LA MANNE ET LA GRÂCE - Un poisson dans le net

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LA MANNE ET LA GRÂCE - Un poisson dans le net
LA MANNE ET LA GRÂCE (Exode 16)
I.INTRODUCTION
A.Bref rappel des faits
i. Abraham
Le passage d’Exode 16 que nous venons de lire, relate le don de la manne aux Hébreux. Cette
anecdote fait partie de l’histoire de la promesse faite par Dieu à Abraham, il y a environ 4000 ans,
que sa descendance aurait un jour pour possession un pays merveilleux, un pays où ‘coulent le lait et
le miel’ : Le pays d’Israël ! Un arrière petit fils d’Abraham, Joseph, descendit en Egypte contre son
gré, devint le bras droit de Pharaon et sauva sa famille de la famine qui sévissait en la faisant s’y
établir. A la suite d’un changement de contexte politique et religieux, les descendants d’Abraham
furent réduits en esclavage dans le pays des pyramides, jusqu’à ce que Dieu décide d’intervenir, et
que, sous la conduite de Moïse, Il les délivre, leur fasse franchir la mer qu’on appelle à tort la ‘mer
rouge’ mais qui est en réalité ‘Yam Souf’ – la mer des roseaux – en noyant, au passage, l’armée
poursuivante, comme le film les 10 commandements l’a si bien illustré. A la suite de quoi Dieu
envoie son peuple, via le désert, en destination de la terre qu’Il avait promise à leur ancêtre
Abraham.
ii. Le Sinaï
Suite à un refus de faire confiance à Dieu, les Hébreux, environ 1500 ans avant Jésus-Christ, vont
être condamnés à errer pendant 40 ans dans le désert du Sinaï. Ils vont alors avoir à faire face à bien
des situations précaires dont le risque de manquer de nourriture. C’est à ce moment-là que se situe
notre histoire. Le texte nous raconte que les Hébreux, à l’instar des Français, se font un sang d’encre,
qu’ils parlent de ‘malfouffe’ (Exode 16:3 Les enfants d’Israël leur dirent: Que ne sommes-nous morts par la
main de l’Eternel dans le pays d’Egypte, quand nous étions assis près des pots de viande, quand nous mangions du
pain à satiété? car vous nous avez menés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude) et que,
toujours comme les Français, ils se mettent à râler. Finalement, Dieu décide de leur donner, chaque
jour, d’une façon miraculeuse et providentielle, un aliment dont même Bocuse n’a pas idée et
auquel le peuple donne le nom de ‘manne’, ce qui veut dire quelque chose comme ‘Qu’est-ce que
c’est que ce truc-là ?’
iii.La manne
Qu’est-ce que c’était que la manne ? La Bible la décrit comme une sorte de semence menue que l’on
trouvait répandue à la surface du sol au petit matin. Elle était sucrée (elle avait le goût d’un gâteau au
miel) et avait tendance à fondre à la chaleur. Elle ne se conservait qu’une seule journée hors du frigo
à l’exception du jour précédant le shabbat où elle restait miraculeusement fraîche 48 heures. Enfin,
la ‘livraison’ en a cessé subitement à leur arrivée dans le pays promis. Josué 5 : 10 Les Israélites
campèrent à Guilgal et ils célébrèrent la Pâque, le quatorzième jour du mois, au soir, dans les plaines de Jéricho. 11
Ils mangèrent des productions du pays, des pains sans levain et du (grain) rôti, le lendemain de la Pâque, en ce jour
même. 12 La manne cessa le lendemain, quand ils mangèrent des productions du pays. Pour les Israélites, il n’y eut
plus de manne et ils mangèrent des produits du pays de Canaan cette année-là.
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B.À quoi comparer la manne ?
i. La manne et Jésus-Christ
Au fil de cette histoire on s’aperçoit qu’il existe des ressemblances entre la ‘manne’ et la personne de
Jésus-Christ. La Bible elle-même établit des comparaisons : Jean 6:58 C’est ici le pain descendu du ciel. Il
n’est pas comme celui qu’ont mangé vos pères (c’est à dire la manne) : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra
éternellement. On trouve dans ce verset une ressemblance et une opposition entre la manne et Christ.
Ressemblance : (La manne comme Christ est le pain descendu du ciel) mais aussi opposition : (alors
que Christ, Lui, peut donner la Vie Eternelle, La manne, elle, ne pouvait soutenir que la vie
terrestre).
ii. La Grâce
Pour nous qui vivons sous la Nouvelle Alliance, nous pouvons considérer la manne comme une
image de la Grâce ; non pas la grâce dans un sens abstrait, la grâce réduite à un simple concept
philosophique ou religieux, mais la grâce incarnée en Christ, car Christ est vraiment la Grâce avec
un grand ‘G’ (Jean 1:17 car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ).
Jésus est la Grâce incarnée
Pour savoir en quoi Jésus est la Grâce incarnée, le mieux est de lire
Ésaïe 53 : 1 Qui a cru à ce qui nous était annoncé? Qui a reconnu le bras de l’Eternel? 2 Il s’est élevé devant lui
comme une faible plante, Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer
nos regards, Et son aspect n’avait rien pour nous plaire. 3 Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et
habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui
aucun cas.
4 Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé; Et nous l’avons considéré
comme puni, Frappé de Dieu, et humilié. 5 Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités; Le
châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. 6 Nous
étions tous errants comme des brebis, Chacun suivait sa propre voie; Et l’Eternel a fait retomber sur lui l’iniquité de
nous tous.
7 Il a été maltraité et opprimé, Et il n’a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie,
A une brebis muette devant ceux qui la tondent; Il n’a point ouvert la bouche. 8 Il a été enlevé par l’angoisse et le
châtiment; Et parmi ceux de sa génération, qui a cru Qu’il était retranché de la terre des vivants Et frappé pour les
péchés de mon peuple? 9 On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, Quoiqu’il n’eût point
commis de violence Et qu’il n’y eût point de fraude dans sa bouche.
10 Il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance… Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, Il verra une
postérité et prolongera ses jours; Et l’œuvre de l’Eternel prospérera entre ses mains. 11 A cause du travail de son âme,
il rassasiera ses regards; Par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, Et il se chargera de
leurs iniquités. 12 C’est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands; Il partagera le butin avec les puissants,
Parce qu’il s’est livré lui-même à la mort, Et qu’il a été mis au nombre des malfaiteurs, Parce qu’il a porté les péchés
de beaucoup d’hommes, Et qu’il a intercédé pour les coupables.
Jésus
Un texte comme celui-ci se passe de commentaire. Jésus est la Grâce parce que le châtiment qui
devait nous atteindre est tombé sur Lui, Jésus est la Grâce parce que sans Lui, nous serions toujours
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dans nos péchés ; Jésus est la Grâce parce que Sans Lui, nous serions toujours séparés de Dieu ; Jésus
est la Grâce parce que Sans Lui, nous serions toujours sous le coup de la condamnation ; Jésus est la
Grâce parce que Sans lui, nous serions toujours voués à l’enfer. Jésus est la Grâce parce qu’il n’était
pas du tout obligé de se laisser punir par son Père pour les fautes que nous avons commises. Jésus est
la Grâce parce que, poussé par son amour pour nous et son obéissance au Père, Il est venu dans
notre monde, Il a souffert pour nous, Il s’est livré, Il a été crucifié et Il est mort à notre place afin que
nous soyons réconciliés avec Dieu et que nous vivions. Voilà la Grâce avec un grand ‘G’.
La manne
La manne est la nourriture, miraculeuse mais terrestre, donnée par Dieu aux Hébreux tandis que la
Grâce est le don spirituel donné par Dieu pour le salut, non seulement des Juifs mais de tout être
humain, de quiconque croit.
Nous allons maintenant nous pencher sur le texte et examiner quelques caractéristiques de cette
nourriture si particulière.
II.LA
MANNE ET LA GRÂCE
A.La manne, un don gratuit et suffisant
i. Gratuit
16 : 15 Moïse leur dit: C’est le pain que l’Éternel vous donne pour nourriture.
Une des caractéristiques remarquable de la manne c’est son caractère gratuit. Pendant 40 ans les
Hébreux n’ont pas eu à se rendre tous les jours au bureau ou à l’usine pour gagner leur manne. Ils
n’avaient pas à demander au ‘mannier’ : « J’espère que vous avez la monnaie, Je n’ai qu’un gros
billet. Je vous dois combien ? » Ils n’avaient, ni à payer la manne, ni à la planter, ni à l’arroser, ni à la
labourer, ni à mettre du fumier, ni à sarcler, ni à biner, ni à rien ! La seule chose qu’ils avaient à faire
c’était la cueillir et la faire bouillir. La marchandise de base leur était livrée gratuitement. On dit
‘merci’ à qui ?
ii. Suffisant
Et non seulement elle leur était livrée gratuitement mais en plus, une bonne nouvelle pour les
fainéants, même les plus cossards ne pouvaient pas ne pas en cueillir assez. 16 : 17 Les Israélites firent
ainsi; et ils en recueillirent les uns plus, les autres moins. 18 On mesurait ensuite avec l’omer; celui qui en avait plus
n’avait rien de trop, et celui qui en avait moins n’en manquait pas. Chacun recueillait ce qu’il lui fallait pour sa
nourriture. L’expression ‘trop peu’ ne s’accordait pas avec le mot ‘manne’. Imaginez ce que ça
donnerait si vous étiez payé selon ce système. Avec vos 1000 € mensuels, vous bouclez toujours votre
budget. Vous avez besoin d’une voiture neuve ? Chose incroyable, vous l’achetez et vous ne plongez
quand même pas dans le rouge. Grâce au système de Dieu, vous avez toujours ‘assez’, jamais ‘trop
peu’. C’est le vieux rêve de certains : De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. Rêve
révolutionnaire, hors de portée de l’homme, mais réalisable quand Dieu s’en mêle.
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B.La grâce : un don gratuit et suffisant également
Comme Dieu avait mis gratuitement la manne à la disposition du peuple Juif, Il dépose à l’intention
des croyant la nourriture gratuite et abondante de la ‘Grâce’. Or, lorsque je saute à pieds joints dans
les tâches de la journée (dans ce que j’appelle la vie) sans prendre d’abord le temps d’aller à la
recherche de cette nourriture indispensable, cette Grâce, qui me rendra capable d’affronter, d’une
manière qui le glorifie, les différentes situations qu’Il va placer sur mon chemin, c’est comme si je me
nourrissait mal spirituellement parlant. Je me prive de la nourriture nécessaire à vivre une vie qui le
glorifie. Comment ferai-je pour porter du fruit quand tout ira mal dans ma vie, car ce n’est pas
seulement quand ‘tout baigne’ que Dieu vient faire sa récolte, c’est surtout quand tout va mal, quand
‘ce n’est pas la saison des figues’, qu’Il arrive avec son panier. Et si je n’ai pas cueilli ‘la Grâce’ quand
il en était temps, comment pourrais-je porter du fruit au temps de la sécheresse ? Comment pourraije lui plaire ? j’en suis incapable sans Grâce ! Que ferai-je, quand je serai victime d’une injustice, ou
d’un coup dur, ou d’une contrariété, si je ne me suis préoccupé que de remplir mon estomac
terrestre tandis que mon esprit, affaibli par ma négligence dans la cueillette de la manne et contraint
à un jeûne spirituel forcé, ne trouve pas la force d’obéir à Dieu et d’aimer mon prochain comme
moi-même ?
Or, de la même façon que Dieu déposait la manne à la surface du désert, Dieu répand cette grâce
pour moi entre les pages, entre les lignes, entre les mots de ma Bible. Il la déverse également dans les
moments de mes prières. Comme la manne des Hébreux, la grâce aussi est à ma disposition
gratuitement. Tout comme les Hébreux n’avaient qu’à se baisser pour la ramasser, je n’ai qu’à me
recueillir pour la cueillir. Israël eut le privilège de profiter quotidiennement des largesses de Dieu
pendant 40 années. Nous avons, nous aussi, la chance extraordinaire de bénéficier gratuitement de la
grâce de notre Dieu aussi longtemps que nous vivrons. Qu’attendons-nous ? !
C.La manne : un met qui se prépare
23 Et Moïse leur dit : C’est ce que l’Éternel a déclaré. Demain est le jour férié, le saint sabbat de l’Éternel ; faites
cuire ce que vous avez à faire cuire, faites bouillir ce que vous avez à faire bouillir, et tout le surplus, laissez-le en
réserve jusqu’au matin.
Dieu avait laissé aux Hébreux 2 soins : Celui de la préparation et celui de la cueillette. Dieu
fournissait gratuitement la manne, charge à eux de la recueillir et de la cuisiner. Apparemment,
d’après le verset 23, cette substance pouvait, au choix, se cuire ou se bouillir, et on peut faire
confiance à l’ingéniosité des cuisinières pour trouver mille et une manières de l’accommoder. Cela
signifie que les ménagères ont dû passer du temps à étudier la manne, à y réfléchir, à faire des
expériences. Elles ont dû faire des essais avec du sucre, du sel, du poivre. Qu’est-ce que ça donne cru,
cuit, tiède, on the rocks ? Pressé, dilué, mélangé avec de l’huile, de l’eau etc. ? Elles ont dû la peser,
essayer des épices. Bref elles ont dû s’y intéresser et même l’étudier attentivement.
D.La manne : un met qui se prépare également
Dieu nous a également donné gratuitement Son Salut, Son Saint-Esprit, Son Livre. Sa Grâce !
Charge à nous de la cueillir tous les matins, avant la brûlure des activités de la journée. Charge à
nous aussi de l’apprêter, de la méditer, de la préparer, de l’étudier, de se décarcasser pour en tirer ‘la
substantifique moelle’ comme dirait maître Rabelais. Souvent, nous souffrons de tristesse chronique,
de lobotomie spirituelle. Nous ne concevons notre étude de la Parole que façon Mac Do’, culte
personnel ‘fast’ et bâclé (avec des fibres pour éviter que ça stagne) ; une mal bouffe de l’esprit digne
du combat de saint José Bové. Pourtant les moyens de préparer chaque jour un délicieux repas ne
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manquent pas : Livres de méditations quotidiennes, programmes d’études, programmes de lecture,
groupes de croissance et surtout, surtout, notre propre réflexion avec le Seigneur. Si notre temps de
méditation matinal manque de sel, demandons de l’aide aux frères.
E.La manne et la grâce : des mets qui se cherchent
16 : 16 Voici ce que l’Éternel a ordonné: Recueillez-en, chacun ce qu’il lui faut pour sa nourriture, un omer par tête,
selon le nombre de personnes ; chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente. 17 Les Israélites firent ainsi ; et
ils en recueillirent les uns plus, les autres moins.
Chacun recueillait ce qu’il lui fallait pour sa nourriture
Bien que la manne ait été gratuite et abondante, Dieu ne la faisait pas pousser directement dans
l’assiette des Israélites. Il aurait pu ! Lors de la multiplication des pains par exemple, la foule n’a eu
qu’à se donner le mal de porter la fourchette à la bouche. Contrairement aux Hébreux d’Exode 16,
elle n’a même pas eu à aller chercher son pain. Dieu aurait donc pu déposer la manne directement
dans les casseroles. Mais Il n’a pas choisi d’agir ainsi. Il a laissé aux hébreux 2 soins : Celui de la
cueillette et celui de la préparation.
i. La cueillette de la manne
Le texte dit 16 : 21 Tous les matins, chacun recueillait ce qu’il lui fallait pour sa nourriture; et quand venait la
chaleur du soleil, cela fondait.
D’après ce verset, la cueillette ne se faisait pas à n’importe quel moment de la journée. La fourchette
horaire semble même avoir été assez courte puisque le texte précise que chacun se répandait à la
surface du désert, avec son petit omer sous le bras, avant que le soleil ne commence à chauffer, c’est
à dire, probablement, à partir du moment où l’on commençait à y voir suffisamment clair pour
distinguer les grains de manne sur le sable jusqu’à celui où les rayons du soleil les faisaient fondre, les
rendant par la même ‘irammassables’ (et apparemment cela va très vite dans un climat comme celui
qui règne au Sinaï). Le temps de la cueillette n’était donc pas laissé à l’appréciation des Hébreux.
Comme dit ce dicton célèbre que j’ai inventé de toute pièce : ‘Si grasse matinée tu feras, maigre
soirée tu auras’ (proverbe de l’Auvergne moyen-orientale). Celui qui avait une tâche urgente, ou
importante, devait bien réfléchir à ses priorités. ‘Avant l’heure c’est trop noir, après l’heure c’est trop
tard’. Ou bien, ‘Qui dans son lit se pavane, au lever perd sa manne !’
ii. La cueillette de la Grâce
N’en est-il pas de même de la grâce ? Le soleil du désert joue le même rôle que nos préoccupations
diverses. Nos difficultés au boulot, nos projets d’achat d’appartement, nos problèmes de santé, de
cœur, de vacances, bref, tout ce que la Bible appelle les ‘passions de la vie’, agissent comme une
source de chaleur qui tend à faire fondre nos possibilités de recueillement. Pour être honnête, si je
laisse passer la tranquillité du matin, il m’est ensuite très difficile de rechercher la face de Dieu quand
tout le bruit des activités et des intérêts de la journée assaille mon esprit ! Lorsque j’émerge des
brumes du sommeil, la journée est devant moi. Ne serait-il pas possible, à ce moment-là, si je le
voulais bien, de me mettre en quête de cette nourriture spirituelle qui va m’être indispensable dans la
journée ; Ne pourrais-je pas passer un peu de temps dans la lecture de la Bible, dans l’intimité de la
prière, afin d’y cueillir la Grâce si vitale à ce qui est vraiment important, c’est à dire ma relation avec
Dieu. Ne pas le faire, c’est laisser le soleil faire fondre ma manne ; C’est laisser les passions faire
évaporer la Grâce ; C’est gaspiller les précieuses ressources qui viennent du cœur même de celui que
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je prétend aimer. Certes, il est vrai que je pourrai toujours, plus tard, essayer de lécher les grains de
sable, (après tout, ça semble se faire beaucoup chez les évangéliques) mais quel dommage !
F.Un surplus de grâce
i. La manne
6. 22 Le sixième jour, ils recueillirent une quantité double de nourriture, deux omers pour chacun.
Le 6ème jour, Dieu leur envoie le double de nourriture. Pourquoi ? Parce que le lendemain ils
auront besoin d’une quantité double de nourriture à cause du shabbat, puisque, conformément aux
commandements de Dieu, ils n’auront pas le droit de se livrer, ce jour-là, à l’activité de la récolte.
Cela montre bien que ce qui compte pour Dieu, ce n’est, ni nos efforts, ni notre habileté, ni notre
capacité à avoir du succès mais notre obéissance. Dieu savait que les Hébreux allaient avoir besoin
de leur ration de manne, mais qu’ils n’auraient pas le droit de la récolter. C’est pourquoi, dans sa
prévoyance, dans sa sagesse et dans sa Grâce, Il pourvoit d’une manière exceptionnelle. Il accorde
toujours la quantité de Grâce nécessaire.
ii. La grâce
En ce qui nous concerne, nous aussi nous rencontrons des situations qui nécessitent une mesure
supplémentaire de Grâce. 2 cas peuvent se présenter : Soit la situation est prévisible (comme par
exemple le shabbat), soit elle ne l’est pas. Si elle ne l’est pas, nous pouvons compter sur la sagesse de
celui qui nous aime pour nous donner, à l’instant voulu, la Grâce nécessaire. Luc 21. 14 Mettez-vous
donc dans l’esprit de ne pas préméditer votre défense, 15 car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle
tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire.
Situations imprévisibles – Les péchés
Dans la plupart des cas, les situations de besoin de Grâce sont prévisibles. Prenons l’exemple des
péchés récurrents, ces chutes à répétitions si décourageantes dont on ne sait pas quand elles se
produiront mais dont on a la certitude qu’elles se produiront et qu’on aimerait tellement pouvoir, par
une poussée d’adrénaline spirituelle, c’est à dire de grâce, arriver à prévenir. Malheureusement,
combien de Chrétiens, même ceux qui font des efforts quotidiens pour se nourrir spirituellement,
vont à la bataille dans un état de grande faiblesse, parce qu’ils n’ont pas compris que leur lutte
particulière nécessitait une diète particulière.
Je prie personnellement tous les matins pour que le seigneur me permettre de fuir mes faiblesses
personnelles. Je demande cette grâce au moment où je n’en ai pas encore besoin, de façon à l’avoir
sous la main au moment crucial, car quand j’en aurai besoin, il sera trop tard pour demander. C’est
justement à l’occasion de la cueillette quotidienne de la Grâce, alors que mon esprit est préoccupé
seulement de la personne de Dieu, qu’il convient de demander au Père, non seulement le plat du
jour, mais également le plat de résistance, le plat pour le travail de force, la nourriture
exceptionnelle pour la tâche exceptionnelle, car mon Père ne demande pas mieux que de me donner
au delà même de ce que je lui demanderai.
Jean 15:16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous
alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, pour que tout ce que vous demanderez au Père en mon
nom, il vous le donne.
Jean 14:13 et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.
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Jean 16:23 En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous
demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom.
Voilà une bonne application de ces versets. N’hésitons pas à réclamer une double, une triple mesure
de Grâce. Demandons la quantité appropriée à la lutte que nous aurons à soutenir, ou à la fuite que
nous aurons à prendre. Dans la Bible il nous est dit de revêtir l’armure de Dieu, le casque du salut
etc. C’est avant la bataille que ces choses se mettent. Une fois la mêlée commencée il est trop tard. Il
n’est plus temps de se revêtir, il n’est plus temps de cueillir. Ne nous étonnons pas alors des défaites si
cuisantes et si répétées.
Peut-être vous dites-vous : ‘Demandez une double mesure de grâce, quelle drôle de prière ! C’est
quoi la grâce ?’ Cela ne semble pas très précis. On pourrait demander de la patience, ou de l’amour,
ou la capacité de pardonner ou bien d’autres choses. Mais puisque je ne connais pas forcément (et
même très rarement) le véritable dessein de Dieu, je prie tout simplement qu’Il me donne sa grâce.
Et Lui, qui voit exactement ce qu’Il est en train de faire, me donne très précisément la ou les sortes
(les parfums) de grâce qui conviennent à mon cas.
Situations prévisibles – Les projets
En dehors des péchés récurrents, il est d’autres cas où nous devons, au moment de la cueillette
quotidienne de la Grâce, préparer le terrain des luttes futures : Les grands et les petits projets de la
vie. Souvent, nous nous préparons mal. Jacques nous dit ceci : Jacques 4. 1 D’où viennent les luttes, et
d’où viennent les querelles parmi vous, sinon de vos passions, qui guerroient dans vos membres? 2 Vous convoitez et
vous ne possédez pas; vous êtes meurtriers et envieux, sans (rien) pouvoir obtenir; vous avez des querelles et des luttes,
et vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas. 3 Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous
demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions.
Ces versets nous enseignent 2 choses.
1° Nous ne demandons pas.
Beaucoup de croyants négligent, ou ne jugent pas utile, de parler à Dieu de leurs projets quotidiens.
Après tout Dieu est au ciel, Il a bien d’autres chats à fouetter que l’achat de ma voiture. J’aurais
même honte de prier pour cela, parce que c’est trivial, ou bien parce que ça montrerait que j’y
attache de l’importance. Qu’Il s’occupe de mon âme, ce n’est déjà pas si mal !
Raisonner comme cela est une grave erreur. Cela signifie que l’on voit le monde comme coupé en 2.
D’un côté, le monde des soucis terrestres et quotidiens qui n’ont pas grand chose à voir avec le
spirituel, et de l’autre côté, loin au dessus de nos têtes, tout là-haut dans le ciel, les choses ‘de la foi’,
‘de la religion’ : mon temps de méditation, mon témoignage, mon culte personnel, etc. Que je
cherche un appartement, ici sur cette terre, n’a vraiment rien à voir avec Dieu, dans le ciel, au dessus
de mon toit ; Que je lise fidèlement ma Bible n’a rien à voir avec le fait que je cherche du travail.
Erreur ! Tout ce qui nous concerne, que cela se passe en bas sur la terre ou en haut dans le ciel, est
éminemment spirituel ! 1 Corinthiens 10:31 Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que
vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.
On remarquera que, dans ce verset, les choses mentionnées (le contenu de mon assiette et de mon
verre) font partie des trivialités les plus communes. Pourtant, mes choix quant à ces choses, mes
décisions à propos de leur quantité, de leur qualité, de l’horaire, bref des moindres éléments relatifs à
une chose aussi a-spirituelle que mon repas, ont une énorme implication spirituelle. L’achat d’une
voiture est un acte profondément spirituel au même titre que le soin que j’ai mis à la préparation de
ce message ; la préparation d’une étude biblique est aussi porteuse de piété que mon honnêteté au
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travail ; le choix d’un champ de mission n’est pas un plus grand pas de foi que la moindre de mes
décisions quotidiennes. C’est la raison pour laquelle il importe de présenter tous nos projets à Dieu,
aussi terrestres et dépourvus de spiritualité puissent-ils nous paraître.
Je n’ai pas dit : les présenter à Dieu pour qu’Il les fasse réussir à tous coups, mais les lui présenter
comme un enfant présente ses projets à son père. Ce dernier a pour souci la marche de l’enfant vers
la maturité. Si donc l’enfant présente à son papa un projet susceptible de faire obstacle à ce processus
de maturation, ce dernier va le modifier ou même l’arrêter afin que la progression de l’enfant vers
l’état adulte ne soit pas entravée. C’est ce qui se passe dans nos relations avec Dieu. Mais quel que
soit la réponse de Dieu, il importe de maintenir le dialogue.
2° Nous demandons mal.
Au début de ma vie chrétienne, j’avais de la prière une vision de consommateur. J’avais tendance à
considérer Dieu comme un distributeur d’exaucements. On met une prière dans la fente, on ouvre
le tiroir et on consomme. (Seigneur fais-moi réussir mon examen ; Seigneur guéris-moi !) C’est ce
que signifie l’expression du verset 3 ‘dans le but de satisfaire vos passions’. Le mot ‘passion’, ne désigne
pas les mauvais désirs de notre cœur, mais, d’une façon plus générale, tous les désirs de notre cœur,
les avouables et les autres, les choses ou les personnes qui nous tiennent à cœur, nos projets, nos
possessions, notre jardin secret, notre travail, nos loisirs, bref, tout ce qui retient notre intérêt. Prier
d’une façon bornée que Dieu fasse réussir nos projets sans se soucier de savoir si ce que nous voulons
s’accorde avec son dessein c’est prier ‘dans le but de satisfaire nos passions’.
Il est bien de prier que Dieu nous accorde le travail convoité, mais il est encore plus important de
prier qu’Il accomplisse ce qu’Il est en train de faire en nous par l’outil de l’épreuve qu’Il a choisi de
nous envoyer, même si cette épreuve est le chômage. Or le verset : ‘Vous ne possédez pas, parce que vous
ne demandez pas. Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos
passions’ nous dit, et j’en suis de plus en plus persuadé au fur et à mesure que j’avance dans ma
marche avec le Seigneur, que la seule passion que Dieu exaucera à coup sûr, est ma passion pour sa
personne. Tous nos autres intérêts, même s’ils me paraissent importants, sont secondaires. Notre
façon de prier est révélatrice de l’objet sur lequel nous allons faire porter notre attention. Jésus nous a
donné un modèle de prière : Matthieu 26 : 39 Puis il s’avança un peu, se jeta la face (contre terre) et pria
ainsi: Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi! Toutefois, non pas comme je veux, mais comme
tu veux.
Dans ce verset, nous voyons que la passion de Jésus était l’accomplissement de la volonté de son
Père. Posons-nous la question : D’après mes prières, quelles sont mes passions ? (Essayons de nous
souvenir du contenu général de nos prières. Quelles sont nos passions ? demandons à Dieu qu’Il
insuffle en nous la passion de la volonté de son Père et de nous permettre de la traduire dans nos
prières.)
III.CONCLUSION
A.L’utilité de la grâce
Nous avons vu que la Grâce est utile, même indispensable, pour vivre notre vie avec le Seigneur, que
ce soit au quotidien ou dans les occasions exceptionnelles. Mais quel en est le but profond ?
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i. Pauvres Pécheurs
Beaucoup de frères pensent que la Grâce, c’est un peu comme l’aumône à la porte des églises, le
dimanche matin. « Seigneur, tu n’aurais pas 10 balles ? » Ils pensent donc que le but de la Grâce
c’est de pouvoir inciter le Seigneur à nous permettre de consommer, au moins un peu ! Avoir une
telle idée en tête signifie que nous n’avons pas abandonné l’image de ce que nous ne sommes plus, de
ce que nous ne devrions plus être, sous aucun prétexte, depuis que nous avons revêtu Christ : celle,
passez-moi l’expression, du ‘pauvre pécheur’.
Pauvres. Pauvre, parce que nous en sommes encore à quémander 3 sous pour vivre, alors que
toutes les richesses de Dieu sont à notre disposition. En demandant à Christ d’entrer dans notre vie,
nous avons reçu le Sésame qui nous permet de faire pivoter la porte de la grotte au trésor, et nous
nous contentons d’une aumône.
Pécheur. Pécheur, parce que la caractéristique de l’état général du pécheur, c’est justement de tout
ramener à lui : Qu’est-ce que ça va me rapporter ? Quel avantage vais-je donc bien pouvoir tirer de
la situation ? Qu’est-ce que ma relation avec le Seigneur va bien pouvoir me rapporter ? Venez à
Christ, tout baignera ! Venez à Christ parce qu’Il vous tirera d’affaire, parce qu’Il fera réussir vos
projets, parce qu’Il vous fera du bien, parce que vous vous sentirez bien, parce qu’Il vous guérira. Il
n’y a pas grande différence entre cette façon de raisonner et ce que je recherchais avant qu’Il entre
dans ma vie. Or il est certain que Christ nous promet une vie abondante, à condition que … j’y
renonce à cette vie et que j’accepte de la perdre.
Ressembler à Christ. Car le but de la Grâce est condensé dans ce verset : 2 Corinthiens 3:18
Nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la
même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit.
On nous a rappelé, la semaine dernière, que ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples
furent appelés chrétiens, c’est à dire ‘petits Christs’. C’est là le but profond de la Grâce. Nous
transformer, nous rendre semblables à Christ. Faire de nous des petits Christ, des grappes de raisins
gorgées de la sève du Sauveur que Dieu consomme avec bonheur, et non pas faire de Dieu un fruit
que nous puissions consommer. Personne ne peut dire exactement comment ce sera là-haut, mais
j’ai quand même un peu l’idée que chaque habitant des cieux, du plus petit au plus grand, sera
complètement délivré de la recherche de son propre plaisir et complètement obsédé par la
satisfaction de celui de Dieu et des frères.
B.Rappel final
En conclusion, la manne est une riche source d’enseignement sur le sujet de la Grâce. La Grâce de
Dieu est entièrement gratuite. Rien, dans ce monde, ne peut l’acheter. Aucun effort de notre part,
aucune bonne œuvre, aucune action religieuse ou humanitaire ne saurait en payer la plus petite
parcelle. Elle vient entièrement de Dieu. Nous ne pouvons que la cueillir et remercier Dieu pour ce
don. Par contre, si l’on peut la consommer telle quelle, elle se cuisine aussi, dans notre temps de culte
personnel, dans nos prières, dans notre service.
Elle est indispensable pour affronter, non seulement les moments ordinaires de la vie, mais aussi les
circonstances particulières.
Le but de la Grâce n’est pas de répondre à notre recherche de bonheur mais de nous faire ressembler
à Christ afin que Dieu soit glorifié et honoré.
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