Edition-de-Strasbourg-Campagne-(REGION)
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MARDI 19 JANVIER 2016 P FORUM EUROPÉEN DE BIOÉTHIQUE 17 LE NORMAL ET LE PATHOLOGIQUE Du 25 au 30 janvier à Strasbourg Nisand : « La société crée des maladies » Avec les philosophes Roger Pol-Droit et André Comte-Sponville en grands invités, le VI e Forum européen de bioéthique s’interroge sur la frontière entre normal et pathologique. Israël Nisand, fondateur du Forum, pousse au débat. L e mot « pathologique » revient à tout bout de champ. Et la « normalité », peut-on encore en parler ? La question est de savoir où fixer le seuil entre les deux, au nom de quelles valeurs. C’est vrai pour la psychiatrie, pour le sexe, pour le comportement, pour la biologie… Une rencontre autour de Canguilhem, auteur d’un texte sur Le normal et le pathologique, doit éclairer sur la pensée de ce médecin et philosophe qui a initié la réflexion il y a cinquante ans. – La notion de normalité serait-elle périmée ? Roger Pol-Droit demande si les normes ne sont elles-mêmes pathologiques. Les deux peuvent être liés. Ce n’est pas toujours vrai. En psychiatrie, des comportements se révèlent clairement pathologiques. Les bipolaires peuvent souvent dire quand ils entrent dans un comportement de pathologie. On remarque une identité entre les symptomatologies qui fait s’interroger sur ce qu’est un cerveau normal et ce qu’est un cerveau pathologique. – Si la société édicte des normes, n’est-ce pas parce qu’elle en a besoin ? Les médecins sont les premiers demandeurs de normes. Les livres médicaux en sont truffés : sur la taille, le poids, les taux de cholestérol. C’est nécessaire pour savoir quand déclencher un processus de soins. D’où aussi la tentation d’industriels de la pharmacie de déplacer le curseur, pour créer des pathologies. On a vu apparaître aux États-Unis des maladies psychiatriques conformes à des molécules en attente de mise sur le marché ! La manipulation du seuil peut être lucrative… – Cela rend-il la définition d’une normalité douteuse ? Disons qu’elle peut changer en fonction de l’époque, de la société, du lieu. L’homosexualité a été sortie des maladies mentales. De ce fait a été réduit considérablement le nombre de malades mentaux ! Les TTE-MTE 01 des bases anatomiques. Dans 20 % des cas, on en vient à une décision, avec l’accord des parents, qui n’est pas en alignement avec les chromosomes. C’est très contesté par les milieux gay, favorables à la reconnaissance d’un sexe neutre. Une décision de justice est allée en France dans ce sens pour un homme de 60 ans. Option lourde de conséquence en faveur d’un troisième sexe. J’ai un gros doute sur son acceptabilité par notre société. Certains plaident pour qu’on attende l’âge de Le Pr Nisand : une société « tout compris ». ARCHIVES DNA 18 ans… Mais comment peut-on élever normes sont très dépendantes de là où un enfant sans que grammaticalement il elles ont été édictées et de là où elles ait un sexe ? On lui parle au masculin ? Au s’appliquent. Les statisticiens ont leur féminin ? manière de les fixer. Tout ce qui contient 95 % d’un ensemble devient normal, pas – Définir des normes n’est pas non plus le reste. Les médecins s’en servent beau- sans risques ? coup. C’est valable pour des grandeurs Beaucoup de gens cherchent dans notre comme un taux de cholestérol ou la taille. pays à agir sur les seuils. Surtout quand Pas du tout pour les comportements. C’est sortir de la norme débouche sur la producquoi une norme sexuelle ? C’est ce que tion de soins. Dans les années 60, on a notre société accepte ? décrété qu’en dessous de 1,55 m, on n’était pas normal. D’où traitements. Au – Notamment en matière de désignation final, la France est l’un des pays qui ont du sexe lui-même ? connu le plus de décès dus aux prions L’assignation d’un genre dans les cas transmis par des extraits hypophysaires d’ambiguïté sexuelle fait effectivement prélevés sur des malades neurologiques… polémique. Quand un enfant naît avec des organes génitaux externes qui ne sont pas – Faudra-t-il relativiser la notion de panormaux, on a le droit de différer d’une thologie, ne serait-ce que parce que tout semaine le moment où on lui donne un ne peut plus être pris en charge ? prénom. Tous les experts médicaux se Notre société devient allergique à l’avaréunissent pour un diagnostic et une déci- lanche de normes. C’est pour ça que le sion d’assignation de sexe, souvent sur sujet de ce Forum parle au public. Prenez l’évaluation de la dangerosité. Peut-on faire sortir de prison quelqu’un qui a tué ? L’injonction thérapeutique signifie-t-elle quelque chose pour un délinquant sexuel ? Ou n’est-ce que pour rassurer le peuple ? Il faut regarder ce qui est normal ou peut mettre en danger la société. Ce n’est pas qu’une affaire d’argent. Quel est le degré de prédictivité en psychiatrie ? « La médecine ne fait que rattraper les pathologies que la société déclenche » – Et en génétique ? La demande ne sera-telle pas un jour d’être guéri avant d’être né, ou avant d’être malade ? On n’est pas loin d’être capable d’obtenir le génome complet d’un être humain à trois mois de grossesse sur simple prise de sang à la mère. Problème bioéthique énorme. Qu’est-ce qu’un gène normal ? Avoir une propension génétique à une maladie signifie-t-il qu’on l’aura ? L’abondance de données statistiques sera telle qu’il faudra cesser de les donner aux parents, sinon ils ne feront plus d’enfants ! Je suis d’avis de limiter les recherches sur le fœtus au strict minimum. – La « fabrique des maladies » semble promise à un bel avenir, non ? Une étude montre que 50 % des cas d’infertilité pris en charge à grands frais ont été provoqués par le corps médical. On fait très vite des tests, montrant quelques anomalies, aussitôt révélées aux intéressés. Qui en fait ne sont pas infertiles. Certains entrent dans un cabinet fertiles, mais ne le sont plus en sortant ! – La société participe à ce mouvement ? C’est une société « all inclusive » [tout compris, NDLR] : il n’est pas correct de se limiter. Donc, on fabrique des pathologies de l’excès. Regardez le poids des Améri- cains… Un « bon » consommateur ne se limite pas. La société produit des maladies. Et la médecine ne fait que rattraper les pathologies que la société a déclenchées… – Le remède lui-même pouvant être pathologique, tel le Mediator ? Scandale à plus d’un titre, en effet. Sur la trisomie 21, il naît actuellement 300 enfants touchés par an. Quand j’étais interne, il en naissait autant. Mais, allez-vous me dire, à quoi sert le diagnostic prénatal ? Eh bien, il conduit à 2 000 avortements par an ! En une génération, l’âge moyen de la première grossesse a augmenté de quatre ans, facteur de risque accru pour la trisomie. La société ne pourrait supporter tous ces trisomiques supplémentaires, dont l’espérance de vie est passée à 75 ans. Donc elle paie des tests. Et je ne vous parle pas des effets du stress, du burn-out, de l’angoisse que génère aussi la société. – N’est-il pas inquiétant qu’en même temps que progresse la médecine, les maux eux aussi se renouvellent ? Le but du Forum est de tout mettre sur la table : la moitié des orateurs seront optimistes, les autres pessimistes. On a toujours trouvé des parades. On ne respire plus à Pékin ? À mon avis, les premières tentatives de génie génétique chercheront à faire mieux résister à la pollution. Je ne dis pas que c’est positif. L’humain cherche toujours des solutions. Et s’adapte. Nous avons plus de capacités d’adaptation qu’aucun autre animal. Et d’ailleurs, nous mutons assez rapidement, je trouve. PROPOS RECUEILLIS PAR DIDIER ROSE R Q ISRAËL NISAND est chef de pôle de gynécologie obstétrique au CHU de Strasbourg, président du Forum. Il prononcera la conférence inaugurale, avec Roger PolDroit, le lundi 25 janvier à 18 h à l’Aubette, et animera des « vis-à-vis » chaque jour à 15 h au même endroit. FORUM EUROPÉEN DE BIOÉTHIQUE 18 Q MARDI 19 JANVIER 2016 CULTURE De galeries en musées… GROS PLAN L’art épris d’anormalité La parole de Nadia Aubin Art brut, art « des fous », art singulier, art médiumnique : les lisières sont poreuses qui voient l’univers de la création cohabiter avec diverses formes d’anormalité. Sous l’œil attentif des collectionneurs, marchands et musées d’art moderne. Mais il n’en a pas toujours été ainsi… « Bonne humeur et bienveillance. » PHOTO DNA – M.E. JUND DEPUIS LES DÉBUTS DU FORUM EUROPÉEN DE BIOÉTHIQUE, sa sil- houette et son phrasé peuplent les débats. Cofondatrice du Forum, elle en est aussi la directrice. D’année en année, elle mitonne le programme puis, en une semaine, mène un marathon dans la conduite des rencontres, donnant ici la parole, reprenant là une phrase, relançant avec à-propos les échanges. Confidences... – Comment s’établissent vos choix? Mes choix sont partout, ils transpirent à travers le programme de chaque édition. Chacune est un prototype, une page blanche, un sommaire à penser et à écrire. Le fil conducteur est toujours la connexion entre deux sphères : d’un côté, les centres d’intérêt du grand public et ce qui fait l’actualité ; de l’autre côté, les travaux et les pistes de réflexion avancées sur la scène des experts. – En cinq ans, un débat vous a-t-il spécialement touchée ? Le moment du débat n’est pas celui de l’émotion, mais celui du partage de l’information, des connaissances, de la confrontation des idées dans le respect mutuel. Je reste concentrée sur ce qui se dit, sensible à la salle, connectée aux réseaux sociaux grâce à mon smartphone, tout en animant le débat. En revanche, la rencontre de certains textes et livres est toujours un instant lumineux qui m’entraîne dans une émotion intense, bouleversante, un sentiment de gratitude envers l’auteur. – Votre secret pour animer tant de rencontres en une semaine ? Peut-être un esprit formaté par sciences-po et le journalisme, une immersion quotidienne dans les divers aspects de la pensée contemporaine, dont les sujets que nous traitons. La recherche de thèmes, d’intervenants d’horizons divers, la rédaction des titres, du programme, les interviews que je réalise avec chaque intervenant… Tous ces facteurs me permettent de garder le cap sur un objectif : favoriser l’expression libre et respectueuse de la parole. – À quel intervenant auriez-vous envie d’adresser un message ? J’ai un grand faible pour ceux dont le propos est sobre et la parole profonde, de surcroît en cohérence avec leurs actes : Corine Pelluchon, Didier Sicard, Jean-François Mattei… – Un moment particulièrement difficile ? Non. Le débat, la salle sont galvanisants. Si j’ai des problèmes par ailleurs, ils restent miens. – Un instant drôle, surprenant ? Je crois que la bonne humeur et la bienveillance caractérisent particulièrement l’ambiance du Forum. – Pouvez-vous être marquée par l’intervention d’un spectateur ? Chacun a, au moins une fois, déconcerté la salle et les intervenants par son regard, sa question, son témoignage. Tous nous confortent par leur présence active et leur degré d’implication dans cette idée que nous défendons : la bioéthique nous concerne tous, elle n’est pas une tour d’ivoire. PROPOS SUSCITÉS PAR DIR C’ est une collection de plus de 3 000 œuvres que la Ville de Strasbourg n’avait pas su saisir quand des travaux d’approche avaient été effectués, sous l’égide de la direction des Musées de France. L’objectif était que la capitale alsacienne se dote du plus important fonds public d’art brut, fruit des recherches et de la passion d’une collectionneuse, Madeleine Lommel, épaulée par une association, L’Aracine. Malheureusement, les tergiversations strasbourgeoises feront capoter le projet qui trouvera preneur ailleurs, plus au nord, du côté du musée d’art moderne de Lille Métropole – LaM de Villeneuved’Ascq. En effet, après lui avoir consacré une exposition en 1997, l’institution lilloise acceptera la donation. « Cela montre combien, quelques décennies après que Dubuffet a défini l’art brut, celui-ci n’était pas encore bien considéré, y compris par des professionnels de l’art », observe Joëlle Pijaudier-Cabot, directrice des Musées de Strasbourg, qui était alors au LaM. Art des fous ? Pourquoi pas des malades du genou ? Comptant parmi les galeristes les plus réputés en France dans le domaine de l’art brut, le Strasbourgeois Jean-Pierre Ritsch-Fisch se désole également de l’occasion ratée. Mais ne s’en étonne pas pour autant. « L’art brut est peu représenté dans les collections publiques françaises. Strasbourg a refusé cette collection tout comme la France avait laissé partir la collection Dubuffet qui, aujour- tion dite Prinzhorn que s’enorgueillit aujourd’hui de posséder l’université de Heidelberg. On y trouve notamment des œuvres du Suisse Adolf Wöfli, l’une des grandes figures de « l’art des fous ». On sait combien les Surréalistes, passionnés par les failles et mystères de la conscience, dévoreront le livre que publiera Prinzhorn en 1922 : Bildenerei der Geisteskranken (Expressions de la Folie). Mais faut-il réduire l’anormalité à la folie ? « Il convient peut-être de rappeler la formule de Dubuffet lui-même qui affirmait : “Il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des malades du genou” », observe Joëlle PijaudierCabot. Et puis en quoi une construction cubiste de Picasso, une abstraction lyrique de Kandinsky ou Der heiligen Rein, selon l’orthographe fautive de un corps déformé de Bason auteur, Adolf Wölfli (1864-1930). D.R. con seraient-ils plus « nord’hui, fait le bonheur de Lausanne ! maux » que les visions hallucinées d’un “L’art des fous”, cela inquiète… » Crépin ou Lesage ? Pourtant, la relation de l’art à l’anorma- Sans oublier que sur cette question, le lité est une vieille histoire, bien anté- curseur temporel peut encore être déplarieure d’ailleurs à l’art brut dont Jean cé en amont : « L’anormalité, on la Dubuffet posa les jalons dans l’immé- trouve déjà dans le romantisme, au diat après-guerre. Tous les étudiants en XIXe siècle, qui explorait les visions du histoire de l’art apprennent comment le rêve, du cauchemar, de l’au-delà… » psychiatre allemand Hans Prinzhorn Il n’en demeure pas moins qu’une cer(1886-1933) se met à étudier les dessins taine modernité s’est construite dans un et peintures des pensionnaires de l’hô- rapport au monde qui jette d’étonnantes pital psychiatrique de l’université de passerelles avec les audaces des œuvres Heidelberg. Un travail qui sera à l’origi- des malades mentaux. « Si on prend les ne de la constitution de l’actuelle collec- expressionnistes allemands ou la pein- ture d’un Edvard Munch, il y a une forme de souffrance dans leurs manières de représenter le monde qui fait écho à celle des internés. » Une souffrance que Joëlle Pijaudier-Cabot pointe comme l’un des ferments de l’art brut : « Un malade sous neuroleptique n’exprimera pas la même chose qu’un autre qui trouve un soulagement dans le dessin ou la peinture. » De cette tension avec laquelle lutte le malade naît un imaginaire qui brise les formes d’un rapport « normal » au monde. « Il y a dans l’art brut une force poétique qui vous sidère littéralement », argumente Jean-Pierre Ritsch-Fisch, qui s’empresse de mettre à part les « arts singuliers » (le plus souvent le fait d’autodidactes en marge du milieu de l’art contemporain) avec lesquels on associe généralement l’art brut. « C’est aussi un art qui se fonde sur des mythologies individuelles, ainsi que sur des techniques de “bricolage”, avec des moyens “pauvres”, du papier, des crayons, ce qui agit au final sur l’esthétique de l’œuvre », observe encore Joëlle Pijaudier-Cabot. Si l’art brut s’inscrit en tant que tel comme un courant de l’histoire de l’art du XXe siècle, il n’en reste pas moins une référence pour beaucoup d’artistes contemporains comptant parmi les plus renommés. « Annette Messager, Combas, Hervé Di Rosa ou encore Arnulf Rainer s’en sont considérablement nourris », énumère la directrice des Musées de Strasbourg. Parce que dans la création, comme le pose Jean-Pierre Ritsch-Fisch, « c’est toujours l’anormal qui fascine ». SERGE HARTMANN R Q JOËLLE PIJAUDIER-CABOT et JEAN-PIERRE RITSCH-FISCH seront le vendredi 29 janvier à 10 h à la librairie Kléber CRIMINALITÉ Philippe Breton, sociologue Des tueurs si vertueux… Le sociologue et professeur des universités Philippe Breton, enseignant au Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg, montre la part de rationnel dans les meurtres de masse, là où on aimerait ne voir que du pathologique. psychopathe n’a d’ailleurs pas sa place dans des opérations qui sont ordonnées, comme les massacres de Daech, ou un génocide. Il ne s’agit pas d’un déchaînement de folie meurtrière. Toutes les tueries de masse sont organisées. – On serait tenté de dire que les meurtriers de masse sont tous des psychopathes. Pourtant, vous défendez l’exact opposé. Les représentations populaires ont toujours besoin de montrer les exécuteurs, les tueurs en série, les djihadistes qui décapitent, comme une pathologie, comme des sauvages. La réalité ne correspond pas à la représentation qu’on est presque obligé de s’en faire. C’est notre économie psychique : on a besoin de tenir ces gens à distance. – En quoi leurs actions sont « normales » pour eux ? Comment peut-on justifier de telles atrocités ? Prenons l’exemple des nazis, qui est tout à fait clair. L’exécuteur rencontre un cadre normatif proposé par le régime. On a réussi à persuader ces gens qu’il faut se venger, que les personnes qu’ils tuent représentent un très grand danger pour l’humanité, pour leur famille, pour eux-mêmes. Que, certes c’est désolant de devoir tuer des gens comme ça, mais que, un, l’on doit se venger, faire justice, car ils nous ont fait beaucoup de mal et que, deux, si on les laisse vivre, ils vont nous faire encore plus de mal. C’est à eux, exécuteurs, qu’échoit ce travail difficile et il faut le faire pour la survie du pays. Ils sont dans une forme de normalité. En plus, il y a très souvent chez les tueurs une représentation d’eux-mêmes en tant qu’êtres les plus vertueux. D’autant plus vertueux qu’ils sont obligés de faire des choses terribles pour pouvoir faire avancer leur cause, purifier le monde, toutes les raisons qu’ils s’inventent pour faire ce – Selon vous, les djihadistes et les exécuteurs seraient des gens normaux ? Quand on fait le travail d’empathie, qu’on essaie de comprendre leurs motivations, on voit que ce ne sont pas des bêtes sauvages déchaînées. Au contraire, ce sont souvent des gens ordinaires même s’ils sont acculturés à un niveau de violence plus grand. Là où on attend du pathologique, on a du normal. Ils ont, de leur point de vue, des raisons rationnelles de faire ce qu’ils font. Et c’est difficilement acceptable pour nous. Un sont les vieilles règles du VIIIe siècle : on peut mettre en esclavage des gens, tuer son ennemi, considérer la femme comme inférieure, etc. « Un psychopathe est dominé par son acte » « Là, où on attend du pathologique, on a du normal. » PHOTO DNA – C.JOUBERT qu’ils font. Chez les djihadistes, un discours vient légitimer leur violence, lui donner, de la même façon, un cadre normatif. Tuer des mécréants, c’est normal, car le monde se porterait mieux. C’est normal de vivre dans un cadre qui est celui du califat, dans lequel les règles de violence – On est loin en effet du psychopathe qui n’a pas conscience de ses actes… Un psychopathe est dominé par son acte. Le code pénal retire d’ailleurs la responsabilité à quelqu’un qui est l’auteur d’un homicide s’il est prouvé qu’il n’avait pas conscience de son acte, qu’il était submergé par un fantasme, dominé par une force interne. Cela relève de la psychiatrie. Ce n’est pas l’acte qui fait le psychopathe mais les conditions dans lesquelles il a été commis. Les exécuteurs nazis, eux, étaient pleinement conscients de leurs actes. Ils n’étaient pas obligés ou forcés. On leur demandait de le faire et on leur donnait de bonnes raisons. Si à un moment, vous êtes convaincus de ces raisons-là, vous pouvez vous dire « c’est terrible de faire ça mais on va sauver le monde » et Daech, c’est pareil. On pense que le monde est rempli de psychopathes, car il est rempli de violence mais, au bout du compte, il y a très peu de psychopathes et beaucoup de violence. C’est un paradoxe difficile à accepter. PROPOS RECUEILLIS PAR SONIA DE ARAUJO R Q PHILIPPE BRETON sera les mercredi 27 et vendredi 29 janvier à 16 h ainsi que le samedi 30 à 18 h à l’Aubette. TTE-MTE 02 FORUM EUROPÉEN DE BIOÉTHIQUE MARDI 19 JANVIER 2016 P 19 IDENTITÉ SEXUELLE Sandra Boehringer, spécialiste de l’histoire du genre Ni gay ni hétéro à Rome S’appuyant sur son travail d’anthropologue et d’historienne spécialisée dans l’Antiquité grecque et romaine, Sandra Boehringer, maîtresse de conférences d’histoire grecque, démonte les idées reçues sur les identités sexuelles et le genre. E n quoi l’histoire de l’Antiquité grecque et romaine démonte-t-elle les idées préconçues sur la famille, telle qu’elle a été défendue par exemple par la Manif pour tous ? Travailler sur l’Antiquité et poser la question du genre et de la famille, c’est adopter une démarche d’anthropologue et tenter d’avoir un recul sur des structures de parenté et des systèmes d’alliances différents. L’avantage d’aller voir du côté des Grecs et des Romains, par rapport au fait d’aller explorer des sociétés exotiques et éloignées de nous, c’est que ces cultures – que l’on imagine souvent être à l’origine de nos civilisations – jouissent d’une réputation très positive et deviennent, parfois, des arguments d’autorité. Dans le cadre des débats sur la loi sur le mariage pour tous, certains, pour s’opposer à l’égalité entre les couples, ont argué que la famille relevait d’un ordre naturel et immuable : ils se trompent. La famille, avec un père, une mère, leurs enfants et de l’amour entre les parents, est un modèle récent, occidental. Il ne se pose pas de la même manière dans l’Antiquité : on n’aime pas a priori ses enfants, on adopte très facilement. À Rome, il y a une pratique de l’adoption sans mère. Le père adopte un fils qui ensuite va hériter de ses biens. Il n’y a pas la volonté de recréer par l’adoption une famille qui serait « normale ». Une fois qu’on admet que cela fonctionne autrement, cela nous permet de regarder notre modernité et de faire apparaître la dimension sociale, culturelle de ces catégories qui nous paraissaient naturelles. – La Grèce antique est définie par certains comme un modèle de tolérance, une société où être gay était accepté. Les plus conservateurs y voient au contraire une société minée par des mœurs « décadentes ». Qui a raison ? Dans l’Antiquité, on ne se définissait pas comme hétérosexuel ou homosexuel. Il n’y a ni gay, ni hétéro en Grèce ou à Rome. Pour Michel Foucault, l’histoire de la sexualité commence au XVIIIe siècle, une période où le discours médical commence à classer les comportements et à repérer « les anormaux », un moment où la façon dont les personnes font l’amour devient un critère de classification. qui subirait les mêmes discriminations. De la même façon, un esclave ne va pas se sentir proche de son maître parce qu’il est né avec le même sexe biologique. La question des identités sexuelles ne peut se poser, si ce n’est dans le tout petit groupe des individus libres. « Dans l’Antiquité, la sexualité identitaire n’existe pas » Dans le cas de la Grèce et de Rome, les chercheurs parlent de sociétés « before sexuality » : il y a de nombreuses formes de pratiques érotiques reconnues, elles font l’objet de nombreux discours, de chants, de poèmes, mais la sexualité identitaire que l’on connaît aujourd’hui, selon laquelle une pratique sexuelle dit d’une personne ce qu’elle est, n’existe pas. L’élan érotique n’est d’ailleurs pas sexué. En 600 avant notre ère, dans la poésie de Sappho, les relations et l’amour entre femmes sont chantés et valorisés. Dans ces poèmes n’apparaît ni sentiment d’anormalité ni besoin de se défendre contre une critique. En Grèce archaïque, dans la plupart des chansons d’amour, il n’y a pas non plus de différence de vocabulaire lorsque l’on chante une relation érotique entre deux femmes, ou entre un homme et une femme. « L’histoire de la sexualité commence au XVIIIe siècle. » – Si on n’est pas hétéro ou homosexuels dans l’Antiquité, comment se définit-on ? Est-ce que les catégories d’homme et de femme avaient du sens pour eux ? Aujourd’hui, le principal critère qui apparaît quand on se pose la question de l’identité, c’est en effet : « Suis-je un homme, une femme ? » C’est la première chose que l’on met sur une carte d’identi- té. Or, dans l’Antiquité, le critère le plus important, avant même de savoir si l’on est une femme ou un homme, est de déterminer si on est libre ou esclave : « A qui appartient mon corps ? Est ce que j’en suis propriétaire ? » Et si oui, alors seulement la question de l’identité sexuelle devient pertinente. Par exemple, il n’y a pas grand-chose de commun en termes d’expériences et de parcours de vie entre une esclave, qui n’a pas la possibilité de fonder une famille, et une femme citoyenne qui peut aller au temple, participer à des fêtes et éduquer ses enfants. Il n’y aurait d’ailleurs jamais eu de mouvement féministe en Grèce, car il n’y a pas un sentiment d’appartenance des femmes à un groupe qui vivrait la même chose ou Le meilleur et le reste « LA MÉDECINE DE PRÉCISION encore dite « personnalisée » a fait d’énormes progrès au cours des dernières décennies. Les maladies génétiques touchent environ 2 % de la population. Et les tests génétiques peuvent être pratiqués à tout moment : chez un adulte d’une famille « à risque », ou au regard des symptômes (maladie ignorée ou mutation récente) ; chez l’enfant avant la naissance (diagnostic anténatal) et même avant transfert in utero (diagnostic préimplantatoire en cas de fécondation in vitro). Dans leur usage non médical, les tests génétiques peuvent encore identifier un individu pour établir une filiation ou confondre un criminel (empreintes génétiques). Mais l’avenir retiendra-t-il encore ces tests génétiques qui ont l’avantage de se pencher sur des maladies précises (mucoviscidose, Alzheimer, diabète…), car la chute du coût du séquençage complet du génome à quelques centaines d’euros, ne va-t-il pas les remplacer ? On peut en effet se dire : autant connaître d’emblée toutes les probabilités pathologiques d’autant que la technique est facile. Un coton-tige frotté sur la muqueuse jugale envoyé à un labo étranger (la technique reste interdite en France si elle n’est pas prescrite par un médecin ou demandée par la justice) permet d’avoir des résultats en termes de pourcentages. Ces pratiques posent bien des questions éthiques. Elles obligent à interpréter des probabilités, car les maladies monogéniques (un gène) impliquant une certitude de la pathologie (gravissime) sont très rares TTE-MTE 03 (Huntington par exemple). Et ces probabilités véhiculent beaucoup d’angoisse. Quand on se pense « programmé » par ses gènes, tout pourcentage un « peu plus » élevé que la moyenne rend vulnérable. Or, le génome n’est pas à lui seul la clé d’apparition d’une pathologie : l’épigénétique intervient sur la régulation des gènes et influe sur leur expression. Elle diminue encore la certitude en augmentant ou diminuant le risque, tout en offrant une possibilité d’action, car ses processus sont conditionnés par le mode de vie, l’alimentation, la pratique d’un sport… favorisant ou empêchant par exemple un cancer de survenir. Mais des marchés lucratifs existent : la société US Counsyl propose un « test génétique universel » (salivaire) pour analyser et donc apparier l’ADN des futurs parents. « L’angoisse individuelle conduit à des batteries de tests médicaux aux coûts intolérables » Pour l’embryon ou le fœtus, justement, les tests génétiques portent à présent sur l’ADN circulant (de l’enfant) dans le sang de sa mère (diagnostic prénatal non invasif) ; l’on peut soit se limiter au dépistage de pathologies précises, soit opter d’emblée pour un séquençage complet (interdit en France) qu’il faudra donc interpréter. Or, cela est si peu évident que l’on en reste (pour le moment ?) aux tests classiques, dans le cadre d’une prescription médicale qui limite les indications à une pathologie grave, et propose un diagnostic fiable dans le cadre d’un conseil génétique. Les questions éthiques restent néanmoins redoutables. Que faire quand il y a une atteinte pathologique sans remède ni préventif ni curatif ? La pathologie en question réduit- R Q SANDRA BOEHRINGER intervient à l’Univer- sité de Strasbourg. Elle sera à la clôture du Forum, le samedi 30 janvier à 18 h à l’Aubette. GROS PLAN TESTS GÉNÉTIQUES Tribune de Marie-Jo Thiel Créatrice à Strasbourg du Centre européen d’enseignement et de recherches en éthique, Marie-Jo Thiel examine les tests génétiques et leurs enjeux. PHOTO DNA – M-É. JUND – Lorsque des rumeurs autour de la théorie du genre ont circulé, vous avez cosigné une tribune pour « en finir avec les idées reçues ». Pourquoi ? Nous sommes un petit groupe d’enseignants-chercheurs à avoir, en effet, lancé une pétition relayée par L’Alsace puis par les DNA et Libération en 2014, au moment des manifestations contre la (dite) théorie du genre. Cette pétition a recueilli plus de 12 000 signatures et c’était une victoire, car la majorité des signataires n’était pas issue du monde de l’éducation et de la recherche. Nous voulions, et c’est également l’objectif du Forum de bioéthique, montrer que les questions qui touchent la recherche sont aussi des questions de sociétés, qu’elles nous concernent tous. La méthode du genre n’est ni obscure ni complexe. Elle consiste à étudier les différences entre les sexes, à analyser la façon dont les sociétés déterminent les caractéristiques et les fonctions que l’on attribue conventionnellement aux hommes et aux femmes. C’est un outil scientifique mais ce n’est pas une théorie qui impose des normes, car c’est avant tout une question. Dans le champ des sciences de l’éducation, il s’agit de sensibiliser les futurs enseignants aux stéréotypes qui renforcent les inégalités dès le plus jeune âge et de trouver des façons de lutter contre les violences entre les enfants fondées sur l’homophobie ou le sexisme. PROPOS RECUEILLIS PAR SONIA DE ARAUJO elle le statut de son porteur à n’être plus que pathologie et donc « supprimable » ? À propos des trisomiques 21 (une naissance sur 2 000), on parle d’« eugénisme consensuel ». Quand la maladie recherchée se déclare 30 ans plus tard, par exemple les cancers du sein héréditaires (BR-CA 1-2), ne doit-on pas présumer que trois décennies laisseront le temps aux scientifiques pour trouver un remède préventif ? À cela s’ajoute le développement exponentiel des tests génétiques sur Internet et donc… l’arnaque. Les pratiques récréatives guidées par la curiosité ou « recommandées » par des sociétés privées avides de collecter les données biologiques pour les croiser avec beaucoup d’autres, s’avèrent dangereuses pour la vie privée, l’instrumentalisation et les mésusages… Assureurs et employeurs n’auront plus qu’à s’y servir. Que devient le secret médical ? Mais aussi le secret dans l’intérêt de la famille ? Alors que le gène est plastique, on cultive un déterminisme ouvrant la voie à tous les fantasmes de l’augmentation. Quant à l’angoisse individuelle, elle conduit à des batteries de tests médicaux aux coûts intolérables pour les systèmes de « sécurité sociale ». Le meilleur se mêle inextricablement au moins bon. L’évaluation bénéfices-risques est requise mais en n’oubliant pas que les déterminants majeurs de la santé restent l’alimentation et le mode de vie, et que la santé elle-même n’est nullement une garantie de vie sensée. » MARIE-JO THIEL R Chercheuse d’éthique Marie-Jo Thiel, directrice du Ceere à Strasbourg. À STRASBOURG, UN ORGANISME SPÉCIAL vient de fêter ses dix ans : le Centre européen d’enseignement et de recherches en éthique (Ceere) a été créé par Marie-Jo Thiel, titulaire d’un doctorat en médecine et en théologie, au sein des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Arrivée à Strasbourg en 1999, ce professeur à la faculté de théologie catholique obtient une habilitation à diriger des recherches en éthique et en politique communautaire de santé. Elle crée alors un programme scientifique interdisciplinaire. Ses travaux sont récompensés dès 2003 par le prix Rapin en éthique médicale. Elle sera aussi, cinq ans plus tard, lauréate des tout premiers trophées de l’enseignement d’éthique en France. Avec la création du Ceere, Marie-Jo Thiel a voulu donner à l’enseignement de l’éthique une vitrine universitaire, ouvrant son master à d’autres champs que l’éthique médicale (l’éthique et le droit animal ou, à l’avenir peut-être, la gérontologie). À son actif, cette universitaire de 58 ans compte le lancement d’une collection aux Presses universitaires de France ainsi que l’organisation de journées internationales d’éthique. Chemin difficile : la dernière édition sur « l’homme dans les mailles du numérique » n’a pu se tenir par manque de moyens. En revanche, Strasbourg a accueilli l’automne dernier le colloque national des espaces de réflexion éthique, centré sur la fin de vie, sous la houlette de l’ERERAL, branche alsacienne de ces organes régionaux institués par la loi. Marie-Jo Thiel a été nommée par la Commission européenne membre du groupe Éthique en science et nouvelles technologies. Q Auteur de La santé augmentée : réaliste ou totalitaire ? Bayard 2014 ; Faites que je meure vivant, Bayard 2013 ; La dignité de l’être humain, Bayard 2013. PHOTO DNA DIR Q MARIE-JO THIEL sera le jeudi 28 janvier à 16 h à l’Aubette. FORUM EUROPÉEN DE BIOÉTHIQUE 20 Q MARDI 19 JANVIER 2016 STRASBOURG Le programme du 25 au 30 janvier Le normal et le pathologique Du 25 au 30 janvier, le Forum de bioéthique revient à Strasbourg sur le thème du normal et du pathologique. Pendant une semaine, le Forum propose rencontres, débats, témoignages avec experts et grands témoins. Entrée libre. Lundi 25 janvier ❏ Jusqu’à l’enfermement. Une emprise préjudiciable Rencontre avec Serge Portelli. – De 13h à 14h, librairie Kléber Le normal et le pathologique Autour de Georges Canguilhem ❏ A ❏ Normal ou pathologique ? Hyperactif, surdoué, un enfant original ! vec Bernard Baertschi, Karsten Lehmkuhler, Jean François Braunstein. – De 10h à 12h, librairie Kléber Rencontre avec Marcel Rufo. – De 15h à 16h, salle de l’Aubette « Pouvoir tomber malade et s’en relever, un luxe biologique » ❏ Assujettir la raison Avec Serge Blisko, Alain Bauer, Philippe Breton, Michel Dubec, Chantal Poulain. – De 16h à 18h, salle de l’Aubette ❏ Rencontre avec Jean-François Braunstein. Avec Agnès Radmacher. – De 12h à 13h, librairie Kléber ❏ Dans le regard de l’autre ❏ Question d’actu : la santé fout le camp ! Rencontre avec Laurence Fuhrer-Syda. – De 13h à 14h, librairie Kléber Avec Bernard Baertschi, Sadek Beloucif, Gabriel Nisand, Christophe Gautier. – De 18h à 20h, salle de l’Aubette ❏ La sédation profonde, une euthanasie passive ? Vis à vis. Avec Régis Aubry et Jacqueline Herremans. – De 15h à 16h, salle de l’Aubette Samedi 30 janvier ❏ Handicaps et dépendances ❏ Vieillir ? Oui, mais beau, en Des silences et des oublis forme, jusqu’à la mort ! Avec Marcel Nuss, Romain Favre, Michèle François, Tugdual Derville, Yves Alembik, Gabrielle Knecht. – De 10h à 12h, salle de l’Aubette Avec Monique Atlan, Catherine Bruant-Rodier, Didier Cœurnelle, David Le Breton, Bernard Geny, Francine Friedrich. – De 16h à 18h, salle de l’Aubette ❏ La médecine conduit-elle au transhumanisme ? Rencontre avec Jean-François Mattei. – De 12h à 13h, salle de l’Aubette ■ INAUGURATION OFFICIELLE Avec Jean-Louis Mandel, Christophe Gautier, Jean Sibilia, Alain Beretz, Jacques-Pierre Gougeon, Roland Ries, Robert Herrmann, Philippe Richert, Stéphane Fratacci. – À 18h, salle de l’Aubette ❏ Conférences inaugurales – Y A-T-IL DES NORMES PATHOLOGIQUES ? Par Roger Pol-Droit. – LE CORPS EST DE RETOUR ! Par Israël Nisand. – De 18h à 20h, salle de l’Aubette Mardi 26 janvier ❏ Une mort moderne : la conférence-théâtre du Dr Storm Durant une semaine, 35 débats, 130 experts, 40 grands témoins, 370 scolaires… et des milliers d’auditeurs. PHOTO ARCHIVES DNA – MICHEL FRISON Damien Heitz, Grégoire Moutel, Bernard Ennuyer. – De 16h à 18h, salle de l’Aubette ❏ Question d’actu : Nouvelles familles, nouvelles filiations. Comment va l’Œdipe ? Avec Christian Flavigny, Martine Gross, Serge Hefez, Ludovine de la Rochère, Jean-Richard Freymann, Pauline Tiberghein. – De 18h à 20h, salle de l’Aubette Mercredi 27 janvier ❏ Les psychopathes et nous. Crimes, traitements, châtiments Avec Daniel Zagury, Philippe Breton, Valérie Depadt-Sebag, Steve Jeko. – De 16h à 18h, salle de l’Aubette ❏ Question d’actu : Le poids de la demande, les médecines complémentaires face au mal Avec Jacques Kopferschmitt, Fernand Vicari, Michel Patris, Robert Kempenich, Pascal Schweitzer. – De 18h à 20h, salle de l’Aubette ❏ Innées ? Acquises ? Les maladies mentales Avec Daniel Lemler, Olivier Putois, Jean-Marie Danion, Jean-Louis Mandel. – De 10h à 12h, librairie Kléber ❏ Manipuler la mémoire et le souvenir Rencontre avec Pierre-Marie Lledo. – De 12h à 13h, librairie Kléber Jeudi 28 janvier ❏ Dans le monde des fous Avec Nouzha Guessous, Daniel Lemler, Michel Patris, Catherine Jousselme, Emmanuel Hoff. – De 10h à 12h, librairie Kléber ❏ Le normal et le pathologique. Le malheur est-il une maladie ? ❏ Vers un bébé à la carte ? Avec Catherine Rongières, René Frydman, Jean-Louis Mandel, Marie-Jo Thiel, Stéphane Bauzon, Agnès Radmacher. – De 16h à 18h, salle de l’Aubette ❏ Question d’actu : Porter l’enfant d’une autre Esclavage ou solidarité ? Avec Dominique Mennesson, Nouzha Guessous, Martine Gross, Anne-Marie Leroyer, Marie-Anne Frison-Roche, Maud Nisand. – De 18h à 20h, salle de l’Aubette Vendredi 29 janvier ❏ La fabrique des maladies Avec André Grimaldi, Lucie Schaller, Jean Sibilia, Patrick Baudry, André Corman, Thierry Artzner. – De 10h à 12h, librairie Kléber ❏ Directives anticipées : Rencontre avec André Comte-Sponville. – De 13h à 15h, salle de l’Aubette Rencontre avec Didier Sicard. – De 15h à 16h, salle de l’Aubette ❏ Connaître ses gènes, rêve ou cauchemar ? ❏ Est-ce bien normal ? ❏ Penser la démence, l’alzheimer Avec Didier Sicard, Catherine Ollivet, Vis à vis. Avec Patrick Gaudray et Jean - Louis Mandel. – De 15h à 16h, salle de l’Aubette Vis à vis. Avec René Frydman et Monique Bydlowsky. Pas simple d’évoquer sa mort – De 15h à 16h, salle de l’Aubette ❏ Voyage au bout de la mort Rencontre avec Sadek Beloucif. – De 12h à 13h, librairie Kléber L’acharnement procréatif ❏ L’art et l’anormalité : des liaisons heureuses ou dangereuses ? Avec Chantal Poulain, Jean-Louis Mandel, Jean-Pierre Ritsch-Fisch, Joëlle Pijaudier-Cabot, Faruk Gunaltay, Sandrine Roudeix, Jewly. – De 10h à 12h, librairie Kléber Par Bruno Tuchszer. Une adaptation de l’essai du Suédois Carl-Henning Wijkmark. – De 13h à 14h, salle l’Aubette ❏ Les pathologies de l’excès Vis à Vis. Avec Corine Pelluchon, David Le Breton. – De 15h à 16h, salle de l’Aubette ❏ Ambiguïtés sexuelles Qui décide de définir le genre ? Avec Laurence Brunet, Michèle Weil, Muriel Salle, François Becmeur, Philippe Brenot. – De 16h à 18h, salle de l’Aubette ❏ Question d’actu : rencontre de 3e sexe Avec Irène Théry, Philippe Breton, Nicoletta Diasio, Pierrette Auffière, Sandra Boehringer, Julia Agrado, Pierre Soler-Couteaux. – De 18h à 20h, salle de l’Aubette R Q Le Forum de bioéthique soutient des projets avec notamment l’ISEG, le lycée Schuré à Barr ou Jeanne-d’Arc à Mulhouse, qui préparent des grands témoins chargés d’intervenir en tribune. Cette année participe aussi le lycée Jeanne-d’Arc de Thonon-les-Bains (74). Q Plus d’infos sur www.forumeuropeendebioethique.eu ❏ La force de la fragilité Rencontre avec Corine Pelluchon. – De 12h à 13h, librairie Kléber Q @ Les temps forts du Forum européen de bioéthique pourront être suivis en vidéo sur dna.fr TTE-MTE 04