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Collaborateu 16 - mars 2017
septembre 20
Lettre no 1 - San Cristóbal, décembre 2016
Premiers pas aux pays des Mayas
Hola, qué tal ?
C’est sous le soleil que je découvre San Cristóbal,
petite ville du Chiapas perchée à 2’120 mètres d’altitude à l’architecture coloniale, entourée de grandes
collines recouvertes de différentes espèces de pins.
J’habite dans le quartier de la Merced, rue 5 de
Febrero, dans le centre-ville. Je me rends sur mon
lieu de travail à pied, la rue est à sens unique (comme
toutes les autres au centre), ça klaxonne à tout-va, les
trottoirs sont étroits et irréguliers, et des petites maisons de toutes les couleurs défilent sous mes yeux.
Une vraie cure pour mon léger daltonisme ! Après
35 minutes, j’arrive à l’INESIN (Institut d’études et de
recherche interculturelle), où je vais œuvrer en tant
que collaborateur en environnement.
Ay ay ayyy (fameux cri d’émotion mexicain), déjà
deux mois que j’ai pris le rythme du Mexique. Je me
rappelle être parti de Suisse à la fois l’esprit serein et
riche de bons souvenirs avec ma famille et mes amis ;
mais aussi saturé de questions alors sans réponse.
Mais que ça fait du bien d’être face à soi-même et de
partir vers l’inconnu.
C’est à Tuxtla que j’atterris, tout raplapla de ce
long voyage. J’aperçois un petit panneau où il est
écrit « Horacio », mon prénom mexicain. Hans, l’ingénieur forestier de l’équipe m’accueille et me conduit
à San Cristóbal de las Casas. On échange quelques
mots dans un espagnol très brumeux pour moi, puis
je m’endors, épuisé.
Mes trajets quotidiens sont rythmés par la musique, que ce soit un restaurant, un magasin de café,
une échoppe ou un taxi, la salsa, cumbia et musica
de banda sont omniprésentes. Il y a aussi ces fameuses camionnettes remplies de bidons d’eau ou
de bananes qui arpentent les rues en claironnant des
slogans aguicheurs comme « Agua ! Agua pura ! Agua
A une heure du matin, je suis reçu tout sourire
par la famille chez qui je vais vivre pour six mois : le
couple le plus heureux du monde, Martín (coordinateur de l’INESIN et pasteur) et son épouse Miriam,
ainsi que Joël (civiliste, collègue et ami).
Au crépuscule, le temple du quartier de la Merced pendant les
fêtes.
La rue 5 de Febrero à l’aube.
1
(ancien professeur d’université et expert en reforestation) et Joël (expert
des arbres du Chiapas,
envoyé de DM-échange
et mission). Dans son ensemble, l’INESIN a pour
objectif la construction
de la paix par la promotion du dialogue interculturel et interreligieux.
Les discussions et les
différents ateliers (reforestation, compostage,
sensibilisation à l’environnement, etc.) avec les
Une partie de la pépinière avec au fond des romerillos (Abies guatemalensis).
communautés sont un
fresca ! Agua San Cristóbal, tú sabes que es la mejor » moyen d’y parvenir. Mon travail se centre principaleet « Plátano ! Plátano macho ! Plátano maduro ! » sur ment sur ces derniers aspects.
un fond de petite mélodie que je connais par cœur
Tout de suite, on me met dans le bain, Hans me
maintenant.
dit « tú eres el jefe », c’est-à-dire « tu es le chef ».
Autre lieu incontournable, le vieux marché. Un Oui de quoi ? De la pépinière. Ah, d’accord ! Ma presacré folklore lorsqu’on y va la première fois. On y mière mission a été donc de prendre connaissance
trouve de tout, ça va du poulet mort ou vif aux herbes des arbres d’intérêt. Jusqu’à maintenant, j’ai surtout
diverses en passant par un magasin de lumière tuning travaillé avec le romerillo (Abies guatemalensis) qui
pour cabriolet mexicain. Mais ce qu’on trouve le plus, est une espèce menacée de la région et le sabino
ce sont les fruits et légumes qui viennent des alen- (Taxodium mucronatum), ahuehuete en Nahuatl
tours. La plupart sont vendus par les personnes ve- (langue indigène). Ce dernier n’est autre que l’arbre
nant des communautés. Il faut savoir que le Chiapas national du Mexique. Ne cherchez pas pour la Suisse,
est la région du Mexique où se trouve la plus forte il n’y en a pas ; en revanche nous avons une fleur qui
concentration de peuples indigènes. Les deux princi- fait office d’emblème national, c’est l’edelweiss (mais
paux groupes indigènes mayas sont représentés par je suis sûr que vous le saviez).
les Tzeltals et les Tzotzils qui vivent principalement
Avec l’aide de Joël, je décide de réorganiser un
dans les hautes terres du Chiapas. San Cristóbal étant
une ville culturelle et touristique, beaucoup de gens peu les lieux afin d’avoir une meilleure visibilité. On
viennent y faire commerce et il n’est pas rare de voir désherbe, vide les sacs où la graine n’a pas germé,
de très jeunes enfants vendre des bracelets, ciga- regroupe les arbres par espèces, reforme des lignes,
rettes ou chewing-gum, ou bien demander un peu de etc. Une vraie mise aux normes suisses i.e. carré,
ce qu’il y a sur la table de restaurant. Ce sont les aléas précis. Aujourd’hui, la pépinière compte un peu plus
de 3’000 individus de 18 espèces différentes et pluliés à la conquête moderne du touriste.
sieurs centaines de milliers de graines qui attendent
d’être semées.
Mon pain quotidien - l’INESIN
Mais pourquoi faire de la reforestation ? Lorsqu’on
se balade dans la région, les cimetières forestiers ne
sont pas la première chose qui saute aux yeux. En
effet, on voit des arbres partout et il est difficile de
s’imaginer où les tronçonneuses font la fête. C’est
en prenant de la hauteur qu’on peut apercevoir la
fragmentation du milieu. Par exemple, sur la photo,
vous pouvez voir des zones brûlées et amputées de
C’est avec le sourire et ma bicyclette verte (acquise
depuis un mois) que je me rends tous les jours au travail, dans le quartier Cuxtitali. Derrière le portail, on
y découvre un charmant petit patio ; des colonnes
en bois, un gazon picobello et quelques fleurs. Je fais
partie de la team reforestation et renforcement communautaire, composée de Hans (mon chef), Nelson
2
Fusées et fiesta
Ma première semaine… Des fusées explosent toutes les deux minutes dans le quartier de la Merced.
Des ribambelles de petits drapeaux aux couleurs du quartier zigzaguent entre les ruelles et jour et nuit de
petits orchestres parcourent les rues. Difficile de trouver le sommeil dans toute cette cacophonie. C’est
seulement après quatre jours que je comprends que c’est la fête du quartier (ça ne semblait étonner
personne sauf moi).
Le samedi 24 septembre, la java atteint son apogée, tous les habitants de la rue sortent sur leur palier
de porte et des petits verres de ponch maison sont offerts. Les gens sont déguisés avec des chambres à
air de camion recouvertes d’un drap de couleur et portent des masques. Ils défilent et font la danse des
Maures (descendants des Berbères qui vivaient dans le Sud de l’Espagne) et des chrétiens. Et apparemment, ils ont aussi pour habitude de demander aux autorités de libérer un détenu de la prison publique…
Cette fête rend hommage à la Sainte patronne protectrice du quartier, la Vierge de la Merced.
leurs arbres. Tout un paradoxe pour ces populations
indigènes qui sont obligées de procéder ainsi pour
y planter maïs et haricots (habitude alimentaire et
culturelle héritée de leurs ancêtres), et qui en même
temps abattent des arbres (sacrés pour certains).
Parmi les autres causes de déforestation, on peut
citer la production de bois et de charbon, et, à plus
grande échelle, les contrats d’exploitation forestière
cédés aux entreprises étrangères.
orale. L’idée de faire ces ateliers est de donner une
formation pratique pour qu’ensuite les personnes
reproduisent ces gestes chez eux. En complément,
je prépare une formation compostage. J’ai mis en
place trois composts. Un des facteurs essentiels à
la réussite d’un compost est de s’assurer de la montée en température (signe que les micro-organismes
s’activent et que le processus de dégradation de la
matière organique a commencé), de 70°C environ.
Quand j’ai demandé si nous possédions un thermomètre, mon collègue Alberto (team souveraineté alimentaire) m’a répondu « on plante une machette et
on regarde si ça chauffe ». Bref, on a fini par acheter
un thermomètre.
Déjà la première semaine, je me suis prêté à
l’exercice de l’atelier. Atelier de rempotage de sabinos avec cinq personnes de la communauté de San
José del Carmen. J’installe la table, les jeunes plants
enveloppés dans un linge humide, le terreau, les
sacs en plastique, puis ce sont mes mains qui parlent
et montrent les gestes. L’exercice peut commencer. Heureusement, Joël est là pour la traduction
A côté du suivi des composts et de la préparation
des ateliers, mon programme s’embellit d’activités
telles que l’arrosage quotidien de nos belles plantes,
la récolte de semences
d’arbres forestiers, le
maintien de la collection
de semences, la fabrication et le conditionnement de poudre de ramón
(Brosimum alicastrum),
et enfin, faute de gamay,
à l’élaboration de vin de
sureau (Sambucus nigra).
Que pensez-vous de mon
étiquette ?
Paysage de zones brûlées pour y cultiver du maïs et des haricots.
3
Pour terminer ce chapitre, j’aimerais remercier
chaleureusement tous mes collègues pour l’accueil qu’ils m’ont fait,
leur patience et leur enthousiasme
à notre collaboration.
simplement la façon de vivre au
quotidien - moins stressante, l’attachement et la fierté à leurs origines
et cultures qu’ont les Mexicains, recevoir du monde à la maison, cette
façon d’être toujours prêt à rire et
de faire des jeux de mots entre eux,
en espagnol, incompréhensibles
pour moi. Ceci dit, depuis quelques
jours, je décèle enfin quelques accents d’humour ! Vous l’aurez compris, c’est beaucoup de nouveautés
pour moi, et à ce propos, je veux remercier sincèrement Joël car il est
le seul qui rigole à mes blagues en
français. Plus sérieusement, pour
son accueil précieux à mon égard,
l’aide au niveau de la langue et sa
personne.
L’ogre mexicain
Non, ce n’est pas une métaphore. Le Mexicain est un glouton.
Tout commence avec le petit déjeuner, repas le plus important de la
journée ? Tortillas, frijoles (purée
de haricots) et œufs sont la base
de la pyramide. S’y ajoutent, quesadillas, courgettes, bananes frites,
soupe, tartines, etc., un repas de
bûcheron. Que nenni, c’est la même
musique pour le repas de midi (à
17h), repas de bûcheron numéro Le fameux vin de sureau (Sambucus
deux, avec de la viande cette fois. nigra).
Pour le reste, le froid s’est gentiLe soir, Miriam a l’habitude de dire
que c’est « a discreción » (à volonté), je vous laisse ment installé ici mais heureusement je me suis suffisamment enraciné pour passer l’hiver et ma tête
imaginer.
est pleine d’idées et de projets pour la suite. J’espère
Miriam vient de Oaxaca, Etat réputé pour avoir vous avoir fait découvrir un peu de mon quotidien,
la meilleure cuisine du pays, tout est « riquísimo ». même si sachant que derrière beaucoup de ces mots
Effet ravageur sur moi après trois-quatre semaines, se cachent bien des histoires.
les kilos de plaisir m’ont envahi. J’ai dû y mettre un
Je pense à vous chers lecteurs, vous remercie de
terme, non pas en diminuant ma consommation
mais en faisant du sport, salsa et natation depuis un votre soutien et vos encouragements et vous dis hasmois. Avec bonheur, le climat des environs nous offre ta luego !
des douceurs de derrière les fagots, je veux ici parler des fruits. Nous sommes en plein dans la saison
des papayes, goyaves et mon préféré : la grenadilla.
Provecho !
Avec mes deux mois de recul, le Mexique que je
découvre toujours est bien loin des « fausses » idées
reçues que j’avais. Bon, j’exagère un peu, la fiesta, le
guacamole, la pauvreté et les meurtres liés aux cartels sont une réalité. Ce qui me surprend le plus, c’est
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