Catalanistes:lesforcesenprésence

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Catalanistes:lesforcesenprésence
L ' I N D E P E N D A N T
P E R P I G N A N
M A R D I
1 2
E T
D É C E M B R E
S A
2 0 0 6
R E G I O N
7
Catalanistes :lesforces enprésence
Coup d’éclats, coup de com’, parfois coup de gueule, les partis catalanistes du département font souvent parler d’eux. Mais que connaît-on vraiment
d’Unitat catalana, du Bloc català (récemment devenu Convergència democràtica de Catalunya) et d’Esquerra republicana de Catalunya ?
onnaît-on vraiment les partis catalanistes d’ici ? D’Unitat catalana, on sait l’action
au sein de la municipalité de Perpignan, bénéficiant de l’oreille attentive du maire. Du Bloc català,
devenu désormais Convergència
democràtica de Catalunya, on se
souvient de la campagne anti Septimanie avec l’apparition du burro masqué. D’Esquerra republicana de Catalunya, on perçoit son
intransigeance et on n’a pas
oublié son coup d’éclat de janvier 2004, lorsque la mairesse de
Salses avait quitté le PS à son profit.
Mais en dehors de ça ? En dehors
d’un certain folklore attaché à
leur image et aux clichés qui collent à la peau de ces petits partis,
ERC, CDC et Unitat ont des ambitions et des programmes électoraux. Hors la mouvance associati-
C
ve liée à la catalanité, peu nombreux sont ceux qui connaissent
les vues de ces trois partis et leur
origine.
Nous sommes donc allés à la rencontre de leurs dirigeants départementaux afin qu’ils s’expriment
clairement sur ce qui motive leur
action. Parce que de nombreuses
échéances électorales vont se succéder et que vous serez peut-être
tentés d’apporter vos suffrages à
l’une ou l’autre de ces formations, nous avons voulu en savoir
plus sur eux.
Deux volets
Aujourd’hui, nous vous proposons une photographie de ces partis catalanistes. Quelles sont leurs
forces militantes et le nombre de
leurs élus ? Quelle est leur structure ? Et d’où viennent-ils ? Voilà ce
que nous avons demandé à Jordi
CDC (ex-Bloc català) : s’aligner sur
tous les cantons pour en gagner 2
Jordi Vera, élu à Sansa, est président fédéral de CDC.
Idéologie : La CDC, Convergència democràtica de Catalunya
(Convergence démocratique de
Catalogne) est un parti autonomiste. "Régionaliste en français", y
précise-t-on. Elle a pour objectif,
dans le strict cadre institutionnel
hexagonal de créer une région catalane en France. C’est un préalable au rapprochement avec le
Sud.
Président : Jordi Vera est président de la fédération CDC du
Nord. Il est conseiller municipal à
Sansa.
Date de naissance : CDC est née
le 3 décembre 2006 à l’occasion
du congrès de dissolution du
Bloc català. Son origine, si l’on
suit la trajectoire de son président, est compliquée. Jordi Vera a
été membre d’ERC
puis président fondateur du PPC
(Partit per Catalunya, Parti pour la
Catalogne), puis
membre d’Unitat
catalana. Il passe au Bloc català en
2002 avec une partie des adhérents d’Unitat catalana.
Nombre de militants : 300 revendiqués. "Plus ceux qui ont adhéré
au congrès", précise le président.
Prix de la cotisation : 50 euros.
Elle était de 35 euros du temps du
Bloc català.
Elus : Ils sont 9, uniquement élus
à l’échelon municipal. Leur particularité est d’avoir rejoint le Bloc
català (donc in fine CDC) sans
avoir été élus sous cette étiquette.
Et pour cause. "Le Bloc n’existait
pas lors des dernières municipales",
rappelle Jordi Vera. Voici les communes où ils siègent : Salses (Marie-Claude Grégoire, la maire, est
un transfuge très récent d’ERC),
Thuir (3 élus), Villeneuve-de-la-Raho (1 élu), Saint-Laurent-de-la-Salanque (1 élu), Elne
(1 élu), Sansa (1 élu),
Saint-Féliu-d’Amont (1 adjoint).
Jordi Vera affirme que "dix élus
de plus sont adhérents à CDC,
mais ont pour l’instant choisi d’évoluer sans étiquette".
Structure : CDC est régie par un
système fédéral. Aussi, au Nord,
la toute nouvelle fédération est
autonome sur le plan politique et
a son président, Jordi Vera. Ce
dernier est également président
du comité exécutif de CDC Nord
(aidé par 5 secrétaires exécutifs)
et membre de droit du comité
exécutif national. CDC a également un conseil fédéral, qui regroupe les commissions et les sections, et qui est présidé par Marie-Claude Grégoire.
Droite ou gauche ? "Nous sommes centre gauche. Ici, au nord, on
dit de CDC qu’elle est de centre
droit, or elle est membre du groupe
de centre gauche au Parlement
européen - en fait Alliance des Démocrates et des Libéraux pour
l’Europe où siège une partie du
centre gauche italien et du centre
droit français (UDF) -", affirme
Jordi Vera.
Ambitions électorales : CDC
n’imagine pas remporter une circonscription aux législatives, mais
le président s’engage à "aligner
quatre candidats, c’est sûr."
L’échelon cantonal est visiblement plus un objectif. Ainsi,
Convergència democràtica de Catalunya, présentera un candidat
par canton renouvelable (soit 15)
ou, à défaut, apportera son soutien à un candidat sur les cantons
où elle ne pourra s’aligner. "Notre
espoir c’est de gagner un ou deux
cantons pour amener
le conseil général à engager une procédure
sur la région catalane", annonce le président Vera. Il a des
objectifs précis, mais
ne souhaite pas les
annoncer pour l’heure.
C’est sur les municipales que
CDC jouera gros comme le révèle le président fédéral : "Nous espérons avoir plusieurs dizaines d’élus.
Nous voulons également conserver
la mairie de Salses et, pourquoi
pas, en conquérir deux de plus."
Accords avec les grands partis :
"Nos élus travaillent déjà dans les
communes avec des maires de différentes sensibilités. Des accords sont
possibles avec des partis proches de
nos idées. Aux municipales, tout
est envisageable avec les partis modérés." Par ailleurs, CDC participe à Régions et Peuples solidaires.
Des projets phares : Si CDC accédait au pouvoir, sa première démarche serait d’engager une procédure pour créer une région Catalogne en France. Elle travaillerait ensuite sur le catalan et la catalanité car "le catalan est le ciment
de la cohésion sociale en Catalogne
Nord". Enfin, elle mettrait en œuvre un plan de choc pour le développement de la Catalogne Nord
en faisant appel aux acteurs sociaux, économiques et institutionnels.
Vera, président de CDC, Joan Ridaura, président d’ERC et Jaume
Roure, président d’Unitat catalana.
Dans le deuxième volet de ce dossier, demain, nous nous attacherons à préciser leur idéologie.
Nous verrons quel regard chacun
des partis porte sur les deux
autres. Nous ferons également
réagir des observateurs de Catalogne Sud. Un journaliste, un politologue et des représentants de
CDC (son président Artur Mas)
et d’ERC (son porte-parole au
Parlement, Joan Ridao), commenteront ainsi l’existence de ces
formations.
A la lecture de ces deux volets,
vos réactions, commentaires et témoignages seront bien entendu
les bienvenus.
Dossier réalisé
par Guillaume Clavaud
Photos Philippe Rouah.
ERC : la gauche catalane pourrait
présenter une liste à Perpignan
Joan Ridaura, président régional
d’ERC, n’est pas élu local.
Idéologie : "Tout peuple a le droit
de décider de son avenir. Nous sommes clairement indépendantistes."
ERC, Esquerra republicana de Catalunya (Gauche républicaine de
Catalogne), a donc la volonté, à
l’avenir, d’obtenir la reconnaissance de la nation catalane réunifiée
et pas seulement une région Catalogne au Nord. Mais attention,
une Catalogne ouverte vers l’Europe et le monde et pas renfermée sur elle-même.
Président : Joan Ridaura. De nationalité espagnole, il n’a ni mandat dans les P.-O. ni au Sud.
Date de naissance : Selon son
président, dès les années 40, ERC
a été présente au Nord dans le
sillage des réfugiés républicains.
Elle existait en tant que parti
d’exil, pas comme force politique
sur le sol français. Et pour cause,
les années 40 débutaient par le régime de Vichy. ERC Nord, en
tant que force politique départementale, a été créée en 1988.
Nombre de militants : Une centaine.
Prix de la cotisation : La cotisation est de quelque 111 euros.
Son paiement est
mensualisé à ERC
(9,25 euros par
mois). "Les cotisations des militants et
des élus sont le seul financement que les
statuts d’ERC acceptent", précise le président.
Elus : Esquerra republicana de
Catalunya compte 9 élus municipaux. Voilà les sept communes
dans lesquels ils exercent leur
mandat : Salses (1 élu), Port-Vendres (1 élu), Saint-Cyprien (1
élu), Prades (2 élus), Fontpédrouse (1 élu), Baillestavy (2 élus),
Vinça (1 élu).
Structure : Chez ERC, l’équipe
dirigeante est constituée d’un président, d’un porte-parole, d’un secrétariat organisationnel aux finances, de secrétariats (communication, enseignement, environnement, mouvement social et femme…) et d’un responsable des
jeunes. ERC Nord constitue une
région d’ERC qui en compte 15.
Elle n’est pas une antenne délocalisée. Elle est composée de trois comarques (territoires) : Roussillon, Conflent-Cerdagne-Capcir
et Vallespir. En tant que président régional, Joan Ridaura est
membre de droit du conseil et de
l’exécutif national d’ERC.
Droite ou gauche ? La réponse
est évidemment attendue quand
on s’appelle Gauche républicaine
de Catalogne : "Gauche !"
Ambitions électorales : "La présidentielle ne rentre pas dans la logique d’un parti indépendantiste",
s’amuse Joan Ridaura.
ERC pourrait s’aligner aux législatives avec ou sans accord avec les
Verts (avec lesquels ils travaillent
dans le cadre de Régions et Peuples solidaires). "Ces élections sont
bipolarisées. Le résultat sera faible.
Mais c’est une opportunité pour se
faire connaître, s’exprimer et proposer une alternative. En politique, il
y a un désir de changement", explique le président.
Pour les municipales et les cantonales, le président Ridaura avoue
qu’ERC "n’a pas travaillé la question". Il s’interroge d’abord sur le
fonctionnement démocratique
qui nie les minorités, notamment
sur l’agglo de Perpignan. "Les
maires n’ont plus de pouvoir, même s’ils ont des projets avec l’élection des conseillers communautaires au second degré." Cependant,
ERC aura quelques velléités.
"Nous allons travailler sur certaines municipalités à une participation aux listes de gauche. Avec le
PS, la porte n’est pas fermée, mais
ce sera difficile", concède Joan Ridaura. Il souligne qu’ERC pourrait se présenter seule sur Perpignan.
"Les cantonales, viendront après."
Accords avec les
grands
partis :
"Nous avons participé à la campagne du
référendum sur la
Constitution européenne avec les forces du non de
gauche et sur les législatives nous
travaillons avec les Verts", rappelle
le président. Il souligne qu’ERC
est ouvert pour travailler avec l’ensemble des partis de gauche, PS
compris donc.
Des projets phares : En arrivant
au pouvoir, Esquerra republicana
de Catalunya s’attacherait au
bien-être de la personne. Elle porterait son attention sur le sort des
personnes âgées. Afin d’améliorer
les services à destination des anciens, elle lancerait une grande
étude comparative entre le Nord
et le Sud. Elle n’aurait pas la volonté de chercher la confrontation, mais se voudrait un parti utile.
Pour Unitat catalana,
"Les municipales, c’est l’objectif"
Le président Jaume Roure est adjoint au maire à Perpignan.
Idéologie : Autonomiste, Unitat
catalana, souhaite un statut de
"territorialité" pour la Catalogne
Nord. "On veut se gérer nous-même." Unitat catalana souhaite la
séparation du territoire de la région Languedoc-Roussillon. Elle
est pour l’Europe des peuples et
des régions avec un fédéralisme
des pays catalans.
Un
fédéralisme
transfrontalier.
Avant d’en arriver
là, l’étape incontournable est l’Eurodistrict.
Président : Jaume
Roure, adjoint au
maire à Perpignan.
Date de naissance : Unitat calana (Unité catalane) a été créée en
1986 à l’issue des premières élections régionales organisées à la
proportionnelle. Sous la bannière
Unitat catalana, toutes les chapelles catalanistes s’étaient réunies
pour présenter une liste. Elle obtint 2,96 % et aucun élu, mais déboucha sur la création du parti
Unitat catalana. Son fondateur,
Jaume Roure, était lui issu du parti Esquerra catalana dels Treballadors (Gauche catalane des Travailleurs) qu’il avait fondé en
1972.
Nombre de militants : 159 officiellement. "Sans doute même un
peu plus, souligne le président,
mais contrairement à certains je ne
vous annoncerai pas de chiffres incroyables."
Prix de la cotisation : 30 euros
(50 euros pour les couples).
Elus : Ils sont au nombre de 11.
Tous sont élus municipaux. Ils
sont présents dans les communes
suivantes : Perpignan (2 élus
dont 1 adjoint), Canohès (3 élus
dont 1 adjoint), Pollestres (1
conseiller), Sorède (3 élus dont 1
adjoint), Eus (1 élu), Montferrer
(1 élu).
Ces 11 élus participent au financement d’Unitat catalana en lui reversant 10 % de leurs indemnités
municipales.
Structure : Le parti n’existe
qu’au Nord. Il est mené par un
président, un secrétaire général et
un trésorier renouvelés tous les
deux ans. Il compte deux présidents d’honneur. Il est divisé en
colles (cellules). Le bureau politique se réunit tous les trimestres.
"Nous ne sommes pas gourmands
en commissions, bien que nous en
ayons notamment sur l’enseignement et la culture. Le fonctionnement est très participatif", affirme
Jaume Roure.
Droite ou gauche ? "Nous nous situons à l’extrême centre. Notre parti n’est pas en possession du pouvoir, mais notre programme est précis. Il vise à un statut de territorialité pour la Catalogne Nord. Pour y
parvenir, nous travaillons avec toutes les municipalités (de droite ou
de gauche)", plaide le président.
Ambitions électorales : "Les législatives ne sont pas une élection
pour nous. La dualité droite / gauche va l’emporter. Nous n’avons
donc pas l’espace", estime le président d’Unitat catalana. Le parti
alignera cependant une candidate
sur une circonscription. Le choix est
semble-t-il déjà fait,
mais il n’est pas officiel.
Aux cantonales, sur
les 15 cantons renouvelables, Unitat
catalana ne devrait
présenter des candidats que sur
un tiers d’entre eux.
"Les municipales, c’est l’objectif",
reconnaît Jaume Roure qui vise
mieux qu’en 1995. "1995, c’était
l’heure de gloire. Nous avions présenté 16 candidats et avions eu 16
élus. Après il y a eu le schisme avec
le Bloc català", se souvient-il.
Pour les municipales à venir, l’objectif n’est pas de conquérir une
ville en particulier, mais d’assurer
une représentation du parti dans
un quart des communes des
P.-O. "Nous souhaitons avoir des
élus dans 40 à 50 des 226 communes qu’elles soient de droite, de gauche ou du centre", lance le président.
Accords avec les grands partis :
"Des partenariats sont envisageables avec tous les partis démocratiques."
Des projets phares : Une fois
aux affaires départementales Unitat catalana travaillerait sur la territorialité dans la perspective de
créer un eurodistrict entre Narbonne et Gérone. Elle s’attacherait à développer les relations
culturelles et touristiques et à
"vendre" la Catalogne Sud et la
Catalogne Nord comme un même territoire.
Arrivée aux affaires municipales,
Unitat catalana poursuivrait l’action initiée sur Perpignan avec
une vision communautaire (sur
une communauté de communes
ou dans l’agglomération). Elle
renforcerait la délégation de Perpignan à Barcelone afin de travailler plus encore le relationnel
avec le Sud.

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