Marie Étienne

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Marie Étienne
12-a-Poemes-Etienne-cor_Mise en page 1 22/09/15 13:43 Page106
Marie Étienne
La prose, la poésie, à fronts renversés
CELA commence par une phrase extraite du Livre des recels1,
cueillie au bas d’une des confessions autobiographiques qui
scandent le parcours du livre. L’auteur y alterne ainsi que faisaient,
rappelle-t-elle, les vidas et cantos des troubadours, des considérations sur ses voyages et exils successifs. La phrase qui nous intéresse est la suivante :
Si une œuvre est capable d’inciter à penser autrement, elle est
neuve, moderne. Sa force vient plus que du sens, de la forme ellemême, n’en déplaise aux tenants d’un art d’engagement, d’une
idéologie qui prime sur l’esthétique.
Il faudrait s’avancer sur le terrain miné de la modernité : il y aurait
beaucoup à dire, et d’autant plus quand on est femme. Retardonsen l’astreinte.
En ces quelques phrases apparemment simples, Marie Étienne
exprime sa conscience aiguë des problèmes de la modernité, à
savoir l’opposition de la forme et du sens, de l’esthétique et de
l’engagement, tout en esquissant une perspective, une ligne de
fuite spécifique à la situation de l’auteur femme en littérature
contemporaine. Ajoutons que cette phrase vient en conclusion d’un
paragraphe consacré à l’art d’Antoine Vitez, dont Marie fut longtemps la collaboratrice à Chaillot, où elle organisait de mémorables lectures de poésie.
1. Marie Étienne, le Livre des recels, Paris, Flammarion, 2011.
Octobre 2015
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