L`esprit saint dans l`islam

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L`esprit saint dans l`islam
1 SESSION PASTORALE 2016. LA CONFIRMATION OU LA MISSION DE L’ESPRIT SAINT COLETTE HAMZA L’esprit saint dans l’islam « S’il t’interroge au sujet de l’Esprit de Dieu, dis : l’Esprit est du ressort de mon Seigneur. Et vous n’avez reçu (dans le coran) que peu de science » 17,85. Ainsi s’exprime le Coran à propos de l’Esprit. L’esprit c’est l’affaire de Dieu cela nous est inconnu et demeure un mystère inaccessible. L’Esprit, Rûh’ en langue arabe comme en hébreu, à travers les différentes sourates du Coran, désigne l’esprit de Dieu. Mais la conception coranique de Rûh’ est assez variable et les acceptions de ce terme sont multiples. •
Rûh’ comme souffle de Dieu : On le trouve lors de la Création : « Je vais créer un homme d’une argile extraite d’une boue malléable. Lorsque je l’aurai formé et que j’aurai soufflé en lui de mon Esprit, prosternez-­‐vous devant lui ». 15,29 ; 38,72 ; « Et Il a commencé la création de l'homme à partir de l'argile, puis Il tira sa descendance d'une goutte d'eau vile [le sperme] ; puis Il lui donna sa forme parfaite et lui insuffla de Son Esprit. Et Il vous a assigné l'ouïe, les yeux et le cœur. Que vous êtes peu reconnaissants ! » 32,7-­‐9 Nous retrouverons la même expression pour la conception de Jésus. Dieu, malgré l’opposition des anges décide de créer Adam. Il décide d’insuffler « une part de son esprit » en Adam à qui il confie son dépôt, un trésor « amâna ». Peut-­‐être peut-­‐on interpréter ce dépôt comme la part de cet esprit reçu de Dieu. En effet « Ni Ma Terre, ni Mon ciel ne sont assez grands pour me contenir, dit un hadith qudsî, mais le « cœur » de Mon serviteur croyant, pieux et pur, est assez grand pour me contenir ». L’Esprit est donc là, principe de vie venu de Dieu dont chaque homme, créature de Dieu est le réceptacle. Dans la sourate 21, AL-­‐ANBIYA (LES PROPHÈTES) est spécifié que tous les prophètes ont reçu l’Esprit de Dieu. Depuis Noé, Abraham mais aussi Enoch, Ismaïl, Isaac, Moïse, Jésus, Mohammed ainsi que Marie considérée en particulier dans la tradition mystique comme prophète, tous ont reçu l’Esprit de Dieu. L’univers est mû par le processus créateur de Dieu. Pour certains auteurs comme Ibn Arabi, le mouvement des mondes et des créatures est animé par la respiration divine. Selon un hadith célèbre, Dieu était un Trésor caché désirant être connu et qui, pour se faire connaître, créa l’univers. Ce désir de Dieu est selon Ibn Arabi le « Souffle du Miséricordieux ». De ce souffle, émane un Nuage 2 ou une Nuée qui symbolise « une Substance qui contient, à l’état virtuel, toute la création – les créatures, les mondes, les événements. Puis Dieu dit « sois ! » (« kun ! ») : alors, sur l’ordre de Dieu, toutes les réalités contenues à l’état potentiel dans la Nuée prirent vie, s’animèrent et respirèrent : le cosmos entier apparut ainsi sur une seule parole divine. »1 Pour Ibn Arabi, notre monde vit encore et toujours de ce « sois ! » : toute existence tient à cet impératif à la fois originel et immuable. Aussi, la création est-­‐elle comparable à une respiration : Dieu expire le monde pour le créer, et l’aspire en Lui à la fin des temps. Reprenant l’affirmation coranique que la création vient de Dieu et fera retour à Lui. Dès lors, dans l’univers, tout respire. L’homme même est respiration : non seulement son corps respire, mais l’âme et l’esprit sont conçus comme des souffles. En arabe, ruh (l’esprit) est d’ailleurs proche de rih (le vent), et nafs (l’âme) proche de nafas (la respiration). Dans le Coran, ruh est le souffle de vie insufflé par Dieu à Adam. Selon Ibn Arabi, l’âme et ce souffle de vie proviennent de la respiration divine, du Souffle du Miséricordieux, en sorte que l’homme respire corps et âme par la respiration venant de Dieu. Un soufi, cité par Kalâbâdhi (Xe siècle), parle de l’esprit et de l’âme comme d’un vent et d’un souffle : « L’esprit [rûh] est (comme) une brise embaumée qui engendre la vie, et l’âme (nafs) est (comme) un souffle chaud qui engendre les mouvements et les désirs. ».2 La respiration constitue, pour les auteurs musulmans, un rythme ontologique, qui structure le mouvement du monde et de l’homme. Il détermine également un art de vivre (de respirer), de percevoir le monde, de prier, de créer ou d’aimer. Chez un poète cité par Cheref-­‐Eddin Râmi, la beauté d’un visage rayonne du souffle de vie provenant de Dieu : « Tes lèvres de rubis, qui donnent la vie, sont le souffle de Dieu ; on dirait que c’est ce souffle même qui a vivifié tes yeux languissants qui ressuscitent les hommes. » •
Rûh’ comme Parole de Dieu : Il est la Parole qui émane de Dieu « L’Esprit procède du commandement de Dieu » dit la sourate AL-­‐
ISRA (LE VOYAGE NOCTURNE) 17,85. Ce commandement de Dieu s’exprime par sa parole créatrice qui souligne la parfaite concordance de sa toute puissance et de sa volonté : « Notre seule parole lorsque nous voulons une chose est de lui dire « sois » et elle est » 16,40, Kun fa yakûn ! Cette formule est utilisée à huit reprises dont quatre fois au sujet de Jésus notamment à propos de sa conception. « Marie dit : « Comment aurais-­‐je un enfant alors qu’aucun homme ne m’a 1
http://www.lescahiersdelislam.fr/La-­‐respiration-­‐de-­‐l-­‐univers_a842.html cf Patrick Ringgenberg, L’univers symbolique des arts islamiques, Paris, L’harmattan,2009 2
Ibidem 3 touchée ? » « C’est ainsi « dit-­‐il, Dieu crée ce qu’il veut. Quand il décide d’une chose, il lui dit seulement « sois » et elle est aussitôt. » 3,47 Dans de nombreux versets la Parole et le souffle de Dieu sont combinés avec son Ordre, son commandement amr. Et des versets combinent Esprit et Ordre « Il fait pénétrer l’Esprit de son ordre en qui il veut de ses serviteurs pour qu’il avertisse du Jour de la résurrection » L’ordre de Dieu est dans le Coran l’irradiation qui émane de Lui, le potentiel qui transforme sa volonté en un fait. On le trouve en acte à la naissance du monde, et d’autres versets enseignent que durant sa vie l’ordre de Dieu est sans cesse en mouvement, du ciel à la terre et de la terre au ciel. On le retrouve dans la nuit du Destin, Laylat al Qadr, 27° nuit du mois de ramadan qui commémore la descente du Coran sur le prophète Mohamed. Mais il est surtout le principal instrument de la volonté divine sur la destinée des humains. •
Rûh’ et Jésus : L’Esprit de Dieu qui sera identifié ensuite à l’ange Gabriel, apparaît à Marie et lui annonce « un garçon pur ». « Mentionne dans le Livre Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient. Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait. » sourate MARYAM (MARIE)19,16-­‐17. Ainsi ici, l’Esprit apparaît à Marie sous la forme d’un homme parfait, annonciateur de la nouvelle de la venue de Jésus. Dans d’autres passages coraniques il est dit que Marie conçoit Jésus par le Rûh’, le souffle de Dieu « Et celle [la vierge Marie] qui avait préservé sa chasteté ! Nous insufflâmes en elle un souffle (de vie) venant de Nous et fîmes d'elle ainsi que de son fils, un signe [miracle] pour l'univers. »21,91 « De même Marie, la fille d’Imran qui avait préservé sa virginité ; nous y insufflâmes alors de Notre Esprit. » 66,12. Marie donc, selon le Coran est fécondée par le souffle rûh’ de Dieu lui-­‐même qui a jeté en elle sa parole « Le Messie Jésus fils de Marie n’est qu’un Messager de Dieu, sa Parole qu’il envoya à Marie et un souffle, un esprit venant de lui ». 4,171 Ainsi, selon le Coran si Jésus n’est qu’un messager, un prophète au même titre que tous les autres, il l’est de manière unique et singulière. Il est La Parole de Dieu venant de lui, envoyée, jetée en Marie et ce souffle venant de Lui. Jésus est donc appelé « Esprit de Dieu » ‘rûh min hu’ La pensée du Coran sur le rûh’ est assez complexe. Dans le cas de Jésus le rûh’ est le souffle vivifiant de Dieu qui le fait naître dans le sein de Marie. Mais comme le souligne les commentateurs Adam 15,29 et tout homme sont aussi nés de ce souffle divin. 4 Il est différent de, mais en relation avec, le rûh’, esprit de Dieu qui est apparu à Marie sous la forme d’un homme ; il intervient dans la vie de Jésus pour le conforter : « Certes, Nous avons donné le Livre à Moïse ; Nous avons envoyé après lui des prophètes successifs. Et Nous avons donné des preuves à Jésus fils de Marie, et Nous l'avons renforcé du Saint-­‐Esprit. » 2,87 Ou encore : « Parmi ces messagers, Nous avons favorisé certains par rapport à d'autres. Il en est à qui Dieu a parlé ; et Il en a élevé d'autres en grade. A Jésus fils de Marie Nous avons apporté les preuves, et l'avons fortifié par le Saint-­‐Esprit » 2,253 Et enfin : « Et quand Dieu dira : "Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-­‐toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-­‐Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t'enseignais le Livre, la Sagesse, la Thora et l’évangile ! Tu fabriquais de l'argile comme une forme d'oiseau par Ma permission ; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l'aveugle-­‐né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d'Israël pendant que tu leur apportais les preuves. Mais ceux d'entre eux qui ne croyaient pas dirent : "Ceci n'est que de la magie évidente". 5,110 L’esprit accompagne donc Jésus dès les premiers instants de sa vie et lui transmet les paroles de Dieu, lui donne de faire des miracles et lui-­‐même par son souffle donne vie à un oiseau d’argile. Mais soulignent les commentateurs c’est toujours avec la permission de Dieu. Cela souligne que cette puissance est de Dieu, lui appartient et non de Jésus qui n’est qu’un homme aussi extraordinaire soit-­‐il. C’est l’esprit fidèle rûh’ al amine. Amine, signifie sécurité, confiance, absence de crainte, c’est ce même esprit qui a « rendu fort » le prophète Mohamed afin que sa mission s’accomplisse. Mais ce même esprit conforte tout croyant comme le rapporte la sourate 58, 22 : « Tu n'en trouveras pas, parmi les gens qui croient en Dieu et au Jour dernier, qui prennent pour amis ceux qui s'opposent à Dieu et à Son Messager, fussent-­‐ils leurs pères, leurs fils, leurs frères ou les gens de leur tribu. Il a prescrit la foi dans leurs cœurs et Il les a aidés d’un Esprit venant de Lui. Il les fera entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, où ils demeureront éternellement. Dieu les agrée et ils L'agréent. Ceux-­‐là sont le parti de Dieu. Le parti de Dieu est celui de ceux qui réussissent. » Mais finalement seul Jésus est appelé esprit de Dieu et le Coran semble bien reconnaitre que ce Rûh’ est mystérieux, il relève de l’ordre de mon Seigneur, mim amr Rabbi « Et ils t'interrogent au sujet de l'esprit, -­‐ Dis : " l’esprit relève de l'ordre de mon Seigneur". Et on ne vous a donné que peu de connaissance. » 17,85 5 Il faut cependant noter que Jésus est également considéré par l’islam comme l’annonciateur de la venue du prophète Mohammad. Cette vision s’appuie notamment sur une lecture particulière des paroles du Christ rapportées dans l’Evangile selon Saint Jean, annonçant la venue d’un "Paraclet" : "J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité Jean, 16 :12-­‐13. L’authenticité de la traduction chrétienne courante évoquant un "consolateur" (du grec parakletos) est contestée par les musulmans qui considèrent que le mot grec original était periklytos, signifiant "glorieux", "plus loué" ou encore "Ahmad" en arabe, provenant lui-­‐même de la racine "h-­‐m-­‐d", évoquant l’idée de louange et de glorification, et à partir duquel est formé le nom de "Mohamed". Cette interprétation est selon eux confirmée par la seconde partie de la parole du Christ qui poursuit : "car il ne parlera pas de lui-­‐même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir" (Jean, 16, 13) ; ce qui s’accorde totalement avec la révélation coranique qui fut "dictée" à Mohammad par l’intermédiaire de l’Ange Gabriel et comporte une dimension eschatologique essentielle. La continuité des prophéties christique et mohammadienne, expressément affirmée dans le Coran, est, selon les musulmans, également énoncée par le Christ à la suite des paroles que nous venons de rapporter : "Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera", (Jean, 16, 15). •
Rûh’ et les anges : Les anges font partie des articles de la foi musulmane. Ils sont présents dans le coran sous le terme arabe, malak, leur nature n’est pas précisée par le Coran qui les décrit comme des êtres intermédiaires entre Dieu et les hommes descendant et remontant de la terre au ciel. « Les Anges ainsi que l'Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans. » 70, 4 L’esprit est mis en parallèle avec les anges qui descendent avec la permission de Dieu la nuit du Destin. « Nous l'avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit d'Al-­‐Qadr. « Et qui te dira ce qu'est la nuit d'Al-­‐Qadr? La nuit d'Al-­‐Qadr est meilleure que mille mois. Durant celle-­‐ci descendent les Anges ainsi que l'Esprit, par permission de leur Seigneur pour tout ordre. Elle est paix et salut jusqu'à l'apparition de l'aube. » 97,4 La nature spirituelle des anges est suggérée par leur rapprochement avec le rûh’. « Il fait descendre, par Son ordre, les Anges, avec la révélation, sur qui Il veut parmi Ses serviteurs : "Avertissez qu'il n'est d'autre divinité que Moi. Craignez-­‐Moi donc". » 6 Les anges sont chargés de la transmission de la révélation. Gardiens de l’Ecriture mère archétype céleste de toute la révélation (56,77-­‐79 ; 80,15-­‐16). Ils descendent avec le Rûh’ sur les prophètes élus. Ce rôle est particulièrement dévolu à Gabriel d’abord appelé Rûh’ qui apporte le Coran à Mohamed « Dis : "Quiconque est ennemi de Gabriel doit connaître que c'est lui qui, avec la permission de Dieu, a fait descendre sur ton cœur cette révélation qui déclare véridiques les messages antérieurs et qui sert aux croyants de guide et d'heureuse annonce". 2,97 et l’assiste avec Dieu et les anges : « Si vous vous repentez à Dieu c'est que vos cœurs ont fléchi. Mais si vous vous soutenez l'une l'autre contre le Prophète, alors ses alliés seront Dieu, Gabriel et les vertueux d'entre les croyants, et les Anges sont par surcroît [son] soutien. » 66,4 Comme le verset 2,97 nomme explicitement Gabriel comme transmetteur du Coran, la tradition identifiera l’ange à Rûh’, à Gabriel aussi bien dans l’apparition à Marie, la naissance de Jésus que dans la transmission du Coran et les autres Ecritures. Le Coran parle de l’Esprit saint, Ruh’ al qudus, il est identifié par la tradition à l’ange Gabriel. Ainsi d’après le Coran, la fonction de l’Esprit est d’être messager de Dieu : « Ce (Coran) ci, c'est le Seigneur de l'univers qui l'a fait descendre, et l'Esprit fidèle est descendu avec cela sur ton cœur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs, en une langue arabe très claire. ». 26,193-­‐194 L’esprit fidèle (rûh al amîn) a apporté le Coran du ciel et l’a déposé sur le cœur de Mohammed. Le Coran est révélé par l’Esprit saint comme une guidance afin d’affermir les croyants. « Dis : "C'est le Saint Esprit [Gabriel] qui l'a fait descendre de la part de ton Seigneur en toute vérité, afin de raffermir [la foi] de ceux qui croient, ainsi qu'un guide et une bonne annonce pour les Musulmans. 16,102 L’Esprit est aussi le messager qui se présente devant Marie pour lui annoncer la naissance miraculeuse de Jésus, l’homme parfait est identifié par la tradition à Gabriel 19,17-­‐21. L’esprit saint, l’esprit fidèle et Gabriel désignent ainsi une même entité. Gabriel n’est jamais appelé « ange », il y a donc une distinction entre les anges et l’Esprit, une supériorité entre l’Esprit identifié à Gabriel et les anges ; L’Esprit selon les commentaires de Fazlur Rahman serait la forme la plus élevée de la hiérarchie angélique et par conséquent la plus proche de Dieu. Mais à aucun moment elle n’est Dieu. L’homme est l’élément central de la création, il en est en quelque sorte le but. C’est pour lui que tout a été créé et lui seul est capable de reconnaitre les bienfaits de Dieu, de comprendre les signes, de lire le Livre ouvert rempli de signes qu’est la création. Mais pour cela il faut qu’il soit guidé et assisté par un messager qui lui en révèle le sens. Ce rôle est assigné à Gabriel dans le Coran. L’esprit en tant 7 que messager et révélateur assure à travers la lignée des prophètes la transmission de la vérité divine à l’humanité entière. Dans le système philosophique de Fârâbî (950) et Avicenne (1037) l’Esprit par son action pédagogique est l’ange de la connaissance. L’intelligence humaine y accède par une illumination venant de l’Esprit. Sur un autre plan, c’est la lecture du Coran selon l’Esprit et non selon la lettre que les soufis lisent les sourates du Livre saint. En lisant la lettre écrite avec l’Esprit de Dieu, s’ouvre alors devant le croyant un océan d’amour et de félicité. Ainsi, les gens de Dieu bénéficient-­‐ils d’un souffle « frais » et sont dans un jardin de félicité : « ruwhun wa raïhane wa janat al naïm ». Ainsi donc, l’Esprit de Dieu non seulement anime, mais également soutient, maintient en paix et finalement rend heureux le croyant de vivre avec les autres, puisque en suivant la voie de Dieu, on est dans un jardin de félicité. Selon une lecture musulmane soufie, l’Esprit de Dieu, c’est la conscience et l’Humain prend conscience qu’il est habité par la Présence Divine, puisque l’Esprit souffle « Pour QUI veut » traduisent certains soufis. Il ne peut plus alors agir de manière injuste. Chez les soufis, on dit que plus l’Humain est conscient de cette présence, plus la réponse juste s’impose d’elle-­‐même. Il devient alors la conscience universelle. C’est le souffle de l’Esprit qui donne le discernement afin de recevoir les grâces que Dieu envoie chaque jour et de vivre avec l’Autre, puisqu’Il est avec l’homme où qu’il soit. Le Saint Esprit -­‐ al ruh al qudus – exprime donc bien cette fonction de la présence de Dieu aux hommes. 

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