Au service de la Maison Blanche

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Au service de la Maison Blanche
VENDREDI 18 OCTOBRE 2013 LE JOURNAL DU JURA
GRAND ÉCRAN 21
À VENIR: «TEMPÊTE DE BOULETTES
GÉANTES 2»
L’île des Miam-nimaux
Après avoir réussi à transformer de
l’eau en nourriture dans un premier
volet, le savant fou Flint Lockwood
s’attelle dorénavant à créer une île
peuplée d’animaux comestibles.
La semaine prochaine à Bienne
LE BOX OFFICE DE LA SUISSE ROMANDE
1 BLUE JASMINE de Woody Allen
2 LE VOLCAN d’Alexandre Coffre
(1)
(48)
8 LES GRANDES ONDES de Lionel Baier
9 TRAIN DE NUIT POUR LISBONNE de Bille August
(6)
(N)
3 LE MAJORDOME de Lee Daniels
4 RUSH de Ron Howard
(2)
(3)
10 LES MILLER: UNE FAMILLE EN HERBE de R. Thurber
11 SUR LE CHEMIN DE L’ÉCOLE de Pascal Plisson
(7)
(9)
5 RUNNER, RUNNER - PLAYERS de Brad Furman
6 2 GUNS de Baltasar Kormakur
(4)
(5)
12 RIDDICK de David Twohy
13 LES SCHTROUMPFS 2 de Raja Gosnell
(8)
(14)
14 WHITE HOUSE DOWN de Roland Emmerich
(10)
7 PLANES de Klay Hall
(16)
LE MAJORDOME (THE BUTLER) ★(★) Le récit d’un serviteur noir
BIENNE, BÉVILARD, TRAMELAN
Au service de la Maison Blanche
MATTHIEU SANTOS
Etats-Unis début dans l’entredeux-guerres, le jeune Cecil Gaines ainsi que ses parents sont
«employés» dans des champs de
coton du Sud ségrégationniste.
A la faveur d’un événement, Cecil change de job et apprend petit à petit toutes les ficelles du
métier d’employé de maison,
jusqu’à obtenir, après quelques
années, le privilège de travailler à
la Maison Blanche. Dès lors, ses
conditions de vie changeront radicalement et lui permettront
d’entretenir une vie de famille
aisée avec sa femme Gloria
(jouée par Oprah Winfrey) et
ses deux fils Charlie et Louis.
Grâce à sa place privilégiée,
Cecil trouvera l’opportunité
d’avoir une autre vision des événements qui vont marquer le
monde et les USA. Cependant,
ce poste l’obligera à parfois sacrifier sa famille, ce qui sera la
cause de nombreuses tensions
avec sa femme et Louis, pour qui
la ségrégation doit être combattue sans relâche. Car c’est bien
Le film qui a ému Barack Obama aux larmes conte le parcours exemplaire de Cecil Gaines , qui officia comme
majordome à la Maison Blanche sous sept présidences. LDD
ce thème de la ségrégation au
pays de l’Oncle Sam qui est le fil
rouge du début à la fin et Cecil
sera le témoin de la lente évolution du problème raciste durant
sept mandats présidentiels. La
« Si on enlève quelques
●
longueurs, on se trouve face à un
bon divertissement.»
trame principale se base sur une
lutte entre Cecil et Louis, chacun choisissant sa voie pour vivre face au racisme. Il est
d’ailleurs regrettable que le réalisateur Lee Daniels n’ait pas décidé de mettre l’accent sur le travail de Cecil à la Maison
Blanche pour développer son
propos.
Pour répondre à la problématique ségrégationniste, le film s’attelle à user de deux outils pour
faire vibrer la corde sensible en
chacun de nous: petites ellipses
historiques qui apportent peu et
surdose de musique pianotée façon Clint Eastwood dans «Mémoires de nos pères» (2006) qui
finissent par ne plus émouvoir
mais, au contraire, lasser.
La question du casting est, par
ailleurs, quelque peu surprenante avec, comme cité précédemment, Oprah Winfrey, qui
n’est de loin pas transcendante
dans son rôle, ainsi que les chanteurs Mariah Carey et Lenny
Kravitz dans des rôles courts et
dispensables. Mais Daniels s’est
LA VIE D’ADÈLE, CHAPITRES 1 & 2 ★ Deux femmes s’aiment corps et âme
Un projet ambitieux mais décevant
ROMAIN AMORIC
Actualiser Marivaux en confrontant ses écrits à des sujets
d’actualité semble désormais
constituer un fil conducteur
dans la carrière d’Abdellatif
Kechiche. Dans «L’esquive», il
entrelaçait «Le jeu de l’amour et
du hasard» et le genre du film
social dans une intrigue ayant
pour cadre une classe de 4e d’un
collège de la banlieue parisienne. Dans sa dernière œuvre,
«La vie d’Adèle», lauréate de la
Palme d’or du Festival de Cannes cette année, il effectue un
travail similaire entre «La vie de
Marianne» et le thème de l’homosexualité féminine.
Un projet aussi ambitieux se
révèle, hélas, comme un semiéchec. Le cinéaste tente de créer
un équivalent filmique du Bil-
La caméra volontairement très proche des visages et des corps ne
parvient pas à saisir l’authenticité des émotions. LDD
(0) Classement précédent
(N) Nouveauté
(R) De retour
dungsroman, un genre très en
vogue au 18e siècle, mais le récit
demeure particulièrement confus, effet résultant d’une envie
de tout dire. Kechiche introduit
de nombreux éléments et personnages qu’il n’exploite pas par
la suite; c’est notamment le cas
de la première section consacrée à l’année de terminale
d’Adèle, dont la cohérence à l’intérieur du récit semble douteuse. Finalement, la noyau de
l’intrigue reste à clarifier: s’agit-il
d’un film sur la transition entre la
fin de l’adolescence et l’âge
adulte, sur l’homosexualité féminine - en réponse au débat
brûlant du mariage pour tous en
France - ou sur les complications de l’amour et de la vie en
couple?
Sur presque trois heures de
film, quelques coupures auraient certainement permis de
clarifier le propos même de
l’œuvre. En outre, des maladresses sont à noter sur le plan de la
mise en scène. Le réalisateur
tente un exercice de style autour
de Maurice Pialat en général et
de «A nos amours» en particulier. Le jeu de Léa Seydoux, non
sans évoquer celui de Sandrine
Bonnaire, ou encore la caméra
très proche des visages et des
corps sont des exemples significatifs de l’analogie entre les deux
films. Toutefois, si les plans rapprochés de Pialat parviennent
subtilement à saisir l’authenticité des émotions, cet objectif est
manqué dans «La vie d’Adèle».
La part excessive accordée aux
scènes érotiques tend à animaliser les personnages d’Adèle et
Emma au détriment du récit ou
de la construction psychologique des deux jeunes femmes.
La dernière Palme d’or se révèle
bien décevante. Le cinéma de
Kechiche possède d’indéniables
qualités, mieux mises en valeur
par davantage de sobriété.
+
INFO
A voir ce soir, demain et dim. à Tramelan,
demain et lundi à Moutier, puis à La
Neuveville.
bien rattrapé avec un Forest
Whitaker impressionnant qui
habite son personnage tout en
délicatesse mêlée de fermeté.
Les scènes avec son fils Louis en
sont le parfait exemple. Il est
plus que crédible en homme brisé, mais résigné à ne jamais baisser les bras. Il faut aussi souligner le bon choix des différents
acteurs incarnant les différents
présidents américains, de Eisenhower (Robin Williams) à Reagan (Alan Rickman) en passant
par Nixon (John Cusack).
Pour dire vrai, si l’on enlève
quelques longueurs, on se
trouve face à un bon divertissement réfléchi qui, sans porter de
jugement moral ou de valeur,
nous met face à des réalités qui
sont encore présentes de nos
jours, que ce soit l’intolérance ou
l’inégalité. Et si la thématique du
ségrégationnisme est toujours
sensible aux Etats-Unis, c’est
peut-être par la voie cinématographique que le dialogue pourra s’amorcer en cette année 2013
après «Django Unchained» de
Tarantino et «Lincoln» de
Spielberg.
+
INFO
Le majordome
De Lee Daniels (Etats-Unis). Avec Forest
Whitaker, Oprah Winfrey, John Cusack,
Mariah Carey, Lenny Kravitz, Robin
Williams. Actuellement, en première
semaine, au Lido 1 de Bienne.
Rush ★★★
«La rivalité légendaire entre les pilotes de F1 Hunt - Lauda traitée telle
une fresque psychologique. Profond et captivant.» Eugenio D’Alessio
BIENNE
Le volcan ★
«Un joli duo (Dany Boon - Valérie
Bonneton) dans une comédie un
peu poussive. On sourit plus qu’on
Nicole Hager
ne rit.»
BIENNE
Planes ★★
«Charmante histoire de réussite à
l’américaine dans des cieux mondialisés et sans aucun décalage
Antoine Le Roy
horaire.»
★★★ A ne pas manquer
★★ A voir ★ Bof
✘ Non merci
L’EXPÉRIENCE BLOCHER ★★
Un portrait qui aide
à comprendre la Suisse
Dans «L’expérience Blocher», Jean-Stéphane Bron (à gauche) esquisse le
portrait du politicien le plus haï et le plus admiré de Suisse. LDD
Explorateur minutieux du pouvoir suisse («Mais im Bundeshuus – Le génie helvétique»),
Jean-Stéphane Bron réalise à
nouveau un documentaire passionnant. Pointant sa caméra sur
une bête politique marquante, le
cinéaste renonce à la voie polémiste, ou pire, fumiste. Au contraire, il laisse filer son sujet, se
contentant de l’observer d’un
point de vue s’apparentant à un
éclairage du personnage comme
archétypedel’inconscientcollectif national. Sans percer le réduit
secret de Blocher, Bron fournit
quelques clés pour s’en rapprocher, l’air de rien. ANTOINE LE ROY
+
INFO
A voir tous les jours au cinéma Rex 2 de
Bienne.