Exposé du Conseiller d`État Philippe Perrenoud, Directeur de la
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Exposé du Conseiller d`État Philippe Perrenoud, Directeur de la
Conférence de presse de la Direction de la santé publique et de la prévoyance sociale du 27.05.2013 à Berne Politique du personnel en cas de concentration ou de fermeture de sites hospitaliers Retenir le personnel soignant dans le système de santé Exposé du Conseiller d’État Philippe Perrenoud Directeur de la santé publique et de la prévoyance sociale du canton de Berne Seules les paroles prononcées font foi. • Après Riggisberg, c’est Aarberg qui tremble pour son hôpital • Maternité : la clé sous le paillasson à Engeried, la pendaison de crémaillère au Lindenhof • L’hôpital d’Einsiedeln condamné Voilà trois des grands titres de la presse de ces dernières semaines. Ces unes illustrent clairement les conséquences des forfaits par cas entrés en vigueur en janvier 2012 : les hôpitaux subissent désormais de plein fouet les dures lois de la concurrence, et ils sont soumis à une forte pression financière. Ce que ces titres montrent aussi, c’est que tous les hôpitaux sont touchés, qu’ils soient publics ou privés, à Berne ou ailleurs en Suisse. Ces conséquences, vous les connaissez : des divisions sont fermées, des sites regroupés, des hôpitaux fusionnés. On se met aussi à externaliser des prestations qui ne nécessitent pas obligatoirement une infrastructure hospitalière. Des prestations qui peuvent être fournies plus efficacement par des cliniques, des foyers ou des services d’aide et de soins à domicile. Ce dont on parle moins, c’est de l’impact des forfaits par cas sur le personnel soignant des hôpitaux. Or qui dit restructurations et transferts de prestations, dit souvent réduction des effectifs. Des licenciements ne sont pas exclus, y compris dans le canton de Berne. Le risque est là que des professionnels bien formés et bien qualifiés quittent le domaine de la santé pour aller voir ailleurs. C’est ce que je tiens absolument à éviter ! Le secteur sanitaire a besoin non pas de moins, mais de plus de personnel soignant. En effet, le nombre de personnes âgées tributaires de soins et d’assistance est en hausse. Le canton de Berne ne peut se passer d’aucun des professionnels de la santé qui exercent actuellement. Toute soignante et tout soignant qui perd son emploi dans un hôpital doit pouvoir trouver immédiatement une autre place dans le domaine de la santé, que ce soit dans un hôpital, une clinique, un foyer ou un service de maintien à domicile. Ce type de replacement nécessite une étroite collaboration entre les établissements de soins. Tous ont besoin de personnel soignant. Mais c’est uniquement en tirant à la même corde qu’ils parviendront à former, recruter et fidéliser suffisamment de professionnels de la santé. C’est pourquoi la Direction de la santé publique et de la prévoyance sociale a lancé avec les différents secteurs de soins le projet « Politique du personnel en cas de concentration hospitalière ». 1 Ce projet a abouti aux mesures suivantes : Premièrement, nous allons créer une bourse aux emplois en ligne. Celle-ci sera gérée par l’organisation du monde du travail (ORTRA) Santé Berne, sur mandat de ma Direction. Le principe est le suivant : si un hôpital est amené à réduire son personnel soignant, il peut demander à l’ORTRA d’activer la bourse aux emplois. L’ORTRA invite alors tous les établissements de soins à annoncer les postes vacants. Seules les personnes touchées par les mesures de restructuration auront accès à cette bourse, de manière qu’elles aient une chance de trouver un nouvel emploi dans leur domaine avant même l’écoulement de leur délai de résiliation. Deuxièmement, nous allons proposer de nouveaux cours de reconversion, également gérés par l’ORTRA Santé Berne. Les professionnels des soins et de l’assistance exerçant dans le milieu hospitalier pourront s’y préparer à travailler en clinique, en foyer ou dans les soins à domicile. Idéalement, ils devraient avoir la possibilité de suivre ces cours pendant le délai de résiliation, de sorte à pouvoir intégrer leur nouveau poste sans retard. Troisièmement, nous allons informer toutes les institutions de ces nouveaux instruments, en collaboration avec l’ORTRA Santé Berne et les secteurs de soins. Nous les inviterons à faire connaître ce dispositif à leurs collaboratrices et collaborateurs. Les établissements de soins doivent tout mettre en œuvre pour que les personnes touchées par une restructuration retrouvent du travail dans le domaine des soins et de l’assistance. Nous en appelons à leur responsabilité commune, car il en va de la couverture en soins de la population bernoise. La Direction de la santé publique et de la prévoyance sociale financera la mise en place de la bourse aux emplois et des cours, qui coûtera quelque 45 000 francs. Quant aux frais d’exploitation, ils sont à couvrir par les plans sociaux des hôpitaux. Ces mesures visent les buts suivants : Les personnes touchées retrouvent immédiatement un emploi dans leur métier et se forment aux spécificités du travail dans d’autres secteurs de soins. Les cliniques, les foyers et les services de maintien à domicile obtiennent le personnel dont ils ont urgemment besoin. Les hôpitaux ne poussent pas de soignantes et de soignants vers le chômage. Le système de santé bernois ne perd pas ses spécialistes. Il envoie un signal fort : les professionnels de la santé sont recherchés, et ils ne doivent pas se faire de souci pour leur avenir. Leur situation nous tient à cœur et nous les traitons avec respect aussi dans une période de turbulences. Je connais bien le monde hospitalier et suis conscient qu’un hôpital ne fonctionne pas à satisfaction sans l’engagement de spécialistes d’autres domaines que celui des soins. Il faut aussi du personnel qualifié dans l’administration, en cuisine, pour le nettoyage et la maintenance technique. Une restructuration peut toucher ces catégories de personnel également et cela ne m’est pas indifférent, au contraire : chaque fois que quelqu’un perd son emploi et craint pour son avenir, je me sens concerné. En cas de besoin, notre canton se tient prêt à mettre en œuvre diverses mesures du marché de l’emploi, quels que soient les groupes professionnels concernés. Dans le cadre de ce projet, j’ai demandé à ce que ma direction coopère étroitement avec la Direction de l’économie publique. Monsieur Marc Gilgen du beco vous en parlera tout à l’heure et je le remercie vivement de son engagement. 2 Mais je veux aller encore plus loin : ces mesures doivent favoriser la mobilité dans le système de santé. Pouvoir passer d’un secteur des soins à un autre devrait être une évidence pour les professionnels de la santé. Chaque secteur est un partenaire du système sanitaire et doit se considérer comme tel. Il faut que les établissements de soins prennent conscience qu’ils ont besoin du même personnel qualifié et qu’ils doivent se serrer les coudes face à la menace de pénurie des effectifs. C’est d’ailleurs cet esprit constructif qui a animé les membres du groupe de projet, que je tiens ici à remercier cordialement. Les échanges ont été fructueux et ont permis aux uns et aux autres de mieux se comprendre. Mesdames et Messieurs, le canton de Berne s’engage depuis des années pour former suffisamment de personnel dans les métiers des soins et de l’assistance. Il joue un rôle de pionnier en Suisse. Depuis 2001, toutes les tâches de communication concernant les professions de la santé non universitaires sont assurées à l’échelle du canton. Cela comprend entre autres la participation à la foire bernoise de la formation et la journée cantonale des professions de la santé. Par ailleurs, depuis 2002, le canton verse aux établissements de soins une contribution à la formation. Comme cette incitation financière ne suffit pas, Berne a été le premier canton à introduire, en 2012, une obligation de formation. Chaque établissement de soins est ainsi tenu de former du personnel dans la mesure de ses possibilités. Je suis convaincu que nous avons créé là les conditions idéales pour former la relève nécessaire à temps et durablement. Selon la planification des soins, le canton a besoin chaque année de 850 assistantes et assistants en soins et santé communautaire (ASSC) supplémentaires et de 550 infirmières et infirmiers de degré tertiaire. Les résultats sont là : en 2012, plus de 800 personnes ont commencé un apprentissage d’ASSC. Si l’objectif n’est pas encore atteint pour le personnel infirmier, le nombre d’étudiantes et d’étudiants ne cesse d’augmenter, année après année. Sans oublier la nouvelle formation professionnelle initiale d’aide en soins et accompagnement de deux ans, qui a été lancée avec succès l’an dernier. Des résultats prometteurs ! Encore faut-il parvenir à fidéliser les professionnels ainsi formés. Qu’est-ce qui les incite à rester dans le domaine de la santé ? Qu’est-ce qui les pousse à le quitter ? La SAP est en train d’étudier ces questions. Nous comptons par exemple demander aux plus de 55 ans pour quelles raisons ils travaillent toujours ou pourquoi ils ont renoncé à la vie active. Nous pourrons ensuite discuter avec les gens du terrain des mesures à prendre pour prolonger la durée d’exercice de la profession. Des mesures qui en valent assurément la peine : en allongeant cette durée ne serait-ce que d’une année en moyenne, nous pouvons réduire de 5% le nombre de personnes à former. Autre champ d’action : nous facilitons le retour à la profession des personnes désireuses de reprendre leur activité. Enfin, nous encourageons la formation continue dans toute la mesure nécessaire. Mesdames et Messieurs, nous avons donc lancé un vaste programme pour que le canton de Berne dispose, à l’avenir également, de suffisamment de personnel soignant. Ces mesures sont une condition nécessaire en vue d’assurer à la population bernoise des soins de bonne qualité. J’espère que nous atteindrons les objectifs fixés et remercie d’ores et déjà toutes celles et tous ceux qui contribueront à cet effort. 3