« T`es un pédophile, Toro »

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« T`es un pédophile, Toro »
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FAITS DIVERS
Aujourd’hui en France
Mercredi 27 janvier 2016
(Photopqr/« L’indépendeant ».)
Brétigny :
la SNCF aurait
manipulé
des témoins
Perpignan (Pyrénées-Orientales), hier. Joachim Toro, 83 ans, (ici avec son avocat) a entretenu pendant des années une relaltion nauséabonde avec Halima.
« T’es un pédophile, Toro »
LA SNCF aurait, selon « le Canard
enchaîné », « tout fait pour manipuler » l’enquête judiciaire menée
sur l’accident du train Corail de
Brétigny (Essonne) qui, le 12 juillet
2013, avait fait 7 morts et plusieurs
centaines de blessés.
D’après l’hebdomadaire satirique,
les trois juges chargés de l’instruction avaient placé sur écoute
téléphonique les collaborateurs
de Guillaume Pepy, le président
de l’entreprise. Il en ressort que
les agents entendus comme
témoins étaient « briefés » par le
service juridique de la SNCF à
répondre aux questions des policiers et des magistrats. Ainsi, un
cadre, Christophe Bolhy, qui
affirmait ne pas savoir si les travaux
de vérification des lignes sont
correctement menés dans le secteur
de Brétigny, se voit opposer lors de
son audition une conversation qu’il
a eue avec son supérieur. Enregistrée par les enquêteurs, on l’entend
crier : « Brétigny, c’est des crevards.
Faut tous les foutre dehors ! »
La SNCF a réagi hier soir en
indiquant que « les documents
présentés sont couverts par le secret
de l’instruction » et que « les
salariés auditionnés par les juges
sont totalement libres de leurs
propos et participent à la manifestation de la vérité ».
ASSISES. Unefemmede32ans,témoinclé,aaffirméhierqueJoachimToro,accusédu
Le tireur de 13 ans
triplemeurtredeRivesaltesen2011,monnayaitsesfaveurssexuellesalorsqu’elleétaitmineure. placé en foyer
Perpignan (Pyrénées-Orientales)
De notre envoyé spécial
LA COUR D’ASSISES des Pyrénées-Orientales se fige. « T’es un pédophile, Toro », vient de lancer Halima en regardant Joachim Toro dans
les yeux pour la première fois de son
audition. Cette femme de 32 ans,
dont la relation malsaine avec l’accusé âgée de 83 ans était au cœur des
débats, est venue hier apporter un
témoignage très attendu. Son altercation en mars 2011 avec l’ancien
plombier, une heure avant son coup
de folie, semble avoir été le déclencheur du triple meurtre par balles
d’un retraité et de deux cantonniers
parfaitement étrangers à leur curieuse histoire.
Lundi, l’audience avait permis de
révéler au grand jour les liens toxi-
ques qui unissent le vieillard et la
trentenaire. Toro lui-même avait reconnu qu’elle lui accordait régulièrement des faveurs sexuelles contre de
l’argent. Mais selon ses dires, ces rapports tarifés ont débuté alors qu’elle
était âgée de 18 ans.
380 000 € versés
« Ça s’est passé la première fois
quand j’avais 9 ans, assure le témoin
à la barre. Nous étions voisins. Il m’a
d’abord donné des bonbons. J’allais
parfois chez lui. Un jour, il m’a demandé de m’allonger sur le canapé.
Il est venu se frotter contre moi jusqu’à éjaculation », déroule Halima,
teint hâlé et cheveux légèrement décolorés.
Les rencontres se poursuivent à
l’âge adulte, « sans pénétration »,
avec des pauses durant lesquels Hali-
ma fait croire à l’octogénaire qu’elle
est « partie vivre à l’étranger ». « Je ne
sais pas pourquoi j’ai continué. Enfant, je ne me rendais pas compte de
ce qu’on faisait. Après quoi, j’avais
pris l’habitude. » Les sommes versées
sont vertigineuses : 380 000 € en
tout, qui financent sorties, permis de
conduire, ou l’achat de deux voitures. Des prêts non remboursés selon
l’accusé, qui a produit durant l’enquête une reconnaissance de dettes
signée par Halima. « Ce n’était pas
des prêts, mais des dons. J’ai signé ce
papier sans savoir ce qu’il signifiait »,
répète-t-elle.
Le jour du drame, Halima doit venir chercher 6 000 € promis par Toro
pour financer un voyage en Nouvelle-Calédonie. « C’était faux. Je n’allais nulle part », reconnaît le témoin.
« Elle m’avait dit qu’elle allait cher-
cher là-bas de quoi me rembourser »,
insiste le plombier. Le rendez-vous
tourne court, mais les versions divergent. Toro dit avoir été victime d’un
chantage de la jeune femme menaçant de ne plus lui rendre son argent.
Halima pense qu’il est furieux de
sentir qu’elle lui échappe. Un coup
de feu part des deux côtés, chacun
jurant avoir déclenché le tir accidentellement. Seul point d’accord : la
rencontre a fait « disjoncter » le papy.
Les accusations de pédophilie,
déja évoquées durant l’enquête, ont
depuis fait l’objet d’un non-lieu en
raison des règles de prescription. Les
soupçons d’escroquerie, eux, ont déclenché l’ouverture d’une information judiciaire distincte toujours en
cours.
THIBAULT RAISSE
TRIBUNAL. Jugé pour agressions sexuelles sur des femmes militaires à Douai
Les consultations malsaines du médecin-chef
CONSIDÉRÉ comme un « praticien de qualité » par sa hiérarchie, le
médecin chef Paul N. s’est attiré
une autre réputation dans l’armée :
celle d’un séducteur aux méthodes
malsaines. Voire répréhensibles.
Cet homme de 62 ans comparaît aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Lille pour « agression
sexuelle aggravée » sur 4 jeunes
femme militaires entre 2010 et 2013,
quand il était lieutenant-colonel au
centre médical de Douai (Nord).
En juillet 2013, le ministre de la
Défense avait donné un avis favorable à ces poursuites judiciaires, soulignant « le comportement inadmissible d’un officier supérieur » qui
portait « gravement atteinte à l’honneur de l’institution ». Il y avait
pourtant eu matière à s’alarmer…
L’enquête a révélé que cet ex-médecin-chef avait déjà connu quelques
soucis en 2008 à Toul (Meurthe-etMoselle).
Mains baladeuses
Quatre personnels féminins
s’étaient plaints de « gestes surprenants » et de « mains baladeuses ».
Le chef de corps avait alors imposé
la présence d’une femme pendant
les visites médicales de Paul N. ! Ces
précédents appuient, selon les enquêteurs, les déclarations des plaignantes, parmi lesquelles, Antonia*, qui s’était engagée en 2004
pour servir son pays avec « dévouement et passion ».
En poste au 41erégiment de transmissions de Douai, Antonia consulte le médecin-chef début 2013 après
un arrêt maladie pour raisons personnelles. « Il n’arrêtait pas de me
flatter sur mon physique, puis de
me téléphoner… », relate cette exbrigadier-chef en décrivant un climat perturbant de « proximité ambiguë » : l’officier qui lui caresse le
visage, lui pose le front contre le
sien, la serre très fort dans ses bras…
Comme les autres plaignantes, Antonia soutient avoir aussi subi des
gestes à connotation sexuelle. « Plus
qu’un prétendu jeu de séduction,
comme il s’en défend, le médecinchef s’est livré à une lente parade
avant d’oser une agression caractérisée sur ma clientefragilisée », estime Me Elodie Maumont.
« Dragueur invétéré » assumé,
Paul N. a reconnu en garde à vue un
comportement « inadapté ». Depuis,
il nie toute agression sexuelle,
concédant une « trop grande compassion » et évoquant des gestes
médicaux mal interprétés. « Il a délibérément trompé les victimes sur
le sens de ses gestes et de ses intentions réelles. Des victimes qui ont
eu du mal à dénoncer un supérieur
hiérarchique haut gradé, par crainte
pour leur carrière », insiste Me Maumont, qui représente aussi l’Association de défense des droits des
militaires (Adefdromil - Aide aux
victimes), partie civile à ce procès.
Le prévenu, dont l’avocat n’a pas
souhaité s’exprimer, a été entendu
lundi dans une autre affaire d’agressions sexuels présumés sur 2 agents
à l’hôpital d’Arras où il n’exerce
plus.
GEOFFROY TOMASOVITCH
L’ADOLESCENT de 13 ans qui
avait tiré des plombs, vendredi à
Nice, depuis l’extérieur d’une école
maternelle sur deux fillettes de 4 et
5 ans en pleine récréation, a été mis
en examen pour violences volontaires ayant provoqué une incapacité
totale de travail inférieure ou égale à
huit jours. Les victimes avaient été
légèrement touchées au cuir chevelu et au dos. Le tireur a été placé
sous le régime de « la liberté surveillée » dans un foyer de l’enfance
du département des Alpes-Maritimes. Lors de son interpellation
dimanche au domicile familial, les
policiers avaient saisi un pistolet à
air comprimé compatible avec les
16 plombs découverts dans la cour
de l’école. L’enfant, qui a reconnu
en garde à vue avoir utilisé cette
arme, risque jusqu’à trois ans de
détention. Lundi, à la réouverture
de l’établissement scolaire situé
dans un quartier sensible de Nice, sa
mère et son oncle sont venus
s’excuser et plaider l’accident
devant les parents d’élèves.
MATTHIAS GALANTE
En bref
n SIX LYCÉES PARISIENS ont
reçu hier des appels anonymes
faisant état de la présence de colis
piégés hier. L’alerte à la bombe a été
levée à la mi-journée à Fénelon,
Montaigne, Condorcet et Henri-IV,
puis en fin d’après-midi à
Charlemagne et Louis-le-Grand.
n PATRICK HENRY verra la justice
examiner le 25 février la décision de
lui accorder une libération
conditionnelle ou non. Il a été
condamné à la réclusion à
perpétuité pour le meurtre du petit
Philippe Bertrand en 1976.