La fuite sans fin des Roms

Transcription

La fuite sans fin des Roms
Article du lundi 11 septembre 2006
La fuite sans fin des Roms
Evacués de terrains situés à Saint-Priest et Pierre-Bénite, près de cent Roms ont
échoué sur un terrain de la Soie, dans des conditions de vie déplorables Certains
dorment sous des tentes données par des associations, d'autres ont construit des
«cabanes» avec des palettes de bois
«En Roumanie, nous sommes traités comme des esclaves. Nos enfants ne peuvent pas aller à
l'école, nous n'avons pas d'endroits pour vivre», témoigne Traian, dont les propos sont traduits
par une représentante de Médecins du monde. En venant en France, les Roms pensaient trouver
de meilleures conditions de vie. Chassés de tous les terrains qu'ils occupent (Saint-Priest et
Pierre-Bénite au tout début du mois), ils vivent dans des conditions déplorables : malnutrition,
hygiène inexistante, accumulation des déchets, problèmes de santé, etc. Malgré tout, rares sont
ceux qui regrettent d'avoir fui leur pays.
La situation sur le terrain de Villeurbanne, à la Soie, où ils vivent depuis le 1er septembre, ne
déroge pas à la règle. La centaine d'occupants se débrouille comme elle peut. Certains dorment
sous des tentes données par des associations, d'autres ont construit des cabanes avec des
palettes de bois. Mais beaucoup doivent passer la nuit sans aucun abri, sur des matelas ou des
couvertures crasseux. Sans électricité ni gaz, les femmes cuisinent au feu de bois. Au milieu, les
enfants - une soixantaine - ont encore le coeur à s'amuser.
Des vêtements propres
et une douche
Dimanche dernier, sur le camp, Tarzan, Rodica et leur fille Marie, âgée de 8 ans, ont reçu la
visite de Joanny Balluffier, un visage qui commence à leur être familier. «Je les ai rencontrés par
hasard, en octobre 2004. Je passais devant la gare de la Part-Dieu. Ils arrivaient de Belgique et
la petite fille courbait sous le poids des bagages. Alors je les ai aidés», raconte ce retraité, qui
n'appartient à aucune association. Une rencontre qui aurait pu être sans lendemain si un mois
plus tard, leurs chemins ne s'étaient pas recroisés, place Grandclément. «J'ai senti quelqu'un
taper dans mon dos. Une petite voix m'a dit : «Bonjour monsieur. Merci.» C'était la petite Marie,
elle m'avait reconnu.»
Touché, Joanny a décidé de les aider. A son niveau. Alors qu'ils faisaient la manche pendant
l'hiver, dans le quartier des Etats-Unis, il leur a amené des manteaux et des chaussures. «Je leur
ai même fêté Noël sous la neige», se rappelle-t-il. A la rentrée 2005, il a réussi à faire scolariser
Marie. Régulièrement, Joanny leur apporte des vêtements propres. Jeudi, il a accueilli la famille
chez lui le temps d'une douche.
Pour eux comme pour les autres, l'avenir est plus qu'incertain. Aucune solution durable ne
pointe à l'horizon. Et aujourd'hui, le tribunal des référés statuera sur l'évacuation du terrain de la
Soie.
Ilan Caro