La page du boxeur

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La page du boxeur
LA ZONE DE BOXE
Janvier 2009
Numéro 23
1
Zone de Boxe
4
année – numéro 23
LeMagazine
seulLamagazine
au Québec
dédié uniquement à la boxe
ième
Entrevue avec
Marlon Wright:
Découvrez l’homme
qui a arbitré le combat
Bute-Andrade
Plus:
Les hauts et les bas
de GYM et Interbox
en 2008
Aussi: Le championnat de Pascal
vu de l’Angleterre !
2
Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Magazine La Zone de Boxe
2755 Clermont
Mascouche (Québec) J7K 1C1
[email protected]
Éditeur
François Picanza
Rédacteur en chef
Pascal Roussel
Collaborateurs
François Couture
Samuel D. Drolet
Ariane Fortin
Vincent Morin
Karim Renno
Allan Tremblay
Correcteur/Réviseur
Traducteur
Pascal Lapointe
Véronique Lacroix
3 – Le mot du médium format géant
6 – Entrevue avec Marlon Wright
12 – Avec Jean Pascal, en Angleterre
17 – La boxe et moi: Allan Tremblay
18 – Hauts et bas de GYM en 2008
18 – Hauts
20 – Bas
Pascal Lapointe
Photo page couverture
Vincent Ethier
Mise en pages / Infographie Martin Laporte
Le magazine la Zone de boxe fut fondé en 2004 à Mascouche par
François Picanza. Ce magazine est maintenant offert gratuitement
sur le web.
La Zone de Boxe magazine
4e année, numéro 23
Janvier 2009
22 – Hauts et bas d’Interbox en 2008
22 – Hauts
24 – Bas
27 – Entrevue avec Éric Barrak
30 – La page du boxeur : Ariane Fortin
32 – Entrevue avec Kevin Bizier
33 – Classement livre pour livre du Québec
39 – Classement international
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Magazine La Zone de Boxe
ième
4
année – numéro 23
Le mot du médium format géant
Étant donné que notre numéro 23 sert d’une certaine façon à faire un retour sur l’année 2008,
j’avais pensé utiliser mon mot du médium format géant du mois de janvier, pour faire cette fois-ci
de faire un truc du genre « les vœux du nouvel an » pour les gens du milieu. Et d'être un peu
cynique et sarcastique. Avec du mordant. Je n'ai pas le goût que ca ressemble à la chronique
Toasts et café du journal de Montréal!
Alors voici sans ordre précis, nos vœux du nouvel an aux gens du milieu de la boxe, de la part de
l’équipe du magazine virtuel La Zone de Boxe!
Lucian Bute : Des juges réellement impartiaux pour son prochain combat s’il a vraiment lieu en Allemagne ou au
Danemark. Et plus d’entourloupette comme la clause Sauerland!
Joachim Alcine : Une boussole. Il semble un peu perdu.
Adonis Stevenson : Plus d'adversaire qui pense que de faire le mort peut être une tactique fructueuse en boxe.
Adrian Diaconu : Que l'amateur de sport québécois se rende compte qu'il est maintenant champion du monde.
Olivier Lontchi : Que la prochaine qu'il boxe en dehors de Montréal, que son entraîneur soit assez gentil pour y aller
avec lui, s’il n’est pas suspendu.
Arturo Gatti : Comme il disait qu'il reviendrait seulement s'il réussissait à perdre
30 livres, nous lui souhaitons de ne pas perdre de poids cette année.
Le site web de la SRC : Des webdiffusions fiables!
Herman Ngoudjo : Battre Urango et éviter de devenir la version de 140 livres de
Dale Brown.
Stéphane « Brutus » Tessier : Une victoire.
Ali Chebah : Qu’il s’installe à Montréal pour de
bon. Et apprendre à mieux éviter la droite!
Herman Ngoudjo: Battre Urango et
éviter de devenir la version de 140 livres
de Dale Brown.
(photo GYM)
Marlon B. Wright : Des meilleurs amis que
Howard Grant. Car avec des amis comme ca,
pas besoin d’ennemis.
Librado Andrade : L’arrivée des combats de
13 rounds.
Stéphan Larouche : À la lumière des combats Bute/Andrade, Gaudet/Garza et
Ouellet/Hilton I, nous souhaitons à Larouche l'arrivée des combats de 11 rounds.
Erik Barrak : Une carrière. Des combats peu importe contre qui.
Renan St-Juste : Que son promoteur lui trouve un combat important avant qu’il ait
à passer un examen de la vue pour garder son permis de conduire.
Librado Andrade: L’arrivée des combats
de 13 rounds.
(photo Stéphane Lalonde)
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Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Walid Smichet : Plus de mauvaise surprise quand son promoteur lui
dit qu'il va se battre contre un Mouton et une autre opportunité à la
Duddy.
Russ Anber : Que son émission « In This Corner » à TSN arrête de
changer de case-horaire sans cesse! Encore mieux : que RDS lui offre
une émission équivalente en français.
Jean Pascal : Une épaule bionique.
Stéphane « Brutus » Tessier (à droite): Une victoire.
(photo François Couture)
Allan Tremblay, Orion Sports : Que les dégâts causés par
l’humiliante défaite de son poulain Molitor ne l’empêche pas de
continuer la promotion.
David Itskowitch, de Golden Boy Promotions : Une bonne poussée dans le dos
pour qu’il tombe en bas de son piédestal d’arrogance lors de sa prochaine visite à
Montréal.
Paul Clavette : Une autre opportunité comme celle qu’il a eue contre Ronald Hearns.
Howard Grant : Des cours pour apprendre comment paraître plus sympathique. Que
les cours soient donnés en français.
Marc Ramsay : Que Jean Pascal suive son plan de match à la lettre avant qu’il fasse
une dépression!
Benoît Gaudet : Des occasions de combats significatifs qui ne dépendent pas du
calendrier d'un autre boxeur.
Bernard Barré : Un siège de député... non, oubliez ça, on ne veut plus d'élections.
Steve Molitor : Qu'un jour on se rappelle de lui pour le brio avec lequel il s'est
relevé de sa première défaite.
Antonin Décarie: Continuer sur sa
lancée de 2008.
(photo Joel Tripp)
Éric Lucas : Une fillette en parfaite santé et un dernier combat si c’est encore cela
qu’il désire.
Pierre Bouchard : Un peu plus d’éclairage, un peu moins d’ombre.
Ariane Fortin : La boxe féminine aux Jeux olympiques de Londres.
David Lemieux : Progresser suffisamment pour que son entraîneur accepte des
adversaires compétitifs.
Sébastien Gauthier : Arrêter sa chute dans notre classement livre pour livre
québécois.
Patrice L’Heureux : D’autres Ken Murphy, moins d’Alexander Povetkin.
JoJo Dan : Une carrière moins confidentielle, que ce soit ici ou outre-Atlantique.
Yvon Michel : L'énergie nécessaire pour gérer deux enfants en bas âge et une
entreprise qui présente 12 événements par année.
Marc Ramsay: Que Jean Pascal
suive son plan de match à la lettre
avant qu’il fasse une dépression!
(photo Joel Tripp)
Danielle Bouchard : Le 45 tours de Plastic Bertrand : Stop ou encore. « J’ai 41 ans,
qu’est-ce que je fais? Je m’arrête ou je continue? »
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ième
Magazine La Zone de Boxe
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année – numéro 23
Jean-François Bergeron : Ne pas terminer sa carrière comme ça.
Daniel Cloutier du Journal de Montréal : Une entrevue avec le
champion poids plume de l'IBF Vitaly Valuev au Caesar Palace
d'Atlantic City, en Angleterre.
Moncef Askri : Surmonter ses difficultés, avec la boxe ou sans elle.
Sébastien Demers : La capacité de
dire « non » de temps en temps.
Antonin Décarie : Continuer sur sa
lancée de 2008.
Dierry Jean : Continuer comme ça en
compétition, tout en dissipant les doutes
à l'égard de son effort à l'entraînement.
Ali Chebah: Qu’il s’installe à Montréal pour de
bon. Et apprendre à mieux éviter la droite!
(photo Vincent Ethier)
GYM : Un gala sans annulation ni adversaire déniché un peu trop à la dernière minute.
JoJo Dan: Une carrière moins
confidentielle, que ce soit ici ou
outre-Atlantique.
(photo Stéphane Lalonde)
Interbox : Réussir à maintenir la tenue de plus petits galas.
À Jean-Paul Chartrand, je lance plutôt un défi. Lors des diffusions à RDS, il réussit
toujours à partir des discussions sur tout et sur rien. Il place des mots tellement bizarres
dans ses descriptions (lors du combat DLH/Pacquaio, il a parlé de quasars et de trous noirs). Alors je le mets au défi en
2009. Voici trois mots ou expressions à placer : moissonneuse-batteuse, filtre à café et rond de poêle.
Comme dirait Stéphane Ouellet, et voilà! Bonne année 2009.
Pascal Roussel
Rédacteur en chef format géant
Jean-François Bergeron: Ne pas terminer sa carrière comme ça.
(photo Stéphane Lalonde)
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Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Marlon B. Wright est le plus respecté des officiels canadiens, ayant arbitré cinq
championnats du monde et plus de 190 combats professionnels en huit ans.
En mars dernier, La Zone de Boxe a communiqué avec lui pour obtenir une entrevue, question de mieux connaître
l’homme – qui a aussi été boxeur – et sa vision du métier d’arbitre. Cet entretien n’ayant pu avoir lieu au printemps, La
Zone est revenue à la charge en octobre, et la rencontre avec notre journaliste s’est finalement tenue le 7 novembre, soit
une semaine à peine après le désormais célèbre affrontement Lucian Bute-Librado Andrade, au cours duquel le troisième
homme dans le ring n’était nul autre que… Marlon B. Wright.
Marlon est le plus respecté des officiels canadiens.
(photo Stéphane Lalonde)
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Magazine La Zone de Boxe
ième
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année – numéro 23
Entrevue avec Marlon B. Wright
Par François Couture
Marlon Wright, merci de nous accorder cet entretien. Je voudrais tout d’abord que vous nous parliez un peu
de vous, de vos premières amours avec la boxe.
Marlon B. Wright : Je suis né en Jamaïque et je suis arrivé à Montréal avec ma mère à 11 ans, en 1976. J’ai commencé
à boxer deux ans plus tard. J’en voyais à la télévision car à l’époque, il y avait beaucoup de combats aux heures de
grande écoute. Il y avait Ali, Spinks, etc. J’aimais ce sport et j’ai voulu apprendre à boxer. Dans ce temps-là, tu pouvais
avoir deux héros : Bruce Lee ou Muhammad Ali. J’étais plus attiré par la boxe.
Vous avez eu une bonne carrière amateur, avec une fiche de 57-6.
Marlon B. Wright: Oui, effectivement. Savez-vous que j’ai battu Otis Grant deux fois? Par K.-O. la première fois et
décision la seconde. Je me suis battu contre Howard deux fois également : j’ai perdu le premier et j’ai gagné le deuxième
combat. Je suis donc 3 en 4 contre les frères Grant. Ils n’en parlent pas souvent, ils ne veulent pas que ça se sache!
(rires)
Est-ce que ce fut une décision facile pour vous de devenir
pro?
Marlon B. Wright: Quand tu es un jeune, tu n’as pas beaucoup
d’argent et ils nous demandaient de payer une partie des dépenses
pour aller dans les tournois, ce qui m’était impossible. J’ai donc
décidé de devenir pro. George Cherry est devenu mon gérant.
Vous ne vous êtes battu qu’une douzaine de fois pendant les
dix ans qu’a duré votre carrière. Pourquoi?
Marlon B. Wright: Mes promoteurs ne voulaient pas que je me
batte lors de galas organisés par un concurrent. Après un combat, je Marlon Wright soulevant le bras erde David Lemieux lors de sa
victoire contre Patrick Tessier le 1 novembre 2008 au Casino de
devais attendre très longtemps. Je ne pouvais pas faire grand-chose Montréal.
(photo Vincent Ethier)
contre ça. J’avais une jeune famille, et comme je devais travailler
pour payer les factures, je me suis déniché un job de gardien de sécurité, que j’ai encore d’ailleurs. J’ai aussi eu un
problème avec mon gérant, alors ça a retardé davantage mon développement. Lorsque je me suis battu avec Mario
Cusson, mon dernier combat remontait à plus de deux ans auparavant; après ma victoire sur Cusson, ça a pris deux
autres années avant que je ne remonte sur un ring! Je me suis battu
fois en presque cinq ans, ce qui est ridicule. J’ai refusé de me
« Quand je me battais, les une
battre pour le championnat canadien contre Donovan Boucher, parce
promoteurs ne croyaient qu’il n’y avait pas assez d’argent sur la table. Ils voulaient que je me
pas qu’un boxeur noir batte pour 3000 $!
puisse attirer les foules
au Québec.»
Votre ancien manager, George Cherry, a dit que vous aviez
tout ce qu’il fallait pour devenir un boxeur de classe
mondiale.
Marlon B. Wright: C’est sûr que j’avais beaucoup de potentiel, mais je n’ai pas eu le support nécessaire, le promoteur
qui m’aurait permis de gravir les échelons, d’aller plus loin. Je ne crois pas que ce soit encore le cas aujourd’hui, mais
quand je me battais, les promoteurs ne croyaient pas qu’un boxeur noir puisse attirer les foules au Québec. C’était moins
une question de langue qu’une question de couleur. Il y avait des boxeurs comme Eddie Melo ou Nick Furlano qui se sont
fait un nom malgré qu’ils aient été anglophones.
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4ième année – numéro 23
Magazine La Zone de Boxe
Et comme vous aviez une famille, vous ne vouliez pas vous exiler?
Marlon B. Wright: Voilà. J’aurais eu besoin d’un promoteur qui me permette de faire des combats à l’étranger, comme
c’est le cas actuellement avec des organisations comme GYM et Interbox. Ils ont certes des commanditaires, mais ils
prennent le risque d’organiser des combats qui ne leur rapportent pas beaucoup monétairement pour amener leurs
boxeurs plus haut, plus loin. C’est un pari : parfois tu perds, parfois tu gagnes. Mais pour ma part, mes gérants et
promoteurs ne pouvaient ou ne voulaient perdre de l’argent. Ça coûte cher, gérer la carrière d’un boxeur.
Vous étiez donc frustré par cette situation?
Marlon B. Wright: Oui, parce que je voyais des gars qui avaient moins de talent et de potentiel que moi qui se faisaient
payer des voyages à l’étranger ou qui avaient de bons combats, alors que dans un ring, je leur aurais botté le cul! Alors je
me suis fâché avec mon promoteur, j’ai laissé expirer le contrat, je me suis battu contre Alain Boismenu après ma défaite
contre Bonnamie, sans avoir de gérant. Après cette victoire, en 1992, Henry Spitzer m’a promis des combats mais il n’a
pas tenu parole. Il a plutôt choisi d’encourager Alex Hilton, qui passait du ring à la prison et vice versa, alors que moi, je
m’entraînais sérieusement au gym. C’est là que j’ai dit : « C’est assez, j’en ai marre ».
Après cette retraite, à partir de quel moment vous êtes-vous montré intéressé par l’arbitrage?
Marlon B. Wright: Au début, je voulais devenir entraîneur professionnel. J’ai coaché quelques boxeurs du côté amateur,
j’ai participé à quelques tournois mais les tractations politiques et les coups de poignard dans le dos m’ont dégoûté de ce
métier : je ne voulais pas faire partie de ce monde-là. Un jour, je parlais à Guy Jutras et c’est lui qui m’a dit : « Pourquoi
tu ne deviendrais pas un arbitre? » J’ai répondu que je n’y connaissais absolument rien. Il a rétorqué : « Marlon, tu as été
un très bon boxeur, tu connais bien les règles, alors tu as l’essentiel. Viens au gym dans deux jours et je vais te montrer
le reste ». Et c’est ce qu’il a fait : il m’a montré les rudiments de ce métier pendant quelques mois et puis il m’a dit : « Tu
es fait pour ça, tu bouges bien dans un ring, vas-y! »
Pour la petite histoire, un jour Guy appelle Mario Latraverse et lui dit :
« Tu sais quoi? Marlon Wright ferait un excellent arbitre. Pourquoi tu
ne viens pas le voir travailler au gym un de ces quatre? » Mario
Latraverse débarque au gym quelques jours plus tard, Guy fait
monter deux boxeurs dans le ring et on organise un combat pour
qu’il me voit arbitrer. À la fin, Mario dit : « C’est pas mal, mais je suis
d’avis que Marlon doit travailler encore quelques semaines, il ne me
semble pas tout à fait prêt. Je reviendrai ».
C’est ce que vous avez fait?
« Quand tu as été boxeur,
tu sais comment un boxeur
se sent dans le ring, tu sais
s’il est en difficulté ou non,
tu sais comment et quand
arrêter un combat »
Marlon B. Wright: Non! (rires) Guy était convaincu que j’étais prêt. Alors on a simplement attendu que passe un peu de
temps, on a réinvité Mario Latraverse et à la fin de ce deuxième exercice, il m’a dit : « Parfait, Marlon. On a un gala telle
date, je veux que tu viennes ringside, pour analyser le travail des arbitres. » À la fin du dernier combat, il est venu me
voir et m’a demandé : « Tu crois que tu es capable de faire comme eux? » Que pensez-vous que je lui ai répondu? Je me
suis procuré un uniforme d’arbitre et c’est comme ça que ça a commencé. J’ai arbitré un premier combat de 4 rounds.
Évidemment, c’était très différent de mon expérience de boxeur, j’étais très nerveux. Mais j’étais concentré. Je savais ce
que je devais faire, je savais quoi regarder dans le ring. Je crois avoir fait un bon job. Je me souviens juste qu’à un
moment donné, des spectateurs ont hué une de mes décisions et je me suis tourné vers eux en criant : « Quoi?! » (rires)
En sortant du ring, Guy m’a dit : « Marlon, je crois que tu ne devrais plus JAMAIS faire ça! » (rires)
Croyez-vous que votre expérience de boxeur vous avantage par rapport aux arbitres qui n’ont jamais mis
les gants?
Marlon B. Wright: Oh que oui! Aux États-Unis, il y a beaucoup d’arbitres pro qui n’ont jamais été boxeurs et qui sont là
parce qu’ils ont eu de bons contacts; mais ils ne seront jamais de bons arbitres, peu importe les efforts qu’ils y mettent.
Quand tu regardes un combat – et j’en regarde beaucoup –, tu peux tout de suite déceler si un arbitre a déjà boxé dans
le passé. Ces arbitres ne sauront jamais ce que c’est que de se faire frapper. , et je crois que beaucoup d’arbitres n’ont
pas ce talent pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont jamais reçu un bon coup de poing de leur vie. C’est pourquoi ils
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Magazine La Zone de Boxe
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ont tendance rendre des jugements trop rapides, et donc erronés la plupart du temps, ce qui peut bousiller des combats
et même des carrières.
Est-ce que c’est ce qui arrivé à Denis Langlois lors du premier combat Stéphane Ouellet-Davey Hilton?
Marlon B. Wright: Le problème de Denis Langlois, ce soir-là, c’est qu’il a oublié combien de temps il restait dans le
combat. En tant qu’arbitre, tu ne peux jamais le savoir exactement – à moins évidemment d’entendre le marteau sur le
bois dans les dernières secondes -, mais il faut tout de même que tu sentes le temps. Encore plus quand c’est le 12e
round! Prenez le combat Bute-Andrade : lorsque Bute est allé au plancher, il ne restait que quelques secondes au cadran.
Tu n’arrêtes pas le combat à ce moment! Si je l’avais fait, je serais mort aujourd’hui! (rires) Je n’aurais plus jamais arbitré,
j’aurais été un arbitre fini, car j’aurais fait une erreur.
Mais quand vous étiez dans ce ring, vous n’avez pas pensé à ça!
Marlon B. Wright: Non, absolument pas. À titre d’arbitre, tu es payé pour rendre des jugements, tu ne penses pas à ta
carrière. Dans ce cas précis, je savais qu’il ne restait pas de temps au combat, donc il aurait été tout simplement stupide
de déclarer Andrade vainqueur.
Surtout dans un combat largement dominé par Bute?
« Si c’était Bute qui avait
été au centre du ring
pendant qu’Andrade se
relevait, j’aurais rendu la
même décision. »
Marlon B. Wright: Oui. À mon avis, il avait gagné 10 des 11
rounds, ayant perdu le 5e. Donc, je savais ça, je savais combien de
temps il restait, je savais qu’on était au 12e round, alors je me suis
basé là-dessus pour rendre une décision éclairée.
Vous avez donc basé votre décision sur votre jugement de la
situation.
Marlon B. Wright: Oui, bien sûr, mais ce jugement provient d’une
grande étude des règlements et d’une expérience de la boxe, surtout à titre de boxeur. Quand tu as été boxeur, tu sais
ce que c’est que de recevoir des coups et tu sais quand un boxeur est en difficulté. Ce savoir de boxeur, jumelé à une
grande connaissance des règlements, donne confiance dans le ring et quand tu sens cette confiance en toi, tu deviens un
meilleur arbitre. Un super arbitre, même. Même si quelque chose de bizarre survient, quelque chose que tu n’as jamais vu,
tu vas savoir quoi faire. Tu dois le savoir parce que tu n’as qu’une fraction de seconde pour rendre une décision, dans un
ring. De plus – et c’est désolant! –, il y a des commissions qui ne connaissent pas suffisamment les règlements, surtout
dans les championnats du monde. L’arbitre DOIT donc les connaître à fond.
À propos de votre décision d’interrompre le compte à Bute pour renvoyer Andrade dans le coin de plus éloigné…
Marlon B. Wright: C’était une décision évidente. Si vous revoyez les images du combat, vous constaterez qu’Andrade
était rendu au milieu du ring, qu’il marchait, même. Les personnes qui m’ont critiqué n’ont certainement pas vu ces
images à la télévision!
Andrade savait qu’il ne restait presque plus de temps au cadran.
Marlon B. Wright: Et il voulait être le plus près possible de Bute. Si c’était Bute qui avait été au centre du ring pendant
qu’Andrade se relevait, j’aurais rendu la même décision. Je l’ai souvent fait par le passé, c’est exactement ce que j’ai à
faire quand une situation comme celle-là survient. Il n’y a donc pas de controverse dans ce combat. Les gens qui ne
connaissent pas la boxe ont parlé sans connaissance de cause et ont dit plein de faussetés.
Avez-vous des regrets par rapport au déroulement de ce combat?
Marlon B. Wright: Aucun pendant le combat. Mais je regrette d’avoir parlé à la télé, après. Il ne faut pas donner
d’entrevue après un combat. Je le savais, mais la télé américaine voulait m’interviewer et ma superviseure m’a dit : «Vasy, fais-le». J’ai dit des choses à chaud, sans avoir revu le combat.
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4ième année – numéro 23
Magazine La Zone de Boxe
Vous faites référence à cette portion d’entrevue où vous dites qu’Andrade aurait pu gagner le combat s’il
était resté dans son coin?
Oui. J’ai fait une erreur en affirmant cela. Je savais qu’il ne restait plus de temps au cadran et donc que c’était impossible
qu’Andrade gagne. J’ai aussi dit que Bute était K.-O. debout (out on his feet), ce qui était aussi faux.
30
Qu’est-ce que votre mentor, Guy Jutras,
a dit tout de suite après le combat?
Il ne s’était pas rendu compte à quel point
Andrade était rendu loin de son coin, pendant
le compte. Il a donc commencé par dire :
«C’est à la discrétion de l’arbitre, c’est une
affaire de jugement». Mais lorsqu’il a revu les
images du dernier round, il a changé d’avis :
ce n’était plus une affaire de discrétion
d’arbitre, c’était trop évident et il fallait sévir,
parce que ce qu’Andrade a fait, c’est contre le
règlement.
Marlon Wright surveillant Nicholson Poulard et Joe Park.
Au Casino de Montréal, la semaine
suivante, on a vu Howard Grant aller
s’excuser auprès de vous pour son
comportement sur le ring et ses
invectives à la radio, le lendemain.
(photo François Couture)
Marlon B. Wright: Oui, mais je crois que
Howard Grant s’est plus excusé pour aider sa cause, parce qu’il sait qu’il a fait une erreur, que parce qu’il se sentait mal
envers moi. Il a dit que nous étions amis depuis 29 ans. C’est vrai qu’on a commencé à boxer en même temps. Mais je ne
peux pas me mettre à biaiser mes décisions, à tricher, parce que nous nous connaissons depuis 30 ans. Il faut être juste.
Concernant ce qu’il a dit à la radio, je ne l’ai jamais entendu et je ne veux pas l’entendre. Mais des connaissances
communes m’ont dit qu’elles n’en croyaient pas leurs oreilles. Une chose est sûre, il n’a pas servi la boxe en agissant de la
sorte.
Vous avez maintenant officié dans cinq combats de championnat du monde.
Marlon B. Wright: Oui, et il y en aura beaucoup d’autres, je n’ai aucun
doute là-dessus, même si certaines mauvaises langues après le combat
Bute-Andrade ont dit que je n’aurais plus jamais la chance d’arbitrer un
combat de championnat du monde. Ils parlaient fort dans les premières
heures et les premiers jours après le combat, mais on ne les entend
plus aujourd’hui.
Est-ce que vous espérez vivre de ce métier un jour?
« Il est impossible de
vivre de ce métier en
Amérique du Nord. C’est
pourquoi … j’aurai 20
ans de service comme
agent de sécurité à
l’Université McGill. »
Marlon B. Wright: Non. À moins d’habiter à Las Vegas, où les arbitres
font entre 10 000 $ à 20 000 $ lors des gros combats, il est impossible
de vivre de ce métier en Amérique du Nord. C’est pourquoi j’ai un autre
gagne-pain : en février, j’aurai 20 ans de service comme agent de sécurité à l’Université McGill.
Les boxeurs ont des ambitions, ils veulent gagner un championnat du monde ou être des héros dans leur
pays; est-ce qu’il en va de même pour les arbitres?
Marlon B. Wright: Quand j’étais boxeur, je voulais être comme Muhammad Ali, faire beaucoup d’argent, aller en Afrique
et aider les gens. Ce n’est pas ce qui est arrivé, ça n’a pas marché. Alors je me suis fixé de nouveaux objectifs. Parce que
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Magazine La Zone de Boxe
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année – numéro 23
c’est ça, vivre, sinon on meurt. Je voulais continuer ma carrière dans le monde de la boxe; quand Guy Jutras m’a suggéré
de devenir arbitre, j’ai compris que, même si je n’étais pas un boxeur, je serais quand même dans un ring.
Mon nouveau rêve, mon objectif, c’est d’être un jour intronisé au Panthéon de la boxe, à titre d’arbitre. Je veux devenir
l’un des meilleurs arbitres de l’histoire et garder mon intégrité toute ma vie. Il y a Joe Cortez, qui est certes reconnu
comme l’un des meilleurs arbitres vivants, mais qui a été accusé récemment de favoriser des boxeurs, de rendre des
décisions controversées contre des pugilistes anglais. Je ne voudrais pas vivre ça un jour. Il est allé en Grande-Bretagne
et on l’a empêché d’arbitrer un combat là-bas, ça explique peut-être des trucs, il est peut-être frustré, mais on ne sait
jamais, il a peut-être seulement eu deux mauvaises journées au bureau, c’est tout.
En tant qu’arbitre, vous devez étudier les styles des boxeurs que vous allez avoir sur le ring. On ne juge pas un combat
de la même façon deux fois, on s’adapte aux styles des boxeurs en présence. Hatton, par exemple, fonce sur ses
adversaires, il ne les lâche jamais, et l’arbitre doit tenir compte de ça lorsqu’il est sur le même ring que lui. Hopkins, vous
avez vu comment il se bat? Il donne une bonne combinaison puis il empêche son adversaire de le frapper en s’accrochant.
On ne peut pas le pénaliser pour ça! On sanctionne un boxeur qui retient lorsqu’on a un combat ennuyant, sans actions
soutenues. Un combat plate, quoi, dont les spectateurs ne veulent pas. Je n’étais pas un grand fan de Hopkins mais
lorsque je l’ai vu se battre contre Pavlik – bonnes combinaisons, gel de l’action, combinaisons, gel, etc. –, je l’ai trouvé
très bon, très efficace. On a dit que Bute avait retenu Andrade pendant le combat. Bien sûr qu’il s’est accroché à lui! Il
faisait rentrer ses coups de poing, il engrangeait les points auprès des juges, et puis après il s’accrochait. Que voulezvous faire contre un dur cogneur comme Andrade, de toute façon? C’est une
« J’aimerais arbitrer tactique, pas une faute. Comme boxeur, j’ai souvent fait la même chose. On
m’a reproché d’avoir été gentil avec Bute sur ce point, mais à ce compte-là, on
un combat de Floyd doit aussi me reprocher d’avoir été tolérant avec Andrade, qui utilisait
énormément sa tête pendant le combat. J’aurais pu facilement lui enlever un
Mayweather Jr. »
point.
En terminant, M. Wright, est-ce qu’il y a un combat que vous aimeriez vraiment arbitrer, ou que vous auriez
aimé arbitrer?
Marlon B. Wright: J’aimerais arbitrer un combat de Floyd Mayweather Jr. Ça m’arrivera peut-être un jour! (rires)
On vous le souhaite! Merci pour ce passionnant entretien.
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Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
En Angleterre avec Jean Pascal
Par Samuel D. Drolet
Je suis la boxe depuis environ une dizaine d’années et j’ai
commencé à m’y intéresser avec la boxe olympique. À cette
époque, un boxeur lavallois d’origine haïtienne dominait la scène
canadienne. Ce boxeur était doté d’une agilité hors pair, d’une
force d’explosion comme on en voit rarement et d’une vitesse
digne de Speedy Gonzalez. Dès la première fois que je l’ai vu, j’ai
tout de suite su qu’il avait un avenir fort prometteur devant lui.
Cet avenir était prometteur à condition bien sûr de faire les
sacrifices nécessaires. Ces sacrifices sont nombreux avant de se
rendre en combat de championnat du monde. On ne peut s’y
rendre sans talent et on ne peut s’y rendre sans effort. Jean
Pascal a été en mesure de combiner talent et dur labeur dans le
but d’atteindre un rêve d’enfance : obtenir un combat de
championnat du monde.
Jean est parvenu à cumuler un dossier de 103 victoires
en 121 combats. Il a décroché pas moins de 7 championnats
nationaux en plus de remporter plusieurs compétitions au niveau
international. Il a participé aux Jeux olympiques d’Athènes où il
perdit par une décision plus serrée que le pointage le démontre
(24-36 en faveur du Cubain Yordanis Despaigne).
Un choix à faire
Au cours de son parcours professionnel, Jean est
parvenu à grimper dans les classements de différentes
associations, ce qui a fait en sorte que dans la dernière année, il
s’est vu offrir deux combats de championnat du monde. Le
premier pour la couronne de la WBO dans un affrontement
l’opposant à Karoly Balzsay (actuel champion du monde) et le
second pour le titre de la WBC contre Carl Froch.
Poster promotionnel du promoteur Hennessy.
(source Hennessy)
Pascal et son équipe ont finalement choisi la seconde option, ce qui les a menés à Nottingham, en Angleterre.
Ville typiquement européenne située à environ 3 heures de l’aéroport de Londres, Nottingham est bondée d’étudiants
universitaires. Il est facile de faire le tour de la ville à pied moyennant quelques heures de marche. On y retrouve
plusieurs pubs et petits bars, et le soir, il n’est pas rare d’y voir de drôles de choses : batailles, travestis et actes sexuels
sur la voie publique. Ces facteurs font en sorte que la police est omniprésente dans la ville. Ceci étant dit, les habitants de
cette région sont très sympathiques, lorsqu’il ne s’agit pas de moments sportifs.
Après avoir vécu son camp d’entraînement le plus difficile en carrière, et ce, exilé en Arizona, Jean a fait une
brève apparition à Montréal avant de prendre son envolée pour le Royaume-Uni. Depuis un an, Pascal a grandi, évolué.
Le personnage haut en couleur que certains prenaient un malin plaisir à critiquer est devenu plus sobre, plus effacé. Il a
préféré concentrer ses énergies sur un entraînement adéquat dans le but de guérir une épaule meurtrie et d’être en
parfaite condition pour livrer le combat le plus important de sa jeune carrière. En étant en Arizona, Pascal a évité un
maximum de distractions et s’est entouré d’une équipe de professionnels ne négligeant aucun détail lors de sa
préparation.
Pascal et son équipe sont donc arrivés en Angleterre une semaine avant la date du combat. Ces sept jours
représentaient le temps nécessaire d’adaptation tant pour le décalage horaire que pour l’adaptation au pays en tant que
tel.
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année – numéro 23
Les supporters
De mon côté, j’ai fait le voyage avec quelques amis et nous sommes arrivés le jour de la pesée. Nous avons eu
toutes les misères du monde à prendre l’avion. Deux d’entre nous étaient pris dans la circulation, de sorte qu’un des deux
a même raté son vol. Nous les avons attendus tant que nous pouvions avant de passer les douanes, mais vu leur arrivée
tardive, nous avons dû être escortés par la sécurité de l’aéroport afin d’attraper notre vol. Notre partenaire qui a manqué
l’avion a dû attendre à l’aéroport toute la nuit pour prendre un vol faisant escale à Toronto avant de le mener à Londres.
De là, il a pris le train pour arriver quelques heures avant le combat. Ce gars là était non seulement un fan, mais aussi un
bon ami de Jean Pascal et c’est pourquoi il n’a pas hésité un instant à faire toutes ces démarches.
À notre arrivée en Angleterre, nous avons loué une
voiture. Nous étions tous fatigués, mais il nous restait trois
heures de route à faire avant d’arriver à destination. Trois
heures où personne n’aura fermé l’œil un seul instant en raison
de la conduite à gauche et des routes parfois étroites.
Un groupe de supporters ayant fait le voyage
(photo Samuel D. Drolet)
Après m’être installé à l’hôtel, je suis parti à la
découverte de la ville en faisant un petit jogging. Le boxeur
Antonin Décarie, venu pour encourager son bon ami, m’a
accompagné, car il était en préparation pour son combat du 30
janvier prochain et qu’un jogging ne nuit jamais. Nous sommes
passés par l’hôtel où le clan Pascal était installé. Tout le monde
semblait confiant et heureux. Jean n’était malheureusement pas
là; en fait, nous ne l’avons vu que quelques heures plus tard, à
la pesée.
La pesée
La pesée a eu lieu dans un centre d’achats nommé Victoria
Center situé en plein centre-ville de Nottingham. Les informations que
nous avions reçues concernant l’emplacement de cet évènement
n’étaient pas des plus claires, ce qui nous a amenés à douter de
l’endroit précis où le tout allait avoir lieu. Cependant, à l’instant où
nous avons mis le pied dans le centre commercial, il n’y avait plus
aucun doute sur l’emplacement de la pesée. Une masse de gens était
attroupée sur deux étages afin de voir les pugilistes monter sur la
balance. Nous avons eu toute la misère du monde à nous avancer afin
d’être aux premières loges au moment fatidique. La sécurité avait
peine à restreindre la foule hors du périmètre réservé aux officiels et
aux boxeurs.
Le premier des deux boxeurs à se présenter : Carl Froch.
Arrivé en catimini, ou plutôt en caméléon, Froch était vêtu tout de noir.
Pantalons de jogging, chandail molletonné, manteau de sport et
capuchon recouvrant sa tête afin de garder un soupçon d’anonymat
jusqu’au moment de se rendre dans cette zone « sécurisée ». Lorsque
le Cobra se découvre la tête et qu’il est présenté à la foule
(impressionnante pour une pesée), cette dernière est plutôt discrète
pour l’acclamer. Quelques applaudissements, quelques mots
d’encouragement, sans plus. Quelques instants après l’arrivée de Froch,
Pascal et son équipe se présentent sur place. Les partisans du
Jean Pascal à la pesée : il semble prêt!
Québécois sont peu nombreux, mais presque aussi bruyants que les
(photo Samuel D. Drolet)
centaines de spectateurs britanniques venus pour accueillir leur
champion. Le hic, c’est que les Anglais n’apprécient pas vraiment le fait que Pascal soit reçu de la sorte, alors ils ont vite
fait de huer le pugiliste étranger. Certains partisans de Pascal ont même reçu des menaces de la part des hooligans.
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Pascal et Froch n’ont eu aucune difficulté à respecter le poids limite de 168 livres, faisant osciller respectivement
la balance à 167,7 lb et 166,6 lb. Une fois le poids respecté et quelques mots échangés, les boxeurs pouvaient disposer.
Froch est parti assez rapidement alors que Pascal a pris le temps de saluer les amateurs et de signer quelques
autographes tout en buvant son Pédialyte afin de se réhydrater.
L’attente du combat
Une demi-heure après la pesée,
Jean Pascal et son équipe ont été
escortés par quelques policiers jusqu’à
l’hôtel Crown Plaza. Relax et détendu,
Jean a pris le temps de parler et rigoler
avec amis ayant fait le voyage pour le
supporter avant d’aller manger.
C’est au souper d’après pesée
que Jean et son équipe entrent vraiment
dans une bulle. À partir de ce moment,
les amis, les journalistes et même la
famille sont laissés de côté afin d’avoir
une concentration maximale. Le soir,
Jean se couche relativement tôt (ne
voulant pas se coucher trop tôt, car son
combat se déroulera vers les 11 heures)
et il connaît sa meilleure nuit de sommeil
depuis son arrivée en Angleterre. En se
couchant, il visualise son combat de boxe
Un face à face intense à la pesée!
et s’imagine champion du monde, comme
(photo Samuel D. Drolet)
il en a fait sa routine depuis quelques
mois. Bien que plusieurs n’accordent aucune chance au Québécois de l’emporter face à Froch, Pascal et son équipe
croient tout autrement.
La chambre de la « mangouste* » est bien décorée. Plusieurs affiches ornent les murs. Des photos de Jean
remportant des médailles lors de ses beaux jours en boxe olympique, un article de Rocky Marciano sur comment devenir
champion du monde, un montage du Journal de Montréal avec en première page : Jean Pascal : champion du monde!,
ainsi qu’une affiche avec quelques points clés pour l’emporter lors de son combat. Ces points ont été élaborés en
collaboration avec le psychologue sportif Rob Schinke dans le but que Pascal soit dans un environnement stimulant et
positif. Un esprit sain dans un corps sain; ce que l’esprit croit et conçoit, le corps peut l’accomplir. On pouvait lire des
phrases telles:
•
•
•
•
•
•
Je suis le premier dans l’action.
Je commence avec de la vitesse et je poursuis avec puissance.
Je rends Froch très inconfortable: je lui enlève son jab.
Je suis très confortable avec le fait d’être inconfortable.
Je garde le focus jusqu’à ce que la cloche mettant fin au douzième round se fasse entendre.
Le 6 décembre 2008, je deviens le champion du monde de la WBC au Trent Arena à Nottingham.
(*Mangouste : surnom de Jean Pascal pour ce combat, reste à voir s’il le gardera tout au long de sa carrière. Lors d’une
séance de photo avant la pesée, alors que Carl « Cobra » Froch et Jean Pascal posaient face à face, Pascal aurait montré
son t-shirt sur lequel on pouvait voir une mangouste s’attaquant à un cobra. Il est à noter que la mangouste est un des
seuls prédateurs du cobra.)
Le lendemain, jour du combat, Jean reste cloîtré dans sa chambre presque toute la journée afin de rester
concentré. Il est calme et semble confiant. Nous sommes à même de constater un homme plus mature, plus réfléchi. Un
homme qui sait ce qu’il veut et qui trimera fort pour y parvenir. Il est pleinement conscient de son talent et sait tous les
efforts qui ont été déployés à l’entraînement. Comme il aime le dire, ses devoirs et ses leçons sont faits, ne reste plus
qu’à passer l’examen.
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Le combat tant attendu
Pour le combat, les deux pugilistes choisissent des
gants différents. Froch choisit des gants Everlast, gants de
cogneurs. En choisissant ce type de gants, le Cobra espère
pouvoir passer le K.O. au boxeur québécois. De son côté,
Pascal y va plutôt avec des gants Grant, bon compromis
entre un gant de cogneur et un gant de protection pour
les mains. Un peu plus larges que les Everlast, ces gants
permettent de mieux bloquer les attaques adverses. Les
gants de Jean sont noirs et jaunes, se mariant à merveille
avec son nouvel habit aux couleurs de l’abeille : float like a
butterfly, sting like a bee!
Pour faire son entrée sur le ring, Jean a choisi la
chanson It’s Time to Play the Game, chanson que le
lutteur Triple H utilise pour faire son entrée dans l’arène.
La chanson a été choisie pour ses paroles motivantes et
sans doute un peu pour amadouer les amateurs anglais,
car c’est un groupe anglais qui la chante. Lors de sa
marche vers l’arène, Jean semble un peu nerveux, plus
qu’à l’habitude. Il ouvre la marche suivi de ses hommes de
coin et de quelques-uns de ses amis tenant ses ceintures
et ayant fait le voyage pour encourager leur champion.
Une fois entre les câbles, Pascal semble concentré et fin
prêt à livrer toute une guerre.
Lorsque la cloche sonne, Jean semble surpris de
voir Froch foncer sur lui comme un forcené. L’Anglais tente
dès le début d’assommer le québécois en lançant plusieurs
coups en puissance et en coinçant Pascal dans le coin.
Antonin Décarie devant le Trent FM Arena à Nottingham
Jean s’en sort bien et revient fort en fin de round. Lors des
(photo Samuel D. Drolet)
six premiers rounds, le combat est serré et tous les espoirs
sont permis. Le hic, c’est que lors de la deuxième moitié de combat, Froch décide d’utiliser son jab à profusion et garder
Pascal à distance. Jean a eu de la difficulté à s’adapter à cette stratégie et c’est ce qui lui a coûté le combat, malgré le fait
qu’il n’a jamais abandonné et qu’il a tenté de gagner jusqu’à la toute fin. Lorsque la cloche du dernier engagement s’est
fait entendre, je savais que Jean ne pouvait sortir vainqueur d’une telle bataille. Ce fut un combat dans l’ensemble serré,
mais en terrain adverse et sous les cris de plusieurs milliers de spectateurs, il aurait fallu un miracle pour que Pascal soit
déclaré gagnant. Froch méritait la victoire, mais le pointage de 118-110 du juge Kaczmarek était, à mes yeux, exagéré!
Ce combat fait partie des combats qui resteront longtemps gravés dans ma mémoire. Un combat pour homme,
un vrai. Les deux pugilistes se sont échangés coups pour coups pendant 12 rounds, soit 36 minutes ou encore 2 160
secondes. Du suspense du début à la fin, car chaque coup lancé pouvait mettre fin au combat instantanément. Assis sur
le bout de ma chaise, je n’osais pas trop me lever pour afficher mes couleurs. La foule hostile nous suggérait de rester
assis calmement. Lors des brefs moments où nous osions nous lever pour encourager notre favori, la sécurité nous
rappelait vite de rester tranquilles. Avec le recul, je crois que la sécurité tentait vraiment de nous protéger. Il n’était pas
rare d’entendre les spectateurs locaux nous souhaiter du mal ou encore dire qu’ils allaient nous casser le cou et/ou tous
les os du corps. En fait, pour nous, partisans de Jean Pascal, la défaite de notre boxeur a peut-être été la meilleure chose
qui pouvait nous arriver. Si Jean avait gagné, je ne sais pas sous quelle forme nous serions rentrés au pays!
L’après-combat
À la suite de l’annonce de la victoire de Carl Froch, Jean a immédiatement été accueilli par son entraîneur, son
promoteur et son meilleur ami, Antonin Décarie. Sachant tout ce que signifiait ce combat pour Jean, Marc Ramsay et
Antonin Décarie avaient les larmes aux yeux. C’était émouvant de voir ses hommes qui semblent, à première vue, et dû
au métier qu’ils pratiquent, avoir un cœur de pierre, se réunir et s’unir dans un tel moment. Tous ceux du Québec qui
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s’étaient déplacés croyaient fermement que Jean pouvait remporter ce combat. Les mines étaient donc basses. Il est vrai
de dire que Jean a livré un bon combat, qu’il a démontré du cœur et une bonne mâchoire. Certains sceptiques croyaient
que la « mangouste » avait une mâchoire suspecte et qu’il n’avait pas le cœur pour devenir champion du monde. Si Jean
n’a pas gagné ce combat sur la carte des juges, il a certainement gagné en popularité aux yeux des amateurs de boxe.
En quittant le ring, Jean a été félicité par la foule. Après avoir accordé une entrevue à Radio-Canada, il s’est
dirigé vers son vestiaire en s’arrêtant pour signer des autographes aux admirateurs britanniques. Lors de cette marche
vers les catacombes du Trent Arena, Pascal était suivi de ses proches. Bien qu’un nombre limité de personnes soit rentré
dans le vestiaire avec Jean, ses supporters ont attendu un peu plus d’une heure avant de voir leur champion sortir de la
chambre, le visage tuméfié comme jamais ils ne l’avaient vu dans le passé.
Pendant cette heure où les supporters attendaient, on aurait pu entendre une mouche voler dans le vestiaire.
Russ Anber, ayant déjà vécu la défaite en championnat du monde, a tenté de réconforter Pascal, mais cette défaite était
crève-cœur pour le champion nord-américain. Après s’être fait masser afin de libérer un maximum d’acide lactique des
muscles, après avoir pris sa douche, après avoir fait son test d’urine et après avoir mis de la glace sur ses blessures de
guerrier, Jean est finalement sorti du vestiaire. Peu bavard, la mine basse, on aurait dit que son monde en entier venait
de s’effondrer sous ses pieds. Un rêve qu’il chérissait depuis des années venait de lui filer entre les gants, pour ne pas
dire entre les mains. Toutes ces heures passées à suer dans le gymnase, tout le temps passé loin de sa famille et de ses
amis pour être dédié à son sport, toutes les luxures auxquelles il a dû renoncer pour se présenter en pleine forme lors de
ce combat de championnat du monde, ces sacrifices en valaient-ils la peine vu l’issue du combat?
À la suite de ce combat, une des premières choses à laquelle Jean a pensé est : mais qu’est-ce que les Québécois
vont penser? L’espace d’un instant, Jean ne voulait pas revenir au Québec. Il ne voulait pas avoir à subir la foudre des
dénigreurs qui ont été plutôt nombreux lors de la dernière année. Mais de ce côté, Pascal aura été chanceux puisque non
seulement aura-t-il gagné en popularité, mais c’est aussi le support de la part des fans qui lui aura permis de mieux se
ressaisir.
De notre côté, personne ne savait trop comment agir. Devions-nous l’attendre jusqu’à sa sortie, devions-nous le
laisser tranquille, lui laisser le temps de digérer ce qui venait de se passer? La majorité des gens ayant fait le voyage ont
décidé d’attendre, mais à l’extérieur du vestiaire de Pascal, comme à l’intérieur, c’était le calme. Tout le monde est
devenu muet l’espace de quelques heures, comme en état de choc. Jean Pascal venait de subir sa première défaite chez
les pros.
Un peu plus d’un mois avant son combat (le 30 octobre), Jean s’est blessé au biceps. C’est en lançant un crochet
de la gauche, lors d’une session de sparring, qu’il s’est fait mal. Son biceps a violemment heurté une corde servant à unir
les câbles du ring. Son bras s’est mis à enfler instantanément et en peu de temps, il avait doublé de circonférence. Après
avoir passé une batterie de tests, rien de majeur n’a été décelé. Rien de majeur, mais une telle blessure nécessitait tout
de même un certain temps de repos. De plus, selon moi, il est impossible qu’une blessure au bras, à si peu de temps d’un
tel combat, n’affecte pas le mental d’un athlète. Surtout que c’est une blessure au bras qui l’a tenu à l’écart pendant près
d’un an. Pourtant, Jean n’a rien dit. Il a préféré garder ça pour lui et redoubler d’ardeur à l’entraînement afin d’être fin
prêt pour son affrontement contre Froch. Il n’en a parlé ni avant, ni après son combat. Jamais il ne s’est servi de cette
blessure pour expliquer sa défaite. Pascal est sorti la tête haute de cet affrontement, malgré la défaite et l’adversité. Il a
gagné en popularité et a démontré qu’il pouvait se frotter aux meilleurs de la division. Bref, malgré le résultat, on peut
dire que ce fut une victoire morale.
Et maintenant
À la suite de ce combat, Jean prendra des vacances. Vacances bien méritées où il fera le vide mental, où il en
profitera pour passer le temps des fêtes avec sa famille et ses amis, où il retrouvera la rage de vaincre avant de retourner
à l’entraînement en vue d’un combat significatif contre un boxeur classé dans différentes associations, et ce, dès avril
Si Jean prendra des vacances, de mon côté, je vais retourner au boulot, question de finir de payer mon voyage. Pour moi,
ainsi que pour tous ceux qui ont fait le voyage, ce fut extraordinaire. Un voyage magnifique, une belle ville, une ambiance
propre au moment, des gens sympathiques et un combat de boxe fantastique. C’est certain que le résultat a laissé,
l’espace d’un instant, un goût amer, mais avec le recul, ce dont je me souviendrai, c’est de la guerre qu’a livrée Jean et
de la façon dont il a su garder la tête haute.
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LA BOXE ET MOI
est une chronique où nous demandons à une personnalité connue de nous expliquer
comment est née son histoire d’amour avec la boxe. Pour ce numéro-ci, nous avons la fantastique histoire d’Allan
Tremblay, promoteur de boxe ontarien sous la bannière Orion Sports.
Par Allan Tremblay
Traduction Pascal Lapointe
J’étais tout jeune quand je suis tombé amoureux de la boxe. À l’âge de six ans, j’écoutais
déjà les combats à la radio. Dans le cadre de la série Gillette Cavalcade Of Sports des années 40, les
légendaires Don Dunphy and Wynn Elliott décrivaient le vendredi soir des duels mettant en vedette
les plus grands noms du monde de la boxe. Sugar Ray Robinson, Jake LaMotta, Joe Louis, Rocky
Marciano, Jersey Joe Walcott, Ezzard Charles, Willie Pep, Sandy Saddler et Archie Moore ne sont que
quelques-uns des grands boxeurs dont j’ai suivi les combats à la radio, puis que j’ai finalement pu
voir dans les années 50 grâce à un téléviseur noir et blanc. C’était l’âge d’or de la boxe. Il y avait
seulement huit catégories de poids et un seul champion par division. À l’époque, être « champion »
était un exploit VRAIMENT significatif, puisque le boxeur avait réellement mérité son titre. En outre,
les amateurs étaient gâtés étant donné que les champions et les aspirants se mesuraient
régulièrement les uns aux autres. Chaque mois, j’avais toujours très hâte que paraisse le nouveau
numéro du magazine The Ring pour que je puisse étudier les classements et lire avec attention tous
les articles sur les combats les plus récents. Avec les années, j’ai commencé à me renseigner sur les
Allan Tremblay
duels du passé, au point de devenir en quelque sorte un historien de la boxe. Je me rappelle très (photo Stéphane Lalonde)
bien avoir discuté avec des amateurs plus âgés de combats comme Max Baer-James J. Braddock. Je
pouvais même en faire une description de round en round grâce à toute l’information que j’avais recueillie.
J’ai continué à suivre la boxe pendant les années 60. Après avoir terminé mes études universitaires, j’ai intégré
l’industrie du transport aérien. J’ai fait partie de l’équipe de haute direction de Lignes aériennes Canadien International,
où j’ai connu une merveilleuse carrière jusqu’à ma retraite en 2000. Comme je travaillais pour un transporteur aérien, il
était aussi facile pour moi de prendre l’avion que d’acheter un billet d’autocar pour quelqu’un d’autre. J’ai pu ainsi nourrir
ma passion pour la boxe en assistant à certains des plus gros événements dans quelques-unes des plus belles salles que
ce sport avait à offrir. Dans les années 70, 80 et 90, j’ai vu tous les meilleurs. Au fil des années, j’ai rencontré beaucoup
de combattants, ai souvent appuyé le sport en offrant des commandites et ai invité plusieurs clients à assister à certains
événements liés à la boxe. De cette manière, j’ai pu observer les coulisses du sport, comme un initié, ce qui m’a été très
utile et continue de l’être.
Quand j’ai pris ma retraite en 2000, j’avais encore un trop-plein d’énergie. J’ai donc créé Orion Sports
Management en établissant un plan d’affaires qui me permettrait de vivre ma passion pour la boxe tout en exploitant une
entreprise. Notre premier événement, qui a eu lieu au centre Air Canada de Toronto, était intitulé « The Night Of The
Hurricane ». Il s’agissait d’un hommage à Rubin Carter qui avait été injustement emprisonné. Le film racontant son
histoire était sur le point de sortir en salle. Cette soirée m’a servi de tremplin pour conclure des ententes avec des
boxeurs comme Steve Molitor et « Baby » Joe Mesi et me lancer dans la promotion. Malheureusement, j’ai éprouvé des
problèmes de santé en 2003 et ai arrêté mes activités pendant près de trois ans pour lutter contre le cancer, combat que
je semble avoir gagné. Même si je n’organisais pas d’événements, j’ai conservé des droits sur différents boxeurs et leur
trouvait des combats lors de programmes présentés par d’autres promoteurs. L’un de ces pugilistes, Steve Molitor, a fini
par remporter un championnat du monde environ au même moment que je battais la maladie. J’ai repris mes activités de
promoteur en présentant régulièrement des combats au Casino Rama, en Ontario, dans le but d’implanter la boxe dans
cette province afin qu’un jour elle y soit aussi florissante qu’au Québec. Tout comme le casino, TSN s’est révélé un
excellent partenaire: tous les événements ont été diffuses à l’échelle nationale aux heures de grande écoute, ainsi que
dans plusieurs autres pays. Il est certes malheureux que Molitor ait perdu son titre en novembre, mais il est jeune et
talentueux. Il n’a pas dit son dernier mot. J’ai appris il y a longtemps déjà que tout le monde connaît la défaite un jour.
C’est la façon dont on réagit à la défaite qui détermine les succès futurs et j’ai confiance en Molitor sur ce plan.
Entre-temps, nous ferons valoir le talent de nos jeunes espoirs à l’occasion d’événements qui auront lieu au
Mexique et au Casino Rama, dont le retour de Molitor à l’été 2009. Je me sens privilégié de faire ce que je fais puisque
mon rêve est devenu réalité.
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Les hauts et les bas de GYM en 2008
Par Pascal Roussel
En général, on peut dire que l’année 2008 devait être une année charnière pour le Groupe Yvon Michel. Mais ce
fut en fait une année plutôt difficile. Ils ont commencé l’année avec un champion du monde (Alcine) et espéraient
terminer l’année avec trois (Alcine, Pascal, Ngoudjo). Malheureusement, GYM termine l’année avec aucun champion. Loin
du scénario rêvé! Mais en même temps, tout n’est pas si noir. Hermann Ngoudjo pourrait permettre à GYM de partir
l’année 2009 du bon pied en devenant enfin champion du monde le 30 janvier au Centre Bell contre Juan Urango. Et un
Jean Pascal plus concentré n’est pas devenu champion du monde, mais il a tout de même laissé une excellente
impression à la planète boxe en livrant une performance inspirée contre Carl Froch pour clore l’année 2008.
Les Hauts
Les galas extérieurs
Encore une fois cette année, le gala durant la fin de semaine du Grand prix de Formule Un fût un succès. Le 6
juin, Herman Ngoudjo l’a emporté sur le français Souleymane M’Baye. Un deuxième gala extérieur en moins de deux mois
eut aussi lieu cette année. Le 11 juillet, alors que Don King nous rendit visite, Joachim Alcine perdit son titre de champion
du monde face à Daniel Santos.
Le stade Uniprix s’avère un endroit extraordinaire pour tenir des galas de boxe et on espère que malgré la
disparition du Grand Prix de Formule Un, Gym saura tout de même nous offrir un ou deux galas extérieurs.
La progression d’Antonin Décarie
« Cette année, Antonin a
Un dossier qui fut très bien mené chez GYM fut la
progression et l’utilisation d’Antonin Décarie. Cette année, Antonin
affronté trois bons boxeurs
a affronté trois bons boxeurs lors de trois finales au Casino de
lors de trois finales au
Montréal. Ses victoires convaincantes sur le vieux routier Israel
Cardona et sur les solides Brian Camechis et Hector Munoz ont
Casino de Montréal.»
permis à Antonin de se classer avantageusement dans les
classements mondiaux, particulièrement à la WBO grâce à la conquête de la ceinture associée de la NABO chez les 147
livres. À l’émission « In This Corner » à TSN, Russ Anber a même déclaré Décarie boxeur de l’année au Canada.
Le prochain combat de Décarie sera le 30 janvier lors du gala Ngoudjo/Urango, en
présenté sur ESPN contre l’américain Dorin Spivey (35-5-0).
demi-finale de ce gala
Les récentes signatures de GYM
Chez GYM, trois jeunes boxeurs se sont joint à l’alignement. Kevin Bizier représente sûrement une excellente
prise pour le groupe Yvon Michel en raison de son bagage amateur et international. Bizier, qui a aussi été approché par
Interbox, permettra peut-être éventuellement une percée dans la région de
Québec, région où la boxe professionnelle a déjà tenté de s’implanter avec
Interbox par le passé sans jamais obtenir les succès espérés.
Tony Luis est un autre jeune boxeur qui s’est joint à GYM au cours
de l’année. Encore très jeune, GYM s’armera de patience avec lui. Il a su
tout de même jusqu'à présent démontrer de belles qualités.
Ali Chebah est la signature la plus inattendue chez GYM. Le boxeur
français de 23 ans a déjà 29 combats à sa fiche malgré son jeune âge. Ce
grand voyageur fit ses débuts professionnels au Luxembourg à l’âge de 16
Kevin Bizier, une belle acquisition pour le groupe
ans. Il boxa au Cameroun, en Algérie, en France, au Mexique, en Belgique,
Yvon Michel
en Pologne, en Espagne, au Portugal, pour terminer au Canada! Sa
(photo Vincent Ethier)
signature avec GYM permettra au promoteur montréalais de tisser des liens avec les diffuseurs européens, ce qui
amènera à coup sûr de nouveaux revenus. Avec le décalage horaire, les combats de Chebah en après-midi au Casino de
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Montréal permettent au diffuseur français Eurosport de les présenter en direct en soirée là-bas. Chebah, qui a une sœur
habitant Montréal, s’est présenté à son dernier combat au Casino avec un chandail du Canadien de Montréal!
Troy Ross au Contender
(ATTENTION, si vous suivez la série et
que vous avez réussi à ne rien savoir de
la performance de Ross malgré les fuites
sur le Net, ne lisez pas ce paragraphe,
sautez au prochain!)
GYM a réussi à placer dans l’alignement des
boxeurs pour la quatrième saison de la téléréalité
sportive américaine The Contender un de ses poulains,
le lourd-léger Troy Ross. Il est encore trop tôt pour dire
quel sera l’impact réel de la présence de Ross sur cette
émission, mais cela peut difficilement être un mauvais
coup. Ross a besoin de visibilité et cette émission lui en
donnera. La série fut enregistrée à Singapour et les
résultats furent gardés le plus secret possible. Mais
évidemment, avec Internet et plusieurs gens proches Tony Luis, un jeunot chez Gym!
(photo Herby Whyne)
des boxeurs impliqués, il était plutôt impossible de
garder le nom des finalistes secret jusqu’à la finale qui sera diffusée en direct le 23 février au casino Foxwoods au
Connecticut. Par contre, si vous êtes de ceux qui ne surfent pas sur Internet et que vous
voulez savoir si Ross sera de la finale, voici la réponse : Troy Ross boxera en finale
contre le boxeur originaire du Bénin, Ehinomen « Hino » Ehikhamenor. Troy nous paraît
favori pour l’emporter.
La venue de l’entraîneur cubain Pedro Diaz chez GYM
Il était difficile de voir venir cette embauche, mais l’entraîneur cubain, Pedro Diaz,
s’occupera dorénavant de la préparation des boxeurs dans le gymnase du groupe Yvon
Michel. Il travaillera à temps partiel avec tous les boxeurs du groupe. Très réputé sur la
scène amateur mondiale, Pedro Diaz, que Bernard Barré décrit comme un petit Mozart de
la boxe, va apporter une expertise scientifique nouvelle à tous les intervenants de la
boxe chez GYM, autant pour les boxeurs que les entraîneurs actuels. C’est avec un
Hermann Ngoudjo en combat de championnat du monde le 30 janvier prochain qu’on
pourra voir si l’arrivée de Diaz crée un impact immédiat.
Jean Pascal en championnat du monde!
Les tribulations qui ont amené Jean Pascal en championnat du monde (les 8 à 9
premiers mois de l’année 2008, voir autre texte plus loin) furent plutôt bizarres et pleines
de rebondissements pas toujours joyeux. Mais les derniers mois de l’année furent eux
plutôt positifs. Jean Pascal a suivi un programme d’entraînement loin des distractions, dans un camp spécialisé en Arizona.
Aucune déclaration à l’emporte-pièce, aucune raison de ne pas être concentré sur la tâche à accomplir. Jean se préparait
à devenir champion du monde. Il s’est présenté sur le ring à Nottingham en Angleterre face au favori local, Carl Froch,
dans le but de faire mentir les parieurs et tous ses détracteurs. Pascal a livré, malgré la défaite aux points, une bataille du
tonnerre. Ce combat ne lui aura pas permis de devenir champion du monde immédiatement, mais a laissé à tous une
bonne impression. Mais ce qui ressort surtout de ce
«C’est avec un Hermann Ngoudjo
combat et de la préparation de Jean Pascal, c’est que
Jean semble avoir adopté une nouvelle attitude. Son en combat de championnat du
entourage semble lui avoir fait comprendre qu’il était
mieux de garder profil bas afin de ne pas nourrir ses monde le 30 janvier prochain
détracteurs. Cette nouvelle approche semble avoir qu’on pourra voir si l’arrivée de
déjà porté fruit. On ne peut voir, grâce à cet épisode,
Diaz crée un impact immédiat. »
que du positif dans l’avenir de Jean.
Troy Ross a besoin d’exposure et The
Contender lui en donnera.
(photo Luc Lapierre)
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Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Les Bas
Le NgoudjoGate
Le 29 septembre dernier, un journaliste très crédible de RDS sortait une bombe. Howard Grant n’était plus
l’entraîneur d’Hermann Ngoudjo. La même nouvelle nous apprenait aussi qu’Olivier Lontchi quittait aussi Howard Grant.
GYM a été très prompt à réagir à cette nouvelle en démentant l’histoire. Gym clarifia que Lontchi avait en effet quitté
Howard Grant parce ce premier n’aurait pas respecté l’entente qui le liait à son entraîneur concernant sa rémunération. Et
Ngoudjo avait seulement demandé que Pedro Diaz se joigne à l’équipe d’entraînement pour la préparation à son combat
de championnat du monde. Lontchi finit par régler son problème avec Howard Grant. L’histoire s’est finalement un peu
éteinte par elle-même, car le seul média avec assez de poids et un journaliste à temps plein sur la boxe (Journal de
Montréal) ne poussa pas l’enquête très loin. À La Zone, nous savons que dans cette histoire, il n’y a pas eu de fumée sans
feu. Il n’y a eu qu’une certaine ambiguïté dans la présentation des faits.
La saga Alcine
Joachim Alcine aurait pu en 2008 s’élever au rang de superstar et faire
oublier sa défense optionnelle contre Alfonso Mosquera qui n’avait impressionné
personne à la fin de 2007. Mais l’année 2008 n’a pas été très bonne pour Ti-Joa.
Déjà, pendant que Joachim se préparait pour son combat contre Daniel Santos,
des rumeurs persistantes laissaient entendre qu’il prenait quelques raccourcis. Il
n’avait pas voulu partir en camp d’entraînement à l’extérieur, au désarroi de son
promoteur. Et d’autres boxeurs dans les gymnases racontaient que Joachim ne
se tuait pas à l’entraînement. Puis, le vendredi 11 juillet, Alcine a subi un
retentissant K.-O. au sixième round. Après plusieurs mois de silence, son nom a
refait surface dans les médias à la fin novembre. Nous avons appris qu’il aurait
adopté certaines croyances généralement associées à l’Église adventiste qui
compliquent la vie à son promoteur (respectant le sabbat, Alcine ne voudrait
plus boxer du coucher du soleil le vendredi au coucher du soleil le samedi,
même si les galas de GYM ont presque toujours lieu le vendredi soir ou le
samedi après-midi). Joachim a même prétendu que son Seigneur l’aurait puni
Joachim Alcine saura t-il revenir où il était
pour avoir boxé contre Santos un vendredi soir. On a également annoncé que
avant sa chute?
Joachim a subi une opération aux yeux pour une cataracte. Et pour clore l’année,
(photo GYM)
Alcine est « disparu » en décembre (supposément en voyage avec sa famille)
sans avertir son promoteur et son entraîneur. Howard Grant était furieux, voyant cela comme un manque de respect de la
part de son boxeur qui avait pourtant juré qu’il serait de retour au gymnase en décembre. Début janvier, il semble que
Joachim se présenta enfin au gymnase. GYM adressa une demande à la WBA dans le but que Joachim Alcine soit impliqué
bientôt dans un match éliminatoire décisif au titre mondial des poids super-mi-moyens (154 livres) et l'exécutif de la
World Boxing Association, au Panama, étudierait cette demande. La question que nous nous posons : jusqu’à quel point
GYM sera-t-il patient avec son boxeur et ses bizarreries? Le 14 janvier, Alcine donna une conférence de presse pour
clarifier sa situation auprès des médias.
La suspension d’Howard Grant
Cet incident est arrivé sur un gala qui n’était pas sous la promotion du Groupe Yvon Michel, impliquant un boxeur
(Andrade) qui n’est pas sous contrat avec GYM. Mais cela affecte tout de même le groupe de promotion car Howard Grant
est l’entraîneur de plusieurs boxeurs directement liés à eux. Et c’est « Hermann Ngoudjo n’aura
Hermann Ngoudjo qui risque d’être le premier placé dans l’embarras
pas
son
car il n’aura probablement pas son entraîneur avec lui dans son coin probablement
lors de son combat de championnat du monde au Centre Bell contre
Juan Urango. Au moment d’écrire ses lignes, Grant a été suspendu par entraîneur avec lui dans
la Régie jusqu’au 31 mars. GYM et Howard Grant ont décidé de faire son
coin lors de son
appel de cette décision auprès de la Régie des alcools, des courses et
des jeux, espérant que cette demande d'appel permettra à Grant d'être combat de championnat du
dans le coin de son protégé Hermann Ngoudjo le 30 janvier prochain. monde.»
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Magazine La Zone de Boxe
ième
4
année – numéro 23
La défaite de Demers contre Dionisio Miranda
Quelle histoire! Sébastien Demers était à la recherche d’un gros nom comme adversaire pour le gala à la Gare
Windsor qui était diffusé sur ESPN le 1er août. Jusqu'à environ deux semaines du gala, Demers devait affronter Fulgencio
Zuniga (qui lui avait été pressenti au départ pour Pascal et ensuite offert à Adonis Stevenson). Mais à quelques jours
d’avis, Zuniga annonça une curieuse blessure et GYM dû trouver un adversaire de remplacement pour finalement aboutir
avec un cogneur colombien du nom de Dionisio Miranda. Finalement, Demers perdit par décision partagée, quoique
Teddy Atlas de ESPN lui ait donné la victoire serrée. Malheureusement, en plus de retarder les plans, cette défaite prive
Demers d’une belle opportunité : Miranda s’est vu offrir un combat éliminatoire de l’IBF contre Giovanni Lorenzo le 27
mars prochain. On peut déduire que cette offre était ce que le clan Demers visait avant sa défaite contre Miranda.
Le début d’année 2008 de Jean Pascal
À la suite de son combat contre Brian Norman au Centre Bell à la fin 2007, plusieurs fans ont commencé à
critiquer à tort ou à raison Jean Pascal. Il faut dire que sa pauvre performance contre Norman n’a pas aidé sa cause.
C’était le 7e combat en 14 mois pour Pascal; il avait définitivement besoin de repos et avait à ce moment là une blessure
à l’épaule droite qui commençait à faire parler d’elle. La grande majorité des fans étaient d’accord pour dire que Pascal
n’aurait pas dû être de cette carte, mais c’est lui qui avait insisté. Pourtant, moins d’un mois plus tard, Pascal se battait à
nouveau en Floride contre Omar Pittman. Ce combat faisait partie d’une campagne médiatique déjà enclenchée qui
n’avait pour but que de mousser un éventuel combat contre le réputé Edison Miranda. Malheureusement, le résultat du
combat contre Pittman laissa le même genre de goût amer aux amateurs de boxe. Encore une fois, la fatigue et la
blessure furent des causes mentionnées pour expliquer la contre-performance du boxeur de Laval. De plus, lors de cette
campagne médiatique, Jean Pascal y alla de déclarations à l’emporte-pièce et de comportements déplacés qui donnèrent
encore plus de raisons à ses détracteurs pour ne pas l’aimer. Pascal fut si peu convaincant que l’idée de ce combat tomba
à l’eau, l’idée ne plaisant pas aux réseaux de télé américains. Dans les mois qui suivirent, Jean Pascal fut supposé
affronter Fulgencio Zuniga au Stade Uniprix, autre combat qui ne se réalisa pas. Vint ensuite une controverse médiatique
où les médias croyaient que ce combat était annulé en raison de la persistante blessure de Jean Pascal, ce que GYM se
dépêcha de démentir dans une conférence de presse impromptue avec médecin à l’appui. C’est par la suite que le tout se
calma enfin pour Pascal. Une entente de combat contre Carl Froch arriva et Pascal s’isola loin des médias en Arizona pour
un camp d’entraînement.
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4ième année – numéro 23
Les hauts et les bas d’Interbox en 2008
Par Samuel D. Drolet
Les Hauts :
Gala du 24 octobre 2008 : Andrade-Bute
Bien que ce fût un combat extrêmement
exigeant pour Lucian Bute, ce combat a permis de
faire parler de la boxe au Québec! En quelques heures,
des images de cet affrontement circulaient partout à
travers le monde. Cette soirée était incroyable, belle
carte de boxe dans son ensemble avec des combats
enlevants. Huit combats s’enchaînant les uns après les
autres, sans pause, sans attentes inutiles. Le Centre
Bell était plein à craquer, accueillant une foule
bruyante de plus de 16 300 spectateurs. Cette carte,
diffusée par Shobox, nous aura permis de voir à
l’œuvre le prometteur Ronald Hearns (fils du célèbre
Thomas Hearns), d’avoir la visite de l’ex-olympien Phil
Boudreault et de souligner les débuts professionnels
du poids lourd originaire de Québec, Éric MartelBahoeli, contre le toujours durable Stéphane Tessier.
Ce fut, sur la scène locale, un des galas le plus
enlevants depuis l’affrontement Leonard-Duran.
De nouveaux venus
Bute/Andrade, le combat de l’année au Canada en 2008
(photo Stéphane Lalonde)
Interbox est parvenu à ajouter deux joueurs à son équipe en 2008.
Cet ajout était nécessaire dans le but de fournir de bons combats de soutien
pour les galas du Centre Bell. Un de ceux à s’être joint à IBOX est la jeune et
prometteuse recrue Pier-Olivier Côté. Champion canadien de boxe olympique
en 2006, celui que l’on surnomme « Apou » a bien amorcé sa carrière
professionnelle. Il a livré quatre combats qu’il a tous remportés et a su livrer
une solide performance à chacune de ses présences. À son dernier combat,
P.-O. Côté a affronté Ramon Elizer Esperanza qui avait cumulé jusque-là un
dossier de 11 victoires, aucune défaite et un verdict nul. Côté semble être un
boxeur enlevant qui saura plaire aux partisans.
Dans un tout
autre ordre d’idées,
IBOX a signé le boxeur
devenu
autonome
« Apou » démontrant ses habiletés au Centre
Renan St-Juste. Le
Bell
solide
cogneur
de
(photo Stéphane Lalonde)
Repentigny est passé du groupe GYM aux mains d’Interbox dans le
but de se voir offrir un plus grand nombre de combats, d’obtenir la
chance de mettre la main sur un titre nord-américain et de
progresser dans les classements mondiaux. C’est d’ailleurs ce qu’il
a fait en s’emparant de la ceinture continentale des Amériques de
la WBC en se débarrassant du brésilien Mohammad Saïd en moins
de 5 rounds de travail, et ce, dès son premier combat avec sa
nouvelle écurie. Depuis sa venue, Renan a remporté chacun de ses
quatre combats disputés faisant même les frais de la finale d’un
gala se déroulant à Repentigny.
Renan St-Juste, lors de sa victoire par K.O sur
Mohammad Saïd au Centre Bell le 29 février 2008.
(photo Stéphane Lalonde)
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Magazine La Zone de Boxe
ième
4
année – numéro 23
Affiliation d’IBOX avec Gankor
IBOX et l’homme d’affaires montréalais d’origine roumaine Christian Ganescu se sont affiliés dans le but de faire
boxer plus régulièrement les Roumains Adrian Diaconu et Jo Jo Dan. Gankor Promotions, que gère Ganescu, est parvenu
à faire boxer Dan à trois reprises et Diaconu à une reprise, mais dans un combat de championnat du monde. De par cette
affiliation, certains boxeurs ne sont pas obligés d’attendre de boxer en sous-carte de Bute pour continuer à grimper dans
les classements. C’est d’ailleurs une des raisons de la progression fulgurante de Dan dans les classements mondiaux de
différentes associations alphabétiques cette année.
Une bonne année pour Gaudet et Dan
Même s’il ne s’est pas battu au Centre Bell l’an passé, Benoît Gaudet a
continué son ascension vers les sommets. Il a pris part aux deux galas en région et a
été ajouté aux cartes du Casino Rama en Ontario, ce qui fait en sorte qu’il est resté
actif et a même défendu son titre à deux reprises. De plus, Gaudet a été fort
impressionnant lors de son affrontement face à Alejandro Barrera en offrant une
prestation presque sans failles. Bref, Gaudet continue sa progression de façon
brillante et il ne cesse de grimper dans les classements, ce qui fait en sorte qu’il
pourrait se voir offrir une chance au titre dès cette année.
De son côté, Jo Jo Dan a su démontrer qu’il faisait partie de l’élite mondiale
en restant invaincu pour une quatrième année consécutive. Il a aussi progressé dans
les classements en défendant sa ceinture de la NABA à deux reprises et en
s’emparant du titre continental des Amériques de la WBC qui était vacant. Dan a su
en impressionner plusieurs en envoyant Raul Horacio Balbi au pays des rêves d’un
solide coup de poing à la mâchoire.
Bonne année pour Benoît Gaudet,
maintenant classé 5e à la WBA chez les
130 livres.
(photo Stéphane Lalonde)
Danielle Bouchard en championnat du monde
En 2007, Danielle Bouchard avait livré et remporté quatre combats en plus de
s’emparer de la couronne internationale de la WBC. Ces victoires ont porté fruit, car en 2008 Bouchard s’est vu offrir une
opportunité de combattre pour un titre mondial en Argentine contre Marcela Eliana Acuna, chance sur laquelle elle a
sauté sans aucune hésitation. Danielle à livré un bon combat, mais elle a du s’avouer vaincue, faisant face à une rivale
plus grande et plus rapide qu’elle. Danielle Bouchard, cette pionnière de la boxe au Québec, est et restera un bel exemple
pour tous et surtout toutes.
L’association Molitor-Larouche
Bien que Steve Molitor ne soit pas un
membre en tant que tel du groupe Interbox,
son association avec Stephan Larouche en
2008 (après s’être séparé de son entraîneur
Chris Johnson) fut une bonne nouvelle pour
tous les boxeurs au gymnase du centre
Claude-Robillard. Molitor a pu bénéficier de
sparring extraordinaire avec les Gaudet,
Gauthier et Jo Jo Dan. Ces mêmes boxeurs
ont par le fait même profité de la présence
d’un champion du monde dans leur gymnase.
Cette association Molitor/Larouche a aussi
permis à IBOX de solidifier ses liens avec le
promoteur ontarien Orion Sports, qui a donné
deux fois en 2008 à Benoît Gaudet l’occasion
de se battre au Casino Rama.
L’association Molitor/Larouche fut profitable pour le groupe Interbox
(photo Dave Spencer)
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Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Les Bas:
Une fin de combat en queue de poisson
Le combat Bute/Andrade fut sans aucun doute le combat de l’année au Canada. 12 rounds de boxe intense où
l’on pouvait voir s’affronter un styliste et un gladiateur. Un très beau combat, sur une très belle carte, mais, il y a un mais.
Premièrement, il y a une histoire de gants. Paraîtrait-il que les gants choisis par Andrade et son équipe ne sont jamais
parvenus à destination et que ce dernier a dû enfiler une tout autre paire de gants pour affronter Bute. De son côté,
Interbox prétend plutôt que c’est le clan Andrade qui est arrivé avec une nouvelle paire de gants, autre que celle sur
lesquels ils s’étaient entendus. Deux versions complètement différentes.
Lors du dernier engagement du combat, alors qu’il avait dominé
pratiquement tous les rounds, Lucian a visité le tapis avec quelques secondes à
faire à l’affrontement. Il est parvenu à se relever de peine et de misère et à
remporter le combat, mais ce ne fût pas sans puiser dans ses dernières réserves
d’énergie qu’il ne possédait plus depuis le début de ce dernier round. Ce combat
aura donc laissé un goût amer dans la bouche de plusieurs personnes et certains
iront même jusqu’à dire que Bute est chanceux d’être encore le champion du
monde au lendemain de ce combat.
De petits galas non rentables
Cette année comme lors des années passées, IBOX a organisé deux
petites cartes de boxe dans le but de faire progresser ses poulains qui ne sont pas
encore assez connus ou assez populaires pour faire les frais d’une finale au Centre
Bell. C’est donc à Brossard et à Repentigny qu’on eut lieu ces galas lors de l’année
2008, mais malheureusement, ces événements n’ont pas été des succès financiers
pour les promoteurs. Vu le budget limité, il n’est pas facile de « booker » des
adversaires significatifs dans le but de faire progresser les pugilistes (St-Juste,
Gauthier et Gaudet) dans les classements et de leur permettre de rester actifs et
de prendre de l’expérience. Il faudrait simplement souhaiter que les salles se
remplissent un peu plus lors de ces prochains galas. Interbox remet en question la
tenue future de ces petits galas, seuls ceux à Drummondville semblent pour le
moment être des succès au tourniquet.
Adrian Diaconu a une grosse année 2009
devant lui s’il peut rester loin des
blessures
(photo Stéphane Lalonde)
Le cas Diaconu
Cette année, tout comme l’an passé, Diaconu n’aura livré qu’un seul combat. Combat important, car cela lui a
permis de devenir champion du monde intérimaire de la WBC à la suite de sa victoire aux mains de Chris Henry (avant
que la WBC le consacre champion du monde, à la suite du refus de Chad Dawson d’affronter le « Shark »). Victoire
quelque peu controversée vu la baisse de régime qu’il a connu en deuxième moitié de combat, au fait que le combat avait
lieu en terre natale et en raison des pointages serrés des juges. À la suite de sa victoire sur Hoye, les attentes étaient
élevées envers Adrian et cette performance sans lustre a fait douter certains sceptiques sur les qualités de champion du
« Shark ». De plus, Diaconu semble avoir eu son lot d’ennuis avec les blessures la saison passée, ce qui a fait en sorte
que certains combats soient repoussés à une date ultérieure. Pour 2009, souhaitons au « Shark » une année où il saura
éviter les blessures.
Remise en question pour Bergeron
L’année 2008 aura été une année de remise en question pour Jean-François Bergeron. Lui qui avait décidé de
laisser la boxe temporairement pour se concentrer sur sa carrière de sapeur pompier a finalement décidé de revenir sur
sa décision et de remonter dans le ring. Lors de ce retour dans l’arène, Bergeron s’est fait surprendre par l’américain
Dominick Guinn au deuxième round d’un combat prévu pour 10 assauts. Bergeron a démontré du cœur en se relevant et
en voulant combattre, mais son corps ne répondait plus aux commandes. Cette défaite a couté cher à Jean-François,
puisqu’il a disparu d’à peu près tous les classements. Après ce combat, Bergeron s’est encore une fois posé des questions,
à savoir s’il avait assez donné ou s’il lui restait encore quelques combats dans le ventre. Semblerait-il qu’il a décidé de
remonter entre les cordes pour tenter de conquérir le titre canadien des poids lourds, titre qu’il n’a jamais possédé
jusqu’à ce jour.
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4
année – numéro 23
Qu’advient-il de Victor Lupo?
Que se passe-t-il avec ce Roumain? Il s’était joint à l’équipe d’IBOX à la fin de 2007 où il avait perdu une décision
partagée aux mains de Paul Clavette, mais à la suite de cette défaite, il ne s’est vu offrir qu’un seul combat, et ce, contre
Léonardo Rojas, un poids léger (pour ne pas dire super-plume) qui a décidé de faire le saut à 147 livres pour gagner sa
vie noblement. Ce qui devait arriver est arrivé, Lupo a détruit à petit feu Rojas pour conserver sa couronne de champion
canadien des mi-moyens. Puis, rien, plus de nouvelles de Lupo. Certaines rumeurs voudraient qu’il soit retourné
s’entraîner sous la férule de Teodorescu à cause de problèmes contractuels, mais ça reste vague. Ceci étant dit, Lupo
devrait se battre à la fin janvier en Alberta. Est-il toujours associé à Interbox?
Dan ne se bat qu’une fois au Québec en 2008
Jo Jo Dan est de plus en plus apprécié de la part des amateurs québécois. Certains vont même jusqu’à le
comparer à Lucian Bute de par son style et son acharnement à l’entraînement. Il boxe bien et obtient de bons résultats.
Le hic, c’est qu’on le voit de moins en moins souvent. Ses trois derniers combats ont eu lieu en Roumanie et le seul
combat qu’il nous a été permis de voir était contre le faire-valoir mexicain Jose Leonardo Corona. C’est dommage quand
on sait qu’il s’est par la suite battu contre Balbi, Semo et Castillas tout en conquérant le titre continental des Amériques
de la WBC.
Lupo, toujours dans le giron Interbox?
(photo Pascal Roussel)
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année – numéro 23
Éric Barrak : La vie à la dure
Par Vincent Morin
Éric Barrak, la vie à la dure.
Éric Barrak est un dur à cuire. Toujours inconnu pour le simple amateur de boxe, le colosse s’est entretenu avec
La Zone de Boxe afin de faire connaître son parcours, ainsi que ses ambitions sur la scène pugilistique. Tout comme
Sébastien Demers, Barrak a commencé la boxe tard, vers l’âge de 18 ans.
« J’ai commencé la boxe à 18 ans. J’étais un fan de Mike Tyson et du fameux jeu Nintendo Punch-Out. Dès 14 ans, je
regardais des combats. Je n’étais pas au courant qu’au Québec, il y avait des clubs de boxe. Je croyais à l’époque qu’il y
en avait seulement aux États-Unis. J’ai commencé au club de boxe olympique de Longueuil. Je suis tombé en amour avec
la boxe. »
Son parcours amateur, quoique court (29 combats seulement), est plutôt impressionnant. Il a notamment
remporté les Gants d’argent, les Gants dorés deux fois et a remporté la médaille d’argent aux Jeux de la francophonie
2001, à Hull-Ottawa. Pour l’occasion, il a défait le champion canadien en titre, Ryan Henney, aujourd’hui boxeur
professionnel. Son plus gros fait d’armes demeure toutefois un K.-O. violent, au 4e round, lors d’un duel Québec/ÉtatsUnis.
« J’ai affronté Anthony Reed, le champion poids lourd de la Nouvelle-Angleterre, à Portland, au Maine. Je lui ai passé un
vrai K.-O., Kenneth Piché était impressionné. »
Troubles
Toutefois, la route s’est parsemée d’obstacles pour Éric Barrak. L’amour étant ce qu’il est, Barrak a été mis K.-O.
par la tentation d’une jolie créature.
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« Je suis tombé éperdument amoureux. Comme la boxe olympique ne rapportait pas d’argent, j’ai dû laisser ça de côté
et travailler. Ma copine est ensuite tombée enceinte, donc j’ai dû oublier la compétition. »
Ensuite sont survenus la séparation et quelques problèmes avec sa désormais ancienne copine. « J’ai eu de la
misère à voir mon enfant, j’ai ainsi par après eu des difficultés avec la justice ».
« Toutefois, ce que les gens ignorent, c’est que malgré mes problèmes judiciaires, je me suis entraîné comme un chien
avec M. Hilton de 2001 à 2005. Donc quand je suis passé pro, je n’étais pas rouillé. »
Wayne John
Le sparring principal de Barrak au club de boxe Hilton n’était pas le dernier venu : Wayne John, un autre médaillé
d’argent aux Jeux de la francophonie (2001 pour Barrak, 2005 pour John).
« Wayne John m’a donné le meilleur sparring que j’ai eu de ma vie. En fait, les séances de combat simulé avec John
étaient plus dures que tous mes combats en carrière. On s’est entraîné fort, on s’est préparé à boxer avec douleur et
fatigue. »
Pour Wayne John, un pugiliste amateur doué qui n’aura fait qu’un seul combat pro, les gants seraient accrochés.
« Wayne est devenu entraîneur. Combattre l’a démotivé (blessure grave à l’épaule, difficulté à trouver des combats) et il
a la passion d’être entraîneur…mais moi j’ai encore faim. »
Interbox
Éric Barrak a connu une brève incursion dans le monde des écuries majeures de boxe professionnelle au Québec,
avec le groupe Interbox. Toutefois, le boxeur de 31 ans considère qu’il n’y était pas au bon moment, aux prises avec une
vieille blessure.
« J’avais une blessure au coude avant d’aller là. Ce n’était pas le bon moment pour m’entraîner avec Interbox…car je
voulais vraiment bien paraître. Par la suite, j’ai fait 6 mois de physiothérapie et je suis allé m’entraîner au club de boxe
champion, avec Renald Boisvert. »
Par la suite, Barrak a combattu pour la première fois en deux ans, face au Manitobain Ritchie Goosehead, qui
n’aura fait que passer sur le ring.
« J’ai combattu Ritchie Goosehead le 30 mai 2008. Pour ce combat, les promotions SCL ont eu toute la misère du monde
à me trouver un adversaire… ils ont trouvé Goosehead et ont dû le payer en double. »
Faute d’activité officielle (3 combats seulement depuis son entrée pro en 2005), Barrak a connu de l’action au
gymnase. Il a même eu un appel qu’il a bien apprécié.
« On m’a appelé pour mettre les gants avec Jean-François Bergeron durant 2 semaines et demie. Cela s’est bien passé.
De toute façon, vous savez, je ne suis jamais tombé que ce soit en sparring ou en combat. »
Situation actuelle
De tempérament belliqueux, le pugiliste originaire de Longueuil n’a jamais caché ses intentions : il veut se battre
et gagner la ceinture du Québec, et ce, à court terme.
« Je veux Patrice L’Heureux pour le titre. Un combat de 6 rounds en février sur une carte de GYM, ça ferait mon affaire!
C’est sûr que ça ferait un bon combat. C’est un colosse et j’ai seulement trois combats, mais j’ai faim. Sinon, qu’on lui
enlève la ceinture, qu’on laisse la chance aux autres. C’est au CQB de mettre leurs culottes. »
Dans le cas d’un refus de la part de L’Heureux, Barrak pourrait avoir à affronter Stéphane Tessier de nouveau.
« Dans le pire des cas, j’affronterai Stéphane Tessier pour le titre du Québec. Martel l’a dominé facilement, je n’ai pas
intérêt à me rebattre contre lui, sauf pour une ceinture. »
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année – numéro 23
À moyen et long terme, après le titre du Québec des poids lourds, Barrak aimerait se mesurer à l’Ontarien Frank
White pour le titre canadien des lourds-légers. Si son plan fonctionne, il compterait combattre pour le titre canadien des
lourds ou continuer sa route vers les ligues majeures.
Moffa, son nouvel entraîneur
L’ancienne gloire de la boxe
olympique québécoise Michele Moffa,
du prestigieux club de boxe
Underdog, situé au cœur du Red
Light de Montréal, est le nouvel
entraîneur d’Éric Barrak.
« Mike Moffa, du club Underdog, est
effectivement mon nouvel entraîneur.
Je le connaissais bien et il a les
contacts nécessaires pour faire
avancer ma carrière… car il en faut
des contacts pour avancer en
boxe… »
Une vie de dur
La boxe n’est évidemment
pas la source de revenus principale
du guerrier oublié qu’est Barrak.
Selon ses dires, il aurait fait environ
6000 $ pour ses trois combats. C’est Barrak (à droite) lors de son combat contre Stéphane Tessier le 17 février 2006.
donc dire que malgré l’aide de son
commanditaire, Christian Tondreau,
propriétaire du marché Tondreau à Verdun, Barrak doit également travailler pour gagner sa croûte. Avec un fils de cinq
ans dont il a la garde, Barrak doit s’accommoder d’un horaire particulier et éprouvant.
« J’ai quand même l’aide de ma copine actuelle pour élever Jacob! » avoua-t-il humblement.
Voici donc ce qu’est une journée ordinaire dans la vie d’Éric Barrak, question de se sentir dans la peau d’un boxeur, d’un
père monoparental, d’un travailleur et d’un conjoint tout à la fois.
Une journée ordinaire dans la vie de Barrak :
7 h : réveil
8 h à 10 h : musculation
Repos
15 h à 18 h : boxe
Repos
21 h à 3 h: travail (portier)
-Il ajoute course à pied tard (ou tôt, c’est selon) à quelques occasions
30
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4ième année – numéro 23
La page du boxeur est une tribune libre où un boxeur peut nous parler de ce qui lui plaît. Voici la page
du boxeur d’Ariane Fortin, championne du monde amateur en 2006 en Inde et en 2008 en Chine.
Par Ariane Fortin
« Comme c’est la deuxième page du boxeur que j’écris, j’ai choisi de vous amener un peu dans ma tête pendant ma
préparation pour le championnat du monde en novembre dernier en Chine, plutôt que de vous parler simplement de mes
combats. »
On peut en faire du progrès
en deux ans. Et ça vaut pour moi
comme pour les autres. Quand on
retourne sur un ring de championnat
du monde après tout ce temps, il ne
faut pas avoir en tête qu’on s’en va
seulement conserver quelque chose
qu’on a déjà. Le titre, il faut le
regagner.
Le
psychologue
sportif
Robert Schinke m’avait prévenue
après le championnat en 2006 :
après une grosse victoire comme
celle-là, le danger c’est de perdre de
la motivation à l’entraînement. On ne
doit pas avoir l’impression de
simplement maintenir son niveau; il
faut sentir qu’on continue à
progresser. C’est ce que je me suis
efforcée de garder en tête depuis...
D’abord, j’avais un objectif clair :
aucun boxeur canadien n’avait gagné
deux titres mondiaux en boxe
amateur. De plus, quand j’ai gagné Ariane Fortin en finale du championnat du monde en Chine contre la Chinoise Ting Ting Yang
(photo AIBA)
en 2006, je m’entraînais avec Mike
Moffa depuis seulement quelques mois et je savais qu’il avait encore beaucoup à m’apprendre. Pendant les deux
dernières années, je constatais mon amélioration au fil des compétitions et ça m’encourageait encore plus.
Le fait que je m’entraîne le plus souvent avec des gars autant pour la préparation physique que la boxe a aussi
beaucoup aidé, je crois. Être toujours la dernière dans les sprints, même quand on se donne à fond, c’est un peu dur par
moments. Pour l’impression d’être « assis sur le toit du monde », on repassera… Même chose dans le ring, quand je vois
que certains gars plus petits que moi doivent se retenir pour ne pas me faire mal. Mais malgré que ce ne soit pas toujours
évident pour le moral, je vois bien que ça vaut la peine quand j’arrive en compétition et que je performe. C’est ce qui
m’aide à rester motivée…
Politiquement correct
Des décisions douteuses, tous s’entendront pour dire qu’il y en a parfois aux niveaux provincial et national. Alors,
quand il s’agit de médailles de championnat du monde, vous pouvez être certains que les pays influents s’organisent pour
avoir la plus grosse part du gâteau possible.
Quel pays a eu la meilleure équipe (donc le plus de médailles d’or) en Russie en 2005? La Russie! En Inde en
2006? L’Inde. Et en 2008 en Chine… pas de surprise, la Chine! C’est un fait : la politique est à la boxe amateur ce que
François Picanza est à La Zone de Boxe. Mieux vaut donc s’y faire et boxer en conséquence. Quand on sait que les juges
auront le « piton paresseux », soit on boxe comme d’habitude en se gardant le droit de se plaindre du système si la
décision ne fait pas notre affaire, soit on travaille deux fois plus fort pour ne pas permettre qu’une décision serrée valse
de l’autre côté.
31
Magazine La Zone de Boxe
ième
4
année – numéro 23
La « politique » est pour moi un gros facteur de stress en compétition. En Chine, quand le tirage au sort est sorti,
j’ai vu que si j’affrontais la Chinoise, ce serait seulement en finale. J’aurais donc à travailler encore plus fort pour
l’emporter. Quand un combat est serré, la décision peut être discutable (et plus facilement « trafiquable »). Moi, j’allais
tellement la dominer qu’ils ne pourraient pas me voler la victoire; c’était ça le plan!
La journée des finales, quand j’ai quitté l’assistance pour aller me préparer dans la chambre, le 5e combat était en
cours et toutes les Chinoises en finale avaient gagné jusque-là. Rien pour me calmer les nerfs! Je me répétais alors que
j’allais faire de mon mieux concernant les facteurs sur lesquels j’avais de l’emprise (ma boxe!) et comme je n’avais pas de
contrôle sur le reste (les juges), je ne devais pas « brûler » d’énergie là-dessus.
Le gros du stress est tombé au son de la cloche. J’étais lucide et je boxais bien, mais je n’étais pas pour autant
rassurée : chaque fois que la Chinoise marquait un point, j’entendais la foule rugir. Évidemment, aucun bruit pour
m’indiquer quand je marquais, moi! Après le deuxième round, j’avais seulement un point d’avance même si beaucoup
plus de mes coups avaient porté. Finalement, au 3e round l’écart s’est creusé. Marque finale : 11-6.
La triche en boxe, ce n’est pas nouveau. Le plus triste, c’est que ce sont les athlètes qui écopent.
Malheureusement, il y a fort à parier que le « système » ne changera pas de sitôt et c’est parfois dur moralement. Mais
bon, ça m’a fait du bien de savoir que c’était possible de le déjouer.
Et après?
C’est certain que je veux goûter à la boxe professionnelle, mais pas avant d’avoir atteint tous mes objectifs en
amateur. Donc, pour le moment, j’attends impatiemment octobre 2009 pour savoir si la boxe féminine sera aux Jeux
olympiques de 2012. Je suis optimiste, car l’Association internationale de boxe amateur (AIBA) est intéressée à pousser
pour les femmes (ce qui ne semblait pas être le cas avant). D’ici là, je retourne au gymnase me faire botter les fesses,
histoire de me faire rappeler que j’ai encore du chemin à faire.
Ariane Fortin et son entraineur Mike Moffa après la conquête de leur deuxième championnat du
monde en Chine.
32
Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Quelques questions comme ça... avec Kevin Bizier
Par Vincent Morin
Le premier choix au repêchage de GYM
Pour le Groupe Yvon Michel et son vice-président, Bernard Barré, il ne fait
aucun doute que Kevin Bizier est né pour le succès. « Il s’agit du meilleur boxeur
amateur au pays depuis quelques années. Vous allez voir, il va remplacer Fernand
Marcotte dans le cœur des amateurs de boxe de Québec! », a ponctué Barré, à
propos de leur plus récent poulain. La Zone de Boxe a d’ailleurs rencontré l’athlète
de 24 ans, originaire de Saint-Émile pour une courte mais intéressante entrevue.
Bonjour Kevin. Puisque tu as commencé à boxer à l’âge de 13 ans et que
tu as un style bagarreur, étais-tu exaspéré de la boxe olympique?
Kevin Bizier: La boxe olympique est très stylisée. Je devais changer mon style pour
avoir du succès sur la scène internationale. Pour marquer des points, les boxeurs
jouent un peu à l’escrime et ce n’était pas à mon avantage puisque j’ai un style plus
physique, plus adapté à la boxe professionnelle.
Toi qui es originaire de Québec, comptes-tu emménager à Montréal ou
continuer à voyager pour tes entraînements?
Kevin Bizier lors de sa victoire aux points
contre Cesar Figueroa au Casino de
Montréal le 1er novembre 2008.
(photo Vincent Ethier)
Kevin Bizier: Je viens à Montréal pour des partenaires de qualité (Dierry Jean,
Antonin Décarie), trois fois par semaine, car il y a moins de partenaires d’entraînement de calibre à Québec. C’est évident
que je ne pourrai pas faire des allers-retours Québec-Montréal éternellement. De plus, mon entraîneur, Marc Ramsay, est
à Montréal. D’ici environ un an et demi, je m’achèterai probablement
« À Trinité-et-Tobago, trois un petit condo à Montréal pour m’y installer.
juges ne m’étaient pas très
favorables… Bernard leur a
fait savoir et ça m’a mis en
confiance.»
Tu avais le choix entre GYM et Interbox, qu’est-ce qui a
influencé ton choix?
Kevin Bizier: Je te dirais que l’environnement autour de GYM et son
approche qui a fait pencher la balance. Par exemple, Bernard Barré
venait me voir boxer et m’encourageait. J’ai aimé son approche et, lors d’une compétition de qualification olympique à
Trinité-et-Tobago, trois juges ne m’étaient pas très favorables. Or, Bernard leur a fait savoir et ça m’a mis en confiance.
Comptes-tu boxer à 140 ou 147 livres en boxe professionnelle?
Kevin Bizier: Mon premier combat a été signé à 148 livres. Je ne veux plus aller à 140 livres comme je le faisais en
amateur. La diète était trop dure et je demeurais déshydraté trop longtemps. Il faut dire que je me promène à un poids
de 155 à 160 livres habituellement.
Quel est le boxeur qui t’as donné le plus de fil à retordre dans ta carrière amateur?
Kevin Bizier: Le pugiliste qui m’en a le plus fait baver est le double champion du monde Serik Sapiyev, du Kazakhstan.
Gaucher, rapide, agile et énergique. Je n’étais même pas capable d’y toucher! J’ai donc été battu par surclassement au
troisième round, lors du championnat du monde 2007 à Chicago. Pour vous donner une idée de son calibre, il a gagné la
finale du championnat par 15 points!
Quel est l’endroit ou la compétition dont tu as gardé le meilleur souvenir?
Kevin Bizier: J’ai adoré combattre aux Jeux du Commonwealth de 2006 en Australie. Tout était parfait : les installations,
la compétition, l’alimentation et le fait qu’on pouvait connaître d’autres athlètes provenant d’autres sports, et ce, du
Québec et de partout. Ça faisait différent de quelques compétitions aux Caraïbes où la nourriture laissait à désirer!
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Magazine La Zone de Boxe
ième
4
année – numéro 23
Les 10 meilleurs boxeurs québécois
Par l’équipe du magazine La Zone de Boxe
Résultats compilés par Karim Renno
Après une année 2007 spectaculaire, nos boxeurs locaux semblaient presque tous avoir le vent dans les voiles et
l’année 2008 s’annonçait en être une de concrétisation. En rétrospective, les attentes étaient peut-être trop élevées
puisque l’année qui vient de se terminer aura sévèrement testé plusieurs des pugilistes élites du Québec. Pour s’en
convaincre on n’a qu’à noter que 5 des 7 premiers boxeurs de notre classement d’octobre 2007 ont subi la défaite (Alcine,
Ngoudjo, Pascal, Bergeron et Demers) et que les deux autres ont eu une bonne frousse (Bute et Diaconu).
Ce qui ne veut pas dire que la situation est désespérée, loin de là. La dernière année aura confirmé la profondeur
des rangs locaux. Deux champions du monde, neuf autres boxeurs classés parmi les 15 premiers aspirants des
organismes de sanction majeurs et une relève qui s’affirme sans cesse nous amènent à conclure que nous demeurons des
amateurs de boxe choyés.
Afin d’assister les chroniqueurs du magazine dans leur tâche, notre rédacteur en chef a encore une fois puisé
dans son vaste réseau de contacts, ce qui nous a valu la participation de quatre experts externes de grande renommée.
Ainsi, les classements de Philippe St-Martin (éditeur canadien du site boxrec.com), Richard Cloutier (éditeur et chef de
rubrique – Canada de netboxe.com), Dave Spencer (directeur de la rédaction de fightnews.ca) et Gabriel Béland
(journaliste de La Presse) s’ajoutent à ceux des chroniqueurs du magazine dans l’élaboration de notre classement. À cet
égard, vous trouverez les classements individuels de chacun, de même que le barème utilisé, à la fin de cet article.
L’exercice effectué nous démontre qu’un groupe de 15 boxeurs se démarque des autres, puisqu’ils font
l’unanimité chez les sondés. De l’opinion de l’auteur, il est tributaire de la profondeur et la qualité des rangs locaux que
des pugilistes comme Paul Clavette, Walid Smichet, Manolis Plaitis, David Lemieux et Phil Lo Greco ne récoltent pas un
seul vote.
Lucian Bute, encore premier dans notre classement.
(photo Stéphane Lalonde)
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Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Nos 10 meilleurs
1.
Lucian Bute (108 pts)
Pas de surprise au premier rang alors que Bute fait encore une fois l’unanimité. Classé 2e au monde à 168 livres
par The Ring, ESPN, Boxingtalk, NetBoxe et La Zone de Boxe, le « tombeur » a maintenant une place de choix parmi tous
les classements indépendants réputés.
Après une victoire facile sur William Joppy, le courage du champion IBF a été sévèrement testé par Librado
Andrade lors de la deuxième défense de son titre. Si l’aura d’invincibilité de Bute a disparue, sa détermination ne fait
maintenant aucun doute. Avec des combats contre Mikkel Kessler, Jermain Taylor et un deuxième affrontement contre
Andrade qui se dessinent à l’horizon, parions que l’année qui vient sera excitante. Première étape, une défense
optionnelle contre le dangereux cogneur Fulgencio Zuniga.
2.
Herman Ngoudjo (88 pts)
Puisque 8 de nos 9 panélistes lui accordent
la deuxième place, la Panthère noire monte d’un
rang
dans
notre
classement
et
devance
confortablement Diaconu au 2e rang. Sa belle
performance face à Malignaggi et sa victoire sur
M’Baye ont consolidé la place de Ngoudjo près du
sommet de la division des super-légers.
Mais la victoire déterminante qui lui
permettra de devenir champion du monde échappe
toujours au pugiliste d’origine camerounaise. Il aura
l’opportunité de corriger cette situation le 30 janvier
prochain alors qu’il affrontera Juan Urango pour le
titre vacant de l’IBF à 140 livres. Pour l’emporter, il
devra mettre de côté sa fâcheuse habitude de
s’abaisser au niveau de son adversaire et ouvrir la
machine. S’il suit le plan de match, Urango ne
pourra suivre la cadence et le Québec accueillera
son troisième champion du monde!
3.
Adrian Diaconu (64 pts)
Une année en dent de scie pour le « Shark »
en 2008. D’une part, sa victoire aux points sur Chris
Henry et le refus subséquent de Chad Dawson de
l’affronter ont mené au sacre de Diaconu comme
champion WBC. D’autre part, une nouvelle blessure
a forcé la remise de sa première défense (face à
Silvio Branco), de sorte qu’il n’a livré qu’un seul
combat au cours des 20 derniers mois.
Hermann Ngoudjo, peut être notre prochain champion du
Qu’à cela ne tienne, sa victoire sur Henry et
monde? À la pesée du gala du grand Prix le 6 juin dernier.
la défaite d’Alcine contre Santos ont amené 6 des 9
(photo Jean-Sébastien Delisle)
panélistes à classer Diaconu 3e et lui permettre ainsi
de gravir un autre échelon de notre classement.
Après ce qui devrait être une victoire nette sur Branco, Diaconu affrontera vraisemblablement l’américain Glen Johnson.
Même s’il ne sera pas favori dans ce combat, le pugiliste d’origine roumaine aura l’opportunité de prouver à tous qu’il
mérite sa place au sommet de la division des mi-lourds.
35
Magazine La Zone de Boxe
4.
ième
4
année – numéro 23
Jean Pascal (50 pts)
Il est particulièrement ironique que c’est dans la défaite que Jean Pascal a fait taire ses détracteurs. Depuis son
combat de championnat contre Carl Froch, plus personne ne questionne le cœur et la volonté du pugiliste de Laval. Allié à
ses qualités athlétiques indéniables, le courage qu’a démontré Pascal lors de son combat laisse présager plusieurs
combats significatifs dans son avenir
La seule question qui demeure en suspens à son égard est celle de savoir s’il pourra bonifier son conditionnement
physique afin de lui permettre de se battre à plein régime pendant 12 rondes.
Les participants à notre exercice semblent convaincus que oui et accordent un total de 50 points à Pascal. Bien
que ce soit le même total que Joachim Alcine, Pascal se mérite le 4e rang grâce à son vote de deuxième place. L’année
2009 s’avèrera déterminante pour l’avenir de Jean Pascal et les chroniqueurs du magazine le suivront de près.
5.
Joachim Alcine (50 pts)
Impossible d’imaginer une année 2008 plus difficile au plan professionnel pour Alcine. Son seul combat s’est
terminé subitement au poing gauche de Daniel Santos et il doit maintenant faire face à la dure tâche de redevenir
champion du monde à l’aube de ses 33 ans. Sa période de repos prolongée en surprend plusieurs qui se demandent si
« Ti-Joa » a toujours le cœur à la boxe.
Le rôle de négligé a bien servi à Alcine jusqu’à maintenant dans sa carrière et il est permis de croire qu’il a encore
en lui une poussée significative vers les sommets du sport. Bien qu’un affrontement avec Sébastien Demers soit une
possibilité locale intrigante, des affrontements plus importants sur la scène internationale sont à sa portée. Il ne serait
pas surprenant qu’il soit impliqué dans un combat éliminatoire en 2009.
Certes l’équipe du magazine, qui classe toujours Alcine parmi les dix meilleurs au monde à 154 livres dans son
plus récent classement international, croit toujours en le talent de Ti-Joa. C’est ainsi que ses 50 points le classent en
cinquième place, à un cheveux du 4e rang.
6.
Jo Jo Dan (25 pts)
Le vote de nos panélistes permet de dégager certaines tendances nettes. Le consensus qui se dessine au sommet
voit Bute comme le leader incontesté des boxeurs locaux, suivi d’un groupe de 4 formé de Ngoudjo, Diaconu, Pascal et
Alcine, lesquels font partie de l’élite de leurs divisions respectives. Vient ensuite Dan, qui fait presque l’unanimité au 6e
rang. En effet, seul notre confrère Dave Spencer ne le classe pas à cette position.
Cette tendance s’explique par la conviction des chroniqueurs du magazine que Dan sera probablement le
prochain à se joindre au groupe « élite ».
L’année 2008 a certes renforcée cette conviction alors que Dan a remporté ces quatre combats, tout en
échappant un seul round. Plus impressionnant encore, trois de ces victoires sont venues par KO. Ce faisant, Dan a
conservé son titre NABA en plus d’ajouter le titre WBC des Amériques à son palmarès.
Maintenant classé 4e à la WBC, 9e à la WBA et 12e à l’IBF, il est dans une position de choix pour obtenir un
combat de championnat en 2009. Après 4 ans à avoir fait ses preuves, Dan mérite amplement cette opportunité.
7.
Olivier Lontchi (15 pts)
Lors de notre classement livre-pour-livre inaugural, Lontchi (alors déjà champion canadien) n’avait même pas
récolté un seul vote. Aujourd’hui, il se profile comme le meneur du groupe de 5 boxeurs qui suit Dan.
Sélectionné parmi les dix meilleurs boxeurs québécois par tous nos panélistes, Lontchi récolte 15 points pour
prendre la 7e place de notre classement. N’eût été de son combat nul contre Eduardo Garcia (tombeur de Sébastien
Gauthier) en août dernier, il aurait sérieusement défié Dan pour le 6e rang.
36
Magazine La Zone de Boxe
4ième année – numéro 23
Tout comme Dan, Lontchi bénéficie d’excellents classements internationaux (4e WBA, 7e WBO, 12e WBC et 13e
IBF) et se veut comme un aspirant légitime aux grands honneurs chez les 122 livres. Cette catégorie étant
particulièrement profonde en talent, des obstacles importants s’érigent devant Lontchi, mais il aura le support
inconditionnel de ses partisans.
8.
Benoît Gaudet (13 pts)
Après sa défaite choquante contre
Henry Arjona, Gaudet a immédiatement
commencé le long processus de retour en
prenant sa revanche sur son tombeur. Fin
2007, il remonte dans les classements
internationaux en gagnant le titre NABA
des 130 livres, mais non sans donner des
sueurs froides à ses partisans alors que
son adversaire Garza semble bien prêt de
l’arrêter au 11e ronde de cet affrontement.
Bien difficile à ce moment de prédire ce
qui attendait le pugiliste de Drummondville
en 2008.
Et bien les résultats on été
concluants et Gaudet s’est affirmé comme
le meilleur technicien québécois après
Lucian Bute suite à ses victoires nettes et
sans équivoque face à Pedro Javier Torres,
Jhohnny Antequera, Alejandro Barrera et
Diego Herminio Alejandro Semanco.
Si bien que Gaudet cause une
surprise mineure en prenant le 8e rang de Gaudet lors de son combat contre Jhohnny Antequera au cabaret de
notre
classement
devant
Sébastien L’Étoile de Brossard
Demers. L’année 2009 devrait permettre
(photo Stéphane Lalonde)
au pugiliste de 29 ans de consolider ses
classements internationaux (lui qui est déjà 5e à la WBA et 12e à la WBC) à l’aube d’un combat de championnat en 2009.
9.
Sébastien Demers (11.5 pts)
Demers était sur la voie de reprendre sa place sur l’échiquier mondial des poids moyens après cinq victoires
consécutives sur des adversaires crédibles lorsqu’il monte sur le ring avec Dionisio Miranda le 1er août dernier. Plusieurs
prévoyaient que Double Trouble ajouterait le titre NABA à son palmarès lors de ce combat.
Mais une défaite par décision partagée sur les ondes de ESPN a encore une fois fait reculée la carrière du
pugiliste de Saint-Hyacinthe.
On sait par ailleurs tous que Demers n’est pas une personne qui abandonne facilement. Il s’est donc
immédiatement remis à la tâche avec une victoire convaincante sur l’ancien du Contender Donny McCrary.
Même si 3 de nos 9 panélistes ne le classent plus parmi leur top 10, Demers obtient le 9e rang de notre
classement à peine 1.5 points derrière Gaudet. Une année 2009 faste pourrait lui permettre de reprendre sa place
avantageuse dans notre classement.
37
Magazine La Zone de Boxe
10.
ième
4
année – numéro 23
Antonin Décarie (11 pts)
Trois victoires convaincantes sur des adversaires crédibles auront permis à Décarie de coiffer Adonis Stevenson et
obtenir le 10e rang de notre classement. Le champion NABO des 147 livres continuait ainsi son ascension sur la scène
internationale, si bien que ceux qui doutaient de son potentiel doivent maintenant admettre que le lavallois est sur une
belle lancée.
Les comparaisons proposées par certains à la carrière d’Éric Lucas nous semblent prématurées, mais elles
démontrent que de plus en plus d’amateurs de boxe croient en le talent et l’ardeur au travail de Décarie.
La deuxième défense par
Décarie de son titre NABO face à
Dorin Spivey le 30 janvier prochain
lui donnera l’opportunité de se faire
connaître davantage par le public
américain. Parions qu’il saura sauter
sur cette chance.
Ceux qui frappent à la porte
Belle progression dans le classement pour Antonin Décarie
(photo Alain Décarie)
Après à peine 12 combats,
Adonis Stevenson (10 pts) est classé
parmi le top 10 par 5 de nos 9
chroniqueurs, ce qui laisse présager
qu’il fera le grand saut lors de notre
prochain classement. Pour leur part,
Renan
St-Juste,
Jean-François
Bergeron, Dierry Jean et Sébastien
Gauthier obtiennent tous 4.5 points
et se classent ex aequo au 12e rang.
L’année 2009 nous permettra de
déterminer lesquels de ces quatre
boxeurs passeront au prochain
niveau et lesquels seront remplacés
pas des jeunes loups parmi l’élite
locale. Soyez assurés que les
chroniqueurs du magazine suivront
la prochaine année avec beaucoup
d’intérêt!
38
4ième année – numéro 23
Magazine La Zone de Boxe
LE CHOIX DE NOS CHRONIQUEURS
PTS
Philippe St-Martin
Dave Spencer
Gabriel Béland
Richard Cloutier
1.
12
Lucian Bute
Lucian Bute
Lucian Bute
Lucian Bute
2.
10
Herman Ngoudjo
Herman Ngoudjo
Herman Ngoudjo
Herman Ngoudjo
3.
8
Adrian Diaconu
Joachim Alcine
Adrian Diaconu
Adrian Diaconu
4.
6
Joachim Alcine
Adrian Diaconu
Jean Pascal
Jean Pascal
5.
4
Jean Pascal
Jean Pascal
Joachim Alcine
Joachim Alcine
6.
3
Jo Jo Dan
Benoît Gaudet
Jo Jo Dan
Jo Jo Dan
7.
2
Olivier Lontchi
Antonin Décarie
Olivier Lontchi
Adonis Stevenson
8.
2
Sébastien Demers
Sébastien Demers
Adonis Stevenson
Olivier Lontchi
9.
1
Antonin Décarie
Olivier Lontchi
Benoît Gaudet
Antonin Décarie
10.
1
Benoît Gaudet
Jo Jo Dan
Antonin Décarie
Benoît Gaudet
11.
.5
Adonis Stevenson
Renan St-Juste
Sébastien Demers
Sébastien Demers
12.
.5
Renan St-Juste
Adonis Stevenson
Renan St-Juste
Renan St-Juste
13.
.5
Jean-François Bergeron
Jean-François Bergeron
Dierry Jean
Dierry Jean
14.
.5
Dierry Jean
Dierry Jean
Sébastien Gauthier
Jean-François Bergeron
15.
.5
Sébastien Gauthier
Sébastien Gauthier
Jean-François Bergeron
Sébastien Gauthier
Pascal Roussel
Pascal Lapointe
Samuel D.-Drolet
Jonathan Dion
1.
12
Lucian Bute
Lucian Bute
Lucian Bute
Lucian Bute
2.
10
Herman Ngoudjo
Herman Ngoudjo
Jean Pascal
Herman Ngoudjo
3.
8
Adrian Diaconu
Adrian Diaconu
Herman Ngoudjo
Joachim Alcine
4.
6
Jean Pascal
Joachim Alcine
Adrian Diaconu
Jean Pascal
5.
4
Joachim Alcine
Jean Pascal
Joachim Alcine
Adrian Diaconu
6.
3
Jo Jo Dan
Jo Jo Dan
Jo Jo Dan
Jo Jo Dan
7.
2
Sébastien Demers
Olivier Lontchi
Antonin Décarie
Olivier Lontchi
8.
2
Antonin Décarie
Adonis Stevenson
Sébastien Demers
Benoît Gaudet
9.
1
Benoît Gaudet
Benoît Gaudet
Benoît Gaudet
Adonis Stevenson
10.
1
Olivier Lontchi
Sébastien Demers
Olivier Lontchi
Sébastien Demers
11.
.5
Adonis Stevenson
Jean-François Bergeron
Adonis Stevenson
Antonin Décarie
12.
.5
Renan St-Juste
Antonin Décarie
Renan St-Juste
Jean-François Bergeron
13.
.5
Jean-François Bergeron
Renan St-Juste
Jean-François Bergeron
Dierry Jean
14.
.5
Dierry Jean
Dierry Jean
Dierry Jean
Sébastien Gauthier
15.
.5
Sébastien Gauthier
Sébastien Gauthier
Sébastien Gauthier
Renan St-Juste
Karim Renno
1.
12
Lucian Bute
2.
10
Herman Ngoudjo
3.
8
Adrian Diaconu
4.
6
Joachim Alcine
5.
4
Jean Pascal
6.
3
Jo Jo Dan
7.
2
Olivier Lontchi
8.
2
Benoît Gaudet
Adonis Stevenson
9.
1
10.
1
Antonin Décarie
11.
.5
Sébastien Demers
12.
.5
Jean-François Bergeron
13.
.5
Renan St-Juste
14.
.5
Dierry Jean
15.
.5
Sébastien Gauthier
39
Magazine La Zone de Boxe
ième
4
année – numéro 23
CLASSEMENTS INTERNATIONAUX LA ZONE DE BOXE
Mise à jour : 1er janvier 2009
LOURDS (+ 200 livres)
1. Wladimir Klitschko
2. Vitali Klitschko
3. Ruslan Chagaev
4. Samuel Peter
5. David Haye
6. Alexander Povetkin
7. Juan Carlos Gomez
8. Nicolay Valuev
9. Sultan Ibragimov
10. Oleg Maskaev
LOURDS-LÉGERS (200 livres)
1 Tomasz Adamek
2. Steve Cunningham
3. Marco Huck
4. Enzo Maccarinelli
5. O’Neil Bell
6. Vadim Tokarev
7. Guillermo Jones
8. Krzysztof Wlodarczyk
9. Wayne Brathwaite
10. Giacobbe Fragomeni
MI-LOURDS (175 livres)
1. Joe Calzaghe
2. Bernard Hopkins
3. Chad Dawson
4. Zolt Erdei
5. Glen Johnson
6. Antonio Tarver
7. Clinton Woods
8. Hugo Hernan Garay
9. Adrian Diaconu
10. Roy Jones Jr.
SUPER-MOYENS (168 livres)
1. Mikkel Kessler
2. Lucian Bute
3. Jermain Taylor
4. Anthony Mundine
5. Librado Andrade
6. Carl Froch
7. Denis Inkin
8. Andre Dirrell
9. Sakio Bika
10. Edison Miranda
MOYENS (160 livres)
1. Kelly Pavlik
2. Arthur Abraham
3. Ronald "Winky" Wright
4. Felix Sturm
5. Khoren Gevor
6. Sebastien Sylvester
7. Amin Asikainen
8. Javier Castillejo
9. Randy Griffin
10. Mariano Natalio Carrera
SUPER MI-MOYENS (154 livres)
1. Sergeii Dzindziruk
2. Paul Williams
3. Vernon Forrest
4. Daniel Santos
5. Sergio Mora
6. Cory Spinks
7. Verno Phillips
8. Joachim Alcine
9. Sergio Gabriel Martinez
10. Oscar de la Hoya
MI-MOYENS (147 livres)
1. Antonio Margarito
2. Miguel Angel Cotto
3. Shane Mosley
4. Joshua Clottey
5. Carlos Quintana
6. Andre Berto
7. Kermit Cintron
8. Luis Collazo
9. Isaac Hlatshwayo
10. Zab Judah
SUPER-LÉGERS (140 livres)
1. Ricky Hatton
2. Timothy Bradley
3. Junior Witter
4. Paulie Malignaggi
5. Herman Ngoudjo
6. Vivian Harris
7. Kendall Holt
8. Andreas Kotelnik
9. Juan Lazcano
10. Ricardo Torres
LÉGERS (135 livres)
1. Manny Pacquiao
2. Nate Campbell
3. Juan Manuel Marquez
4. Juan Diaz
5. Joan Guzman
6. Julio Diaz
7. Joel Casamayor
8. Ali Funeka
9. David Diaz
10. Michael Katsidis
SUPER-PLUMES (130 livres)
1. Edwin Valero
2. Humberto Soto
3. Jorge Linares
4. Rocky Juarez
5. Malcolm Klassen
6. Cassius Baloyi
7. Nicky Cook
8. Urbano Antillon
9. Alex Arthur
10. Roman Martinez
PLUMES (126 livres)
1. Chris John
2. Robert Guerrero
3. Jorge Solis
4. Steven Luevano
5. Hiroyuki Enoki
6. Choi Tseveenpurev
7. Oscar Larios
8. Martin Honorio
9. Terdsak Jandaeng
10. Cristobal Cruz
SUPER-COQS (122 livres)
1. Israel Vazquez
2. Rafael Marquez
3. Celestino Caballero
4. Juan Manuel Lopez
5. Poonsawat Kratingdaenggym
6. Wethya Sakmuangklang
7. Daniel Ponce de Leon
8. Steve Molitor
9. Jhonny Gonzalez
10. Ricardo Cordoba
COQS (118 livres)
1. Hozumi Hosegawa
2. Gerry Penalosa
3. Anselmo Moreno
4. Silence Mabuza
5. Wladimir Sidorenko
6. Joseph Agbeko
7. Vusi Malinga
8. Nobuto Ikehara
9. Sasha Bakhtin
10. Simone Maludrottu
SUPER-MOUCHES (115 livres)
1. Vic Darchinyan
2. Fernando Montiel
3. Cristian Mijares
4. Alexander Munoz
5. Jorge Arce
6. Nobuo Nashiro
7. Pramuansak Posuwan
8. Jose Navarro
9. Dimitri Kirilov
10. Z Gorres
MOUCHES (112 livres)
1. Nonito Donaire
2. Daisuke Naito
3. Denkaosan Kaovichit
4. Pongsaklek Wonjongkam
5. Omar Narvaez
6. Roberto Vasquez
7. Koki Kameda
8. Takefumi Sakata
9. Rayonta Whitfield
10.Jose Lopez
MI-MOUCHES (108 livres)
1. Ivan Calderon
2. Hugo Cazares
3. Edgar Sosa
4. Ulises Solis
5. Cesar Canchila
6. Brian Viloria
7. Giovanni Segura
8. Muvhuso Nedzanani
9. Juan Carlos Reveco
10. Nelson Dieppa
POIDS MINIMUM (105 livres)
1. Roman Gonzalez
2. Raul Garcia
3. Oleydong Sithsamerchai
4. Katsunari Takayama
5. Juan Palacios
6. Florante Condes
7. Muhammad Rachman
8. Donnie Nietes
9. Nikosinathi Joyi
10. Yusakata Kuroki
Les classements des mois précédents
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