Sarkozy-Merkel : je t`aime, moi non plus

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Sarkozy-Merkel : je t`aime, moi non plus
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21 juillet 2011
Sarkozy-Merkel : je t’aime, moi non plus
La chancelière n’apprécie guère "Monsieur Blabla", qui le lui rend bien. Retour sur quatre années de
bisbilles et d’incidents diplomatiques. Par Anne-Sophie Hojlo.
Sourires de façade et protestations ostentatoires d’amitié n’y font rien : Nicolas Sarkozy et Angela
Merkel ne s’entendent pas. La fille de pasteur ne supporte pas celui qu’elle surnomme "Monsieur
Blabla", son agitation permanente et sa tendance à toujours tirer la couverture à lui. Le locataire de
l’Élysée n’a pas grande estime pour la chancelière allemande, qu’il rêvait de délaisser pour se tourner
plus volontiers vers Londres. On est loin de l’image de François Mitterrand et Helmut Kohl main dans
la main, rendant hommage aux morts de la bataille de Verdun à l’ossuaire de Douaumont en 1984.
Alors que les crises financières successives ont obligé l’axe franco-allemand a se ressouder au moins
en apparence, retour sur quatre ans de brouilles, de bisbilles, voire d’incidents diplomatiques.
Juillet 2007
A peine Nicolas Sarkozy élu, les tensions apparaissent. L’Allemagne n’apprécie guère la façon dont le
président français met en avant son rôle, ainsi que celui de son épouse de l’époque Cécilia, dans la
libération des infirmières bulgares emprisonnées en Libye. Une grande partie des négociations
s’étaient déroulées au niveau européen, avec un rôle non négligeable de l’Allemagne.
Eté 2007
Lors d’une réunion à Bruxelles, le ministre des Finances Peer Steinbrück reproche à Nicolas Sarkozy
de faire des cadeaux fiscaux à ses électeurs plutôt que de respecter le plan d’économies européen,
selon le quotidien allemand "Rheinische Post".
Le chef de l’Etat français s’emporte : "Qu’est-ce qui vous prend de me parler sur ce ton ?". Il ne
"pardonne" pas à Angela Merkel de ne pas désavouer publiquement son ministre.
Septembre 2007
En visite à Berlin, le président français affirme que l’Allemagne doit revenir sur son projet d’abandon
total du nucléaire, arguant qu’"il n’y a personne qui peut imaginer que les éoliennes serviront à faire
tourner toute l’Europe". Tollé outre-Rhin face à ce qui est perçu comme une ingérence.
Décembre 2007
La chancelière éconduit carrément le Français devant des journalistes. Au sommet de Lisbonne, alors
qu’on les interroge sur leurs relations, Nicolas Sarkozy la hèle d’un "Hé ! Angela ! Viens ici !" avant de
se fendre d’un "Hein entre nous, c’est la lune de miel ? Honeymoon ?" Et Angela Merkel de rétorquer
sèchement : "Non, non, on coopère, c’est tout".
Février 2008
Après la diffusion d’une vidéo montrant Nicolas Sarkozy s’appropriant le stylo du président roumain,
Angela Merkel lui en offre un devant les caméras, demandant ostensiblement : "Vous les
collectionnez, non ?"
Printemps 2008
Les sujets de tension se multiplient : finances, intervention au Tchad, et surtout projet français
d’Union pour la Méditerranée sans les pays du Nord et l’Allemagne. Cette dernière finit par obtenir
que le projet soit ouvert à tous les pays de l’UE qui le désirent.
Mai 2008
Lors d’un discours à Aix-la-Chapelle, Nicolas Sarkozy commet une bourde : il s’adresse à l’époux de la
Chancelière en l’appelant M. Merkel, alors que c’est le nom de son premier mari, qu’elle a conservé,
même remarié à un M.Sauer.
Automne 2008
Pendant la crise financière, le couple franco-allemand se doit de faire front commun. Ce qui
n’empêche pas l’Allemagne de rejeter le projet français de plan européen de sauvetage des banques.
Les plans seront votés au niveau national.
Novembre 2009
A l’occasion des vingt ans de la chute du Mur de Berlin, Nicolas Sarkozy se vante d’avoir été présent
sur place le 9 novembre 1989. Il s’avèrera en réalité que le chef de l’Etat s’est bien rendu à Berlin,
mais une semaine plus tard seulement.
Interrogée sur l’événement, Angela Merkel raille le locataire de l’Elysée, lui reconnaissant
ironiquement "un esprit en avance sur son époque" quoique certaines de ses "déclarations
enthousiastes (….) peuvent parfois manquer d’exactitude".
Le 11 novembre, Angela Merkel est à Paris : c’est la première fois qu’un chef du gouvernement
allemand participe aux côtés d’un président français à la commémoration de l’armistice de la
Première guerre mondiale. Nicolas Sarkozy qualifie l’amitié franco-allemande de "trésor".
Las ! Nouvelle gaffe. Le programme officiel communiqué par l’Elysée annonce que le chœur de
l’armée française interprètera, sous l’Arc de Triomphe, "l’hymne allemand, ’Deutschland über alles’"
… qui n’est plus chanté par les Allemands depuis 1991.
Juin 2010
Le sommet franco-allemand, programmé pour réparer les brèches apparues entre Paris et Berlin lors
de la crise grecque et des menaces sur l’euro, est reporté à la dernière minute, officiellement à cause
de l’emploi du temps surchargé d’Angela Merkel. Les deux pays se rejettent néanmoins la
responsabilité du report. Ambiance.
Juillet 2010
Lors d’un Conseil européen tendu, le président français défend sa politique de démantèlement de
camps et d’expulsion de Roms, critiquée à l’étranger, par la Commission européenne notamment. Il
affirme lors d’une conférence de presse, que la chancelière allemande l’avait assuré de son "soutien
complet, total et entier" sur ces expulsions et qu’elle lui a fait part de "sa volonté de procéder dans
les prochaines semaines à des évacuations de camps". Berlin dément aussitôt, affirmant que Nicolas
Sarkozy et Angela Merkel n’ont même jamais évoqué le sujet.
Ces derniers mois, les tensions franco-allemandes semblent s’être un peu calmées. Jusqu’à quand ?
Anne-Sophie Hojlo - le Nouvel Observateur

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