hystérique de la mer » (Aimé CESAIRE

14 Juin 2013
Ville de Basse-Pointe
Hommage à Aimé CESAIRE
Monsieur Serge LETCHIMY, Président du Conseil Régional
Madame Josette MANIN, Présidente du Conseil Général
Monsieur Ange LAVENAIRE, Président de la Communauté des Communes du Nord
de la Martinique,
Monsieur André CHARPENTIER, Maire de la Ville de Basse-Pointe
Monsieur Victor ANICET,
Monsieur Laurent VALERE,
Monsieur Jobby BERNABE,
Chers écoliers,
Peuple de Basse-Pointe,
Mesdames et Messieurs en vos degré, qualité et fonction
Merci Victor,
Merci Laurent, plasticiens martiniquais qui nous avez dessillé les yeux et ouvert
le cœur et l’esprit ce jour
Et surtout Merci Monsieur le Maire
2 œuvres majeures et belles le même jour en terre pointoise pour que tous
les martiniquais et nos visiteurs, partent de bons pas et d’un bon pas, pour
ensemencer le Monde de la parole de CESAIRE « Belle comme l’Oxygène
naissant ». (André BRETON)
Nous sommes ici, ensemble aujourd’hui pour partager, en communauté
libre, assumée et apaisée, ce temps d’hommage à Aimé CESAIRE et je vous
remercie de m’avoir convié en ces lieux, sur la terre même de sa naissance et à
lui rendre hommage vibrant, reconnaissant et mérité.
Basse-Pointe, dont Aimé CESAIRE a dit lors de l’hommage qui lui fut rendu
ici en 2005 « Basse-Pointe »… Je n’ai jamais oublié Basse-Pointe… car
toujours…Basse-Pointe m’habite », Basse-Pointe, malmenée par « la grand’lèche
hystérique de la mer » (Aimé CESAIRE- Cahier d’un retour au Pays natal).
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« Une autre petite maison qui sent mauvais dans une rue très étroite, une maison
minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la
turbulence de mes six frères et sœurs… et mon père fantasque grignote d’une
seule misère…et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent,
pédalent de jour, de nuit…
Au bout du petit matin la case gerçant d’ampoules….et le lit de planches de
bois d’où s’est levée ma race, tout entière ma race de ce lit de planches…
Et une honte, cette rue Paille.
Tout le monde la méprise la rue Paille… et la mer la frappe à grands coups
de boxe, ou plutôt la mer est un gros chien qui lèche et mord la plage aux jarrets
et à force de la mordre elle finira par la dévorer, bien sur, la plage et la rue
Paille avec ». (Aimé CESAIRE : Cahier d’un retour au pays natal)
Au bout du petit matin, ce Basse-Pointe là de 1913. Merci Basse-Pointe
d’avoir donné naissance à Aimé CESAIRE.
Au bout du petit matin….
Aimé CESAIRE, Maire-poète, chantre de la Négritude, éveilleur de
consciences qui, aujourd’hui et plus que jamais, constitue pour tout Martiniquais
et au-delà, pour tous les hommes de progrès, une lumière dans la culture
Universelle et Contemporaine.
Merci Basse-Pointe de lui rendre hommage et de nous avoir rassemblés en
cette année du centième anniversaire de la naissance de notre Aimé, mais comme
il l’a lui-même écrit dans « Discours sur la négritude », cet hommage le dépasse
car à travers lui, nous honorons : aussi et successivement
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Ses amis de la Négritude, Léopold Sédar SENGHOR, le sénégalais
et Léon Gon DAMAS, le Guyanais, la Négritude qui donne à lire, à
comprendre, c’est-à-dire « prendre avec soi » l’histoire et le monde
autrement qu’à travers le seul prisme occidental, la seule vision du
« zié blé »
Ses compagnons de lutte : en particulier, le Docteur Pierre ALIKER,
son ami fraternel et Camille DARSIERES, son fils spirituel
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Un pays, martiniquais, beau et bon et où, malgré les multiples
contradictions qui le traversent le bousculent, demeure un pays en
capacité de résistance têtue
un peuple, martiniquais, constitué en « communauté de résistance
continue, de lutte opiniâtre pour la liberté et d’indomptable
espérance » (Aimé CESAIRE- Discours sur la Négritude)
Une école de pensée militante qui a eu « pour seul thème voire
obsession, le sort de l’homme noir » (Aimé CESAIRE- Discours sur la
Négritude) et aussi plus largement le sort de tous les opprimés et
les damnés du monde
Mais aussi une action politique puisqu’Aimé CESAIRE, Homme
politique majeur, fondateur du Parti Progressiste Martiniquais,
Progressiste et Autonomiste a fait de la lutte pour la dignité et
pour la responsabilité, le combat de toute une vie
Enfin, une poésie « belle comme l’oxygène naissant ». (André
BRETON)
Fils et filles de ce Pays, nous nous devons d’honorer Aimé CESAIRE, encore et
toujours, car nous lui devons, oui nous lui devons :
Notre identité libérée, trouvée et affirmée, qu’il désigne « par ce qui est
fondamental et sur quoi tout le reste s’édifie ; C’est en effet ce noyau dur et
irréductible qui donne à un homme, à une culture, à une civilisation sa tournure
propre, son style et son irréductible singularité » (Aimé CESAIRE- Discours sur
la Négritude)
Nous lui devons notre culture revisitée et retrouvée, ouverte aux autres
civilisations et cultures du monde
Et encore notre langue décomplexée
Et plus encore le grand cri nègre déverrouillé.
Honorons Aimé CESAIRE, encore et toujours, car nous lui devons
« l’affirmation du droit à la différence, la sommation faite à tous d’une
reconnaissance de ce droit, et du respect de notre personnalité
communautaire ». (Aimé CESAIRE- Discours sur la Négritude)
Oui, nous lui devons tout cela et plus encore, et jamais, nous ne le
remercierons suffisamment.
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Mais honorer Aimé CESAIRE, c’est aussi honorer à travers lui, tous les
hommes éclairés, les illustres et les anonymes qui comme lui, ont fait le choix de
la lumière contre les ténèbres, contre l’ombre, contre l’obscurantisme.
Nous sommes ici, avec bonheur, sur la terre qui a reçu ses premières
traces qui ont enfanté Fort-de-France et la Martinique toute entière
d’aujourd’hui, marquées de ses empreintes physique, poétique, humaniste,
politique car il a été la voix des sans voix, et principalement des voix majeures de
la conscience des peuples et tout particulièrement des peuples noirs.
L’Afrique, l’Amérique, la Caraïbe, la France célèbrent avec nous Aimé
CESAIRE.
Ces commémorations de toutes tailles et multiformes qui rassemblent nos
invités venus des quatre coins du Monde font vivre et palpiter, l’esprit et le
souffle de la Négritude.
NEGRITUDE :
Puissions-nous y puiser énergie, force, inspiration pour demeurer à tout
jamais Nègre certes et garder intact l’injonction d’Aimé CESAIRE, de ne jamais
renoncer et de toujours demeurer, « Homme Droit, Homme Debout, Homme
Libre».
Demeurer et cheminer « faire chemin», tracer notre propre route, c’est
là, notre devoir aujourd’hui, « un pas, un autre pas, et tenir gagné chaque pas »
(Aimé CESAIRE), cheminer vers une identité affirmée et assumée,
« Car les hommes de bonne volonté feront du monde une nouvelle
lumière ». (Aimé CESAIRE : Tropiques « Revue trimestrielle » 1941-1945).
Mesdames et Messieurs, Chers enfants Pointois, Chers enfants, vous tous
qui résidez à la Martinique,
Ensemble, soyons de ceux-là pour un « demain plus haut, plus large, plus
doux » en nous souvenant à tous instants « qu’un petit pas fait ensemble vaut
bien mieux qu’un grand bond solitaire ». (Aimé CESAIRE)
Belya pou Sézè, Eia !!
Le Maire
Raymond SAINT-LOUIS-AUGUSTIN
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