Discours de Robert LECOU, Député de l`Hérault
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Discours de Robert LECOU, Député de l`Hérault
Discours de Robert LECOU, Député de l’Hérault, lors de la Cérémonie de remise des insignes d’officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Jean-Paul CARA le Samedi 16 avril 2011 à Nébian Louis Nucèra a dit de lui « C’est un être à part dans le domaine de la chanson. Chez lui, tout est spontanéité. C’est un être ouvert, il fait partie de ces hommes rares avec qui on a envie d’être ami d'emblée ». Cher Jean-Paul, La première fois où je vous ai rencontré grâce au vin, grâce à ce merveilleux breuvage qu’est le vin, grâce à un ami du vin, c’était dans la ville qui vu naître ma mère, c’était à Clermont l’Hérault et, tout de suite, j’ai ressenti cette sensation, cette relation vraie, cette disponibilité pour les autres, cet amour que vous avez envie de partager avec l’autre, cette envie que vous avez de donner aux autres. La deuxième fois que je vous ai vu, c’était avec votre guitare en bandoulière. Cette guitare que les gitans grattent avec virtuosité, avec talent, avec passion, cette guitare andalouse qui, lorsque vous la grattez, retentit de soleil, de Méditerranée. Cher Jean-Paul, Vous m’avez fait un grand bonheur en me demandant d’être aujourd’hui, au milieu des vôtres, à vos côtés, pour participer à un moment fort de votre vie, à un moment privilégié. Un moment, Mesdames et Messieurs, un moment simple mais un moment qui nous permet de nous souvenir de ce qu’un homme de la Méditerranée a apporté à la chanson, à la chanson française, à la France. En me demandant d’être votre parrain pour vous remettre cette décoration dans l’Ordre des Arts et des Lettres, vous avez fait un choix. Un choix qui m’a beaucoup touché. Parrain mais aussi en quelque sorte Ami ! Je veux, Mesdames et Messieurs, vous qui êtes aussi ses amis et vous qui le connaissez, je veux partager avec vous toutes et vous tous, cet instant et je veux vous associer aux gestes que tout à l’heure je ferai, certes au nom d’une autorité, mais aussi en votre nom, en votre nom à tous, vous qui aujourd’hui symbolisez le Public, le public qui le premier a su sentir et reconnaître Jean Paul CARA, un artiste authentique. Il est d’usage, Mesdames et Messieurs, lors d’une remise de distinction, de dire publiquement qui est la personne à qui elle est remise. Jean-Paul CARA est né de l’autre côté de la Méditerranée où il a passé toute son enfance. Mais c’est très jeune, à 9 ans, qu’il quitte Constantine pour s’installer à Montpellier où il fait ses études au Lycée Joffre. Il va aussi à Alès et déjà lycéen il sent la musique en lui et participe à des orchestres. Les études de droit l’intéressent mais pas autant que la chanson. Une rencontre importante lui permet le dernier pas vers ce monde de la musique, c’est la rencontre avec MANITAS DE PLATA, le gitan chanteur et guitariste qui lui offre sa première guitare. Jean-Paul monte à Paris avec son baluchon, ses chaussures trouées et un cœur gros, chargé d’Andalousie, de Camargue, de soleil, de Méditerranée. Au début des années 60, il commence sa carrière musicale sous le pseudonyme de « Gary l’Ange Noir ». C’est la période yéyé ; c’est en 1964 qu’il sort son premier disque chez Barclay. Mais si sa voie, c’est l’écriture, il continue à chanter en faisant la manche aux terrasses de café et en dormant dans un camion porte de Clignancourt à Paris. La chance vient le jour où il rencontre Arlette TABAR, dit BABAR, directrice des programmes d’Europe 1 qui l’envoie chez Philips. La carrière d’auteur-compositeur-chanteur de Jean-Paul CARA commence alors vraiment. En 1967, alors qu’il est deuxième au grand prix de la Rose d’Or à Antibes derrière Serge LAMA, Charles AZNAVOUR qui le repère avec ses chaussures trouées, le fait venir à lui et lui dit : « Toi tu réussiras car je peux pas te dire comment tu étais habillé ! ». Une rencontre, celle avec Roland RIBET, un tourneur, lui permet de commencer les tournées, les galas et les concerts. On le voit sur scène aux côtés de Nana MOUSKOURI, Serge LAMA, Georgette LEMAIRE, Francis BLANCHE, Marie LAFORET et bien d’autres…Il tourne en France mais aussi en Afrique. Mais, finalement, sa voie c’est l’écriture et après avoir rencontré des producteurs plus ou moins fréquentables, il arrête de chanter pour écrire pour les autres. Mick MICHEYL qui le rencontre lui apporte son soutien et grâce à ses émissions de télévision, le fait connaître du grand public. Jean-Paul CARA devient alors « Monsieur EUROVISION » : • • • En 1976 avec « 1, 2, 3 », interprétée par Catherine FERRY (et Daniel BALAVOINE dans les chœurs…) La France est classée deuxième. En 1977 avec « L’oiseau et l’enfant », interprétées par Marie MYRIAM. La France remporte le Grand Prix de l’Eurovision. En 1981 avec « Humanahum », interprétée par Jean GABILOU. La France est classée troisième. • • Avec « Papa Pingouin » en 1980, avec Sophie et Magaly pour le Luxembourg, il fait un clin d’œil aux enfants. Pari réussi car cette chanson fait maintenant partie des rondes enfantines. En 1982, européen avant l’heure, il signe les paroles françaises avec Pierre DELANOË de « Ein bisschen frieden » (« La Paix sur terre »), interprétée par Nicole qui remporte le Grand Prix Eurovision pour l’Allemagne. Oui, Jean-Paul CARA est bien « Monsieur EUROVISION », ce grand prix de la chanson organisé pour la première fois en 1956 qui verra donc, le 14 mai prochain, la 56ème édition à Düsseldorf. N’oublions pas non plus les génériques de France Inter : « Studio de nuit » et « les Saltimbanques », deux émissions de Jean-Louis FOULQUIER. Il signe aussi des musiques de films, dont « La dernière image » avec Véronique JEANNOT et Michel BOUJENAH (film sélectionné au Festival de Cannes en 1986) dont le réalisateur est Lakhdar HAMINA qui, quelques années auparavant, avait remporté la Palme d’Or à Cannes avec « Les Années de braise ». Une belle carrière donc, mais qui n’est pas finie puisque Jean-Paul écrit encore. Avant de finir, je voudrais vous raconter une anecdote qui caractérise bien Jean-Paul CARA : Au Yamaha Music Festival organisé en 1988 à Tokyo, Jean-Paul CARA qui représente la France, remporte le prix de la chanson populaire. C’est le printemps, la journée des enfants ! Il part faire une promenade en compagnie de Nicolas PEYRAC. Lors de cette ballade, ils tombent sur des enfants jouant à la marelle en chantant « l’oiseau et l’enfant ». Nicolas PEYRAC s’adresse à lui en ces termes : « C’est dommage, tu ne toucheras pas les droits d’auteur ! ». Jean-Paul lui répond simplement : « T’as pas compris : la plus grande fortune, c’est celle qu’on ne compte pas ! ». Mesdames et Messieurs, pour terminer un propos de remise de décoration, généralement on fait appel aux auteurs et l’on utilise la citation. Aujourd’hui, je vous laisse le soin de deviner l’auteur des derniers mots de mon propos : « Couleur méditerranée, un accent en plein ciel, un accent en plein cœur qui fait danser l’été. » Merci à Jacky VAUBOURG qui m’a bien aidé à rappeler cette belle carrière d’un artiste authentique.