La peintre Selma Tria : «J`imagine ma ville belle et en couleurs avec

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La peintre Selma Tria : «J`imagine ma ville belle et en couleurs avec
La peintre Selma Tria : «J’imagine ma ville belle et en couleurs avec des femmes omniprésentes »
Mercredi, 02 Mai 2012 00:00
Selma Tria est peintre et expose à la galerie Aire-Libre d’El Teatro du 2 au 14 mai 2012. Son
exposition a pour thème les « légendes urbaines ». A cette occasion et sur fond d’attaques
extrémistes contre les artistes et les femmes pendant cette période transition démocratique,
Mille et une Tunisie a rencontré l’artiste qui nous expose son regard sur la ville, l’avenir et la
situation des femmes tunisiennes. Entretien.
Mille et une Tunisie : D’où vous vient cette passion pour la peinture ?
Selma Tria : Ma passion pour la peinture vient de mes tripes. Je l'ai réalisé après avoir touché
à mon premier morceau de contre-plaqué à peine j'avais commencé avec la peinture à l'huile.
Je pense avoir hérité cette passion de mon père et je me rappelle de souvenirs lointains de
toiles dans le grand garage où ils y passaient des heures.
Comment trouve t- on sa voie ? Comment et pourquoi passe-t-on de la passion à un
métier ?
Ce n'est pas encore mon métier. Je pense avoir trouvé ma voie d'expression et de délire.
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La peintre Selma Tria : «J’imagine ma ville belle et en couleurs avec des femmes omniprésentes »
Mercredi, 02 Mai 2012 00:00
J'aime l'art sous toutes ses formes et je souhaiterais en faire un métier.
Que représente pour vous l’espace urbain tunisien ? Quelle place y occupent les
femmes ?
Je suis une femme et je projette à travers ma peinture ma sensibilité par rapport à tout ce qui se
trouve autour de moi, par rapport à l'espace, aux formes, aux habitations, aux constructions
qui, en Tunisie, mises à part les veilles bâtisses, sont mornes, ternes et de mauvais goût.
J’imagine alors ma ville riche, belle et en couleurs avec des femmes omniprésentes.
La violence contre les femmes et les artistes est-elle une réalité, une exagération ou une
phobie de certains ?
Je pense que c'est une réalité. Tous ceux qui agissent contre les femmes et l'Art essayent de
cultiver la peur. Mais cela ne peut que nous pousser à être plus déterminés à protéger nos
acquis. Les médias et notre vécu de tous les jours montrent cette violence qui s’abat sur nous.
C’est pourquoi je pense qu’il est du devoir des journalistes et des artistes de faire en sorte que
ces mouvements qui agressent nos espaces et libertés soient évincés.
Partout dans le monde les femmes subissent encore le joug d’un système patriarcal
archaïque et se retrouvent ainsi dans l’enjeu de nombreux conflits politiques. En Tunisie,
les femmes sont-elles devenues une vraie force depuis la révolution? Font-elles bouger
les choses ? Y a-t-il des leaders féminins qui ont émergé?
Les femmes ont toujours été une force et comme dit l’adage « derrière chaque homme
important il y a une femme ». Je pense qu’il est temps que la femme soit au devant de la scène
et plus jamais derrière même si certains hommes sont conscients qu’elles ont des forces et de
grandes capacités. Les femmes font bouger les choses dans plusieurs domaines et font
réaliser aux hommes que sans elles, ils risquent de se perdre.
Depuis la révolution, il est évident que des leaders féminins ont émergé. Elles ne sont pas
encore leaders aux yeux de tous et de toutes. Elles ont besoin de soutien et de
reconnaissance. Un mouvement national devrait se préparer à mon avis pour contrer ces
arriérés qui était cachés dans leurs cavernes de la haine et de la bêtise pour imposer et faire
respecter les femmes tunisiennes, préserver leur acquis et garantir l’avenir d’une Tunisie
ouverte, tolérante et juste.
Propos recueillis par Amel Djait
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