CNRS : La proportion de femmes n`a pas bougé

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CNRS : La proportion de femmes n`a pas bougé
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Mercredi 30 novembre 2005 14h14
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Semaine du jeudi 17 novembre 2005 - n°2141 - Entreprendre
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NOVEMBRE
2005
CNRS : La proportion de femmes n'a pas bougé depuis soixante ans
semaine semaine
1
2
Recherche : l'offense faite aux femmes
semaine semaine
3
4
Le sexisme frappe aussi dans les labos. La parité y est en recul. Et quand
une chercheuse tente de la défendre, le ministre de la Recherche répond
par des propos machistes
Imaginons qu'une grande figure de la lutte antiraciste, exaspérée par des
nominations à des postes importants toujours monocolores et par un
projet de loi oublieux de la lutte contre les discriminations, imaginons que
cet intellectuel unanimement respecté interpelle le ministre concerné. Et
imaginons que celui-ci lui réponde à peu près ceci : « Il n'y a pas de
discrimination. Ce monsieur crie parce qu'il se serait bien vu à un poste
de direction. La question est de savoir s'il est le mieux désigné. S'il faut
Débats
Blogs
vraiment un Arabe ou un Noir de service, je peux aussi nommer mon
Revues de
garde du corps, si ça peut vous faire plaisir ! »Tollé, indignation,
presse
polémique, tempête ministérielle et gros titres. On devine les légitimes
Commentaires
réactions en chaîne que provoquerait ce scénario fiction.
Forums en
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Pourtant, sans que grand monde s'en soit ému jusqu'ici, François
Dossiers
Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche,
Espace
a bel et bien tenu un discours comparable. Dans sa ligne de mire,
abonnés
Elisabeth Dubois-Violette, physicienne internationalement reconnue,
ex-directrice du conseil scientifique du CNRS, directeur de recherche de
Spécial
cadeaux
classe exceptionnelle - un grade auquel quatorze femmes seulement
Quotidien
sont aujourd'hui parvenues. Motif : elle avait eu l'audace de s'émouvoir
Auto
de la quasi-disparition des femmes aux postes importants dans les
Mode &
Beauté
instances de la Recherche depuis quelques mois. « Le problème vient de
Immobilier
ce que cette dame se serait bien vue à un poste de direction, a déclaré
Prix du m2
François Goulard au journaliste Patrick Roger, qui l'a rapporté dans «le
Prix du locatif
Monde» du 22 octobre. La question est de savoir si elle était la plus
Annonces
Achat
désignée pour ce poste. » Puis, montrant sa collaboratrice : «
spectacles
Maintenant, si ça peut vous faire plaisir, je peux nommer mon assistante.
Shopping
» Marie Curie a dû se retourner dans sa tombe ! Depuis, François
DVD Obs
High-Tech
Goulard n'a pas démenti ses propos. Pas plus qu'il n'a adressé la
moindre excuse à Elisabeth Dubois-Violette.
Emploi
« On est toujours venu me
Formation
chercher, je n'ai jamais
Enseignement
demandé aucun poste »,
Santé Nutrition
assure la physicienne. Elle
poursuit : « Je me sens salie
Tour du monde
dans mon honneur, dans mon
Arts&Spectacles
Séances Cinéma éthique personnelle. Cette
Livres
histoire a donné de moi, un
Rencontres
peu partout, une fausse image
d'arriviste, qui m'insupporte. »
Newsletters
Malgré la violence du propos
du ministre, pourtant, sa belle
profession de foi sexiste n'a
guère défrayé la chronique.
Quelques brefs échos dans la
presse, quelques lettres de soutien à la physicienne adressées au
ministre, comme celle de la Société française de Physique : « La stature
scientifique de notre collègue, qui n'a brigué aucun poste de direction, a
Aux
pourtant été largement reconnue par la communauté internationale. » Ou
magazines
Aux guides
encore, celle du conseil scientifique du CNRS : « Vous avez mis en doute
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Volcanisme au
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L'histoire du
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très toxique pour
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de manière gratuite, erronée et choquante les motivations d'Elisabeth
Dubois-Violette . »
Peu d'émotion donc, excepté, bien sûr, chez les militantes des
associations défendant la cause des femmes dans la recherche. Coups
de fil, échanges de mails, la déclaration du ministre a enflammé ces
bénévoles discrètes qui oeuvrent dans l'ombre avec patience et ténacité.
Ce sont souvent des scientifiques de renom, habituées à un langage plus
policé et à bien d'autres égards. Elles ont pris la gifle en pleine face. «
J'étais sur l'autoroute en direction de Paris, avec dans le coffre les
panneaux d'une exposition de sensibilisation des jeunes intitulée
Physique de femmes, quand mon assistante m'a lu la déclaration du
ministre. Je suis restée scotchée ! Au début, j'ai cru à un canular, je ne
pouvais pas y croire », raconte ainsi Geneviève Hatet-Najar, l'énergique
directrice de la mission pour la place des femmes au CNRS. Véronique
Chauveau, professeur de mathématiques et présidente de l'association
Femmes et Mathématiques, se trouvait, elle, au CNRS justement en
compagnie de deux classes de terminale à qui Bernard Larrouturou,
directeur général, venait de réaffirmer... l'importance des femmes dans la
recherche. « C'est tellement humiliant, tous les coups sont permis ! »
Après deux semaines d'un silence glacial, le ministre a fini par recevoir
Elisabeth Dubois-Violette, mais pour lui expliquer qu'il ne reviendrait pas
sur ses propos. Et le 2 novembre, il a rendu public un discret
communiqué annonçant la création d'une énième commission chargée
de faire progresser la place des femmes et réaffirmant l'objectif de la
parité dans la recherche. En fait de parité, il y a du pain sur la planche.
Ainsi, en un demi-siècle, le pourcentage de femmes au CNRS est resté
inchangé : « Au lendemain de la guerre, il y avait 30% de femmes parmi
l'ensemble des chercheurs au CNRS,explique Colette Guillopé,
présidente de l'association Femmes et Sciences, et ce chiffre n'a toujours
pas bougé . »
En haut de la hiérarchie du CNRS - comme dans le privé - les femmes se
font plus rares encore : elles ne sont plus que 11% parmi les directeurs
de recherche. A l'université, ce n'est guère mieux : 17% de femmes
seulement au grade de professeur. En 2001, lors du sommet européen
d'Helsinki, il y avait pourtant eu un « grand soir ». L'Union européenne
avait annoncé que la recherche devait devenir la priorité des priorités.
Elle voulait augmenter de façon spectaculaire le nombre de chercheurs
et, par là même, de chercheuses. « Nous souffrons d'un grave déficit de
vocations scientifiques, en particulier chez les jeunes femmes », rappelle
à ce propos Colette Guillopé.
La cause semblait alors entendue, à droite comme à gauche, sur un sujet
aussi crucial, puisque, on ne le répètera jamais assez, la santé de notre
future économie se joue sur la recherche et sur ses avancées
d'aujourd'hui. Dans la foulée, deux missions pour la parité étaient mises
sur pied, au ministère de la Recherche et au CNRS. L'an passé encore,
la loi Fillon a réaffirmé la nécessité de former davantage de jeunes
chercheuses. Depuis, non seulement les chiffres ne bougent pas mais la
situation empire : « Dans la nouvelle Agence nationale pour la
Recherche, qui sera chargée de répartir les fonds alloués aux
chercheurs, on ne trouve que deux femmes, à la communication »,
constate, par exemple, Véronique Chauveau.
Et dans toutes les nominations récentes à des postes importants,
notamment dans un CNRS en pleine réforme, aucune femme ou
presque. Des directeurs régionaux aux attachés scientifiques en passant
par les responsables de missions, elles sont toujours « oubliées ».
Pourtant le vivier de femmes compétentes existe bel et bien. Le ministre
lui-même a fini par le reconnaître. Aussi, quand paraît la liste officielle du
nouveau conseil d'administration du CNRS, toujours sans une seule
femme nommée, la coupe est pleine pour les militantes de cette cause force est de constater qu'on ne trouve ici que des femmes... Marie-Jo
Zimmermann, rapporteure générale de l'Observatoire de la Parité et
députée UMP de la Moselle, interpelle le gouvernement. Françoise de
Panafieu en fait autant à l'Assemblée nationale. Elisabeth Dubois-Violette
lance, quant à elle, une pétition et s'exprime sur Europe 1, dans
l'émission de Jean-Pierre Elkabach. C'est cette intervention qui aurait
indisposé François Goulard, mécontent de voir étaler sur la place
publique le décalage entre les pieuses déclarations d'intention du
ministère et la réalité.
Véronique Chauveau réalise aujourd'hui qu'elle aurait pu sentir venir ce
vent mauvais. « J'étais au Luxembourg en train de faire une animation
nerveux et le
sang
Des souris
sans peur
Paludisme,
piqûres et
transmission
Le Professeur
Hwang présente
ses excuses
Une
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Une nouvelle
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Alerte sur les
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PSYCHO
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peur de tout!"
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Souple dans ses
bottes
Montres :
caprices du
temps
BEAUTE
Changez de tête,
changez de
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auprès de jeunes à l'occasion de la Fête de la Science et le ministre est
passé sur notre stand. » François Goulard, raconte-t-elle, questionne
quelques élèves sur leur goût pour les mathématiques, sourit aux
photographes, le ton est bon enfant. « Mais je m'étais promis de ne pas
le laisser partir sans lui parler du projet de loi sur la recherche, qui ne fait
aucune mention de l'objectif de parité. Je l'ai donc interpellé à ce propos.
» Le ministre lui a répondu : « Madame, laissez donc les spécialistes des
sciences juridiques s'occuper des textes de loi. »
Véronique Radier
De l'avantage d'être un homme...
L'association Femmes et Mathématiques a calculé « l'avantage
masculin » dans la recherche scientifique. Cet indicateur quantifie la
difficulté de promotion des femmes par rapport aux hommes. Ainsi, au
CNRS, un homme a 1,6 fois plus de chance qu'une femme de monter
dans la hiérarchie. A l'université, en sciences humaines, ce chiffre atteint
1,9. En chimie, il monte à 2,9 et, en biologie, il culmine à 3,8.
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