88 Ian SHAW, Hatnub: Quarrying Travertine in Ancient Egypt

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88 Ian SHAW, Hatnub: Quarrying Travertine in Ancient Egypt
ÉGYPTE PHARAONIQUE
chapters has allowed the author to add in each of them interesting remarks related
to changes and developments in fabrics and shapes and their technological and
instrumental implications. In this final chapter the author points out the precise
date of the most significant alterations detected through pottery in the whole analyzed period, a first one at the beginning of the Eighteenth Dynasty and a later but
also important change at the beginning of Level IIb, during the first reigns of the
Nineteenth Dynasty. In both intervals of time the political and social circumstances were exceptional in Egypt and so they might be for the people living at
Memphis, then as a prominent city, capital of the State and the residence of the
ruling family. The author includes some thoughts related to vessels functions, noting the slow change registered throughout the studied period of time in those vases
used as cooking pots, in beer making or with storage purpose compared with the
more fragile vessels suitable as tableware which show a more quickly modification in shape but mainly in decoration. J. Bourriau insists in this summary conclusion in the amazing scarcity of bread moulds throughout the analyzed period, a
matter previously treated in Chapter 4 that she understands may be due to there
being an as yet undiscovered specialized bread-making zone elsewhere in an area
not so far excavated. In the last lines of the chapter the author suggests several
ways to use the quantitative analysis that this volume offers and its great potential
restricted in the book under review to the main aim of this study: to explore the
changes of pottery in order to reach from them information on dating.
The book concludes with three enlightening appendices which present all the
information comprised arranged in comprehensible tables. The first appendix (pp.
417-472) offers the distribution of New Kingdom pottery by context; the second
one (pp. 473-499) the quantification of the New Kingdom pottery types by levels,
and the third one (pp. 501-504) the distribution of Middle Kingdom style pottery
by context.
This volume is a valuable addition to previous studies of Egyptian pottery, a
positive contribution to the study of Egyptian archaeology which can be highly
recommended for all who are interested in Egyptian pottery. The author and also
the editor are to be congratulated on providing such a valuable contribution to our
knowledge of Egyptian pottery, a useful study which asserts that there is much
more to be derived from the study of pottery.
María J. LÓPEZ GRANDE
Ian SHAW, Hatnub: Quarrying Travertine in Ancient Egypt. London,
Egypt Exploration Society, 2010. 1 vol. in-4°, xx-197 pp., 102 figg. n./bl.
(EXCAVATION MEMOIR. 88). Prix: £65.
L’ouvrage de Ian Shaw constitue la synthèse des travaux menés entre 1985 et
1994 dans la région des carrières de Hatnoub, au sud-est du site d’Amarna en
Moyenne Égypte. La publication s’ouvre par la table des matières (vii-ix), une
liste des illustrations (x-xiii) et les remerciements d’usage (xiv). Une brève
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remarque liminaire (xv) fait état de la dénomination du matériau exploité dans les
carrières de Hatnoub (CaCO3). L’auteur retient ici le terme de travertin, géologiquement plus précis que le vocable albâtre égyptien, même s’il est nettement
moins répandu dans l’usage égyptologique.
Dans sa préface (xvi-xix), I. Shaw met en évidence le nombre extrêmement
limité des études archéologiques dédiées aux mines et carrières exploitées à
l’époque pharaonique, tandis que les divers récits d’expéditions vers ces gisements concourent de manière significative à la reconstitution de l’histoire politique de l’ancienne Égypte et du cadre socio-économique dans lequel ces expéditions prennent place.
Le premier chapitre (p. 1-9) est consacré à l’historiographie des recherches
géologiques et archéologiques menées dans les carrières de Hatnoub. L’auteur
dénombre ici les multiples inscriptions, stèles et autres graffiti, les localise et en
propose une chronologie, de même qu’il signale les diverses études publiées entre
1891 – date de la redécouverte du site de Ìwt-nwb par P. Newberry et H. Carter –
et 1994, à la fin des travaux dirigés par I. Shaw. Quatre toponymes sont généralement associés à ces carrières pharaoniques et leur proche région, mais il est encore
parfois délicat de localiser avec précision les réalités recouvertes par les noms de
Ìwt-nwb, pr-ss (ˆAlabastrwn poliv), †rti et mrt-snfrw. Ce constat est d’autant
plus problématique que la reprise moderne de l’exploitation des ressources géologiques locales met très sérieusement en danger les vestiges archéologiques préservés jusque-là.
Le deuxième chapitre (p. 11-30) aborde l’exploitation du travertin à Hatnoub
et dans les autres carrières égyptiennes. Comme signalé dans la préface, il
convient de ne pas reprendre les termes de gypse/albâtre (CaSO3), tandis que les
termes aragonite ou calcite font référence à des minéraux et non à un type de
roche, contrairement au travertin. Le terme égyptien ss est le plus fréquemment
utilisé dans les sources antiques pour décrire le matériau exploité à Hatnoub, et
il est régulièrement associé aux épithètes w¨b (pur), bÈ (blanc) et, évidemment, n
Ìwt-nwb («de Hatnoub»). La présence du terme ss dans les inscriptions gravées
sur des monuments en travertin démontre clairement le lien entre le terme et le
matériau.
Ses usages sont relativement variés, du dallage de temples aux colosses statuaires en passant par la vaisselle funéraire. Cette dernière est la mise en œuvre la
plus courante du travertin, et une part non négligeable (pour ne pas dire majoritaire) des récipients offerts aux défunts est réalisée en travertin. Sa couleur blanche
l’associe sans doute aux notions de pureté, de propreté ou de sainteté, même si
des jeux chromatiques plus complexes peuvent êtres identifiés en architecture
avec la mise en œuvre simultanée de matériaux de couleur blanche, noire et/ou
rouge. Apprécié en Égypte, le travertin l’est aussi à l’étranger et participe aux
échanges diplomatiques avec l’envoi de vaisselle précieuse, parfois inscrite au
nom du souverain destinataire (comme pour Darius, Xerxès et Artaxerxès). La
production d’objets en travertin est principalement alimentée par l’exploitation de
Hatnoub, mais au total neuf localités sont connues pour abriter des gisements plus
ou moins importants dans une vaste zone de 145 km de long entre Minya et
Assiout. Cependant, l’étude pétrographique du travertin et de ses éléments traces
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ne permet pas à l’heure actuelle – dans son état d’avancement – d’identifier la
provenance exacte des artéfacts retrouvés. L’auteur clôt son chapitre par une discussion sur la fabrication complète ou non des objets en travertin dans l’enceinte
des gisements géologiques, considérant comme probable le dégrossissement partiel des blocs mais sans atteindre l’état final d’achèvement des artéfacts.
Le chapitre suivant (p. 31-74), rédigé en collaboration avec R. Jameson et
P.T. Nicholson, est dédié aux structures archéologiques mises au jour dans le
secteur de la carrière P de Hatnoub. L’étude paléobotanique a pu révéler que la
majorité des essences végétales provient de la Vallée du Nil, impliquant de facto
une organisation logistique conséquente des expéditions. Divers cairns placés
sur le plateau devaient en outre servir de point de mire pour les contingents se
déplaçant vers le gisement de Hatnoub. Si l’implantation la plus dense a été
repérée à l’ouest immédiat de la carrière P, ce sont au total près de 470 structures architecturales disséminées en plusieurs groupes qui ont été relevées dans
ce secteur. Ces structures en pierre sèche sont parfois complexes, comptant
jusqu’à 9 pièces et couvrant une surface maximale de 390 m2. Dans la plupart
des cas cependant, les aménagements sont rudimentaires et servent de simple
«paravent» (windbreak) aux ouvriers durant leur séjour. La céramique diagnostique indique une répartition géographique distincte des implantations de l’Ancien et du Nouvel Empire, mais il est difficile de savoir si toutes les structures
datées de l’Ancien Empire étaient occupées simultanément ou s’il s’agit du
déplacement progressif du campement de mineurs, toutes les structures n’étant
alors pas systématiquement réoccupées d’une expédition à l’autre. Une étude
plus approfondie de deux structures (S26 et NW23) complète la présentation des
vestiges de ce secteur.
Le quatrième chapitre (p. 75-80) étudie les secteurs des carrières R et T de
Hatnoub. La double carrière R (Ra et Rb) est située à près de 2 km au sud-ouest
de la carrière P, et abrite plusieurs inscriptions datées du Moyen Empire et de la
Deuxième Période Intermédiaire. Malheureusement, plusieurs d’entre elles ont
souffert du vandalisme depuis leur relevé par G. Möller en 1928. Le campement
est nettement moins développé que celui du secteur P, bien que son occupation
s’étale largement dans le temps à en croire les vestiges de céramiques produites
entre l’Ancien Empire et la Basse Époque. L’implantation autour de la carrière T,
à un kilomètre à l’est du gisement R, est fortement dégradée par l’exploitation
moderne de travertin à Hatnoub.
Le chapitre 5 (p. 81-95) reprend le rapport d’une prospection céramologique
effectuée par P.T. Nicholson et P.J. Rose au début des années 1990 sur le site.
L’objectif était alors de tenter de fournir un cadre chronologique pour les multiples assemblages de structures repérés autour des carrières exploitées à l’époque
pharaonique, ainsi que de faire une étude plus approfondie du matériel mis au jour
à l’occasion de la fouille des structures S26 et NW23. Les formes céramiques de
l’Ancien Empire sont principalement composées de jarres à bière, de moules à
pains et de Meidum-type bowls associés à des formes montées à la main et non
tournées. La céramique du Nouvel Empire est plus rare sur le site et l’état de
conservation des fragments postérieurs à l’Ancien Empire n’autorise pas le plus
souvent l’identification précise de la forme ou du type. La totalité des éléments
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reconnaissables appartient néanmoins à des formes fermées, très certainement
liées à l’approvisionnement en eau des ouvriers.
L’étude céramologique, de l’aveu de ses auteurs, met avant tout en exergue le
très grand potentiel d’une étude plus systématique du corpus présentant des tessons de l’Ancien Empire jusqu’à l’occupation romaine et la période copte. La
localisation des poteries associées au Nouvel Empire indique, quant à elle, dès à
présent, qu’une partie des structures anciennes furent réinvesties à cette époque,
concomitamment à l’érection de nouveaux abris.
Le sixième chapitre (p. 97-107) explore les vestiges associés aux activités
cultuelles et religieuses des contingents présents lors de l’exploitation des ressources minéralogiques de Hatnoub. Parmi les différents éléments relevés, les
pétroglyphes en forme d’empreintes de sandales ou de pieds pourraient remonter
à l’Ancien Empire par comparaison avec d’autres sites où ces gravures apparaissent. Divers monticules, orthostates et petites chapelles d’offrandes participent
sans doute à quelque manifestation religieuse, bien que leur forme architecturale
soit très sommaire dans tous les cas. Les graffiti laissés mentionnent le plus souvent Thot ou Sekhmet, notamment à titre prophylactique pour une inscription ou
une représentation anthropomorphe. L’auteur signale que ces différents éléments
– pétroglyphes, chapelles sommaires, pierres dressées – participent régulièrement
aux infrastructures mises au jour sur les sites miniers, bien que leurs proportions
relatives puissent être modulées. Ces variations pourraient indiquer, selon I. Shaw,
les spécificités des troupes envoyées vers les carrières (origine, composition, …),
et manifester l’éloignement – ou a contrario la proximité – du gisement avec la
Vallée du Nil. Un des éléments notables de la vie religieuse à Hatnoub, c’est
l’absence de toute mention de la déesse Hathor, pourtant considérée comme la
déesse associée à de nombreuses ressources géologiques. Peut-être est-ce parce
que Hatnoub fournit des blocs de pierre et non des gemmes semi-précieuses
comme à Serabit el-Khadim ou au Gebel el-Asr?
Le chapitre suivant (p. 109-124) s’intéresse aux routes aménagées dans les carrières de Hatnoub en vue de faciliter le déplacement des blocs vers la Vallée du
Nil. Six voies d’accès et de communication ont ainsi été identifiées sur place, dont
un tronçon de près de 16 km qui – à défaut d’être le plus long de l’époque pharaonique – est sans doute le mieux préservé. Les difficultés topographiques sont
localement contournées par la réalisation de véritables ouvrages d’art que sont les
ponts ou les saignées dans les reliefs rocheux. À distance régulière, le long des
voies, ont été érigées des structures d’accueil. À l’extrémité de la voie principale,
peu avant l’arrivée à la carrière P, d’imposants monticules de déchets de taille du
travertin indiquent un dégrossissage des plus gros blocs en vue de diminuer sensiblement leur poids avant leur transport. L’auteur propose dans ce même chapitre
une brève comparaison avec plusieurs autres voies antiques liées à l’exploitation
de carrières ou de mines, comme au Gebel el-Asr ou la Dahshurstrasse.
Le huitième et dernier chapitre (p. 125-133) fait une synthèse des données
archéologiques et textuelles relatives à l’exploitation du travertin dans les carrières
de Hatnoub. En abordant les questions de l’identité des travailleurs, de leurs commanditaires, du nombre d’ouvriers et leur qualification respective, l’auteur évoque
également les spécificités des baraquements érigés en fonction des gisements
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exploités et de la fréquence de leur exploitation. Il semble en effet y avoir une
nette distinction architecturale entre les campements fortifiés des mines et carrières situées aux marges de l’Égypte pharaonique (Ouadi Maghara ou Ouadi elHoudi par exemple) et les installations relativement sommaires de Hatnoub. Selon
I. Shaw, huit critères peuvent être identifiés comme influant la conception de
l’implantation temporaire, critères liés à la fois à la technologie, l’économie, l’environnement et la topographie.
L’ouvrage compte ensuite six appendices (p. 135-165) présentant une chronologie synthétique de l’occupation du site de Hatnoub (Appendix 1) et les différentes sources littéraires (Appendix 2-6). L’auteur précise qu’il ne s’agit pas
d’une nouvelle étude philologique des nombreuses inscriptions, ni d’un nouveau
relevé de celles-ci – ce qui aurait été très largement compromis par l’état de
dégradation avancé de certaines depuis leur première copie. L’objectif est d’en
proposer une première traduction en anglais, et ce pour la totalité du corpus. Il
s’agit en effet avant tout d’un support au rapport archéologique consigné dans les
chapitres précédents. Une bibliographie (p. 171-185) et un index (p. 187-197)
achèvent la contribution de I. Shaw.
Le présent ouvrage propose un balayage complet des problématiques liées à
l’exploitation des ressources géologiques à l’époque pharaonique, de l’implantation des contingents sur place au transport de la matière première jusqu’au Nil, en
passant par les questions de toponymie. À cet égard, la mise en perspective du
matériel archéologique – qu’il soit céramique ou architectural – est bien menée et
l’auteur évite très habilement le simple compte rendu de fouille dissocié d’éventuels éléments de comparaison. Il n’en reste pas moins que le lecteur restera sans
doute un peu sur sa faim au terme de l’ouvrage, l’essentiel étant esquissé mais
l’analyse poussée demeurant à faire. Probablement est-ce dû à la nature même de
la collection qui accueille cette contribution (EES Excavation Memoir)? Le présent opus est cependant une publication bienvenue et sera très certainement la
source de nombreuses réflexions à venir à l’aide du balisage intelligent proposé
par son auteur.
Chargé de Recherches du F.N.R.S.
David LORAND
Annie FORGEAU, Horus-fils-d’Isis. La jeunesse d’un dieu. Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 2010. 1 vol. broché in-8°, X-529 pp.,
75 pll. (BIBLIOTHÈQUE D’ÉTUDE. 150). Prix: /36.
Dans l’Introduction de l’ouvrage, Annie Forgeau (AF) expose les motifs de
l’étude qu’elle a consacrée à un des «avatars» d’Horus intégré au mythe osirien,
Horus-fils-d’Isis, l’Harsiésis de l’anthroponymie grecque d’Égypte, et dont le
moindre n’est pas le désintérêt scientifique qui les a souvent désavantagés dans la
triade osirienne où Isis et Osiris leur portaient ombrage (p. 7, n. 41). Menée dans
une perspective diachronique, cette monographie a pour objectif de préciser les
diverses fonctions dont Harsiésis fut investi en qualité de dieu-fils, tant à l’échelle
de la religion officielle que de la piété personnelle.
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