L`Express 31 mai 2011

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L`Express 31 mai 2011
LE MAG
MARDI 31 MAI 2011 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL
LITTÉRATURE
Le trauma de l’immigration
DR
«Harare Nord» de Brian Chikwava
raconte le plongeon d’un immigré
dans la réalité d’une ville étrangère.
Interview de l’auteur. PAGE 16
MUSIQUE Dès jeudi et jusqu’à dimanche, 25 groupes ou artistes monteront sur l’une
des deux scènes du festival neuchâtelois, sur les Jeunes-Rives. Petit tour d’horizon.
Le Festi’neuch nouveau est là
NICOLAS HEINIGER
DÈS DEMAIN À LA CASE
De l’electro-punk à la chanson
pour enfants, en passant par le
reggae, la soul ou la pop. Cette
11e édition de Festi’neuch, qui
se déroule de jeudi à dimanche
sur les Jeunes-Rives, à Neuchâtel, s’annonce haute en couleur.
Profusion de têtes d’affiche
Parmi les têtes d’affiches, le public pourra découvrir jeudi à
19h45 Catherine Ringer, qui
constitua la moitié du célèbre
duo français les Rita Mitsouko,
et le groupe Archive (22h). Ces
Anglais connus pour leur extrême perfectionnisme proposeront un rock sophistiqué teinté
d’électronique,
autant
influencé par Pink Floyd que
Massive Attack. Une musique
d’une intelligence rare qui devrait entraîner le public des Jeunes-Rives dans une galaxie sonore très, très lointaine.
Vendredi, ce seront les rappeurs américains de Wu-Tang
Clan qui tiendront le haut de
l’affiche (23h). Ils suivront sous
le chapiteau les Français de The
Dø (20h45) qui, en 2008,
avaient marqué le festival du
Chant du Gros, au Noirmont,
avec leur pop inventive mais
néanmoins puissante. Ils reviennent aujourd’hui avec sous le
bras un deuxième album, encore plus audacieux que le précédent.
Electro-punk martien
Samedi, le ponte de l’electropop Moby, connu pour son
éclectisme, montera sur scène
(22h30) après les ados rockers
français des BB Brunes (20h30).
Et pour clore le festival dimanche, les reggaemen américains
Les Français de The Dø, soit Olivia Merilathi et Dan Levy, avait donné un superbe concert au Chant du Gros en 2008 (ici, le groupe au Paléo Festival,
la même année). Ils monteront sur la grande scène de Festi’neuch vendredi. KEYSTONE
de Groundation (18h) et les
Français de Gotan Project
(20h30) se partageront le haut
de l’affiche. Pas sûr toutefois
qu’ils fassent le poids face à la
star des petits, le Vaudois Henri
Dès (14h30).
Dans le registre des découvertes, on peut s’attendre cette année à de belles surprises. En
commençant par les Bernois exilés à Berlin de Bonaparte et leur
electro-punk barré et décadent
(jeudi à 20h45). Si des Martiens
fous se mettaient en tête de réin-
LA CHAUX-DE-FONDS
Le Club 44 accueille Jean Liermier
et Elena Hazanov, autour de Marivaux
Et si les personnages de Marivaux se livraient
au «Jeu de l’amour et du hasard» dans un
décor contemporain? Ce pourrait être une
riche propriété de la Riviera lémanique, avec
chauffeur, tennis et piscine, comme l’ont
imaginé la cinéaste Elena Hazanov et le
metteur en scène de théâtre Jean Liermier.
Animé par une volonté de dépoussiérer les
classiques, le tandem a, en effet, réitéré une
première expérience faite en 2008, avec
l’adaptation cinématographique des «Caprices
de Marianne» de Musset. Transposés, eux,
dans les rues de Carouge, après une mise en scène au théâtre
infusée dans l’Italie des années 1960, comme s’en souviennent
les spectateurs du théâtre du Passage...
La langue de Marivaux résonnera-t-elle de façon convaincante
dans notre monde d’aujourd’hui? Comment les deux arts se
fécondent-ils l’un l’autre? Réponses ce soir, via la projection du
film tout d’abord, puis au fil du dialogue qui pourra s’instaurer
avec Jean Liermier et Elena Hazanov, que le Club 44 a le privilège
d’accueillir tous les deux ensemble. ! DBO
+ «Le jeu de l’amour et du hasard. Quand le théâtre fait son cinéma»; La Chaux-deFonds, Club 44, ce soir à 20h15
venter le cirque, ça donnerait
sans doute Bonaparte.
Jusqu’au bout de la nuit
Le lendemain, soit vendredi à
minuit et demi, DJ Shadow et
ses platines investiront la scène
lacustre. Quand on sait que le
Californien est l’une des influences majeures du groupe Radiohead, on ne peut que se précipiter pour le découvrir. Et pour
en terminer avec les découvertes, citons encore les Français de
Syd Matters et leur folk-rock aty-
pique et hautement recommandable (samedi à 19h15).
Enfin, rappelons à tous les couche-tard l’existence des Afternatives, qui se tiennent vendredi et
samedi de minuit à 6h du matin
à la Case à chocs. Un bus assure
gratuitement la navette depuis
le festival jusqu’à 3h15. !
+
INFO
Retrouvez le programme complet dans
«L’Express» et «L’Impartial» de demain
ou sur www.festineuch.ch.
LA CRITIQUE DE...
L’0PÉRA...
NEUF ARTISTES SUISSES SUR TROIS JOURS
Les musiciens helvétiques ne sont pas oubliés à Festi’neuch. Le duo jurassien Carrousel ouvrira les feux jeudi à 18h45. Vendredi, les rappeurs neuchâtelois de Quartier Bon Son se produiront à 18h, suivis à 19h45 du November
Rain Band (un collectif dont fait partie le Neuchâtelois Abstral Compost), qui
rendra hommage au génial Tom Waits. Trip In, un groupe romand qui mêle
hip-hop, jazz et pop, jouera lui à 22h.
Seul groupe suisse à se produire sur la grande scène, les Lucernois de 7 Dollar Taxi feront entendre leur rock à l’anglaise à 18h30 le samedi. Le même
jour, Mani le rocker neuchâtelois et sa bande grimperont sur la scène lacustre à 17h30, suivis à 21h30 par The National Fanfare of Kadebostany. Dimanche enfin, les Lausannois de Professor Wouassa (17h) suivront l‘idole des
(très) jeunes, Henri Dès (14h30). ! NHE
= LE LIVRE DE LA SEMAINE
«Duel d’escargots»
Drolatique et truculent
Ce week-end a eu lieu au théâtre de Colombier deux représentations de «L’opéra dans tous ses
états». Ce spectacle s’articule autourd’untriodemusicienstalentueux: deux voix, Leana Durney,
soprano, et Davide Autieri, baryton, accompagnés au piano par
Guy-François Leuenberger.
Sont ici explorées les différentes facettes de l’opéra à travers
une sélection de célèbres extraits
du répertoire, de Mozart à Offenbach. Le résultat est une vraie
réussite. Un maître mot: l’humour, le second degré, la dérision! L’écriture est drolatique, légère; parfois sérieuse, lorsque
succède à un air enlevé une romance sentimentale. Frédéric
Mairy signe une mise en scène
Pourquoi attendre l’ouverture officielle de Festi’neuch lorsqu’on peut
commencer les festivités un jour
plus tôt? C’est le raisonnement que
semblent avoir tenu les organisateurs du festival neuchâtelois en
mettant sur pied, demain dès 21h,
une pré-soirée à la Case à chocs, à
Neuchâtel.
Au programme de ces réjouissances
avant l’heure, un groupe live et deux
Dj set, le tout placé sous le signe
musclé de l’electro-rock. En haut de
l’affiche, le trio anglais We Have
Band, soit deux hommes, une
femme et une tonne de machines.
Leur premier album intitulé sobrement «WHB» et sorti l’an dernier, a
été produit par Gareth Jones, connu
pour son travail avec Depeche
Mode et Indochine.
Make The Girls Dance est un duo
français composé de Greg Kozo et
de l’ancien animateur télé Pierre
Mathieu. Ils sont les auteurs de
«Baby Baby Baby». Quant à SpeedRax, originaire de France et résident au D! Club de Lausanne, il fera
danser le public de la Case avec sa
musique aux sonorités électroniques les plus rock’n’roll. ! NHE
efficace, proche du café-concert
ou du music-hall. Les codes de
l’opéra sont brisés, revisités par
des ressorts comiques inhabituels. La quinzaine de pièces
s’enchaîne selon un rythme vif:
les protagonistes passent sans
difficulté d’un style ou d’une époque musicale à l’autre, alternant
chant lyrique et intermèdes
théâtraux.
Nous avons assisté à un spectacle frais et pétillant proposé par
Comiqu’Opéra, une jeune compagnie pleine de promesses. Démonstration est faite que le
genre de l’opéra toujours se renouvelle, s’adapte à l’esprit de la
modernité et dévoile sans cesse
de nouvelles potentialités.
! FABRICE DUCLOS
YANNICK
ZÜRCHER
LIBRAIRE
IMPRESSIONS,
LA CHAUX-DEFONDS
L’escargot est un bien étrange animal. Protégé par sa carapace hélicoïdale, il manœuvre son corps mou et spongieux en se fiant à ses deux longs globules rétractibles.
Il est l’incarnation de la lenteur. Plus singulièrement, la volupté hypnotique de ses évolutions ou de ses ébats
l’érige en symbole de la déviation; il devient l’expression
imagée de la perte de repère ou du trouble obsessionnel. Pour l’heure ni viande ni poisson, il va servir de prétexte à un appétissant affrontement culinaire entre amis.
La table, aux senteurs méditerranéennes rafraîchissantes,
est conçue par les auteurs comme un plateau de jeu où
chaque participant abat ses cartes au fur et à mesure de
la partie. L’humour, l’esquive, le commérage sont autant
de stratégies pour ne pas se découvrir trop vite. Cependant derrière la façade de la joviale sociabilité, se dessinent quelques fissures synonymes de troubles affectifs,
de malaises relationnels et de dérangements gastriques.
Un essai graphique et
sociologique relevé,
«Duel d’escargots»,
Pere Joan et Sonia Pulido
en guise d’apéritif
Cambourakis
avant les grandes lec98 p.
tures d’été.