island of death

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ISLAND OF DEATH
TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU
Titre original : PEDHIA TOU DHIAVOLOU, TA
Autre titre : ISLAND OF DEATH
Année : 1975
Nationalité : Grèce
Acteurs : Bob Belling, Jane Ryall, Jessica Dublin & Gerald Gonalons
Réalisateur : Nico Mastorakis
Scénario : Nico Mastorakis
Musique :
l'île touristique de Mykonos, semble-t-il pour y faire un séjour
en amoureux. Ce sont en fait de dangereux psychopathes en
cavale, particulièrement le jeune homme qui s'est mis en tête
de "punir" (c'est-à-dire d'assassiner) toutes les personnes qu'il
considère comme des pervers ou des débauchés. Toutefois, un
britannique, qui les surveillait à Londres, retrouve leur trace et
se rend en Grèce...
En 1974, la dictature militaire qui dirige la Grèce abdique et
cède la place à la démocratie. Il s'ensuit un courant de
libéralisation dont va profiter la création artistique du pays.
Toutefois, les structures traditionnelles du cinéma populaire
n'ayant pas su affronter la concurrence de la télévision, elles
sont franchement moribondes. Ce sera surtout le cinéma
d'auteur qui va s'épanouir, notamment à travers l'œuvre de son
plus célèbre ambassadeur, Théo Angelopoulos. Mais, quand on
est un jeune réalisateur nommé Nico Mastorakis, et qu'on a
derrière soi un thriller fantastique (TO KORITSI VOMVA) et
une carrière à la télévision, les perspectives ne sont guère
prometteuses.
La vision de MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE lui
donne néanmoins une idée pour relancer sa carrière : tourner,
pour un tout petit budget, un film encore plus violent, destiné à
ramasser un maximum de recettes sur le marché international.
Il réunit, avec l'aide d'un ami producteur, 30 000 dollars (soit
le tiers du budget du film de Hooper), rédige un scénario en
une semaine et recrute quelques comédiens anglophones, parmi
lesquels, pour jouer le couple de psychopathes, Robert Behling
(un mannequin voulant se lancer dans le cinéma) et Jane Ryall
(dont ce sera la seule apparition sur grand écran). Ils se rendent
sur l'île cycladique de Mykonos et y mettent en boîte TA
PEDHIA TOU DHIAVOLOU, en décors naturels. Faute
d'avoir à sa disposition tout le personnel dont il a besoin,
Mastorakis tient lui-même le rôle d'un écrivain, et recrute des
acteurs improvisés parmi les touristes !
Christopher et Celia, un jeune couple d'anglais, viennent sur
TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU raconte la cavale
sanglante d'un jeune couple de serial killer anglais, se réfugiant
en Grèce quand, dans leur pays d'origine, on commence à les
soupçonner. Adoptant nettement le point de vue de ces deux
détraqués (leurs aventures seront commentées en voix off par
Christopher), cette course à la mort semble vite d'une rare
absurdité : alors que les jeunes gens devraient tout mettre en
oeuvre pour se faire oublier, ils restent pris dans la spirale de la
folie meurtrière et accumulent les actes de violence. On est
tenté de rapprocher cette fuite d'œuvres connues, comme
BONNIE AND CLYDE, LA BALLADE SAUVAGE ou LES
TUEURS DE LA LUNE DE MIEL. Toutefois, dans ces films,
les criminels faisaient le mal surtout pour acquérir de l'argent
facilement, alors que Celia et Christopher assassinent et
torturent par pure cruauté, uniquement pour le plaisir. Ils
annoncent donc plutôt les méfaits des TUEURS NÉS d'Oliver
Stone. Certes, Christopher tente de justifier ses actes immoraux
en prétendant éliminer la mauvaise engeance, les pervers et les
corrompus, qui se vautrent dans des vices, selon lui, contrenature. Ce discours délirant (proche, par exemple de celui du
tueur de DEUX MAINS LA NUIT de Robert Siodmak) paraît
d'autant plus délirant que cet ange exterminateur autoproclamé s'adonne à des plaisirs peu ordinaires, par exemple
en copulant avec une petite chèvre !
TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU a souvent été présenté,
même par son réalisateur, comme un simple catalogue de
perversions et de scènes de sadisme diverses et variées.
Pourtant, sa construction est adroite, et elle ménage bien des
surprises au spectateur. Ainsi, le jeune couple semble,
initialement, deux jeunes amoureux arrivant sur un site
paradisiaque. Quelques détails éveillent déjà l'attention (la
nervosité de Christopher), mais leurs premiers agissements
sont bien innocents. Ce n'est que très progressivement qu'on
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comprend à qui on a affaire, et quel est le passé des
personnages.
La première demi-heure joue ainsi un très habile jeu du chat
et de la souris, en détournant les codes classique de ce genre de
cinéma pour mieux prendre à revers les anticipations du public
: les assassins sont de riches et beaux jeunes gens ; certains
crimes ont lieu en plein jour, sous un soleil éclatant... Tout cela
est mis en forme par une réalisation dynamique, utilisant
parfois d'astucieuses expérimentations (arrêts sur image
montés en rafale et rythmé par les déclics d'obturateur d'un
appareil photographique...).
Surtout, TA PEDHIA TOU
DHIAVOLOU
bénéficie
d'un
contexte visuellement exceptionnel :
les superbes extérieurs de l'île de
Mykonos, par ailleurs décrite comme
un lieu de tourisme décadent et hippie,
rappelant Ibiza dans le MORE de
Barbet Schroeder. Servant d'écrin
solaire aux méfaits de Christopher et
Celia, ces décors méditerranéens,
associés à une musique composée
essentiellement d'un rock progressif
omniprésent, assurent un dépaysement
géographique et temporel fort, ainsi
qu'une
atmosphère
des
plus
singulières.
Néanmoins, une fois la situation
bien établie, il est exact de constater
que TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU
tourne un peu à un inventaire de
"perversions"
(lesbianisme,
toxicomanie, prostitution, viol...),
toujours efficace, mais néanmoins
assez lassant. Cette accumulation tend
à devenir répétitive, et l'attention du
spectateur
peut
se
relâcher.
L'impatience pointe parfois le bout de
son nez...
TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU
reste néanmoins une curiosité tout à
fait intéressante, et d'une originalité
certaine. S'il est tentant de le
considérer comme un film-choc bien
dans son époque, du style de LA
DERNIÈRE MAISON SUR LA
GAUCHE ou OEIL POUR OEIL
(titre vidéo), il peut tout de même se
prévaloir d'une ambiance unique,
inimitable, mêlant une folie perverse à
un exotisme insolite.
TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU s'est révélée une affaire
très rentable (bien qu'il n'ait pas été distribué en France).
Mastorakis refuse de faire un film du même genre aussitôt
après, de peur de se voir cantonné dans ce style de cinéma. Il
écrit alors le scénario de L'EMPIRE DU GREC, réalisé par
Jack Lee Thompson et inspiré de la romance entre Jackie
Kennedy et Aristote Onasis. Puis, il réalise lui-même ses
propres oeuvres, parfois consacrées au fantastique (THE TIME
TRAVELLER, titre vidéo...) et à l'épouvante (ONDE DE
CHOC...).
DVD de TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU, devenu, entretemps, une curiosité recherchée par les amateurs de cinéma
exotique et audacieux. Le disque, multizone, est disponible, au
choix, en PAL ou en NTSC, et il est distribué aux USA par
Image. L'éditeur allemand Ciné Club en propose une nouvelle
édition, qui va être testée ici.
L'image est proposé dans un cadrage 4/3 plein écran, fidèle
au format de présentation d'origine. Le télécinéma, réalisé à
partir du négatif complet détenu par le réalisateur, est vraiment
très beau, particulièrement en ce qui concerne la gestion des
couleurs et de la lumière. Certains plans nocturnes trahissent
du bruit ou une granulation excessive, et on peut relever
quelques défauts d'état, mais, pour
une production aussi modeste, c'est
vraiment de l'excellent travail.
La bande-son est disponible en
version originale (en anglais, langue
du tournage) dans un mono très
convenable, même s'il a un peu
tendance à saturer, ou bien à trahir un
léger bourdonnement en bruit de fond.
Un sous-titrage allemand amovible est
disponible, ainsi qu'une bande-son
mono allemande, qui sonne déjà un
peu plus sale que la piste anglophone.
En bonus, on trouve la même
interview récente de Nico Mastorakis,
dédiée à TA PEDHIA TOU
DHIAVOLOU,
qui
était
déjà
disponible sur les DVD antérieurs de
ce titre. Durant 25 minutes, le
réalisateur y parle en détail de la
conception du film, en anglais (avec
un sous-titrage allemand amovible).
En plus, l'édition allemande
propose plein de petits suppléments
exclusifs, à savoir : une bandeannonce allemande d'époque ; une
galerie d'affiches et de matériel
promotionnel ; une galerie de
photographies de plateau ; une galerie
de captures, servant en fait à illustrer
une chanson du film placée en bandeson ; trois génériques de début
alternatifs, provenant d'éditions vidéo
antérieures (deux en allemand et un en
anglais). Enfin, le lancement du long
métrage lui-même est précédé par une
petite présentation exclusive par Nico
Mastorakis, en anglais sous-titré en
allemand. On note encore que les
menus sont illustrés par des chansons
extraites de la bande originale du film.
Enfin, un livret est inclus dans le boîtier, qui contient trois
pages d'interview exclusive (en allemand) du réalisateur, ainsi
que sa filmographie.
Cine Club propose donc l'édition la plus complète et la plus
satisfaisante de TA PEDHIA TOU DHIAVOLOU disponible
pour le moment. Qui plus est, les sous-titrages allemands étant
amovibles, il est un achat tout à fait intéressant, que ce soit
pour les collectionneurs anglophones ou germanophones.
Emmanuel Denis
En 2002, il supervise lui-même une nouvelle édition en
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