[ Dossier de Presse ] Giacometti en Amérique du Sud

Transcription

[ Dossier de Presse ] Giacometti en Amérique du Sud
DOSSIER DE PRESSE
GIACOMETTI EN AMÉRIQUE DU SUD
RÉTROSPECTIVE ITINÉRANTE AU BRÉSIL ET EN ARGENTINE
PINACOTECA DO ESTADO (SÃO PAULO) / 24 mars - 17 juin 2012
MUSEU DE ARTE MODERNA (RIO DE JANEIRO) / 17 juillet - 16 septembre 2012
FUNDACIÓN PROA (BUENOS AIRES) / 13 octobre 2012 - 9 janvier 2013
Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr ----------------------------------------------------------------------------------------------------------
ALBERTO GIACOMETTI
COLLECTION DE LA FONDATION ALBERTO ET ANNETTE GIACOMETTI
La Fondation Alberto et Annette Giacometti présente la première grande rétrospective consacrée à l'œuvre d'Alberto Giacometti (1901-­‐1966) en Amérique du Sud. Itinérance internationale entre São Paulo [Pinacoteca do Estado], Rio de Janeiro [Museu de Arte Moderna] et Buenos Aires [Fundación PROA], cette exposition inédite est l'occasion exceptionnelle de réunir sur le continent sud-­‐
américain, de la fin mars 2012 au début janvier 2013, plus de 220 œuvres provenant des riches collections de la Fondation Alberto et Annette Giacometti, légataire universelle d'Annette Giacometti, veuve de l'artiste. L'exposition permet au visiteur de suivre l’ensemble de la carrière de l'un des plus grands maîtres de l’art du XXème siècle, depuis la formation dans l’atelier de son père en Suisse jusqu’aux dernières productions monumentales conçues pour une place de New York. Présentant tous les aspects de la production de Giacometti (sculptures, peintures, dessins, objets d'art décoratif, gravures, écrits), l'exposition aborde les principaux thèmes de réflexion créative de l'artiste : la leçon de Cézanne, l’influence du cubisme, la découverte de l’art africain en 1926, la marque durable de la pensée magique et du surréalisme, l’invention d’une nouvelle représentation de l’être humain. La quête intellectuelle de Giacometti le rapprocha des plus grands penseurs de son époque : André Breton, Jean-­‐Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Jean Genet, qui sont également évoqués dans l’exposition au travers de portraits et de textes. C'est aussi l'occasion de rappeler que Giacometti fréquentait en France des collectionneurs, mécènes et amateurs d'art sud-­‐américains, attirés par l'émulation culturelle du Paris des années 1930. Le premier collectionneur à acquérir une œuvre de Giacometti, la Tête qui regarde, en 1929, fut une Argentine : Elvira de Alvear, la nièce du général Carlos Maria de Alvear. Un exemplaire de cette œuvre figure dans l'exposition, accompagnée du seul bronze de l'artiste appartenant aux collections publiques brésiliennes, les Quatre femmes sur socle du musée d'art moderne de Rio, acquis à la Biennale de São Paulo en 1951. Au Brésil, l'exposition soulignera l’influence capitale pour Giacometti de sa rencontre avec l’art africain en 1926, qui marque le début de son œuvre de maturité. C’est en effet au contact de l’art africain et océanien que Giacometti élabore le concept capital d’une œuvre « vivante », magique et chargée, qu’il poursuivra jusqu’à la fin de sa vie. À Buenos Aires, des objets d'art décoratif venant d'une importante commande de collectionneurs argentins en 1939 se joignent à la présentation. Giacometti ne mit jamais les pieds en Amérique du Sud, bien qu'il ait été invité par le décorateur Jean-­‐Michel Frank, avec lequel il travaillait depuis 1930, à le rejoindre en Argentine. Jean-­‐Michel Franck s'était brièvement réfugié pendant la guerre à Buenos Aires, d'où il continuait son activité avec la société Comte, important en Argentine du mobilier et des objets d'arts décoratifs produits à Paris. 37 peintures, 86 sculptures, 85 dessins et estampes et 13 objets d'art décoratif permettent d'appréhender les multiples aspects de l'œuvre de Giacometti, la présentation étant complétée par une riche documentation photographique. Le commissariat est assuré par Véronique Wiesinger, directrice de la Fondation Alberto et Annette Giacometti et auteur de l’exposition rétrospective au Centre Georges Pompidou en 2007. Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Un livre de référence, conçu par Véronique Wiesinger et réalisé avec l'éditeur brésilien Cosac Naify, accompagne l'exposition, et s'annonce comme l'ouvrage scientifique le plus important jamais publié sur Giacometti au Brésil. Il comprend un important essai inédit de Cecilia Braschi sur les liens entre Giacometti et l'Amérique du Sud. Fruit d'un travail de trois ans et d'une étroite collaboration entre la Fondation Giacometti et des institutions muséales sud-­‐américaines d'envergure internationale, cette ambitieuse exposition est conçue par la Fondation et produite par l'agence de projets culturels Base7. Placée sous le patronage de l’Ambassade de France au Brésil, la manifestation bénéficie du soutien du Ministère de la Culture du Brésil et de sponsors privés (Bradesco, Confab Tenaris), ceci grâce à la Loi Rouanet en faveur du mécénat culturel au Brésil. --------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pinacoteca do Estado de São Paulo Praça da Luz, 2 -­‐ São Paulo, Brésil www.pinacoteca.org.br 24 mars -­‐ 17 juin 2012 Museu de Arte Moderna do Rio de Janeiro (MAM-­‐Rio) Avenida Infante Dom Henrique 85 -­‐ Rio de Janeiro, Brésil www.mamrio.org.br 17 juillet -­‐ 16 septembre 2012 Fundación PROA Avenida Pedro de Mendoza 1929 La Boca -­‐ Buenos Aires, Argentine www.proa.org 13 octobre 2012 -­‐ 9 janvier 2013 --------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour plus d'informations www.fondation-­‐giacometti.fr www.base7.com.br www.pinacoteca.org.br www.mamrio.org.br www.proa.org Contact presse Flora MITJAVILE Tel | standard + 33 1 44 54 52 44 Tel | ligne directe + 33 1 44 54 34 82 Fondation Alberto et Annette Giacometti 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris
Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr PARCOURS DE L’EXPOSITION
PINACOTECA DO ESTADO DE SÃO PAULO,
BRÉSIL
Alberto Giacometti (1901-­‐1966) est l’un des plus importants artistes du XXème siècle. Né en Suisse, il s’installe à Paris en 1922 et y restera jusqu’à sa mort. De 1925 à 1965, sa production accompagne les grands mouvements de la modernité : cubisme, surréalisme, abstraction et retour à la figuration, sans jamais dévier d’une route exigeante qu’il traça de façon indépendante. Figure inclassable, il s’est employé sans relâche à créer une œuvre qui cherche à répondre à de nombreuses questions de fond sur la pratique artistique, toujours actuelles -­‐ comme la signification et les moyens de la représentation, la relation de l’œuvre d’art à l’espace, le rôle de l’art et de l’artiste. Au-­‐delà, Giacometti s’est interrogé sur des questions philosophiques fondamentales à l’être humain, comme la relation entre le sujet et ce qui l’entoure, l’inscription de l’individu dans le temps et le rôle de la mémoire. Rejetant les formules toutes faites qui ne cessent d’encombrer notre perception, Giacometti a cherché chaque matin à regarder par lui-­‐même, et à traduire ce qu’il voyait le plus exactement possible. En nous invitant à partager sa vision, il nous encourage à ouvrir nos propres yeux. Cette exposition est conçue à partir des collections de la Fondation Alberto et Annette Giacometti, créée en 2003 à Paris à l’initiative de la veuve de l’artiste, à partir des collections du couple. SALLE 1
UNE JEUNESSE PASSÉE DANS UN ATELIER
Consacrée aux débuts de Giacometti, cette salle présente les œuvres de jeunesse de l'artiste (1901-­‐
1921) et les premières sculptures de ses débuts parisiens (1922-­‐1928). Sa première peinture à l’huile, réalisée à l'âge de 14 ans dans l'atelier suisse de son père Giovanni, peintre impressionniste, y est exposée avec son premier buste sculpté, la petite Tête de Diego sur socle (1914-­‐1915). Cette salle présente également des portraits de Giacometti par son père et par son parrain, le peintre symboliste Cuno Amiet, deux figures essentielles dans le développement artistique du jeune Alberto. En 1922, Giacometti part étudier à Paris et entre à l’Académie de la Grande-­‐Chaumière, où il suit l’enseignement du sculpteur Antoine Bourdelle. Des dessins de nus témoignent de cet apprentissage, et, comme ses premières sculptures cubistes, de l’influence de Jacques Lipchitz et de Fernand Léger. Nature morte aux pommes, vers 1915
Huile sur carton, 36,20 x 36,60 cm
Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 19940565-1 © Succession Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012
SALLE 2
LA RENCONTRE DES ARTS PREMIERS
La deuxième salle de l'exposition traite de l'influence de la sculpture africaine et océanienne chez Giacometti. Quand Giacometti s’y intéresse en 1926, l’art africain n’était plus une nouveauté pour les artistes modernes de la génération précédente (Picasso, Derain) ; il s’était même vulgarisé au point de devenir décoratif. Les deux œuvres qui l’ont fait remarquer du public pour la première fois : la Femme-­‐cuillère et Le Couple, exposés en 1927 au Salon des Tuileries à Paris, témoignent du bouleversement que cette rencontre produit chez le jeune artiste. En 1928, Giacometti commence une série de femmes et de têtes plates, dont la nouveauté lui vaut d’être remarqué en 1929 et d’obtenir un premier contrat avec une galerie, celle de Pierre Loeb, qui expose les Surréalistes. A cette époque, Giacometti fréquente Carl Einstein, l’auteur du livre de référence sur la sculpture africaine, Negerplastik (1915) et Michel Leiris, qui deviendra un spécialiste de l’art dogon. Plusieurs œuvres plus tardives, dont des plâtres peints exceptionnels et quelques peintures, montrent comment l’art non-­‐occidental a influé durablement sur sa production. Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Femme cuillère, 1927 (version de 1953)
Plâtre, 146.5 x 51.6 x 21.5 cm
Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 19940297 © Succession Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012
L'artiste s’éloigne d’une représentation naturaliste et académique pour une vision totémique et parfois hallucinée de la figure, chargée d’une puissance magique. SALLE 3
L’EXPÉRIENCE SURRÉALISTE
Giacometti adhère au mouvement surréaliste d’André Breton en 1931 et en est exclu en février 1935, mais les procédés surréalistes jouent une importance continue dans sa création : vision onirique, montage et assemblage, objets à fonctionnement métaphorique, traitement magique de la figure. [Le palais à 4 heures du matin], 1932
Huile sur carton, 49,30 x 55,10 cm
Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 19940575 © Succession Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012
Cette salle présente la Tête qui regarde, qui le fit remarquer par le groupe en 1929, ainsi que la Femme qui marche de 1932, conçue comme un mannequin pour l’importante exposition surréaliste de 1933, présentée ici dans la version sans bras ni tête qui figura à l’exposition surréaliste de Londres en 1936. Une version peinte de la construction sur plateau intitulée Le Palais à 4 heures du matin évoque l’aspect théâtral de son univers onirique. Membre actif du groupe de Breton, Giacometti s’y impose vite comme l’un de ses rares sculpteurs. En créant en 1965 pour une rétrospective à Londres une dernière version de la Boule suspendue et en en donnant une version peinte, Giacometti montre la persistance de son lien avec le mouvement. SALLE 4
OBJETS
La création d’objets d’art décoratif montre l’intérêt de Giacometti pour les objets utilitaires qu’il admirait dans les sociétés antiques ou primitives. En 1931, Giacometti avait créé une nouvelle typologie de sculptures, les « objets mobiles et muets » : des objets au mouvement latent et suggéré, qu’il faisait exécuter en bois par un menuisier. Comme l’Objet désagréable ou l’Objet désagréable à jeter, la Boule suspendue établit un pont entre l’objet et la sculpture et interroge le statut même de l’œuvre d’art. Dans certaines de ces sculptures, Giacometti recourt pour la première fois au procédé de la « cage », qui lui permet de délimiter un espace onirique de représentation. A partir de 1930, Giacometti crée de nombreux objets utilitaires: lampes, vases, appliques qui étaient vendus par le décorateur d’avant-­‐garde Jean-­‐Michel Frank. Il conçut aussi des bas-­‐reliefs en plâtre ou en terre-­‐cuite pour des commandes spéciales – ceux exposés ici pour un collectionneur américain et pour l’hôtel particulier des Louis-­‐Dreyfus à Paris. En 1939, il fut l’un des artistes sollicités pour une grande commande d’un collectionneur argentin pour lequel il dessina des cheminées, des lustres, des consoles. Juste avant l’envoi à Buenos Aires, le décor complet, coordonné par Jean-­‐Michel Frank, fut installé dans une maquette à grandeur réelle à Paris. Après la guerre, Giacometti continua à créer d’autres objets dont une lampe en 1950, inspirée de la statuaire dogon et des objets funéraires égyptiens, ou un foulard en 1959 pour une commande de son galeriste Aimé Maeght. Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr personnalités importantes : la mécène Marie-­‐Laure de Noailles, l’écrivain Simone de Beauvoir qu’il a rencontrée en 1941, et, à la demande d’Aragon, le héros de la Résistance Rol-­‐Tanguy. SALLE 6
UNE FEMME COMME UN ARBRE, UNE TÊTE
COMME UNE PIERRE
Boule suspendue, 1930-1931 (version de 1965)
Plâtre et métal, 60,6 x 35,6 x 36,1 cm
Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 19940250 © Succession Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012
Giacometti était en Suisse pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Peu avant son retour à Paris en septembre 1945, Giacometti conçoit la sculpture qui sera le prototype de ses figures debout d’après-­‐guerre : la Femme au chariot, qui représente l’image, de mémoire, de son amie anglaise, Isabel. Debout, faisant face et les bras le long du corps, le visage sans expression, cette sculpture est exemplaire de la recherche de Giacometti de 1945 à 1965 sur l’espace de la représentation : les figures sont placées sur des socles qui les isolent du sol, ou inscrites dans des « cages » qui dessinent un espace virtuel. SALLE 5
QU’EST-CE QU’UNE TÊTE ? LES
DIMENSIONS DE LA REPRÉSENTATION
Cette salle traite de la question de la tête humaine, qui fut le sujet central de la recherche de Giacometti toute sa vie et la raison de son exclusion du groupe surréaliste en 1935. Pour lui, à cette date, la représentation d’une tête, qui semblait un sujet banal, était loin d’être résolue. La tête et surtout les yeux sont le siège de l’être humain et de la vie dont le mystère le fascine. Après la Tête-­‐crâne de 1934, élaborée après la mort de son père Giovanni en 1933, ses multiples variations sur les têtes montrent que le sujet ne peut être épuisé, d’autant que s’y conjugue la question de l’échelle : pour Giacometti, rendre sa vision avec exactitude c’est aussi donner la distance avec laquelle le sujet a été regardé. Dans les années trente, les modèles de ses recherches sur la tête sont son frère Diego, une amie artiste anglaise Isabel (Delmer) et un modèle professionnel, Rita (Gueyfier). Isabel, vue de loin au Quartier Latin, est le sujet d’une de ses toutes premières figurines miniatures. Après son retour à Paris en septembre 1945, Giacometti démontre à nouveau que la monumentalité est dissociée de la taille, en exécutant des portraits de petit format de La forêt, 1950
Bronze, 57 x 61 x 47,3 cm
Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 20070200 © Succession Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012
Certaines compositions comme « la Clairière » sont posées sur des plateaux en lévitation – il s’agit, là aussi, d’établir un espace parallèle au nôtre. Les figures féminines debout sont des silhouettes allusives, réduites parfois à un trait, et toujours approchées par étapes successives qui se traduisent par des séries. Les Quatre femmes sur socle et les Quatre figurines sur piédestal sont deux propositions de quatre femmes debout vues à des distances et dans des circonstances différentes. Avec les Trois hommes qui marchent, Giacometti Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr cherche à saisir en sculpture la vision fugitive de figures en mouvement. En 1950, Giacometti réalise une série de sculptures qui traduisent l’image d’une clairière où les arbres seraient des femmes et les pierres des têtes d’homme, image qu’il poussera plus tard jusqu’à son point ultime, en grandeur réelle. parcellaire ou déformé, toujours changeant. Leurs traits distinctifs se dissolvent et parfois se fondent, ou se réduisent à l’essentiel. SALLE 7
FRAGMENTS ET VISIONS
Cette salle traite du fragment comme évocation du tout, et du surgissement d’une vision dans l’espace du spectateur. En 1921 et en 1946, Giacometti fut le témoin de deux morts qui lui laissèrent un souvenir indélébile. Au chevet du premier mourant, il est fasciné par son nez qui lui semble s’allonger tandis que la vie s’échappe. Devant le cadavre du deuxième, il retient la tête jetée en arrière, la bouche ouverte, les membres squelettiques et la terreur ressentie à l’idée que le mort a envahi l’espace et que sa main puisse traverser les murs pour venir l’atteindre. Poursuivi par des visions de têtes en suspension dans le vide, il s’attache à les traduire en sculpture. Fasciné depuis l’enfance par le regard, il est renforcé dans l’impression que la vie se trouve dans les yeux. De cette époque, il déclare : « Je ne peux pas simultanément voir les yeux, les mains, les pieds d’une personne qui se tient à deux ou trois mètres devant moi, mais la seule partie que je regarde entraîne la sensation de l’existence du tout. » SALLE 8
PORTRAITS
Les portraits de Giacometti, peints et sculptés, sont la traduction du modèle en tant qu’irréductible altérité, jamais saisissable dans son intégralité. Dégagés de toute émotion ou expression, ces portraits sont le réceptacle de ce que le spectateur y apporte. Pour l’artiste, il s’agit de capter et rendre la vie frémissante du modèle et non sa psychologie. La cuisinière de sa mère, Rita, devient sous le pinceau de Giacometti un personnage hiératique dégagé de tout contexte sociologique. Ses modèles favoris sont ceux qui vivent à ses côtés : Annette, son épouse depuis 1949, et Diego, son frère et assistant, qui servent de support à ses recherches les plus avancées. Travaillant de mémoire, il fait surgir leur image au sein d’un espace imaginaire. Travaillant d’après modèle, il refuse la perspective classique pour restituer le modèle posant tel qu’il le voit – dans son aspect Annette noire, 1962
Huile sur toile, 55,00 X 45,80 cm
Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 19940618 © Succession Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012
Giacometti représente aussi des modèles occasionnels, à condition qu’ils acceptent de poser pendant des heures devant son pinceau : l’industriel et collectionneur anglais Sir Robert Sainsbury, l’intellectuelle raffinée Paola Carola-­‐
Thorel, l’artiste Pierre Josse. Chaque séance de pose suscite une nouvelle succession de perceptions, qui l’artiste cherche à accumuler sous son pinceau. Caroline, jolie femme à la personnalité complexe qui fréquente le milieu du banditisme et pose à partir de 1960, est présentée sous trois aspects très différents : déesse lointaine, figure totémique et dangereuse, beauté sculpturale. SALLE 9
AUTOUR DE JEAN-PAUL SARTRE
Cette salle rappelle l’importance des échanges de Giacometti avec Sartre, rencontré en 1941, auteur de deux essais fondamentaux sur l’art de Giacometti publiés en 1948 et en 1954, sur la question de la perception. Tout aussi importantes sont ses conversations avec le traducteur japonais de Sartre, Isaku Yanaihara, professeur de philosophie qui posa pour lui de 1956 à 1961. Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr En 1948, l’Etat français qui souhaitait honorer les intellectuels et artistes français, avait passé commande à Giacometti d’une médaille consacrée à Jean-­‐Paul Sartre ; cette médaille ne fut pas exécutée, il n’en reste que des dessins. De 1951 à sa mort, Giacometti exécute une série de « têtes noires », qui avec quelques têtes sculptées anonymes, donnent corps au concept d’homme « générique », que Sartre résumera en 1964 dans son roman Les Mots par la formule : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». C’est la contribution capitale de Giacometti à l’histoire du portrait au XXème siècle. SALLE 10
LE DERNIER MODÈLE
Cette salle réunit les trois versions du buste d’Eli Lotar, le dernier modèle masculin de Giacometti. tombe dans la misère ; il vit alors de la générosité d’anciens amis comme Giacometti, qui lui donnait de l’argent en échange de menues courses ou de poses. Giorgio Soavi a ainsi décrit ces poses où Lotar devait conserver une immobilité absolue : « Le regard [de Giacometti] était parcouru d’étranges lueurs, son corps vibrait de tous ses membres, il ne suivait plus que les impulsions qui gouvernaient ses mains, ses bras, ses jambes: il était en extase. Observant attentivement les deux visages, je compris le secret qui permettait à Lotar de ne pas respirer : s’il était le modèle idéal de cette sculpture, c’est qu’Eli était mort. Il ne respirait pas, ne pensait pas, restait concentré au plus haut point. Un courant électrique reliait l’artiste au modèle, les englobant dans une réelle complicité. Ils jouaient ensemble, sans ballon, ni raquette, ni filet. » Dans ces sculptures, qui évoquent le reliquaire ou la statuaire égyptienne, celui qui est devenu un clochard est élevé à la dignité de prêtre. Jean Genet notait que, pour Giacometti, les femmes sont des déesses et les hommes des prêtres « appartenant à un très haut clergé », tous se rattachant « toujours à la même famille hautaine et sombre. Familière et très proche. Inaccessible ». SALLE 10BIS
L’ATELIER PHOTOGRAPHIÉ
[Buste d'homme (Lotar II)], vers 1964-1965
Bronze, 57,8 x 38,2 x 25 cm
Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 19940079 © Succession Giacometti (Fondation
Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012
Lotar, cinéaste et photographe, avait fait partie de l’avant-­‐garde surréaliste dans les années 1930. Après-­‐guerre il ne connaît que des échecs et Giacometti est photographié dès son enfance sur les marches de l’atelier de son père, à Stampa dans les Grisons en Suisse où il a grandi. Son atelier de la rue Hippolyte-­‐Maindron à Paris, dans lequel il s’installe en 1926, va fasciner les photographes ; son aspect bohême et son encombrement poétique vont devenir l’image de marque de Giacometti. L’artiste arrange les œuvres dans son atelier pour les caméras et prend la pose pour les reportages publiés dans les magazines. Il est aussi le sujet de clichés intimes pris par des proches, comme Ernst Scheidegger, qui ne seront publiés qu’après sa mort et vont profondément modifier l’image qu’il avait souhaité donner de lui-­‐même et son atelier de son vivant. Face à cette avalanche d’images suscitant la nostalgie ou la fascination, il faut rappeler que Giacometti a choisi de ne jamais pratiquer la photographie. Encourageant le spectateur à voir avec ses propres yeux, il a choisi de laisser aux générations futures ses œuvres comme autant de questions et de réponses que chacun est invité à traiter par lui-­‐même. Enfin, l’atelier de Giacometti au sens large c’est aussi Paris, ses bars de nuit et ses cafés, ses rues, ses bordels et ses monuments, qui seront le sujet de son dernier livre, « Paris sans fin ». Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr SALLE 11
CINQUANTE ANS D’ESTAMPES
Giacometti a réalisé ses premières estampes, des gravures sur bois, aux côtés de son père alors qu’il est encore un écolier. Au cours de sa vie, Giacometti pratiqua toutes les techniques de l’estampe: bois, burin, eau-­‐forte, aquatinte et surtout la lithographie, à partir de 1949. Témoin du mariage d’André Breton en 1934, il illustre le recueil offert par le poète à sa jeune épouse, L’Air de l’eau. Grand amateur de livres et ami de nombreux écrivains et poètes, Giacometti illustra aussi les écrits de René Crevel (Les Pieds dans le Plat, 1933), Georges Bataille (Histoire de rats, 1947), Michel Leiris (Vivantes cendres, innommées, 1961) ou René Char (Retour Amont, 1965). A partir de 1951, il réalise des planches lithographiques éditées séparément par la galerie Maeght. Giacometti a toujours été un partisan de la diffusion de son œuvre grâce à l’édition de qualité, qu’il s’agisse de ses objets d’art décoratif par la fonte en bronze ou de ses dessins au moyen de l’estampe. La lithographie est un médium qui se prête bien à cette diffusion, surtout à partir de 1961 quand le prix de ses autres œuvres devient très élevé. La lithographie par report du dessin sur plaque de zinc offre en outre l’avantage de ne nécessiter qu’un matériel léger et maniable : du papier spécial et un crayon lithographique qui laisse toute sa spontanéité au trait. L’artiste peut ainsi sortir de l’atelier dans la rue et croquer sa ville, les terrasses des cafés, le métro aérien, les chantiers de modernisation comme l’aéroport d’Orly, l’imprimerie du lithographe, pour revenir à l’atelier. Ce sera le sujet de Paris sans fin, recueil de 150 estampes commandé par l’éditeur Tériade, auquel Giacometti travaille à partir de 1959 et qui ne sera publié qu’après sa mort prématurée. SALLE 12
PAYSAGES
Cette dernière salle évoque le système d’équivalences de Giacometti entre la figure humaine et la nature : les bustes sont des montagnes, les figures debout sont des arbres, les têtes sont des pierres. La montagne, sous la lumière du soleil, vibre d’une pulsation qui ressemble à une respiration. Comme l’arbre, l’être humain est pris dans un processus de croissance et de mort qui ne peut jamais être arrêté. Ce thème orne la porte que Giacometti achève en 1956 pour le caveau funéraire de la famille Kaufmann en Pennsylvanie (Etats-­‐Unis). En 1958, en proie à une vision nocturne, il a peint dans l’urgence un tableau qui réunit homme, arbre et montagne qui reprend cette trilogie. Mais pour Giacometti, c’est surtout le quotidien le plus ordinaire qui recèle de l’inconnu et du merveilleux. Il observe que le paysage qu’il peint depuis la fenêtre de son atelier à Stampa ne cesse de changer et qu’il pourrait « passer toutes les journées devant le même jardin, les mêmes arbres et le même fond», ou à Paris devant le petit pavillon qu’il peint depuis sa porte de l’autre côté de la rue. Il s’émerveille de « tous les beaux paysages à faire sans changer de place, le paysage le plus quelconque, le plus anonyme, le plus banal et le plus beau qu’on puisse voir » OCTOGONE
MONUMENT
Giacometti est invité en décembre 1958, grâce à son galeriste Pierre Matisse, à soumettre un projet pour un monument à installer sur la place en construction devant le nouveau gratte-­‐ciel de la Chase Manhattan Bank à New York. Gordon Bunshaft, l’architecte de cet ensemble urbain, lui envoie en février 1959 les dimensions pour exécuter une maquette de la place, afin d’aider Giacometti à imaginer l’espace car l’artiste n’a jamais mis les pieds aux Etats-­‐Unis. Giacometti choisit de reprendre en grande taille les trois motifs qui hantent son œuvre depuis 1948 : une figure féminine debout géante, un grand homme qui marche et une tête monumentale posée au sol, disposés l’un par rapport à l’autre. Avec ce monument, il permet pour la première fois au spectateur d’entrer dans son monde merveilleux où les arbres sont des femmes et les pierres sont des têtes, clairière magique arpentée par les silhouettes fugaces d’hommes marchant. Finalement, le monument ne fut pas installé à New York, l’artiste ayant renoncé à concourir en 1961. Giacometti choisit d’éditer en bronze chacune des sculptures séparément et présenta une première version de cet ensemble à la Biennale de Venise en 1962. Sollicité par les Maeght, l’artiste travailla ensuite avec l’architecte de la Fondation Maeght, José Maria Sert, pour en installer une version dans la cour du bâtiment surplombant une pinède sur la côte d’azur. Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr ----------------------------------------------------------------------------------------------------------
ENTRETIEN SUR L’EXPOSITION
VÉRONIQUE WIESINGER, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION
Giacometti est l’un des grands maîtres de l’art du XXème siècle. Comment expliquez-­‐vous que cette exposition soit sa première rétrospective en Amérique du Sud ? VW : Compte tenu de la renommée mondiale d’Alberto Giacometti, c’est effectivement difficile à comprendre. Mis à part une petite exposition dans le cadre de la Biennale de Sao Paulo en 1998, son œuvre n’y a pas été montré. Pourtant Giacometti a participé de son vivant à deux Biennales de Sao Paulo, en 1951 et en 1965, et son œuvre était alors bien connue des critiques d’art tant au Brésil qu’en Argentine. Une seule de ses œuvres se trouve aujourd’hui dans un musée brésilien, les Quatre femmes sur socle au musée d’art moderne de Rio. Il était important de faire connaître à une nouvelle génération du public sud-­‐américain un artiste majeur qui reste toujours actuel, notamment pour les artistes contemporains. C’est pourquoi la Fondation a tout de suite accepté la proposition de Marcelo Araujo, directeur de la Pinacoteca de Sao Paulo, de proposer une rétrospective. C’est grâce au musée Rodin que je suis entrée en contact avec Elise Jasmin et base7, ce qui a permis que ce projet se fasse en Amérique Latine. J’ai souhaité prolonger l’exposition brésilienne par une station argentine compte tenu des liens de l’œuvre de Giacometti avec ce pays : la première acheteuse de ses œuvres était Argentine (la nièce du général De Alvear), et avant-­‐guerre, il reçut de la part d’autres collectionneurs argentins des commandes pour ses créations d’art décoratif. Quelles seront les caractéristiques de cette rétrospective? VW : Il s’agit d’une rétrospective complète, qui abordera toutes les facettes de son art de ses débuts jusqu’à sa mort: sculpture et peinture, mais aussi dessin, estampe et art décoratif, accompagnés de nombreux documents : livres, revues, photographies. Au Brésil, il m’a semblé important de mettre l’accent sur l’influence capitale pour Giacometti de sa rencontre avec l’art africain en 1926, qui marque vraiment le début de son œuvre de maturité. C’est au contact de l’art africain et océanien que Giacometti élabore le concept capital d’une œuvre « vivante », magique et chargée, qu’il poursuivra jusqu’à la fin de sa vie. En Argentine, où l’espace d’exposition est plus petit, le propos est resserré mais une section plus développée sera consacrée à l’art décoratif, en incluant des œuvres se trouvant encore sur place. D’où viennent les œuvres exposées? VW : Toutes les œuvres viennent des collections de la Fondation, c’est-­‐à-­‐dire celles de l’artiste et de sa veuve, Annette Giacometti, morte en 1993. Grâce au legs d’Annette, la Fondation possède la plus grande collection d’œuvres de Giacometti au monde (plus de 5000 !), ainsi que la majorité des droits de reproduction. La Fondation continue aujourd’hui l’œuvre entreprise par le couple Giacometti, qui n’avait pas eu d’enfant. Le fait que toutes les œuvres viennent du même endroit a considérablement facilité les formalités et réduit les coûts, et finalement rendu le projet possible. Quel est le principe du parcours de l’exposition ? VW : C’est un parcours classique, avant tout chronologique mais aussi thématique. Le visiteur pourra suivre Giacometti depuis ses débuts dans l’atelier de son père peintre et aux côtés de son parrain peintre lui aussi – tous deux artistes connus et confirmés, jusqu’à sa dernière grande production, le monument conçu pour une place à New York et qui reprend les formes qu’il a exploré pendant des Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr années : la tête et la figure debout ou marchant. L’exposition rappelle les liens étroits de Giacometti avec la littérature et le monde intellectuel parisien : André Breton et le surréalisme, Simone de Beauvoir et Jean-­‐Paul Sartre, Jean Genet. Tous lui ont consacré des textes importants, et lui-­‐même était un écrivain. Car Giacometti est un artiste et un philosophe, un vrai penseur de sa pratique artistique. Il a aussi illustré des livres, et conçu à la fin de sa vie un livre capital, Paris sans fin, auquel est consacré un espace particulier. Quelles sont les œuvres majeures de l’exposition ? VW : Chaque salle s’articule autour d’œuvres emblématiques de sa production. Dans la première salle, consacrée à ses débuts, on note la première peinture, en hommage à son père et à Cézanne, et sa première sculpture, une tête de son frère Diego, qui accompagnent ses premières sculptures cubistes à son arrivée à Paris en 1922. Dans la deuxième salle, qui traite de l’impact de la sculpture africaine et « primitive », on trouve les deux œuvres qui l’ont fait remarquer du public pour la première fois: la Femme-­‐cuillère et Le Couple, tous deux exposés en 1927 au Salon des Tuileries. Plusieurs œuvres plus tardives, dont des plâtres peints exceptionnels et quelques peintures, montrent comment il s’éloigne d’une représentation naturaliste pour une vision totémique et parfois hallucinée de la figure. Les salles consacrées au surréalisme présentent la Tête qui regarde, qui le fit remarquer par le groupe, ainsi que la Femme qui marche de 1932, l’un des premiers mannequins surréalistes, et bien sûr la Boule Suspendue, dont Breton considérait qu’elle était l’expression par excellence de ce que devrait être la sculpture surréaliste, étrange et inquiétante. Comme l’Objet désagréable, la Boule établit un pont entre l’objet et la sculpture et interroge le statut même de l’œuvre d’art. La salle suivante traite de la question de la tête humaine, qui fut le sujet central de la recherche de Giacometti et la raison de son exclusion du groupe surréaliste en 1935. Pour lui, la représentation d’une tête, qui semblait un sujet banal, était loin d’être résolue. Après la Tête-­‐crâne de 1934, élaborée après la mort de son père, les multiples variations sur les têtes de ses modèles favoris (Isabel, Rita, Diego, Annette) montrent que le sujet ne peut être épuisé, d’autant que s’y conjugue la question de l’échelle : pour lui, rendre sa vision avec exactitude c’est aussi donner la distance avec laquelle le sujet a été regardé. La salle suivante, conçue autour de sculptures comme La Cage et La Forêt, se concentre sur l’espace de la représentation : les figures sont inscrites dans des « cages », qui dessinent un espace virtuel ou, quand elles sont peintes, dans des cadres dans lesquelles advient la représentation. Certaines compositions sont posées sur des plateaux en lévitation – il s’agit, là aussi, d’établir un espace parallèle au nôtre. Les figures féminines debout sont des silhouettes allusives, réduites parfois à un trait, et toujours approchées par étapes successives qui se traduisent par des séries : les Femmes de Venise de 1956 en sont l’exemple le plus frappant. La Tête sur tige de 1947 et Le Nez de 1949 sont les œuvres majeures de la salle suivante, qui traite plus particulièrement du fragment comme évocation du tout et du surgissement d’une vision dans l’espace du spectateur. Une salle entière est ensuite consacrée aux bustes, peints et sculptés, qui sont la traduction dégagée de toute émotion ou expression du modèle en tant qu’irréductible altérité, jamais saisissable dans son intégralité. Les portraits d’Annette ou de Caroline sont ici exceptionnels, tout comme celui de la cuisinière de sa mère, Rita, qui devient sous son pinceau une figure hiératique dégagée de tout contexte sociologique. La salle suivante rappelle l’importance des conversations de Giacometti avec Sartre, auteur de deux essais fondamentaux sur l’art de Giacometti publiés en 1948 et en 1954, et de ses échanges avec le traducteur japonais de Sartre, Isaku Yanaihara, qui posa pour lui de 1956 à 1961 et dont trois peintures sont ici exposées. Une peinture de la série des « têtes noires » poursuivie par Giacometti de 1951 à sa mort et quelques têtes sculptées, montrent le concept d’homme « générique », que Sartre résumera en 1964 dans son roman Les Mots par la formule : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». Une salle réunit ensuite les trois versions du buste du photographe surréaliste Eli Lotar, le dernier modèle masculin de Giacometti, clochard élevé à la dignité de prêtre. Jean Genet notait que pour Giacometti, les femmes sont des déesses et les hommes des prêtres « appartenant à un très haut clergé », tous se rattachant « toujours à la même famille hautaine et Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr sombre. Familière et très proche. Inaccessible ». La salle consacrée aux estampes rappelle que Giacometti dès sa jeunesse traita ce médium et qu’il pratiqua toutes les techniques de la gravure : gravures sur bois, burin, eau-­‐forte et surtout la lithographie qui fut l’instrument avec lequel il créa son grand opus, publié après sa mort, Paris sans fin. L’avant-­‐dernière salle évoque le système d’équivalences de Giacometti entre la figure humaine et la nature : les bustes sont des montagnes, les figures debout sont des arbres, les têtes sont des pierres, sujets qu’il pousse jusqu’à son aboutissement le plus ultime avec le chef-­‐d’œuvre qui clôt l’exposition, le Monument conçu pour la Chase Manhattan Plaza de New York en 1960. Ce monument sera installé dans l’octogone de la Pinacothèque et dans la grande salle du musée d’art moderne de Rio. La Pinacothèque de Sao Paulo et le musée d’art moderne de Rio sont deux bâtiments dont l’architecture est très différente l’une de l’autre. Est-­‐ce que cela va influer sur l’exposition ? VW : L’œuvre de Giacometti a pour particularité de définir son propre espace. Elle le fait d’abord au moyen de cages et de cadres. Ensuite, elle s’affranchit de ces dispositifs et annexe l’espace qui l’entoure. C’est pourquoi, installée dans des architectures si différentes, elle va interagir différemment non seulement avec le lieu mais avec le spectateur. Il sera très intéressant de voir les deux versions de l’exposition. Quelle est la leçon de Giacometti ? VW : Giacometti a cherché dans son œuvre à nous faire partager ses découvertes : que le merveilleux réside dans l’ordinaire et qu’il faut garder la fraîcheur du regard hors des idées préconçues ; que toute chose ou être humain est fugace et que sa représentation ne peut être fixée de façon définitive ; que l’apparence est faite de l’accumulation de ce que nous voyons et de ce que nous gardons en mémoire ; que toute chose ou être n’existe qu’en relation avec ce qui l’entoure. Giacometti a installé au cœur de son art un grand vide, fait d’allusions et de l’absence d’affect, que le spectateur est invité à remplir lui-­‐même au gré de ses émotions et de sa propre expérience d’être humain. C’est un art généreux et exigeant, qui donne beaucoup autant qu’il demande de la part de celui qui regarde, sans qu’il soit nécessaire d’avoir une culture artistique approfondie – un art ouvert à tous et dont on n’épuise jamais la lecture. Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr ----------------------------------------------------------------------------------------------------------
SÉLECTION PRESSE
LISTE DES VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE ÉCRITE
Alberto Giacometti Personnage accroupi, vers 1926 Bronze, 28,20 x 18,50 x 9,40 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0022 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Crouching figure, circa 1926 Bronze, 28,20 x 18,50 x 9,40 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0022 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Le couple, 1927 Bronze, 58,30 x 37,40 x 17,50 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0185 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti The couple, 1927 Bronze, 58,30 x 37,40 x 17,50 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0185 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Alberto Giacometti Boule suspendue, 1930-­‐1931 (version de 1965) Plâtre et métal, 60,6 x 35,6 x 36,1 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0250 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Suspended Ball, 1930-­‐1931 (1965 version) Plaster and metal, 60,6 x 35,6 x 36,1 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0250 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Le palais à 4 heures du matin], 1932 Huile sur carton, 49,30 x 55,10 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0575 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [The Palace at 4a.m.], 1932 Oil on cardboard, 49,30 x 55,10 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0575 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Composition surréaliste], vers 1933 Encre sur papier, 19,00 x 14,40 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0721 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Surrealist Composition], circa 1933 Ink on paper, 19,00 x 14,40 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0721 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Alberto Giacometti Le Nez, 1947 (version de 1949) Bronze, 80,9 x 70,5 x 40,6 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0017 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti The Nose, 1947 (1949 version) Bronze, 80,9 x 70,5 x 40,6 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0017 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [La cage, première version], 1949-­‐1950 Bronze, 90,50 x 36,50 x 34 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0179 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [The Cage, first version], 1949-­‐1950 Bronze, 90,50 x 36,50 x 34 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0179 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Quatre femmes sur socle, 1950 Bronze, 73,80 x 41,20 x 18,80 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 2007-­‐0198 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Four Women on a base, 1950 Bronze, 73,80 x 41,20 x 18,80 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 2007-­‐0198 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 NOTE : THIS IS NOT THE SCULPTURE THAT IS BEING EXHIBITED IN MAM-­‐RIO : THIS ONE IS CURRENTLY ON SHOW IN BORDEAUX FRANCE. FOR IMAGES OF THE ONE TO BE SHOWN AT MAM-­‐RIO PLEASE ASK THE MUSEUM. Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Alberto Giacometti L'homme qui marche I, 1960 Bronze, 180,50 x 27,00 x 97,00 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0186 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Walking Man I, 1960 Bronze, 180,50 x 27,00 x 97,00 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0186 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Nu debout sur socle cubique], 1953 Plâtre retravaillé au canif et peint, 43,5 x 11,7 x 11,8cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0317 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Standing Nude on a cubic base], 1953 Paster reworked with pocket knife, traces of paint, 43,5 x 11,7 x 11,8 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0317 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Alberto Giacometti [Grand nu], vers 1961 Huile sur toile, 170 x 120,5 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0623 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Tall Nude], circa 1961 Huile sur toile, 170 x 120,5 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0623 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Paysage aux maisons, Stampa], 1959 Huile sur toile, 61,00 x 49,50 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0627 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti [Landscape with Houses, Stampa], 1959 Oil on canvas, 61,00 x 49,50 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0627 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Alberto Giacometti Annette noire, 1962 Huile sur toile, 55,00 X 45,80 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0618 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Black Annette, 1962 Oil on canvas, 55,00 X 45,80 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0618 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Caroline en larmes, 1962 Huile sur toile, 100,00 x 73,00 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0638 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Caroline in Tears, 1962 Oil on canvas, 100,00 x 73,00 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0638 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Alberto Giacometti Caroline, 1965 Huile sur toile, 130,00 x 89,00 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0622 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Caroline, 1965 Oil on canvas, 130,00 x 89,00 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0622 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Buste d'homme [dit New York II], 1965 Bronze, 46,9 x 24,5 x 15,9 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐0095 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 Alberto Giacometti Bust of Man [aka New York II], 1965 Bronze, 46,9 x 24,5 x 15,9 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐0095 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr Alberto Giacometti [Chaise dans l'atelier], 1965 Crayon sur papier, 65,50 x 50,70 cm Collection Fondation Giacometti, Paris, inv. 1994-­‐1602 © Succession Giacometti (Fondation Giacometti, Paris et ADAGP, Paris) 2012 NOTE : Œuvre exposée au Brésil du vivant de l’artiste (à la Biennale de São Paulo en 1965) Alberto Giacometti [Chair in the studio], 1965 Pencil on paper, 65,50 x 50,70 cm Giacometti Foundation Paris, inv. 1994-­‐1602 © Giacometti Estate (Fondation Giacometti, Paris and ADAGP, Paris) 2012 NOTE : This drawing was exhibited in Brasil during the artist’s lifetime (1965 São Paulo Biennale) Fondation Alberto et Annette Giacometti | 8, rue du Grenier Saint Lazare 75003 Paris | www.fondation-­‐giacometti.fr 

Documents pareils