l`atout du mexique
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L’ATOUT DU MEXIQUE Uni par des liens privilégiés à deux marchés géants – les États-Unis et l’Amérique latine – le Mexique a entamé un processus de libéralisation économique en 1990 et politique en 2000. Le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) est appelé à être le grand bénéficiaire de cette double ouverture. Les Américains et les Espagnols ne s’y trompent pas eux qui investissent massivement dans les TIC mexicaines. Le Canada saura-t-il trouver sa place dans cette nouvelle donne qui s’ouvre à l’échelle continentale? Le projet d’étude stratégique ScienceTech dresse un tableau exhaustif de la situation mexicaine dans le secteur des TIC, présente 10 « success stories » détaillées, fait le bilan des investissements ainsi que des échanges canadiens au Mexique et établit une analyse prospective de l’évolution du secteur. L’Atout du Mexique est un outil de travail indispensable pour tout investisseur ou entrepreneur qui doit faire affaire au Mexique. Contenu 1 – ANALYSE DU CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE Avec un PIB de 581 milliards US$, le Mexique est l’alternative No 1 du Canada s’il veut diversifier ses échanges avec les États-Unis. Le commerce entre le Mexique et le reste de l’Amérique du Nord (ÉtatsUnis et Canada) a doublé depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994. Le Mexique est le troisième partenaire économique des ÉtatsUnis. Au niveau mondial, c’est la septième puissance commerciale. Longtemps, le Mexique a maintenu une tradition de parti unique axé sur l’intervention étatique et le protectionnisme. Les télécommunications étaient un monopole d’État à l’européenne. L’informatique a été encadrée à partir de 1981 par un « Programa de Computadora » qui visait à rendre le Mexique autosuffisant. La télévision était soumise au monopole privé sous contrôle étatique de Televisa. En 1989, le plan de libéralisation du gouvernement Salinas fait éclater ce carcan inefficace. L’entreprise de télécommunications Telmex est privatisée en 1990. L’ALENA intègre le Mexique à l’Amérique du Nord en 1994. Telmex attaque le marché américain de l’interurbain et d’Internet sans complexe. Le secteur électronique est devenu le principal poste d’exportation du Mexique. Même l’industrie informatique est exportatrice. Le nouveau cinéma mexicain explose (Grand prix de la critique du Festival de Cannes pour « Amores Perros », nomination aux Oscars comme Meilleur film étranger). Triomphe commercial de « Sexo, Pudor y Lagrimas » (1999) et de « Y Tu Mamá También » (2001). Les feuilletons télévisés mexicains sont exportés dans 100 pays. L’industrie mexicaine du contenu est en passe de s’implanter aux ÉtatsUnis grâce à la tête de pont que constitue une communauté hispanophone en pleine expansion (32 millions de personnes, les deuxtiers d’origine mexicaine). Au cours des années 90, le Mexique connaît sa « révolution tranquille ». 23 % des exportations mexicaines sont des produits électroniques. L’industrie mexicaine du contenu est exportée dans 100 pays – y compris les États-Unis. 2 – LES INFRASTRUCTURES Éducation La « dorsale » éducation : L’éducation est l’infrastructure de base de la La clé du succès mexicain société de l’information. Le taux d’alphabétisation est de 91,1%. Il y a tient dans l’effort qu’il un nombre suffisant de techniciens, d’ingénieurs et d’informaticiens. consent à l’éducation (1/4 Leur qualité est souvent excellente (Instituto Tecnológico y de Estudios du budget de l’État). La Superiores de Monterrey). Une carence, toutefois : le manque de PhD en R-D accuse néanmoins une informatique. faiblesse. Les Mass-médias Le Mexique compte six chaînes nationales de télévision et 100 stations de télévision régionales. Televisa (quatre chaînes) et Television Azteca TV (deux chaînes) dominent le marché. Il faut souligner que Televisa appartient au Groupe Curso qui est aussi l’actionnaire principal de Telmex. Par contre, la presse écrite est très diversifiée: 450 quotidiens et 300 magazines se livrent concurrence. Aucun phénomène de concentration n’est encore survenu. Télécommunications En 2000, le nombre de lignes cellulaires a dépassé le nombre de lignes fixes : 12,7 millions contre 12 millions. La clé du succès du téléphone sans fil est le principe tarifaire de « celui qui appelle paie ». Côté interurbain, une dizaine de concurrents a déjà arraché 30% du marché à Telmex (au nombre desquelles se trouvent Axtel du groupe Bell Canada International). Environ 36% des foyers ont le téléphone (99% au Canada). Le câble est très peu répandu (9 % des foyers). Les infrastructures sont modernes mais inégalement réparties en raison des inégalités sociales. Informatique Le marché informatique mexicain (matériel, logiciel et services) est estimé à cinq milliards US$. La plupart des ordinateurs sont installés dans les entreprises et dans les services publics. Seulement 9,3% des foyers sont équipés. En outre, les 2/3 des logiciels sont piratés. Internet Plus de 600 fournisseurs d’accès Internet se disputent un marché qui L’utilisation d’Internet est croît de 65% par an. Depuis que les communications ne sont plus majoritairement collective facturées à la minute mais à l’appel, le prix de l’abonnement est (phénomène des cafés comparable à celui du Canada. Il y a aujourd’hui 500 000 abonnements Internet). mais cinq millions d’internautes. La raison de cette différence ? La nature collective de l’accès Internet : famille élargie dans les foyers, café Internet omniprésents dans les rues. Enfin, l’usage d’Internet qu’ont fait les zapatistes du Chiapas est un modèle d’appropriation d’une technologie par un groupe défavorisé et isolé. Le B2B mexicain est en plein essor : 4 000 Commerce électronique Faute de masse critique, le B2C n’a jamais vraiment décollé au entreprises font du Mexique. Le faible nombre de cartes de crédit en circulation interdit tout commerce inter-entreprises. espoir de démarrage rapide. Par contre, le B2B est en plein essor. L’EDI est la forme dominante de B2B. On estime à 4 000 le nombre Par contre, aucun espoir d’entreprises qui font du B2B. pour le B2C au Mexique dans un avenir prévisible. 3 – GRANDES POLITIQUES GOUVERNEMENTALES Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) Entré en vigueur en 1994, l’ALENA couronne le processus de libéralisation de l’économie entamé en 1989: privatisation des entreprises d’État, démantèlement des monopoles et ouverture aux capitaux étrangers. La croissance du secteur des TIC a été quatre fois supérieure à celle du PIB. Pourtant, le Mexique n’a pas de stratégie nationale en matière de TIC. Stratégie du libre-échange Devant le succès « automatique » de l’ALENA, le Mexique a décidé de répéter l’expérience avec d’autres communautés : Amérique latine (Chili, Bolivie, Nicaragua, etc.) et Union européenne. Porte d’entrée ouverte sur trois marchés, le Mexique utilise le libre-échange comme levier de croissance des TIC. Système e-Mexico Annoncé le 1er décembre 2000 dans le premier discours du nouveau président Vicente Fox, le Système e-Mexico vise à relier tous les réseaux publics et privés déjà en place au sein d’un méga-réseau IP. Les communautés mexicaines les plus isolées devront être reliées à la dorsale nationale par des liens à 2Mb/s minimum. Quatre volets sont prévus : PME, éducation, santé et gouvernement en ligne). S’agit-il de la première grande stratégie du Mexique en matière de TIC depuis l’abandon du protectionnisme ? Le succès du Système e-Mexico dépend de la collaboration du secteur privé. Nortel Networks est au nombre des partenaires du gouvernement dans le Système e-Mexico. Inforoute gouvernementale Divers systèmes informatiques internes ont été déployés pour améliorer les relations entre l’État et les entreprises : système d’appel d’offres pour les achats gouvernementaux (Compranet), système de modernisation de l’état-civil (Siger), le système de commercialisation, des prix et de promotion interne (Sicomepipi), le système d’information aux entreprises (SIEM) ainsi que l’enregistrement des véhicules automobiles (Renave). Le Mexique n’a pas de stratégie en matière de TIC. Le libre-échange lui tient lieu de politique. Avec le Système e-Mexico, le président Fox place les TIC parmi les priorités du nouveau gouvernement. Y parviendra-t-il? En attendant, l’État se met en ligne à la pièce : achats, états-civil, automobiles, etc. 4 – RADIOGRAPHIE DE L’INDUSTRIE DES TIC L’industrie des TIC est divisée en deux : les « maquiladoras » et le triangle Mexico-Guadalajara-Monterrey. L’industrie des « maquiladoras » située le long de la frontière mexicanoDeux mondes : les américaine. Des entreprises assemblent sur place des pièces importées et « maquiladoras » à frontière les réexportent vers l’étranger, principalement les États-Unis, sans payer mexicano-américaine et le de taxes à l’entrée ni à la sortie. triangle high-tech MexicoGuadalajara-Monterrey. Le triangle Mexico-Guadalajara-Monterrey est basé sur la présence d’universités prestigieuses (le Tec de Monterrey) et de grandes multinationales (IBM, Hewlett-Packard et Acer) qui ont joué un rôle non seulement économique, mais politique (assouplissement de la loi sur les investissements étrangers) et éducatif (collaboration avec les universités locales). Télécom L’industrie mexicaine des télécommunications a longtemps eu partie liée avec Ericsson qui a longtemps été le fournisseur dominant du secteur. Aujourd’hui, l’offre a été diversifiée grâce aux investissement massifs consentis par Nortel Networks et Lucent Technologies dans des usines locales (respectivement à Monterrey et Guadalajara). Informatique L’industrie de l’informatique a été construite par IBM et HewlettPackard principalement Guadalajara. Le Mexique a presque atteint en 2000 l’équilibre entre exportations de matériel informatique (8,1 MM US$) et importations (8,2 MM US$). L’industrie des TIC est dominée par des multinationales : IBM, Hewlett-Packard, Acer, Lucent, Alcatel et Nortel. L’absence de stratégie nationale adaptée aux TIC a limité l’effet d’entraînement des multinationales sur la PME mexicaine. Les services TIC La libéralisation et la prolifération des services à valeur ajoutée a provoqué la création d’un grand nombre de firmes de services TIC (informatique, télécommunications et Internet). Ces firmes sont généralement petites (maximum 100 employés), à l’exception des firmes Les firmes américaines de production de logiciels sur mesure (maximum 2000 employés). Les dominent l’industrie du firmes spécialisés dans la création de sites Web, de portails et de logiciel industriel, mais non solutions B2C ont souffert de la fin du phénomène « point.com ». celui du logiciel sur mesure. Industries connexes - Le système bancaire mexicain : La politique conservatrice de prêt du système traditionnel ne favorisait pas le développement industriel. Depuis la crise du peso en 1994, le système bancaire a été acheté en grande partie par des capitaux américains, espagnols et canadiens. ScotiaBank a acheté Inverlat et négocie actuellement avec Banorte en vue d’une éventuelle fusion. Cette série de fusions et de rachats devrait déboucher sur une modernisation du système bancaire mexicain. Le capital de risque est quasi-inexistant. Jusqu’à présent, les industries connexes n’ont pas joué leur rôle de - Les studios de cinéma et d’animation : Environ 70 studios de cinéma et support aux TIC. Une série de grandes manœuvres est 11 firmes d’animation vivent principalement du phénomène des en cours : banques, studios « telenovelas » et de la publicité à la télévision. Les telenovelas sont de cinéma, etc. des séries télévisées produites en grande quantité grâce à des complexes intégrés (studios, fabrication de décors et costumes, post-production, etc.) Le Mexique exporte ses telenovelas dans toute l’Amérique latine et même aux États-Unis. Depuis quelque temps l’Association mexicaine des cinéastes (AMF) attaque le marché des tournages de films américains en concurrence avec le Canada. - Les agences de communications/publicité : Il y a plus de 100 agences de publicité au Mexique. Le marché de la publicité est entraîné par la télévision (84% des foyers ont la télévision) et la presse écrite. Le marché des panneaux réclames est florissant. La publicité sur Internet n’a jamais vraiment décollé. 5 – L’IMPACT CANADIEN Commerce Canada-Mexique Depuis l’ALÉNA, le Le commerce de marchandises entre le Canada a plus que doublé depuis commerce Canada-Mexique l’entrée en vigueur de l’ALÉNA, passant de 6,7 milliards CAN$ en a doublé et les 1994 à 14,1 milliards CAN$ en 2000. investissements canadiens ont triplé. Investissements Au cours de la même période, les investissements canadiens ont presque triplé, passant de 1 milliard CAN$ à 2,8 milliards. Le Canada est devenu le quatrième investisseur étranger au Mexique. Les champions : Nortel, BCI, ScotiaBank… Secteur des TIC Analyse des grandes tendances des échanges et des investissements canadiens. Études de cas : BCI, Nortel, Mitel, etc. Industries connexes Analyse des grandes tendances des échanges et des investissements canadiens. Études de cas : Scotia Inverlat 6 – QUEL AVENIR POUR LES TIC AU MEXIQUE ? L’avenir du marché mexicain des TIC dépend à long terme de la réduction des inégalités sociales. Par contre, dès maintenant, on peut distinguer des approches spécifiques aux TIC : utilisation collective de l’équipement d’accès (phénomène des cafés Internet) et le recours aux logiciels piratés et aux logiciels gratuits (Linux). Sur le plan de l’offre, trop peu de PME mexicaines sont des soustraitants des multinationales étrangères. Plusieurs enjeux se posent au Mexique : est-il possible de créer des grappes industrielles afin de maximiser l’effet d’entraînement des multinationales installées au Mexique? Les liens entre le Canada et le Mexique sont en expansion rapide. Y a-til un créneau à occuper pour les fournisseurs de services TIC canadiens en coopération avec leur vis-à-vis mexicains ? Est-il possible de développer la R-D mexicaine en matière de TIC? En tout état de cause, l’avenir des TIC passe par une dynamisation de la recherche universitaire et une meilleure coopération universitéentreprise (modèle IBM à Guadalajara). Les spécificités du marché mexicain des TIC : un mode d’appropriation collectif. L’avenir de l’industrie mexicaine des TIC passe entre autre par le développement de PME de pointe agissant comme sous-traitantes des multinationales. Un créneau pour les intégrateurs de TIC canadiens : les réseaux d’entreprises canadomexicains? NOTES EXPLICATIVES Maquiladora: Usine d’assemblage ou de fabrication qui bénéficie au Mexique du statut d’extraterritorialité aussi bien en matière de propriété que des taxes à l’importation. Une maquiladora peut être à capitaux entièrement étrangers et importer toutes les pièces dont elle a besoin sans payer de frais de douane au Mexique à l’entrée, ni aux États-Unis à la sortie. La plupart des maquiladoras sont installées à la frontière mexicano-américaine. Il y a 3 900 maquiladoras enregistrées au Mexique qui emploient 1,4 million d’ouvriers (sept. 2000). Miguel de Icaza : Informaticien mexicain né en 1973. Il a créé en 1997 le projet GNOME en 1997. Il s’agit de créer une interface graphique pour les utilisateurs de Linux ainsi que les outils de base (tableurs, traitements de texte, etc.). Environ 300 développeurs-programmeurs du monde entier ont collaboré à ce projet. Désigné « innovateur de l’année » en 1999 par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), Miguel de Icaza a fondé sa propre entreprise à Boston, sous le nom de Ximian. Il est l’auteur d’un mémoire au président Fox visant à faire du Mexique le champion de Linux dans le monde (El impacto al Sistema eMéxico de la incorporación de software libre - 2001). Méthodologie L’étude repose sur cinq techniques d’enquête. ► La première approche consiste à passer en revue la documentation anglaise, espagnole et française portant sur l’évolution de l’industrie des technologies de l’information et des communications (TIC) au Mexique. Cette étape permet de recenser les activités des organisations privées et publiques, tant au Canada qu’au Mexique. ► La seconde méthode d’enquête est une identification des principaux sites Web mexicains (B2B et B2C). Cette technique permet d’identifier les principaux joueurs de l’industrie (groupes de commercialisation et concepteurs Web), d’étudier les stratégies de commercialisation et d’estimer l’ampleur de l’offre et de la demande en produits et services TIC en ligne. ► La troisième technique de cueillette des données s’effectue à l’aide d’un sondage adressé aux gestionnaires et concepteurs de sites Web. Cette étape permet de confirmer ou d’infirmer les hypothèses de recherches formulées lors des étapes précédentes. Les résultats du sondage permettent de quantifier l’ampleur de la demande et de l’offres des entreprises pour les produits et services en ligne. ► Les entrevues personnelles représentent la quatrième méthode d’enquête. Elles visent à obtenir l’opinion d’observateurs privilégiés de l’industrie. Cette étape est particulièrement précieuse quand vient le moment de formuler les constats et recommandations. Elle permet d’identifier les intérêts spécifiques des différents intervenants et de mettre en perspective certains faits. ► Enfin, les études de cas permettent d’ancrer les résultats sectoriels dans la réalité et offrent aux gestionnaires des modèles proches d’eux et auxquels ils peuvent s’identifier. Les études de cas sont choisies au fur et à mesure, en fonction des premiers résultats de l’étude et des besoins des clients de ScienceTech. En toute état de cause la firme Neoris sera soigneusement étudiée : c’est le leader incontournable des fournisseurs de solutions intégrées en TIC. ¾ Neoris est issue du département des systèmes informatiques de la cimenterie Cemtec. Devenue une firme indépendante, elle a fusionné avec Ametc.net (Argentine), CyberMedia (Vénézuela) Intec (Espagne), MLab (Brésil) et occupe aujourd’hui 1 200 employés dans 13 bureaux répartis à travers cinq pays. ¾ Autres candidats possibles : Gedas, RealNet, Computación en Acción (COMPAC), Arquitectura en Sistemas Computacionales Integrales (ASCI), Softek, EDM, etc.