra l'empire romain quand Rome reçut en héritage le dit royaume.
C’est là que Paul et ses compagnons arrivèrent au début du premier voyage missionnaire. La ville grécoromaine fut le siège d'un évêché au début de la période byzantine (IVe s). Pergé perdra progressivement son
accès à la mer, à mesure que le fleuve se remplira d'alluvions. Confrontée aux incursions arabes du VIIe s, la
ville se dépeupla et fut finalement abandonnée.
Les vestiges antiques se trouvent à 2 km d’Aksu : l’agora, le canal, le Nymphée, la porte hellénistique, le stade
(235 x 35 m, 12.000 places), le théâtre (14.000 places), les thermes, la rue des Colonnades, …
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Plan de Pergé
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Termessos
Chose assez rare à l'époque, la cité est située en altitude (1 050 m) au fond d'une gorge qui se termine par
un petit plateau coincé entre deux sommets des monts Güllük (antique mont Solymos). De nos jours, une
route (payante) permet de se garer à 10 minutes en contrebas de la cité qu'on rejoint ensuite à pied par un
sentier de montagne.
Ses premiers habitants vivent de l'élevage, de la culture de l'olive mais aussi du brigandage ce qui leur
donne une réputation exécrable. Quand en -334, Alexandre le Grand lève le siège de la ville qu'il n'arrive
pas à prendre d'assaut, il brûle en représailles les champs d'oliviers.
La ville s'hellénise rapidement et compte à son apogée sans doute plusieurs dizaines de milliers d'habitants.
Rome lui accorde un statut indépendant en 70 pour la remercier de son alliance lors de la guerre contre
Mithridate VI. La ville est prospère sous la période romaine. Son déclin intervient à partir du Ve s quand un
tremblement de terre ravage la cité, détruisant notamment l'aqueduc. La cité est alors abandonnée. Du fait
de son accès particulièrement difficile, le site ne sera jamais réoccupé par la suite, laissant la nature envahir
les ruines.
De nos jours, les monuments de l'époque hellénistique et romaine sont encore visibles tel le théâtre (4 200
places) qui offre une vue grandiose sur la vallée ou le tombeau d'Alcétas, un officier d'Alexandre qui,
pourchassé en 319 par Antigone le Borgne, se réfugie puis se suicide dans Termessos. Outre un nombre
très important de coffres funéraires, on peut aussi y voir des tombeaux taillés directement dans les falaises
dont les arches et certains reliefs sont remarquablement conservés.
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Laodicée du Lycos
La ville antique porte le nom de l'épouse du roi séleucide Antiochos II (287-246), fondateur de la ville au IIIe
s av JC. Le nom de Laodicée étant commun à de nombreuses villes on lui ajouta ad Lycum du fait de sa
proximité avec le fleuve Lycos. Elle passe sous autorité romaine en -133. A l’époque de Cicéron, la ville était
déjà célèbre, mais c’est sous Néron et surtout sous Hadrien, qu’elle prend une importance considérable. Le
christianisme se répand assez vite dans la population où la colonie juive est nombreuse. L’Apocalypse la
compte au nombre des Sept Eglises d’Asie, évoquant en même temps que son rôle religieux et son opulence.
Pourtant, la fin de son histoire est assombrie par le terrible tremblement de terre de 494, par la conquête
seldjoukide en 1094, suivie par une dernière période d’occupation byzantine et de déclin, jusqu’à la fin du
XIIIe s.
Les ruines de Laodicée sont encore visibles entre le village de Goncali et le quartier d'Eskihisar, à 6 km de
Denizli. On peut encore suivre, sur la bordure du plateau, le tracé de l’enceinte, jalonné de portes
monumentales et y voir deux théâtres (15.000 et 20.000 places) et un stade (350 x 60 m) datant du 1er s. Près
du stade, un énorme bâtiment faisait office de bains. Aux environs immédiats du site, on peut aussi voir un
aqueduc et un pont romain.
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Hiérapolis
L'ancienne cité hellénistique est située au sommet de la colline de Pamukkale, connue pour ses sources
chaudes et ses concrétions calcaires, à 15 km de Denizli. Hiérapolis connut le destin de beaucoup de cités
hellénistiques d'Asie Mineure. Passée sous contrôle romain en -129 avec tout l'héritage du roi de Pergame,
Attale III, elle prospéra sous ses nouveaux maîtres. C'était une ville cosmopolite où se côtoyaient Anatoliens,
Gréco-Macédoniens, Romains et Juifs. Les sources chaudes qui attiraient des foules de curistes avaient une
autre utilisation : elles servaient à dégraisser et â teindre la laine. Ville thermale, ville sainte, Hiérapolis était
aussi un centre important de l'industrie textile.
Au 1er siècle de notre ère, en dépit des séismes qui la ravagèrent à deux reprises, elle restait prospère et
peuplée. Une tradition ancienne veut que l'Apôtre Philippe l'ait évangélisée et y ait été crucifié, sous
Domitien, vers l'an 87. Les IIe et IIIe siècles marquèrent l'apogée de la ville romaine. Le premier évêque en
fut Papias d’Hiérapolis au IIe s, auteur de cinq livres d’Exégèses.
Le déclin de la cité ne s'amorça - comme pour Ephèse - qu'après 330 lorsque Constantin inaugura
solennellement la "Nouvelle Rome", Constantinople. Hiérapolis resta, à la période byzantine, le siège d'un
évêché. D'imposants monuments chrétiens, une forteresse bâtie sur la falaise témoignent de cette ultime
phase de son histoire. A voir : le théâtre, la nécropole, le martyrium de saint Philippe, le plutonium et le
temple d'Apollon.
Pamukkale
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Aphrodisias
Aphrodisias doit son nom à Aphrodite, la déesse grecque de l'amour qui avait, dans le sanctuaire de la ville,
son unique statue de culte : l'Aphrodite d'Aphrodisias.
La ville semble avoir été fondée par les Lélèges. Son nom changera successivement en Lelegonopolis,
Megalopolis et Ninoe pour finalement prendre le nom d'Aphrodisias au IIIe s av JC. C'est un tremblement
de terre suivi d'une inondation au IVe s qui détruira la majeure partie de la cité. Le christianisme mit fin au
culte d'Aphrodite. La ville sera rebaptisée Stavrapolis (Cité de la Croix) et le temple transformé en église.
De nombreux édifices ont été mis au jour : le théâtre (-28), une basilique civile, le portique de Tibère, les
thermes d'Hadrien, les thermes du théâtre, le palais épiscopal, l'odéon (fin du 1er s av JC, 2000 places), le
temple d'Aphrodite (1er s av JC), le stade qui pouvait accueillir 30 000 spectateurs, le Tétrapylon qui
marquait l'accès au sanctuaire d'Aphrodite, …
Le mur de fortification d’Aphrodisias (IIIe s) est plus ou moins circulaire. Il entoure sur 3,5 km toute la ville
antique (80 ha) et comprend le stade à sa limite nord. Le mur comportait 23 tours et huit portes, dont une
au sud du stade. La hauteur du mur varie entre 2 et 10 m, et son épaisseur entre 2 et 3 m.
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Didymes
Didymes est renommée pour son Temple d'Apollon ; il est de dimensions telles (118 m × 60 m) qu'il ne peut
être comparé, en Ionie, qu'avec l'Héraion de Samos et l'Artémision d'Éphèse. Il compte parmi les grands
bâtiments de l'Antiquité les mieux conservés de nos jours.
Le site de Didymes est indissolublement lié à celui de Milet, situé 15 km plus au nord. L'accès ordinaire était
la voie maritime ; depuis le VIe s av JC, une « voie sacrée », empruntée par les pèlerins et les processions,
reliait le port de Milet au sanctuaire.
Hérodote indique que les Ioniens arrivèrent au cours du 1er millénaire av JC, et assimilèrent un culte et un
sanctuaire déjà existants, où l'on vénérait la déesse Nature. La légende rapporte que c'est en ce lieu de
l’oracle que Léto aurait conçu de Zeus son fils Apollon. L'oracle fut célèbre dès le VIIe av JC dans tout le
monde grec et au-delà : Hérodote rapporte que des offrandes vinrent du pharaon Néchao et de Crésus, roi
de Lydie.
Le culte prit fin au IVe s, et Didymes fut érigé en évêché. Le sanctuaire fut endommagé par des séismes aux
VIIe et XVe siècles, ce dernier causant l'abandon de la colonie, qui ne se repeupla qu'au cours du XVIIIe s.
Au sud-est du temple se trouve un stade où l'on organisait des compétitions, depuis environ 200 av JC. Les
marches du stylobate, au sud-est du temple, servaient alors de sièges pour les spectateurs
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Milet
Milet naît à l'époque mycénienne vers -1400, elle est alors occupée par des Crétois. Elle sera ensuite
habitée par des Cariens. Au Xe s, les Ioniens, chassés de Grèce continentale par les Doriens, colonisent la
côte d'Asie-Mineure et fondent douze grandes cités ioniennes (la Dodécapole) : Milet, Éphèse, Phocée,
Colophon, Clazomènes, Priène, Téos, Chios, Lébédos, Erythrée, Samos et Myonte.
A cette époque, Milet se trouvait au bord de la mer, à l'embouchure du fleuve Méandre. La cité s'enrichit
avec le commerce maritime grâce à ses quatre ports, dès -670, elle établit de nombreux comptoirs sur la
mer de Marmara, la mer Noire, la Grande-Grèce (Sybaris) et même en Egypte (Naucratis).
Au VIe s av JC, Milet devient vassale des rois de Lydie (dont Crésus). En -546, les Perses s'emparent des cités
grecques d'Asie-Mineure et mettent fin à la prospérité de Milet. En -494, Milet donne le signal de la révolte
contre les Perses ce qui déclenche les guerres Médiques (les Mèdes = les Perses). Darius, roi des Perses,
détruit la flotte ionienne, pille Milet et déporte ses habitants sur les bords du Tigre. En -479, suite à la
deuxième guerre médique où les Athéniens battent les Perses une seconde fois, la ville est reconstruite par
le philosophe et urbaniste Hippodamos qui invente un nouveau plan de ville.
Milet passe pour être la première ville antique à avoir utilisé le plan hippodamien : un quadrillage
orthogonal orienté suivant les points cardinaux. Les deux axes principaux découpent la ville en quatre îlots
qui sont eux-mêmes redécoupés en lots géométriques en fonction des activités (sacrée, publique, privée) et
des classes sociales (artisans, agriculteurs, combattants). Propagé par Alexandre le Grand (notamment
utilisé à Alexandrie), le plan hippodamien eut un succès considérable dans le monde hellénistique avant
d'être repris par les Romains qui l'utilisèrent systématiquement dans la fondation de leurs colonies. Ce plan
est aussi appelé, compte tenu de sa forme, "en damier". L'axe principal Nord-Sud est appelé "cardo" (des
directions "cardinales") tandis que l'axe Est-Ouest est appelé "décumanus" (les Romains utilisèrent ce plan
pour les camps de légionnaires, le long de cet axe Est-Ouest, étaient stationnées les cohortes décumanes).
Milet entre dans l'orbite de son alliée Athènes mais les Perses (-401), puis les Cariens (-350) la dominent à
nouveau sous Mausole. Alexandre le Grand la pille à nouveau en -334, toutefois, elle trouve un nouvel
essor qui se prolonge pendant toute la période hellénistique et romaine. En -301 (bataille d'Ipsos), la ville
se trouve sous la domination des Séleucides. La chute du royaume séleucide la fit passer sous la domination
du royaume de Pergame. A partir de -133, les Romains héritant du royaume de Pergame dominent l'Asie
Mineure mais ils n'intègrent pas Milet à la province d'Asie et lui laissent son indépendance.
Milet devient un important archevêché à l'époque byzantine mais les alluvions du Méandre ensablent ses
ports ce qui réduit considérablement sa puissance. Les assauts des Seldjoukides (1071), des Turcs, des
Croisés l'affaiblissent encore plus. Au XVIIe s, les ports sont irréversiblement ensablés et la vlle est
repoussée à 10 km de la mer. Le petit village de Balat qui subsiste est définitivement abandonné en 1955
suite à un tremblement de terre.
Les fouilles ont révélé une grande partie de la cité portuaire et de ses monuments hellénistiques :
bouleutérion (salle de réunion de la Boulè, le Conseil), marchés du nord, du sud et de l’ouest, nymphée
(fontaine publique avec sculptures, thermes de Faustine, temple d’Athéna, stade, delphinion (sanctuaire
d'Apollon Delphinios, principal sanctuaire de la cité). Le sanctuaire d'Apollon à Didymes, situé à 15 km de
Milet, est relié à la ville par une route directe partant de la porte Sacrée.
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Priène
Fondée par les Ioniens au XIe s av JC, Priène devra son rayonnement au fait qu’elle accueillait le Panionion,
sanctuaire de l’ensemble des cités ioniennes dans lequel se déroulaient les fêtes en l'honneur de Poséidon
Heliconios. Elle deviendra l'une des principales cités de la ligue ionienne, au VIe s av JC, avant d'être
détruite par les Perses. La ville sera reconstruite suivant un plan en damier par Hippodamos de Milet, en 350, le long du Méandre et au pied d'un contrefort du mont Mycale. L'empereur Alexandre le Grand
financera la construction d'un grand sanctuaire en l'honneur d'Athéna avec l'or du Pactole.
La ville passera sous la domination des Séleucides, puis des rois de Pergame, avant d'être intégrée à
province d'Asie de l'Empire romain, en -129. Victime d'ensablement, le port de Priène cessera son activité.
La ville antique se trouve aujourd'hui à 15 km de la mer.
La cité était entourée d’un beau rempart à bossages de près de 6 m de haut, renforcé par endroits de tours
carrées, percé de quatre portes (deux à l’ouest, deux à l’est). Sur l’acropole, l’on remarquera le temple
d’Athéna, le temple de Déméter et Coré (le plus vieux de la cité) et les maisons des notables dont certaines
avaient un étage. La ville basse accueillait les bâtiments publics, le stade daté du IIe s av JC (190 x 20 m) et
deux gymnases bien préservés.
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Ephèse
Éphèse aurait été fondée au XIe s. av JC par Androclos, fils du roi d’Athènes. Cette première cité fut
abandonnée au profit d’une nouvelle ville proche du mont Pion et de l’Artémision. Elle fut prise au milieu du
VIe s av JC par Crésus, roi de Lydie puis par les Perses. Libérée par Alexandre le Grand, c’est un de ses
généraux, Lysimaque qui la fit reconstruire dans la vallée séparant le mont Pion et le mont Koressos à
l'embouchure du grand fleuve anatolien Caystre. Il fit aménager un nouveau port, le précédent devenant de
moins en moins utilisable du fait de son ensablement. Ephèse devient romaine en -129 lorsque le roi de
Pergame la lègue à la puissance dominante. Au 1er siècle de notre ère, elle est l’une des plus importantes
villes d’Orient, juste derrière Antioche sur l’Oronte et Alexandrie en Egypte, et compte près de 250.000
habitants. Elle devient capitale de la province romaine d’Asie sous Hadrien en 133.
A l’époque de Paul, entre 53 et 58, Ephèse ressemble à un vaste chantier, occupée à effacer les traces d’un
tremblement de terre subi en 17. Ses bâtiments publics – notamment le théâtre – sont rénovés ou rebâtis
par les Romains, son urbanisme revu, pour mieux proclamer son rang. Son port, très important, assure la
permanence des communications entre l’Orient et l’Occident et son activité commerciale est florissante
puisqu’il se situe au débouché de la grande route qui traverse tout l’Anatolie. Grâce à son sanctuaire de la
grande déesse Artémis, Ephèse tire aussi profit du va-et-vient de nombreux pèlerins.
L’apôtre Jean se serait retiré à Ephèse pour écrire son Apocalypse, emmenant avec lui Marie, mère de Jésus.
Paul y trouve une importante communauté juive et, déjà, des chrétiens, en tout cas des disciples de Jean que
Paul renforce dans le christianisme. Après une brève escale lors de son deuxième voyage missionnaire, il s’y
installe pour deux ou trois années et enseigne dans l’école d’un certain Tyrannos.
Vers 250, sous l’empereur Dèce (248-251), la légende place le début de l’histoire des Sept Dormants d'Éphèse
: un groupe de jeunes gens poursuivis pour leur foi chrétienne se réfugie dans une grotte où ils s’endorment
et sont emmurés par leurs persécuteurs ; ils se réveillent deux siècles plus tard sous le règne de Théodose
(347-395), époque où le christianisme a triomphé ; ils auraient ensuite été enterrés dans cette même grotte.
La christianisation de la ville prend un tour radical au tournant du IVe et du Ve siècle. De nombreuses traces
de violence contre les édifices païens révèlent l'existence d'un véritable iconoclasme chrétien : e nom
d'Artémis est effacé des inscriptions, des croix sont gravées au front des statues quand elles ne sont pas
détruites et enterrées, la statue d'Artémis est abattue et remplacée par une croix monumentale, le temple
d'Hadrien divinisé est détruit jusqu'à ses fondations, et son décor sculpté brûlé dans des fours à chaux. À
Éphèse même, le triomphe du christianisme se manifeste d’abord par une floraison d’églises dans la ville,
dont certaines sont installées dans des monuments païens convertis au culte chrétien. L’importance de la
communauté chrétienne d’Éphèse est confirmée par la tenue de deux importants conciles en 431 et 449.
Au VIIe siècle, comme pour toutes les villes d'Asie Mineure, la prospérité de la ville prend fin par les effets
combinés de plusieurs facteurs : un séisme important frappe la ville vers 614, les Arabes la mettent à sac vers
650, une nouvelle attaque en 781 entraîne la déportation de 7 000 habitants de la ville.
Pendant la période byzantine, la ville continue de décliner au détriment de Smyrne qui devient la plus
importante des villes de la côte. Au XIe s, elle possède encore un port assez actif, mais dont l'ensablement
définitif signe bientôt la fin de toute activité commerciale. La ville est progressivement abandonnée.
Les Turcs s’emparent d’Ephèse en 1304, une partie de la population de la ville est déportée et le reste
massacré. Les églises sont détruites à l'exception de Saint-Jean, transformée en mosquée et en marché. Pour
tout le diocèse d'Asie, il ne reste que de six prêtres, et la communauté chrétienne se réduit à des esclaves et
à des moines de la région.
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En visitant Ephèse, il ne faut pas manquer :
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La Voie Sacrée : Paul n’a pu voir la plupart des édifices que nous admirons aujourd’hui car ceux-ci
datent des IIe et IIIe siècles, apogée du rayonnement de la cité ; de part et d’autre de cette voie et
de l’agora supérieure, des temples, des fontaines, des bains, un bouleutérion (salle du conseil de la
cité) et de très beaux vestiges de bâtiments publics ont été dégagés lors des fouilles,
La bibliothèque de Celsius était l’une des plus importantes de l’Antiquité et pouvait contenir jusqu’à
12.000 rouleaux de textes,
La statue de la déesse Artémis que l’on peut admirer au musée de Selçuk, la ville moderne, n’est pas
la grande statue de l’époque, mais une copie fidèle du 1er siècle ; à l’’époque, la déesse habitait un
temple classique si beau que les Grecs le classent parmi les « Sept merveilles du monde » ; ce temple
sera systématiquement détruit au IVe siècle lorsque le christianisme triomphera,
Le théâtre est en cours d’achèvement lors du passage de Paul ; il pouvait accueillir jusqu’à 24.000
spectateurs ; c’est dans ce lieu que Luc place la fin de l’émeute suscitée par les orfèvres d’Artémis,
La double église du concile : entre le grand théâtre et le port, il faut emprunter une rue moins
fréquentée par les touristes, la voie arcadiane ; derrière une rangée de peupliers, on découvre alors,
dans un terrain vague, cachés par les thermes, les vestiges d’une double église consacrée à la Vierge
; c’est à cet endroit qu’eut lieu en 431, le concile d’Ephèse qui attribua à Marie de Nazareth, mère de
Jésus, le titre de « Théotocos », c’est-à-dire de « Mère de Dieu »
La maison de la Vierge ou Meryemana : une tradition chrétienne très ancienne raconte que l’apôtre
Jean finit ses jours en veillant sur Marie qui se serait retirée dans une maisonnette où se dresse
aujourd’hui une petite chapelle ; le 15 août, de nombreux croyants viennent y célébrer l’Assomption,
La basilique Saint Jean : au Vie s, alors qu’Ephèse déclinait à cause de l’ensablement de son port, un
petite cité - Selçuk – se développait en hauteur autour de la basilique Saint Jean, construite sur
l’emplacement où la tradition situe, depuis le IIe s, la tombe de l’apôtre ; cette belle et très ancienne
église à six coupoles a influencé l’art roman occidental,
La Grotte des Sept Dormants : ce sanctuaire rupestre abrite une succession d’églises bâties sur une
nécropole paléochrétienne,
La grotte de Paul, située sur les pentes du mont Bülbül, a été décorée de peintures au VIe siècle en
souvenir de Paul
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Plan d’Ephèse
1- Porte Magnésia
2- Gymnase Est
3- Bains
4- Odéon
5- Prytanée
6- Marché basilique
7- Agora haute
8- Monument de Memmius
9- Rue des Courètes
10-Fontaine Polio
11-Temple de Domitien
12-Fontaine de Trajan
13-Bains
14-Temple d'Hadrien
15-Latrines
16-Maisons
17-Tombe octogonale
18-Nympheum byzantin
19-Lupanar
20-Bibliothèque de Celsus
21-Porte de Mazaeus et Mithridate
22-Temple de Serapis
23-Rue marbrée
24-Agora basse
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25-Grand théâtre
26-Voie arcadienne (du port)
27-Théâtre/gymnasium
28-Monument à quatre colonnes
29-Porte du port
30-Hall Verunalus
31-Gymnase du port
32-Bains du port
33-Eglise de la Vierge
34-Stade
36-Grotte des sept dormants
37-Tombe Saint Luc
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Smyrne
Fondée par des colons grecs au VIIe s av JC., Smyrne (Izmir) est devenue l’une des cités grecques les plus
illustres d’Anatolie, berceau des mathématiques et un des lieux de naissance présumés du poète Homère.
Sous l’Empire romain, la plus grande et la plus romanisée des villes d’Asie mineure, dotée de nombreux
temples et d’un vaste théâtre antique, était qualifiée de « joie de l’Asie et joyau de l’Empire ». Elle abritait
également une des premières églises, fondée par saint Paul lui-même durant son voyage en Asie mineure en
53-56. La ville connut ensuite une période de pillages et de déclin. Attaquée successivement par les
Seldjoukides (1082), les Génois (1261), les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (1344), Tamerlan (1402),
Venise (1472), elle devint, après le XVe siècle, une petite ville marchande de l’Empire ottoman, desservant
toute la région voisine. En 1580, elle comptait environ 2.000 habitants. Elle doit sa renaissance à sa situation
géographique, nichée au bout d’un long golfe, sur la côte ouest de l’Anatolie, à l’endroit où la Méditerranée
fait une avancée dans l’extrémité occidentale de l’Asie. Après 1600, Izmir vécut un second âge d’or et devint
la « perle du Levant » et l’« œil de l’Asie ».
Vers 100, l’apôtre Jean aurait institué son premier évêque Polycarpe de Smyrne (69-155) dont le disciple le
plus connu est Irénée de Lyon (130-202).
De la ville romaine ne sont connues que la zone de l'agora et l'emplacement du théâtre, aujourd'hui recouvert
par des maisons.
Sardes
Capitale de la Lydie, Sardes tirait ses richesses de l'or que l'on extrayait du fleuve Pactole. Crésus, célèbre pour
sa fortune, en fut roi au VIe s av JC. C'est dans cette cité que les premières monnaies furent frappées. On y
travaillait bien sûr l'orfèvrerie et la ville était riche de vergers et d'artisanats textiles. Complètement détruite
par un tremblement de terre en 17, la ville fut reconstruite par les Romains et connut un fort essor chrétien
au cours du 1er siècle de notre ère. Elle abrita l'une des sept églises d'Asie dont parle la Bible. Les ruines des
époques romaine et byzantine sont importantes, notamment les bains, le théâtre et le gymnase.
Pergame
Pergame est une ville de Mysie située à environ 80 km au N. de Smyrne (Izmir) et à 25 km de la mer Égée. Il
est peu probable qu'elle ait été une colonie grecque, vu son éloignement de la mer. Elle sort de l'anonymat
lorsque Lysimaque y fait construire une forteresse sur une colline escarpée pour entreposer un trésor de
guerre pris aux Perses. Ses successeurs, les Attalides, feront de Pergame une ville riche et un royaume qui
dominera une grande partie de l’Asie Mineure. En -133, le dernier souverain de Pergame lègue son royaume
à Rome qui en fait la capitale de la province romaine d’Asie.
La religion païenne était prépondérante à Pergame. Il semble que des astrologues chaldéens se soient enfuis
de Babylone à Pergame et y aient établi leur académie. Des malades de toute l’Asie affluaient à Pergame, car
il s’y trouvait un temple d’Asclépios, le dieu des guérisons et de la médecine. Pergame fut la première ville à
posséder un temple dédié au culte de l’empereur. Sous le règne des empereurs Trajan et Sévère, deux autres
temples de ce genre furent bâtis dans la ville. Pergame était également un lieu important de culte à
Zeus/Jupiter et son temple d’Aphrodite était également très connu. C’est sans doute pour cela que l’apôtre
Jean écrit dans la lettre à la congrégation de Pergame que la ville se trouvait ”là où habite Satan”.
La ville, qui compte alors 160 000 habitants, sera la plaque tournante du commerce en Orient jusqu'aux IIe et
IIIe siècles. La concurrence de Petra, puis de Palmyre, finira par l'emporter. Les habitants de la cité, menacés
au VIIIe siècle par les Arabes, détruiront de nombreux monuments pour construire des fortifications. Pergame
sera ravagée par Tamerlan en 1402.
Deux sites sont à voir absolument à Pergame : l'Asclepeion (le centre de cure dédié à Asclépios) et l'Acropole
au sommet d'un large éperon rocheux (à 280 m d'altitude)