Saint Paul, le marcheur de Dieu

Transcription

Saint Paul, le marcheur de Dieu
Saint Paul, le marcheur de Dieu
D
ans le cadre de l’année saint Paul, le service
de formation permanente du diocèse de SaintBrieuc propose un outil pour une catéchèse
intergénérationnelle sur l’apôtre. Cette catéchèse
s’appuie sur un texte de Monseigneur Dufour, extrait
de son ouvrage Les Marcheurs de Dieu. Cette mise en
œuvre peut aisément se vivre dans nos écoles en
intégrant adultes et enfants pour une découverte de
saint Paul ou encore en conclusion d’un travail suivi
sur l’apôtre.
Pour réaliser cette séquence, vous avez le
texte de Mgr Dufour (ci-dessous avec les différentes
actions qui accompagnent sa lecture) et vous avez
besoin de quelques « visuels » symboliques qui, tout
au long de la lecture du texte, vont constituer un
tableau liturgique de la vie de Paul : le livre de la
Parole de Dieu (pourquoi ne pas choisir le livre « Ta
Parole est un trésor »), un poster de l’apôtre Paul ou une image projetée, quelques
cailloux, le cierge pascal ou à défaut un beau cierge, des chaussures de marche et
un bâton, une croix, une icône du Christ.
Quelques points d’attention :
‐
‐
‐
‐
Lecture du texte à deux personnes : lire en y mettant de la vie d’où une
nécessaire répétition préalable à la catéchèse ; nécessité peut-être d’avoir
une sono pour faciliter le travail sur l’intonation des voix.
Un lieu adapté où les personnes sont à l’aise, bien assises ; s’assurer que
chacun pourra voir les « visuels » utilisés ; installer l’emplacement qui recevra le
Livre de la Parole (fleurs …).
Envisager une répétition également avec les personnes qui effectueront les
différents mouvements envisagés au cours de la lecture du texte.
Etre attentif à ce que les mouvements soient faits sur des temps de pause car
si l’on bouge pendant que le lecteur poursuit la lecture, les auditeurs
n’écoutent plus.
Déroulement
Introduction : une musique douce ; pendant ce temps on apporte le Livre de la
Parole qui est déposé sur un pupitre, fermé.
Lecteur A (d’une voix bien posée, d’un ton convaincant)
« Va, je ferai de toi le routier de l’Evangile », disait la voix. Sur le chemin de
Damas, la Parole atteint Paul en plein cœur, comme un coup de foudre.
Elle le percute comme le regard pur et pénétrant de celui qui dit « je t’aime ».
Elle l’aveugle comme le désir fou d’un amour fou. Elle le jette à terre pour un
nouveau départ. Elle le bouleverse comme la rencontre qui chamboule tout.
Sklerijenn n° 47 5
Voilà Paul comme une boule versée, et la boule roule toujours. La Parole du
Christ l’a renversé.
« Va, tu iras loin », disait encore la voix.
Les témoins ne savent pas dire comment la Parole est venue jusqu’à Paul.
Tantôt ils entendent la voix mais ne voient pas, c’est le récit de Luc,
compagnon de Paul. Tantôt ils voient mais n’entendent pas, c’est le récit de
Paul sous la plume de Luc. Mais Paul n’est plus le même homme cela se voit
et il dira plus tard : « Le Christ m’est apparu ». Paul devenait le treizième
homme de la bande des Douze. Il ira loin, très loin.
Un court temps de pause avec une musique méditative et on place le visuel de Paul
(poster ou projection)
On arrête la musique et les deux lecteurs vont donner le CV de Paul (ils seront
attentifs à bien alterner leur voix et à y mettre la note d’humour nécessaire !)
A : Nom
B : Inconnu
A : Prénom
B : Saül mais se faisant le plus souvent appeler Paul, son prénom latin
A : Né
B : Vers l’an 6, à Tarse, en Cilicie
A : Profession des parents
B : Sans doute tisserands ou agents de commerce international
A : Nationalité
B : Hébreu, fils d’Hébreu et citoyen romain
A : Etudes primaires et secondaires
B : A l’école juive de Tarse, mention très bien, notamment en rhétorique
A : Etudes supérieures
B : A Jérusalem, à l’école de Gamaliel, maître réputé
A : Diplôme
B : Docteur en droit rabbinique
A : Langues parlées
B : Hébreu, grec et un peu le latin
A : Paul fut un étudiant brillant et il le dit
B : « Progressant dans l’étude du judaïsme, je surpassais bien des compatriotes de
mon âge. »
A : En hébreu ou en grec, les grands débats ne lui font pas peur. Un bel avenir lui est
promis. A vingt ans, il rentre à Tarse. Nous sommes en l’an 26 environ, il n’aura donc
pas connu Jésus à Jérusalem.
Temps de pause : une musique « sombre » pendant qu’on apporte un caillou au
pied du livre de la Parole.
A : Nous le retrouvons quelques années plus tard, en l’an 34, dans les faubourgs de
Jérusalem, autour d’un jeune chrétien, Etienne, que des Juifs sont en train de lapider.
Paul ne jette pas la pierre, mais nous dit saint Luc :
B : « Il était de ceux qui approuvaient le meurtre. »
A : Dès lors il mettra toute sa fougue à défendre la vérité de la foi juive contre les
chrétiens. Il se transforme en véritable chef de commando. Il pénètre dans les
Sklerijenn n° 47 6
maisons des adeptes du Christ, il en arrache hommes et femmes, il les jette en prison.
Il enchaîne, il torture, il tue.
B : « J’étais au comble de la rage »
A : Dira-il ; un engagement de jeunesse, passionné et fou.
Temps de pause avec la même musique qu’à la pause précédente ; on apporte
d’autres cailloux pour former un chemin
A : Il était midi sur le chemin de Damas, l’heure du grand jour et du plein soleil. Paul
marchait, sûr de lui, et de sa vérité. Muni de ses lettres de créance, il allait, pour la
bonne cause, frapper l’anathème et l’hérésie.
Lui était dans le droit, les autres dans l’erreur. Il fallait détruire le mal. Il irait au bout du
monde, s’il le fallait, porter la vérité.
Temps de pause avec un fond musical pendant qu’une personne apporte le cierge
allumé.
B : Et puis, soudain, il tombe à terre. Il marchait fièrement, le voilà tremblant et
vacillant. Tout était lumineux, le voilà plongé dans la nuit. Tout était clair et le voilà
aveugle. Il était meneur d’hommes, le voilà mené par ses compagnons. Lui, le riche
sûr de lui, le voilà pauvre, démuni, dépossédé. Trois jours et trois nuits, il connut la
ténèbre. Il mourrait mais c’était pour renaître.
A : (sur un ton posé, priant) Regardons un moment ce grand caïd fragilisé, aveuglé
par une mystérieuse lumière et marchant à tâtons sur la route de Damas. A qui
pense-t-il seul dans la nuit ? Il pense à cette rencontre qui l’a bouleversé, à ce Jésus
qu’il a persécuté. Il contemple, il médite, il prie, la parole résonne en lui. Il entend
l’appel et découvre sa vocation. Son cœur est saisi, il est aimé, le Christ habite en lui.
Son intelligence entrevoit le mystère, ce mystère caché depuis la fondation du
monde : le Christ est au centre de l’histoire.
Temps de silence
B : Dès lors tout ira vite. Baptisé le troisième jour, il sort de la nuit, les écailles lui
tombent des yeux, il voit. Transformé, il est devenu un homme nouveau.
Temps de pause (avec une musique joyeuse) pendant que l’on apporte des
chaussures de marche et un bâton.
On peut laisser la musique en « sourdine » pendant la suite de la lecture.
A : Avec Paul, l’Evangile prend la route. Avec ses pieds d’abord, pour mettre les
gens en route. Avec ses lettres ensuite, pour que ces gens tiennent la route. Il
marche et il écrit.
Temps de pause pendant qu’une personne vient ouvrir le livre de la Parole sur une
page d’épître de Paul.
B : D’Ephèse, il écrit aux Corinthiens. De Corinthe, il écrit aux Romains. De Rome, il
écrit aux chrétiens de Colosses et d’Ephèse.
Sklerijenn n° 47 7
A : « Dépouillez-vous du vieil homme », écrit-il, « et revêtez l’homme nouveau.
Cherchez à imiter Dieu et suivez la voie de l’amour. »
B : Paul est un homme pressé, impatient. Choisir d’aimer, ça n’attend pas. Alors
qu’attendez-vous ? C’est une question de cœur. « Le Christ est l’image du Dieu
invisible, premier-né de toute créature. Tout a été créé par Lui et pour Lui. »
A : Paul est un visionnaire. Il voit le Christ au centre de tout, au centre du cosmos. Il
raisonne, il argumente, il bataille, il fait réfléchir, il donne à voir. La foi est une
question de cœur mais aussi de raison. « Ce qu’il y a de plus fou dans le monde,
Dieu l’a choisi pour confondre les sages. »
Temps de pause (avec une musique joyeuse) pendant que l’on éclaire la croix.
B : Paul est un fou du Christ, un fou de la croix du Christ. La croix, c’est la rencontre
de Dieu et de l’homme, la synthèse du vertical et de l’horizontal, la signe de l’Amour
qui réconcilie et unifie la création. La croix, c’est la folie de Dieu, la folie de l’Amour.
A : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation, l’angoisse, la
persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? En tout cela, nous sommes les
grands vainqueurs en Celui qui nous a aimés »
B : Paul n’a peur de rien. Cinq fois il a reçu la bastonnade, trois fois il a été flagellé,
une fois lapidé, trois fois il a fait naufrage, et combien de fois arrêté et emprisonné.
Le froid, la faim, les attaques des bandits, la fatigue, la maladie, rien ne l’arrête. De
Damas à Antioche, de Tarse à Thessalonique, de Corinthe à Rome, Paul poursuit
inlassablement sa marche de l’Evangile. Il ira loin, très loin …
A : De commencement en commencement, de départ en départ, Paul se laisse
conduire par l’Esprit. Il cherche, il se cherche, il avance, il recule, il réussit, il échoue,
mais il passe, toujours à l’audace.
Et avec lui passent le Christ et son bouleversant message.
Temps de pause avec musique et on met en valeur l’icône du Christ par un
éclairage adapté.
B : Sans le Christ, Paul n’est rien. Avec Lui, il est tout. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est
le Christ qui vit en moi. » Si l’évangile est venu jusqu’à nous et si nous connaissons le
Christ aujourd’hui, c’est par des témoins de la trempe de Paul.
A : Laissons-nous bouleverser. Laissons-nous renverser. Laissons-nous chavirer. Une
rencontre, un mot, un regard et puis tout change…
A la suite de ce temps de regard sur la vie de Paul, on peut envisager un temps de
partage et clore par un chant et une prière.
Yvon GAREL
Sklerijenn n° 47 8