Des carrousels informatisés pour l`entreposage
Transcription
Des carrousels informatisés pour l`entreposage
A P P R O V I S I O N N E M E N T ROSE-ANGE PROTEAU a s s t s a s DANS LES CENTRES HOSPITALIERS, UN TRÈS GRAND NOMBRE DE PRODUITS SONT MANIPULÉS RÉGULIÈREMENT. LE DERNIER DOSSIER D’OBJECTIF PRÉVENTION «LA MANUTENTION DE CHARGES ET L’ENTREPOSAGE» A PRÉSENTÉ DES SOLUTIONS POUR ÉLIMINER LES MANUTENTIONS RÉPÉTÉES D’UNE MÊME CHARGE1. CET ARTICLE COMPLÈTE L’INFORMATION EN DÉCRIVANT UN SYSTÈME INFORMATISÉ DE CARROUSELS IMPLANTÉ DEPUIS 1997 AU MAGASIN GÉNÉRAL DE L’HÔPITAL ROYAL VICTORIA DE MONTRÉAL. Photo 1. Vue de l’extrémité d’un carrousel 30 • OBJECTIF PRÉVENTION • VOL. 22 – NO 1 – 1999 HÔPITAL ROYAL VICTORIA Des carrousels informatisés pour l’entreposage V aste hôpital universitaire de 600 lits, le «Royal Vic», comme on l’appelle familièrement, a de nombreux produits à entreposer, gérer et distribuer. En fait, il en a plus de 1 500 différents, qui vont des produits médicaux et des solutés aux produits volumineux et à ceux du service alimentaire. La livraison de ces produits s’effectue à 45 points de distribution, dans six pavillons reliés par de longs corridors. Jusqu’en octobre 1997, la réception, l’entreposage et la livraison de ces différents produits relevaient de deux services : la centrale de distribution stérile (500 à 600 produits médicaux) et le magasin général (environ 800 articles). Chaque service avait son propre système de livraison, ce qui signifie que chacun des 45 points de distribution était desservi deux fois, multipliant les kilomètres parcourus par deux. L’arrivée du nouveau système mécanisé et informatisé a permis de gagner suffisamment d’espace pour permettre d’intégrer au magasin général l’approvisionnement des produits assuré auparavant par les deux services. Non seulement y a-t-il eu économie d’espace, mais les points de distribution ne sont plus desservis que par une seule équipe, réduisant ainsi les distances parcourues quotidiennement. L’envers de la médaille : la fusion des services et le nouveau système ont entraîné une réduction de trois postes de travailleurs. LE NOUVEAU SYSTÈME À CARROUSELS Le système comprend trois carrousels installés côte à côte à 53 cm (21 po) l’un de l’autre. Chaque carrousel est composé de 48 ou 52 sections. Chaque section est à son tour divisée en cinq casiers grillagés d’environ 60 x 36 cm (1 x 2 pi) (photo 1). Comme son nom l’indique, un carrousel, ça tourne. Donc, les sections se déplacent tout autour du carrousel, permettant d’amener à portée de main les articles à saisir. En fait, imaginez le système dont se servent les nettoyeurs : au lieu de vêtements qui défilent, ce sont les produits placés dans les diverses sections. Chaque carrousel mesure 18 m (60 pi) de longueur et 1,8 m (6 pi) de largeur. Chaque section a une capacité de 24 kg (75 lb). Deux des trois carrousels ont une profondeur de 60 cm (2 pi), le troisième de 30 cm (1 pi). Les étagères du haut sont réservées aux produits légers utilisés moins souvent. Un système de sécurité avec œil magique arrête l’opération du carrousel dès que quelqu’un se trouve trop près. Les carrousels sont contrôlés par deux ordinateurs. Lorsqu’une commande Photo 2. Le chariot et la table utilisés pour le décaissage et la préparation des commandes est saisie à l’ordinateur, le carrousel con- sont pas accessibles lorsque le système ne tenant le produit désiré se met en marche fonctionne pas (l’hôpital a dû acquérir jusqu’à ce que la bonne section atteigne une génératrice indépendante pour les carle bout du carrousel et devienne acces- rousels et un système de batterie d’une sible pour le travailleur. Un chariot est autonomie de dix minutes pour l’ordiutilisé pour le décaissage, le dépôt et la nateur). prise de produits. Une longue table inDans ce cas-ci, la conception des loclinée située perpendiculairement aux giciels qui animent ce système de même trois carrousels permet de préparer huit que le soutien informatique relèvent d’une commandes à la fois (photo 2). Les dépla- firme de San Diego, en Californie, qui cements du travail- • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • n’a de répondants leur entre les rayonque de 9 h à 17 h, nages sont donc L’implantation d’un système la semaine, soit de éliminés. aussi complexe exige l’accès 12 h à 20 h, à Durant le jour, l’heure de Montréal. un travailleur remOr, le système de à des services techniques plit les carrousels ; le l’HRV fonctionne d’assistance et de soir, un travailleur 24 heures par jour, passe prendre les incluant la fin de dépannage rapides et commandes sur les semaine. Malheudépartements ; la efficaces, d’autant plus que reusement, d’après nuit, un travailleur M. Vira, ce support les produits ne sont pas prépare les commans’est avéré insuffides et deux autres sant. accessibles lorsque le en font la livraison. Le distributeur Durant le quart du système est en système ne fonctionne pas. de jour, environ 15 Ontario, mais il à 20 commandes • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • n’offre aucun souimprévues sont réalisées. Le travailleur tien informatique. Par contre, pour ce doit alors passer la commande à l’or- qui est du fonctionnement mécanique dinateur et attendre environ cinq minutes des carrousels, l’HRV a bénéficié d’un avant que le carrousel lui apporte le service local rapide et efficace. produit. Cela représente environ 1 h 30 Après une période de rodage difficile d’attente par jour. de quelques mois et les ajustements de la première année, il semble que le système UNE IMPLANTATION DIFFICILE facilite la manutention des produits et Actuellement, le système fonctionne que les inventaires sont disponibles facibien. Toutefois, selon M. Vira, technicien lement. Le processus de préparation des administratif responsable du fonctionne- commandes est beaucoup plus efficace ment du système, il ne serait pas encore que lorsqu’on se déplace entre les étagèsuffisamment protégé contre des erreurs res. Il permet de planifier l’entreposage qui pourraient effacer des données. des produits pour une période plus courte L’implantation ne s’est toutefois pas (environ deux semaines). Ce système faite sans heurts. Le fournisseur et les requiert un investissement d’environ programmeurs avaient sous-estimé les 250 000 $. ajustements requis pour adapter le sysLE POINT DE VUE DE LA SANTÉ tème aux situations et aux réalités locales ET DE LA SÉCURITÉ DU TRAVAIL du travail, les besoins de formation des L’ASSTSAS n’a pas évalué en profontravailleurs, le soutien nécessaire après la vente et la période où des changements deur l’impact de ce système sur la santé et la sécurité des travailleurs. Néanmoins, significatifs étaient à prévoir. Le système, installé en octobre 1997, nous vous faisons part de quelques obsern’a été vraiment fonctionnel qu’en mai vations. La diminution des déplacements des 1998. Les quatre premiers mois ont été particulièrement difficiles. Les ordinateurs travailleurs semble être un des avantages ont éprouvé plusieurs problèmes. Par de ce système : au lieu de parcourir l’équiexemple, si le travailleur cessait l’entrée valent de 110 m (360 pi) de rayonnage d’une commande pendant un certain pour ramasser les divers produits constituant les commandes, les déplacements ne temps, l’ordinateur annulait l’opération. L’implantation d’un système aussi se font que sur 6 m (20 pi), soit la largeur complexe exige l’accès à des services d’as- des trois carrousels placés côte à côte. De plus, les travailleurs se penchent sistance et de dépannage rapides et efficaces, d’autant plus que les produits ne moins. Traditionnellement, le décaissage se fait avec des chariots bas ou des palettes sur lesquels les boîtes sont empilées. Le travailleur doit donc se pencher pour déposer ou retirer les boîtes des rangées les plus basses. Avec le nouveau système, le décaissage se fait sur un chariot de hauteur moyenne, ce qui permet de travailler plus souvent à la bonne hauteur (photo 2). Sur le plan des désavantages, la période de rodage a généré du stress. Encore aujourd’hui, la plus grande vulnérabilité du système – contrairement aux étagères traditionnelles – oblige à rester sur le qui-vive. En effet, en cas de panne, il n’est pas possible d’accéder aux produits. Enfin, le mode d’organisation choisi a eu pour effet d’augmenter le nombre de travailleurs de nuit, ce qui n’est généralement pas à favoriser sur le plan de la santé et de la sécurité. Le système a ses limites : il ne permet pas l’entreposage des articles lourds (ex. : papeterie, produits des cuisines, solutés, etc.). Il est davantage indiqué pour l’entreposage d’un grand nombre de produits disparates. À notre connaissance, trois autres établissements du secteur de la santé ont des carrousels dans leur entrepôt et en sont satisfaits. Deux ont le même système que l’HRV (Carrousel White2) : l’Hôpital général de Montréal depuis six ans et l’Hôpital Ste-Mary’s depuis trois ans. Le premier fonctionne sur trois quarts de travail et l’autre sur deux. La Cité de la santé de Laval s’est procuré le système de Carrousel Raymond3 il y a quatre ans ; le système fonctionne sur un seul quart de travail. Dans ce cas, le distributeur offre un soutien informatique à partir de Montréal. ◆ 1. PROTEAU, ROSE-ANGE. «Éliminer les manutentions répétées d’une même charge», Objectif prévention, vol. 21, no 5, 1998, p. 17. 2. DISTRIBUÉ PAR PINACLE AUTOMATION CANADA 6620 Kitimat Road, Unit 6, Mississauga, Ontario, L5N 2B8, tél. : (905) 858-0088, téléc. : (905) 858-0061. INC., 3. D ISTRIBUÉ PAR G.N. J OHNSTON , 5000 rue Léry, Ville Saint-Laurent, Québec, H4R 2P1, tél. : 956-0020, téléc. : 956-1879. Nous tenons à remercier les personnes suivantes pour leur collaboration à la rédaction de cet article : de l’Hôpital Royal Victoria, M. Rui Zina, chef de l’approvisionnement du magasin général, M. Frank Vira, technicien administratif, M. Bryan McCall, préposé au magasin et M. Michael Di Girolamo, du service de santé au travail ; de la Cité de la santé, M. Normand Brière, responsable des approvisionnements ; de l’Hôpital Ste-Mary’s, Mme Annie Doucet, responsable du magasin par intérim ; de l’Hôpital général de Montréal, M. Simon White, responsable du magasin. VOL. 22 – NO 1 – 1999 • OBJECTIF PRÉVENTION • 31