Blue Öyster Cult: Dominance And Submission
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Blue Öyster Cult: Dominance And Submission
http://crosstowntraffic.zumablog.com/index.php?sujet_id=3924 Blue Öyster Cult: Dominance And Submission Mais dans quelle galère les membres de l'hermétique Blue Öyster Cult sont-ils allés se fourrer, pieds et poings liés ou presque, en avril 1974 ? En fricotant résolument avec un symbolisme nazillon post-moderne de pacotille, les cinq intellos de Long Island - dont deux, rappelons-le, de confession juive - s'attirèrent les foudres et l'antipathie redoublée de tous les journalistes rock ou presque qui ne les avaient jamais précisément porté dans leurs cœurs... Méprisant et buté en retour, le groupe ne fit jamais vraiment d'effort non plus pour s'attirer les grâces d'une presse rock qu'il connaissait sur le bout des doigts... Alors, les membres du « Cult », vrais martyrs seventies ou honteux roublards ? A vous de décider... Le malentendu fut, dès les débuts du groupe qui professait un hard intello agressif, hautain mais plutôt irrésistible, total et la cordiale mésentente avec le journalisme, même spécifiquement rock, complète... Le nom du groupe - déjà expliqué ici - dont beaucoup ne retinrent que l'inquiétant « Cult » aux résonances malsaines, le « umlaut » sur le « O » évoquant une germanophilie confuse associée par certains, en un raccourci glaçant, à un militarisme teuton de triste mémoire... les choses commençaient certes mal. Le groupe prêta pourtant, semble-t-il, bien volontiers le flanc à davantage de critiques, son leader Eric Bloom se complaisant sur scène, derrière ses lunettes noires, dans des tenues de cuir explicites et jouant à pointer des lasers sur le public, grâce à un procédé unique à l'époque qui valut au Blue Öyster Cult, trois mois durant, une surveillance du gouvernement américain persuadé que ce gimmick pouvait nuire à la santé oculaire des kids présents dans la salle... Les paroles quant à elles, qui se ressentaient de l'influence sulfureuse du manager du groupe Sandy Pearlman et du parolier Richard Meltzer, véhiculaient une imagerie un peu chic de violence et de sadisme qui trahissait surtout une fascination assumée pour toutes les formes de fascisme... Et puis, bien sûr, le fameux logo du groupe, emblême abscons dû à l'azimuté Bill Gawlick, copain de fac de Pearlman, admirateur des œuvres de l'architecte du IIIe Reich Albert Speer et responsable des deux premières pochettes du groupe... On y vit une svastika détournée, on avanca une explication vaseuse démentie par les intéressés eux-mêmes sur des équivalences mythologiques grecques - le symbole du chaos ou alchimiques - le symbole d'un « métal lourd » (traduction en anglais facile, non ?)... La pochette, très rare, du single « Hot Rails To Hell » reproduite ci-contre ne fit évidemment rien pour arranger les affaires du groupe ou peut-être si, plus littéralement... Quant au gênant Gawlick lui-même, tout le monde a perdu sa trace depuis plus de trente ans, à commencer par Eric Bloom, lead singer du BOC, qui affirme, sans plaisanter, chercher encore la trace du sbire sur Internet... Mais c'est avec Secret Treaties, excellent album et peut-être le point d'orgue de la discographie de nos conjurés new-yorkais, que la polémique enfla. La pochette, surtout, qui représentait un Messerschmitt 262, un des tout premiers avions de chasse à moteurs à réaction utilisés à la fin de la Seconde Guerre mondiale par l'armée allemande... Le morceau « ME262 » lui-même ensuite, qui prend le point de vue du pilote de l'avion, et qui commence par la fameuse accroche « Goering's on the phone to Freiburg / Say's Willie's done quite a job / Hitler's on the phone from Berlin / Says “I'm gonna make you a star” »... Ces allusions idéologiques à peine voilées finirent par jouer des tours au groupe, comme cette fois où, raconte le batteur Albert Bouchard, un grand gars blond aux yeux bleus vint les saluer en uniforme nazi à la fin d'un concert à Portland, Oregon, à la grande gêne des musiciens... Plus dangereux, si on peut dire, une organisation radicale, la Jewish Defense League, menaça de saboter les concerts du groupe ; certains disquaires allemands, enfin, refusèrent de vendre Secret Treaties... Aujourd'hui, tous se défendent d'avoir fait l'apologie d'une manière ou d'une autre de cette époque et de son idéologie raciste, le bassiste Joe Bouchard en tête : « We were never Nazi sympathizers. That's ridiculous. Several people in the organization were Jewish including our singer. It was Sandy Pearlman's idea to put the Messerschmitt plane on to cover of our third album. It got us into all kinds of hot water. [...] Sandy wrote the lyrics to our song ME262 which was a goofy song about a critical juncture of technology and a historical fact. I thought it was a great artsy song, but I guess some people didn't get it. ». Plus expéditif, Eric Bloom a lâché pour la forme un « Well, it was just a plane. The plane didn’t belong to any political party. We’re all just big tech guys. We’re friggin’ nuts. » qui ne convainc personne, même pas lui... Le gratteux du groupe, Donald « Buck Dharma » Roeser, un des guitaristes les plus sous-estimés du rock au passage, s'étonne lui aussi : « A lot of people were really upset about that, and I don’t know why. What Secret Treaties deals with is the fact that while World War II was going on, there were actually a lot of back-door deals between the Axis countries and the Allies; commerce did not stop. The album was an allusion to that: the war was not what it seemed. [...] BOC has always had a historical and intellectual bent as far as what we’ve been doing, but we’ve never pandered to devil worship or any of that stuff. We deal with themes of good and evil in our tunes, but we don’t take a position. The idea that we have an agenda, political or otherwise, was always silly. If we talked about the dark side of humanity, we just laid it out there and said, “Here it is.” » Bref - le public et la presse ne demandèrent qu'à les croire mais devant ces ressassements insistants de signes équivoques et cette pose de victimes, on se prit vite à suspecter le Cult non seulement de n'avoir absolument aucune sympathie particulière, de près ou de loin, pour cette période nazie mais surtout d'orchestrer cyniquement le tout pour attirer les projecteurs sur le groupe, miné dans ces premières années par un déficit de notoriété... Ce que confirma récemment, comme à son insu, Buck Dharma qui, un peu lassé de cette polémique et à l'abri du besoin depuis de nombreuses années, vendit la mèche : « I never felt the company [Columbia] knew how to sell us; they didn’t know what to do with us. I always thought we were sort of an embarrassment to them »... On n'est, comme on le sait, jamais aussi bien servis que par soi-même : brillant mais éhonté et calculateur, Blue Oyster Cult, groupe fondé et piloté par deux critiques de rock aguerris du magazine Crawdaddy (Pearlman et Meltzer), ne fit que suivre à la lettre le vieux précepte journalistique anglo-saxon : bad press is better than no press... Deux ans plus tard, le phénoménal succès de « (Don't Fear) the Reaper » leur permit de se trouver une nouvelle polémique... http://107497.aceboard.fr/107497-2490-6688-0-BLUE-OYSTER-CULT-quot-your-feet-your-knees-quot.htm BLÜE ÖYSTER CÜLT : « On Your Feet Or On Your Knees ». J’ai connu une bande de mecs qui passaient des après-midis entiers dans un magasin de disques répondant au ridicule patronyme de « Top Music ». Puis, à la fermeture, ivres de sons, ils se retrouvaient chez les uns ou chez les autres, branchaient quelques guitares incertaines (plusieurs sur le même ampli, en général…) et serinaient indéfiniment le riff de « Hot rails to hell », jusqu’à ce que leurs doigts saignent. Oui, je connaissais bien cette bande. J’en faisais partie. A cette époque antédiluvienne (1975-1976), Blue Oyster Cult faisait déjà figure d’extra-terrestres… Après deux premiers albums (« Blüe Öyster Cült » et « Tyranny And Mutation ») passés particulièrement inaperçus auprès du grand public, les New-yorkais décidèrent de grossir le trait. Fatigués d’être les chouchous tous terrains de la critique branchée du moment qui reconnaissait en eux le DANGER du mythe rock’n’rollien et la maîtrise totale de l’idiome musical dont ils se réclamaient, ils optèrent pour la démarche provocatrice, encouragés en cela par un Alice Cooper subjugué les emmenant contempler le passage de la comète Kohoutek dans son jet privé… Du coup, le Cült se mit à jouer la carte du raide, du risqué. Déjà, les deux premiers albums avaient tendance à flirter avec le malaise… D’abord ce logo improbable, cette croix de Saturne sensée représenter le chaos, mais au graphisme tellement proche d’une certaine autre croix de triste mémoire qu’on ne pouvait s’empêcher de s’interroger… Ensuite, il y avait le choix des thèmes, alors inhabituels pour le genre : science-fiction, oracles, paranormal et surtout, surtout, le mythe Nietzschéen du surhomme, aphorisme cinglant de la puissance totale (totalitaire ?…). Mais en 1974, malgré le fait que tous ceux qui les virent en concert devinrent immédiatement fous furieux, le B.O.C. crevait encore de faim. Ils enregistrèrent alors « Secret Treaties », les traités secrets du métal lourd, qui contient quatre titres essentiels : le premier, « Cities on flame », prône la destruction de la civilisation occidentale par le rock’n’roll, prenant à contre-pied les avis communément admis par leurs pairs et faisant le lit des extrémistes religieux de tous poils considérant, depuis les exactions de John Lennon, que cet idiome était la musique du diable… Le second, « Dominance and submission », est une fantaisie nihiliste mettant en scène deux maîtresses sadomasochistes violant un pauvre quidam qui faisait du stop une nuit neigeuse du nouvel an… Que dire d’autre, sinon que cette histoire est véritablement arrivée à Buck Dharma, le guitariste ?… « Subhuman » reprend à son compte le clivage « surhomme / sous-homme » cher à certaines idéologies douteuses. Mais le bouquet, c’est ce « M.E. 262 » imparable, cette ode au Messerschmitt 262 qui fit les beaux jours de la Luftwaffe dès 1939… Alors ?… Pas encore nauséeux ?… … Qu’on se rassure. En purs intellectuels du rock, écoeurés de voir des plus mauvais qu’eux gagner le jackpot alors qu’ils avaient encore du mal à payer le loyer, les cinq du B.O.C. tentent ici l’ultime coup de provoc’, celle qui fait mal quand on se penche dessus… Car si vous avez encore des doutes, sachez que TOUS les membres du groupe, y compris leurs deux managers-producteurs-mentors Sandy Pearlman et Murray Krugman, sont JUIFS. Paradoxe. A une période où Alice Cooper flirtait avec les symboles satanistes et où Lou Reed se faisait imprimer des croix gammées dans les cheveux, le Cult se dit qu’il n’avait plus rien à perdre et qu’il ferait bien de mettre le couvert dans les grandes largeurs… Résultat des courses : sur la tournée 1975, leurs concerts furent annulés dans six villes suite aux pressions des comités de défense sémites. Une publicité inespérée et totalement gratuite. Ils deviennent instantanément le groupe favori des Hell’s Angels. Lors d’une date à Milwaukee, pendant qu’ils jouent, une éclipse se produit. Il n’en faut pas plus pour que la légende prenne corps. Le reste de la tournée est une boucherie. Et ça marche. « On Your Feet Or On Your Knees » est le live qui relate cette tournée. Et tout devient clair. Car si les trois albums précédents pouvaient décontenancer un peu en raison d’un son légèrement trop « fluet » pour le propos, ici, dans la frénésie du live, la gifle est totale. Le son est certes énorme, mais met surtout en évidence la guitare de Buck Dharma, qui traverse les quatre faces de cet album comme une étoile filante, dévastant tout sur son passage. On comprend mieux pourquoi Jimmy Page déclarait, six mois plus tôt, dans les pages du Melody Maker : « Buck Dharma est le plus grand guitariste que l’Amérique nous ait envoyé ces dernières années ». Et comment ! Question vocaux, c’est certes plus mitigé : on ne comprend pas vraiment pourquoi l’excellent Eric Bloom ne chante pas tous les titres, pourquoi Dharma ou les frères Bouchard se mettent en tête d’interpréter eux-mêmes certaines de leurs ritournelles plombées… Mais de toute façon, le propos de cet album n’est pas là. Il est avant tout dans l’incroyable maîtrise instrumentale affichée par ces gens, préfigurant l’ultra-complexité de futurs groupes à venir. En ce sens, le Blüe Öyster Cült est une sorte d’ancêtre de Dream Theater, qui saura d’ailleurs, presque vingt ans plus tard, exploiter certains de ses thèmes avec la réussite qu’on connaît… Cerise sur le gâteau : cette apocalyptique version du « Born to be wild » de Steppenwolf en rappel, ô combien symbolique ! Un monstre sillonnait à nouveau l’Amérique ; un monstre de cuir et de métal ; une sorte d’ « Easy rider » à lui tout seul, que nous aurions le bonheur de voir en chair et en sang en mai 78, au Palais des Sports de StEtienne, future bande-son du live suivant, « Some Enchanted Evenings ». Soirées enchantées avec la mort chevauchant dans un désert rouge sang. Ces gens sont joueurs.