Déclaration commune Forum Social des Quartiers Populaires/ 3ème

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Déclaration commune Forum Social des Quartiers Populaires/ 3ème
Editorial
S’UN I R O U S UBI R…
L'attention politique et médiatique portée en France sur « le Printemps Arabe » est proportionnellement inverse à celle portée sur les quartiers populations et les populations qui y vivent. Les
peuples arabes qui étaient présenté comme pris entre le marteau islamiste et l'enclume des régimes autoritaires démontrent la possibilité de tracer d'autres chemins autonomes...
En Europe on s'extasie sur ces soulèvements populaires qui reprennent en partie des mots d'ordre d'inspiration démocratique. Les quartiers populaires qui depuis des décennies n'ont pas cessé
d’être le lieu de luttes sociales et politiques réclamant l’Égalité réelle, la Justice et la Dignité ont été à l'inverse, et sont toujours, la cible d'une répression politique aussi violente qu'absente de la
Une. La politique classique et efficace du « diviser pour mieux régner » est devenue la Loi des Quartiers : Hommes/Femmes, Musulmans/non-musulmans, Noirs/Blancs, Noirs/Arabes,
Chômeurs/Salariés. Jeunes/Vieux, Français/Étrangers.
Les affrontements font plus de morts que la Police nationale. Face à au clientélisme politique et à sa comparse idéologique "la diversité", face à la politique sécuritaire comme seule service
public, nous réaffirmons la possibilité d'autres chemins, d'autres politiques, d’autres discours. Le racisme et la xénophobie d'état s'exprime et s'applique sans complexe à travers un arsenal de
lois aussi répressives que médiatiques, les classes populaires sont désignées comme le nouvel ennemi intérieur dont l'Etat s'est donné pour mission de mater et dresser. Quant à la Gauche et
son extrême, elles n'ont fait que creuser un fossé avec les quartiers populaires tout en se gaussant de les représenter du fond de leur centre-ville. La droitisation de la société française rend
acceptable une politique de criminalisation de la pauvreté.
En somme le contexte politique se prête au mieux, à un abandon des quartiers, au pire à punir les classes populaires. L’assignation des mouvements issus des quartiers et de l'immigration à une
position de contestation vaine et infantile a pour but de décrédibiliser et d'étouffer toutes initiatives politiques qui pourraient émerger de ces territoires. Il n'est pas anodin qu'à l'approche des
prochaines échéances électorales les petites mains jaunes de SOS racisme sont de retour avec leur concert folklorique, bonne enfant et avant tout électoraliste. La Responsabilité comme
langage et pratique dans nos quartiers nous incombent de réaffirmer que le changement est ailleurs. Dans les quartiers, au sein des classes populaires et non pas dans les états-majors politiques
de centre-ville.
Les émeutes de 2005, et celles plus proches, ne sont qu’une illustration des plus tragiques de l'échec de la politique de la Ville en œuvre depuis trois décades en France. C'est aussi et en partie,
le reflet de notre impossibilité à imposer à l'échelle nationale la question des quartiers populaires comme priorité nationale et non pas seulement faits divers et réserve électorale pour la
Gauche. La réponse se trouve tout comme les soulèvements de l’autre côté de la méditerranée en notre sein : les habitants des quartiers qui sont les plus à même de maitriser leur destin et leur
territoire. L’autonomie des luttes, la responsabilité de nous et de nos proches sont les premiers pas de ce chemin que Nous tracerons.
La quatrième édition du Forum Social des Quartiers Populaires entend à sa hauteur contribuer à ce Printemps qui ne fait que commencer, en d'autres
termes deux issues se profilent à l'horizon de nos banlieues : "S'Unir ou Subir".
Programme
VENDREDI 11 NOVEMBRE
14h-17h30|S'organiser dans les quartiers : une histoire politique spécifique
Les quartiers populaires sont présentés comme un désert politique où règne criminalité et communautarisme… 30 ans de luttes et d'affrontements politiques sont jetés
dans les poubelles de l'histoire. Le FSQP est le produit de cette histoire et la revendique comme un patrimoine politique commun à transmettre.
Avec :
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Le MTA (Mouvement des Travailleurs Arabes) vu de l'intérieur : Khemissi Djataou
Du Comité contre la Double Peine au MIB (Mouvement de l'Immigration et des Banlieues) (Ile de France) : Tarek Kawtari
D'Agora à Divercité (Lyon) : Pierre-Didier Tchétché Apéa
Tactikollectif et Motivé-e-s (Toulouse) : Salah Amokrane
de l'UJM (Union des Jeunes Musulmans) au CMF (Collectif des Musulmans de France) : Abdelaziz Chaambi
18h-21h | La politique de la Ville : un déni de démocratie...!?
A l'heure, où l’on célèbre la naissance de la politique de la ville comme une réponse aux émeutes populaires: Trente après, quels bilans politique en tire-t- on?
En pleine Rénovation urbaine, les quartiers sont de nouveau la cible de grands chantiers sans que la voix des habitants ne soient prise en compte. Les grands
absents de la politique restent les principaux concernés : les habitants des quartiers populaires. La constante reste un déni de démocratie et un clientélisme politique
mortifère pour nos mouvements.
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Genèse et bilan de la Politique de la Ville : Pierre-Didier Tchétché Apea et Yves Mena
Justice pour le Petit Bard (Montpellier): L'exemple d'une lutte locale qui s'est muée en mouvement politique: Khalid Elhout, Hamza AARAB
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Collectif de Femmes "Quelques-unes d'entre nous": le rôle des habitantes dans leur quartier - Zouina Meddour
Programme
SAMEDI 12 NOVEMBRE
11h00-14h00 | Organisations politiques, Collectifs, associations issues de l'immigration et/ou des quartiers populaires : Etat des lieux
De nombreuses associations, structures et mouvements se revendiquant des quartiers populaires et/ou de l’immigration, initient ou ont initié des collectifs, des regroupements
politiques et ce depuis des années. Chacune de ces organisations tente, tant bien que mal, de fédérer afin de porter à un niveau national des revendications politiques.
Toutes ces initiatives, toutes aussi intéressantes et pertinentes, peinent à se transformer en relais au plan national. Pourquoi ? Un débat ouvert sur les différentes stratégies
et pratiques collectives est nécessaire pour une confrontation constructive des expériences et des idées pour transformer les réalités.
Intervenants : Émergence, PIR, ATMF, FTCR, Ac le Feu, MIB, CMF, Divercité, Motivé-e-s…
15h00- 19h00 | Quelles convergences pour faire des quartiers populaires une priorité politique ?
Les mouvements des quartiers et/ou de l'immigration sont nombreux et riches d'expériences de luttes. Pourtant le morcellement de ces expériences a fini trop souvent par
avoir raison sur leurs objectifs communs : l’égalité des droits pour toutes et tous, faire entendre la voix des « sans voix », sortir de l'invisibilité dans laquelle les politiques
dominantes veulent nous maintenir, et développer des projets politiques pour les habitant-e-s de ces quartiers.L'heure est à l'écoute commune, au respect des parcours, aux
convergences possibles au-delà des divergences de tactiques, de stratégies, d'analyses de nos mouvements. Mais faut-il simplement en prendre acte ou devons-nous
transcender ce qui distingue les uns des autres pour se concentrer sur ce qui nous rapproche, et peut nous rassembler. Parlons-en, mettons cela en débat au sein du Forum.
20h | Soirée culturelle | Amphi X
THEATRE | "Et puis nous passions le pantalon français " | Lecture par le collectif Quelques unes d'entre nous
A partir des témoignages, entretiens et récits recueillis par Abdelmalek Sayad dans la Double absence. Trente années d’enquêtes et de recherches réalisées en France et en
Algérie. Comment l’art du théâtre, en tant qu’espace possible d’énonciation – et de dénonciation – des réalités intimes et sociales, peut-il prendre part au travail de narration
d’une histoire commune faite d’affects, d’échecs, d’humiliation et de culpabilité ? Aussi honteux que puissent être ces épisodes, ils n’en font pas moins partie de l’Histoire de
France à raconter…
CONCERT | Mohamed Bhar
Depuis plus de 27 ans, il chante tantôt l’amour et l’espoir tantôt la liberté et la révolte. Chanteur de la résistance, il a composé sur les événements de Tunisie, des chansons
qu’il dédie à la lutte de tout un peuple pour le droit au travail, à la dignité, à la liberté et à la démocratie. Il s’accompagne au luth oriental, au coté de Nabil Ghannouchi
(Flûte) et Tarek Maatoug (Percussion).
DANSE HIP-HOP | « Disparu(s) » par la compagnie No Mad
Performance qui donne à voir les évènements d’octobre 1961, sous une forme originale, dansée, et vivante. Le ton est franc, la forme « résolument hip hop, mais qui n’a pas
peur d’aller chercher plus loin », selon les mots du chorégraphe Mehdi Slimani. Solo, Duo et ensembles expriment cette France d’autrefois et d’ailleurs, mêlée d’inquiétudes et
d’espoirs. La danse hip hop incarne au mieux cette mémoire-ci délivrée par ces corps-là. Popping, B.Boying, Krump... Contre l’oubli… la performance prend des airs de «
manifestation » dansée.
Déclaration commune Forum Social des Quartiers
Populaires/ 3ème rencontre nationale des luttes de
l’immigration
«
Depuis plusieurs années le Forum Social des Quartiers Populaires mobilise des
militants de l’immigration et des quartiers populaires de l’ensemble du territoire
pour tenter de produire les conditions de l’émergence d’une organisation et d’une parole
politique autonome de ces quartiers. Plus récemment les « rencontres nationales des luttes
de l’immigration » qui en sont à leur troisième édition se sont mises en place afin de
partager les expériences militantes et envisager des perspectives communes. Les
organisateurs de ces deux initiatives appellent cette année à les faire converger en les
rendant complémentaires. Le débat sur les perspectives qui s’enclenchera lors de la
première initiative pourra ainsi être poursuivi lors de la seconde. La situation faite à
l’immigration et aux quartiers populaires depuis plusieurs décennies, la paupérisation, la
précarisation et la discrimination qui touchent leurs habitants, les attaques grandissante
qu’ils subissent (contrôles au faciès, crimes racistes, déni des droits les plus élémentaires : au
logement, à la santé, ...), etc. rendent nécessaire une dynamique de convergence
susceptible d’accroître la force des initiatives militantes qu’exige la situation. Dans le respect
des choix de chacun, il est possible d’envisager un espace militant commun, un front uni
des organisations de l’immigration et des quartiers populaires. C’est à cela que nous
voulons travailler en appelant à la convergence des initiatives. »
3ème rencontre nationale des luttes de l’immigration : du 25 au 27 novembre 2011 – CRETEIL
Rappel du FSQP à Montpellier les 22 et 23 Octobre 2011,
organisé par le MIB 34
Programme
Samedi 22 Octobre
13h30 | A qui profitent les dispositifs de
la « politique de la ville » ?
Avec la projection d’un film sur le Petit Bard,
suivie d’un débat.
17h | Débat / Regards Croisés.
La situation de nos cités, entre forces de
gauche et acteurs des quartiers.
21h | Concert
Scred Connexion – Jamel Mektoub – Kortex –
Roya Killa et Greg – Shook-R – Les grandes
gueules – La sentence – Monotoff et Titoo –
Rabhi repenti – Légende urbaine…
Dimanche 23 Octobre
10h | Liberté, égalité, « discriminé », où en est-on ?
Avec la projection du film « Un racisme à peine voilé » de J. Host
13h30 | D’une discrimination à l’autre : racisme anti-maghrébin, islamophobie,
négrophobie.
14h30 | Mémoire, ou comment lutter contre l’amnésie et la déformation des luttes de
l’immigration et des banlieues ?
1er appel national pour un Forum Social des Quartiers Populaires
30 ans que les banlieues réclament justice et que des revendications précises ont été formulées au travers
de marches, de révoltes, de grèves de la faim, de manifestations et de réunions publiques. 15 ans que le
Ministère de la Ville a été créé pour répondre à la relégation sociale et la ségrégation urbaine des cités.
Les gouvernements passent avec leurs lots de sigles et de recettes miracles « politique de la ville,
rénovation urbaine, cohésion sociale : DSQ, ZEP, ZUP, ZAC, ANRU.... ». Nos quartiers servent de
défouloir pour des politiques et des médias en mal de petites phrases assassines sur les « territoires perdus
de la République », «parents irresponsables », « zones de non-droit » « mafiatisation » et autres « dérives
islamistes ». Les habitant-e-s, et notamment les jeunes, sont stigmatisé-e-s et désigné-e-s comme les
principaux responsables des dérives de notre société. Ca ne coûte pas cher de donner des leçons de
civisme et de montrer du doigt les « racailles » ou les « sauvageons » en les jetant à la vindicte populaire.
Les banlieues deviennent une problématique à part, dont on confie la gestion à la police et à la justice. Pourtant
des révoltes des Minguettes (1981) à celles de Vaulx-en-Velin (1990), de Mantes-la-Jolie (1991) à Sartrouville
(1991), de Dammarie-les-Lys (1997) à Toulouse (1998), de Lille (2000) à Clichy sous Bois (2005), les messages
sont clairs : Assez des crimes et des violences policières impunis, des contrôles aux faciès, des écoles au rabais,
assez de chômage programmé, de sous-emplois, de logements insalubres, assez de la prison, assez de hagra et
d'humiliations ! On s'habitue aux souffrances silencieuses de millions d'hommes et de femmes qui subissent au
quotidien des violences sociales bien plus dévastatrices qu'une voiture qui brûle. Il est légitime de se révolter face
à cet ordre social ! Parce que nous refusons de déléguer notre pouvoir à ceux qui ne nous représentent pas, le
Forum social des quartiers populaires sera un espace d’affirmation d’une parole politique, sociale et culturelle à
partir des expériences, des histoires, et de la mémoire de nos quartiers. Il sera le lieu de réflexions et de
convergences de luttes locales, toutes et tous ensemble donnons leur une visibilité nationale !
Nos quartiers et leurs habitant-e-s sont riches d’histoires et de traditions d’engagements. Des révoltes
d’esclaves à la Commune de Paris, de l’Etoile nord-africaine à la Main d’œuvre Immigrée (MOI), de la
manifestation du 17 octobre 61 aux luttes pour la résorption des bidonvilles et des cités de transit, des
grèves des foyers Sonacotra à la Marche pour l’égalité, de l’occupation de l’usine Talbot Poissy au
mouvement des chômeurs, du mouvement des sans-papiers au comité contre la double peine ; tous ces
combats sont constitutifs de l’histoire politique, sociale et syndicale de France. Sortons de l’amnésie
collective et de l’ignorance politique pour nous réapproprier notre mémoire et notre histoire. Les
mouvements d’éducation populaire et les centres sociaux ont été mis en faillite depuis bien longtemps, par
les pouvoirs publics en place.
Nous affirmons que nous avons aussi notre responsabilité lorsque nous ne faisons rien. Il n’est pas question
d’entretenir la démagogie selon laquelle ce serait toujours les autres qui seraient responsables de tous nos
malheurs, nous ne pouvons ignorer notre responsabilité collective. A nous d’inventer des formes de solidarités
réelles pour améliorer nos conditions de vie. Nous avons beaucoup à dire du racisme, des violences policières, des
discriminations sociales, raciales et culturelles, de l’islamophobie, de l’histoire coloniale et de ses conséquences,
etc. mais nous refusons d’être cantonnés à cela. Nous avons autant à dire de la santé, de l’éducation, du travail, du
libéralisme, du sexisme, de l’environnement, des rapports Nord-Sud, de l’information, des formes de résistances et
de libération, des combats pour la justice, pour l’égalité, pour la liberté… L’enjeu est d’initier une présence comme
acteurs et actrices à part entière, produisant nos propres discours et des pratiques autonomes. L’avenir de nos
quartiers dépend de nous, de vous. Notre volonté ne se réduit pas à défendre les quartiers pour les quartiers. Nous
avons besoin de références communes et d’une stratégie collective clairement assumée. Les banlieues occupent
une place centrale dans nos villes, et ne peuvent être gérées de manière spécifique.
Le forum, qui aura lieu les 22, 23 et 24 juin 2007 à St Denis, sera un lieu d’élaboration collective pour agir.
Nous appelons toutes celles et tous ceux pour qui la question des quartiers est une priorité, à prendre leurs
places au sein des collectifs d’organisation. De nombreuses rencontres et discussions ont abouti à la création
d’une association nationale ayant pour objet l’organisation du Forum social des quartiers populaires. Dès à
présent, nous vous invitons à nous rejoindre, au travers des collectifs régionaux d’organisation (Paris,
Lyon, Montpellier, Toulouse) pour préparer et construire cet événement national. Le forum sera un rendez
vous pour celles et ceux qui veulent construire une force et une parole collective issus des quartiers. Il est
impératif de dépasser nos identités propres et de nous appuyer sur la diversité de nos histoires politiques,
associatives, électorales, faites de revendications, de luttes et de participations.
Carte d’identité, carte de séjours, sans papiers, toutes et tous, des quartiers ou d’ailleurs, le MIB, DIVERCITE et les
MOTIVE-E-S vous invitent à les rejoindre pour faire de ce rendez-vous des quartiers, un moment de convergence
politique, social, culturel, festif, pour imposer une expression commune et offensive de toutes les cités. Quelle que
soit l’issue des élections, nous avons besoin d’un mouvement national des quartiers, seule garantie, pour avancer
vers l’égalité.
Forum Social des Quartiers Populaires : Les éditions précédentes
Toutes les informations disponibles sur le site www.fsqp.fr
Contact Presse : Salah Amokrane | [email protected] | 06 30 09 33 30

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