Bulletin n° 24 du 11 janvier 2012

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Bulletin n° 24 du 11 janvier 2012
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District 1730 - Gouverneur Luigi LIUZZO - Année 2011 - 2012
Présidence : Françoise GUIGONIS
« Amitié et Partage»
Siège : Hôtel Elysée Palace – 59 promenade des Anglais - 06000 NICE
Mél Club : [email protected] – Mél Pdt :[email protected]
Hôtel Elysée Palace: Tél : 04 93 97 90 90
BULLETIN N° 24 du 11 Janvier 2012
Notre réunion hebdomadaire
PROCHAINES REUNIONS
Notre Présidente nous accueille et se félicite de nous voir aussi
nombreux et immédiatement nous fait part des derniers miniMercredi 18 Janvier
événement de notre Club Les décisions prises par le Comité
20h dîner à l’Elysée Palace avec conjoints (conférence de
Directeur .
Les reçus CERFA
Après avoir entendu l’exposé de Danièle ABERGEL le Comité
a décidé d’envoyer à chacun d’entre nous le Document CERFA
demandé par l’Administration pour les sommes que nous
versons chaque année pour les œuvres du ROTARY ou pour
les œuvres personnelles de notre Club. Ce document va donc
nous parvenir rapidement
La campagne de sensibilisation du ROTARY
Notre journal le ROTARIEN lance du 12 au 25 Mars prochain
une campagne pour mieux faire connaître le ROTARY .Cette
campagne se fera à la télévision sur France 2 France 3 et sur
France5. Il y sera parlé de notre action pour l’éradication de la
Polio, de notre lutte pour la prévention de l’illettrisme, de notre
investissement pour l’eau potable pour tous, de nos actions
pour les jeunes. Ces émissions se feront sur TELE-MATIN, le
19/20 sur France 3 et dans « C’est dans l’air » sur France 5.
La détermination dans nos clubs.
Il faut promouvoir la détermination dans nos club et le notre
participera à la concertation qui aura lieu, avec les autres Clubs,
dans notre district .
Une surprise
A la fin de notre déjeuner plusieurs gâteau des rois
permettront à plusieurs d’entre nous de porter une couronne
royale … pour quelques instants !!!!!
Bernard DENJOY sur l’EVEREST en remplacement de la
conférence sur le PARIS-DAKAR
Mercredi 25 Janvier
Réunion annulée en raison de la soirée cinéma le
lendemain
Jeudi 26 janvier 2012
Soirée Cinéma aux VARIETES
Mercredi 1er février 2012
19h : apéritif à l'Elysée Palace
20h : comité directeur
Mercredi 8 février 2012
12h30 Déjeuner à l’Elysée Palace –La conférence statutaire de
Georges Eric MARTINEAUX est renvoyée à une date
ultérieure
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Le PROTOCOLE
Alain ABERGEL
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La conférence statutaire d ‘Olivier MOSCHKOWITZ
Olivier nous parle maintenant de la maroquinerie qu’il connaît si bien.
Vous trouverez sa conférence en annexe. Il est passionnant et
vivement applaudi.
Fêtes : Néant
Anniversaires : Néant
Visiteurs : Le colonel Gérard WIRTZ-RISSE du RC de CHALONS EN
CHAMPAGNE.
Invité :
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Président : Françoise GUIGONIS – 226 route Forestière – 06300 NICE – [email protected] 06 83 39 09 07
Secrétaire Général : Chantal PASQUALINI [email protected] - 06 09 96 02 58
Protocole : Alain ABERGEL : [email protected] - 06 80 60 64 27
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Calendrier rotarien 2011-2012
UNE PRECISION IMPORTANTE
Nous devions écouter le 18 Janvier un conférencier qui devait nous
parler du PARIS DAKAR. Ce conférencier est malheureusement
empêché d’être des nôtres à cette date c’est donc Bernard DENJOY
qui le remplacera et nous parlera de l’EVEREST .Il faut venir
nombreux .Invitez vos amis.
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LES EGE
Rappelons nous que « EGE » est le sigle de l’action
rotarienne « Echange de Groupe d’Etudes » .Elle est réservée au
moins de 40 ans et permet à des hommes ou des femmes déjà entrés
dans la vie professionnelle de se rendre à l’étranger et de rencontrer
d’autres rotariens étrangers . Il s’agit d’un déplacement
professionnel de 4 semaines d’étude . Ce déplacement se fera cette
année fin mai début juin en Sicile ou à MALTE . Il reste 3 postes à
pourvoir . Diffusons cette information et faisons en profiter des
jeunes professionnels .
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ESPOIR EN TËTE
N‘oublions pas cette soirée du 26 Janvier qui se tiendra au
cinéma LES VARIETES et qui est si importante pour le
ROTARY .
Tâchons de nous adresser à des entreprises et vendons le plus
de contremarques . Des renseignements sur ce film sont
disponibles sur Internet .
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ANNÉE 2011-2012
Jeudi 26 janvier – ESPOIR EN TETE (cinéma)
Samedi 11 Février – Interclubs A.Mmes-Monaco
Samedi 21 avril – Conférence de District
6-9 mai – Convention Internationale à BANGKOG
Samedi 30 Juin Assemblée de District à MONACO
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ANNÉE 2011-2012
CALENDRIER DES CLUBS NICOIS
RC. NICE :
17 Janvier à 12H30 Déjeuner à ACROPOLIS
24 Janvier à 19hAperitif à ACROPOLIS
31 Janvier 20H Dîner Galette des rois avec conjoints à ACROPOLIS
R.C. NICE (COMTE DE) : tous les jeudis à 20h Apéritif au Splendid
R.C. NICE-BAIE DES ANGES :
16 Janvier à 19h 30 Apéritif au WEST END
R.C. NICE-MAETERLINCK: non communiqué
R.C. NICE-MASSENA
PRESENCES AU CLUB
PRESENTS : Chantal ABBOU, Alain ABERGEL , Anne AUBERT , Janine BIANCOTTO-TRUFFERT, Catherine
BRETAUDEAU, Françoise BUSUTTIL, Laure CARLADOUS, Guy CAZENAVE,
Jean-François COMAS, Michel
COUTON, Patrice CROSSA-RAYNAUD, Sam DAYAN, Sylvie DEJEAN, Bernard DENJOY, Pascal DUQUESNE,
Dominique FACCIO, Diego FRIGERIO , Robert GHIGNONI , Françoise GUIGONIS, Virgile GUILLOT Bénédicte
HERBAUX FORSTER , Jacques JOFFRE, Jörg LANGER , Jérôme LAVAINE,
Claudie de LAVERGNOLLE, Jean
LECACH , Erik LEROUX, Martine LEROY, Georges-Eric MARTINAUX, Olivier MOSCHKOWITZ, Paul NOIRAY,
Chantal PASQUALINI, Marc PASQUALINI, Albert PELLET, Jean-Michel RENUCCI ,Marie-France REYMOND, Gilles
REYNIER, Gérard SANTINI, Jacques SCHMELTZ, Jacques TANZI Gabriele WINKLER.
MEMBRES D’HONNEUR : Adrien CORBIERE MEDECIN, Benoît KANDEL François KESTER,Louis MASSABO.
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La conférence statutaire d ‘Olivier MOSCHKOWITZ
Je suis commerçant: je suis gérant d'une petite société de commerce de maroquinerie qui exploite actuellement 6 magasins et un
site internet.
En France, on estime qu’il y a environ 2.000 entreprises de vente au détail de maroquinerie, pour près de 450.000 entreprises de
commerce de détail (dont 150.000 dans « autre commerce spécialisé ». 800.000 commerces), et qu’elles emploient 6 à 7.000
personnes.
De même il y aurait un peu plus de 200 entreprises, classées dans la catégorie Fabrication d'articles de voyage et de
maroquinerie, et qui elles, emploient de l’ordre de 10.000 à 15.000 personnes.
Au total, il y aurait donc environ 20.000 personnes travaillant dans le secteur de la maroquinerie.
Avec ces chiffres je crois que nous ne risquons pas d’encombrer les classifications des clubs !
Aussi avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais peut-être vous dire comment je suis arrivé à la maroquinerie.
D’autant qu’il me semble que la raison était toute simple: c'était mon destin!
En effet, après la guerre, mes grands-parents paternels se sont lancés dans la fabrication de maroquinerie. Je ne sais pourquoi ils
ont choisi ce métier, mais toujours est-il que jusqu'au début des années 1980, eux, puis mes parents, ont dirigé un atelier d'une
centaine de personnes, en plein centre de Nice, juste à côté de la place de la Libération. Ils fabriquaient surtout des sacs à main
(3 à 400 pièces par jour), mais les dernières années, ils ont même fabriqués des vêtements de cuir.
Quant à la famille de ma mère, elle est originaire du Loiret. Ils vivaient à Paris, mais à cause de problèmes de santé de ma mère
et sur les conseils de leur médecin, ils se sont installés à Nice. Et, alors qu’à Paris ils tenaient un bistro, en arrivant à Nice, Ils
ont choisi d’acheter un magasin de maroquinerie qui se trouvait à l’emplacement actuel de Nice Etoile. Par la suite ils en ont
même acheté un autre rue Masséna.
La légende familiale raconte que lorsque mon père commença à fréquenter ma mère il l'a raccompagnait rue Masséna, qui n'était
pas piétonne à l'époque, et il la déposait devant un traiteur qui s'appelait Germanetto et dont peut être certain anciens niçois se
rappellent. Naturellement, il croyait qu’elle était fille de traiteur alors qu’en réalité c’était la fille des maroquiniers juste à côté !
Et c'est comme ça que je suis né dans une famille dont les deux branches étaient dans la maroquinerie.
Pourtant, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de ce destin et J'ai fait quelques études. Je suis diplômé de l'Ecole
Supérieure d'Electricité.
J'ai ensuite travaillé pendant quelques années dans une banque, qui n'existe plus aujourd'hui mais ça n'a rien à voir avec moi.
Cela m'a permis de voyager un petit peu et de passer presque deux ans à Londres.
Mais bon, revenons-en à la maroquinerie.
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A l’époque de mon retour, nous étions grossiste en maroquinerie. Notre spécialité était l’importation de produits fabriqués en
Italie : des sacs en cuir mais aussi beaucoup de paniers de pailles et de sacs de plage.
Et nous étions également détaillants. Cela s’était fait parfois un peu par hasard, suite à la reprise de magasins d’anciens clients.
C’est comme ça que nous avons des magasins en Corse. Nous avons ainsi exploités jusqu’à 10 magasins.
Mais depuis le début des années 90, les choses ont beaucoup changées et je vais donc essayer maintenant de vous raconter
l’histoire de la mondialisation de la maroquinerie française, vue par le petit bout de ma lorgnette.
Avant tout, sachez que l’industrie de la maroquinerie se porte très bien.
Depuis des années sa balance commerciale est largement excédentaire et la France est le deuxième exportateur mondial. En
2010, les exportations de maroquinerie et articles de voyage ont dépassés 3,5 Mds €, en hausse de 20% par rapport à 2009, alors
que les importations n'étaient que de 2 Mds €.
Mais, évidemment, ces chiffres masquent une situation plus complexe.
D’abord il faut préciser que ces excellentes performances sont dues à la vente de produits haut de gamme, de luxe, par quelques
marques d'une énorme notoriété, que vous connaissez tous, et qui réalisent l'essentiel des exportations. Le premier exportateur
atteint presque 50% des ventes et les dix premiers dépassent 80%.
Pour ce qui est des sacs à main (50% du secteur environ), les exportations françaises représentent près de 24 millions de pièces,
au prix moyen de 75€. En fait, les sacs de luxe, d'un prix supérieur à 300€, représentent, en valeur, les 2/3 des exportations (c’est
le prix à la frontière, pas en magasin !). Ces produits sont exportés pour moitié vers l'Asie: Le Japon et, de plus en plus, HongKong et la Chine. Les Etats-Unis sont le troisième client le plus important (10%).
De l'autre côté, nous importons chaque année pas loin de 90 millions de sacs, à 9 ou 10€ en moyenne, essentiellement en
provenance de Chine (pour la moitié environ), d'Italie (pour un quart) ou encore d'Espagne.
Pourtant, comme dans beaucoup d'industries, le nombre d'entreprises de fabrication baisse régulièrement. Comme je vous le
disais, il y aurait actuellement un peu plus de 200 fabricants de maroquinerie, dont peut être la moitié seulement aurait plus de
20 employés.
Les entreprises qui emploient plus de 200 salariés seraient tout au plus une quinzaine et réaliseraient environ les 2/3 des
facturations.
Bon nombre de ces fabricants sont avant tout des sous-traitants pour les marques de luxe. Depuis longtemps déjà, des fabricants
de notoriété ancienne, comme Le Tanneur par exemple, ne parviennent à maintenir un outil de fabrication en France que grâce à
cette sous-traitance.
Il reste aussi une petite poche d'entreprises dans la région de Graulhet (Tarn). Plutôt des entreprises de petite taille qui essayent
de se différencier par leur créativité et en travaillant des cuirs plus raffinés que les produits importés.
Des fabricants plus connus, comme Longchamp ou Texier, conservent des ateliers plus ou moins importants en France. Mais
depuis quelques années la provenance de leurs produits se diversifie de plus en plus (Ile Maurice, Afrique du Nord et
évidemment Chine). A mon avis d’ailleurs, cette diversification coïncide avec le début de l’expansion de certaines marques
(campagnes publicitaires, ouvertures de magasins), … je reviendrai rapidement là-dessus un peu plus tard.
Car, au-delà de la transformation des fabricants traditionnels en importateurs et de la disparition des petits acteurs, je crois que
l'essentiel de la mutation de l'industrie de la maroquinerie est le résultat d'un autre phénomène.
L’idée classique que l’on nous a donné de la mondialisation, c’est un patron sans conscience qui licencie ses ouvriers trop bien
payés et trop protégés par des lois sociales trop généreuses pour aller exploiter les populations le plus démunies du monde pour
quelques dollars par jour.
Au moins pour ce qui est de la maroquinerie moyen de gamme, je crois pouvoir dire que les choses se sont passées
différemment.
Dans les années 80 un certain nombre de migrants chinois ont commencé à ouvrir des petits ateliers à Paris, dans le quartier
traditionnel de la maroquinerie, autour de la rue du Temple et de la Place de la République. C'est dans ce quartier qu'étaient
installés depuis longtemps bon nombre de fabricants et de grossistes, souvent juifs d'ailleurs.
Evidemment ces chinois étaient de très pauvres gens, des réfugiés économiques, arrivés en France dans je ne sais quelles
circonstances.
Comment étaient fondées, et financées, ces entreprises ? Je l’ignore. Il y avait, et il y a toujours, toutes sortes de rumeurs sur
l'organisation de la communauté chinoise, sa solidarité, ses systèmes de financement (la tontine) et … sa mafia. Il y a quelques
années, un de mes fournisseurs avait toujours avec lui un garde du corps et je n’ai jamais su de qui ou de quoi il se protégeait
mais il est toujours là!
Je ne sais pas non plus s'ils étaient tous en situation régulière mais ce qui est sûr c’est que, la plupart du temps, ces gens vivaient
et travaillaient dans des conditions misérables. Dans le meilleur des cas ils étaient installés en étage, dans des appartements
délabrés. Mais il n'était pas rare de les trouver dans des caves sordides. Souvent ils habitaient et travaillaient au même endroit,
parfois avec femmes et enfants, les machines à coudre installées au milieu des "rice cookers" et des mauvaises couchettes. En
tout cas c'était toujours des endroits discrets, sombres et sales et qu'on avait envie de quitter au plus vite.
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Ils n’étaient pas faciles à trouver. Il fallait visiter les cours et les étages des immeubles du quartier ou essayer de faire parler
ceux qu’on connaissait déjà. Au début ils n'ouvraient pas facilement la porte et il valait mieux se faire accompagner ou se faire
annoncer par un "ami" commun. Evidemment ils parlaient peu, et très mal, le français. Je me souviens par exemple d'un
fournisseur à qui je ne pouvais téléphoner que le mercredi parce que les enfants n'étaient pas à l'école.
En Italie, dans la région de Florence, où il y avait beaucoup de petites et moyennes entreprises de maroquinerie et où nous nous
rendions deux fois par an à l'époque, il y avait par exemple, un grand hangar dans lequel des dizaines de petits ateliers étaient
installés par familles, ou par petits groupes, dans des espèces de stands séparés les uns des autres par des toiles ou des cartons.
Ces petits ateliers parisiens servaient de sous-traitants aux anciennes entreprises du quartier et aux gens comme nous, grossistes
ou détaillants avec plusieurs magasins, qui se donnaient la peine d'aller les trouver et qui pouvaient acheter des quantités
suffisantes. Je vous précise que, bien sûr, de notre côté tout était fait de façon absolument légale: Factures, TVA, tout!
Au début, ils ne fabriquaient quasiment que des produits en synthétique (matière première moins chère, fabrication plus facile)
et progressivement ils sont passés à la fabrication d'articles en cuir de plus en plus élaborés et de qualité de plus en plus élevée.
Pendant quelques années tout cela à très bien fonctionné. Les articles qu'ils produisaient étaient évidemment très concurrentiels
par rapport aux productions traditionnelles. D'autant plus que la qualité s’améliorait rapidement.
Nous avons ainsi connu une espèce d'âge d'or durant lequel les distributeurs comme nous trouvaient une marchandise bon
marché qui se revendait plutôt bien en magasin et avec de meilleures marges que les produits de marques "françaises".
Mais ces fabricants chinois aussi faisaient de bonnes affaires. Ils se sont mis à grossir, à avoir pignon sur rue, à développer leur
propre réseau commercial et donc petit à petit à s'affranchir de la tutelle des grossistes et des revendeurs qui leur étaient
nécessaire jusque-là pour écouler leurs produits.
C'est comme ça qu'ils ont évincé les anciens grossistes du quartier du Temple et ce d'autant plus facilement qu'il s'agissait
souvent de gens plus âgés dont les enfants avaient rarement l'intention de prendre la suite et qui n'ont donc trouvé comme
acheteurs pour leur fonds de commerce que ces nouveaux commerçants chinois.
Apparemment, ces chinois n’étaient pas fâchés avec le pays qu’ils avaient fui, et les choses se sont encore accélérées lorsque
certains d'entre eux ont commencé à utiliser leur connaissance du marché français (voire européen) et les liens qu’ils avaient
gardés en Chine pour importer des produits fabriqués là-bas.
Là encore, d’abord, et pendant longtemps, essentiellement des articles en synthétiques. Ainsi, petit à petit, quasiment tous les
sacs en synthétiques étaient importés et seuls étaient encore fabriqués à Paris les produits en cuir.
Le dernier palier a été franchi il y a quelques années seulement, et désormais de grandes quantités de sacs en cuir, de très bonne
qualité, sont importées.
Une des raisons qui a retardé l’apparition des produits en cuir c’est que le cuir doit d’abord être importé en Chine, la production
locale n’étant apparemment pas satisfaisante (ou du moins pas encore !). Ils importent maintenant tellement de cuir, surtout
d’Italie, que les prix montent et je connais même des fabricants italiens qui se plaignent de ne plus trouver de cuir !
Et donc aujourd’hui, on peut dire que le quartier du Temple, centre historique du commerce de la maroquinerie française, est
chinois.
On y trouve encore un certain nombre de petites boutiques de grossistes mais ils sont tous chinois, et, à ma connaissance, il n’y
a quasiment plus d’ateliers à Paris
Comme évidemment, il faut des structures, et des financements, relativement importants pour une entreprise qui importe des
matières premières et exporte de produits finis entre plusieurs continents, le nombre d’acteurs s’est réduit et je dirais qu’il y
actuellement une quinzaine d’acteurs majeurs. Le plus connu d’entre eux étant probablement Lancaster (d’autant plus connu
d’ailleurs que cette société porte un nom déjà illustre dans un autre secteur d’activité !).
Pourtant tout n’est pas perdu pour les marques françaises restantes.
Elles ont conservé un avantage, et qui peut être s’est même renforcé avec la délocalisation complète de leurs concurrents, c’est
d’avoir toujours l’initiative en matière de style et de mode. Ce sont elles qui créent la tendance alors que les fabricants
« chinois » sont plutôt suiveurs ou se cantonnent à des produits classiques. Ils suivent plutôt de loin d’ailleurs car il faut souvent
plus d’un an entre la conception d’un produit et son arrivée sur le marché. Ce qui fait que lorsqu’ils arrivent, les produits
« chinois » ne sont pas toujours à la pointe de la mode! De ce point de vue ils ont perdus, parce qu’à la « grande époque » des
ateliers parisiens, il leur suffisait de quelques semaines, voire de quelques jours, pour répondre à une nouvelle tendance !
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Ce qui est donc fascinant c’est qu’en vingt ou trente ans, ces gens-là, arrivés en France probablement sans un sou et sans
connaitre la langue, ont littéralement fait fortune. La propriétaire d’une de ces sociétés me racontait que son mari, qui avait
débuté en France en cousant des sacs à dos, s’était offert une Aston Martin pour ses quarante ans !
Tant mieux pour eux, mais il ne faut pas oublier qu’au passage ils ont purement et simplement remplacés les gens qui étaient en
place (entre parenthèse c’est aussi ce qui se passe dans le commerce de détail, surtout en région parisienne).
On peut bien sûr se demander si les conditions de concurrence étaient tout à fait loyales et il serait intéressant que l’un d’entre
eux raconte l’histoire de leurs débuts en France.
Leurs affaires sont sans doute maintenant essentiellement en Chine où d’après ce qu’ils me disent ils ont des usines de plusieurs
centaines d’ouvriers.
Assez souvent maintenant le mari est reparti en Chine pour surveiller les affaires là-bas et aussi, quelque fois, pour faire des
opérations de promotion immobilière.
Sa femme est restée en France et elle commence à céder la place à la deuxième génération : des jeunes français d’origine
chinoise qui parfois ne parle même pas chinois.
Le moins que l’on puisse dire donc c’est que la roue a tourné.
Comment cela continuera à évoluer, seul Jacques Attali le sait, mais, entre autres choses, cela dépendra du développement de la
Chine. Apparemment le marché intérieur se développe rapidement et absorbe des quantités de marchandises de plus en plus
importantes. Les chinois commencent d’ailleurs à être des bons clients du luxe français et à remplacer les japonais. Il paraît que
les touristes chinois représentent maintenant entre le tiers et la moitié de la clientèle des grands magasins du boulevard
Haussmann.
Il paraît aussi que la Chine commence à adopter des lois sociales et que, par exemple, on ne peut plus faire travailler les ouvriers
sept jours sur sept!
On me raconte qu’après chaque nouvel an, période pendant laquelle les ouvriers retournent voir leurs familles, il faut augmenter
les salaires pour les inciter à revenir. Le phénomène aurait commencé il y a deux ou trois ans : après le nouvel an, de très
nombreux ouvriers, souvent des paysans originaires des provinces les plus pauvres, ne sont pas revenus et les usines ont mis
longtemps à retrouver une production normale.
L’augmentation du coût du travail, des matières premières et aussi des transports font augmenter assez fortement les prix de
revient (on parle de 40% en un an), et certains commencent à envisager de délocaliser de nouveau vers des endroits moins
chers : Le Vietnam, l’Inde peut être.
Mais d’autres sont plus optimistes et commencent, au contraire, à penser à relocaliser.
Il y a par exemple en Allemagne, un fabricant de bagages qui, partant du constat que pour produire 500.000 valises en Chine il
fallait 850 personnes alors qu’il suffisait de 100 personnes pour en produire 1 million dans une usine automatisée en Allemagne,
a décider de relocaliser sa production de valises rigides. Il a construit pour cela une usine à la pointe de la technologie avec
utilisation des énergies solaire et géothermique.
Malheureusement, l’entreprise était placée en redressement judiciaire à peine l’usine était-elle opérationnelle. Mais des
investisseurs se sont présentés et l’expérience continue !
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En conclusion, je voudrais faire deux remarques :
Premièrement, Je crois que les fabricants français étaient en fait attachés à leurs ateliers et qu’ils n’ont pas voulu la
délocalisation.
Comme je vous l’ai dit, elle leur a été imposée par des migrants, chinois, qui ont d’abord conquis le marché sur place avant de
déplacer leurs usines vers la Chine. Je crois qu’à quelques petites exceptions près (sylvain Lefebvre ?), il n’y a pas eu pendant
longtemps de marque française de sacs purement ou majoritairement importatrice.
Au contraire, les fabricants français ont essayé de résister par tous les moyens. Il y a eu bien sûr des campagnes de dénigrement
sur la qualité ou sur le thème « Achetez français ».
Il y a eu aussi beaucoup de procès pour contrefaçon. Je me souviens, par exemple, de la porte d’un petit bureau d’un
fournisseur, au fond d’une cour, défoncée suite à la visite musclée d’un huissier. Ou encore les étagères entières de dossiers de
procédures contre des marques connues dans le bureau d’un autre.
Mais rien n’a ralenti leur conquête du marché et au bout du compte beaucoup de fabricants ont disparu.
Certaines marques ont même été reprises par des « chinois » (Pourchet, Gil Holsters, Gérard Hénon, …) et ça pourrait continuer
(Sequoia ?). Je connais plusieurs cas d’anciens propriétaires d’ateliers en France qui sont maintenant expatriés et sont devenus
directeurs d’usines en Chine. Plus récemment encore ils ont commencé à faire appel à des stylistes français (Karine Dupont, …)
Pour essayer de faire face à cette concurrence sur les produits moyens de gamme, les marques françaises restantes ont en général
suivi deux axes :
D’une part et assez évidemment, elles ont fini par délocaliser tout ou partie de leur production (en Afrique du Nord, en
Roumanie et évidemment en Chine).
D’autre part, elles ont souvent choisi de monter en gamme et même dans certains cas de viser le luxe (Lancel, plus récemment
Longchamp).
Quand cette double stratégie (i.e. importation + montée en gamme) fonctionne, ce qui n'est pas toujours le cas (Lamarthe,
Sequoia, peut être Le Tanneur), elle est très rentable et donne parfois des idées à certains.
On en vient alors à ce qu’on appelle la distribution sélective, qui impose des conditions qualitatives et quantitatives
contraignantes aux commerçants distributeurs (quantités minimales, prix imposés, emplacements et qualité des points de vente).
Ou alors on développe un réseau de magasins, qui évidemment entre en concurrence avec les anciens distributeurs, …
Par ailleurs, alors qu’il y a quelques années, le nombre de fournisseurs, qu’ils soient français ou chinois, donnait aux
commerçants un certain avantage ou du moins un peu de liberté, aujourd’hui l’offre s’est réduite à un nombre plus restreint de
fournisseurs de plus grande taille et conscients de leur supériorité.
Bref, les relations clients-fournisseurs ont tendance à se tendre et l’on peut dire que lorsque certains découvrent les avantages de
la mondialisation, cela ne conduit pas toujours à des situations susceptibles de stimuler la bonne volonté réciproque ou de créer
des relations amicales!
Deuxièmement, Il faut savoir qu’on estime que les effectifs de la branche habillement-cuir sont passés de 670.000 personnes en
1960 à 85.000 en 2006. Pourtant, l’INSEE estime que le remplacement des produits fabriqués en France par des produits
importés aurait provoqué une baisse de prix, et donc une augmentation du pouvoir d’achat, suffisants pour compenser la
disparition des salaires due aux délocalisations.
Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
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