LE HAVRE SPÉCIAL IMMOBILIER

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LE HAVRE SPÉCIAL IMMOBILIER
LE HAVRE SPÉCIAL IMMOBILIER
IX
Le chantier du
Grand Stade
ANTONY GHNASSIA/SIPA
ainsi vendues en un week-end »,
explique Agathe Cahierre, première
adjointe au maire. Pour reconquérir
du foncier, la municipalité rachète
les friches industrielles près du port,
les dépollue, les lotit, et les promoteurs se pressent pour racheter les
parcelles. Place Danton, elle a évacué la prison, qui sera démolie au
printemps 2012 ; une concertation
sera alors ouverte pour décider de
l’avenir du site. La mairie récupère
également de l’espace à l’entrée de la
ville, le long des voies ferrées, et
les derniers terrains vierges de la
ville haute, et reconstruit un peu
partout les logements dégradés, îlot
par îlot. Résultat : le marché s’étend
peu à peu, et les prix se stabilisent
(-0,46% en 2010). « La ville, avec sa
bonne rentabilité locative, attire de
plus en plus d’investisseurs, et les
Parisiens commencent à s’y intéresser », constate Bertrand Hauguel, de
l’agence Urbania.
D’autant que la rénovation ne s’arrête pas là. Pour attirer les amateurs
de voile, la Ville inaugure en septembre un nouveau port de plaisance, bassin Vauban. Le Grand
Stade ouvrira ses portes dans un an,
et l’inauguration du tramway devrait
avoir lieu le 12 décembre 2012. Côté
culture, l’architecte Oscar Niemeyer
(103 ans !) a planché sur la restauration de son Volcan. Entamée en juin,
celle-ci devrait s’achever fin 2013.
Quant aux étudiants, ils pourront
s’inscrire à la rentrée prochaine dans
Le Nouvel Observateur
deux nouvelles écoles, Sciences-PoInsa et l’Ecole nationale de la marine
marchande, et s’installer dès 2012
dans la résidence Caillard (sur le site
de l’ancienne halle Caillard). Le tout
financé sans hausse d’impôts.
« Nous sommes des chasseurs de
primes. Nous puisons dans les pro grammes européens, les aides de
l’Anru et de la communauté d’agglomération, de la région et du département. Notre dette est très raisonnable », assure Agathe Cahierre.
Mais l’espoir d’une renaissance vient
surtout du Grand Paris. L’ancien
maire Antoine Rufenacht vient de
prendre les rênes de son volet maritime (lire ci-contre). Son ambition
d’améliorer le trafic portuaire et
d’amener la ligne à grande vitesse
permettrait de réactualiser la vision
de Napoléon : « Paris, Rouen, Le
Havre, une seule ville dont la Seine
serait la grande rue. » « Les Havrais
qui n’achètent pas maintenant ne
pourront plus le faire quand les Parisiens auront débarqué », estime
Nicolas Daufresne, de l’Agence du
Grand Paris. « Ici, ils trouveront une
vue sur la mer pour les prix de la banlieue parisienne, à une heure quinze
de la gare Saint-Lazare. La ville est
lumineuse, ses artères sont aérées, on
y circule bien. Elle a gardé un esprit
village, moins clinquant que Deau ville. Comme pour le Nord, on dit souvent qu’on y pleure deux fois : une fois
quand on arrive et une fois quand on
repart. » AURORE MERCHIN
ANTOINE RUFENACHT
Commissaire au
développement de l’axe
Seine, ancien maire du
Havre
Le Nouvel Observateur Vous
avez été nommé à la barre du
volet maritime du Grand Paris,
quelle est votre mission ?
Antoine Rufenacht Dans le cadre
du Grand Paris jusqu’au Havre, je
suis chargé du développement économique de la vallée de la Seine et
de la façade maritime de la « ville
capitale ». Cet objectif comprend
un volet agricole, un volet culturel,
des volets transports et logement,
favorisant la cohésion des territoires. En concertation avec les
ministères, les experts, comme
Jacques Attali, et les élus concernés, Laurent Fabius et Bertrand
Delanoë, je dois faire des propositions au Premier ministre le 30 septembre, et les mesures devront être
prêtes en mars.
Concrètement, quels sont
les aménagements prévus ?
Pour le moment, le port d’Anvers alimente le territoire national de façon
excessive. Le canal Seine-Nord, dont
le principe est acquis, ne doit pas
pénaliser l’axe Seine. Pour reprendre
des parts de marché, Paris, Rouen et
Le Havre doivent mener une politique portuaire plus ambitieuse,
attractive et complémentaire. La
ligne à grande vitesse en sera la clé de
voûte. Elle permettra à la fois d’améliorer les conditions de circulation
des passagers, aujourd’hui déplorables, et de libérer la ligne actuelle
pour le fret ferroviaire. Le débat sur
son financement et son tracé va s’ouvrir en octobre. Nous tenterons de
nous caler sur l’objectif du chef de
l’Etat d’une inauguration en 2017,
pour le 500e anniversaire de la création du Havre par François Ier.
Quels bénéfices en attendezvous pour la ville du Havre ?
Cela va modifier l’image de la ville,
diversifier sa sociologie. L’eau est à
la mode, les Parisiens qui viendront
faire du bateau doperont l’hôtellerie et les commerces. L’essor du
port créera des emplois. C’est une
chance historique à saisir.
Propos recueillis par A. M.

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