MEME PAS PEUR I

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MEME PAS PEUR I
MEME PAS PEUR I
Ce soir je suis toute seule chez moi. Quand je me couche, une
grosse tempête se lève. Il fait tellement froi d, il n’y a plus de
chauffage. Des grincements de portes retentissent dans toute la
maison. Des coups de vent font vibrer les portes et les fenêtres. Les
rafales sont si violentes qu’ell es fracassent des pots de fleurs contre
les vitres. Tous ces bruits résonnent fort dans ma tête. Des éclairs
me viennent directement dans les yeux et m’aveuglent. Soudain toutes
les lumières s’ éteignent ... Je suis seule dans l’ obscurité la plus
profonde... Je sors de mon lit, j’allume des bougies. Je suis un peu
rassurée mais j’entends un bruit bizarre en bas. J e me demande ce
que c’est, peut -être un revenant ? Un voleur qui cherche à rentrer ?
Un meurtrier ? On dirait quelque chose qui s’agite de partout. Je suis
pourtant sûre d’avoir fermé toutes les portes à clef, mais là j’ai un
doute...
Tout à coup la tempête s’ arrête , mais le bruit qui m’ inquiète persiste.
Il s’approche même et devient de plus en plus menaçant. Jamais de ma
vie, je n’ai été aussi pétrifiée. Je me dis que je dois réagir, que je dois
aller voir ce qui se passe. Alors je me munis de mon courage et de ma
lampe torche. Je descends les escaliers doucement, lentement,
prudemment, en claquant des dents, protégée par ma grosse couette.
Le bruit vient de la cuisine, vers laquelle je me dirige à pas de loup. Je
distingue une forme vague qui bouge dans l’ombre. Je pointe ma lampe
vers l’objet de ma frayeur : un adorable hérisson qui cherche à
manger ! C’est donc cet animal si petit et si inoffensif qui m’a causé
tant d’angoisse ! J’ai honte maintenant ! En plus, le hérisson de son
côté, vient me voir, confiant, il me regarde de ses petits yeux
mignons. C’est pour cette raison que je décide de l’adopter et de le
baptiser : « MEME PAS PEUR ! ! »
L'OMBRE DE LA PEUR
« Oh non, je ne veux pas y aller ! » s'exclame Thomas, désespéré. Cette fois, il n'y échappera pas : ses
parents l'emmènent coûte que coûte en Ecosse. Il va devoir braver sa terreur de l'inconnu et quitter sa maison
le temps des vacances. Thomas a douze ans. Il est grand, blond et a des yeux d'un bleu très profond. Son seul
défaut : il a peur de tout, même de son ombre.
La famille Duloup arrive enfin sur les lieux. C'est un magnifique château qui appartenait au Seigneur
Scott Trawil. Il est immense, sombre et contient d'innombrables pièces. Autour de celui-ci s'étend un parc qui
n'a pas été entretenu depuis des années. Herbes folles et broussailles y ont pris leurs aises. La propriété
compte aussi un lac sinistre rempli d'une eau glauque. Tout à coup, Thomas aperçoit une ombre passer entre
les buissons. Il tremble de partout, se retourne, et réalise à ce moment que ses parents lui ont faussé
compagnie. En effet, accompagnés du vieux gardien Nestor, ils visitent le château. Le collégien entend
soudain comme une plainte : « Houhouhou... ». Il ne sait pas d'où vient ce bruit. Il semble jaillir de
partout. Le jeune garçon, pétrifié, perçoit un chuchotement : « Thomaaaas, vieeeeens, ... Oublie ta
peur et rejoins-moi... ». Celui-ci se met alors à courir aussi vite qu'il le peut vers le château pour rejoindre
ses parents qui, émerveillés par la splendeur du domaine, ne se sont rendu compte de rien. Il n'ose pas leur
raconter ce qu'il vient de vivre, car il sait qu'ils ne le croiront pas, une fois de plus.
Un peu plus tard dans la soirée, peu après le dîner, Thomas, exténué par le voyage et toutes ces
émotions, part se coucher, seul, dans une grande chambre où les sons résonnent comme dans une église.
Blotti sous les draps, il grelotte de peur et de froid, et guette le moindre bruit. Mais le sommeil finit par le
gagner peu à peu. Vers une heure du matin, il se réveille en sursaut, saisi d'angoisse, le cœur battant à toute
vitesse. Il tend l'oreille. Un appel, qui ne lui est pas inconnu, lui parvient : « Thomaaaas, vieeeens... ». Le
souffle court, il se lève et attrape sa lampe de poche qu'il garde toujours près de lui. Les ombres créées
par la faible lumière lui semblent toutes plus menaçantes les unes que les autres. Il sent comme un
courant d'air glacial. Il n'a jamais eu aussi peur de toute sa vie, mais il n'a pas le choix. Il se dirige vers le
chuchotement effrayant à en glacer le sang, et tombe nez à nez avec une substance froide et humide. Il
réalise alors qu'il est en présence d'un fantôme. Il voudrait hurler mais aucun son ne sort de sa bouche.
Thomas est médusé. Le fantôme, d'une voix apaisante, essaye de le rassurer. Il lui apprend qu'il s'appelle
James et qu'il ne peut quitter le château tant qu'il n'aura pas rétabli la vérité et lavé son honneur. Pour cela,
il doit retrouver le médaillon que sa femme a perdu avant de mourir. Ce bijou appartenait à sa famille
depuis la nuit des temps, et James est accusé de l'avoir volé. Il doit le remettre à sa place pour pouvoir
rejoindre sa femme au paradis, le cœur tranquille. Mais James ne peut ni toucher ni sentir les objets, c'est
pourquoi il a besoin de l'aide de Thomas. Le garçon se dit alors qu'en compagnie de son étrange ami il
réussira, car le fantôme sait où est tombé le médaillon. Les deux aventuriers se dirigent vers les catacombes.
Thomas, sur ses indications, finit par retrouver le bijou, coincé entre deux pierres. Il le replace alors dans le
coffret contenant tous les objets précieux de la famille, caché au fond d'une niche. Sur le visage de James, il
peut lire un sentiment de plénitude. Celui-ci regarde notre héros en souriant et sa silhouette se dissipe peu à
peu dans un halo de lumière. Il peut enfin reposer en paix.
C'est à ce moment que les parents de Thomas, alertés par des bruits, trouvent leur fils dans les
catacombes. Seul. Couvert de poussière, les cheveux trempés. Son père blémit et reste figé sur place. Sa
mère arrive à peine à prononcer ces paroles :
« Thomas, q...q...que fais-tu là ?
- Je me promène, le château paraît différent la nuit !
- Mais, tu es fou ? C'est très dangereux !
- Pff, même pas peur ! »