Le Sahel face aux catastrophes naturelles

Transcription

Le Sahel face aux catastrophes naturelles
Comité permanent Inter-états de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel
25ème Journée du CILSS
Burkina Faso
Cap Vert
Gambie
Guinée Bissau
Mali
Mauritanie
Niger
Sénégal
Tchad
Note de présentation
www.cilss.bf
conception CILSS - UAM/CID
Le Sahel face
aux catastrophes
naturelles
12 Septembre 2010
Reflets
1. INTRODUCTION
Le CILSS a été créé le 12 septembre 1973 avec pour mandat de s’investir dans la recherche de la
sécurité alimentaire et la lutte contre les effets de la sécheresse et de la désertification pour un nouvel
équilibre écologique au Sahel. Pour rappeler cet important évènement, chaque année, à l’occasion du
12 septembre, le CILSS célèbre l’anniversaire de sa création. A cet effet, il est retenu un thème
pertinent, en rapport avec le mandat du CILSS, les principales préoccupations des Etats membres et
l’actualité dans le monde ou dans la sous-région sahélienne.
La présente note a pour but de présenter le thème choisi et la démarche qui sera suivie pour célébrer
le prochain anniversaire de la création du CILSS, le 12 septembre 2010. Elle aborde successivement
la description du contexte, la justification du choix du thème de la 25ème journée du CILSS, les
objectifs visés, les activités et le coût de la célébration de cette journée.
2. CONTEXTE
2.1.
Problématique de l’insécurité alimentaire
Durant la période récente, le Sahel a encore subi des crises alimentaires récurrentes ou des
catastrophes naturelles, notamment des épisodes de sécheresse, des inondations, etc., ayant
entraîné des pertes en vies humaines. Ces crises ont été de grande ampleur ou localisées dans
certaines zones, tandis que dans d’autres zones du même pays, des producteurs ont pu se retrouver
avec des excédents.
En règle générale, c’est le recours des pays à l’aide internationale d’urgence qui a permis d’amoindrir
les impacts, dans la zone affectée, de la crise alimentaire résultant des désastres. La récurrence, la
fréquence et le caractère ad hoc de tels appels à l’aide sont à l’évidence, l’illustration d’un manque de
préparation et de stratégies efficaces de prévention et de gestion des crises alimentaires résultant de
désastres.
En outre, l’appel à l’urgence et la gestion de l’aide sur une base nationale reflètent l’absence de
stratégies tendant à tirer profit, de manière efficiente, des complémentarités et des synergies
potentielles que pourrait offrir un cadre d’intégration régionale ou sous-régionale. De ce point de vue,
les pays les plus exposés ont mis en place des structures telles que les SAP, SIM, EPA, CNSA, etc.,
dont les mandats incluent -quand elles ne s’y limitent pas, des responsabilités en matière de
prévention et de gestion de crise alimentaire. Ces pays ont également adhéré au dispositif régional de
veille sur la sécurité alimentaire animé par le CILSS.
Pour autant les risques de crise sont loin d’être écartés. D’autant plus que cette absence de crise de
grande envergure, à l’image de celle des années 70, incite implicitement à relâcher l’attention. On
constate souvent des difficultés à défendre l’inscription budgétaire des coûts liés au fonctionnement
des systèmes d’information mis en place pour donner à temps l’alerte ainsi que des difficultés à
mobiliser les ressources alimentaires. De plus, on assiste à l’apparition de nouveaux vecteurs de
risques dans la région sahélienne : le changement climatique, les crises politiques et la pullulation des
ennemis de cultures. Dans ce contexte, il est essentiel de remobiliser en permanence l’attention des
décideurs (acteurs politiques, partenaires au développement, société civile, etc.).
2.2.
La prévention et la gestion des crises alimentaires et autres
catastrophes naturelles
Depuis les années 1990, on assiste à une forte augmentation des catastrophes naturelles d'origine
climatique dans le monde (inondations, orages tropicaux, sécheresses) notamment dans les pays du
Sud. Plus de 200 millions de personnes par an ont été touchées par des fléaux naturels ou des
accidents technologiques depuis 1990 et plus de 60 000 personnes ont été tuées chaque année selon
la Croix-Rouge qui rappelle cependant que «les catastrophes naturelles ne sont pas les plus
meurtrières, en 2003, le VIH/sida a tué 2,2 millions de personnes en Afrique subsaharienne».
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Confrontées à cette nouvelle donne, les Nations unies ont renforcé les actions de prévention au plan
international et mis en place des instruments internationaux destinés à protéger les populations et
l'environnement.
La préparation ou prévision des risques liés aux catastrophes naturelles est synonyme d’un état
d’alerte ou de mesures permettant aux acteurs (Gouvernements, sociétés civiles, partenaires au
développement) de répondre sans délai aux situations d’urgence. Elle associe les observations
satellitaires à travers le climat, l’hydrologie, etc., les Systèmes d’Alerte précoce (SAP), les Systèmes
d’Information sur les marchés, les évaluations des risques et de la vulnérabilité, la planification des
interventions d’urgence, la planification des capacités et la sensibilisation aux risques.
Ces dispositifs mis en place, avec l’appui des partenaires reposent sur trois composantes
complémentaires. La première intègre l’ensemble des systèmes d’information. La deuxième
composante a trait aux mécanismes de dialogue, de concertation et de coordination. La dernière
composante porte sur le dispositif d’intervention et intègre les différents instruments qui permettent
d’atténuer les crises ou d’y apporter des réponses. Pour ce qui est des sécheresses, le CILSS suit le
niveau des cours d’eau, la hauteur de la pluviométrie et fait la cartographie de la vulnérabilité (par
exemple l’utilisation des terres ou pratiques inappropriées) à travers le suivi de la campagne agricole
et l’Enquête permanente agricole.
Concernant la prévention des crises, les espaces de concertation nationaux (groupe de travail
pluridisciplinaire, conseil national de sécurité alimentaire) et régionaux (dispositif prévention et gestion
des crises alimentaires) mis en place par le CILSS permettent de confronter les diagnostics et
d’intervenir auprès des populations, souvent avant le déclenchement d’une crise.
En matière de gestion à long terme des crises alimentaires et de construction d’une véritable sécurité
alimentaire durable au Sahel, le CILSS a pris le leadership en faisant adopter en décembre 2000 à
Bamako (Mali) par les Chefs d‘Etat et de Gouvernement de ses pays membres, un Cadre Stratégique
de Sécurité Alimentaire durable dans une perspective de lutte contre la pauvreté. Le CILSS, semble
avoir réussi à établir et à mettre en œuvre des stratégies relativement efficaces en matière de
prévision et de prévention des crises alimentaire à en juger par l’amélioration apparente de leur mode
de gestion résultant des sécheresses enregistrées depuis la moitié des années 80’.
En effet, les échecs de campagnes agricoles liés à des désastres (absence de pluies, inondation,…)
se produisent dans toutes les régions du monde, y compris les plus développées et les plus avancées
sur le plan technologique. Il est, par conséquent, nécessaire d’aider les pays concernés à évoluer, audelà de la gestion des urgences vers des stratégies plus structurelles et durables dans leurs luttes
contre les crises alimentaires résultant des désastres récurrents.
3. JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
Pour célébrer la date anniversaire de la création du CILSS le 12 septembre prochain, il est proposé de
mettre l’accent sur la prévention et la gestion des impacts des catastrophes naturelles. Ainsi, le thème
de la 25ème journée du CILSS s’intitule : « Le Sahel face aux catastrophes naturelles».
Prévenir et réduire les risques naturels : un enjeu régional et international : Selon Salvano Briceno,
directeur de la Stratégie internationale des Nations unies pour la réduction des catastrophes, «un des
enseignements de la Décennie internationale pour la prévention des catastrophes qui s'est achevée
en 2000, est qu'il faut abandonner le terme de "naturel". En effet les catastrophes ne sont pas
naturelles : il y a une cause naturelle qu'on ne peut empêcher, mais c'est la vulnérabilité sociale et
humaine qui transforme un phénomène naturel en catastrophe.
La prévention des catastrophes naturelles a pour objet de réduire la vulnérabilité des sociétés aux
catastrophes et de remédier aux causes dues à l'activité humaine. L'alerte rapide est particulièrement
importante pour la prévention à brève échéance, et le CILSS et ses partenaires s'emploient à étoffer
leurs capacités dans ce domaine, de la prévention des famines à l'observation des cyclones tropicaux
et de la sécheresse. Les principales catastrophes naturelles au Sahel et en Afrique de l’ouest sont
d'origine climatique mais également biologiques.
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Au cours des quinze dernières années, l’Afrique de l’Ouest a connu des calamités naturelles
occasionnées par des phénomènes climatiques exceptionnelles (inondations, sécheresse, tempête de
sable), la recrudescence du criquet pèlerin, l’émergence et la propagation de nouveaux ennemis des
cultures et de nouvelles maladies animales (grippe aviaire) transfrontalières. Ces évènements
climatiques exceptionnels et fléaux naturels ont eu des répercussions néfastes sur la sécurité
alimentaire et nutritionnelle des populations, ce qui illustre parfaitement la faiblesse de la sous région
dans la prévention de ces catastrophes.
Le CILSS joue un rôle important dans la coordination et la concertation au sein des Etats et au niveau
régional entre les acteurs régionaux (FAO, FEWS NET, PAM, etc.), dans la mobilisation de la
communauté internationale, dans la gestion de programmes régionaux de prévention et gestion des
crises alimentaires et autres catastrophes naturelles, en particulier dans le domaine de l’alerte
précoce et de l’information.
Des activités de prévision climatique et hydrologique sont également menées dans la région à travers
l’initiative Prévision saisonnière pluviométrique et hydrologique en Afrique de l’Ouest (PRESAO),
l’Analyse Multidimensionnelle de la Mousson Africaine (AMMA), le fonds de solidarité prioritaire
RIPIECSA (Recherche interdisciplinaire et participative sur les interactions entre les écosystèmes, le
climat et les sociétés d’Afrique de l’Ouest). Ces prévisions permettent d’informer sur les risques de
calamités pluviométriques et hydrologiques pour des prises de décision. Les différents outils pour ces
prévisions doivent être affinés pour plus de précision et les résultats fournis. Dans les pays, les plans
de contingence ou d'urgence et plans ORSEC sont des dispositifs prévoyant l'organisation des
secours en urgence en cas de catastrophes ou d'événements de grande ampleur ou à risque majeur
mettant en péril la sécurité alimentaire et nutritionnelle des personnes ou l'intégrité des biens et
services dans la région. En cas de calamités, ce plan d’organisation des secours vise à définir une
procédure d’amélioration des taux de vulnérabilité chez les populations affectées tout en permettant à
la fois d’identifier les risques potentiels et de décrire leurs effets sur les conditions de sécurité
alimentaire dans les pays.
Dans les pays, les plans de contingence ou d'urgence et plans ORSEC sont des dispositifs prévoyant
l'organisation des secours en urgence en cas de catastrophes ou d'événements de grande ampleur ou
à risque majeur mettant en péril la sécurité alimentaire et nutritionnelle des personnes ou l'intégrité
des biens et services dans la région. En cas de calamités, ce plan d’organisation des secours vise à
définir une procédure d’amélioration des taux de vulnérabilité chez les populations affectées tout en
permettant à la fois d’identifier les risques potentiels et de décrire leurs effets sur les conditions de
sécurité alimentaire dans les pays.
Il s’agit de sensibiliser les décideurs autour de la thématique citée plus haut et de mobiliser les acteurs
pour une gestion durable de la sécurité alimentaire.
4. OBJECTIF VISES
L’organisation de cette 25ème journée du CILSS vise des objectifs suivants :
4.1.
A court terme
A court terme il s’agira
De sensibiliser les décideurs politiques sur l’importance à accorder au processus de
prévention et de gestion des crises alimentaires et autres catastrophes naturelles aux niveaux
national et régional ;
De démontrer et convaincre tous les acteurs de développement dans les pays et au niveau
régional sur le fait que la bonne maîtrise des situations de crise et/ou la baisse continue et
remarquable de l’ampleur des crises alimentaires localisées vécues dans la sous région sont
essentiellement dues au bon fonctionnement des dispositifs de veille nationaux et régional de
sécurité alimentaire mis en place et animés par le CILSS et ses partenaires (FAO, FEWS
NET, PAM, … ;
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De sensibiliser les décideurs politiques, la société civile et la communauté internationale sur
l’intérêt de soutenir davantage techniquement et financièrement le Programme de prévention
et de gestion des crises alimentaires et autres catastrophes naturelles dans la région.
4.2.
A moyen et long terme
A moyen et long terme, la célébration de la 25ème journée du CILSS vise à :

Obtenir des Etats membres qu’ils investissent davantage dans le développement et
l’application des outils de prévention et des instruments de gestion des crises alimentaires ;

Faire comprendre aux organisations intergouvernementales d’intégration (CEDEAO et
UEMOA, notamment) et la communauté internationale que la meilleure réponse à court terme
pour prévenir gérer les crises alimentaires est de pouvoir mieux appréhender les différentes
situations d’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité des populations, de diversifier les
réponses aux situations de crise et de mieux intégrer les interventions conjoncturelles avec
les stratégies de long terme. Ce qui passe nécessairement entre autres par le renforcement
des systèmes d’alerte précoce et le développement de systèmes de gestion des crises.

Convaincre les Etats membres de confier au CILSS le mandat pour la certification de la
qualité et de la fiabilité des statistiques agricoles que ces Etats produisent.
5. ACTIVITES PREVUES
Les activités prévues seront de deux types :

Exposés et débats sur la problématique de la prévention et la gestion des crises alimentaires
et autres catastrophes naturelles au Sahel et en Afrique de l’Ouest ;

Diffusion à travers la télévision, la radio et la presse écrite du discours du Président en
exercice centré sur le thème de la Journée ;

Diffusion de dépliants et d’affiches sur le thème de la journée.

A l’occasion, des affiches et dépliants seront produits et ventilés dans tous les Etats membres
pour permettre une meilleure compréhension du thème par toutes les couches de la
population et une plus grande sensibilisation des acteurs du développement.
6. CONCLUSION
La problématique de gestion de l'information sur la sécurité alimentaire a fait de grands progrès
depuis vingt ans au Sahel. On connaît de manière plus précoce la situation des récoltes dans chacun
des pays du Sahel, grâce à l'imagerie satellitaire, le suivi des cultures et les enquêtes agricoles. Dans
plusieurs pays, on dispose d'un suivi plus fin des zones à risques. A travers des dispositifs de
coordination, l’information produite est mieux reliée à la décision. La capacité de réponse aux
situations d’urgence est également meilleure. Les stocks nationaux de sécurité existent dans la
plupart des pays avec le plus souvent une gestion paritaire. Les donateurs ont aussi évolué dans leurs
politiques d'aide alimentaire : la tendance aux achats locaux et aux opérations triangulaires se
poursuit malgré les difficultés de mise en œuvre. En cas de déficit de grande ampleur, la situation
pourrait être délicate dans les pays qui ne possèdent pas de plan de secours d'urgence, mais les
donateurs assurent que la coordination informelle permettrait de pallier cette carence.
On peut donc affirmer que l'on dispose aujourd'hui, dans la plupart des pays du CILSS, des outils pour
prévoir des crises graves, voire pour s'en prémunir. Au-delà de ces cas extrêmes, les instruments mis
en place devraient permettre d'amortir dans une certaine mesure les effets des instabilités inhérentes
aux systèmes alimentaires sahéliens.
Enfin, malgré les progrès réalisés dans la prévention, il ne faut pas négliger le risque qu'une crise
alimentaire grave survienne à cause de la faiblesse, voire de la déficience, du lien entre information et
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prise de décision, autrement dit, le risque qu'aucune réponse ne suive l'alerte ou alors trop
tardivement. Ce risque est d'autant plus fort que les grandes crises alimentaires de ces dernières
années en Afrique sont dues avant tout à des catastrophes naturelles et à des crises politiques.
En conclusion, on retiendra que le système de prévention et de gestion des crises alimentaires mis en
place durant ces quinze dernières années au Sahel est aujourd'hui en mesure d'éviter que de graves
crises alimentaires se produisent.
Trois conditions sont cependant nécessaires pour que cette capacité soit effective :



réunir la volonté politique, les moyens techniques et les ressources budgétaires pour assurer
la viabilité du dispositif ;
veiller à ce que les dispositif de veille s'adaptent en permanence à l'évolution des risques ;
sensibiliser les responsables politiques pour que la réponse soit la plus cohérente possible
avec la nature du risque énoncé.
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