Les Ecrans à Plasma Modélisation et diagnostics pour l`amélioration
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Les Ecrans à Plasma Modélisation et diagnostics pour l`amélioration
Les Ecrans à Plasma Modélisation et diagnostics pour l’amélioration des performances J.P. Boeuf, Th. Callegari, R. Ganter, Ph. Guillot, J. Galy Centre de Physique des Plasmas et Applications de Toulouse CNRS, ESA 5002, Université Paul Sabatier Les écrans à plasma ont maintenant atteint un niveau de performance élevé et sont bien placés pour jouer à brève échéance un rôle majeur dans le domaine de la télévision haute définition1. Il reste bien entendu à résoudre le problème des coûts. Le coût d’un écran à plasma est lié d’une part à la fabrication du panneau mais également à l’électronique de commande. La part de l’électronique de commande dans le coût total de l’écran devrait devenir rapidement dominante2. Bien que la qualité d’image des écrans plasma récents soit excellente, l’efficacité de ces écrans reste faible, de l’ordre de 1 lmn/W. La réduction du coût global se fera par une réduction des coûts des procédés de fabrication, mais également en cherchant à améliorer l’efficacité des écrans. En effet une meilleure efficacité permettra de fonctionner à plus basse tension, ou, au moins, à plus basse puissance, ce qui aura des répercussions positives sur le coût de l’électronique de commande. Dans cet article, nous dressons un bilan des paramètres physiques affectant l’efficacité et le contraste d’un écran à plasma, puis décrivons brièvement les efforts de recherche menés au Centre de Physique des Plasmas et Applications de Toulouse en collaboration avec Thomson Plasma. Le but de ces recherches est d’améliorer les performances des écrans à plasma, notamment l’efficacité lumineuse, la durée de vie, et l’adressage des cellules, à l’aide d’une meilleure compréhension et caractérisation du plasma basée sur la modélisation et les diagnostics. Rappel des principes de fonctionnement d’une cellule d’écran à plasma Une cellule d’écran à plasma produit des photons UV qui sont convertis en photons visibles par des luminophores dans les trois couleurs fondamentales. Un élément d’image ou pixel de l’écran est donc constitué de trois cellules. L’émission de photons UV par chaque cellule est le résultat d’une décharge électrique dans un mélange de gaz rares (généralement xénon et néon) qui crée un plasma froid hors-équilibre. Dans ce plasma de décharge luminescente, les électrons, beaucoup plus énergétiques que les ions excitent et ionisent les atomes de xénon et de néon. La cinétique qui s’en suit conduit à l’émission de photons à 147 nm correspondants à un niveau résonant du xénon, et à l’émission de photons dans un continuum autour de 173 nm, correspondant à la désexcitation d’états excités moléculaires (excimères) du xénon. Ces états moléculaires sont produits par collisions à trois corps entre états excités atomiques du xénon et atomes de xénon et de néon dans l’état fondamental. Observateur Electrode Face avant Diélectrique Verre UV MgO Verre Face arrière Gaz Barrière Luminophore Electrode Figure 1 : Coupe d’un écran à plasma alternatif matriciel La décharge électrique dans la cellule est initiée par l’application d’une tension supérieure à la tension de claquage du gaz entre deux électrodes disposées dans la cellule. Les électrodes forment un réseau matriciel (voir figure 1) dans la configuration choisie par Thomson Plasma3. Des configurations à trois électrodes ont été adoptées par la plupart des constructeurs asiatiques (Fig. 2). Dans le cas de la configuration matricielle (Fig. 1), des électrodes lignes et des électrodes colonnes (environ 100 µm de largeur) sont disposées perpendiculairement sur deux dalles de verre. Une cellule de l’écran est définie par l’intersection d’une ligne et d’une colonne. Une couche diélectrique en émail d’environ 30 µm est disposée au dessus des réseaux d ‘électrodes. Le courant est donc limité capacitivement, et l’écran fonctionne nécessairement en régime alternatif (nous ne décrivons pas dans cet article les technologies à courant continu qui semblent avoir été abandonnées). Des barrières diélectriques (épaisseur environ 150 µm) séparent les électrodes colonnes pour minimiser l’interaction électrique et optique entre cellules voisines. La distance entre les surfaces des couches diélectriques recouvrant les électrodes est d’environ 100 µm, et la pression du mélange de gaz est de l’ordre de 500 torr. Electrode Y Electrode X Email MgO Visible UV Luminophore Electrode d’adressage Verre Figure 2 : Coupe d’un écran à plasma à électrode coplanaires. Des barrières diélectriques sont disposées parallèlement à l’électrode d’adressage dans des plans entourant le plan de coupe. Des signaux de tension rectangulaires (amplitude de l’ordre de 150 à 200 V) à une fréquence de 100 kHz sont appliqués en permanence entre l’ensemble des lignes et l’ensemble des colonnes de l’écran. L’amplitude de cette tension d’entretien est inférieure à la tension de claquage du mélange gazeux. Pour faire passer une cellule de l’écran de l’état éteint à l’état allumé, on superpose à la tension d’entretien entre la ligne et la colonne définissant cette cellule, une impulsion d’écriture supérieure à la tension de claquage du gaz, pendant quelques microsecondes. L’intensité des avalanches électroniques dues à l’ionisation du gaz en volume, et alimentées par l’émission électronique secondaire à la surface cathodique, induite par le bombardement des ions, conduit au passage d’un courant dans le gaz. Ce courant est associé à la formation d’un milieu conducteur quasi-neutre, le plasma, constitué d’électrons et d’ions de xénon et de néon. Dans les conditions typiques d’un écran à plasma alternatif, la densité de plasma atteint environ 1014 cm-3 au moment du pic de courant. Le milieu est donc faiblement ionisé puisque la densité d’atomes de gaz à 500 torr et dans les conditions normales de température est supérieure à 1019 cm-3 (un électron libre ou un ion en moyenne pour 105 atomes). Du côté cathodique, le plasma est séparé de la surface du diélectrique recouvrant la cathode par une région de charge d’espace positive, la gaine dans laquelle la plus grande partie du potentiel appliqué se redistribue (le champ est faible dans le plasma en raison de sa conductivité relativement élevée). Les électrons émis par la surface du diélectrique au-dessus de la cathode sont fortement accélérés par le champ électrique de la gaine, et déposent leur énergie dans le plasma sous forme de collisions inélastiques avec les atomes de gaz. L’énergie moyenne des électrons dépasse 10 eV dans la gaine et est inférieure à 1 eV dans le plasma. En raison de la présence des couches diélectriques, la décharge est nécessairement transitoire. En effet la charge progressive des capacités constituées par les couches diélectriques induit une tension qui s’oppose à la tension appliquée, et la tension aux bornes de l’espace gazeux chute jusqu’à l’extinction de la décharge. La durée de l’impulsion de courant est de quelques dizaines de nanosecondes. Le plasma créé par l’impulsion de courant diffuse vers les parois et se recombine en des temps beaucoup plus longs, de l’ordre de 5 µs. L’émission d’UV continue également après l’impulsion de courant pendant quelques microsecondes. Lors de l’alternance suivante de la tension d’entretien, la tension due aux charges accumulées précédemment sur les diélectriques (charges « mémoires ») s’ajoute à la tension aux bornes des électrodes, et la tension aux bornes de l’espace gazeux passe à nouveau au-dessus de la tension de claquage. Une nouvelle décharge transitoire se produit. L’état allumé d’une cellule est donc constitué d’une succession de décharges impulsionnelles. A chaque alternance de la tension d’entretien, la charge des diélectriques varie comme +Q, -Q, +Q, …, c’est à dire que les décharges électriques transfèrent chacune la charge 2Q dans un sens puis dans l’autre. Pour passer de l’état allumé d’une cellule à l’état éteint, il suffit donc de faire en sorte qu’une décharge ne transfère que la charge Q, en appliquant à un instant donné une tension plus faible que la tension d’entretien. Ceci suffit à effacer la charge mémoire et la cellule retourne dans l’état éteint puisque la tension d’entretien à elle seule ne permet pas le claquage du gaz. L’intensité lumineuse de l’écran est ajustée en changeant la fréquence de la tension d’entretien (à ces fréquences l’œil intègre la lumière émise par les impulsions successives de l’état allumé d’une cellule). Les différents niveaux de gris de l’image sont obtenus en modulant le nombre d’alternances pendant lesquelles la cellule est maintenue dans l’état allumé. Les écrans actuels permettent d’arriver à 16.8 millions de couleurs (24 bit). Amélioration de l’efficacité Plusieurs caractéristiques des écrans à plasma doivent être améliorées pour assurer à cette technologie la domination du marché des écrans plats de grande taille. Les différentes compagnies impliquées dans le développement d’écrans à plasma maintiennent un important effort de recherche. Ceci est vrai notamment en Corée du Sud où un nombre impressionnant d’équipes universitaires collaborent avec les grands groupes comme Samsung ou LG Electronics, et au Japon ou un consortium regroupant une quinzaine d’équipes universitaires unit ses efforts pour améliorer les performances des écrans à plasma. Thomson Plasma, en France, travaille également en étroite collaboration avec des laboratoires universitaires. Comme on l’a dit plus haut, l’une des caractéristiques d’un écran à plasma qui doit être absolument améliorée dans les années à venir est l’efficacité lumineuse. Celle-ci est actuellement de l’ordre de 1 lm/W ce qui équivaut à une utilisation d’environ 0.5% de la puissance électrique dissipée dans le panneau pour la production de photons visibles (un bilan énergétique est représenté schématiquement sur la figure 3). Un écran de 40 à 50 pouces de diagonale consomme actuellement de 400 à 500 W dont une grande partie est dissipée par effet Joule ! Le contraste de l’écran est également un paramètre important et qui doit être amélioré. Nous discutons dans cette section les limitations et les voies d’amélioration de l’efficacité lumineuse et du contraste d’un écran à plasma. - Bilan énergétique et efficacité L’efficacité globale d’une cellule d’écran à plasma est le résultat d’une succession de conversions énergétiques. On a pu estimer, grâce à des modèles physiques du plasma, que 15% seulement de la puissance électrique est dissipée par les électrons dans l’excitation du xénon. Une partie de la puissance électrique restante est dissipée inutilement par les ions dans la gaine (plus de 60%) sous forme de collisions élastiques ou avec échange de charge avec les atomes de gaz, et également lors de collisions avec la surface des diélectriques. Le reste de la puissance est dissipée dans l’ionisation du milieu (ceci est nécessaire à la formation du plasma) et dans l’excitation du néon. Il est clair qu’il faut chercher à minimiser l’excitation du néon qui se désexcite en émettant des photons dans le rouge-orangé, ce qui est nuisible à la pureté des couleurs. Le néon est néanmoins nécessaire (les mélanges utilisés contiennent de 4% à 10% de xénon dans du néon) car, du fait du coefficient d’émission électronique secondaire élevé des ions de néon, sa présence permet de diminuer les tensions de fonctionnement ce qui est fondamental pour réduire les coûts de l’électronique de commande du panneau. La surface des diélectriques en émail est recouverte d’une couche mince de MgO qui a un coefficient d’émission électronique secondaire particulièrement élevé sous l’impact des ions de néon (de l’ordre de 0.5). Le MgO est également très résistant à la pulvérisation induite par le bombardement des ions, ce qui confère aux écrans à plasma actuels une durée de vie assez satisfaisante (environ 30000 heures), même si toujours inférieure à celle des écrans à tube cathodique. Le xénon est un émetteur de photons UV efficace et des calculs cinétiques simples montrent que sur les 15% de la puissance utilisée par les électrons pour exciter le xénon, environ 10% contribuent à l’émission de photons UV (voir Fig. 3) ; une partie de l’énergie est perdue dans les différentes cascades de désexcitation des états du xénon, avec notamment, production de photons infrarouges dans les 800 nm. La disposition des phosphores dans la cellule ne permet généralement pas une collection des photons UV par les phosphores meilleure que 40%. Énergie dissipée dans la décharge 100% 10% Énergie utilisée pour la production de photons UV 10% 40% Photons UV atteignant les luminophores 4% 25% Conversion UV visible 1% 40% Photons visibles atteignant la face avant 0.4% Figure 3 : Bilan énergétique approximatif d’une cellule d’écran à plasma Le rendement de conversion des photons UV en photons visibles peut être estimé à 25%. Ce faible rendement est dû au fait que même si le rendement quantique du phosphore est proche de un (un photon visible émis pour un photon UV incident), la différence d’énergie entre les photons UV du xénon (147 nm, 173 nm) et les photons visibles est telle que plus d’un tiers de l’énergie est perdue dans la conversion. Enfin les photons visibles émis par les phosphores ne sont pas tous collectés efficacement et on peut estimer à 40% le rendement de collection de ces photons. Le produit de ces différents rendements donne un rendement global (puissance rayonnée sur puissance électrique) de l’ordre de 10%x40%x25%x40% soit 0.4%, ce qui correspond à une efficacité de l’ordre de 1 lm/W encore bien inférieure à celle des tubes à rayons cathodiques. Amélioration de l’efficacité lumineuse La description ci-dessus du bilan énergétique d’une cellule d’écran à plasma nous amène à distinguer trois voies distinctes d’amélioration du rendement lumineux: - recherche de luminophores de meilleur rendement quantique - amélioration de la collection des photons UV par les luminophores, et des photons visibles vers la face avant - augmentation de la part de l’énergie totale dissipée dans l’excitation du xénon par les électrons du plasma. La recherche sur les phosphores est un élément important de l’amélioration du rendement. Des résultats encourageants4 ont été obtenus récemment par des chercheurs d’Utrecht qui ont élaboré un luminophore capable de produire deux photons visibles (dans le rouge) pour un photon UV. L’efficacité quantique de ce luminophore est de 190% ! Il reste cependant à trouver des luminophores vert et bleu présentant des propriétés similaires pour les photons UV du xénon. Une autre voie est d’essayer de minimiser la perte d’énergie dans la conversion photon UV-photon visible, en cherchant un gaz émettant des photons UV moins énergétiques que ceux du xénon. Comme on l’a dit plus haut, les photons UV du xénon, entre 150 et 170 nm, ont des énergies environ trois fois plus élevées que les photons visibles. Le mercure, utilisé dans les lampes à décharge permet une meilleure conversion, mais son utilisation dans un écran à plasma n’est pas envisageable. L’optimisation de la géométrie de la cellule pour une meilleure collection des photons est un aspect fondamental de l’amélioration du rendement puisque, d’après l’estimation de la figure 3, 40% des photons UV, et 40% des photons visibles ne sont pas collectés efficacement. Ceci est dû au fait que toute la surface de la cellule ne peut pas être recouverte de luminophores puisque les surfaces participant à la décharge, au-dessus des électrodes, sont soumises d’une part au bombardement intense des ions et doivent avoir d’autre part un coefficient d’émission secondaire élevé. La couche de MgO protège l’émail et assure un coefficient d’émission secondaire élevé mais elle absorbe les photons UV. D’autre part, dans les configurations actuelles, les photons UV sont produits par la décharge très près de ces surfaces. La collection des photons pourra être augmentée de façon significative si l’on arrive à déposer des couches réfléchissant les photons sur les surfaces non couvertes de phosphore5, et/ou si l’on trouve des régimes de décharge permettant une émission des photons UV plus loin de ces surfaces. L’augmentation de la fraction de l’énergie totale dissipée dans l’excitation du xénon par les électrons semble un objectif réalisable à court terme. Dans les configurations actuelles une partie importante de l’énergie est dissipée inutilement par les ions dans la gaine cathodique. D’autre part l’énergie électronique gagnée par les électrons dans cette gaine est trop grande et peu adaptée à l’excitation efficace du xénon. En effet dans un mélange xénon-néon, les électrons dissipent la plus grande partie de leur énergie dans l’excitation du xénon à condition que leur énergie moyenne soit suffisamment faible, et ce même si le xénon est largement minoritaire. Ceci est dû au fait que l’excitation et l’ionisation du néon ont des seuils énergétiques plus élevés que ceux du xénon (environ 8 eV et 12 eV pour l’excitation et l’ionisation du xénon, contre 16 eV et 21 eV pour le néon), et que les sections efficaces de collisions électron-xénon sont supérieures à celles des collisions électron-néon. Pour des énergies électroniques trop élevées, les électrons effectuent davantage d’excitation du néon, et d’ionisation, au détriment de l’excitation du xénon. - retard à l’allumage et contraste Le claquage du gaz nécessite la présence, au moment de l’application de la tension, d’un nombre suffisant d’électrons libres dans la cellule pour initier des avalanches conduisant à la formation du plasma. En régime d’entretien, on peut penser, si la fréquence de la tension appliquée est assez grande, que le nombre d’électrons présents dans la cellule au début d’une alternance de la tension est directement lié à la décroissance du plasma de la décharge ayant eu lieu dans la cellule au cours de l’alternance de tension précédente. Si une cellule est restée éteinte longtemps (zone « noire » de l’écran), le nombre d’électrons libres dans la cellule résultant des décharges précédentes devient quasi-nul et il devient difficile de « rallumer » cette cellule. Pour empêcher les échecs possibles d’écriture de cellules longtemps éteintes, on allume de temps en temps toutes les cellules du panneau pendant un temps court, de façon à maintenir dans toutes les cellules un densité d’électrons libres suffisante pour permettre une écriture au moment voulu. Il est clair que ce procédé nuit au contraste puisque on allume tout l’écran à intervalles réguliers. En fait les mécanismes qui contrôlent la densité résiduelle d’électrons libres dans une cellule longtemps éteinte sont assez mal compris. En particulier les simulations de la décroissance du plasma pendant la post-décharge indiquent même qu’il ne devrait pratiquement plus rester d’électrons ni d’ions dans la cellule après quelques centaines de microsecondes. Or l’expérience montre qu’on peut en fait rallumer une cellule sans problème après plusieurs millisecondes (mais pas au-delà d’une vingtaine de millisecondes). Ceci peut être dû à l’effet de photons UV provenant de cellules voisines allumées, et qui, en frappant les surfaces diélectriques provoqueraient un processus d’émission photoélectrique de la surface. Il n’est pas non plus exclu que la surface des diélectriques qui sont soumis à des champs élevés pendant l’impulsion de décharge continuent à émettre longtemps après, un très faible flux d’électrons suffisant pour initier une décharge au moment où une impulsion d’écriture est appliquée à nouveau. D’une manière générale l’émission d’électrons par la surface (de MgO dans notre cas) est un processus très mal compris et non contrôlé. D’autre part il est clair que le fonctionnement de l’écran ne pourrait que bénéficier de la présence dans les cellules de matériaux susceptibles d’émettre facilement des électrons. Diagnostics et modèles Le Centre de Physique des Plasmas et Applications de Toulouse a développé depuis plusieurs années un ensemble de modèles qui ont permis de mieux comprendre le détail des phénomènes physiques impliqués dans la formation et l’extinction du plasma d’une cellule6,7. Ces modèles peuvent prédire, pour une géométrie et un mélange de gaz quelconques, l’évolution spatio-temporelle des densités d’électrons et d’ions dans la cellule, du potentiel électrique, des charges sur les diélectriques et des densités d’espèces excitées et de l’émission de photons. Ces modèles sont basés sur la résolution d’équations de transport de type fluide pour les électrons et les ions, couplés à l’équation de Poisson pour le champ électrique. La description de la cinétique des espèces excitées et du transport de photons peut également être couplée au modèle de transport des particules chargées. Le bilan énergétique de la décharge est également fourni par le calcul. 2.0 macro-cellule Courant (mA) 1.5 courant capacitif modèle (5 torr) 1.0 courant de décharge 0.5 0.0 495 500 505 510 Temps (µs) Figure 4 : Courants mesuré et calculé dans une macrocellule. L’échelle de temps doit être divisée par 100 pour obtenir le courant dans une cellule réelle. Ces modèles ont permis d’avoir accès à des grandeurs difficilement mesurables en raison de la taille des cellules et de la rapidité des phénomènes. Ils ont également permis de comprendre les signaux d’adressage complexes utilisés dans les cellules coplanaires7 (à trois électrodes) par les compagnies asiatiques. Ils sont actuellement utilisés pour rechercher des structures et des conditions de fonctionnement optimisant l’efficacité lumineuse des cellules. Parallèlement à cette approche de modélisation nous avons mis au point une expérience basée sur l’étude d’une macrocellule, représentation à l’échelle 100 d’une cellule réelle. Nous avons montré que les lois d’échelle simples et classiques (échelle des distances multipliée par 100, échelle des temps multipliée par 100, pression de gaz réduite d’un facteur 100, même tension appliquée) sont applicables pour une grande partie des propriétés physiques de la cellule (évolution du courant et du potentiel dans la cellule, énergie dissipée dans l’excitation du xénon etc…). Des diagnostics plasma comme l’imagerie par caméra CCD intensifiée ou la spectroscopie résolue spatialement et temporellement sont possibles à réaliser de façon simple et à relativement faible coût sur cette cellule compte tenu de la multiplication par 100 des échelles spatiales et temporelles. Cette cellule permet également de changer très facilement la structure géométrique de la cellule et constituera un outil très précieux d’optimisation du fonctionnement et de recherche de nouvelles structures. Les figures 4 et 5 illustrent quelques résultats de mesures électriques et optiques sur une macro-cellule. La macro-cellule présente également l ‘avantage de permettre l’analyse d’une cellule isolée, ce qui est plus difficile dans un panneau réel. Ainsi la comparaison précise des courants mesuré et calculé dans une cellule isolée (Fig. 4) n’avait pas été faite jusqu’à présent faute de mesures fiables sur une cellule isolée dans un panneau réel (la mesure du courant dans un panneau comprenant un grand nombre de cellule allumées est plus simple, mais le jitter entre les différentes cellules fait apparaître un courant moyen de durée beaucoup plus longue que celle d’une cellule isolée). L’imagerie CCD dont une illustration est donnée sur la figure 5 est une source d’informations précieuses sur la dynamique du plasma et sur le dépôt d’énergie électronique. La figure 5 représente deux images du plasma au voisinage du pic de courant d’une décharge dans une configuration d’électrodes matricielles. La macro-cellule est constituée de deux électrodes perpendiculaires séparées d’une distance de 1 cm, à pression de gaz de 3 torr (mélange à 10% de xénon dans du néon). Le produit pression x distance est semblable à celui d’une cellule réelle (quelques centaines de torr de pression pour une distance interélectrode de 100 µm). La largeur des électrodes est de 16 mm. Les électrodes sont transparentes, en ITO (Indium Tin Oxide), de façon à permettre de visualiser le plasma à travers le plan d’une des électrodes. La tension d’entretien appliquée a une amplitude de 240 V, à une fréquence de 1 kHz (signaux rectangulaires). L’impulsion de courant dure environ 5 µs (100 fois plus que pour une cellule réelle) dans ces conditions (voir Fig. 4). Les deux images de la figure 5 correspondent à un temps d’exposition de 500 ns au voisinage du pic de courant. La figure 5a donne l’image intégrale du système tandis qu’un filtre passe haut est utilisé pour la figure 5b (les photons de longueur d’onde inférieure à 700 nm sont éliminés). (a) cathode désexcitation du néon. On voit donc que conformément aux prédictions des modèles, la région de plasma au-dessus de l’anode est beaucoup plus efficace pour l’excitation du xénon (car la « température » électronique y est plus faible) que la région cathodique. L’utilisation conjointe de diagnostics sophistiqués et de la modélisation devrait permettre, comme cet exemple le montre, de mieux comprendre les mécanismes de dépôt de l’énergie électronique dans le plasma, et de rechercher les conditions les plus favorables à l’excitation du xénon. La recherche sur les écrans à plasma en France anode (b) Un réseau de laboratoires s’est constitué récemment autour de Thomson Plasma pour renforcer le potentiel de recherche sur la physique des écrans à plasma et pour améliorer leurs performances. Ce réseau inclut le Centre de Physique des Plasmas et Applications de Toulouse (diagnostic et modélisation du plasma), le Laboratoire de Spectrométrie Physique de Grenoble (spectroscopie du plasma), l’Institut de Physique Fondamentale (étude du bombardement ionique des surfaces, durée de vie), et le Laboratoire des Matériaux et de Génie Physique de Grenoble (optimisation des couches émissives de type MgO ou autres). Références Figure 5 : Images par caméra CCD intensifiée d’une décharge dans une macro-cellule matricielle au voisinage du pic de courant , dans les mêmes conditions que la figure 4. (a) sans filtre ; (b) avec filtre passe-haut (λ>700 nm) La différence très nette entre les deux images permet de déduire que le xénon est excité plus efficacement dans la région du plasma au-dessus de l’anode que dans la région cathodique. En effet certains états excités du xénon se désexcitent en émettant des photons infra-rouges, de longueur d’onde dans la bande 800 nm – 1000 nm. L’image de la figure 5b donne donc une représentation des régions ou la densité de ces états excités est la plus grande. Une analyse spectrale plus détaillée, à l’aide de filtres plus sélectifs, permettra vraisemblablement de conclure que la région de plasma au dessus de la cathode émet davantage de photons provenant de la [1] H. Yoshida, «Fine-Definition PDPs settle in to serve as large-screen TVs», Display Devices 17, pp. 23-25 (1998) [2] K.Y. Park, «Why do PDPs cost so much ?», Information Display 14, pp. 10-12 (1998) [3] H. Doyeux, « Panneaux à Plasma Couleur », Infovisu 26, 12 (1996) [4] R.T. Wegh, H. Donker, K.D. Oskam, A. Meijerink, «Visible quantum cutting in LiGdF4 :Eu3+ through downconversion», Science 283, pp. 663-666 (1999) [5] T. Shinkai, T. Murata, S. Kobayashi, and K. Terai, «Improvement of luminous efficiency and phosphor lifetime in barrier discharge plasma display panel», IDW’98, 539 (1998) [6] C. Punset, J.P. Boeuf, et L.C. 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