LE METIER DE CONSEIL EN ERGONOMIE OU D`ERGONOME

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LE METIER DE CONSEIL EN ERGONOMIE OU D`ERGONOME
Ergonomie SNCE
Syndicat National
des cabinets-Conseil
en Ergonomie
Chambre de l’Ingénierie
et du Conseil de France
LE METIER DE CONSEIL EN ERGONOMIE OU D’ERGONOMECONSEIL
ERGONOME, METIER EN DIFFERENCIATION
Plusieurs éléments convergent pour confirmer en premier temps une émergence du
métier d’ergonome :
Une élaboration collective du cœur du métier d’ergonome1 qui en fait son
homogénéité et son identité minimale : son objet est la construction du travail et sa
transformation, appuyé sur des champs de connaissances concernant l’homme, les
transformations sociales et organisationnelles et sur des règles de métier et
déontologiques communes.
Ce cœur de métier est en tension entre deux approches :
• une approche clinique du travail construisant du sens et des pistes de transformation
des conditions de réalisation pour allier santé (au sens de l’OMS), identité et
efficacité,
• une approche prescriptive qui introduit des « facteurs humains » pertinents dans une
ingénierie des moyens de travail.
Une structuration progressive qui se formalise
o dans des cursus de formation initiale (masters), continue et l’accès à des diplômes
repérables et qualifiants
o dans le développement d’ARTEE (qualification d’ergonomes européens en
exercice) délimitant des champs de connaissances et de savoir faire et des lieux
de compagnonnage développant les compétences nécessaires,
o dans l’augmentation sensible du nombre de cabinets, d’ergonomes internes en
entreprise de production, de services ou dans les collectivités territoriales, dans les
Services de Santé au Travail.
L’indice de cette émergence multiple est donné par la liste des champs professionnels
retenus par le fichier ROME utilisé par Pôle Emploi : design industriel, recherche en
sciences de l’homme et de la société, en sciences de l’univers, de la matière et du vivant,
conseil en organisation et management d’entreprise, consultant(e).2
En même temps se multiplient les indices de différenciation des métiers de
l’ergonomie. Ils sont illustrés par :
• la création d’une Syndicat spécifique des Conseils en Ergonomie au sein de la
Chambre de l’Ingénierie et du Conseil de France, il y a une douzaine d’années,
1
Notamment au sein de la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF)
Cf. fiches métiers du fichier ROME qui ne présentent plus le métier d’ergonome mais les
secteurs dans lesquels les ergonomes sont présents avec d’autres professionnels de
formations différentes
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• la création échelonnée d’associations loi 1901 d’ergonomes :
o CE2 (enseignants-chercheurs en ergonomie) et Jeunes chercheurs en ergonomie
(RJCE),
o ADECAPE : ergonomes internes d’entreprise et dans la fonction publique,
o ergonomes dans les collectivités territoriales,
o ergonomes en SST,
o ergonomes en informatique.
Plus qu’un émiettement du métier-centre d’ergonome, la création de ces métiers
différenciés est le signe d’une évolution professionnelle et identitaire de métiers
d’ergonome émergeant dans des contextes organisationnels et techniques diversifiés.
Schéma : cœur de métier et différentiation
Enseignants
chercheurs et jeunes
chercheurs en
ergonomie
Pratiques
professionnelles
appuyées sur
l’ergonomie :
médecine du
travail,
préventeurs,
responsables H&S,
chargé de mission
Anact, IPRP,…
CŒUR DE METIER
D’ERGONOME
Ergonomes
internes
(entreprises,
collectivités
territoriales,
services de santé)
au travail)…
Ergonomes conseils
Métiers de
l’ingénierie et
du conseil
Industrie, tertiaire,
services, TIC, …
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CONSEIL EN ERGONOMIE, UN METIER D’INTERVENTION SOCIALE :
Changer les conditions de réalisation du travail et de l’usage
Le conseil en ergonomie est entré, lui aussi, dans le processus de construction d’un métier
identifié dans le champ des métiers du conseil.
Son champ d’action le situe entre deux pôles qui structurent indissociablement l’activité de
conseil selon des tonalités différentes liées aux missions, à la diversité des interventions
ou aux choix professionnels :
un pôle conseil
o qui privilégie une position « clinique » centrée sur le lieu spécifique de
l’intervention, « se mêle » des processus et des interactions, insiste sur
l’analyse de la demande,
o qui ouvre sur une action, un « objet » à construire et à faire exister, sans a
priori sur la « solution » visée (transformation ou conception des outils de
travail techniques, spatiaux, informationnels, décisionnels,…),
o qui s’appuie sur des modalités de participation des acteurs concernés en
favorisant la co-conception des analyses et des solutions.
Ce pôle peut se décliner en assistance à la maîtrise d’ouvrage ou en assistance à
maîtrise d’œuvre (élaboration et évaluation des scénarios et des options de
conception).
un pôle ingénierie/bureau d’étude qui privilégie une position d’ « expertise » sur
l’analyse de la prestation attendue, des résultats prévus et les connaissances sur le
travail nécessaires pour réaliser le produit ou le service3.
Ces deux pôles cristallisent chacun pour leur part deux postures de conseil :
celle de relation de service, marchande mais sans marché prédéterminé qui est en
fait institutionnalisée dans un code APE de « conseil »4, soumis à des assurances
« Responsabilité civile »5,
celle d’expert, fournisseur de prestations formalisées, institutionnalisé dans un code
APE de « bureau d’études techniques », nécessitant des assurances spécifiques6.
3
APE 7112B « ingénierie et études techniques ».
APE 7022Z « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion ».
5
C’est à dire couvrant les risques de dommages provoqués par la mise en œuvre de
l’activité de conseil sur les lieux du travail : chutes, bris au cours d’observations ou de
réunions, prenant en compte l’obligation de moyens du conseil.
6
Ces assurances spécifiques sont liées à l’obligation de résultat (dont la décennale pour la
maîtrise d’œuvre dans le bâtiment).
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CONSEIL EN ERGONOMIE, UN METIER EN DEVELOPPEMENT
Le métier de conseil en ergonomie se développe et s’invente dans différents lieuxintermédiaires, supports d’actions collectives et producteurs d’identité du métier :
• le Syndicat des Cabinets Conseils en Ergonomie à travers séminaires, actions internes
et externes,
• des réseaux plus ou moins locaux de consultants indépendants qui collaborent pour
former des équipes ponctuelles d’intervention, partager leurs informations sur les
marchés, réfléchir à leurs modes d’intervention,
• des cabinets développant une stratégie commerciale et professionnelle en interne,
• des consultants regroupés dans des sociétés de portage salarial.
Quels que soient ces lieux, ils sont insérés dans des réseaux professionnels proches ou
complémentaires du champ de l’ergonomie (médecins, IPRP dans le champ de la santé,
management, ingénieurs de conception ou de fabrication dans le champ de la production,
CHSCT, IRP dans le champ des relations sociales...) qui apparaissent alors comme des
leviers de ressources.
Les champs d’action du conseil sont larges, de l’assistance à la réalisation, portant sur :
• l’accompagnement des projets de correction ou de conception des espaces, de
process, de machines complexes, de systèmes informatiques ou de produits,
• les conditions de réalisation du travail, les conditions d’usage et la santé,
• la fiabilité et la
organisationnels,
performance
des
systèmes
complexes,
techniques
ou
• les actions liées à la prévention et à l’évaluation des risques professionnels,
• l’insertion et le maintien dans l’emploi de travailleurs handicapés,
• la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences,
• ….
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UN METIER APPUYE
DIVERSIFIEES
SUR
DES
CONNAISSANCES,
DES
COMPETENCES
La référence de base des connaissances et des compétences de base est celle des critères
retenus par ARTEE7
Les compétences nécessaires au métier d’ergonome conseil et à ses déclinaisons sont
larges et recouvrent plusieurs domaines :
• celui touchant à l’activité « externe » au conseil proprement dit : se faire connaître,
chercher des missions, développer et valoriser ses compétences, manager une
équipe, faire vivre un réseau, gérer le travail et le hors travail,
• celui du « positionnement » adapté de son intervention entre les pôles présentés
plus haut,
• celui concernant le traitement d’une demande, la réponse à un appel d’offres tant du
point de vue de l’analyse, de la compréhension de la situation et des demandeurs
que de la construction ou la co-construction de la proposition de travail et sa
présentation,
• celui de la conduite de l’intervention :
o structuration et gestion des différentes étapes (analyse des situations de travail ou
d’usage, restitution de l’analyse, élaboration des actions de transformation ou de
conception),
o mise en œuvre des plans d’action ou conception organisationnelle, spatiale ou
technique,
o évaluation à travers la construction de l’équipe projet, le recueil des informations
diverses nécessaires à l’analyse (entretiens, observations, restitutions locales,..),
o animation des dispositifs de travail (groupes de travail, la restitution de l’analyse
aux différents acteurs, la collaboration avec différents professionnels,…),
• celui de la gestion et administration : contractualisation, renégociation, facturation,
suivi financier, bilan comptable, investissements,….
7
voir sur le site d’ARTEE (http://www.artee.com/criteres-d-obtention-du-titre.php), les
connaissances et l’expérience requises actuellement d’après la révision des critères
HETPEP remplacés par les critères MRCEE (MINIMUM REQUIREMENTS FOR
CERTIFICATION OF
EUROPEAN ERGONOMISTS)
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Ces compétences diverses ouvrent :
• à une palette d’interventions différentes,
• à une proximité avec d’autres métiers qui s’ouvrent aux questions du travail et de
l’usage,
• au développement de compétences spécifiques et constitutives de l’approche
ergonomique liées à la tension entre « le travail réel tel qu’il se construit » et les
« facteurs humains » concernant les fonctions engagées dans l’activité de travail,
• au développement de compétences liées à l’approche du travail et de l’usage par
l’activité, commune aux différents métiers d’ergonomes.
UN METIER D’IMPLICATION PERSONNELLE
L’intervention est au cœur du métier dans le sens où elle est le lieu où se réalise le projet
de l’ergonomie : transformer le travail ou l’usage.
Elle est donc fortement articulée au
une relation d’intervention où se
apparaître le sens ou le non-sens
transformation qui va jusqu’à la
collectives.
projet individuel de l’ergonome conseil engagé dans
jouent contradictions et coopérations pour faire
du travail, les possibilités ou les contraintes d’une
modification des représentations individuelles et
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