A l `ombre d`un rêve - Les Rostand par la Cie Intersignes

Transcription

A l `ombre d`un rêve - Les Rostand par la Cie Intersignes
Création 2015
A l ’ombre d’un rêve
Vie amoureuse et imaginée
de M. et Mme Edmond Rostand
A
près le formidable succès des deux tournées du Faust de Rostand, la Compagnie
Intersignes poursuit son travail autour de la vie et de l’oeuvre de l’auteur de
Cyrano de Bergerac.
C
’est la vie d’Edmond Rostand qui sert de cadre à ce nouveau spectacle et sa
relation amoureuse et passionnée avec Rosemonde Gérard, poétesse brillante,
qu’il épousa très jeune et qui accompagna de manière déterminante la construction
de son oeuvre et sa carrière théâtrale sans commune mesure.
À
l’ombre d’un rêve est un véritable hymne à la poésie et au théâtre. On y découvre les affres de la création et les difficultés d’un amour partagé entre deux
êtres qui se complètent au point de s’étouffer mutuellement... Soutien de tous les
instants, Rosemonde voit son poète de mari peu à peu s’éloigner et douter...
Une merveilleuse histoire d’amour entre deux poètes...
P
hilippe Bulinge, qui connait parfaitement la vie de ces deux écrivains, puisqu’il a publié de
nombreuses éditions des pièces de Rostand, dans le cadre de ses recherches universitaires, a inventé les dialogues entre les deux amants, en cherchant constamment à leur être
le plus fidèle possible, en mêlant ces échanges avec des extraits de leurs oeuvres.
À
l’ombre d’un rêve est ainsi l’occasion de retrouver les grandes scènes du théâtre de Rostand. L’Hymne au Soleil de Chantecler, La tirade des Non merci de Cyrano, la bataille de
Wagram de L’Aiglon. Mais aussi des pièces moins connues à présent, comme La Samaritaine
ou La Princesse lointaine.
O
L
n voit alors vivre et se construire ce couple d’écrivains au rythme de leurs succès et de
leurs échecs, entre rêves et désillusions.
a pièce fait également revivre ce Paris de l’avant-première guerre mondiale, où le théâtre
est roi, la poésie reine, et où les grands comédiens, tels Sarah Bernhardt, Constant Coquelin et Lucien Guitry, sont des idoles qui se pressent chez les époux Rostand.
Cyrano de Bergerac - L ’Aiglon - Chantecler...
Edmond Rostand
1868 : Naissance d’Edmond Rostand.
1871 : Naissance de Rosemonde Gérard.
1886 : Rencontre des deux poètes qui se marient en 1890.
1888 : Échec de la première pièce d’Edmond, un vaudeville, le Gant rouge.
1889 : Publication du premier recueil de Rosemonde, Les Pipeaux. Succès
dans les milieux littéraires et prix de l’Académie.
1890 : Publication du premier recueil d’Edmond, les Musardises. Échec.
1891 - 1894 : Premiers succès d’estime pour Edmond à la Comédie Française. Rosemonde soutient l’homme et l’écrivain. Elle ne crée plus d’oeuvres
personnelles.
1895 - 1897 : Sarah Bernhardt joue La Princesse lointaine et La Samaritaine.
1897 : Triomphe de Cyrano de Bergerac
1900 : Triomphe de L’Aiglon. Edmond tombe malade et part au Pays Basque
respirer le bon air. Il est de plus en plus dépressif. Le succès et la maladie
éprouvent le couple.
1903 : Edmond entre à l’Académie Française.
1903-1906 : Construction de la Villa Arnaga à Cambo Les Bains.
1910 : Échec critique de Chantecler. Crise définitive entre les deux époux qui
ne divorcent pas. Edmond ne terminera plus de nouvelles pièces se contentant de modifications mineures sur les précédentes.
1911-1914 : Rosemonde collabore avec leur fils Maurice à l’écriture d’Un
bon petit diable et de La Marchande d’allumettes. Elle reprendra une
carrière littéraire personnelle après la guerre. Elle meurt en 1953.
1918 : Edmond est victime de la grippe espagnole, peu après la victoire.
Présenté souvent comme le dernier des
grands romantiques, Edmond Rostand
(1868-1918) n'est pas l'homme d'une
seule pièce. Mais Cyrano de Bergerac
(1897) est une carte de visite suffisante
pour devenir la carte d'identité de ce
poète. Ce chef-d'œuvre eut, comme son
auteur, une destinée singulière. C'est un
succès sans précédent et jamais renouvelé depuis. Les spectateurs applaudissent pendant plus d'une heure sans
discontinuer, Rostand est fait sur le
champ chevalier de légion d'honneur et
devient le plus jeune académicien de
l'histoire en 1903.
Plus de mille représentations sont
données, l'oeuvre est traduite dans
toutes les langues ou presque et jouée
aux quatre coins du monde. Après la
mort du poète le succès ne se tarit pas.
On adapte la pièce au cinéma de
nombreuses fois et José Ferrer obtient
un oscar pour son interprétation en
1960, tandis que Gérard Depardieu et
Jean-Paul Rappeneau obtiennent en
1991 dix césars, deux prix à Cannes et
un oscar. Côté scène, tous les grands
comédiens veulent incarner Cyrano :
Marais, Weber, Huster, Belmondo,
Sorano, Torreton...
«Il n’est de grand amour qu’à l ’ombre d’un grand rêve»
RosemondeGérard
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs, Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Qu'importeront alors les rides du visage ?
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Mon amour se fera plus grave - et serein.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs. Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.
[...]
L ’éternelle chanson
Extraits...
Rosemonde : Je ne sais pas quand j’ai décidé d’arrêter d’écrire. Pas de chronologie certaine. De jour, de semaine,
de mois, ni même d’année à placer sur un calendrier. En toile de fond, les enfants qui grandissent. Doucement, mais
sûrement. En toile de fond, tes élans et tes abattements qui font grandir mes doutes. Les saisons s’enchaînent. Je
ne t’ai pas dit que Maurice avait chuté dans l’escalier. Pas de chronologie certaine. Quelques instants peut-être, à
remettre dans un certain ordre, perdus dans la masse informe, dilatée, des secondes brûlées depuis que nous nous
aimons. Je ne sais pas quand j’ai décidé d’arrêter d’écrire.
Edmond : Écrire n’est pas naturel à l’homme. Ça je le sais. Comme le travail. Écrire, d’ailleurs, est un travail. Plus
encore extrême que le travail lui-même puisqu’il implique de se faire mal, à soi-même. Avec application. Avec persévérance, avec abnégation, et un brin de masochisme. Je ne sais pas quand tu as décidé de ne plus écrire.
Rosemonde : Je ne sais pas quand j’ai décidé de ne plus écrire.
Edmond : Les mondes sont là, plus vivants qu’ils ne le seront jamais sur le papier, en moi, quelque part enfouis,
entre d’autres mondes, d’autres idées informulables, ou informulées, parce qu’il n’existe pas de réel désir de chercher à les formuler. Je ne sais pas trop ce qui m’a poussé à poursuivre et à écrire. Je griffonne, je renverse un peu
d’encre. Les journées s’égrainent au rythme des repas. Les enfants ont un père sous leur toit. Les mondes sont là
et j’essaie vainement de les recopier. J’aime passer mes mains dans les boucles blondes de Maurice. Je sais que
cela te rassure, quand la plume grince et griffe le papier. Je suis terrorisé.
Rosemonde : La fenêtre de notre appartement parisien. J’ai tiré le rideau comme on écarte une mèche de cheveux.
Une feuille morte, vermeille et ocre, glisse sur les pavés. Je sais qu’une larme coule, solitaire, sur ma joue. J’ai
écarté une mèche, blonde, de mes cheveux. Il pleut un peu plus loin, fort, vers l’ouest. Dans mon dos, l’homme
travaille. J’entends sa plume qui gratte sauvagement le papier. J’entends sa plume qui se précipite nerveusement,
avec frénésie, vers l’encrier. Des petits cercles noirs et sombres s’étalent sur la nappe. D’autres feuilles mortes s’envolent sur le trottoir d’en bas. L’homme a tout déchiré, une nouvelle fois. Je ne sais pas quand j’ai décidé d’arrêter
d’écrire. Un fiacre s’arrête dans la rue. Le cheval, couvert d’une sueur qui s’envole, en volutes brumeuses, dodeline
de la tête. Maintenant il travaille. Je sais qu’il est beau. Du fiacre descend une courtisane. Ou une comédienne.
Nos regards se croisent. Je sais qu’il est beau, il murmure des mots. La larme de ma joue a atteint mon cou. L’actrice
rentre chez elle à pas précipités. Je suis là mon amour, ne t’inquiète pas.
Edmond : [...] Tout est Zola autour de nous, industriel, moderne, brique, broc, béton, le rêve à la porte, poussière de charbon
en guise de poussière d’étoiles. Un nivèlement glacial se répand sur les choses et les êtres. Il fait plus froid à Paris depuis
qu’on y joue ces pièces lugubres.
Rosemonde : C’est certain. Du coup les Parisiens consomment encore plus de charbon et la production de biens inutiles, manufacturés par une population exploitée de manière honteuse, grimpe en flèche.
Edmond : Le Figaro a rapporté que des émeutes ouvrières s’étaient produites un peu partout dans les quartiers nord de Marseille, entre Calais, Rennes, Strasbourg et la Canebière, avec pour mot d’ordre des « Hugo, président ! » et des slogans qui
traverseront l’histoire….
Rosemonde : « Il est interdit d’interdire les rêveries sur scène ! »
Edmond : On a même défiguré les affiches de la plupart des spectacles joués cette saison en ajoutant à la peinture rouge…
Rosemonde : « Exigeons l’impossible : de la poésie au théâtre ! »
Edmond : Mais la police et l’armée, bien évidemment, sont venues à la rescousse de nos chers dramaturges.
Rosemonde : On a remis à l’affiche des crimes bourgeois et des adultères.
Edmond : Et sous les pavés de Paris, point de Sahara ni de vallée du Nil où le temps s’écoule imperceptiblement, au gré des
voiles et des vols des flamands roses…
Rosemonde : Cléopâtre a laissé glisser sur le sol sa robe de soie transparente…
Edmond : … pour enfiler un bleu de travail qui la virilise…
Rosemonde : … et s’appeler Lucette !
Edmond : Définitivement trop sombre, je n’en peux plus, je n’en veux plus. Je ne garde pas, je jette. Il me faut des héros, il nous
faut des héros, loin de ce monde. Il nous faut du grand, du beau, du un peu faux peut-être mais de l’immense, de l’énorme,
du gigantesque ! Rien de petit, rien de mignon. Non rien de mesquin, rien de laid, rien de ce qui rappelle à l’homme qu’il n’est
pas un héros, si ce n’est la chute. Si elle a la grâce d’un long vol…
D
Une mise en scène et une scénographie au service du texte...
ans la droite ligne du FAUST DE ROSTAND,
Maude et Philippe Bulinge préparent une
mise en scène épurée où chaque mouvement
des comédiens est chorégraphié pour devenir
le prolongement des pensées et des émotions des personnages.
tres de chairs incarnés par d’autres, Edmond et Rosemonde sont aussi des êtres
de papiers qui se sont écrits eux-mêmes au
travers de leurs oeuvres et de l’image qu’ils
ont donnée d’eux-mêmes à leurs contemporains. Mais aussi êtres de chairs à l’existence
remplie de blancs, de non-dits, à l’existencerecouverte d’un voile de pudeur et de secrets,
que Maude et Philippe Bulinge explorent en
créant des échos, des effets de mirioirs, dans
la création scénique.
dmond Rostand et son épouse se retrouvent ainsi dans un espace indéterminé
qui devient tour à tour, par la simple évocation
ou la présence d’une affiche ou d’un objet,
leur appartement de jeunesse, les coulisses
du théâtre de la porte Saint-Martin ou la Villa
Arnaga du Pays Basque.
space-géographique indéterminé mais
aussi espace-temps où s’enchevêtrent
les strates de leur existence : la réalité se
confronte à leurs souvenirs, les pensées se
mêlent au temps présent.
t les mots des deux amants se confondent
avec les mots des personnages de Rostand...
Ê
E
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Placer le spectateur non pas comme un
voyeur, mais comme un voyant pénétrant ces
deux esprits et frôlant ces deux âmes...
P
our réaliser cette scénographie, ils ont fait appel à Camille Lamarque, étudiante aux
Beaux-Arts de Beaune.
ur scène quelques valises qui
représentent le voyage dans
la mémoire des personnages.
Ces valises contiennent des objets symboliques de leur existence mais aussi des robes.
obes que Rosemonde revêt
à chaque changement de tableau et qui rythment la chronologie de leur existence. Chaque
robe correspond à une période
et évoque une pièce d’Edmond
Rostand pour montrer l’importance du rôle de Rosemonde dans le travail de son mari. C ‘est elle qui
porte les pièces.
ur la scène également, des panneaux recouverts de toiles à la manière de Raymond Haines et Jacques Villeglé. Une superposition
d’affiches d’époques différentes pour placer la scène jouée dans une
autre perspective : l’oeuvre perdure par-delà la vie de ses créateurs
et a sa vie propre.
S
R
S
Contact : Compagnie Intersignes - Maude et Philippe Bulinge
1 rue Claude Brosse / 69360 Sérézin-du-Rhône
Tél. : 0635431066 [email protected]
http://www.lesrostand.com
http://www.lefaustderostand.com
http://www.compagnie-intersignes.com
http://www.edmond-rostand.com

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