LES PETITES FEUES ÎNA MES D`UNE COCOTTE
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LES PETITES FEUES ÎNA MES D`UNE COCOTTE
TROISIÈME ANNEE N" 124 SAMEDI 8 SEPTEMBRE LE NUMERO: I5GENTIMES 1883 JSSBBBXSKSBSKSÊKSaiXBBi I£ I>'A§CO A. De LATOtfK DIRECTEUR ADMINISTRATEUR E. DESCLAUZAS ABONNEMENTS France. .,...,..* IIN AN Fr. J* Étranger. ........ — *s On. reçoit les abonnements de TROIS et SIX MOIS sans frais dans tous les bureaux de poste (Paris) RÉDACTEURS Franco Étranger. EN ÛHBF ABONNEMENTS . . . , UN AN Fr. 1 * — is Oa reçoit les abonnements de TROIS et de SIX mois RÉDACTION ETAÎMINISTRATION I»arls et Province : 27, rue de Clignancourt, à Paris. JLvon : 35, rue ïhomassiu, boîte place des Terreaux, 6, à Lyon. Journal d'Indiscrétions, Littéraire, Satirique, Mondain, Théâtral, Financier PARAISSANT LE JEUDI A PARIS ET LYON ET LE VENDREDI EN PROVINCE François RABELAIS. Tirage justifié lou! Pauvre chien, va! qui fais l'exercice. Et puis, c'est vrai, dis ? tu couches dans une grande chambre où vous êtes vingt. Ah! mon Dieu! que j'aurais peur au milieu de tant d'hommes que ça ! Tu sais? je me suis fait tirer les cartes. — Eugénie Vadrouille est venue à la maison. — Oh ! histoire de m'e distraire, je m'ennuie toute seule et les hommes — les autres hommes, pas toi — me déÉDITIONS DE LA "BAVARDE" goûtent. Les cartes m'ont appris des 1" édition — Paris. choses ! monsieur, des choses épouvantables... Vous feriez la cour à une petite 2° — — Lyon et ia région., blonde... Ah! mignon, si je te pince... 3e — — Marseille et le midi, plus de petits bécots sucrés... sur mes 4» _ _ Nancy et l'Est. quenottes... Non ! non... 5« __ _ Bordeaux, Havre et Ouest, A propos — soyons sérieux —je t'en6» — —Belgique. voie la note d« mon dernier costume : huit cents francs ma robe en crêpe de Chine! Ces couturières, si ce n'est pas La Bavarde, est en vente, le jeudi à une horreur ! Tu me diras ce que tu en Paris et Lyon, le vendredi en province penses, le plus tôt possible. Vois-tu, ces lemmes-là, quand on ne les paie pas, et en Belgique. c'est des vraies vipères... Et dire que c'est pour toi, mignon, que se fait belle : LES PETITES FEUES LOULOUTTE. P. S. — La portière a dit à la bonne de la voisine qui l'a répété à la mienne çles Réservistes que la bonne deMm<3 Dupont aurait tué sou enfant — la salle fille ! N'oublie pas Il est onze heures, le vaguemestre, re- la petite note, chien chéri. venu de la poste, a passé riiez le colonel chez le capitaine trésorier, chez le caLETTRE D UNE COMMERÇANTE pitaine d'habillement, chez MM. les ofMénier, ficiers, chez les adjudants, chez les sergents-majors, on a sonné aux sergentsJe t'annonce par la présente que j'ai de semaine qui vont faire sonner aux reçu ton honorés, en. date du 5 courant, caporaux de chambrée. Et les caporaux je suis heureuse de t Î savoir en bonne de chambrée vont remettre les lettres santé et je compte que tu reviendras aux mains des caporaux d'escouades. bientôt à la tête do tes affaires; Le .ooiC'est l'heure impatiemment attendue. merce va aussi mal qu'au moment .de les de l'actif, vont chercher dans l'enve- ton départ, les acheteurs n'envoient pas loppe, plus ou moins aristocratique décommandes, la place ne vaut ri >n plus ou moins parfum e, plus ou moins cette année. La traite des Rochard, Fislisiblement suscrite, le petit papier rose tule et Compagnie est impayée. L'enfant bizarrement découpé dans le dessin des est -un peu souffrant. M. Lévy, de chez chiffres. S'il tombe une larme de leurs Samuel etLévyépouselapetite Scott ami yeux cen'estpoint parce que la vieille C° limited ; c'estuue bonne affaire. est malade, que* la promise s'est mariée Nous mettons, demain, en vente les ou que îa vache est morte, c'est parce nouveautés de saison. Ci-joint un chèque que la lettre est veuve et ne contient de trois cents francs. que l'attendrissant: € nous espérons Ta femme; que la présente te trouve de même ! LOUISE MENIER. Mais nous sommes à l'époque des manoeuvres, les réservistes sont arrivés. La cour fourmille de vingt-huit jours. E t LETTRE D UNE CHATELAINE ces soldats, par la grâce de Dieu, ficelés Mon très cher baron, en dépit du bon sens/cherchant dans je suis affectée loin de vous. Vous deles lettres reçues, des traces moins matérielles. Plus vieux et plus blasés que vez souffrir dans ce milieu interlope. « les de l'actif » ce qu'ils souhaitent avant Vous, si délicat, VOUÎ dont les manières toutes choses, c'est la bien heureuse élégantes, dont l'exquis bon ton a gardé nouvelle, qui, peut-être, à l'heure de un vague parfum de la régence, que vous l'exercice, leur fera manquer le mouve- devez être ennuyé parmi cette canaille. Si vous le souhaitez, cher baron, je ment et leur vaudra, infailliblement, m'emploiarai auprès du général de diquatre jours de boîte. Mais encore à la boîte, leur rêve civil vision afin qu'il vous autorise à coucher ira, par dessus les frontières de la ca- en ville. La chambrée est une'chose inserne, vagabondera en plein azur de li- fecte, m'a dit le jeune Henri de Villeberté et des foules de petits baisers fontaine, qui s'échappe de Saint-Cyr. Ne comptez-vous point obtenir une vainqueurs s'abattront sur les lèvres permission. Nous serions heureux de aimées quittées seulement d'hier. Devons-nous dire par quelle bassess vous avoir au château. Vous oublieriez, avec quels pots de vin, nous avons ob- dans notre compagnie, les dégoûts de tenu de lire le contenu d'une douzaine l'heure présente. Vous sera-t-il. loisible d'assister aux de lettres adressées aux réservistes du 160 e de ligne ? Non. Nous ne voulons pas obsèques de Monseigneur le comte de renouveler ici la scandaleuse affaire Cbambord ? Père est déjà parti. Nous attendons impatiemment votre Bolaud. Mais nous tenons essentiellement à satisfaire nos lecteurs -surtout courrier. Adieu, cher baron; nous plainos lectrices. —Pour eux,— pour elles, gnons en Vous, comme dit le vénérable nous avons encouru le bagne. Nous le abbé Benois « une victime de l'égalité disons bien haut, tous les sacrifices démocratique et sociale. » Je vousdonne mamain à baiser : Adieiu nous coûtent peu, quand il y va de l'intérêt des très aimables personnes qui BARONNE JEANNE. nous lisent. * LETTRE D'UNE FEMME HONNÊTE Mieux est de ris que de larmes eseripre, Pour ce que rire est le propre de l'homme. tETTRE D'UNE GRUE ]$on gros loulou, mon chair Alphonse, Faut-il qu'un gouvernement soye lâche; te prandre, toi; un si bel homme ! Pourvu qu'il t'esquinte pas tro ! Je m'ennui de te savoir si loin : Lyon, céti près de Nancy, qu'estma premiaire ville natale où que je suis, née ! Tu me marque sur ta lettre que ton caporal t'aime pas; Ce encor un mufle, moi que je t'aime tant, mignon! Si i tembête, crève-le ! Je sui là, j'irai trouver les otorités. Je conné le préfet de police. . Mon gro rat, en attendant le travail, je te fai des pantoufes. Je suis che Louise qu'à une croisé su le boulvar Rochechoir. Ça rebiffe assé. Je t'envoi trante francs. Je sai que faut qu'un home, corne toi, s'amuse. J»e t'embrasse et te reste fidaile. JOSÉPHINE DITE LA PIERREUSE. LETTRE DUN BAS BLEU Mon malheureux ami, Je ne dors plus, je refuse tout aliment. Ovide, dans le texte, le divin Ovide me fait bailler. Et, sacrilège, je ne puis traduire, sans faute, trois pages du magique Shacspeare. Ton image me suit partout, mon aimé, je ne vois que toi, ô Fra-ncesco, ô Pao'a! J'achève néanmoins ; Païenne. C'est l'oeuvre d'une femme;' un? réponse triomphante aux esprits forts qui ne sentent point toute la délicatesse do nos peintures. Les amants heureux de la fontaine provençale insultent à mon désespoir. Ecris-moi, écris-moi souvent. Dismoi comme tu es beau sous le chevaleresque harnois ; cuirassé comme Roger, ô mon Paul/ viens délivrer ton Angélique ! En attendant, pour chanter fa gloire en strophes éthérées, je vais tailler ma plume de Tolède. SorniE. LETTRE D UNE PAYSANNE Mon homme, Je mets la main à la plume pour te marquer que y a rien de nouveau chez nous. Nous sommes ben tant ennuyés, que tu soyes pas là, cary a à s'occuper de faire aller le pressoir pour ce que' tu sais du cidre. La vache noire, celle-là que le père Bernot a vendu cent écus, elle s'est ensauvée dans le champ à Claude, qu'elle y a fait dommage que faudra encore payer ça, ben sur. Je suis allée à la mairie chercher la prime que la commune donne. aux veuves, —7 car ou est quasiment veuves — de ceux qui sont soldats. La Françoise Bécu qu'a le sien qui est dans la guerre pour cinq ans, a demandé aussi, qu'elle n'a rien eu. "Le maire y a dit qu'elle avait pas le droit, alors qu'elle a dit.: mais si, puisque j'ai fait un petit avec Jean Guignol, qu'est dans la guerre; alors que le maire y a dit : ç>\\ donne qu'aux femmes de ceux qui sont réservistes. Quelle y a dit : qui que c'est que ça qu'un réservisse? Le maire a demandé au maître d'école, alors il a dit : c'est comme qui dirait ceux des soldats qui. sont pas militaires. J'ai pu rien à te marquer pour l'instant, et je souhaite que la présente te trouve en bonne parfaite santé. Ta femme : M AGLOIRE- DÉSIRÉE CIBOULE, LETTRE ITUNB FIANCEE Monsieur Georges. Quand aurez-vous fini ces vilains vingt-huit.jours ! Je meurs d'ennui, de désespoir, je ne ris plus du tout! on m'a menée au théâtre, j'ai pleuré tout le temps, parce qu'il y avait'dans la pièce, un soldat qui était beau et qui vous ressemblait. Ma robe blanche est finie, elle me va c'est un amour, elle me pince à la taille d'une façon divine, la couronne d'oranger est achetée, je ne peux pas la regarder sans rougir... de joie. Revenez vite : vite : vite : Croyez, monsieur Georges, à l'assurance de mes sentiments les plus affectueux. Mon ami, Je me décide enfin à t'écrire, mais je suis très embarrassée pour te dire quelque chose. Je t'aime bien, tu le sais déjà. Il n'y a rien de nouveau dans la maison. Je trouve le lit un peu grand cependant, durant les fortes chaleurs, on est mieux toute seule. Ne te fâche pas Se ça! Oscar, je parle avec ma franchisé ordinaire. La nourrice m'a écrit ; le bébé va bien. Il a mis pour toi, dans la lettre, des baisers quejo t'envoie. N'oublie pas de porter ta flanelle, les nuits sont fraîches. — Il court un bruit dans le quartier; la benne de madame Dupont aurait tué son enfant. Pauvre ESTELLE. fille ! Je t'envoie des chaussettes. P. S. (au crayon). Pendant que maman A bientôt. aie dos tourne je rouvre la lettre. Tu Ton épouse qui t'aime, sais, mon petit G-org.^s, que je t'aime Femme DABOHAL. de tout mon cœur et que je t'embrasse *** sur tes belles petites moustaches, dont le chatouillement me donne des frissons. LETTRE D'UNE COCOTTE. Au revoir, mon Georges bien aimé, et, Monsieur mon chéri , soyez sage, monsieur, j'ai un peut doigt Louloutte vous aime bien! Louloutte qui me dit_tout. vous adore! Louloutte pleure sou Lou- LETTRÉ D UNE JEUNE MARIEE Mon petit époux adoré ! Après trois semaines d'un si grand bonheur que nous n'avons jamais pu l'étreindre tout entier, il t'a fallu partir ! Est-ce gentil où tu es? J'ai regardé sur une carte : Lyon, c'est loin! loin! J'ai mis un petit drapeau à l'endroit, — commo Fonde, tu sais, l'o c!e? P.UJdant la guerre de Tunisie, il piquait de petits drapeaux sur les cartes de son cabinet fie travail. — II- semble qu'un peu de toi est sur ce point rouge.... Tu me dis que ton lit est tout petit... Oh ! si j'y étais, il serait bien plus graud, va, Hein! Que dirais -tu , si j'arrivais, un jour, à l'improviste? Sans aver tir personne.je tomberais dans ta chambre, — la grande chambre où sont tant d'hommes, — je me blottirais comme une petite souris sous la couverture; et, le matin, tu me verrais. . Mais je suis folle, mignon! oui, folle de toi... ... ViBgt-huit jours! mais c'est un siècle ça! Je n'aurais jamais pu le croire, oh! oui, les nuits sont interminables. Puis, je suis agacée. Je lis ta lettre de chaque jour, trois fois, quatre fois, ceut fois: je l'apprends par cœur... — Merci de ton bouquet...— Il est dans l'eau, sur mon guéridon, dans ma chambre à coucher. Quel tendre parfum il exhale! La nuit : je le mets dans le creux de mon corsage... Il dort avec moi... Mignon, petit bouquet, val Comment, la dernière fois, pouravoir été à la poste, tu as failli être puni ? il a fallu que je lise deux fois ce mot : puni! — alors, ces soldats, tes chefs, ce sont des brigands. Est-ce que l'on devrait contraindre des bons chéris comme toi à recevoir les ordres de ces assassins-là? car si j'ai bien compris, on voulait te mettre en prison! Il n'y a donc plus de gouvernement, plus de lois, plus de sergents de ville, puisqu'on peut mettre en prison un homme parce qu'il a eu la gentillesse de porter à la poste une lettre à la petite femme qui l'adore. En apprenant ça, j'ai failli me trouver mal, mais je mourrais si je te savais en prison, je mourrais bien sûr. Ça doit être épouvantab'e des prisons de soldats... Puis, qu'est-ce encore ? un rat qui t'a passé sur la figure, la nuit ! oh ! les horreurs !... un. rat, dis-nmi, comment il était gros, un rat sur ta figure... rien que d'y penser came fait frissonner. ..Le gouvernement veut donc vous tuer. .. c'est certain. Dis donc? quelque chose de pire que tout: ça. —Mère a lu dans le journal qu'on* allait avoir la guerre avec l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne, et je crois aussi avec le Tonkm. La guerre! La guerre! En 1870, j'étais bien petite, cependant, je me souviens, tellement j'ai eu peur. On a couché des pauvres soldats chez nous. J'ai vu des morts dans le jardin de l'oncle Jean... Des soldats morts ! Et tu es soldat et nous allons avoir la guerre. Je me suis renseignée auprès de quelqu'un de bien placé : il m'a dit que la guerre ne commencerait toujours pas avant l'autre mois. Oh ! tant mieux ! tu auras fini tes vingMiuit jours, tu seras revenu. Nous partirons à l'étranger. Je ne veux pas que tu te battes... Je ne veux pas qu'on te tue !... Mais, je suis folle... excuse-moi, mignon adoré. ..On apporte une dépêche... c'est de toi... Tu viens en congé... Oh ! quelle joie. Je ferai faire un nougat... Je sais que tu les aimes bien! gourmand. Des baisers ! Des baisers ! Des baisers. La follette qui t'adore, BLANCHE TOI. Et ainsi, elles ont défilé sous nos yeux, ces adorables lettres échappées à la plume triste ou joyeuses des petites femmes des réservistes. L. D'ASCO. iOS BUREAUX Nous informons nos lecteurs que les bureaux de la rédaction lyonnaise sont situés : S &, rue Vnomassin — I^you Il y aura toujours une boîte : place des Terreaux, 6. Les bureaux de la rédaction parisienne et des diverses éditions de province, 27, rut «le dlSgaaucourl; -- lBarfs Nous allons installer également à Marseille, des bureaux pour l'édition de là régiou du Midi. M CHANSON MS ïifSIÏffiSTffi AIR : Les Pompiers de Nanterrs. Dédiée aux 88 jours. PREM TU COUPLET On a chanté 1' pompier d' Nânterre Et P pe.tit ï'austqui part à la guerre, Mais on a toujours oublié L' réservis' qu'e-t 1' roi des troupiers. Quand il en r'çolt l'avis, Il se dit pasd' bôlise t Faut quitter sa payse Pour servir son pays, ÈEERAIN Pendant vingt-huit jours qu'ils font l'exercice, Y a pas assez d'œils pour les admirer, Quoi qu'ils soient flc'lôs comme des saucisses, C'est un vrai plaisir que de les voir manoeuvrer. T'zimlai la, t'zim la ila.cosohics militaires !.. T'zim lai la, t'zim lai la, qu'cesrôscrvlsl'sli i 3 e COUPLET Le réservist' qui n'est pas bête Il s'naunit d'dix pair's d'ebaussettes De flanelle, de chocolat De savon noir, et'cœtera. Dans le casernement Les bleus y font un' balle Alorse qu'il déballe Tout l'dfabl.e et l'tremblement. Pendant vingt-huit jours, etc. 3 e COUPLET Il n'y a que le réservice Pour fair' correctement l'serviee Il se montre martial troupier Surtout dans la corvée 'd'quartier. Quand il a bu un coup, Combinaison savante, S'il n'rentre pas chez sa tente, L'cabot le porte au clou ! Pendant vingt-huit jours, etc. <i° COUPLET A sa petite femme, il jure De conserver son âme pure Eli' sait qu'des minois provocants S'promôaent, le soir, prés des camps. C'est alors qu'il lui dit : Que la troupe française Ne fréquent' comme punaises Que celle des châlits. Pendant vingt-huit jours, etc. 5 e ' COUPLETc II quitte toujours sans colère Lorsqu'il s'en va sa belle-mère Il revieat autant amoureux Autant, mais bien plus chaleureux. La femra', ô loi d'amour 1 Pour là retrouver neuve N'est rien de tel qu'un veuv... — Age de vingt-huit jours ! RBFIIAIN Pendant vingt-huit jours qu'ils font l'exercice, Y a pas assez d'œils pour les admirer, Quoiqu'ils soient ficelés comme des saucisses, C'est un vrai plaisir que de les voir manœuvrer, T'zimlai la, t'zim !ai la, les chics militaires) T'zim la i la, t'zim la i !a,qu'c'-s réservist'sla'l bis J. SABATTIER. — -s— i LES ÎNA MES D'UNE COCOTTE Une fille pourrait devenir unefemme; elle reste une fille avec l'innocence en moins. Elle se vautre dans tous les ruisseaux, se roule dans les fanges. Sa célébrité est faile de ses ignominies. Les hommes parlent d'elle, avec des désirs. Tout le monde a le droit d'espérer l'avoir. C'est une affaire de caprice ou de fortune. La dame est la trafiquante de son corps, ouvertement, franchement, cyniquement. Elle le pare, comme on pare, à, l'approche de Noë !, les dindes truffées qui seront le triomphe des fables bourgeoises. On la suit à l'odeur insupportable et fine qu'elle répand. Tout eh elle est lascifses regards sont des provocations. Elle a d'impertinentes façons de relever sa robe; il lui prend, en pleine rue, des envies de rattacher au-dessus du genou, une jarretière qui ne tombe pas. Elle esta la mode; on la nomme. C'est la cocotte a la côte. Ou connaît son prix. On interroge ceux qui ont écrasé les poufs de son boudoir, ceux qui ont froissé les oreillers de sa couche. Les journaux la citent dans leurs échos. Elle brille, à côté d'hommes publics ~fille publique. La nommée X... de X... est ça ! Laide, bête, mais excentrique; un petit air qui se moq'c et do grandes prétentions qui en imposent, orgueilleuse, toute sa puissance vient de son orgueil. Elle porte, avec effronterie, une espèce do couronne, ça lui fait un vernis de noblesse. Mais elle sent toujours sa crotte. Elle sort du fumier. On ic dit à son honneur, c'était d'un fumier honnête, dont l'odeur saine valait biencelledu ylang-ylang qui l'cmpuante, à présent, Elle veut; cacher son origine, il lui faudrait d'abord cacher ses mains : des pattes. Rougeaudes, courtes, elles ont tenu, de mère en fille, la fourche et la faucille. La pâte d'amandes assouplit l'épiderme mais ne corrige pas les lignes. Puis ces coudes pointus c'est peuple en diable. Les races qui ont eu leurs bras ballants, clans une aristocratique oisiveté, n'ont pas de ces coudes là.Lagrucignore ces LES ANNONCES ET RÉCLAMES sont exclusivement reçu a à l' Agence V. FOUR! 1ER li rue. Confort, Lyon à P\aris, à l'Agença HAVAS S, place de la Bourse choses. Elle tente de convaincre les imbéciles qui l'entretiennent. Les impertinences ont quelque chose d'une arrière-noblesse. De minces détails, cependant, le trahisent. Jadis, elle était vachère. Avec le temps, les rôles ont changé. Je ne cause de cette fille qu'accidentellement. J'apprends d'elle une nouvelle infamie: on vient de condamner sa bonne. La bonne était innocente, car ! cette cocotte est une misérable. On m'a dit : « Rc touchez pas à cette guenille pourprée : elle est puissante. Elle s'habille, parfois, dans des défroques déjuge. Elle danse le cancan, ayant, sur l'épaule, l'hermine du magistrat. Elle fréquente les filles qui tutoient Ses rois. » Un journal satirique a parlé d'elle,' un jour, il l'a appelé la Madone à la chaise... des Tuileries . 11 a pludu papier timbré , dans ses bureaux. 11 lavait insultée: cette fille n'est pas vierge. Il y a belle lurette que sa virginité est vendue. Vierge même, à la chaise des Tuileries, cette drôlessc ? Quelle idée bouffonne ! Et nous la retrouvons partout : madame monte en ballon, dresse des ours,.ou des singes. Quelqu'un affirme même avoir vu dans sa chambre : un chameau. Actrice sans talent — elle bat la grosse caisse sur la peau d'âne de ses admirateurs. Elle est essentiellement excentrique. Elle ruine avec chic ; sa devise est : Détrousser et retrousser. _ Parfois, il lui vient un monsieur sérieux. C'est la noce au début, elle a tout son or, car le moucheron a tout son sang. Elle suce, elle pompe. Elle aspire. Et par tous les pores de sa fantaisie.L'ignoble araignée fait son œuvre Plus industrielle que les filles velues d'Arachné, elle a autant de toiles que desalons. Sa camériste — petite bête de province — ne savait pas cela. On n a pas joué la comédie pour rien Madame fait installer sa chambre a coucher de telle sorte qu'il y ait plusieurs sorties. On joue, ehez elle, les pièces d'Hennequin. Une porte est un expédient. Il est nécessaire d'avoir beaucoup de placards quand on a beaucoup d'amants. Sous le lit on ne peut y glisser qu'Alphonse. Or, elle avait le tact de rattacher admirablement sa ceinture d'une porte al autre. Un « neuf» ne se doutait de rien. Il ne s'expliquait pas les froissements du corsage, l'humidité des lèvres, et l'autre. Il ne relrouvail pas, sous les cheveux épars, le souffle du dernier repu. Il croyait à l'amour sans partage. Un naïf enfin. _ Mais les murailles sont indiscrètes. II devina que cette fil e le trompait. Il ut des reproches. La belle avait l'habitude des fauves. A proximité de sa main se trouvait une cravache. Un fiacre emporta,lc lendemain malin un voyageur horriblement pâle. La bonne vit, sur la grande peau de tigre de la chambre à coucher bleue, des taches de sang. — Madame, dit-elle à la courtisane, le tapis est lâché. Celle-ci eut un geste d'impatience. Vers midi,' elle sortit. Elle s'é'tait vêtue avec un luxe inouï. Eilcavaif apporté un" soin extrême aux moindres détails de sa toilette. Son coiffeur dutrecommencer trois fois son travail. —- « Je vous ai dit, Félix, de me donner un cachet honnête,, Félix ferait passer une trmie pour une gazelle : il arriva à- donner à madame, 'un petit air honnête qui la changeait tout à fait, — C'est trop, imbécile, dit elle, défais-moi ça. Je ne veux l'être qu'assez pour qu'on m'accueille et assez peu pour qu'accueillie on me garde» Quand elle fut parée, qu'elle eut, tous sosbi;oux, que sa glace lui eut rendu le hdele modelé du corsage, qu'elle aperçu la pointe bavarde de la dentelle du jupon, passant, comme une langue subtile, dans les plis de l'étoffe lourde elle monta dans sa voiture et ielu.au cocher cette adresse : — Au Palais de Justice! ; On introduit la visiteuse. Elle rest a