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Annexe 1
Résumé du risque de collision pour l’avifaune sur la base des études de suivi faites en Suisse
Durant la migration printanière de mars à mai, un ornithologue a été mandaté pour, d’une
part, observer le comportement des oiseaux face aux éoliennes du Peuchapatte et, d’autre
part, quantifier la migration et rechercher d’éventuels cadavres [1].
A cette occasion, il a constaté une forte activité migratoire sur la crête du Peuchapatte.
Durant cette période printanière, des centaines de milliers d’oiseaux ont traversé la zone du
parc, avec des pics dépassant les 3'000 oiseaux par heure.
L’observation montre que les oiseaux ne traversent jamais les zones balayées par les rotors,
mais changent de trajectoire pour les éviter. Ils utilisent l’espace autour des rotors pour traverser
le parc : sur et sous ceux-ci, ainsi qu’entre eux. Aucune espèce, y compris les Milans royaux
nichant à proximité du parc éolien, ne montre de comportement à risque. Ces derniers, tout
comme les autres espèces de rapaces, ne se rapprochent pas des rotors lorsque ceux-ci
tournent et ne viennent chasser à proximité des éoliennes qu’en phase d’arrêt des machines.
Au total 23 cadavres de campagnols ont été trouvés dans le périmètre de recherche du parc
éolien, mais aucun d’oiseau.
A l’issu de ce suivi, l’ornithologue tire la conclusion que les collisions d’oiseaux avec les
éoliennes doivent être des évènements rares.
Ce résultat est conforme à celui d’une autre étude de suivi, menée sur le Mont-Crosin par
d’autres biologistes. Durant les recherches, aucun cadavre d’oiseau n’avait été découvert
sous les éoliennes [2].
De même, les études de suivi effectuées dans la plaine du Rhône en Valais indiquent que le
risque de collision est insignifiant pour l’avifaune [3-5].
Annexe 2
Comparaison des résultats suisses avec ceux du Land de Brandebourg
La station pour la protection des oiseaux de Brandebourg (D) est très active dans la recherche
de cadavres en lien avec l’énergie éolienne. Elle a ainsi créé, il y a une quinzaine d’années,
une banque de données centralisée pour recenser les victimes de collision [6]. Dans ce land,
quelques 3’200 éoliennes sont en fonction, couvrant déjà 1/3 des besoins en électricité. La
station pour la protection des oiseaux possède la base de connaissances la plus complète et
la plus à jour pour ce qui a trait à l’impact des éoliennes sur l’avifaune en Europe. Ceci nous a
amené à comparer les résultats obtenus en Suisse (voir annexe 1) avec les informations
disponibles sur le risque de collision pour le Land de Brandebourg. La station pour la protection
des oiseaux nous a communiqué de précieuses informations, dont notamment le fait que
68'808 recherches de cadavre sous des milliers d’éoliennes avait été effectuées et analysées
dans le seul Land de Brandebourg durant les 14 dernières années.
La liste des cadavres recensés peut donner de premières indications concernant un éventuel
risque élevé de collision pour une espèce. Pour le Brandebourg, certaines espèces ne sont pas
présentes dans la banque de données. Parmi celles qui sont recensées, le nombre cumulé de
victimes monte jusqu’à 102 au maximum. A noter que quelques espèces sont recensées plus
fréquemment par rapport aux autres, en particulier la Buse variable (102, soit le maximum), et
le Milan royal (60).
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Les données de la station pour le Brandebourg offrent un avantage unique : elles sont établies
sur une base statistique large et de longue durée. Par conséquent, une corrélation fiable entre
le nombre de cadavres trouvés et d’autres paramètres tels que le nombre d’éoliennes, le
nombre de recherches de cadavre effectuées, la taille de la population et la mortalité d’une
espèce peut être effectuée.
Ainsi, une première analyse par espèce révèle que le nombre de cadavres recensés
annuellement est très faible, et ceci pour la grande majorité des espèces.
L’exemple du Merle noir
La population du Merle noir dans le Land de Brandebourg est importante. Cette
espèce est un migrateur nocturne et cette caractéristique la rend théoriquement
sensible aux collisions avec les très nombreuses éoliennes présentes dans ce Land. En
réalité, avec en moyenne 1 Merle noir recensé tous les deux ans dans des parcs
éoliens [6], le nombre de collision est extrêmement faible, bien que l’intensité des
recherches sous les éoliennes puisse atteindre jusqu’à 18'000 prospections par an et
que ces dernières couvrent en moyenne une surface totale estimée à 25 km2.
Au vu de la mortalité naturelle du Merle noir, dont l’ordre de grandeur peut être estimé
à 1 million d’individus pour le seul Land de Brandebourg, la perte due aux collisions
avec les éoliennes est insignifiante. Sur la surface prospectée de 25 km2 dans le
Brandebourg, la mortalité naturelle annuelle du Merle est environ 2'000 fois plus
importante que le nombre de cadavres découverts près des éoliennes.
Les nombreux cadavres de campagnols et de taupes découverts dans le cadre des
prospections effectuées sous des éoliennes en Suisse [1-5] montrent qu’il est normal
de trouver des cadavres d’animaux dans la nature, et ce spécialement aux endroits
où la population, et donc la mortalité, sont importantes.
Du fait que dans la majorité des cas il n’est pas possible de déterminer la cause
exacte du décès d’un oiseau, la probabilité de trouver sous des éoliennes des
cadavres n’étant pas liés à la présence des machines doit être prise en compte.
La raison principale du nombre extrêmement faible de cadavres de Merles noirs
recensés dans la banque des données, malgré une mortalité naturelle très
importante, s’explique d’une part par le très faible risque de collision et, d’autre part,
par le fait que le biotope naturel du Merle noir ne se trouve pas dans ou proche des
parcs éoliens, situés dans des champs de cultures intensives, mais près des zones riches
en structures pour la nidification et abondantes en nourriture, comme des villages
ruraux. Cette constatation est également valable pour expliquer le très faible nombre
de cadavres de la grande majorité des espèces recensées dans la banque de
données.
Tous les éléments ci-dessus indiquent que le risque de collision entre le Merle noir et les
éoliennes est très limité. L’explication ne peut reposer que dans le fait que les Merles
noirs sont parfaitement capables, et ceci également durant la migration nocturne et
dans toutes les conditions météorologiques, de percevoir et d’éviter les éoliennes. Ces
dernières sont en effet des structures massives, de couleur claire et illuminées de nuit
pour les rendre visibles.
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Nombre de couples nicheurs
300’000
Mortalité par an (ordre de grandeur)
1'000'000
Mortalité annuelle par km2 (superficie totale : 29'500 km2)
Recherches de cadavres : surface examinée, par an
(moyenne durant les 14 dernières années)
33
25 km2
Mortalité annuelle théorique pour la surface de 25 km2
800
Nombre de cadavres recensés sous les éoliennes (par an, en
moyenne) dans la banque de données de la Station pour la
protection des oiseaux
0,4
Tableau. Chiffres clés pour le Merle noir dans le Land de Brandebourg.
Une espèce phare est généralement mise en avant lorsqu’il s’agit d’impact des éoliennes sur
l’avifaune : le Milan royal. L’analyse détaillée des données disponibles et l’observation du
comportement révèlent cependant qu’il n’existe pas de risque spécifique pour le Milan royal.
Le Milan royal
Dans la banque de données du Land de Brandebourg [6], le Milan royal est plus
souvent dénombré que d’autres espèces, alors que la taille de sa population, avec
environ 1'775 couples nicheurs, est proportionnellement limitée. Sur la base des
premiers résultats du recensement de cadavres menés il y a 10 – 15 ans, la station
ornithologique de Brandebourg soupçonne l’existence d’un risque spécifique de
collision pour le Milan royal. Au vu du développement très dynamique de l’énergie
éolienne en Allemagne, avec une croissance de quelques 200 éoliennes par an pour
le seul Land de Brandebourg, des craintes sont apparues à cette époque de voir se
produire un nombre de collisions toujours plus important, pouvant au final aboutir à
une menace concrète pour l’espèce.
Nous avons, pour ces raisons, effectué une analyse plus détaillée des informations
disponibles. La base de données ([6], figure 1) montre que le nombre de cadavres
recensés dans le Brandebourg a atteint son apogée dans les années 2003 - 2004, avec
respectivement 8 et 9 Milans royaux retrouvés morts. Ces chiffres sont depuis en
diminution et, durant les dernières années, sont compris entre 1 et 3 par an.
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Figure 1. En rouge, le nombre de Milans royaux morts recensés en Brandebourg dans la banque de données
des victimes de collision de la station pour la protection des oiseaux de Brandebourg. En bleu, l’intensité de
contrôle des recherches de cadavre.
Dans ce contexte, nous avons pris contact avec la Station ornithologique allemande
de Hiddensee (Mecklembourg Poméranie-Occidentale) afin d’obtenir des
informations additionnelles. Cette station bague en effet chaque année entre 300 et
1’000 Milans royaux en Allemagne de l’Est et collecte les informations sur leur mortalité
(figure 2).
Figure 2. Carte montrant les Milans royaux morts annoncés à la station ornithologique de Hiddensee. Elle
donne des indications sur l’aire de reproduction, d’hibernation et la voie de migration pour les Milans royaux
de l’Allemagne de l’Est.
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Les données des 25 dernières années montrent une très bonne corrélation entre le
nombre d’oiseaux bagués et le nombre de Milans royaux morts recensés, toutes
causes de mortalité confondues [7]. En moyenne annuelle, 4,7 % des Milans bagués
sont retrouvés morts et annoncés à la station ornithologique de Hiddensee. Ce chiffre
ne fluctue annuellement que peu, car une augmentation ou une diminution du
nombre d’oiseaux bagués a le même effet sur le nombre des Milans royaux morts
bagués et, ainsi, sur le nombre de morts bagués annoncés à la station (figure 3).
Figure 3. En rouge, le nombre de décès annoncés à la station ornithologique de Hiddensee pour les Milans
royaux bagués. En rose, le nombre de Milans royaux bagués en Allemagne de l’Est par la station
ornithologique de Hiddensee.
Le nombre de Milans royaux recensés dans la banque de données des victimes de
collision de Brandebourg est en diminution depuis 11 ans, ceci malgré le triplement
du nombre d’éoliennes pour la même période (figure 4). Cependant, conformément
aux observations de la station de Hiddensee (figure 3), l’augmentation marquée du
nombre d’éoliennes et théoriquement du nombre de victimes de collision aurait dû
mener à une nette augmentation des recensements liés au Milan royal dans la base
de données.
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Figure 4. En rouge, le nombre de Milans royaux recensés au Brandebourg dans la banque de données des
victimes de collisions de la station pour la protection des oiseaux de Brandebourg. En bleu, le nombre
d’éoliennes au Brandebourg.
La même constatation peut être faite en corrélant l’intensité de contrôle sous les
éoliennes avec le nombre de Milans royaux recensés (figure 1). La forte augmentation
de l’intensité de contrôle, à environ 17'000 pour 2009 et 2010, suivie de la nette
diminution à 1'000 – 3'000, n’a pas eu d’effet sur le nombre de Milans royaux morts
trouvés. De tels changements dans l’intensité de contrôle auraient dû mener à une
augmentation ou diminution significative des Milans royaux recensés, ce qui n’est pas
le cas.
Dans la figure 4, nous constatons également que le nombre de Milans royaux morts
recensés ces dernières années dans des parcs éoliens du Land de Brandebourg est
très faible par rapport au nombre d’éoliennes en service (3'200), la taille de la
population locale du Milan royal (10'000) et la mortalité annuelle locale de cette
espèce (2'000). De plus, la station pour la protection des oiseaux de Brandebourg nous
a informés qu’une grande partie des cadavres avait été trouvée hors des périmètres
de recherche fixés, ce qui augmente nettement la probabilité de dénombrer des
cadavres dont la mort n’est pas liée à la présence d’éoliennes. Le nombre annuel de
1 à 3 Milans royaux morts recensés correspond à la mortalité naturelle pour une
surface de 15 à 50 km2.
Finalement, la comparaison entre le nombre de Milans royaux morts recensés
annuellement par la station ornithologique de Hiddensee et le nombre d’éoliennes
en Allemagne ne montre pas d’effet significatif des éoliennes sur la population de
cette espèce (figure 5). Depuis 25 ans, le nombre de Milans royaux morts retrouvés
reste constant par rapport au nombre de ceux qui avaient été bagués. Ce bilan est
observé malgré une très forte croissance du nombre d’éoliennes en service entre
l’Allemagne, la France et l’Espagne (de 0 à plus de 50'000 machines), et donc dans
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l’espace vital de cette espèce selon la figure 2 (zones de reproduction, de migration
et d’hivernage). Une telle augmentation du nombre d’éoliennes, associée aux
intenses recherches de cadavres mises en place dans les parcs éoliens, aurait dû
mener à un accroissement du nombre de victimes recensées en cas de risque
spécifique lié à cette espèce.
Figure 5. En rouge, le nombre de décès toutes causes confondues annoncés à la station ornithologique de
Hiddensee pour les Milans royaux bagués. La station bague chaque année entre 300 à 1'000 Milans royaux
en Allemagne de l’Est. En bleu, le nombre d’éoliennes installées en Allemagne.
Les observations effectuées au Peuchapatte [1] et ailleurs [8] confirment que le Milan
royal ne se rapproche pas des éoliennes lorsqu’elles tournent. L’espèce ne montre
pas de comportement à risque face aux éoliennes et conserve une distance
minimale d’environ 100 m aux rotors.
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Références
1. Maumary L., 2012. Parc éolien du Peuchapatte : étude de suivi des oiseaux migrateurs
et nicheurs (Franches-Montagnes, JU), 46 pages.
2. Leuzinger, Y., Lugon, A. & Bontadina, F. 2008. Éolienne en Suisse - Mortalité de chauvessouris. Rapport inédit sur mandat de l'OFEV et l'OFEN, 37 pages.
3. Maumary L., 2013. Eoliennes de Charrat, Martigny et Collonges (VS). Etude de suivi sur
les oiseaux, 18 pages.
4. Biollaz F. & Rey E., 2008. Suivi des sites éoliens de Collonges et de Martigny, impact sur
les chiroptères, 10 pages.
5. Biollaz F., 2013. Suivi biologique : Mortalité des chauves-souris et éoliennes en plaine du
Rhône (VS), 21 pages.
6. Dürr, T. Auswirkungen von Windenergieanlagen auf Vögel, Daten aus der zentralen
Fundkartei der staatlichen Vogelschutzwarte im Landesamt für Umwelt, Gesundheit
und Verbraucherschutz Brandenburg. März 2014.
7. Beringungszentrale Hiddensee. Gemeinsame Einrichtung der Bundesländer
Brandenburg, Mecklenburg-Vorpommern, Sachen, Sachen-Anhalt, Thüringen.
Données concernant le Milan royal mises à disposition en mars 2014.
8. Loske K-H., 2007. Auswirkungen von Windkraftanlagen auf Gastvögel im Windfeld
Sintfeld, UVP-Report 21, Ausgabe 1+2, et références citées.
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