Adobe Première 6

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Adobe Première 6
Introduction
De QuickTime au DV
QuickTime, Premiere, la PAO et la vidéo numérique ont des histoires mêlées ou
similaires. Les connaître aide à comprendre la vidéo numérique d’aujourd’hui,
dont Premiere demeure la pierre angulaire depuis son apparition.
QuickTime, clé de l’informatisation de la vidéo numérique
En 1991 sort le Système 7 d’Apple qui, parmi ses nouveautés majeures,
introduit le premier QuickTime. QuickTime ? C’est en fait un ensemble de
technologies destinées au rendu des contenus complexes, dont font partie,
notamment, la réalité virtuelle (QuickTime VR) et la musique MIDI. En
pratique, QuickTime est connu et utilisé en tant que format de diffusion pour
la vidéo numérique. On parle souvent de l’hégémonie de Microsoft dans le
monde de la micro-informatique, mais c’est oublier que la technologie
QuickTime d’Apple n’est pas restée cantonnée au Macintosh. Après avoir
été adaptée à Windows, la technologie QuickTime rencontre un franc succès
sur PC, où elle a acquis le statut de standard.
Avec l’évolution technique de ces dix dernières années et la consécration de
l’Internet grand public à partir de 1995, QuickTime reconnaît non seulement
les vidéos numériques disponibles sur les disques locaux, mais est également
capable de jouer à la volée les contenus diffusés en continu sur Internet, qu’il
s’agisse de Web radio, de Web TV, ou même de QuickTime TV (QTV). Sous
une apparence très simple, l’application QuickTime Player met à notre
disposition la très grande diversité des formats traités par QuickTime : musique
MP3, films MPEG, etc.
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Le Système 7, QuickTime et 1991 : quel rapport avec Premiere ? En fait, on peut
considérer 1991 comme l’an 1 de la vidéo numérique sur micro-ordinateur.
Certes, il existait avant cette date plusieurs moyens de jouer des séquences
d’images animées sur un micro-ordinateur. Mais 1991 marque un tournant
puisque c’est l’année qui voit l’apparition simultanée du format QuickTime
(nécessaire à la compression et à la diffusion des vidéos numériques) et
d’Adobe Premiere 1.0 pour les Macintosh, dont la gamme s’enrichit la même
année des puissants Quadra 700 et 900. Les Quadra, bêtes de course de
l’époque, QuickTime et Premiere sont les bases sur lesquelles s’appuiera le
développement de la vidéo numérique. Remarquons que la même situation
s’est produite en 1985 avec la PAO qui, six ans avant la vidéo numérique, a
fait son apparition sur les micro-ordinateurs en profitant de l’interface du
Macintosh (apparu en 1984), du langage PostScript d’Adobe et du logiciel
PageMaker d’Aldus (PageMaker évoluera ensuite sous la marque Adobe,
avant de céder sa place à InDesign).
Les facteurs d’éclosion de la PAO et de la vidéo numérique sont les mêmes.
Ces deux techniques se sont appuyées à leurs débuts sur le Macintosh en
profitant des prédispositions de cette plate-forme à l’intégration de documents.
Si la PAO pouvait en 1985 se contenter d’un Macintosh Plus (Motorola 68000
à 8 MHz), la vidéo numérique a attendu les Quadra de 1991. En effet, le
68040 à 25 MHz d’un Quadra 700 n’était pas superflu ! La PAO et la vidéo
numérique avaient besoin d’un format ou d’un langage universel. Pour la
PAO, PostScript s’est imposé en tant que langage vectoriel de description de
page tant pour le travail en dessin vectoriel que pour piloter une flasheuse.
Quant à la vidéo numérique, elle s’est appuyée sur QuickTime. Enfin, il
fallait des logiciels puissants, raisonnablement stables et permettant la
réalisation d’un travail de qualité professionnelle. Si la PAO est née de PageMaker, la vidéo numérique sur micro-ordinateur doit son apparition à
Premiere.
Ce récit des débuts de la vidéo numérique vous éclaire quant à la relation
quasi fusionnelle qui existait à l’origine entre QuickTime et Premiere.
Depuis 1991, les formats vidéo se sont multipliés et la plate-forme PC a
bénéficié des apports de Windows. Conservant au fil de ses versions son
statut de logiciel de référence, Premiere s’est bien sûr adapté à l’arrivée des
nouveaux formats audio et vidéo et a été traduit pour les PC sous Windows.
En matière de vidéo numérique, la dernière évolution majeure est la percée
du DV (Digital Video) qui, outre l’enregistrement numérique sur le
Caméscope, permet la connexion directe d’un Caméscope DV sur le port
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FireWire d’un ordinateur. On supprime ainsi la phase de numérisation d’un
signal composite puisque l’image reste numérique de bout en bout. D’autre
part, la connexion FireWire d’un Caméscope DV autorise son pilotage à
partir de l’ordinateur.
Figure 0.1
Le glaçon
QuickTime :
l’événement vidéo
de 1991 !
La Figure 0.1 montre la célèbre movie QuickTime dite "du glaçon" ouverte
avec Premiere 6.0. Apparue à l’été 1991, cette movie nous avait à l’époque
permis de vérifier que le glaçon tombait à la même vitesse sur un petit Mac
LC et sur un Mac plus puissant... La technologie QuickTime venait d’entrer
en scène ! Il faut se replacer dans le contexte de cette époque, où le cœur de la
plupart des PC battait encore pour MS-DOS, dont la version 6 venait de
sortir. Face à la tristesse des interfaces texte de MS-DOS ou de Word 5.5, le
débarquement de la vidéo numérique avait des airs de nouveauté tonitruante.
Peu après arrivait Premiere, la bonne grosse boîte à outils offerte par Adobe à
ceux qui plongeaient dans les premiers tourbillons de la vidéo numérique.
Une décennie plus tard, l’émotion est encore là ainsi que le plaisir de manipuler ces extraordinaires outils que sont XPress, Photoshop ou Premiere, pour
n’en citer que trois.
QuickTime est, sauf dans ses versions Pro, diffusé gratuitement par Apple. Il
est livré sur les CD d’installation de Premiere, mais il est possible d’en
télécharger gratuitement la dernière version sur le site d’Apple.
http://www.apple.fr
http://www.apple.com/fr/quicktime/
Bien que tenant lieu de référence, QuickTime a bien sûr ses concurrents.
Ainsi, Microsoft a également développé ses propres algorithmes de compression vidéo (Microsoft Video 1, Microsoft RLE Compressor) et intègre ceux
de tierces parties dont l’Indeo d’Intel. Au-delà des algorithmes de compression, Microsoft a développé Video for Windows qui, comme QuickTime, est
une plate-forme technologique autour de laquelle peuvent s’articuler
plusieurs types de codage.
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Le matériel a bien sûr évolué depuis l’entrée en scène de Premiere, le milieu
des années 90 ayant été marqué par l’arrivée des PowerPC de Motorola
(associé à IBM et à Apple) dans les Macintosh et par celle de la génération
Pentium d’Intel dans les PC. Au gré de leur montée en puissance, ces familles
de microprocesseurs se sont dotées de jeux d’instructions qui favorisent le
traitement de l’image et du son. Pour les Pentium, il s’agit des instructions
MMX, dont les instructions AltiVec sont les homologues sur PowerPC. Lors
de son démarrage, Premiere affiche dans un coin de la fenêtre d’accueil qu’il
a détecté (et qu’il va donc exploiter) MMX ou AltiVec, et ce, de façon transparente pour l’utilisateur. Les instructions MMX sont disponibles à partir du
Pentium MMX tandis qu’AltiVec l’est à partir du G4.
La place du DV parmi les autres standards de la vidéo
numérique
Parallèlement au DV, le Digital Betacam a été développé par Sony à partir des
principes de compression JPEG (Join Photographic Experts Group) adaptés
aux travaux de post-production tout en respectant les impératifs de la qualité
broadcast (qualité requise pour qu’une émission reste de bonne qualité après
sa télédiffusion). Le Digital Betacam compresse chaque trame isolément et
avec un taux de compression assez faible de 2:1 qui constitue son principal
défaut. Conçu pour satisfaire les besoins des professionnels les plus
exigeants, le Digital Betacam est finalement victime du DV, dont les capacités
suffisent à de nombreux professionnels, surtout après avoir comparé le prix
du matériel DV à celui du matériel Digital Betacam.
En juillet 1993, quinze ans après l’apparition du VHS (Video Home System)
lancé en 1978 par JVC, le HD Digital VCR Consortium pose les bases de ce
qui deviendra le DV. A cette occasion, le format DV est défini par Hitachi,
JVC, Philips, Matsushita, Mitsubishi, Sanyo, Sharp, Sony, Thomson et
Toshiba. Ce consortium sera ensuite rejoint par d’autres entreprises. Contrairement à MPEG (Moving Pictures Experts Group), la compression DV ne
joue pas sur les redondances temporelles, mais applique certaines idées de
JPEG pour obtenir un taux de compression 5:1 uniquement fondé sur les
redondances spatiales à l’intérieur d’une image. Finalement, la qualité d’une
image DV est souvent considérée comme supérieure à celle du Betacam SP
(analogique) dont la qualité est pourtant toujours qualifiée de "broadcast". Le
support habituel de la vidéo DV est la cassette MiniDV, plus petite que celle
d’un DAT (Digital Audio Tape). Il convient cependant de distinguer le DV et
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le DVCam, plus performant, mais moins répandu. Techniquement, on trouve
une différence notable au niveau de la largeur des pistes enregistrées (50 %
plus large en DVCam) et de la vitesse de défilement de la bande
(28,215 mm/s en DVCam contre 12,55 ou 18,83 mm/s pour le DV). Les
premiers Caméscopes DV sont apparus en 1995-1996, mais on peut situer
vers 1999 la fin de la migration du marché grand public de l’analogique
(Hi8, S-VHS) vers le DV. Toujours en 1999 apparaissait le Digital8. Les
Caméscopes qui emploient ce format ont pour seul atout la capacité de lire les
cassettes analogiques Vidéo8 et Hi8, le Digital8 pouvant être considéré
comme une forme de DV employant comme support des cassettes au format
Hi8. Les formats DV et Digital8 partagent un débit vidéo de 3,125 Mo/s avec
une compression de 5:1 pour une image PAL de 720 × 576, le son étant traité
sur deux pistes échantillonnées à 48 kHz sur 16 bits (ou sur quatre pistes,
mais sur 12 bits à 32 kHz).
Si le standard DV règne sur la vidéo numérique, le Digital8 offre au niveau
de la connexion avec un ordinateur les mêmes capacités que le DV. Les
Caméscopes DV et Digital8 disposent donc tous d’une sortie DV-out/iLink
qui, connectée au port FireWire d’un ordinateur, sera mise à profit pour
l’acquisition de séquences filmées.
Pour ne pas être assimilés à des magnétoscopes et ne pas subir les taxes propres
à ce type de matériel, la plupart des Caméscopes commercialisés en Europe ne
sont livrés qu’avec une prise DV-out qui ne permet que la sortie du signal
numérique. Tels qu’ils sont livrés, les Caméscopes interdisent donc l’enregistrement du signal numérique résultant d’un montage réalisé sur ordinateur. Si la
sortie DV-out autorise l’acquisition d’une séquence par un ordinateur équipé
d’une carte FireWire (IEEE 1394), seule une entrée DV-in permet un enregistrement du montage sur le Caméscope, cet enregistrement ayant lieu sans
perte qualitative puisque les données restent numériques de leur acquisition à
leur réenregistrement sur le Caméscope. Dans leur immense majorité, les
Caméscopes DV livrés avec une prise DV-out sont débridables et peuvent
donc ainsi offrir une entrée DV-in en plus de leur sortie DV-out. Cette modification n’est pas illégale et n’impose généralement pas une ouverture du
Caméscope. Elle peut se résumer à l’emploi des utilitaires DVIN ou DVINlite
disponibles en téléchargement sur le Web.
En plus d’une entrée DV-in, les Caméscopes Digital8 peuvent être déverrouillés pour offrir une entrée analogique (Analog-in) qui les transforme en
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Caméscopes PAL de très grande qualité. A propos de l’activation DV-in, vous
pouvez, avec les réserves d’usage, consulter :
http://www.fcosinus.com
http://www.infordoc.com/photo_video.htm
http://www.macplus.net/news/technique/msgtechnique00/27224.shtml
a
astuce
Après le déverrouillage de son entrée DV-in (consultez votre revendeur
de Caméscopes), votre Caméscope devient un moyen très économique
pour le stockage de vos montages en qualité DV car ses cassettes
MiniDV absorberont le débit vidéo (220 Mo/minute) plus vite qu’un CD
inscriptible et pour un coût inférieur à celui du méga-octet sur un
disque dur FireWire.
L’avis de François Fontana
Formé aux Beaux-Arts, François Fontana a notamment réalisé des documentaires didactiques à caractère culturel ou scientifique. En tant que professionnel de la vidéo depuis le début des années 80, il a vécu le passage de la
vidéo traditionnelle à la vidéo numérique. Aujourd’hui, il assure pouvoir
couvrir l’ensemble de ses besoins avec un bon Caméscope DV, un ordinateur,
et, bien sûr, un logiciel tel que Premiere. Avec ce dernier, il retrouve tout ce à
quoi les régies traditionnelles l’ont habitué. La qualité broadcast étant sensiblement la même depuis une vingtaine d’années, on profite aujourd’hui d’une
qualité croissante du matériel amateur ou semi-pro qui, tirant avantage de la
stagnation de la qualité de diffusion, a pu rattraper, puis dépasser celle-ci.
Pour un film qui doit finir sur DVD, cassette VHS ou en streaming Web, le
DV est parfaitement adapté et condamne dans une large mesure la vidéo
institutionnelle en analogique. L’une des limitations de la vidéo numérique
montée sur ordinateur est le temps de calcul qu’elle impose, mais l’économie
est telle que cette contrainte est admissible. Elle s’estompera d’ailleurs avec
la banalisation des cartes de traitement en temps réel.
Grâce à la vidéo numérique, les coûts d’utilisation et de production se sont
effondrés. Pour autant, on peut trouver des défauts à la vidéo numérique. En
particulier, François Fontana insiste sur la "dureté" de l’image numérique qui,
comparée à l’image cinéma, se caractérise par des contrastes beaucoup plus
durs. Une autre limite de la vidéo numérique est à chercher du côté du son.
Sur l’ensemble des Caméscopes, les appareils de prise de son sont
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globalement négligés. De même, lors du montage, rares sont ceux qui ne font
pas passer le son après l’image. François Fontana compte parmi ces
réalisateurs qui font parler l’image sans abuser d’artifices (effets, transitions,
etc.). Parce que c’est celle d’un professionnel aguerri, la méthode de travail
de François Fontana mérite l’attention des lecteurs :
1. Pendant le tournage, établissez un script précis où tous les plans sont
repérés.
2. Lors de la numérisation, gagnez du temps en transférant vers l’ordinateur uniquement les plans qui vous intéressent.
3. Faites un premier montage approximatif en mettant bout à bout les
plans. Il s’agit là d’une sorte de pré-montage chargé d’ordonner les
plans.
4. Accompagnez l’étape précédente d’une réflexion sur le son.
5. Lors du montage définitif, le commentaire est placé avant l’image, le
texte et l’image ne devant pas dire la même chose sous peine de
"bégaiement" de l’image.
6. Après avoir ordonné les plans, trouvé l’accompagnement sonore et calé
le texte par rapport à l’image, un montage fin peut commencer.
7. On ajoute des transitions ou des effets uniquement là où c’est nécessaire.
Structure du livre
Cet ouvrage a été développé avec la volonté d’offrir un référent commode
aux utilisateurs de Premiere tout en assurant efficacement la formation des
débutants grâce à une progression pédagogique rigoureuse. A ceux qui
découvrent la vidéo numérique sur ordinateur, les Chapitres 1 et 2 exposent
l’ambiance de travail avec Premiere ainsi que le flux de production. Il s’agit
de donner aux débutants une vision panoramique du logiciel tout en les aidant
à comprendre l’enchaînement logique des opérations.
Fondamentaux, les Chapitres 3, 4 et 5 décrivent respectivement l’acquisition
des éléments destinés au montage, la manipulation du projet et le montage
proprement dit. Ces trois chapitres couvrent donc l’ensemble des problèmes
posés par la constitution du lot d’éléments destinés au montage et par le
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montage lui-même. Ce dernier est décrit au Chapitre 5, dont nous recommandons une lecture très attentive.
Du Chapitre 6 au Chapitre 11, il ne s’agit en fait que de voir comment
compléter un montage. Ces chapitres vous font donc découvrir différents
domaines qui ne peuvent être mis à profit qu’avec la maîtrise des techniques
de montage décrites au Chapitre 5. Au long de ces six chapitres, ce sont
successivement les pistes son, les transitions, la surimpression, les titres, les
effets et l’animation qui sont à l’honneur.
Enfin, après avoir égrené au fil des chapitres toutes les étapes du flux de
production, le Chapitre 12 ouvre le montage sur l’extérieur en passant en
revue toutes les facettes de l’exportation ou du transfert de notre montage. Et,
pour augmenter votre productivité, vous trouverez en annexe la liste des
équivalents clavier qui rendront instantanés les accès aux fonctions.
Au terme de votre balade sur les pistes (audio ET vidéo) de Premiere, vous
aurez acquis une solide maîtrise du logiciel. Cet ouvrage restera cependant un
référent toujours disposé à vous prêter main-forte : tant sa structure que son
index ont été conçus pour vous aiguiller rapidement vers les manipulations
recherchées, chacune d’elles étant bien sûr livrée avec toutes les explications
nécessaires.

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