Argent
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Argent L’argent (Ag), de masse atomique 107,8, est un métal noble qui appartient avec le cuivre et l’or au groupe Ib de la classification périodique des éléments. Dans l’industrie, il est utilisé dans les bâtons de soudure, dans la fabrication des objets en argent, dans l’industrie photographique, également comme catalyseur et dans la fabrication du nitrate d’argent. Bien que présent en quantités décelables dans la plupart des tissus et liquides de l’organisme, l’Ag n’est pas un oligo-élément indispensable. L’apport alimentaire est responsable du contenu total en argent de l’organisme, en dehors de toute exposition professionnelle (absorption pulmonaire) ou thérapeutique. Les concentrations tissulaires les plus importantes sont rencontrées dans le foie. L’argent absorbé est en effet stocké, sous forme de dérivés insolubles, au niveau du système réticuloendothélial. L’élimination est presque exclusivement fécale (> 90 %). L’Ag possède des propriétés antibactériennes et antiparasitaires mises à profit depuis l’Antiquité. Actuellement, deux sels d’argent sont effectivement employés en thérapeutique : le nitrate d’argent en collyre à 1 % dans le traitement préventif de l’ophtalmie purulente du nouveau-né et l’association argent/sulfadiazine utilisée en crème dans le traitement topique des brûlures étendues et des ulcères variqueux graves. Les propriétés bactéricides de l’argent (particulièrement vis-à-vis de Pseudomonas aeruginosa) sont principalement dues à l’interaction des ions Ag+ avec les groupements thiols des protéines bactériennes, qu’elles soient structurales (membrane plasmique) ou enzymatiques (cytochromes de la chaîne respiratoire). L’argent intervient également dans la réplication du chromosome bactérien, sa liaison aux bases constituant l’ADN induisant une sensibilité accrue de ce dernier à l’action des UV. Les intoxications aiguës sont rares. On peut noter une anémie hémolytique, une gastroentérite hémorragique, une insuffisance hépatocellulaire, un œdème aigu du poumon. Les intoxications chroniques sont plus fréquentes. Ces argyries ou argyroses peuvent être localisées ou généra- lisées. La peau et les muqueuses sont généralement atteintes (coloration ardoisée de la peau). Il n’est pas possible d’établir une relation entre la dose d’argent absorbée et le délai d’apparition des troubles. Au niveau de l’œil, on observe des dépôts intéressant la membrane conjonctive, éventuellement accompagnés d’une baisse de l’acuité visuelle. L’argyrie pulmonaire se traduit par des dépôts argentiques, l’atteinte rénale par une protéinurie isolée, quelquefois par un syndrome néphrotique. Le dosage de l’argent fait appel à une technique d’absorption atomique électrothermique. Les valeurs usuelles sont : • sang : < 0,8 μg/l ; • sérum : < 0,5 μg/l ; • urines : < 2 μg/l. Chez les sujets exposés professionnellement, les concentrations sanguines et urinaires sont supérieures à celles de la population générale, mais il n’y a pas de corrélation avec l’intensité de l’exposition et, de ce fait, les dosages sont rarement utilisés. Actuellement, les intoxications par l’argent sont surtout d’origine thérapeutique. Le suivi des taux de l’argent sanguin et urinaire chez des patients brûlés traités par la sulfadiazine argentique a montré que l’argent de cette préparation était absorbé par la peau brûlée (mais pas par la peau saine). Cette absorption est proportionnelle à l’étendue de la surface brûlée, mais semble peu influencée par la profondeur de la brûlure. Dans le sérum de ces patients, l’Ag est détectable à partir de la 6e heure suivant la 1re application. Les taux sériques peuvent atteindre plusieurs dizaines de μg/l. Les taux urinaires demeurent relativement bas (< 100 μg/l), n’augmentant que pour des taux sériques supérieurs à 100 μg/l où un seuil d’excrétion urinaire semble atteint. Ces données montrent l’intérêt du monitorage des taux sériques d’argent dans le suivi des brûlés traités par l’association Ag-sulfadiazine. L’argent serait relargué, comme le mercure, de certains amalgames dentaires. ( Coombs CJ, Wan AT, Masterton JP, Conyers RAJ, Pedersen J, Chia YT. Do burn patients have a silver lining ? Burns 1992 ; 18 : 179-184. Lauwerys RR. Toxicologie industrielle et intoxications professionnelles : Argent. – 4e édition. Paris : Masson, 1999 ; pp. 144-145.