Le don de la Parole

Transcription

Le don de la Parole
dans ce mystère, la mémoire vivante de sa Pâque, pour
se faire ainsi «pain de vie».
Introduction :
L’Eucharistie est un temps privilégié de dialogue de
Dieu avec son peuple. Dialogue où s’harmonisent
Parole, écoute et silence. À chaque célébration, Dieu
adresse une Parole à son peuple : Parole de l’Ancien
Testament qui se fait créatrice, agissante et libératrice,
Parole de la Nouvelle Alliance qui livre le message du
Fils, Verbe du Père. Cette Parole, le peuple est appelé à
l’écouter, à y adhérer, à la communiquer.
Ce que dit l’Église
En effet, il existe un lien intrinsèque entre la Parole de
Dieu et l’Eucharistie. En écoutant la Parole de Dieu, la
foi naît ou se renforce (Rm 10, 17); dans l’Eucharistie le
Verbe fait chair se donne à nous comme nourriture
spirituelle. Ainsi «des deux tables de la Parole de Dieu
et du Corps du Christ, l’Église reçoit et offre aux fidèles
le Pain de vie». Par conséquent, on doit constamment
garder à l’esprit que la Parole de Dieu, lue par l’Église
et annoncée par la liturgie, conduit à l’Eucharistie
comme à sa fin naturelle. «Le Christ ne parle pas dans
le passé mais dans notre présent comme Il est lui-même
présent dans l’action liturgique.»
Lorsque nous refaisons le geste du Christ à la dernière
Cène en obéissance à son commandement : «Faites cela
en mémoire de moi!» (Lc 22,19), nous accueillons en
même temps l’invitation de Marie «Faites tout ce qu’il
vous dira!» (Jn 2,5). Avec la sollicitude maternelle dont
elle témoigne aux noces de Cana, Marie semble nous
dire : «N’ayez aucune hésitation, ayez confiance dans
la parole de mon fils, lui, qui fut capable de changer
l’eau en vin, est capable également de faire du pain et
du vin son corps et son sang, transmettant aux croyants,
«La présence du chrétien au rassemblement de l’Église
pour l’eucharistie dominicale n’obéit pas d’abord à un
précepte. Elle est un témoignage de son identité de
baptisé et donc de son appartenance au Seigneur. Cette
appartenance se traduit par l’écoute de la parole de
Dieu, la participation à l’offrande et la communion à
l’amour du Seigneur.»
«Si l’Eucharistie est un mystère de foi qui dépasse notre
intelligence au point de nous obliger à l’abandon le plus
pur à la parole de Dieu, nulle personne autant que Marie
ne peut nous servir de soutien et de guide dans une telle
démarche.» (Jean-Paul 11). «De l’Annonciation à la Croix,
Marie est celle qui accueille la Parole faite chair en elle
et qui va jusqu’à se taire dans le silence de la mort.
C’est elle enfin qui reçoit dans ses bras le corps livré,
désormais inanimé, de Celui qui a vraiment aimé les
siens jusqu’au bout.» (Jn 13, 1) (Benoît XV1)
Chez François, la Parole de Dieu s’incarnait dans sa vie.
Ses actions, attitudes et comportements, authentifiaient
et manifestaient la Parole aux gens de son temps comme
à ceux d’aujourd’hui. Homme intègre, François vit,
voit, entend, croit… ensuite il parle et partage sa foi. Un
jour, à la fête de saint Mathias, après avoir entendu
l’Évangile de l’envoi en mission, cette parole : «Allez
par les villes et les villages … n’emportez pas de
bourse…» (Mt 10, 5-14) retentit dans sa vie avec une force
étonnante. Comme si ce matin là, à travers les mots du
texte sacré, l’envoi du Seigneur lui était adressé
personnellement. Enthousiaste, François éclate : «Voilà
ce que je veux, voilà ce que je cherche, ce que au plus
profond de mon cœur, je brûle d’accomplir» (1 Cel. 21).
Sa mission devient claire : il ira de par le monde
annoncer la Bonne Nouvelle par la parole et le
témoignage.
Ainsi pour nous : chacune de nos Eucharisties invite à
nous mettre à l’écoute de la Parole, à la faire prendre
racine en nous afin qu’elle s’exprime à travers nous par
l’annonce et la vie.
Ce que disait et vivait François d’Assise
Ce dont a témoigné Marie de la Passion :
L’Eucharistie est au cœur de la foi de François. L’auteur
de la légende Pérouse parle de la dévotion de François
pour l’Eucharistie. « Le bienheureux François avait,
beaucoup de respect et de dévotion pour le Corps du
Christ…. si les frères trouvaient des écrits contenant le
nom du Seigneur ou les paroles rituelles du très saint
Sacrement, négligemment abandonnés dans un endroit
peu convenable, ils devaient les recueillir et les ranger
honorant ainsi le Seigneur dans les paroles qu’il a
prononcées. Beaucoup d’objets, en effet, deviennent
sacrés par les paroles de Dieu et le Sacrement de l’autel
s’opère en vertu des paroles du Christ.»
Marie de la Passion avait fait de l’Eucharistie le centre
de sa vie. Elle s’en nourrit chaque jour.
«Comme François, Marie de la Passion ne séparera pas
la Parole et l’Eucharistie, qui sont deux manifestations
visibles du même Très-Haut, deux modes de présence
réelle du Christ Sauveur. Le Christ de Marie de la
Passion, c’est le Christ qui se donne, se livre, dans la
Parole et dans les Sacrements. Marie de la Passion
possède ce solide regard où la Parole prêchée et le
Corps livré participent au même mouvement de
l’amour. «Croissez chaque jour dans l’esprit de foi et
d’amour, ayez une dévotion spéciale pour la Parole de
Dieu et la Sainte Écriture, aussi bien que pour JésusHostie», écrira-t-elle dans une lettre circulaire en 1884.
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« Elle a saisi l’ultime relation vitale des paroles
évangéliques et du Corps de Jésus Christ. Mais en tant
que femme, pour qui le ministère de la prédication de la
Parole était encore restreint, elle s’identifiera davantage
à la mission et à l’offrande du Christ eucharistique. »

(Ce que nous avons vu, nous vous l’annonçons de Michel Hubaut
et Marie Thérèse de Maleissye)
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La liturgie de la Parole inspire sa pensée et alimente son
agir au point qu’elle voulut donner comme héritage à
ses sœurs présentes et futures, un ensemble de
méditations pour chaque jour de l’année, méditations
inspirées pour la plupart des lectures liturgiques
eucharistiques quotidiennes. Dans ses méditations,
Marie de la Passion écrivait et priait ainsi :
«Faites que j’écoute la Parole de Dieu,
que je la pratique, et que mangeant votre chair
et buvant le calice de la nouvelle alliance
en votre sang,
je sois introduite par votre lumière et votre vérité
jusqu’à votre montagne
et jusqu’à vos tabernacles.» (Méd. 763)
Conclusion
«Pour nous qui allons nous ressourcer à la Table du
Seigneur, la liturgie de la Parole n’est donc pas une
simple préparation à l’Eucharistie, elle nous prépare à
communier à l’action de Dieu dans notre vie, nous
invitant tout au long des événements à être à notre tour
écoute, parole, annonce et témoin de cette Parole de
Dieu que nous avons entendue.»
(Pain rompu pour un monde nouveau p. 12 à 14)
«L’Évangile est encore
une communion avec Jésus»
Réflexions :
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Ma parole, l’ai-je déjà donnée à quelqu’un-e?
J’essaie de me souvenir dans quel contexte et à
propos de quoi cela s’est produit.
Qu’est-ce qui fait que sa parole est importante
pour celui ou celle à qui on la donne et pour
celui ou celle qui la donne?
Que se passe-t-il quand une parole donnée n’est
pas tenue?
La Parole dont il est question ici, quelle est-elle?
D’où vient-elle?
Marie désirait rendre la Parole vivante et
agissante dans son aujourd’hui. Que faites-vous
de la Parole que vous avez entendue à
l’Eucharistie du matin?
Marie de la Passion
(écrits inédits 1888).
L’Eucharistie,
Don de Dieu pour la vie du monde
Chant : Comme un souffle fragile…
Prière :
Quand je risque une parole, Seigneur,
Qu’elle monte en moi
De ce lieu où tu viens à ma rencontre!
Quand je risque une parole, Seigneur,
Qu’elle soit comme un chant clair
Pour appeler les autres à la vie!
Quand je risque une parole, Seigneur,
Qu’elle soit comme l’eau fraîche
Puisée à ta source vive!
La Parole
Et quand je risque un geste, Seigneur,
Qu’il parle encore de toi
Comme un signe bienfaisant!
Schell, Suzanne.1997.Traces vives.
Genève : Labor et Fides.
Fiche no 1