Un risque naturel créé par la science : le trou dans la couche d`ozone
Transcription
Un risque naturel créé par la science : le trou dans la couche d`ozone
Un risque naturel créé par la science : le trou dans la couche d’ozone Dans un livre de chimie de 1964, on présente les fluorocarbures comme des composés extraordinaires qui ne brûlent pas, ne réagissent pas avec les plus puissants acides, sont insolubles dans l’eau et sont inoffensifs. Qui aurait pu prévoir que ces composés allaient provoquer une augmentation du risque de développer un cancer de la peau et nous obliger à nous couvrir de crème solaire pour aller jouer dehors ? Deux molécules de type chlorofluorocarbure (CFC) Rayonnement en provenance du soleil 1. Le Soleil émet différents rayonnements, les plus abondants étant les infrarouges, la lumière et les ultraviolets. Tous ces rayonnements sont formés de « grains d’énergie ». Certains grains ultraviolets ont assez d’énergie pour endommager les molécules, notamment celles des organismes vivants. C’est pourquoi le rayonnement ultraviolet (UV) détruit les bactéries, cause des cancers de la peau et des cataractes, perturbe la croissance du plancton végétal à la surface des océans, etc. Décrivez un effet commun d’une exposition excessive du corps humain aux UV. Une exposition excessive provoque des dommages plus ou moins graves à la peau, un « coup de soleil » : rougeur, chaleur, cloques, etc. Note : Un coup de soleil peut dérégler le fonctionnement d’une cellule, ce qui risque de déclencher un cancer de la peau. Une cellule saine peut généralement se réparer ou, au besoin, s’autodétruire (peau qui pèle après un coup de soleil). C’est impossible cependant si la cellule a perdu ces fonctions lors d’un coup de soleil précédent. Image UV du soleil 2. On divise l’atmosphère en couches en fonction de la température. La troposphère s’étend du sol jusqu’à 9 à 18 km d’altitude; c’est dans cette couche que se déroulent les phénomènes météorologiques quotidiens. La couche suivante, la stratosphère, s'étend jusqu'à environ 50 km d'altitude. La stratosphère contient des molécules d’oxygène O2 et une proportion beaucoup plus faible de molécules d’ozone O3. L’ozone capte des grains UV ainsi: une molécule O3 absorbe un grain d’énergie UV et se casse en une molécule d’oxygène O2 et un atome d’oxygène O; cet atome O s’associe à la première molécule O2 qu’il rencontre et reforme une molécule O3. Faites un diagramme de ces réactions pour montrer qu’on perd un grain UV, mais pas la molécule d’ozone. 3. L’ozone protège donc les organismes vivants de doses excessives d’UV parce qu’il peut absorber des grains UV à répétition (l’énergie des grains sert ainsi à chauffer la stratosphère). Si les UV ne détruisent pas l’ozone, d’autres processus le font. Heureusement, il y a aussi des processus qui fabriquent de l’ozone. Tant que les processus de destruction-fabrication restent stables, l’ozone se maintient à une valeur constante. Qu’arrive-t-il si, comme ce fut le cas à la fin du XXe siècle, les processus de destruction s’accélèrent par rapport aux processus de fabrication? À l’équilibre, il se fabrique autant d’ozone qu’il s’en détruit. Si la destruction gagne sur la fabrication, la quantité d’ozone diminue jusqu’à l’atteinte d’un nouvel équilibre. En effet, si le nombre de molécules d’ozone diminue cela ne change rien à la fabrication, mais il y a moins de molécules détruites puisqu’il y en a moins sur lesquelles les processus de destruction peuvent agir. (Si un virus tue 1 personne infectée sur 1 000, il y a 10 morts dans un groupe de 10 000 personnes infectées et 5 morts seulement dans un groupe de 5 000 personnes.) 4. L’ozone est un gaz toxique pour les plantes et les animaux, qui crée notamment des troubles respiratoires. Il y en a peu en dehors de la stratosphère. Dans la troposphère, les gaz d’échappement de l’industrie et des automobiles favorisent la production d’ozone, un constituant important du smog. Pourquoi appelle-t-on l’ozone troposphérique le « mauvais » ozone ? On le nomme ainsi par opposition à l’ozone de la stratosphère, le « bon » ozone. Celui de la stratosphère nous protège des effets nocifs du rayonnement UV, alors que celui de la troposphère rend les gens malades. 5. Comme le montre ce graphique (adapté d’une brochure de l’Organisation météorologique mondiale), le nombre de molécules d’ozone dans la stratosphère a tendance à diminuer depuis le début des années 1980. Les phénomènes naturels expliquent certaines variations dans la quantité totale d’ozone, comme le creux qui a suivi l’éruption du Pinatubo, mais n’expliquent pas la tendance à la baisse. Cette baisse n’est pas uniforme sur la planète. L'effet est particulièrement marqué au-dessus de l'Antarctique entre les mois de septembre et octobre, où on parle d'un « trou » dans la couche d'ozone. Ce n'est pas vraiment un trou, mais une zone où la quantité d'ozone est anormalement basse. En Antarctique, à quelle saison correspondent les mois de septembre et d'octobre? Les fines poussières injectées dans l’atmosphère par une grande éruption volcanique accélèrent les processus de destruction de l’ozone. Au sud de l’équateur, les mois de septembre et d’octobre correspondent au printemps. 6. L’Antarctique est une région isolée où les températures sont exceptionnelles froides dans la stratosphère pendant la longue nuit polaire. Cela permet la formation de nuages spéciaux où ont lieu des réactions chimiques qui préparent la destruction de l’ozone. Celle-ci commence avec le retour du rayonnement solaire quand les grains d’énergie UV détachent des atomes de chlore des molécules préparées durant l’hiver. Complétez ce dessin pour vous convaincre que l’Antarctique reste dans la nuit tout l’hiver malgré la rotation de la Terre. Pôle Nord rotation quotidienne rayonnement du Soleil Jour Nuit position de la Terre en juillet Antarctique 7. La quantité d’atomes de chlore libres a beaucoup augmenté durant la deuxième moitié du 20ième siècle avec l’introduction des Chloro-Fluoro-Carbures ou CFC. Ces molécules fort utiles ont été créées en 1928 pour répondre à certains besoins. Comme elles sont inoffensives, parce qu’elles refusent complètement de réagir avec les autres produits chimiques, on les utilise depuis les années 1950 comme fluides réfrigérants dans les systèmes de climatisation et les réfrigérateurs, comme gaz propulseurs dans les canettes aérosols, comme agents moussants dans les mousses isolantes, etc. Pourquoi faut-il que le gaz propulseur d’une canette soit inactif chimiquement ? Un gaz actif transformerait votre fixatif à cheveux en autre chose ou encore prendrait feu en sortant de la canette. On doit avoir un gaz qui ne réagit ni avec le contenant de la canette, ni avec l’air, ni avec la personne qui utilise le produit. Canette récente sans CFC comme propulseur. Que font les CFC à l’ozone? • Le chlore des CFC attaque l’ozone Cl + O3 → ClO + O2 • Le chlore relâche l’atome d’oxygène ClO + O → Cl + O2 • On recommence le cycle Chaque atome de chlore peut donc détruire beaucoup de molécule d’ozone 8. C’est la stabilité des CFC qui leur permet de gagner la stratosphère après 10 ou 20 ans d’errance dans la troposphère. Une molécule ordinaire se transforme bien avant. Depuis le milieu des années 1980, l’application d’ententes internationales a permis de restreindre (et non d’arrêter) la production des CFC et leur niveau commence à diminuer. En 2006, on prévoit un retour aux concentrations d’ozone d’avant 1980 vers 2065. Pourquoi faudrait-il compter beaucoup d’années avant de voir se résorber le trou dans la couche d’ozone même si on stoppait complètement aujourd’hui la production des CFC ? Pour deux raisons. D’abord, même si on arrête la production des CFC, il en reste dans beaucoup de choses (mousses, réfrigérateurs, systèmes de climatisation des automobiles, etc.). Une partie de ces CFC va se retrouver plus tard dans l’atmosphère, même si on met en place des mesures de récupération. Pensez à la vieille auto qui rouille dans un champ. Ensuite, les CFC émis dans les dernières années de production vont influencer la couche d’ozone seulement dans 10 ou 20 ans, le temps qu’il leur faut pour se rendre dans la stratosphère. Remarque : La photo montre T. Midgley qui a inventé les CFC. En essayant de développer de nouveaux CFC, un chimiste de Du Pont a créé le téflon en 1938. Le téflon partage avec les CFC la propriété de ne réagir chimiquement avec rien. C’est à la compagnie française Tefal qu’on doit l’utilisation du téflon comme pellicule anti-adhésive. On considère que ce scientifique a eu, bien malgré lui, un rôle majeur dans la dégradation de l’atmosphère. Il a en effet aussi inventé l’essence avec plomb pour régler les problèmes de détonation des moteurs d’automobile. Il faut reconnaître qu’il a grandement contribué avec les CFC et l’essence avec plomb au développement économique des pays de l’Ouest et à l’amélioration du niveau de vie.