amour et seduction

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amour et seduction
AMOUR ET SEDUCTION
La rencontre amoureuse est-elle le fruit du hasard ?
Tomber amoureux, rencontrer l’homme où la femme idéale sont des vœux qui occupent nos pensées et inspirent avec
enthousiasme de nombreux espoirs. Surtout à cette époque de l’année où les flux migratoires des grandes vacances et
les corps dénudés sous les fortes chaleurs de l’été attisent des désirs sublimés. Néanmoins, si séduction et sexualité sans
tabou sont au goût du jour, force est de constater qu’en favorisant la multiplicité des partenaires un effet pervers
apparaît, celui d’une trop fréquente solitude personnelle. D’ailleurs, les psys sont les premiers intéressés par la plainte
de ceux qui traversent la vie, seuls. Pourtant, tomber en amour provient d’une savoureuse alchimie où les sens et les
émotions sont mis à l’épreuve. Quels phénomènes déclenchent l’attraction entre deux personnes ? La rencontre et le
choix du partenaire sont-ils le fruit du hasard ?
Le comportement non verbal du flirt
Flirter et séduire sont à la portée de tous. Mais savez-vous que ces actions cachent des comportements sophistiqués qui
ont pour objectif de sélectionner le meilleur partenaire dans le but essentiel de rencontrer l’amour et de procréer.
Comme les espèces animales nous sommes soumis à notre biologie. Lors de parades nuptiales et de rituels, les animaux
s’accouplent pour perpétuer l’espèce. Avec la séduction l’humain recherche aussi l’union sexuelle. Par ailleurs,
l’éthologie confirme la prédominance d’un langage non verbal dans l’art de séduire. Si vous vous amusez à vous
observer, vous allez découvrir que lorsque vous séduisez, vous émettez un certain nombre de signaux par le biais
d’attitudes ou de comportements uniquement corporels. L’objectif étant d’éveiller l’attention d’un partenaire potentiel.
Ce langage codé représente un des piliers de la rencontre qui en cas de succès, ouvre la voie à des échanges plus
intimes. Ainsi, l’homme aura tendance à se mettre en avant et à se valoriser. Pour cela, il exagérera son comportement,
passant ses mains dans ses cheveux, bougeant ses bras et ses épaules, se redressant et s’affirmant en parlant fort. Tout
en cherchant à attirer le regard pour se rendre plus séduisant, la parade de l’homme qui peut prêter à sourire a pour
objectif de minimiser les sensations désagréables de rejet, en cas d’échec... En quelque sorte l’homme protège son
amour propre par le déploiement de ses attraits physiques et de sa puissance. La femme pour attirer son partenaire va
adopter une attitude plus subtile. Elle sourit, ouvre grand les yeux puis cligne des paupières, détourne souvent la tête,
s’incline légèrement, humecte ses lèvres, se caresse les cheveux. Elle provoque et joue. Quand ils sont reconnus et
appréciés, ces signaux corporels expriment pour les deux sexes l’intérêt commun et invite à l’étape suivante : la
relation. Cependant, il ne faut pas se leurrer ! La séduction cache un enjeu important : la peur d’être rejeté. Si tel est le
cas, l’estime de soi se voit fragilisée et engendre par la suite des comportements d’inhibition et de timidité excessive.
Le regard : l’arme principale de la séduction
Quand tout va pour le mieux, c’est le regard qui représente le principal instrument de la séduction. Il existe de
nombreuses expressions populaires qui confirment son importance : « un regard de braise » ; « je le dévore des yeux ».
Le regard avec son désir sous-jacent décelé dans les yeux de l’Autre, atteste de sa réceptivité. C’est à cette seule
condition que le chemin de l’approche amoureuse est validé. Avec la parole la relation s’établit. La tonalité de la voix,
son volume vont renseigner l’Autre sur nos intentions. Toutefois, si ce qui est dit est important, là encore le langage non
verbal existe. L’attitude en « miroir » des protagonistes contribue à accentuer un climat de confiance pour diminuer
l’anxiété. Par mimétisme, chacun « copie » la position de l’Autre afin de lui signifier qu’il est compris : « si elle penche
son corps en avant, je me penche en avant » ; « si elle met son menton dans sa main, j’adopte la même attitude ». Puis,
dès que le couple se sent suffisamment protégé, toucher l’Autre sur le bras, la main ou l’épaule indique le
franchissement d’un degré supplémentaire. C’est souvent la femme qui d’une façon anodine aborde cette phase en
premier. Cette permission innocente montre que le flirt est à son apogée. Le toucher est le signe ultime qui mène à
l’intime. Quand il est accepté le désir sexuel peut progressivement s’exprimer et s’associer aux émotions en laissant
entrevoir les possibles d’une union où le plaisir est fantasmé.
Le pouvoir des phéromones : l’Amour chimique
La danse des corps et des âmes ne repose pas uniquement sur la séduction et le désir. L’amour possède une composante
chimique incontournable. L’odorat joue un rôle fondamental et chacun sait combien une odeur corporelle peut-être
excitatrice ou inhibitrice. Mais si les sensations érotiques sont déclenchées par des odeurs ou des parfums, les
phéromones détiennent un rôle capital. Les phéromones sont des molécules invisibles et volatiles produites par des
glandes apocrines. Ces glandes se situent sous les aisselles, autour des mamelons et dans les aines. Par exemple, la
copuline que l’on trouve dans les sécrétions vaginales de la femme et l’androsténol qui participe à la composition de la
sueur de l’homme sont deux phéromones sexuelles. Inodores, elles sont reconnues par un second système de l’odorat :
l’organe voméronasal. Elles donnent une empreinte olfactive unique qui permet d’attirer ou de repousser sans appel un
ou une partenaire qui présente une compatibilité ou pas. A nouveau, l’humain est proche de l’animal et de ses
phéromones très actives. Ainsi, ne soyez pas donc pas étonné si vos choix amoureux sont influencés par votre
physiologie. De plus, d’autres hormones interviennent dans l’amour en modelant les sentiments.
Les hormones de la passion et du plaisir
Dès que nous sommes amoureux, notre organisme fabrique en quantité de la phényléthylamine, hormone de la classe
des amphétamines. Ses effets existants produisent un état euphorique comme lors de la prise de certaines drogues ou
dans la pratique des sports extrêmes. Tout comme la consommation de chocolat qui active la production de
phényléthylamine. A ce stade, l’amour est dans sa phase passionnelle. De la dopamine est également sécrétée. Cette
hormone du plaisir est fabriquée au niveau du système limbique et influence directement nos émotions. Sa présence
dans notre cerveau engendre des effets euphorisants avec la sensation de bonheur et de satisfaction. Lorsque les
personnes se touchent, le cerveau sécrète de l’ocytocine, hormone dont la présence augmente pendant l’orgasme. Enfin,
lorsque le corps s’est habitué après un temps plus ou moins variable à la présence de phényléthylamine, les endorphines
prennent le relais en créant un état d’harmonie et de paix affective. La passion s’estompe pour laisser la place à un
amour plus calme et plus serein. La relation est établie. Mais peut-elle durer dans le temps sans s’appauvrir ?
L’inconscient : celui qui ne nous veut pas que du bien
Passé le coup de foudre, les barrages de la séduction et le plaisir de la découverte amoureuse, se pose la question : « estce l’homme ou la femme de ma vie ? ». La réponse n’est pas fondamentale dans la mesure où le couple est stable et les
deux personnes unies et aimantes. Elle devient plus pertinente lorsque, la période de la lune de miel estompée, les
conflits voire l’ennui apparaissent. A bien y regarder, il se peut même que l’on soit à nouveau en présence d’une
situation déjà vécue où l’amour décline rapidement avec le sentiment prochain d’un échec. C’est souvent le constat
d’une malheureuse et nouvelle répétition. Que c’est-il passé pour que celui ou celle qui incarnait tous nos espoirs d’un
bonheur fusionnel devienne notre pire ennemi, au point d’envisager une séparation difficile mais incontournable avec
une souffrance sans égale ? L’être humain possède dans son inconscient un certain nombre de représentation de
l’homme et de la femme idéale plus ou moins associées à ses expériences passées. Chacun d’entre-nous est influencé
par le premier homme et la première femme rencontrés au début de notre conception : notre père et notre mère. Le
psychanalyste C. G. JUNG désigne respectivement sous les termes « anima » et « animus » la part féminine et
masculine inconsciente de la psyché de l’homme et de la femme. Le père donne l’animus à sa fille et la mère l’anima à
son fils.
Comment l’anima et l’animus participent à la séduction
Anima et animus possèdent des aspects positifs et négatifs qui vont conditionner nos relations et nos choix amoureux
tant qu’ils n’ont pas été rendus conscients. La partie positive de l’anima et de l’animus stimule les potentiels créatifs de
chaque individu et fait tendre vers l’harmonie. En revanche, une fois achevé le délice de la nouveauté amoureuse, la
relation confronte les parties négatives de l’anima et de l’animus des protagonistes. Celles représentées par l’ombre
existante chez chacun de nous, où se jouent les forces de destruction, où résident les complexes parentaux. Un complexe
parental regroupe les expériences et les représentations réalisées avec les parents dès notre plus jeune âge. Ils
influencent indubitablement les relations que nous entretenons par la suite avec les hommes et les femmes à l’âge
adulte. Fréquemment, se rejouent inconsciemment entre les êtres aimés des scénarios de l’enfance de l’ordre de la
dépendance, de la peur ou de l’abandon. Scénarios reliés aux rancœurs paternelles et maternelles que la relation ne
manque pas de faire ressurgir dès que le couple rencontre les premières frustrations. Quand ces phénomènes se répètent,
l’amour décline rapidement. Les souffrances étant inévitables chacun projette la séparation avec pour illusion l’espoir
d’un autre amour meilleur ailleurs. C’est ainsi que se constituent des collections de conquêtes amoureuses qui n’ont
d’autre objet que celui de mettre en évidence, par la répétition des situations, les scénarios névrotiques de l’inconscient.
Mais rien n’est perdu ! N’étant pas dupe de ce qui ne se joue pas au nom de l’amour dans ses méandres, les deux
partenaires ont pour mission (possible s’ils l’acceptent !), de transformer l’ombre pour accéder à une conscience de soi
pleine et responsable afin de vivre en couple et heureux…
Avec cette perspective optimiste, nous pouvons affirmer que la rencontre amoureuse ne relève en rien du hasard. Que
l’on se situe du point de vue de la psychologie, de la biologie ou de l’éthologie, les stratégies de séduction qui jalonnent
notre existence ont pour seul but de perpétuer la reproduction de l’espèce. Mais un autre paramètre non négligeable
s’ajoute au désir de séduire. Le conditionnement permanent des médias qui modèlent nos fantasmes avec les images
attractives d’une élite sociale : photographies de mannequins, stars du show-biz, publicités provocantes et irréalistes
véritables produits des nouvelles technologies. Notre recherche initiale du bonheur et du plaisir se trouve un peu plus
complexifiée et la séduction devient une véritable épreuve. Quelles solutions ? A charge pour chacun d’évaluer ses
critères. Trop sélectifs, ils ne feront qu’accentuer la frustration et la solitude. Il convient alors de rester humble et
ouvert. Pour aimer et séduire, suivez votre intuition… et Cupidon !
Éric TOGNONI