La zone franc CFA confrontée à la problématique de son
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La zone franc CFA confrontée à la problématique de son
La zone franc CFA confrontée à la problématique de son développement Stéphane Alby es pays émergents vont mieux. L’essor du commerce mondial et des flux financiers internationaux a bénéficié à de nombreux pays, dont une partie de l’Afrique subsaharienne a su tirer son épingle du jeu. C’est à la lueur de ce constat que nous nous interrogeons sur les performances des pays de la zone franc CFA qui sont apparues en retrait ces dernières années. La zone franc CFA est divisée en deux sous-régions, chacune de structure assez homogène. Les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine(1) (UEMOA) sont agricoles et majoritairement exportateurs de produits de base (coton, café ou cacao). Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale(2) (CEMAC) sont exportateurs de pétrole, à l’exception de la République centrafricaine. La spécialisation des pays de la zone franc dans l’exportation de matières premières non transformées demeure une caractéristique commune de ces économies. En conséquence, les fluctuations des cours internationaux des matières premières façonnent les performances macroéconomiques de ces deux sous-régions. La dévaluation de 1994 a, pendant quelques années, permis d’accélérer la croissance de la zone franc. Néanmoins, le ralentissement de l’activité au tournant de la décennie a mis en exergue la persistance de handicaps structurels. Les économies de l’UEMOA ont pâti de la morosité des cours internationaux des principales exportations, alors que l’alourdissement de la facture pétrolière a entraîné des tensions au plan macroéconomique. Bien qu’affichant des performances meilleures, les économies de la CEMAC n’ont pas encore su tirer pleinement profit des bénéfices de l’envolée des prix du baril pour redynamiser l’activité hors pétrole. L Octobre 2007 Face aux difficultés actuelles, l’appréciation du franc CFA par rapport au dollar, en raison de son arrimage à l’euro, constituerait un frein au développement économique de la région. Pour autant, les effets d’une nouvelle dévaluation restent incertains en raison notamment d’un contexte international dégradé. Et surtout, une telle alternative ne permettrait pas de faire face aux difficultés structurelles de la zone. Panorama macroéconomique depuis la dévaluation de 1994 : des performances divergentes entre l’UEMOA et la CEMAC En entraînant un redressement significatif de la situation macroéconomique des pays de la zone franc, les effets de la dévaluation de 1994 ont été conformes aux attentes, du moins dans un premier temps. Car, au tournant de la décennie, l’activité s’est ralentie. De plus, les performances au sein de la zone ont divergé en raison des effets dissymétriques de la hausse des cours du pétrole. 1994-1998 : reprise rapide de la croissance et restauration des équilibres macroéconomiques Face à la montée de graves déséquilibres depuis 1985 et à l’échec des tentatives d’ajustement réel, les chefs d’Etat des pays de la zone franc ont décidé, le 11 janvier 1994, de dévaluer le F CFA de 50%. L’électrochoc a été immédiat et l’activité s’est redressée significativement. Sur les quatre années post-dévaluation, Conjoncture 17 q p / / g la croissance de la zone a atteint 5% l’an en moyenne, soit deux points de plus que celle de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. La reprise de l’activité s’est effectuée dans un contexte inflationniste rapidement maîtrisé (cf. graphique 1), permettant aux pays de la zone franc de conserver une partie des gains de compétitivité engendrés par la dévaluation. De plus, tous les pays ont bénéficié de mesures d’accompagnement pour lisser les conséquences de la dévaluation sur les équilibres macroéconomiques. La France a annulé la totalité des dettes liées à l’aide publique au développement pour les pays les plus pauvres et de moitié les dettes de même nature pour les pays à revenu intermédiaire. Parallèlement, le FMI a accordé des facilités d’ajustement structurel renforcé (FASR) à tous les pays, ce qui leur a permis de bénéficier d’accords de restructuration de dette auprès du Club de Paris. Le redressement de la situation macroéconomique a été néanmoins plus marqué pour les pays de l’UEMOA qui ont bénéficié également au cours de cette période de la remontée des cours des principales matières premières exportées (coton, cacao, café…). Le taux de croissance annuel du PIB s’est établi à 6% entre 1994 et 1998. La balance commerciale est redevenue excédentaire sous l’effet de la forte croissance des exportations, entraînant la résorption des déficits des comptes extérieurs courants (cf. tableau 1). Par ailleurs, sous l’égide du FMI, les gouvernements se sont engagés dans des politiques d’assainissement budgétaire qui se sont traduites par une maîtrise accrue des dépenses salariales. L’ajustement par la dépense a ainsi permis d’augmenter les investissements publics tout en diminuant les déficits budgétaires. En revanche, avec une progression du PIB de 4% l’an, la reprise a été modérée dans la zone CEMAC. Les pays exportateurs de pétrole ont subi, en effet, de fortes dégradations des termes de l’échange, notamment en 1998, en raison de la baisse des cours du brut. Le contexte international n’a donc pas permis de bénéficier pleinement des effets de la dévaluation, et les comptes extérieurs sont restés relativement dégradés. Néanmoins, comme dans les pays de l’UEMOA, des mesures ont été prises pour consolider les finances publiques. Le déficit budgétaire s’est contracté, mais la progression des investissements publics y a été moins franche. Octobre 2007 Evolution du taux d'inflation 30 25 UEMOA CEMAC 20 15 10 5 0 -5 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06e Graphique 1 Sources : Banque de France, FMI Equilibres macroéconomiques (% du PIB) 1990-93 1994-98 CEMAC Taux de croissance -0,8 3,9 Balance budgétaire -8,7 -4,3 Balance extérieure courante -3,9 -4,7 UEMOA Taux de croissance 1,3 6,0 Balance budgétaire -8,7 -5,3 Balance extérieure courante -6,0 -2,8 Tableau 1 Sources : Banque de France, BCEAO, BEAC 1999-2006 : résurgence des chocs extérieurs pour l’UEMOA, embellie pour la CEMAC Les effets favorables de la dévaluation se sont rapidement estompés. La croissance des pays de la zone franc a fléchi fortement au tournant de la décennie (+3,5% l’an entre 1999 et 2006). Si la succession de chocs pour les économies de l’UEMOA a expliqué une grande partie de ce ralentissement, les contreperformances de la zone ont également traduit les difficultés des pays de la CEMAC à faire face au tarissement de la production pétrolière. Paradoxalement, la diminution des taux de croissance de cet ensemble a coïncidé avec l’envolée des cours du pétrole dont les revenus ont permis une amélioration de la solvabilité, au contraire de l’UEMOA. Le début de la décennie a été marqué par un net ralentissement de l’activité dans les pays de l’UEMOA. Conjoncture 18 De 6% en moyenne sur les quatre années postdévaluation, le taux de croissance annuel moyen de la zone s’est établi à 2,5% entre 1999 et 2006. D’une part, la sous-région a été touchée par le conflit ivoirien dont l’économie représentait plus de 40% du PIB régional. Mécaniquement, la période de récession qui a accompagné les troubles politiques a tiré vers le bas les performances de l’ensemble de la région. D’autre part, les économies ont été affectées par un environnement extérieur défavorable dû à la diminution des cours des principales matières premières exportées. Depuis 2004, le choc a été aggravé par l’envolée des cours du pétrole. Sur les trois dernières années, les termes de l’échange se sont dégradés de 13%, et l’impact récessif a été relativement sévère (cf. graphique 2). Selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO)(3), l’alourdissement de la facture pétrolière aurait entraîné des pertes de croissance cumulées estimées à 1,3 point de pourcentage sur cette période. Pourtant, les programmes d’annulation de dette se sont intensifiés ces dernières années. En 1999, la communauté internationale a décidé d’accélérer le désendettement des pays pauvres à travers le processus PPTE(4). Celui-ci a été complété en 2006 par une autre initiative, l’IADM, qui vise à effacer la dette des pays “PPTE” due au FMI, à l’Agence internationale de Développement (guichet concessionnel de la Banque mondiale) et au Fonds africain de Développement (guichet concessionnel de la Banque africaine de Développement). Durant cette période, cinq pays de la zone en ont bénéficié(5), ce qui a permis de ramener le stock de dette publique extérieure de 80% du PIB en 1998 à 45% en 2006. Parallèlement, les intérêts de la dette n’absorbaient plus que 7% des recettes fiscales en 2006 contre 17% en 1998. Le fort soutien de la communauté internationale tout au long de la période s’est traduit par la consolidation de la liquidité extérieure. A la fin de 2006, les réserves de changes couvraient 4,5 mois d’importations de biens et de services, soit un niveau supérieur à la norme internationale standard de 3 mois. Cette progression a masqué néanmoins un ralentissement de l’accumulation des réserves de changes au cours des trois dernières années. L’alourdissement de la facture pétrolière, combiné à la morosité des cours internationaux des principales matières premières exportées, a, en effet, pesé sur l’évolution de la balance commerciale, dont le solde est redevenu négatif depuis Octobre 2007 Taux de Croissance de l'UEMOA 7 UEMOA Pays africains importateurs de pétrole Afrique subsaharienne 6 5 4 3 2 1 0 1997-2001 2002 2003 2004 2005 Graphique 2 2006e Source : FMI Evolution du solde budgétaire de l'UEMOA (% du PIB) 0 -1 -2 -3 -4 -5 Solde budgétaire Solde budgétaire, hors dons -6 -7 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 Graphique 3 Sources : Banque de France, BCEAO 2005. En conséquence, le déficit de la balance extérieure courante est resté élevé, à hauteur de 5% du PIB, et ce malgré l’afflux massif de transferts privés et officiels. En outre, la situation des finances publiques s’est progressivement détériorée. Dans un premier temps, le déficit budgétaire, hors dons, est resté contenu à hauteur de 4% du PIB grâce aux économies réalisées sur le paiement de la charge de la dette et un jeu d’arbitrage sur les investissements publics. L’effort observé pendant les premiers plans d’ajustement a été partiellement relâché, ce qui s’est traduit par une diminution de la part des investissements dans les dépenses totales. Mais, depuis 2004, le déficit n’a cessé d’augmenter en raison de l’explosion des dépenses de transfert accordées au secteur énergétique(6) et des subventions auprès des filières en difficulté. En 2006, il était équivalent à 6% du PIB, soit 2 points de plus qu’en 2003 (cf. graphique 3). Conjoncture 19 q p / / g En revanche, la conjoncture a été plus favorable pour les pays de la CEMAC. La normalisation du climat politique en République du Congo et la croissance de la production pétrolière en Guinée équatoriale et Tchad) se sont traduites par une activité économique légèrement plus soutenue, à hauteur de 4,5% l’an entre 1999 et 2006. Néanmoins, la reprise masque de fortes fluctuations de taux de croissance au cours de cette période et surtout un ralentissement depuis 2005 (cf. graphique 4). Ainsi, avec une progression du PIB de 3,3% en 2006, la CEMAC se situe en retrait par rapport au reste de l’Afrique subsaharienne (+6,4%) et de la moyenne des pays pétroliers africains (+5,6%). Si cette contre-performance est essentiellement imputable à celle de la production pétrolière (ralentissement en 2005 et contraction en 2006), la baisse du taux de croissance a également souligné les difficultés des autres secteurs à émerger. En effet, la croissance du PIB hors hydrocarbures a plafonné à hauteur de 4,5% en 2005 et 2006, malgré l’intensification des programmes d’investissement public. Néanmoins, grâce à l’envolée des cours du pétrole, les recettes totales d’exportations ont quasiment doublé sur les trois dernières années. Le solde du compte courant de la CEMAC est redevenu excédentaire depuis 2005 alors qu’il accusait encore un déficit de 6% du PIB en 2003 (cf. graphique 5). En conséquence, le montant des réserves de changes a augmenté significativement et couvrait 6 mois d’importations de biens et de services en 2006 contre 1,8 en 2003. Par ailleurs, l’embellie des cours de pétrole a facilité la poursuite de l’assainissement des finances publiques. Le solde budgétaire de la zone, légèrement positif au tournant de la décennie, a dégagé un excédent supérieur à 10% du PIB en 2006. La manne pétrolière a également permis d’accélérer les programmes d’investissement public et de favoriser la politique de désendettement dans de nombreux pays. En 2006, le montant de la dette publique ne représentait plus que 45% du PIB contre 85% en 2000. La diminution de l’endettement a également reflété le rapprochement avec les bailleurs de fonds internationaux. Le Cameroun a ainsi pu bénéficier de réductions de dette dans le cadre de l’initiative PPTE, alors que le Club de Paris a accordé des traitements de Octobre 2007 Taux de croissance de la CEMAC 10 8 6 4 2 0 Hydrocarbures Hors hydrocarbures Total -2 -4 -6 99 00 01 02 03 Graphique 4 04 05 06 e Sources : FMI, BEAC Impact de la manne pétrolière pour la CEMAC % du PIB 15 10 mois d'importations de B&S 7 Solde bugétaire, hors dons Balance des comptes courants Réserves de changes 5 6 5 4 0 3 -5 2 -10 -15 1 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 e Graphique 5 0 Sources : BEAC, Banque de France, BNP Paribas dette au Gabon. Malgré tout, les relations avec les bailleurs de fonds internationaux restent assez délicates, comme en témoignent les frictions survenues entre le FMI et les autorités congolaises en 2006 à la suite de dérapages fiscaux. La question du franc CFA en suspens Face aux difficultés actuelles d’une partie de la zone, la question d’une nouvelle dévaluation depuis celle de 1994 a refait surface. Conséquence de son ancrage à l’euro, le franc CFA s’est apprécié contre le dollar. Ceci a affecté certaines filières exportatrices de l’UEMOA en amplifiant les effets de la morosité des cours internationaux des matières premières agricoles exportées. Conjoncture 20 L’appréciation du franc CFA, facteur aggravant Du fait de son arrimage à l’euro, le franc CFA s’est considérablement apprécié ces dernières années. Entre 2001 et 2006, le dollar a presque perdu 30% de sa valeur contre l’euro, et donc contre le franc CFA. L’appréciation de la monnaie constitue un inconvénient majeur : elle pénalise la compétitivité extérieure qui est mesurée par l’évolution du taux de change effectif réel (TCER). Parallèlement, elle entrave le développement de l’industrie locale en diminuant excessivement le coût des produits importés. Néanmoins, son impact diffère selon les structures économiques. Pour des pays mono-exportateurs de pétrole, l’appréciation du TCER a des effets relativement limités en comparaison avec les autres facteurs d’évolution des termes de l’échange (prix). En revanche, pour les pays exportateurs de matières premières concurrencées sur les marchés internationaux, les fluctuations du TCER priment sur les autres composantes des termes de l’échange. Selon le FMI(7), l’appréciation nominale du franc CFA face au dollar entre 2001 et 2006 s’est traduite par celle du taux de change effectif réel de 11% pour l’UEMOA et de 21% pour la CEMAC. Compte tenu des caractéristiques de la zone franc, cette évolution a été préjudiciable pour les pays de l’UEMOA. D’autant que l’appréciation du TCER s’est conjuguée avec la dégradation des termes de l’échange liée à la diminution des cours internationaux des matières premières exportées. Dans ce contexte, les filières exportatrices agricoles ont été doublement affectées, et certaines d’entre elles ont éprouvé des difficultés financières (voir encadré sur la filière coton). En revanche, la situation de la CEMAC a été différente. Certes, l’appréciation de la monnaie a freiné le développement des activités hors hydrocarbures, le problème s’est posé essentiellement pour le Cameroun qui est la seule économie réellement industrialisée de la zone(8). Surtout, les économies de la CEMAC ont bénéficié de l’amélioration des termes de l’échange en raison de l’envolée des cours du baril. La filière coton : le cas emblématique La filière cotonnière revêt une importance stratégique pour de nombreux pays de l’UEMOA. Le coton assure plus de 60% des recettes d’exportations pour le Burkina Faso, 35% pour le Bénin et un quart au Mali. Surtout, 15 à 20 millions de personnes vivent directement ou indirectement de cette culture dans des régions ou les alternatives sont rares. Mais, aujourd’hui, la pérennité des filières est remise en question. Les cours internationaux de coton se sont fortement dépréciés au début de la décennie et, malgré l’amorce d’une légère remontée depuis 2005, ils se situent en deçà de leur moyenne historique. Parallèlement, l’appréciation du franc CFA a annihilé les bénéfices de la récente hausse des cours. Dans un premier temps, les mécanismes de soutien ont permis de compenser les effets de la chute des cours, puis les compagnies cotonnières ont diminué les prix garantis aux producteurs. De 210 francs CFA en 2004-2005, les prix ont été ramenés à 160 francs CFA en 2005-2006. Cette stratégie n’a pas eu les effets escomptés. Actuellement, la plupart des producteurs sont à la limite de produire à perte et s’endettent. Parallèlement, les principales sociétés d’égrenage et de commercialisation ont essuyé de lourdes pertes financières lors des deux dernières campagnes, dont une grande partie a été supportée par les gouvernements. A terme, sans une remontée des cours internationaux, la zone encourt le risque de voir diminuer les surfaces emblavées, avec des conséquences importantes sur les niveaux de croissance et les équilibres macroéconomiques. Mais les règles du commerce international sont en partie biaisées par les subventions accordées aux agriculteurs européens et surtout américains, principal exportateur mondial, ce qui ne permet pas d’entrevoir de hausse significative des cours du coton. Au contraire du franc CFA qui devrait rester dans des sphères élevées. Octobre 2007 Conjoncture 21 Les freins au développement restent nombreux La modification du régime de change Aujourd’hui, le débat de l’arrimage du franc CFA est relancé. La monnaie européenne poursuit son ascension face au dollar, et les prévisions tablent sur un euro fort en raison des craintes d’une récession aux Etats-Unis. Si cela devait se confirmer, il s’agirait d’un coup dur pour certaines filières exportatrices de l’UEMOA. Pour autant, une dévaluation pourrait générer plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. Certes, elle améliorerait la compétitivité extérieure des filières agricoles exportatrices, mais elle impliquerait une reprise de l’inflation et, probablement, des tensions sociales difficilement contrôlables dans certains pays. De plus, elle alourdirait la facture pétrolière (libellée en dollar) avec des conséquences relativement lourdes pour la stabilité macroéconomique de cette région. L’ancrage à un panier de devises calculé en fonction de la structure commerciale de la zone constituerait une autre voie possible. En théorie, l’introduction d’un système de change plus flexible permettrait d’encaisser en temps réel les pertes de compétitivité, et donc éviterait des ajustements brutaux par des dévaluations. Mais un tel système entraînerait la perte de la garantie de prêteur en dernier ressort du Trésor français caractérisée par le fonctionnement du compte d’opération(9). Pour une zone qui est fréquemment affectée par des chocs extérieurs, cette garantie reste un gage de stabilité monétaire et donc de sécurité pour les investisseurs. Au final, l’environnement dans lequel s’est trouvée une partie des pays de l’UEMOA ces dernières années a été assez proche de celui qui a précédé la dévaluation de 1994, à savoir une appréciation du TCER combinée à la dégradation des termes de l’échange. Mais la reprise économique durant les années post-dévaluation a largement résulté de la réinsertion de la zone franc dans la communauté financière internationale (facilités du FMI, accord de restructuration de dette du Club de Paris) et d’une remontée des cours des matières premières, ce qui a permis d’amortir les effets défavorables de la dévaluation. Or, des incertitudes demeurent, tant sur l’évolution future des cours internationaux des matières premières exportées par la zone, que sur la réaction de la communauté financière internationale, limitant les gains potentiels d’une nouvelle dévaluation. Octobre 2007 Selon les prévisions élaborées par le FMI, le taux de croissance de la zone franc en 2007 ne devrait pas dépasser 5% et sera donc inférieur à celui de l’Afrique subsaharienne pour la troisième année consécutive. On est également en deçà du taux de 7% l’an estimé nécessaire par la Banque mondiale pour réduire le niveau de pauvreté. Les pays de l’UEMOA se retrouvent à l’écart de l’essor du commerce mondial dont bénéficie une partie de l’Afrique. De même, le niveau actuel des prix du pétrole risque d’être une bénédiction de courte durée pour les pays de la CEMAC. Assurant presque 70% des ressources budgétaires et des recettes d’exportations, l’avenir du secteur pétrolier est incertain à moyen-long terme en raison de la diminution des réserves pétrolières dans de nombreux pays. Or, la dynamique hors hydrocarbures reste bloquée en dépit de l’intensification des programmes d’investissement public. La diversification économique constitue donc un défi commun aux deux régions, mais le processus est entravé par de nombreuses rigidités. La problématique de l’intermédiation financière Le rôle du système financier est un élément clé du développement économique. Il favorise la mobilisation de l’épargne, tout en assurant la meilleure affectation possible aux investissements productifs, eux-mêmes moteur de la croissance économique. En raison d’un marché financier encore embryonnaire (Bourse notamment), l’intermédiation incombe au seul secteur bancaire. Celui-ci est caractérisé par de nombreux dysfonctionnements. L’intermédiation bancaire est insuffisante dans les pays de la zone franc. En ce qui concerne l’UEMOA, le montant des crédits alloués à l’économie équivalait à 16% du PIB en 2006, soit un niveau relativement proche de la moyenne du sous-continent mais assez loin de pays comme l’Afrique du Sud ou Maurice pour lesquels ce ratio avoisinait les 80% du PIB. Or, ces deux économies sont les plus diversifiées du sous-continent. Le manque de profondeur du secteur bancaire est plus prononcé pour les pays de la CEMAC. Les ratios de la Conjoncture 22 Indicateurs d’intermédiation financière en 2006 (% du PIB) UEMOA CEMAC Afrique du Sud Masse monétaire (M2) 27,2 15,2 67,0 Actifs bancaires 25,4 14,7 - Crédits au secteur privé 16,5 6,3 84,2 11,4 - 10,8 96,6 En part de PIB hors pétrole 19,6 - Tableau 2 Sources : FMI, SARB et calculs BNP Paribas En part de PIB hors pétrole 18,3 Dépôts masse monétaire (M2) et de crédits à l’économie sur le PIB atteignent la moitié de ceux de l’UEMOA. Un écart presque similaire s’observe sur les montants des dépôts collectés (cf. tableau 2). Certes, les caractéristiques des économies de la CEMAC expliquent le retard de l’intermédiation bancaire dans la mesure où le développement du secteur des hydrocarbures repose essentiellement sur des financements autres que le crédit bancaire local (autofinancement, crédit de banques internationales, IDE). Néanmoins, si l’on exclut le poids du PIB pétrolier dans la richesse nationale, les indicateurs d’intermédiation bancaire restent faibles, soulignant la taille réduite du tissu industriel hors pétrole. Les secteurs bancaires des deux sous-régions sont confrontés à des contraintes relativement similaires. D’une part, le taux de bancarisation, c’est-à-dire le nombre de guichets par habitant, n’excède pas 5% en raison du bas niveau de revenu et de la prédominance du secteur informel dans ces économies. D’autre part, le tissu économique est peu diversifié et exposé à des chocs externes (aléas climatiques, variations des cours internationaux). Le corollaire en est une concentration de l’activité de crédit sur un nombre restreint de secteurs et d’entreprises et une préférence marquée pour les financements de court terme. Ainsi, 67% des crédits de la zone entre 2001 et 2006 étaient de maturité inférieure à un an, malgré la faible inflation structurelle. Au final, l’insuffisance de projets “bancables(10)” débouche sur une situation paradoxale : la surliquidité des banques. Mesurée par le rapport entre les dépôts collectés et les crédits à l’économie, cette situation Octobre 2007 apparaît plus accentuée dans les pays de la CEMAC, dont les banques dégageaient un excédent de 25% en 2006 contre 2% pour l’UEMOA. Cette situation est révélatrice du chemin à parcourir pour améliorer l’efficacité du système bancaire, qui ne répond pas suffisamment aux besoins de financement en volume et en maturité du secteur privé. Des améliorations seraient, notamment, à apporter sur le plan juridique et réglementaire en vue de favoriser la prise de risque par les banques. La difficulté de saisir des informations pertinentes sur la situation des entreprises constitue, à ce titre, un facteur discriminant pour les banques alors que celles-ci sont soumises à des normes prudentielles de plus en plus strictes. Mais, surtout, un environnement économique plus stable permettrait d’accroître les volumes de crédits de moyen-long terme nécessaires aux besoins de développement. L’attractivité de la zone, le climat des affaires en question Les déterminants du développement industriel sont multiples. Outre la qualité des infrastructures, ils sont étroitement corrélés à l’environnement institutionnel dans lequel une entreprise opère, communément appelé “climat des affaires”. Ils constituent également un critère important pour attirer des capitaux étrangers, parmi lesquels les investissements directs étrangers (IDE) demeurent une composante importante. Mais, de ce point de vue, la performance de la zone franc reste modeste. Conjoncture 23 Le manque d’infrastructures est un frein au développement industriel. D’une part, l’énergie est coûteuse et sa fourniture parfois insuffisante. D’autre part, les coûts de transport sont élevés en raison de structure routière peu adaptée, en particulier pour les pays enclavés du Sahel. En outre, les indicateurs de la Banque mondiale font ressortir un climat des affaires défavorable, notamment sur le plan réglementaire. Sur les 175 pays passés en revue, tous les pays de la zone franc sont classés dans le dernier quart. La République centrafricaine, le Tchad, la République du Congo et la Guinée Bissau figurent même parmi les dix derniers. Parallèlement, le FMI relève, dans son étude sur la compétitivité de la zone franc, que l’environnement des affaires y est globalement plus défavorable que pour la moyenne des pays africains. La rigidité du marché de l’emploi et le coût pour démarrer une affaire y sont mis en avant. En revanche, les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale traduisent une situation plus défavorable pour les pays de la CEMAC, notamment sur le plan de la corruption et de l’efficacité des gouvernements. Les pays de l’UEMOA, qui bénéficient d’une situation politique plus stable, se situent dans la moyenne de l’Afrique subsaharienne sur tous les indicateurs. Néanmoins, des progrès sont à faire pour se rapprocher des standards internationaux (cf. graphique 6). La difficulté de l’environnement économique est corroborée par la faible attractivité de la zone, et ce en dépit des mécanismes stabilisateurs de la zone franc. L’absence de tensions inflationnistes, la parité fixe avec l’euro et la garantie du Trésor français pour assurer la convertibilité de la monnaie sont autant de facteurs favorables aux investisseurs étrangers. Malgré tout, les flux d’IDE sont restés relativement modestes ces dernières années. Certes, les montants ont doublé entre 2001 et 2005 pour avoisiner les 4 milliards de dollars, mais la dynamique se concentre sur quelques pays et concerne peu de secteurs. Ainsi, la CEMAC a capté plus de 80% des IDE de la zone sur cette période, dont la quasi-totalité est absorbée par le secteur des hydrocarbures. Or, ces investissements sont déconnectés du reste de l’économie et donc peu structurants. En revanche, les flux à destination de l’UEMOA sont irréguliers et tendanciellement déclinants. Pour l’ensemble de la zone, les IDE se sont chiffrés à 516 millions de dollars en 2005, soit Octobre 2007 Indicateur de gouvernance Droits politiques et civils 1 0.8 0.6 Maîtrise de la corruption Stabilité politique 0.4 0.2 0 Efficacité des pouvoirs publics OCDE Asie de l'Est Afrique Subsaharienne UEMOA CEMAC Etats de droits Poids de la réglementation Graphique 6 Sources : Banque mondiale, BNP Paribas Flux d'IDE (% du PIB) : l'UEMOA en retrait 5 UEMOA Pays africains importateurs de pétrole Afrique subsaharienne 4 3 2 1 0 00 01 Graphique 7 02 03 04 05 Sources : CNUCED, BNP Paribas l’équivalent de 1% du PIB. En 2001, ils représentaient 2% du PIB. La diminution des flux d’IDE résulte en partie des difficultés de son principal récipiendaire, la Côte d’Ivoire. Par ailleurs, la performance de l’UEMOA apparaît en retrait par rapport au reste de l’Afrique subsaharienne (cf. graphique 7). En 2005, le stock d’IDE de l’UEMOA représentait 16% de son PIB contre 30% pour l’Afrique subsaharienne et 25% pour les autres pays africains importateurs de pétrole (Afrique du Sud exclue). Le financement du développement : la fragilité des finances publiques A l’instar d’autres pays en développement, les besoins de financement des pays de la zone franc sont élevés. Leurs couvertures reposent sur la capacité des Etats à Conjoncture 24 lever des fonds à travers la collecte fiscale ou l’emprunt. Au regard des ressources disponibles, l’objectif pris par les gouvernements de la zone franc de réduire de moitié les niveaux de pauvreté à horizon 2015 (objectifs du millénaire pour le développement) apparaît ambitieux et pourrait faire resurgir le spectre de la spirale du réendettement sans une mobilisation accrue de la communauté internationale. Les deux zones présentent des fragilités sur le plan des finances publiques. Les pays de la CEMAC peuvent compter sur les recettes pétrolières, mais leur mobilisation ne devrait pas être amenée à durer dans un grand nombre de pays en raison de la baisse des réserves de pétrole. L’ampleur du déficit hors pétrole en 2006 (-18% du PIB hors pétrole) souligne la nécessité de la consolidation des finances publiques, d’autant que la dépendance aux recettes pétrolières a augmenté ces dernières années (cf. graphique 8). A côté, la pression fiscale, mesurée par la part des recettes non pétrolières dans le PIB, a stagné et s’établissait en deçà de 10% en 2006. Pour les pays de l’UEMOA, la part des recettes publiques (dons exclus) rapportées au PIB était également basse (cf. graphique 9), alors que les perspectives d’amélioration sont bridées par l’étroitesse de la base productive et l’importance du marché informel. Par ailleurs, de nouvelles contraintes financières sont apparues. Les scénarios de projections de cours de pétrole tablent sur des fourchettes relativement hautes. En conséquence, la pression exercée ces trois dernières années par les dépenses de subventions au secteur énergétique est amenée à rester durablement élevée. Parallèlement, tous les gouvernements devront intensifier les programmes d’investissement public en vue d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Ce qui devrait mécaniquement accroître la pression sur les dépenses publiques et donc accentuer la dynamique d’endettement, à moins que les ressources extérieures traditionnelles ne viennent à augmenter. Or, les perspectives en matière d’aide internationale sont incertaines. Selon l’OCDE, l’aide publique au développement des principaux bailleurs bilatéraux a stagné pour les pays africains en 2006, voire s’est inscrite en léger repli si l’on exclut les montants d’annulations de dette. Maintenant que ces programmes sont achevés pour la plupart des pays, il existe donc un risque de voir les montants d’aides extérieures stagner ou diminuer. Un tel scénario serait particulièrement préjudiciable pour la Octobre 2007 Dépendance aux ressources pétrolières de la CEMAC (% du PIB) 20 30 Recettes pétrolières Recettes non pétrolières Recettes totales 15 25 20 15 10 10 5 5 0 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 e Graphique 8 0 Sources : BEAC, Banque de France Evolution des ressources fiscales de l'UEMOA (% du PIB) 30 UEMOA Afrique subsaharienne 25 20 15 10 5 0 1997-2001 2002 Graphique 9 2003 2004 2005 2006e Source : FMI zone franc. Les dons extérieurs génèrent 15% des recettes budgétaires des pays de l’UEMOA et plus de la moitié des dépenses en capital est financée dans le cadre de programmes de coopération internationale. Cette dépendance peut être très élevée pour des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, où les dons extérieurs représentent plus d’un quart des ressources budgétaires. Dans ces conditions, la tentation de recourir à l’emprunt pour couvrir ses besoins de développement est grande, d’autant que de nouveaux bailleurs sont apparus sur la scène internationale. En effet, la quasi-totalité des Etats ont amélioré leur solvabilité, que ce soit par l’intermédiaire des programmes d’annulations de dette (UEMOA) ou grâce à l’afflux de pétrodollars (CEMAC). Dès lors, il est plus facile de lever des fonds auprès des marchés financiers internationaux. Mais les conditions de financement sont parfois opaques, et il est notamment Conjoncture 25 reproché à ces nouveaux prêteurs de pratiquer des taux non concessionnels. A terme, le coût d’un tel endettement peut devenir insoutenable en cas de retournement de conjoncture. Au final, les gouvernements des pays de la zone franc pourraient être confrontés à un arbitrage. Compte tenu de la fréquence des chocs extérieurs, le maintien de la stabilité des finances publiques apparaît primordial. Parallèlement, les besoins de développement appellent à la mise en place de programmes d’investissement ambitieux. Mais sans une aide accrue de la part de la communauté internationale, c’est bien la tentation de recourir à l’endettement qui pourrait l’emporter, au risque de retomber dans une spirale du surendettement à plus long terme. Si l’on s’en tient aux évolutions récentes, les performances de la zone franc devraient continuer d’être mitigées à court terme. Certes, les cours du coton sont repartis à la hausse ces derniers mois, mais de nombreux observateurs restent encore circonspects quant à la durabilité de cette évolution sur un marché soumis à des mouvements spéculatifs. En revanche, les prix du baril devraient rester durablement élevés en raison d’une demande mondiale soutenue. La question du développement de la zone franc à moyen-long terme reste donc entière. Le manque de profondeur du système financier et la médiocre qualité du climat des affaires freinent le développement du tissu industriel. De plus, la mise en place des programmes d’investissement se heurte à la fragilité des finances publiques et renvoie indubitablement à la problématique du réendettement. Sans une mobilisation accrue de la communauté internationale et sans intensification des réformes structurelles, la région court le risque de décrocher durablement, ce qui à terme posera la question du système de change avec plus d’acuité. NOTES (1) Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo. (2) Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République du Congo, République centrafricaine, Tchad. (3) “Perspectives économiques des Etats de l’UEMOA en 2007, choc pétrolier et enjeux énergétiques”, BCEAO, février 2007. (4) Démarrée en 1996, l’initiative PPTE prend un tournant en 1999. Les critères de sélection sont, en effet, assouplis afin de permettre à un plus grand nombre de pays de bénéficier de ces allégements. (5) Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal. (6) Selon la BCEAO, les subventions accordées au secteur énergétique ont quasiment doublé en l’espace de trois ans, passant de 109 milliards de francs CFA en 2004 à 194 milliards en 2006. (7) Gustavo Ramirez et Charalambos G. Tsangarides : “Competitiveness in the CFA Franc zone”, FMI, août 2007. (8) La part des hydrocarbures dans le PIB était inférieure à 10% au Cameroun en 2006 contre une moyenne de 45% régionalement. (9) Les deux banques centrales régionales doivent déposer au moins 50% de leurs réserves de changes sur un compte ouvert auprès du Trésor français qui, en contrepartie, assure un accès illimité à des réserves de changes. Le montant des devises déposées doit couvrir au minimum 20% de l’émission monétaire de chaque sous-région. (10) Dossier qui présente les conditions nécessaires pour être éligible à l’emprunt bancaire. [email protected] Octobre 2007 Conjoncture 26 Direction des Etudes Economiques economic-research.bnpparibas.com Philippe d’ARVISENET Chef Economiste 01.43.16.95.58 [email protected] Philippe d’ARVISENET 01.43.16.95.58 [email protected] Eric VERGNAUD Responsable Economies OCDE, questions structurelles, prévisions 01.42.98.49.80 [email protected] Caroline NEWHOUSE-COHEN Conjoncture 01.43.16.95.50 [email protected] 01.43.16.95.53 [email protected] ECONOMIES OCDE ETATS-UNIS, CANADA Jean-Marc LUCAS JAPON, AUSTRALIE, NOUVELLE-ZELANDE Caroline NEWHOUSE-COHEN 01.43.16.95.50 [email protected] ZONE EURO, ITALIE, ELARGISSEMENT UE Clemente De LUCIA 01.42.98.27.62 [email protected] FRANCE, MARCHE DU TRAVAIL ZONE EURO Mathieu KAISER 01.55.77.71.89 [email protected] ALLEMAGNE, AUTRICHE, SUISSE, FINANCES PUBLIQUES Frédérique CERISIER 01.43.16.95.52 [email protected] ESPAGNE, PORTUGAL, GRECE, MARCHE FINANCIER UNIQUE Eric VERGNAUD 01.42.98.49.80 [email protected] ROYAUME-UNI, PAYS NORDIQUES, BENELUX, PENSIONS, PREVISIONS A LONG TERME Raymond V AN DER PUTTEN 01.42.98.53.99 [email protected] Laurent QUIGNON Responsable 01.42.98.56.54 [email protected] Céline CHOULET 01.57.43.02.91 [email protected] 01.43.16.95.40 [email protected] 01.42.98.79.82 [email protected] ASIE Delphine CAVALIER Alexandre VINCENT 01.43.16.95.41 01.43.16.95.44 [email protected] [email protected] AMERIQUE LATINE Sylvain BELLEFONTAINE Valérie PERRACINO 01.42.98.26.77 01 42 98 47 26 [email protected] [email protected] AFRIQUE Stéphane ALBY Gaëlle LETILLY 01.42.98.02.04 01.42.98.56.27 [email protected] [email protected] EUROPE DE L’EST Europe centrale, Pays baltes, Pays balkaniques Jean-Loïc GUIEZE 01.42.98.43.86 [email protected] RUSSIE, ANCIENNES REPUBLIQUES SOVIETIQUES Anna DORBEC 01.42.98.48.45 [email protected] MOYEN-ORIENT – SCORING Pascal DEVAUX 01.43.16.95.51 [email protected] ECONOMIE BANCAIRE RISQUES PAYS Guy LONGUEVILLE Responsable François FAURE Flux de capitaux vers les pays émergents,Turquie Octobre 2007 Conjoncture 39 Nos publications economic-research.bnpparibas.com Conjoncture traite chaque mois des grands sujets de l’actualité économique et des problèmes structurels. Conjoncture - Taux - Change assure un suivi mensuel détaillé de la conjoncture économique et des évolutions des taux d’intérêt et de change dans les grands pays de l’OCDE. EcoWeek étudie des sujets économiques spécifiques et au cœur des débats (chaque vendredi). EcoFlash est un commentaire des principaux événements économiques (publication de données, décisions de politique économique) dans les heures qui suivent leur annonce, accompagné d’une analyse approfondie. ECOTV, le rendez-vous mensuel des économistes de BNP Paribas. Chaque mois, Philippe d'Arvisenet et ses équipes décodent pour vous l'actualité économique et financière sur le plateau d'EcoTV en français et en anglais. Vous pouvez visualiser ces interviews via notre site internet: Pour recevoir directement nos publications, vous pouvez vous abonner sur notre site La revue Conjoncture reflète l’opinion des Etudes Economiques de BNP Paribas. Elle est publiée uniquement à titre informatif. 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