Clapage en mer ou à terre ? La Rochelle : la vase polluée est à

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Clapage en mer ou à terre ? La Rochelle : la vase polluée est à
Clapage en mer ou à terre ?
Publié le 22 septembre 2016
La Rochelle : la vase polluée est à recycler
La drague continuera de rejeter en mer les sédiments autorisés. Tous les autres seront asséchés
à terre
Archives Pascal Couillaud
Un centre de valorisation des sédiments occupera 5
hectares à terre, en 2018. Il va y avoir une enquête
publique d’un mois à compter du 26 septembre
L‘installation d’un centre de valorisation des sédiments est envisagée sur le site de La
Repentie, dans l’enceinte du Grand Port maritime.
Le projet est porté par l’autorité portuaire de la Pallice, en lien avec les collectivités
concernées par le dragage des ports, chenaux, et le curage de bassins d’orage. Objectif :
installer une filière de recyclage des vases et boues trop polluées pour être rejetées au large.
Pour ces produits et eux seuls (lire par ailleurs), le traitement s’organisera à terre. En bout de
cycle de transformation sera disponible un remblai valorisable sur les chantiers de
terrassement, comme sous-couche de terre-pleins ou merlon antibruit.
Bientôt une enquête publique
Le Grand Port est prêt à engager un million d’euros pour construire le centre. Mais à la
condition, prévient en substance Bernard Plisson, son chargé de mission développement
durable, qu’il y ait la garantie de disposer de volumes suffisants à traiter. Cela suppose que le
port de commerce soit retenu par les collectivités dans le cadre d’appels d’offres qu’elles
prévoient d’engager (en principe à la fin de cette année) pour l’élimination de tels sédiments.
Quoi que donne cette consultation finale, la procédure d’autorisation, elle, suit son cours.
Dans l’idéal, elle débouchera sur un arrêté d’autorisation d’exploiter du préfet, puisque le
centre relève de la réglementation sur les installations classées. Le dossier sera donc soumis
un mois à l’enquête publique, à compter du 26 septembre prochain.
Dans le paysage rochelais, trois sites sont connus pour la mauvaise qualité de leurs sédiments.
De fait, ils ne sont pas dragués, faute de solution locale. Il s’agit des vases du bassin des
Chalutiers, notamment celles qui, aux abords du slipway, sont chargées de l’ivraie produite
autrefois par les opérations de maintenance des chalutiers. Ce sont aussi les vases du bassin à
flot de la Pallice, que le chantier naval et la réparation de navires de commerce, mais aussi les
activités militaires liées à la base sous-marine, ont chargées. Enfin, il y a les boues des bassins
d’orage de l’agglomération où finissent les eaux de ruissellement lors des fortes intempéries.
100 000 m³ à traiter
« Les normes pour le rejet de la vase en mer se resserrent. Le niveau à partir duquel un
sédiment est considéré comme pollué ou non s’abaisse d’année en année. Cela rend à juste
titre impossible les immersions de vases qui présentent des impacts chimiques, explique
Bernard Plisson. La création du centre de valorisation est aussi justifiée par la sensibilité
spécifique de notre littoral, avec ses cultures marines. »
Tous sites confondus, le volume de ces sédiments indésirables approche les 100 000 mètres
cubes, dont 30 000 dans le bassin à flot de la Pallice. Un chiffre à rapporter aux 200 000
mètres cubes dragués annuellement par le Grand Port pour préserver la qualité de ses accès
nautiques, ou aux 6,5 millions de mètres cubes dragués par le port de Bordeaux pour
entretenir le chenal d’accès de la Gironde.
La technique retenue pour le projet rochelais s’inspire d’un procédé déjà opérationnel à
Dunkerque. Les sédiments – transportés par camion ou envoyés depuis la drague par une
canalisation – seront déversés dans de grands bassins de décantation. Après égouttage et
trituration, ils atteignent le dessèchement recherché. Le matériau reçoit alors de la chaux ou
du ciment, selon la consistance recherchée. En parallèle, la qualité de l’eau récupérée lors de
ce cycle est testée. Elle suit aussi son propre parcours de purification avant d’être rejetée en
mer.
La capacité de l’installation est de 20 000 à 30 000 mètres cubes par an. En théorie, trois à
quatre ans seront nécessaires pour assécher les vases identifiées, sans parler d’autres marchés
potentiels. Si la procédure est fluide, le centre pourrait être opérationnel en 2018.
Quels polluants dans la vase ?
C’est au pied de la tour du Lavardin, entre l’entrée de la baie de La Rochelle et le phare de
Chauveau que sont rejetés en mer les sédiments dragués au port de commerce de La Rochelle
et dans le chenal d’accès au Vieux Port. Pour être ainsi « clapées » en mer, ces vases ne
doivent pas dépasser les seuils de polluants fixés par la réglementation, un cadre qui se
resserre toujours davantage », relève Bernard Plisson.
Deux familles de polluants sont recherchées dans les analyses. D’une part, les polluants
organiques, famille dans laquelle se trouvent les hydrocarbures, les hydrocarbures
aromatiques polycycliques (ils s’accumulent tout au long de la chaîne alimentaire), les
tributylétains (aujourd’hui interdits, ils entraient dans la composition des peintures de coques)
et les polychlorobiphényles (utilisés autrefois dans les transformateurs électriques).
La seconde famille de polluants, ce sont les métaux lourds, plomb, mercure, cuivre, cadmium.
Si le centre de valorisation est créé, le clapage restera la règle, et la valorisation à terre
l’exception recevable pour les vases les plus polluées. Le coût de valorisation à terre est de
100 € la tonne, contre 20 € la tonne clapée en mer. Si le Grand Port devait valoriser à terre
tous ses volumes dragués, il devrait dégager un budget de 20 millions par an. Soit quasiment
le niveau de son budget total annuel (25 millions).

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