POUR DECOUVRIR LE JAZZ

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POUR DECOUVRIR LE JAZZ
POUR DECOUVRIR LE JAZZ
Pour permettre cette ouverture, j’ai choisi le minimum d’albums. Mais il était difficile d’écarte
tous les créateur(e)s du jazz. Aussi, j’ai fait un choix de compil pour les premiers temps du jazz.
D’autres existent. Pour permettre le choix, j’ai détaillé un peu les musiciens. Pour plus de
développements, on peut consulter le site de l’Université Populaire de Caen, à mon nom –
Nicolas BENIES – ou le livre de Lucien Malson – chez Buchet-Chastel – « Les maîtres du jazz ».
I) A Miles Davis à qui on demandait une définition du jazz répondit en quatre mots, « Louis
Armstrong, Charlie Parker », pour la compléter il faudrait rajouter quatre mots, « Miles Davis,
John Coltrane. » Ce faisant on écourte la liste, mais, du coup se trouvent écartés des
musicien(ne)s formant l’ossature du jazz. Il se trouve que des chefs d’œuvre s’y dissimulent.
Aussi je vous propose une petite tricherie pour les premiers temps du jazz. Une seule référence
(mais 20 CD quand même), « City Jazz, Les Trésors du Jazz » volume 1 (de 1898 à 1944) et 2
(de 1944 1951) du ragtime à la domination du bebop. André Francis et Jean Schwarz, les deux
responsables de cette compilation, publiée au Chant du Monde (distribué par Harmonia Mundi),
permettent de faire connaissance avec les chefs d’œuvre (et les autres) du jazz. Une chronologie
en même temps des grands moment du 20e siècle que le jazz a rythmé.
Je vous propose ci-après quelques haltes dans cette saga.
1. Jelly Roll Morton, Ferdinand La Motte pour l'état civil, compositeur moderne, tous les albums
chez RCA-Victor, sa filiale spécialisée dans les « race series » comme on disait à l’époque,
« Bluebird ». Cette appellation un peu trop raciste allait disparaître après la deuxième guerre
mondiale remplacée par « Rhythm and Blues ». Le R’n’ B n’est donc pas un, style de musique
mais une appellation commerciale. Ferdinand se prétendait « originator du jazz », créateur,
inventeur du jazz. Il n’avait pas entièrement tort.
2. Louis Armstrong, génie tutélaire du jazz, Louis a inspiré tous les compositeurs, toute la variété,
le rock et le reste lui doit quelque chose. Si l’on veut creuser davantage son génie, Frémeaux et
associés est en train de le rééditer intégralement, le volume 4 de cette intégrale est à
recommander absolument. S'y trouve ce chef d'œuvre intégral de juin 1928, "West End Blues"
qui contient une définition du jazz en 10 secondes. On trouve bien sur cet enregistrement dans la
compil citée comme référence. Le pianiste – qui a aussi enregistré sous son propre nom -, Earl
« Fatha » Hines, considéré comme l’une des incarnations du piano. Il restera un aventurier – audelà des apparences – toute sa vie. Son grand orchestre des années 40, à Chicago fut une
pépinière de futurs talents du bebop.
2bis Bix Beiderbecke, mort à 28 ans, aura eu le temps e créer, avec son ami le saxophoniste
Frankie Trumbauer, le tempo de ballade et une sonorité de cornet qui aura une très grande
influence sur Bobby Hackett et via ce cornettiste Miles Davis et Chet Baker.
2ter Bessie Smith, l'impératrice du blues. "Empty Bed" est l’un de ses grands succès ici reproduit
comme il se doit. Louis, en ses débuts, a aussi enregistré avec elle ce "Saint Louis Blues". Elle a
exercé une très profonde influence – non revendiquée sauf pour Billie Holiday – sur tous les
musicien(ne)s, à commencer par Louis lui-même ou Sidney Bechet.
3. Sidney Bechet, chez Blue Note dont ce "Summertime" de 1939, une sorte de quintessence de
l'art du saxophoniste soprano, une définition aussi du jazz. Les premiers pas des deux
producteurs, Juifs allemands fuyant le nazisme, Alfred Lion et Frank Wolff qui associeront leur
nom à un style de musique, le hard bop dont les chefs de file seront Art Blakey (et les Jazz
Messengers) et Horace Silver.
4 . Coleman Hawkins allait inventer le saxophone ténor. Adolphe Sax l’avait conçu mais c’est
Hawk – c’est son surnom – allait lui donner toute sa sonorité, pas immédiatement mais en 1939 il
allait enregistrer ce chef d’œuvre intégral, « Body and Soul », concerto pour saxophone et
orchestre. Il allait faire entendre à la fois la mélodies et les harmonies. Après la deuxième guerre
mondiale et la révolution du bebop, il allait continuer à enregistrer faisant même preuve
d’ouverture en engageant, en 1944, l’inconnu Thelonious Monk et réalisant pour la firme Apollo
un enregistrement avec les jeun,es turcs du bebop dont Dizzy Gillespie et Max Roach,
trompettiste et batteur respectivement.
Il avait commencé à jouer dans l’orchestre de Fletcher Henderson, inventeur des sections du Big
Band et arrangeur subtil.
5. Lester Young allait tourner le dos au « son » de Hawk pour construire le sien propre, avec un
souci de l’originalité qui le poussait à jouer le saxophone de travers, sera le saxophoniste vedette
de l’orchestre de Count Basie dans ces années 1936-1940, années fastes de cet orchestre d’une
légèreté étonnante pour un swing dur pour faire voler les danseurs. Les faces Aladdin, qu’il
réalisent sous son nom, plusieurs fois rééditées notamment par Blue Note, contiennent une
moisson de chef d’œuvre dont ce chef d'œuvre, en 1945, d'angoisse et d'appel au rêve, à la
transformation du monde, de la colère, de la rage en même temps que de l'humour devant
l'incompréhension d'un monde qui ne veut pas comprendre, "These foolish things", que "Pres" pour President, son surnom - enregistre à son retour de l'armée, il nous parle de l'indicible, la
violence subie, meurtrière, barbare et de sa volonté de construire son propre monde. Ce qu’il fera.
Il sera suivi par toute une cohorte de jeunes musiciens dont les Frères de la Côté, Stan Getz
d’abord – qu’il faut aussi écouter dans « Early Autumn » en 1948 avec l’orchestre de Woody
Herman. C’est son premier style, un peu éthéré. Il en changera sans toute fois perdre ce son qui
était le sien.
6. Billie Holiday forme avec Pres – il l’appelait « Lady Day », ce surnom, un raccourci de son
nom lui va comme un gant -, un couple inséparable, unis par tous ces fils invisibles de l'amour
fou et forcément platonique, fusion de l'angoisse et du désespoir comme le définissait le poète
anglais Marvell. Ils allaient beaucoup enregistrer ensemble et mourront la même année, 1959.
Billie ne supportant la perte du saxophoniste. Si l’on veut aller plus loin dans la connaissance du
couple, Frémeaux et associés a édité un coffret de trois CD reprenant l'intégrale de cette
rencontre. Il faudrait écouter tout Billie Holiday...
7. Dans ces années 40, la guitare connaîtra aussi sa révolution. Une double révolution. Celle de
Django Reinhardt d’abord avec le quintette du Hot Club de France, Stéphane Grappelli en est le
violoniste – il aurait eu 100 ans cette année -, enregistrant pour Swing – le label créé par Charles
Delaunay et Hughes Panassié uniquement consacré au jazz, ils seront aussi à l’origine de la revue
Jazz Hot dés 1937 – des faces qui feront le tour du monde et influenceront tous les guitaristes à
commencer par Jimmy Raney ou BB King qui diront leur dette à l’égard du Manouche. Et celle,
américaine, de la guitare électrique avec Charlie Christian, un météore. Il n’est pas le premier à
utiliser la guitare électrique, il est le premier à en faire un instrument soliste à part entière. Il fera
partie de l’orchestre de Benny Goodman avec lequel in enregistrera. Dans le même temps, au
Minton’s ou au Monroe’s – les deux clubs qui sont des « workshops » de la nouvelle musique
entrain de se faire dans ce début des années 40 -, il sera pris sur le vif. Quelques-uns de ces
enregistrements sont, bien sur, reproduit dans cette compil. Mais ils ne devraient pas suffire…
Dans cette lignée, tous les grands guitaristes des années 40-50, influencés à la fois par Django,
Charlie et Lester Young et surtout, créateur du nouvel idiome, Charlie Parker, Jimmy Raney, Tal
Farlow en particulier. Mais T. Bone Walker pour le blues, Barney Kessell et la liste serait longue.
Quelques-uns se retrouvent dans cette compil…
8. Charlie Parker, autre créateur de style, d'univers, un révolutionnaire dans l'âme connaissant
tout du jazz et du blues, une bibliothèque énorme, une sorte d'encyclopédie de la musique. Il
puisera dans Lester Young qu'il écoutera à Kansas City son style. Les faces Dial et Savoy, pour
aller plus loin dans la connaissance de cet « Oiseau » - Bird, on le sait au moins depuis le film de
Clint Eastwood, beaucoup trop respectueux, est son surnom, mais jamais surnom n’a mieux
convenu - sont des références. Notamment ce "Ko-ko" (qu'il ne faut pas confondre avec celui de
Duke Ellington, voir plus loin pour Duke...) enregistré pour Savoy en 1945, sur les harmonies de
Cherokee. Max Roach, jeune batteur, y fait ses premières armes. Dizzy Gillespie en est le
compagnon essentiel. Le grand orchestre que le trompettiste constituera (Diz pour les intimes) en
1947 fera sensation. Le 28 février 1948 à Pleyel, à Paris, il déclenchera une énorme bataille
d'Hernani, Les pour et les contre s'affronteront violemment... Des extraits de ce concert – comme
la reproduction de Ko-Ko figure dans ces deux coffrets.
9. Thelonious Monk, le plus grand des grands compositeurs s'inspirant à la fois des pianistes
stride - le saut de la main gauche - de Harlem, le style harlémite par excellence à commencer par
le plus important d'entre eux, James P. Johnson, maître de Fats Waller. Il fait aussi référence à
Willie "The Lion" - il aurait hérité de ce surnom par sa participation à la première guerre
mondiale, c'est de l'ordre du possible - Smith... Mais aussi des bruits de cette ville de New York
dont il est, avec Duke Ellington une fois encore, quasiment le concepteur. Il invente la Ville en
même temps que la Ville l'invente. Les faces Blue Note - réédité sous la forme de deux CD, "The
Genius of the modern music" de 1947 - il a 30 ans ! - à 1951. Là encore Lion et Wolff ont voulu
continuer à l'enregistrer alors qu'il ne vend pas de disques, Round About Midnight, devenue une
"scie" par la grâce de Miles Davis, un enregistrement de 1955-56 (Columbia et Prestige pour ces
deux versions successives, avec John Coltrane, Red Garland (p), Paul Chambers (b) et Philly Joe
Jones (dr). Il a été le professeur respecté de tous les beboppers et au-delà. John Coltrane fera,
chez lui, ses premières expériences (en 1957). Steve Lacy, saxophoniste soprano qui jouera avec
Cecil Taylor, utilisera ses compostions... On trouve ici quelques-unes de ses compositions… Le
monde de Monk est original.
10. Duke Ellington, Edward Kennedy pour l'état civil qu’on ne sait où mettre. C’est une rubrique
à lui seul. Chaque période, « style jungle » dans les années 20-30, puis les chefs d’œuvre des
années 1940 qu’il faudrait reprendre dans leur intégralité, un univers en marche transcendant les
époques, exerçant une très profonde influence sur tous les jazzmen et jazzwomen, à commencer
par l’arrangeure de l’orchestre de Andy Kirk, Mary Lou Williams. Il faudra compléter avec le
live at Newport de 1956 (CBS).
11. Ella Fitzgerald qui a commencé comme jeune chanteuse de l’orchestre de Chick Webb,
batteur remarquable, se transformant dans les années 40 grâce à Dizzy qui l’introduit dans les
méandres du bebop pour la faire accéder à son statut de musicienne accomplie, créateure d’un
style qui n’appartiendra qu »’à elle. "How High the Moon" de 1947 donne une sorte de synthèse
de son art (réédité sous plusieurs labels sans compter cette compilation.)
12. Bud Powell, le pianiste bebop par excellence qui prendra des leçons avec Monk et s'inspirera
de Art Tatum, le pianiste le plus pianiste de toute l'histoire du piano dont la virtuosité faisait
l'admiration de Samson François. Le seul vrai suiveur de Tatum dont il partage la virtuosité est
Oscar Peterson le dernier des grands pianistes. Oscar s’inspirera aussi – il chantait comme lui –
de Nat « King » Cole, pianiste que l’on oublie trop souvent. Aussi présent dans cette compil avec
ce « Sweet Lorraine » de 1940.
Bud enregistrera lui aussi pour Blue Note, avec Fats Navarro – mort de tuberculose et de drogues
à 28 ans, un style de trompette spécifique qui le fait reconnaître – et Sonny Rollins qui fait ses
premiers pas dans les pas de Charlie Parker…
13. Beaucoup d’autres sont présentés dans cette compilation permettant de faire connaissance
avec Dexter Gordon – vous vous souvenez du film de Tavernier ? – Lockjaw Davis, le tout jeune
Miles Davis dont il faut aussi dire un mot…
14. Miles Davis et ses groupes. Il entend Parker et n'a qu'une seule idée - il a à peine 20 ans jouer avec lui. Il le fera. puis créera le style "cool" avec des représentants d'une école de jazz
particulière, celle du pianiste Lennie Tristano qui étudiera et fera étudier Parker lui-même sans
jamais l'imiter. Lee Konitz, saxophone alto fera partie de ce nonet de 1948 dont fera partie Gerry
Mulligan, arrangeur, compositeur et saxophoniste baryton qui sera à l'origine du pianoless quartet
- un quartet sans piano - avec Chet Baker à la trompette, une sonorité étrange venue d'ailleurs. un
succès curieux... .
Puis, mais nous sortons du cadre chronologique de cette compil, Miles enregistrera avec Monk un
de ces albums essentiels réalisé un 24 décembre 1954; "Miles and the Jazz giants", Milt Jackson,
vibraphoniste qui a rompu avec Lionel Hampton, sera aussi de cette partie comme le batteur
Kenny Clarke, créateur de la batterie moderne. Miles ne sera pas avare de ces albums essentiels
dont fait aussi "Kind Of Blue" (CBS) de 1959, avec Coltrane, Cannonball Adderley,
saxophoniste alto qui s'impose dés son arrivée à New York en 1955, après la mort de Charlie
Parker, Bill Evans pianiste de toutes les audaces et de tous les lyrismes, Paul Chambers,
contrebassiste et Jimmy Cobb, batteur. Il y en aura d'autres... Mais c'est une histoire de Miles
qu'il faudrait faire...
II) Sortons de cette compil pour passer en revue quelques albums, le 33 tours changeant la donne.
Les compils sont plus difficiles. L’album concept comme on dira plus tard, fait son apparition.
1. Jay Jay Johnson, créateur du trombone be bop, est présent dans la compil citée plus haut aux
côtés de Charlie Parker. Il quittera la scène du jazz ensuite pour y revenir en 1954, réalisant une
série d’albums, pour des labels différents, en duos avec Kay Winding, un autre tromboniste. Il a
influencé TOUS les trombonistes de l’ère moderne.
2. Sonny Rollins, saxophoniste ténor qui inspirera toutes les générations qui suivront. Il refusera
le rôle de "gourou" en cassant le plus souvent possible son image.. L'album à recommander - il en
est bien sur beaucoup d'autres - "The Bridge" réalisé au début des années 60 lors de son retour sur
la scène du jazz, chez RCA.
3. John Coltrane, dernier génie du jazz créant une nouvelle révolution esthétique à l'instar de
Louis Armstrong ou de Charlie Parker. Tous les saxophonistes et au-delà lui doivent quelque
chose pour les musicien(ne)s qui nous sont contemporain(e)s. Trane, comme tout le monde
l'appelle, ne sera pas un génie précoce. Au contraire. Il est loisible de suivre son éclosion en
l'écoutant d'abord aux côtés de Miles (qui l'engage en 1955 en lieu et place de Sonny Rollins),
puis Monk, dans les groupes qu'il allait constituer pour Prestige pour arriver au Giant Steps de
1959 (pour Atlantic) qui met une sorte de point final à la progression en accords, thème devenu le
pont aux ânes de tous les saxophonistes.
"My favorite Things" -thème de l'auberge du bonheur, comédie musicale de 1959 - qu'il jouera,
déconstruira toute sa vie, une sorte de thème emblème de son art et de son évolution.
4. 0rnette Coleman, créateur lui aussi d'univers, prophète du free jazz qu'il incarnera pour le
meilleur et le pire. "Tomorrow is the question", le futur est la question, et elle est posée encore
aujourd'hui. Son album, "Free Jazz" (Atlantic) sera le plus décrié, réunissant un double quartet, le
sien, avec Charlie Haden à la contrebasse (b) - un des musiciens qu'il faudrait aussi écouter,
commenter -, Billie Higgins à la batterie (dr), l'un des sourires les plus éclatants qu'on ait jamais
vu et il fait sourire ses peaux, un optimisme curieux, une grande leçon de vie et de
communication, d'écoute et Don Cherry, trompettiste superbe, renouvelant toutes les approches il avait aussi enregistré pour Blue Note avec Gato Barbieri du temps où le saxophoniste ténor
argentin se pensait un avenir, "Symphonie for Improvisers". Et celui du saxophoniste alto,
clarinettiste-basse - il a influencé sur cet instrument tous les successeurs -, flûtiste Eric Dolphy
qui avait participé aux groupes de John Coltrane et surtout de Charles Mingus, voir plus loin),
avec Freddie Hubbard, trompettiste de toutes les aventures en ce temps là, Ed Blackwell à la
batterie, un batteur de la terre, des racines et Scott LaFaro à la contrebasse en train de
révolutionner cet instrument aux côtés de Bill Evans, pianiste créant un nouveau style et une
nouvelle définition du trio, avec Paul Motian à la batterie.
5. Un thème, composé par Oliver Nelson, réunira, en 1961 et pour Impulse, Oliver Nelson au
saxophone ténor, Eric Dolphy, au saxophone alto et flûte, Bill Evans au piano, Freddie Hubbard à
la trompette, Paul Chambers à la contrebasse et Roy Haynes à la batterie, « Stolen Moments »,
une sorte de synthèse de ces années 60, années de feu, de folie et de fraternité, donc de création.
6. Art Blakey et les Jazz Messengers, l'album Blue Note de 1954, avec Clifford Brown, "Live in
Birdland", avec Horace Silver au piano.
7 Clifford avec Max Roach chez EmArcy (aujourd'hui Universal) dans les années 1955-56, pour
la perfection du jeu de trompette, hérité de celui de Fats Navarro mort à 28 ans des suites de la
tuberculose, Clifford mourant à 26 ans dans un accident de voiture.
8. Shelly Manne, superbe batteur, prince des balais et ses "Men", l'enregistrement réalisé live au
"Blackhawk".
9. Sarah Vaughan, musicienne accomplie, son album de 1954, avec Clifford Brown, et la version
de "Lullaby of Birdland" ou d'un peu avant ce "Shulie a bop" pour la présentation de ses
musiciens et sa science du scat différente de celle d'Ella.
10. Carmen McRae, née le même jour que Billie Holiday et c'est un album de 1960 "Lover man",
composé de thèmes liés à Billie qui marquera son entrée dans le monde des grandes créatrices,
elle se définira avec cet album. (Columbia).
11. Dinah Washington, la reine du blues. Un album de 1954 est une sorte de jam session en
studio, avec Clark Terry, trompettiste et bugliste toujours ahurissant et Clifford Brown, Max
Roach... Chez EmArcy au départ.
12. Bill Evans et son trio – Scott LaFaro, Paul Motian – va révolutionner l’art du piano et du trio.
Enregistrements Riverside, « At The Village Vanguard » (1960).
13. Charles Mingus, contrebassiste, pianiste, compositeur, révolté perpétuel pour, surtout - mais
pas seulement - ses enregistrements pour le label Candid - qui ne vivra que 9 mois, aujourd'hui
c'est devenu un label britannique - avec son quartet composé de Eric Dolphy, Ted Curson à la
trompette et Dannie Richmond à la batterie.
14. Albert Ayler, les enregistrements de son concert à la fondation Maeght en 1970, rééditions
diverses… Pour appréhender la révolution esthétique et politique, la rencontre du musicien et de
son public.
15. Archie Shepp et ce « Mama Too Tight » Impulse.
16. Cecil Taylor, lui aussi comme Monk, créateur de mondes. Ses enregistrements pour Candid,
avec Steve Lacy, au saxophone soprano, Buell Neidlinger à la contrebasse et Archie Shepp,
responsables de la révolution d’octobre (1964).
17. Pour le piano moderne, Keith Jarrett – dans la lignée de Bill Evans, Paul Bley – et surtout ses
enregistrements pour Impulse avec Dewey Redman au saxophone ténor, Paul Motian à la
batterie, Charlie Haden à la contrebasse.
Nicolas BENIES.
PS Bien sur, il est d’autres musiciens que j’aime que je n’ai pas cité. Johnny Griffin, le pianiste et compositeur
Andrew Hill qui vient de nous quitter et à réaliser des albums qui comptent, le tromboniste Grachan Moncur III,
Jackie McLean que je ne me lasse pas d’écouter, Phil Woods, Art Pepper qui sait comme personne me raconter de
ces secrets de l’âme qu’il est impossible de retenir, Steve Lacy… Le jazz est une passion…

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