+ Homélie de l`Assomption 15 août 2010 Nous venons

Transcription

+ Homélie de l`Assomption 15 août 2010 Nous venons
+ Homélie de l’Assomption
15 août 2010
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Nous venons de chanter dans le chant de l’alleluia « Assumpta est Maria in Cælum » que nous traduisons
ainsi Marie a été élevée au ciel. Aujourd’hui l’Euréka est supplanté par l’Alléluia, loin des solutions
terrestres comme la poussée de bas en haut d’Archimède se réalise le premier effet céleste de l’archiremède apporté par notre rédemption : l’Assomption de Notre Dame corps et âme au ciel . L’Ascension
du Christ aurait pu être aussi invoquée mais si Jésus est vraiment homme il est aussi vraiment Dieu.
L’évènement plus conforme à la norme divine en résulte moins probant pour nous qui ne sommes
qu’humain. Notre Dame elle n’a que la nature humaine, elle est bien une de chez-nous et son Assomption
nous concerne très spécialement.
En fait Assomption et Ascension ne s’équivalent pas. Les apôtres ont assisté à
l’élévation de Jésus dans le ciel jusqu’à ce qu’un nuage le dérobe à leurs yeux. Cette élévation ils l’ont vu
s’opérer dans notre ciel matériel et cela signifiait en fait un changement d’état et d’étape dans la
mission du Christ. Pour Marie, les apôtres n’ont rien vu, c’est pour cela qu’on ne parle pas d’Ascension
mais d’Assomption dans la gloire du ciel. L’accent est mis sur le mot gloire. Ceci pour nous faire
comprendre qu’elle n’a pas connu la corruption en terre de son corps mais qu’elle a été assumée, corps et
âme, dans la gloire, auprès de son Fils. Il est aussi hautement convenable qu’en profitant du passage
frayé par son divin Fils, elle ait connu, comme lui, la mort et la résurrection. Les mystiques qui jouissent
de lumières que nous n’avons pas ont pensé qu’elle était morte d’amour de cet amour plus fort que la
mort qui est déjà cette vie du ciel et y attire irrésistiblement.
Notre corps n’est pas le conditionnement recyclable ou biodégradable de l’âme, il fait
partie de cette identité inscrite dans notre âme corporelle.
« Qui nous donnera des ailes comme la colombe ! » s’exclame le psalmiste. Nous
aimerions nous aussi convoler avec elle à tire d’aile vers le ciel sans être obligé de laisser ici bas pour un
temps notre corps et nous sommes pleins d’admiration pour ce privilège unique de l’Assomption de Marie,
elle qui a devancé cette fin des temps promis à la résurrection de notre corps. Avec Marie, nous avons
déjà le gage de cette vie intégrale corps et âme.
Aujourd’hui, ce ciel de gloire qui était déjà notre future patrie céleste devient un
chez nous. Nous savons tous depuis notre plus tendre enfance que le chez nous est ce foyer où nous
étions sûr de trouver notre mère. La première chose que nous faisions en arrivant à la maison, c’était de
dire « Maman » et elle répondait immanquablement. C’est aussi elle qui entretenait l’intérieur, le
fleurissait, l’astiquait lui donnait son cachet etc. Bref le chez nous c’est là où habitait maman.
Chez les peuples nomades la maison n’était pas une demeure puisque c’était une tente
planté dans un lieu où on ne demeurait pas. A l’opposé, le ciel c’est l’éternité et plus que partout ailleurs
on y demeure définitivement . Le ciel ou la voûte céleste c’est le firmament , autrement dit ce qui est
ferme. Pourtant dans l’évangile on le dénomme aussi « aeterna tabernacula » tentes éternelles. Ceci
peut-être pour nous faire réaliser le contraste entre la vie de pèlerins sur terre où nous ne devons pas
nous installer et celle du ciel dans le tabernacle éternel. Cette vie conviviale dans le Saint des Saints en
présence de Dieu sera définitive et ne ressemblera en rien à cette solitude qu’on inflige au Christ dans
les tabernacles de pierre de nos églises. Le problème n’est pas qu’ils soient en pierre car on en fait une
sorte de tente (comme celle de l’arche de l’alliance) en le coiffant d’un voile appelé conopé, mais que nous
n’y tenions pas plus compagnie à son hôte alors que sa compagnie à lui fera précisément notre tabernacle
de bonheur et de convivialité dans le Christ.
Aujourd’hui ce chez nous c’est le ciel et combien il nous est dur de ne pas y être,
d’autant plus que notre mère y est aussi reine. Elle y est comme la perle de la création et cela lui confère
un tel ascendant sur toutes les créatures, humaines ou angéliques qu’elle les gouverne par le pouvoir
d’une grâce irrésistible, en sorte que les notables, les chérubins aussi bien que les séraphins quêtent le
moindre de ses sourires . Je n’invente pas nous l’avons lu dans le psaume responsorial 44 : « les plus
riches du peuple, chargés de présents, quêteront ton sourire ». Oui les plus riches se retrouvent pauvres
quémandeurs de ce sourire qui ne s’achète pas. Il perdent leur moyens. Maintenant plus rien n’est
comme avant, tout ce qu’ils ont amassé leur semble de la paille . L’économie du don sortait de leur analyse
et c’est pourtant la seule qui permet les échanges du cœur. Pris par nos intérêts et une vie de taupe,
toute préoccupée à satisfaire nos égoïsmes nous en devenons terriblement désabusés tant les fruits ne
suivent pas la promesse des fleurs. Quel remède à cela ? sortir de soi et retrouver l’émerveillement de
notre enfance avec cette faculté d’admiration des cœurs limpides. La seule préoccupation légitime c’est
la face de Dieu comme le dit le psalmiste « préoccupemus faciem ejus ». Dieu nous a aussi donné une
Mère admirable. Quel bénéfice de pouvoir l’admirer, c’est se mettre au diapason de son chant intime et
celui de son divin Fils.
En Allemagne, au 17ème sciècle le Père Jakob Rem, grand dévot de la Sainte Vierge
Marie eu plusieurs apparitions de la Mère de Dieu.
Particulièrement importante fut la manifestation du 6 avril 1604 dans la chapelle
d'Ingolstadt. La Madone lui apparut dans une telle splendeur que le père lui demanda quelle invocation lui
plaisait le plus. La Sainte Vierge répondit : « Mater admirabilis ». Dès lors, le Père Jakob Rem fit
toujours répéter trois fois cette invocation à ses disciples et la Vierge d'Ingolstadt, Notre Dame des
neiges, reçut alors le titre honorifique de « Maria ter admirabilis » (Marie trois fois admirable).
Belle comme la lune « Pulchra ut luna » elle est revêtue de soleil. En ce jour elle brille
de tous les mérites cachés, obtenus durant sa vie terrestre. Nous sommes gagnés par cette admiration
cause de notre joie
Nous avons une raison très spéciale de l’admirer en France car nous avons eu un roi qui
a eu une intuition hautement inspirée. Louis XIII a agrandi sont royaume de la manière la plus pacifique
qui soit, en vouant et consacrant tout le royaume à Notre Dame, Reine de France et faisant de cette
fête du 15 Août la fête de notre patrie. Elle était déjà reine du ciel et devient reine de France en
somme plus de frontière. En France serions nous déjà un peu dans ce chez nous du ciel ? C’est bien ce
que nous prétendons quand nous lui chantons « Chez nous soyez Reine ». La révolution n’a rien changé à
cela car les engagements du ciel sont sans repentances.
Mesurons notre chance et ne laissons pas ces privilèges en vacance. A ce niveau nous
pourrions être un peu chauvins mais bien sûr cela ne veut pas dire que Notre Dame ne soit pas aussi
reine d’autres pays car en ce domaine la concurrence est impossible et nous ne pouvons que souhaiter
que ce règne Marial s’étende à toute la terre pour en faire un ciel. Ce soir à la fin de Vêpres nous ferons
une procession pour commémorer un événement aussi heureux et le faire revivre avec reconnaissance
dans nos cœurs enchantés par cette grâce particulièrement gracieuse. Que Votre Dame qui est aussi
spécialement la nôtre en ce jour de la fête de son patronage sur notre petit moutier, nous « attire tous
à elle par la suavité de ses parfums » (cant des cant.).