Manchettes Pleins feux sur la libre expression

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Manchettes Pleins feux sur la libre expression
Vol. 20 No. 13 | 30 mars 2011
Manchettes
Mexique: Les médias s'entendent sur des lignes directrices concernant la couverture du crime organisé
Syrie: En dépit des concessions, la répression continue
Brésil: L'attaque contre un blogueur est le symptôme d'un niveau de violence plus élevé contre les médias
Togo: Les stations de radio critiques sont fermées sous prétexte de lenteur bureaucratique
Prix / International: TuniLeaks et Ibrahim Eissa figurent parmi les lauréats des prix de Index on Censorship
Prix et autres opportunités / International: Votez pour votre blogue préféré de la libre expression
International: Protégez-vous des menaces en ligne grâce au guide « Access Now »
Pleins feux sur la libre expression
MEXIQUE: Les médias s'entendent sur des lignes directrices concernant la
couverture du crime organisé
Le Centro Nacional de Comunicación Social (CENCOS) et le Comité pour la protection des
journalistes (CPJ) rapportent que, quelques heures à peine avant que deux journalistes ne
soient trouvés morts la semaine dernière à Monterrey, une ville infestée par la drogue,
près de cinquante des plus importants organes de presse du Mexique s'étaient entendus
sur un code de conduite en matière de couverture de la violence reliée à la drogue et au
crime organisé.
L'entente pour la couverture des nouvelles concernant la violence qui est volontaire et auto-réglementée, ratifiée par 46
groupes de médias - qui possèdent en tout plus de 700 réseaux de télévision, de stations de radio et de journaux - est la
première du genre au Mexique.
L'entente vise à empêcher la presse de glorifier les trafiquants de drogue - c.-à-d. de faire que leurs dirigeants passent
pour des « victimes ou des héros » - ou de publier la propagande des cartels.
L'entente stipule en outre que la violence criminelle doit être couverte d'une manière mesurée, en la replaçant dans le
contexte de la violence ailleurs.
Les signataires ont également promis des actions conjointes afin de protéger les journalistes, dont au moins une
vingtaine ont été tués depuis 2006. Parmi les mesures recommandées aux journalistes il y a celles de ne pas recourir à
des manchettes pour des articles sur le crime organisé ou de ne pas assurer la couverture en direct dans les zones les
plus violentes, et celle de couvrir les sujets conjointement avec d'autres médias.
L'entente se porte à la défense du droit des médias de critiquer la politique et les actions du gouvernement mexicain
dans la guerre de la drogue.
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Communiqué de l'IFEX, Vol 20, No 13
Reporters sans frontières (RSF), qui avait été invité à ratifier l'entente, a refusé. « Tout d'abord, en tant qu'organisation
qui se consacre à la liberté d'expression, il nous semble problématique d'appuyer un texte qui dit ce qui doit et ce qui ne
doit pas être publié », a déclaré Benoît Hervieu de RSF.
L'entente ne requiert pas un engagement véritable de la part des autorités de faire enquête sur les attaques et les
meurtres commis contre les journalistes, dit RSF, une opinion qui trouve un écho au Centro de Periodismo y Etica
Publica (CEPET). L'entente ne reconnaît pas non plus que les officiels sont parfois les complices des attaques, disent
les groupes.
RSF se dit également préoccupé par l'article de l'accord qui indique que « lorsqu'il prend des mesures dans les limites
de la légalité, le gouvernement doit établir clairement que la violence est causée par les groupes criminels ».
« Les opérations de l'armée et de la police sont légales, mais elles n'empêchent pas les actes de répression des
autorités contre les médias et les journalistes - et contre les médias communautaires en particulier, qui demeurent
criminalisés même lorsqu'ils ont un permis », a dit Hervieu.
Le CENCOS rapporte que certains journalistes ont qualifié l'entente de stratégie du gouvernement fédéral soutenue par
le « duopole de la télévision » composé de Televisa et de TV Azteca, afin de tenter d'unifier l'information sur la guerre de
la drogue. D'après les reportages locaux, l'entente résulte d'une demande du Président Felipe Calderón aux
propriétaires des médias qu'ils prennent part à la guerre du gouvernement contre la drogue.
Le CENCOS a ouvert ses pages web au débat, allant même jusqu'à publier un éditorial du quotidien « El Diario de
Juárez » qui expliquait pourquoi le journal, dont « la réalité n'est pas la même que celle des autres villes du Mexique », ne
pouvait pas consentir à une façon standardisée de rapporter la nouvelle. Lire ici. Certains grands journaux - dont
« Reforma », « La Jornada » et « Proceso » - n'ont pas ratifié l'entente non plus.
D'autres font valoir que l'entente soulève d'importantes questions, quels qu'en soient les écueils. Carlos Lauría du CPJ a
déclaré à l'AP que si l'entente suscitait un débat, c'était une conséquence positive.
« Nous ne saurions avoir une situation pire que celle que nous avons aujourd'hui », a déclaré Lauría, qui se reportait aux
menaces, à la violence et aux attaques des gangs de la drogue qui ont conduit certains journaux du nord du Mexique à
cesser de publier des articles sur les guerres internes des gangs de la drogue.
Le CPJ attire l'attention sur la réalisation immense qui consiste à avoir des organes d'information à tous les niveaux qui
joignent leurs forces pour offrir une réponse concertée, qu'il qualifie de « percée nationale susceptible d'établir des
normes professionnelles pour l'avenir ».
Jusqu'à quel point cette entente sera-t-elle efficace dans le combat contre la violence, cela reste à voir. « Les cartels du
crime organisé sont tellement puissants dans bien des coins du pays qu'ils pourraient bien bloquer certains des
éléments les plus importants de l'entente en faisant appel aux mêmes procédés d'intimidation qu'ils emploient déjà pour
contrôler une bonne partie de la presse », dit le CPJ.
Placer un crime dans son contexte constitue « exactement l'information que les cartels du crime organisé ne veulent pas
que le public sache… Il est très difficile de croire que la signature de l'entente créera ce contexte. Les résultats seront
tout simplement trop meurtriers », de dire le CPJ.
L'entente a été adoptée le 25 mars, soit quelques heures à peine avant qu'un photographe et un animateur de la
télévision ne soient trouvés assassinés dans la ville septentrionale de Monterrey, indiquent le CPJ et RSF.
Luis Emanuel Ruiz Carrillo, photographe au quotidien de Monclova « La Prensa », a été enlevé et tué, en même temps
que José Luis Cerda Meléndez, animateur d'une émission de variétés de Televisa-Monterrey, et son cousin, Juan Gómez
Meléndez. Sur un mur à proximité du cadavre de Cerda, on a trouvé un message graffiti faisant allusion à un important
cartel de la drogue : « Cessez de coopérer avec les Zetas ».
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Communiqué de l'IFEX, Vol 20, No 13
Ruiz s'était rendu à Monterrey pour un reportage sur Cerda, qui à une certaine époque avait été toxicomane et avait agi
comme homme de main. Cerda était cependant devenu une personnalité populaire de la télévision, rapporte le CPJ.
Alertes liées au même sujet sur ifex.org:
Double meurtre dans l'État de Nuevo León ; fermeture temporaire d'une rédaction suite à des menaces dans le
Guerrero
Nouvelles régionales
SYRIE: En dépit des concessions, la répression continue
Le Président de la Syrie Bachar al-Assad a libéré 260 prisonniers politiques et promis que
les forces de sécurité allaient cesser de tirer sur les manifestants, mais le sort des
journalistes et des manifestants syriens n'en est pas plus sûr pour autant. Le bilan des
morts en raison des protestations qui se sont déroulées dans la ville méridionale de Dara'a
se situe à 61; certains journalistes sont détenus, et le black-out des nouvelles est appliqué
par la violence, selon ce que rapportent Human Rights Watch et d'autres groupes membres
de l'IFEX. De plus, des journalistes et des dissidents détenus avant le soulèvement n'ont pas
été relâchés, tandis que restent en vigueur les lois qui criminalisent la parole.
Dans un discours prononcé aujourd'hui 30 mars, al-Assad n'a pas répondu à l'espoir qu'il allait lever l'état d'urgence en
vigueur depuis 1963. « Il est extrêmement décevant que le Président al-Assad n'ait rien fait de plus que répéter les
mêmes vagues promesses de réforme qu'il formule depuis plus d'une décennie », dit Human Rights Watch. « Ce qu'il faut
immédiatement, si les autorités veulent restaurer un semblant de crédibilité, ce sont des actions concrètes en vue de
démanteler les tribunaux spéciaux de Syrie et d'abolir les dispositions qui criminalisent la liberté de parole, d'assemblée
et d'association. »
Pendant la crise actuelle, « les agressions physiques, les arrestations, les interdictions de se rendre dans certaines
régions, les déportations et les disparitions semblent toutes compter parmi les mesures obsolètes et archaïques
utilisées par les autorités pour intimider les journalistes qui tentent de travailler de manière indépendante et
professionnelle », dit Reporters sans frontières (RSF).
Les autorités syriennes resserrent la sécurité ces derniers jours afin d'appliquer un black-out des nouvelles sur les
manifestations antigouvernementales et sur la réponse impitoyable du gouvernement.
Les journalistes sont interdits de se rendre dans la ville méridionale de Dara'a, foyer des troubles politiques et où,
d'après Human Rights Watch, au moins 61 personnes ont perdu la vie depuis le 18 mars, dont un grand nombre lorsque
les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestants. Le Président al-Assad a promis une
enquête sur les fusillades, dont il a ordonné l'arrêt pendant ;les manifestations.
Le 25 mars, les journalistes ont été forcés de rentrer dans la capitale dans des convois escortés par les forces de
sécurité « pour leur propre sécurité » et se sont fait dire qu'ils devraient obtenir du ministère de l'Information un permis
s'ils voulaient poursuivre leurs reportages. Les autorités syriennes ont révoqué les accréditations de presse du
correspondant en chef de Reuters Khaled Oweis, pour cause de « fausse » couverture, et lui ont ordonné de quitter le
pays, rapporte RSF.
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Communiqué de l'IFEX, Vol 20, No 13
Les autorités syriennes ont expulsé le 28 mars le producteur de Reuters Ayat Basma et le cameraman Ezzat Baltaji,
tous deux de nationalité libanaise, après les avoir détenus pendant deux jours, selon ce que rapportent le Comité pour la
protection des journalistes (CPJ) et RSF. Selon un officiel syrien, les deux journalistes ont été arrêtés près de la frontière
libanaise parce qu'ils n'avaient pas l'autorisation de travailler dans le pays et qu'ils filmaient « dans un secteur où il n'est
pas permis de le faire ».
Bien que le gouvernement ait remis en liberté quelque 260 détenus, le blogueur kurde Kamal Hussein Sheikhou, le
blogueur Ahmed Hadifa et le journaliste et écrivain Mohamed Dibo - tous arrêtés lors des troubles récents - sont
toujours détenus, indiquent RSF et l'Institut international de la presse (IIP). L'IIP rapporte en outre que le journaliste et
blogueur Khaled Elekhetayar a été vu pour la dernière fois le 21 mars, et que sa page Facebook a été piratée.
Deux autres journalistes, Doha Hassan, qui travaille pour Orient TV et plusieurs sites web, ainsi que Zaher Omareen, ont
été arrêtés le 27 mars et seraient détenus par les forces de sécurité de l'État, selon RSF.
Par ailleurs, Ali Al-Abdallah, journaliste et écrivain qui purge une peine de 18 mois de prison pour « avoir tenté de nuire
aux relations entre la Syrie et un autre État », est toujours incarcéré, dit RSF. Depuis l'arrivée d'al-Assad au pouvoir et
avant la dernière vague de répression, Human Rights Watch avait déjà documenté l'arrestation de 92 personnalités
politiques éminentes et défenseurs des droits de la personne.
D'après le CPJ et l'IIP, les autorités syriennes ont aussi eu recours à la censure. Une chaîne de télévision privée diffusée
par satellite et dont le siège est à Dubai, Orient TV, qui a largement couvert les protestations de Dara'a, est brouillée
depuis le 25 mars. Les dépêches affirment en outre que des officiels syriens ont fait des appels téléphoniques de
harcèlement et de menaces auprès des employés d'Orient TV, laissant entendre que les journalistes pourraient être
traités comme des espions et leurs familles être persécutées.
Selon ce que rapporte le CPJ, un conseiller principal du Président, Buthaina Shaaban, a, au cours d'une conférence de
presse le 24 mars, adopté la ligne dure à propos de la couverture médiatique. « Il y a eu beaucoup d'exagération et bien
des choses imprécises ont été dites par les médias d'information. Et nous pouvions voir que ceux-ci n'étaient pas
disposés à rapporter la situation telle qu'elle était exactement », a déclaré Shaaban, qui faisait allusion aux
manifestations de Dara'a. Shaaban a ajouté que « la télévision de l'État syrien dit la vérité, et personne d'autre ».
Alertes liées au même sujet sur ifex.org:
Poursuite du black-out
Plus d'info sur le web:
Le Moyen-Orient traversé par des exactions continues et diverses contre les journalistes (RSF)
BRÉSIL: L'attaque contre un blogueur est le symptôme d'un niveau de violence
plus élevé contre les médias
Un blogueur connu pour ses commentaires acerbes sur les officiels du gouvernement et sur la corruption dans la police
a survécu à une fusillade la semaine dernière, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes
(CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Ce n'est là qu'un incident parmi de nombreux actes de violence criminelle qui
visent les médias brésiliens, disent RSF et l'Associação Brasileira de Jornalismo Investigativo (ABRAJI).
Ricardo Gama a été atteint à la tête, au cou et à la poitrine le 23 mars dans le quartier Copacabana de Rio de Janeiro.
Les projectiles provenaient d'un inconnu qui circulait à bord d'une voiture. Gama a été transporté immédiatement dans
un hôpital situé à proximité par des résidents locaux; son état est stable après une chirurgie, mais il lui faut une machine
pour l'aider à respirer, rapporte le CPJ.
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Communiqué de l'IFEX, Vol 20, No 13
D'après RSF, le blogue de Gama prend souvent parti en politique. Il affiche ouvertement son opposition au gouverneur
de Rio, Sérgio Cabral, et au maire de la ville, Eduardo Paes. Il a affirmé récemment qu'un « homme d'affaires » était
impliqué dans un trafic de cocaïne à Rocinha, le plus grand bidonville de Rio.
« L'enquête doit prendre en compte cette dernière affirmation », dit RSF. « La couverture du crime organisé fait courir
de graves menaces aux journalistes brésiliens. Les médias vont couvrir les tentatives continues et souvent
controversées pour restaurer la loi et l'ordre dans les favelas avant la tenue de la Coupe du Monde de 2014 et les Jeux
Olympiques de 2016, et les risques seront élevés pour eux et leurs personnels. »
Le Brésil a réalisé d'importants progrès en ce qui concerne son dossier sur la libre expression pendant les deux
mandats du président Inácio Lula da Silva, dit RSF, comme l'abrogation de la loi de 1967 sur les médias, héritée du
régime militaire, l'amélioration générale de l'accès à l'information publique et des résultats dans certaines enquêtes sur
les meurtres de journalistes.
Mais les médias s'exposent à un degré élevé de violence criminelle à travers le pays, disent RSF et l'ABRAJI. D'après
les alertes de l'IFEX de ces derniers mois, des trafiquants de drogue ont tiré sur un hélicoptère de TV Globo à Rio.
Également, le domicile du propriétaire d'un quotidien local de l'État méridional de Paraná a été la cible d'un attentat à la
bombe. L'équipe des nouvelles d'une station de télévision d'Indaial, dans le sud du Brésil, a été agressée et menacée
par des hommes d'affaires locaux.
Les officiels locaux sont connus pour harceler les journalistes et les blogueurs par la voie des tribunaux, dit RSF. Par
exemple, en décembre, le quotidien le plus important du Brésil, « Folha de São Paulo », a entamé des poursuites pour
« dommages moraux » contre le blogue satirique indépendant « Falha de São Paulo », dénonçant la similarité entre les
deux appellations et les deux logos.
TOGO: Les stations de radio critiques sont fermées sous prétexte de lenteur
bureaucratique
Les stations de radio et les journaux de la capitale du Togo ont suspendu leurs activités normales pendant une journée
en mars en signe de protestation contre la fermeture, depuis décembre, de trois stations de radio, selon ce que
rapportent la Fondation pour les médias en Afrique de l'Ouest (Media Foundation for West Africa) et Reporters sans
frontières (RSF).
À la suite de la proclamation, par le groupe de défense des médias SOS Journaliste en danger, d'une « Journée sans
médias », les stations de radio n'ont offert que de la musique le 10 mars, et la plupart des journaux, à l'exception du
quotidien « Togo Presse », propriété de l'État, et du journal privé « Forum de la Semaine », ont été absents des kiosques, dit la MFW
Avec des sit-ins et des marches de protestation, c'était la dernière tactique de campagne utilisée pour tenter de sauver
les stations de radio « X-Solaire », « Metropolys » et « Providence », fermées le 29 décembre 2010 par l'Autorité de
réglementation des Postes et Télécommunications (ART&P). L'ART&P allègue que ces stations de radio fonctionnaient
dans l'illégalité parce qu'elles n'avaient pas les documents d'enregistrement requis ni l'équipement de radiodiffusion
standard.
Le groupe SOS Journaliste en danger a déclaré que ces fermetures constituent une tentative des autorités pour museler
les stations, qu'elles jugent trop critiques à l'égard du gouvernement du Président Fauré Gnassingbé.
La MFWA rapporte que depuis la fermeture, le personnel des stations qui s'est efforcé d'obtenir les documents requis
s'est heurté à des « tactiques dilatoires de la part des autorités ».
La MFWA et RSF rapportent qu'une quatrième station de radio a depuis été fermée par l'ART&P. L'organisme de
réglementation a déclaré que Carré Jeune, une station de radio communautaire qui offre une programmation de
divertissement, ne respecte pas les normes professionnelles.
En appui à la campagne, RSF a écrit aujourd'hui au ministre de l'Administration territoriale, Pascal Bodjona, pour lui
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Communiqué de l'IFEX, Vol 20, No 13
demander d'expliquer la lenteur des démarches administratives.
« Les considérations de nature politique ne doivent pas donner prise à des conflits d'intérêts entre la classe dirigeante
du Togo et les médias », dit la lettre. « Au contraire, le rôle des autorités est de préserver la liberté d'expression et de
garantir la Constitution. »
Alertes liées au même sujet sur ifex.org:
Les médias protestent pour la réouverture de trois stations de radio
Les autorités ferment trois stations de radio
Également dans ce numéro
PRIX / INTERNATIONAL: TuniLeaks et Ibrahim Eissa figurent parmi les lauréats
des prix de Index on Censorship
Le plus célèbre rédacteur en chef indépendant d'Égypte et un site web qui a affiché une
sélection des câbles diplomatiques de WikiLeaks qui mettaient à nu la corruption en
Tunisie comptent parmi les lauréats de cette année des prix de la Liberté d'Expression de
Index on Censorship. Ces récompenses rendent hommage à des personnes et à des
organisations à travers le monde qui apportent des contributions exceptionnelles à la libre
expression - souvent en courant de grands risques personnels.
TuniLeaks, publié par un blogue indépendant et un site parent, Nawaat, s'est vu décerner le prix d'Index pour les
nouveaux médias.
« Cette récompense est très importante pour nous. Elle nous est décernée la même année où nous célébrons la
révolution tunisienne et sept années de notre existence comme blogue collectif, lequel est censuré par le régime de Ben
Ali depuis son lancement », a déclaré Sami Ben Gharbia, cofondateur de Nawaat.
Ibrahim Eissa, que l'on décrit comme « baromètre à lui tout seul de la lutte de l'Égypte pour la liberté politique et civile »,
a travaillé auparavant comme rédacteur au journal « Al Dostour » jusqu'à son congédiement et s'est fait supprimer son
émission de radio à la suite d'une vague de répression des médias peu avant les élections parlementaires de novembre
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Communiqué de l'IFEX, Vol 20, No 13
2010.
En acceptant le prix du Journalisme décerné par le « Guardian », qui reconnaît le journalisme déterminé et courageux qui
offre un point de vue différent, Eissa a déclaré : « Je considère ce prix comme un prix décerné au square Tahrir ».
Lors d'une cérémonie tenue le 24 mars à la Royal Institution de Londres, Index a également rendu hommage à Gao
Zhisheng, un avocat autodidacte persécuté par les autorités chinoises parce qu'il parle ouvertement des droits de la
personne, en lui remettant le Prix Bindmans pour le droit et les campagnes.
L'artiste indien Maqbool Fida Husain, qui se bat contre la censure dans son pays natal et ailleurs depuis près de 20 ans
à cause de la description qu'il donne des dieux hindous, a remporté le Intelligent Life Arts Award.
Par ailleurs, 42 prisonniers d'opinion du Bélarus se sont vu décerner une « Mention spéciale » par Sir Tom Stoppard. Ces
42 prisonniers sont passibles de 15 ans de prison pour avoir organisé des « troubles de masse » pendant la nuit des
élections présidentielles au Bélarus, en décembre dernier.
Des fragments du spectacle et des précisions supplémentaires sur les lauréats sont accessibles sur
le site web de Index on Censorship
PRIX ET AUTRES OPPORTUNITÉS / INTERNATIONAL: Votez pour votre blogue
préféré de la libre expression
La recherche du meilleur blogue est lancée ! Reporters sans frontières (RSF), en
collaboration avec le groupe de médias allemands Deutsche Welle, veut que vous votiez
pour votre blogue préféré, où qu'il soit dans le monde, qui défend la libre expression,
dans le cadre de ses récompenses accordées aux Meilleurs blogues (BOBs). Dépêchezvous, le scrutin prend fin le 11 avril.
Cette année, choisissez le gagnant dans 17 catégories, dont celui qui remportera le prix de RSF, qui vise à appuyer les
blogueurs dans des pays où la liberté de parole et de la presse est limitée - et est décernée à un blogue qui adopte une
position ferme en faveur de la liberté de l'information partout dans le monde.
Il y a aussi des récompenses pour le Meilleur blogue, pour la meilleure Utilisation de la technologie pour le bien public,
pour la meilleure Campagne de militantisme social, pour le meilleur Blogue de défense des droits de la personne, pour la
Meilleure chaîne vidéo, et pour le Meilleur blogue dans chacune des onze langues des BOBs.
Les membres du jury ont déjà réduit les 2 101 blogues, projets de médias sociaux et campagnes du bien public que vous
avez proposés pour les BOBS à seulement 11 finalistes par catégorie. Félicitations à l'Alliance des journalistes
indépendants (AJI) qui est membre de l'IFEX, en Indonésie, dont le blogue s'est classé pour le prix de RSF.
Donc allez voter ! Les blogues et les projets qui remportent le plus de votes seront désignés lauréats des Prix des
utilisateurs des meilleurs blogues le 12 avril.
Pour voter, cliquer ici
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Communiqué de l'IFEX, Vol 20, No 13
INTERNATIONAL: Protégez-vous des menaces en ligne grâce au guide « Access
Now »
Qu'elles viennent d'un dictateur qui lance sa cyberpolice sur l'Internet ou d'un fraudeur
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Le guide est accessible actuellement en anglais et en arabe. Pour ceux qui peuvent donner un coup de main pour le
traduire en d'autres langues, faites-le savoir à « Access Now » en faisant parvenir un courriel à info (@) accessnow.org.
Accédez au guide ici :
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Le « Communiqué de l'IFEX » est le bulletin hebdomadaire de l'Échange international de la liberté d'expression (IFEX), un
réseau mondial de 88 organisations qui oeuvrent à défendre et à promouvoir la libre expression.
Le Secrétariat du réseau IFEX est administré par le groupe Journalistes canadiens pour la liberté d’expression. Les opinions
exprimées dans le « Communiqué » sont la responsabilité exclusive des sources auxquelles elles sont attribuées.
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