Edition de novembre 2015 (N° 397)

Transcription

Edition de novembre 2015 (N° 397)
no 397 novembre 2o15 paraît 1o x par an
R
edito
membres des académies parisiennes – les uns réunis sous
une coupole de la rive gauche, les autres dans un restaurant de la rive droite ( le premier mardi de chaque mois,
à l’exception des deux mois d’été, comme les lecteurs de
notre vénérable Commission ) – et avec ceux des jurés des
autres prix ? Parmi les nouveautés qui vous sont proposées à la bibliothèque, ne manquez pas la lecture d’un
suspense historique finement mené par son auteur, Corinne
Chaponnière, qui vient commémorer le sombre anniversaire de la Nuit de cristal. Quant aux conférences, celles-ci
vous offrent une sélection d’orateurs choisis qui viendront
nous parler d’Histoire, d’Arts, de Littérature et, à la veille
de la Sainte-Catherine, d’Amour et de Haine. D’ici là, les
accros aux tweets de Bernard Pivot pourront boire ses mots
en attendant de se laisser convaincre par les vertus du
Beaujolais nouveau, cru 2015. Voilà de quoi vous tenir en
haleine et aiguiser votre curiosité pour traverser ce mois si
peu avenant qu’il en est redouté.
Hélène Leibkutsch, vice-
JAB
1204 Genève
PP / Journal
éjouissez-vous, chers lecteurs, car malgré la chape
grise qui, comme d’habitude, en cette saison et
en cette région, plombera le ciel jusqu’à la fin de l’hiver,
novembre est le mois de tous les suspenses. Commençons,
si vous le voulez bien, par son nom. Il fut le neuvième mois
de l’année au temps du calendrier romain, d’où sa désignation, pour être déplacé en onzième position dans les
calendriers grégorien et julien en attendant que sa mutation entre les mois de « Brumaire » et de « Frimaire » dans
le calendrier républicain décrive au mieux cette période de
l’année. Mais laissons ces considérations atmosphériques
pour nous pencher sur les préoccupations de la Société
de Lecture. Mise à part l’arrivée du Beaujolais nouveau,
novembre est avant tout le mois des prix littéraires.
Grand suspense auprès des membres de la Commission
de lecture qui, après avoir écumé le riche bouillon de la
rentrée, reprennent peu à peu leur souffle. Les voici à
nouveau aux aguets dans l’attente de l’annonce des prix
attribués. Leurs choix seront-ils en accord avec ceux des
présidente du Comité, présidente de la Commission de lecture
www.societe-de-lecture.ch
agenda
les livres
ont la parole
Conférences et entretiens
ateliers
2, 23 Yoga nidra
et 30 nov par Sylvain Lonchay
lundi 12 h 45 -13 h 45 ou 14 h 00 -15 h 30
13 et Renouer avec sa voix
27 nov Atelier de chant
23 nov Vous reprendrez bien complet
un peu de classiques ?
Imprimé sur papier FSC issu de forêts bien gérées, FSC ® C008839
par Aurélie Jaecklé
12 h buffet ; 12 h 30 -14 h conférence
animé par Florent Lézat
vendredi 11 h 15 - 12 h 15
19 h cocktail ; 19 h 30 - 21 h conférence
lundi 18 h 30 - 20 h 00
et
pl
m
co
4
nov
Cercle
des
amateurs
2
nov
Morceaux
choisis,
L’usage
du
monde
Grâce au soutien de Valartisbank et
de littérature française
par Samuel Labarthe
de Moser Vernet et Cie
par Isabelle Stroun
lundi 20 h - 21 h, Théâtre de Carouge
mercredi 12 h 15 - 13 h 45
24 nov Rencontre avec Charles Dantzig
JEUNE PUBLIC
5-6 et Ecrire, mode d’emploi complet
entretien mené par Pascale Frey
25 nov Et toi, quelle est ta clef magique ?
26-27 nov par Pierre Assouline
et
pl
m
co
3 nov Fouché : les silences
de et par Jean-Léonard de Meuron et
jeudi 18 h 30 - 21 h
Frédérique Delpech, dès 8 ans
de la pieuvre
vendredi 9 h 30 - 12 h
mercredi 15 h 30 -18 h 00
par Emmanuel de Waresquiel
réalisation par les enfants d’un livre
10 et Le goût des mots, encore complet
entretien mené par Alexandre Demidoff leporello
jusqu’à 18 h ( places limitées )
24
nov
Atelier
d’écriture
5 nov Le sceptre et le sang complet
animé par Geoffroy et Sabine de Clavière
par Jean des Cars
7, 14, 21 Atelier d’échecs
mardi 18 h 30 - 21 h 00
et
28 nov par Gilles Miralles
10 nov Flûte, alors ! complet
samedi 10 h 00 -11 h 30
par David Greilsammer
cercles de lecture
17 nov WAR ! complet
18 nov WAR ! complet
par Thomas Seydoux
par Thomas Seydoux
26 nov Y-a-t-il une littérature complet
romande ?
par Roger Francillon
Grâce au soutien de Mirabaud & Cie SA
et du Mandarin Oriental Genève
4 et Atelier Jane Austen
25 nov par David Spurr
en anglais
mercredi 12 h 30 - 13 h 45
9 et L’actualité du livre complet
30 nov animé par Pascal Schouwey
lundi 18 h 30 - 20 h 30
16 nov Les pieds dans la page complet
animé par Pascal Schouwey
lundi 18 h 30 - 20 h 30
Grâce au soutien du Bongénie, de l’école
Moser, de la Fondation Coromandel et
de Pury Pictet Turrettini & Cie SA
Réservations indispensables
à la Société de Lecture
au 022 311 45 90 ou
[email protected]
Pour le prix des places, merci de vous référer
à notre site www.societe-de-lecture.ch
ou auprès de notre secrétariat.
2
2
ROMANS,
LIttéRAtuRE
romans, LITTéRATuRE
littérature
ROMANS,
ROMANS,
romans,
ROMANS,
LIttéRAtuRE
littérature
LITTéRATuRE
ainsi
subtilement
savamment abordés
fumeux,
bourrésquideet
complicette
évocation
estnéologismes
aussi l’histoire
d’un
sans
pour
autant
faire
perdrealambiqués. au propos sa»
qués
et
de
raisonnements
amour discret et de l’ébauche d’une réconcifluidité
etestsonsouvent
côté alerte.
ailleurs,
ce
Le livrefranco-allemande.
drôle Par
mais
le11071
rythme
LHA
liation
roman
est
d’autant
plus
séduisant
qu’aux
endiablé de l’action empêche l’approfondimensions
évoquées,
ildes
ajoute
celleabordés
de son
dissement
de
certains
thèmes
Paul
AUSTER,
J. M. COETZEE
invitation
à
écouter
les
morceaux
qu’interautour du langage. LHA 11196
prète
qui n’est peut-être
IciMei
etJinmaintenant
: pas qu’un
personnage
de
fiction…
correspondance LHA 2562
Etienne
BARILIER
Laurent
BINET
Pierre ASSOULINE
Piano
chinois
La
septième
fonction
Sigmaringen
Genève, Zoé, 2011, 133 p.
Paris,langage
Gallimard, 2014, 360 p.
du
William BOYD
( 2008-2011 )
Peinture,
musique
et 495
littérature
au
Paris,réalité
Grasset,
2015,
Mêlant
historique
etp. fictionsont
romacœur
duavec
travail
degrand
l’écrivain,
philosophe
nesque
son
talent
de
conteur,
Construit comme un roman policier, écrit
et
essayiste
suisse qu’est
Barilier.
Pierre
Assouline
revivreEtienne
l’un
ultimes
dans
un
style vif,fait
le dernier
livredes
de Laurent
Ainsi,
après
avoir
enchanté
ses
lecteurs
épisodes
de
la
collaboration,
lorsque
le
Binet, professeur de philosophie, est unmaréobjet
avec
Un Véronèse,
il ne séduira
pas
que
chal Pétain,
accompagné
Laval
et
inclassable.
Un flic en finde
dePierre
carrière
et un
les
mélomanes
d’entre
eux
avec
son
intride
son
gouvernement,
gagnèrent
le
châjeune professeur de sémiologie enquêtent
gant
délicieux
Pianopropriété
chinois. En
ce
teaulaet
demort
Sigmaringen,
deseffet,
princes
sur
apparemment
accidentelle
de
roman
épistolairemise
moderne
fait
dialoguer,
de
Hohenzollern
à
leur
disposition
par
Roland Barthes, survenue à la sortie d’un
par
interposés
puisnombre
par courriels,
Hitler,blogs
suivis
d’un François certain
de milidéjeuner
avec
Mitterrand,
en
ciens et
de civils, célèbres
qui résidèrent
la petite
deux
critiques
qui dans
s’affrontent
février 1980. Ils découvrent que l’auteur
ville
allemande
d’octobrede1944
à la chute
àdes
propos
de la qualité
l’interprétation
Mythologies
( LLD 159 ) possédait le
du régime
nazipianiste
en avrilchinoise.
1945. Julius,
fidèle
d’une
jeune
un
secret de la septième fonction Dans
du lanmajordome
des Hohenzollern,
gardien
exemdébat
d’abord
courtois
et
professionnel
gage, qui donne à son détenteur un pouplaire des lieux etprend
observateur
avisé,tournure
sera le
qui
vite une
voir cependant
de conviction irrésistible
sur ceux qui
fil
conducteur
et
le
narrateur
de
cette
histoire
passionnelle,
deux protagonistes
l’écoutent.
Au et
filles
descomique
nombreux
rebondisseoù le tragique
le
seJin
mêlent
et où
s’affrontent.
L’un
trouve
Meisecret
«intéresse
divine
»
ments,
on
découvre
que
ce
évolue toute que
une clique
de personnages
intricependant
l’autre
ne
voit
en
elle
beaucoup
d’intellectuels,
mais On
aussi
des
gant
les automate
uns
contrequi
les récite
autres.
y croise
«hommes
qu’un
un livre
cours
politiques.
L’auteur etse
à de
un
le
vieux
maréchal,
hautain
isolé
dans
culture
occidentale
». Les propos
lyriques
véritable
jeu
de
massacre
qui
touche
prasa posture
de déni
; Laval
ses ministres
et
enflammés
des
deuxet protagonistes
tiquement
l’intelligentsia
de immicette
« passifs », toute
convaincus
de la défaite
tournent
rapidement
aux sarcasmes
et le
à
époque.
Foucault,
Althusser,
Derrida
et
nente ; les ministres « actifs » voulant croire
l’affrontement
personnel
ce
qui
donne
au
couple
Kristeva-Sollers
tous
à un retournement
de cherchent
situation par
pourtant
propos
son intrigue
- toutpeu
enavouables,
permettant
les
dontOn
certains
bienmoyens,
incertain.
y côtoie
l’intendance,à
au
romancier defameux
distiller
de façon
habile,
s’approprier
secret.
CesDans
derniers
Allemands etleFrançais
confondus.
les
pétillante
mais
jamais
pédante,
quelques
espèrent
à lui à dominer
le
couloirs duparvenir
château,grâce
on complote,
on s’évite
réflexions
de l’essayiste
qu’ilaux
estclandestine,
aussi. Les
Logos
sorte
d’académie
ou on Club,
chasse
l’ennui
grâce
ressources
thèmes
tels
que la mondialisation
dans
le
aux
délirants,
où s’affrontent
les
plus
de larites
bibliothèque.
On
y rencontre aussi
le
domaine
artistique,
la
beauté
qui
subjugue
docteur
Destouches,
alias
Céline,
cynique
grands penseurs de l’époque. Lors d’un
l’ouïe
- surtout
dans
notre monde
télévisuel
et désabusé
compatissant
envers
les
détour
dans mais
une
université
américaine
où
-« l’école
la question
de l’objectivité
d’unLajugement
souffrances
des
plus est
démunis.
musique
française »
reconnue,
un étuet,
sûr,
le rôle
duphilosophes
d’art
sont
jouebien
un
rôle important
etcritique
rédempteur
diant
stigmatise
« ces
au dans
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Sweet
Caress : The Many
J.-M.
COETZEE
Traduit
de l’anglais par Céline Curiol et
Lives
Amory
De
la of
lecture
à Clay
l’écriture
: chroniques
Paul
Auster et J. M.
Coetzee se sont connus
Boyd is a highly inventive writer. In 1998 he
littéraires,
2000-2005
au Festival d’Adélaïde
( Australie ) en 2008.
Catherine Lauga du Plessis
Arles, Actes Sud, 2013, 315 p.
London, Bloomsbury, 2015, 447 p.
wrote a fictional biography of an American
Depuis,
sont2012,
amis 313
et éprouvent
le besoin
Paris,ils
Seuil,
p.
artist calleddesNat
Tate, which
readers
d’échanger
nouvelles
et desmany
opinions
qui
Au
filfordeauthentic
ces chroniques
– certaines
déjà
took
non-fiction.
This
time
he
leur tiennent à cœur. Voici donc les lettres
parues
New York
Review
Books
has gone
onelaécrites
better,
by writing
a offictional
qu’ils
sedans
sont
pendant
trois
ans.
Le
–lecteur
le prixaura
Nobel
de
littérature
( 2003
) Sudautobiography.
Amory
Clay
was
born
in
l’occasion
de
prendre
connaisafricain
confirme
la
pensée
de
Madame
de
England
1908,etand
one of the
sance
desinsoucis
desbecame
préoccupations
de
Sévigné
La
apprend
aussi,autant
me
few women
in lecture
the twentieth
century
tocepurces
deux: «écrivains
; cela
concerne
semble,
à
écrire
».
Guidés
par
la
prose
délileurs
supports
techniques
que
leur
inspirasue a successful career as a professional
cate
et érudite
de festivals
J.-M.
Coetzee,
nous
tion,
ou
même les
auxquels
ilsaborsont
photographer.
She
is versatile
in
her
art,
invités.
La santé,
l’amitié
sont largement
évodons
l’œuvre
d’une
quinzaine
de grands
and works
in several
different
genres,
takquées
ainsi
la politique
mondiale,
Israël
auteurs
quique
marqué
l’histoire
des
ing pictures
ofont
London
society
in the 1920s,
et
voisins,
une
rencontre
avec
Charlton
Lettres
: Samuel
Beckett,
William
Faulkner,
of ses
Berlin’s
louche
underworld
in the
1930s,
Heston,
champion
aux
Etats-unis
du
port
Günter
Grass,
Nadine
Gordimer,
of fashion
models
in New
York, of Graham
combat
libre
d’armes
à
feu.
Le
lecteur
sera
charmé
Greene,
Sándor Márai,
Joseph
Roth,
Robert
in the Second
World War
and,
later,
the
d’entrer Chaque
dans la relation
fraternelle
et amiWalser.
écrivain
estshe
d’abord
préVietnam War. Along
the way,
has affairs
cale qui
tissée repères
entre Coetzee
et Auster,
senté
pars’est
quelques
biographiques.
with men
on three continents.
marries
cette
correspondance
venant SheagréableLa
chronique
s’attelle
ensuiteLady
à esquisser
a
Scottish
lord
and
becomes
Farr,
but
ment compléter la connaissance de l’œuvre
les
contours
d’une
œuvreliving
qui fait
partie
du
ends
her
days
in
poverty,
in
a
cottage
LK 376
de chacun.
patrimoine
littéraire
mondial,
ou
aussi
on the Scottish island of Barrandale. Muchà
décortiquer
un livre particulier de chaque
of the material
Julian
BARNES here is presented as being
auteur,
sans
jargon,theavec
le savoir-faire
du
reproduced from
Barrandale
Journal
simple
amateur
devenu
capable,
à
force
de
Quand
tout
est
déjà
arrivé
written in her old age. Of course, all of this
travail,
de
réaliser
un
chef-d’œuvre.
Il
s’atTraduit
de
l’anglais
par
Jean-Pierre
Aoustin
is made up : Amory Clay lives only on the
Paris,
Mercure
de
2013,
128
p. de
tardera,
certains,
sur les
problèmes
page,
herpour
journal
is aFrance,
purely
fictional
device,
traduction
d’autres,
sur l’importance
and Barrandale
does
notrelient
exist.
But
the illuTrois
courts; pour
récits,
que
de subtiles
du
historique,
politique by
et culturel
correspondances.
Leis reinforced
premier,
Le
sioncontexte
of authenticity
a péché
series
dans
lequel
l’ouvrage
a été
Ces
d’élévation,
met
en scène
Félixcomposé.
Tournachon,
of real
photographs
presented
as taken
mai 22oo
oo9 – Le
Le choix
choix de
de la
la Société
Société de
de Lecture
Lecture
mai
mai
2oo99 –– Le
choix de
la Société
de Lecture
chroniques Amory’s
instructives
une invitation
throughout
life, sont
complete
with ficalias
Nadar, qui pratique
la photographie
àtionalised
relire de captions.
nombreuxIttextes
d’un
œil neuf
et
is
all
very
clever,
and
aérienne du haut d’une montgolfière. Nadar
désormais
initié.
LBB 20
enjoyably
LHC 1130,
livre disavait
réuniwritten. deux inventions
nouvelles,
la
ponible en français
( LHC 1130 B )et on sait
photographie
et l’aéronautique,
Charles
DANTZIG
quels
développements
seraient promis à
cette
conjonction.
«
Vous
réunissez deux
Charles
DANTZIGdes
A propos
choses qui n’avaient encore jamais été
chefs-d’œuvre
Histoire
mises
ensemble,de
et lel’amour
monde est changé »,
Paris, Grasset,
2013,
272Dans
p. le second,
remarque
Barnes.
et
de Julian
la haine
ARomancier,
hauteur
d’homme,
ce 475
sontp.deux essayiste,
êtres qui
poète,
chroniqueur,
Paris, Grasset,
2015,
sont
réunis
dans est
une un
montgolfière,
frêle
Charles
Dantzig
auteur bienla connu
Charles
Dantzigetseson
plaît
à jouer àunnouveau
Sarah
Bernhardt
soupirant,
officier
en France. Il a écrit de nombreux ouvrages,
avec lesdecodes
vigueur.
un en
roman,
anglais
cent en
kilos
;égoïste
mais Est-ce
lede
monde
futdont le Dictionnaire
la littérature
un
essai ?
Le
décor
est
planté :
Paris
il y
ilfrançaise
changé ? ( LCD
« Parfois
cela
marche,
parfois
1369 ). Celui-ci est de la
a
peu,
animé
par
le
débat
parlementaire
non
», commente
l’auteur.
le dernier
même
veine car, basé
sur Dans
la vaste
culture
qui aboutira
vote
du mariage
pour tous
récit,
La perteilaude
profondeur,
de Dantzig,
passe
en revuel’amour
tout ceque
qui
ouvert
aux couples
de même
dont
se
portaient
un homme
une sexe,
femmeetavait
a trait
au concept
de et
chef-d’œuvre.
C’est
les manifestations
populaires
ont Barnes,
longuechangé
monde,
celui
dehumoristique
Julian
vivant etle plein
d’allant,
par
mentelle
enflammé
la après
rue. Sept
personnages
mais
est
morte
trente
ans
de vie
moments, et construit selon une grande
typiquement
« bobos »émouvant
jouent et
surretenu
cette
commune
texteCertaines
souplesse etdecestyle.
phrases
ou
scène,
en
proie
au
doute
amoureux
et et
à
dit
le
monde
qui
change
encore
une
fois,
titres de chapitres sont remarquables
existentiel,
entre
dîners
parisiens
et
lel’émoi
vide
irréparable,
la
perte
d’un
vocabupourraient servir de titre à des dissertacroisement
desd’une
destins
Surtue
ces»
laire
l’irritation
tionscommun,
françaises,
telscomplicité,
«individuels.
la perfection
que
peuvent
provoquer
l’incompréhension,
seules
concessions
au
genre
romanesque
ou « un détail peut être un chef-d’œuvre »
la
maladresse,
les
bonnes
l’auteur
se muevoire
en
montreur
deintentions
marionparmi
beaucoup
d’autres.
Mais
voilà,
le
des
autres,
la
tentation
de sedetuer,
aussitôt
nettes,
ne
donnant
à
voir
ses
lecteur peut aussi se demander personoù cela
repoussée
carune
étant
celui qui
se souvient
nages,
avec
aisance
fascinante,
mène : pour
l’auteur,
à faire
le tour de que
son
lecemieux
d’elle,
se tuer
serait Alapartir
tuer aussi.
qui
peut
servir
sa
thèse.
raisonnement, mais qu’en est-il pourd’une
celui
Trois
qu’un sexuelle
fil relie, certes, de
mais
la
ode
àrécits
la liberté
toute
qui s’efforce
de survivre àdénuée
ces 272 pages
?
beauté
grave
du dernier faitCharles
paraître Dantzig
légère,
réflexion
anthropologique,
Il faut sans doute se laisser aller à la verve
légère,
encore
deuniverselles
grâce, la montdisserte
sur etque
lessepleine
forces
que
de Dantzig
souvenir
de quelques
golfière
des
deux
premiers.
LHC 1024
sont
l’amour
et
la
haine
et
qui
s’affrontent
réflexions particulièrement intéressantes
depuis
la nuit
des temps. Il convoque
ou porteuses
de questionnement.
Et apprétour
tourBRISSAC
le chapitre
– trop –qui
caricatural
Elvire
de
cier leà dernier
se terminedéputé
sur le
Furnesse,
son fils l’indécis
Ferdinand,
moment
d’enchantement
que
vit
le
lecteur
La corde
le qui
vent
l’écrivain
Pierre et
Hesse
n’écrit
LBB
10 plus ou
d’un chef-d’œuvre.
Grasset, 2013, 215 p.
le Paris,
couple
amoureux formé par Aaron et
une
famille
hétéroclite
l’éducation
est
Armand,
mais
en appelleoùaussi
aux respectout
conventionnelle
est l’objet
tablessauf
mânes
de Suétone : outelDémosthène.
du
dernierestouvrage
d’Elvire
de Brissac.
Le propos
actuel, la
démonstration
brilRomancière
biographe,
lauréate
de plu-et
lante et avecetforce
anecdotes
étonnantes
Charly DELWART
aphorismes
bien sentis
( malgré
vacuité
sieurs
prix littéraires
dont
le prixla Femina
de
certains
d’entre
eux )
l’argumentation
de l’essai
pour ÔPark
dix-neuvième ( HG 1533 ),
Citoyen
estParis,
convaincante.
Il ne
faut
pas hésiter à
l’auteur
nous
entraîne
à un
Seuil,
2012, 487
p.rythme endiablé
ton évidemment
provocateur etdépasser
avec un le
humour
décapant dans
une folle :
Cebrio
roman
met en où
scène
le
« Citoyen
Park
le
dufamiliale
discours
force
l’attention
et» que
paraventure
« l’existence
n’est
Jun-wan,
dans
lequel
chacun
reconnaîtra
l’action
contrariée du vent
et de la
la corde
».
fois l’enthousiasme
jusqu’à
dernière
Kim Jong-il,
de ce
Kim
Il-sung,
Premier
Léger
en apparence,
roman
irrésistible
page. LMfils2985
Charles
Dantzig
sera à
leader
dedelaLecture
Corée
dumatière
Nord –àappelée
etla
surprenant
donnele
un véri-ici
Société
24 novembre.
Kamcha.
Cette
dictature
étrange
– pretable voyage intérieur.
LHA 11074
mier Etat communiste héréditaire – a été
Mathias
éNARDmain de fer par le Grand
dirigée d’une
Paula
BYRNE
Meneur,
Président
Boussole pour l’éternité bien qu’il
seThe
soit éteint
en
1994, puis par :son fils
RealSud,
Jane
Arles, Actes
2015, Austen
377 p.
leACher
Gouvernant.
ElleThings
représente une
Life
in
Small
L’aiguille
boussolepour
ne
énigme etdeuncette
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de préoccupation
London, William Collins, 2013, 380 p.
marque
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internationale
parfixée
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East India.
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Three
vellum
notebooks.
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Les
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126 politique de répression impitoyable
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nuit
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durant
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asMusicologue
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économique
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90.
Surtout,
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amoureux
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Proche-Orient,
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biographical
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object
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par l’état
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permanent
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maintenus
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qu’il n’a àpas
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light on her etnovels.
The shawl,
gans,sheds
de glorification
quasi-déification
Placé
sous
le signe du Voyage
d’hiver de
similar to that desired by the languorous
de la famille
L’auteur rappelle
Schubert,
cet dirigeante.
ouvrage substantiel,
à la
Lady Bertram in Mansfield Park ( LLB 152/1 ),
les roman
moments
fortset essai
de l’histoire
kamfois
d’amour
faisant
la
part
allows Byrne to explain the extent of Austen’s
chéenne
et démonte
les rouages
animant
belle
à
l’érudition,
déroule
une
fresque
de
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Park, personnage
sansinconnus
charisme,
auteur
personnages,
connus,
ou
fictifs,
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et acteur
d’une histoire
a luitous
orientalistes
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vif
Empire.
The topaz crosses
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from
même
mise
en
scène
avec
la
passion
d’un
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l’altérité,
pour la Austen,
différence.
Ecrivains
her
Lt. Charles
bought
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cinéaste
au
service
d’une
cause
inventée
ou compositeurs,
subirent
l’influence
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action
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de selon
toutes
pièces.
Mais
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la
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importance
thepreuve,
Royalet
l’absence
de
dialogues
peut
rendre
ardue
ils
contribuèrent
ainsi
au
renouvellement
Navy in Persuasion ( LLB 152/1 ), among other
la
lecture
de
ce
long
roman
au
sujet
de
la
musique
et
des
lettres
européennes
novels. The vellum notebooks, all written oriby
ginal
oùwas
fiction
et réalité
restent
e
au
XIXmais
siècle.
La
curiosité
attisée the
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Austen
17,
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pen- :
trop
proches
pour découvrir…
uneare œuvre
chant
for satire.
The
velvet
cushions
remilparfois
faudra
relire,
réécouter,
d’imagination.
LHA
5010
iniscent
of Austen’s
to the great
Anecdotes,
récits,visits
digressions
se country
suivent
houses
which served
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et s’enchâssent
dansasunmodels
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bril-
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romans, littérature
lant qui laisse le lecteur déboussolé parfois, mais captivé toujours. Et nostalgique,
lui aussi. Car ce très beau livre entre en
résonance avec l’actualité, et le souvenir
d’une nuit à la belle étoile dans la citadelle
qui domine les ruines de Palmyre laisse un
amer regret, même à qui ne l’a pas vécu. LHA 11195
Jonathan FRANZEN
Purity
London, Fourth Estate, 2015, 563 p.
Franzen writes big, sprawling novels with
lots of characters in different parts of the
world. This one takes place on three continents, with persons who communicate in the
contemporary media environment of e-mail,
text messaging, Internet leaks, hacking,
and online journalism. Pip, which is short
for Purity, is a young woman who lives in a
squat in Oakland, California. Tom Aberant
is a middle aged journalist and the founder
of an online investigative journal in Denver.
Andreas Wolf is a more charismatic version
of Julian Assange ; he runs an Internet leak
organization from his campus in a pastoral
valley of the Bolivian mountains. Finally,
there is Pip’s mother, who lives in a cabin
in the California redwoods. She has never
told Pip her real name, or that of the father
Pip has never known. Pip’s quest to solve the
mystery of her identity provides the driving
force of the narrative. The gradual convergence of these characters will ultimately
reveal who Pip really is, but not before a
sequence of events worthy of any thriller,
including murder, suicide, and a billion-dollar inheritance. Apart from the force of his
narrative, Franzen has a talent for satirizing
the effects on human relationships of our globalized, mediatized world. LHC 1129
Anne-Marie GARAT
La source
Arles, Actes Sud, 2015, 378 p.
Dans une demeure baroque et extravagante, le domaine des Ardenne, du nom
de la famille autrefois influente d’un petit
geneve@SDL
Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9
3
Jim HARRISON
Laurence WINTHROP
Péchés capitaux
La dame de la Chavonnière
Genève, La Baconnière, Musée d’art et d’histoire, 2015, 298 p.
En flânant au Musée d’Art et d’Histoire de Genève, peut-être
avez-vous été interpellé par le saisissant autoportrait d’Herminie Maunoir ? Le cas échéant, la biographie romancée de
sa lointaine descendante, Laurence Winthrop, historienne
genevoise devenue parisienne, vous donnera certainement
envie de le découvrir. En effet, Herminie Clavier ( 1795-1842 )
connaît un destin hors du commun que son éducation de
jeune fille de bonne famille, élève de Madame Vigée-Lebrun,
ne laissait présager. Epouse du célèbre pamphlétaire PaulLouis Courier ( Stendhal le tenait pour l’homme le plus intelligent de son temps ), cette belle et sensible jeune femme
a une vie digne d’une héroïne de roman. Devenue veuve
dans des circonstances tragiques, elle se remariera avec
le médecin Théodore Maunoir, un des cinq fondateurs de la
Croix-Rouge, et vivra ainsi à Genève, dans le quartier de la
cathédrale. Ce dernier épisode attisera probablement l’intérêt de nos lecteurs pour cette biographie menée tambour battant. Saluons la finesse du ton et le travail de recherche qui,
conjugués à un brin d’imagination, permettent à l’auteur de
saisir l’atmosphère de la Restauration, le raffinement d’une
certaine éducation d’alors et la belle personnalité d’une
femme jusqu’alors méconnue. 16.2 WINT 1
bourg de Franche-Comté, vit seule Lottie,
ancienne domestique devenue une surprenante nonagénaire. Elle héberge la narratrice, et en l’espace de soirées mémorables
lui égrène les souvenirs des anciens propriétaires. Celle-ci est subjuguée par les
propos de Lottie qui se télescopent avec sa
propre histoire et la conduisent à mener une
enquête finalement plus personnelle que
professionnelle. Dans un canevas savant,
l’auteur fait se répondre sur pratiquement
un siècle les mémoires de ses personnages
sur les vérités et les mensonges de leurs
récits familiaux, tous plus captivants les
uns que les autres. Ce faisant, elle livre
une somptueuse réflexion sur la narration
et son corollaire, l’inévitable transformation des faits. Le perceptible parrainage
des grands Flaubert ou Giono imprègne ce
roman du parfum de « nos chères vieilles
provinces » ; il est pourtant résolument
moderne : ses personnages ont notamment,
et c’est bien de notre temps, le monde pour
horizon et la théorie de Karinthy ( moins
de six degrés de séparation relient toute
personne sur terre à une autre ) comme
expérience. Sa langue choisie, servie par
une syntaxe toute personnelle, réserve pour
qui se prend à son charme des pépites
de… conteuse ! LHA 11193
Traduit de l’anglais ( Etats-Unis )
par Brice Matthieussent
Paris, Flammarion, 2015, 350 p.
Depuis qu’il est à la retraite, l’inspecteur
Sunderson pense en avoir fini avec les
enquêtes criminelles. Mais après avoir
acquis, par des moyens peu orthodoxes,
un petit chalet au bord d’un lac dans le
Nord Michigan, où il compte s’adonner
à sa passion pour la pêche à la truite, il
se trouve plongé au cœur d’une sombre
affaire criminelle. En effet, il a pour voisins
les membres de la famille Ames, sinistres
individus semant la terreur dans tout le
voisinage et commettant des crimes odieux
en toute impunité. Alcooliques, bagarreurs, escrocs, les Ames s’adonnent sur
les femmes du clan à des actes de violence physique et sexuelle, allant jusqu’à
l’inceste. Sunderson se lie malgré tout avec
l’un d’entre eux, passionné d’ornithologie,
et qui semble avoir un comportement plus
humain envers les femmes de la famille, en
dépit de son passé de taulard. Lorsqu’éclate
une série de meurtres et que le clan s’entredéchire, Sunderson se trouve impliqué dans
l’enquête. En parallèle, il tente de trouver
un sens à sa vie en entamant la rédaction
d’un roman autour des péchés capitaux,
auxquels il adjoint un huitième, la violence,
et en renouant les liens qui le lient toujours
à son ex-femme Diane, le grand amour de
sa vie. Farce noire et grinçante, Péchés
capitaux est, comme l’indique son soustitre, un faux roman policier où Jim Harrison
évoque dans son style incisif les démons de
l’Amérique profonde. LHC 1126
Keigo HIGASHINO
La lumière de la nuit
Traduit du japonais par Sophie Refle,
Arles, Actes Sud ( Actes noirs ), 2015, 668 p.
Un prêteur sur gages est retrouvé assassiné dans un immeuble en construction à
Osaka. Avant sa mort, il avait retiré une
très grosse somme d’argent qui demeure
introuvable. Sasagaki Junzö, inspecteur de
PB 0077-plume_Mise en page 1 03.02.12 11:55
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10 Corraterie
4
romans, littérature
la police judiciaire, mène une enquête qui
va se révéler infructueuse et se prolonger
sur plusieurs années. D’autres meurtres
vont suivre. Pas moins de quinze personnages sont mêlés à cette affaire, parmi
lesquels Yukiho et Ryöji, les deux principaux protagonistes qui avaient une dizaine
d’années au moment du premier crime.
Cette intrigue complexe au rythme soutenu tiendra le lecteur en haleine jusqu’au
dénouement final. Adapté au grand et
au petit écran, ce thriller psychologique
détonnant et subtil, qui se déroule dans
le Japon des années quatre-vingt, a eu un
LD 434
succès retentissant. Yasmina KHADRA
La dernière nuit du Raïs
Paris, Julliard, 2015, 207 p.
En écrivant son roman à la première personne du singulier, Yasmina Khadra s’est
mis dans la peau de Khadafi pour raconter
les derniers jours de la vie du dictateur
libyen. Caché dans une école dévastée par
les bombes, il attend d’être sauvé par son
fils, parti dans le sud du pays rallier les
restes de l’armée. Dans un état proche de
l’hallucination, il alterne les conversations avec les officiers et les soldats qui
l’entourent et les méditations sur sa vie.
Il évoque son enfance de bédouin orphelin qui se faisait traiter de bâtard par ses
camarades, son accession au pouvoir en
chef charismatique communiant avec son
peuple dans l’exaltation nationaliste et la
déception qu’il a ressentie devant les trahisons et les complots qu’il a réprimés dans
le sang. Alors que son pouvoir s’écroule,
que la mort s’approche dans un vacarme
d’apocalypse, il reste un tyran cruel, mais
aussi lucide, qui parfois s’abandonne à la
poésie lyrique. Une phrase résume cette
confession : « l’orgueil est allergique à la
raison ». Prisonnier de sa folie, Khadafi
finit par s’offrir en sacrifice à un peuple
qui ne le mérite pas. Sans manichéisme,
l’auteur illustre ce qu’on peut appeler le
paradoxe du dictateur : une fois au sommet de sa puissance, il ne veut pas lâcher
prise, craignant de perdre le contrôle de
son pouvoir ; alors que cette obstination à
refuser toute évolution de son régime provoque sa chute. LHA 11194
David LAGERCRANTZ
Millénium 4 : ce qui
ne me tue pas
Traduit du suédois par Hege Roel Rousson
Arles, Actes Sud ( Actes noirs ), 2015, 481 p.
Tout le monde ou presque a entendu parler
de ce roman policier et d’espionnage suédois : Millénium ( LHF 922 ). Trois volumes
se sont suivis. L’auteur, Stieg Larsson, a
obtenu un succès planétaire. Ses personnages, dont l’incroyable Lisbeth Salander
et le grand journaliste d’investigation
Michael Blomkvist, sont devenus des
héros des temps modernes. Stieg Larsson
est mort, mais David Lagercrantz n’a pas
craint de relever l’épée et de continuer la
série avec un Millénium 4. Eh bien, tout y
est : les manœuvres d’un gang russe criminel avec la sœur jumelle maléfique de
l’héroïne, les corrompus complices suédois
et américains des organismes de renseignement les plus prestigieux, et surtout
le génie, le courage et la détermination de
notre indomptable hacker, laquelle brise
les codes informatiques les plus secrets,
traque les salauds les plus cachés. Cela
permet au grand journaliste sans peur et
sans reproche de révéler les turpitudes les
plus inquiétantes nichées dans les plus
hautes sphères du pouvoir, et d’enclencher ainsi une épuration morale. On aime
ou on n’aime pas ce genre de livre, mais
si on se laisse prendre au début, on ne le
lâche plus. LHF 922/4
Sara LÖVESTAM
Dans les eaux profondes
Traduit du suédois par Esther Sermage
Arles, Actes Sud ( Lettres scandinaves ),
2015, 340 p.
Malte a 5 ans. Sa situation familiale est
précaire. Sa mère aimante, mais portée
sur l’alcool, et son compagnon, souvent
violent, ne lui apportent pas l’attention
mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture
voulue. Il rencontre un homme très doux
qui vient lui parler à la grille de la crèche.
Malte a l’impression d’avoir trouvé un ami
avec qui partager des secrets. Depuis sa
fenêtre, un « témoin » observe la scène.
Avec subtilité et pudeur, ce roman troublant aborde le problème complexe et souvent tabou de la pédophilie. La force de ce
récit est accentuée par les qualités narratives de la romancière, qui dévoilent avec
une justesse de ton incomparable les réactions intimes de cet enfant à la recherche
LHF 187
de tendresse. Petros MARKARIS
Pain, éducation, liberté
Traduit du grec par Michel Volkovitch
Paris, Seuil, 2014, 253 p.
Alors que le monde entier a les yeux tournés vers la Grèce et sa crise à rebondissements, le roman de Petros Markaris
fournit un éclairage original sur la situation vécue de l’intérieur. Troisième volet
d’une trilogie consacrée à la crise grecque,
il met en scène le commissaire Charitos
au moment où la Grèce vient de sortir de
l’euro et de revenir à la drachme. Comme
ses concitoyens, le commissaire subit le
contrecoup des mesures d’austérité et doit
se serrer la ceinture, son salaire étant bloqué depuis plusieurs mois. Heureusement,
sa femme, Adriani, accomplit des miracles
de débrouillardise et réussit à subvenir aux
besoins de sa famille. C’est dans un climat
de découragement général, ponctué par les
manifestations de rue, qu’un tueur assassine plusieurs personnalités issues de la
génération de Polytechnique, qui s’était
opposée à la junte des colonels dans les
années septante, avant de faire carrière
dans les affaires, l’université ou le monde
syndical. Au cours de son enquête, le commissaire Charitos découvrira les tensions
opposant de jeunes idéalistes, déterminés
à se battre contre la misère et la corruption,
à des aînés ayant trahi les idéaux révolutionnaires au profit d’une vie confortable
obtenue à force de compromissions. A la
fois roman policier et de politique-fiction,
Pain, éducation et liberté, qui dépeint avec
réalisme la difficile réalité quotidienne de
la Grèce, délivre malgré tout un message
d’espoir et de dignité. LHF 983
Deon MEYER
7 jours
Traduit de l’anglais ( Afrique du Sud )
par Estelle Roudet
Paris, Seuil, 2014, 525 p.
Le capitaine Benny Griessel, de la direction
des enquêtes criminelles prioritaires de la
police sud-africaine au Cap, est chargé
d’enquêter sur l’assassinat de Hanneke
Sloet. Juriste chez Silberstein Lamarque,
la victime s’occupait d’une transaction
financière importante. L’enquête piétine.
Un inconnu menace de tuer un policier
chaque jour si le nom du coupable n’est
pas révélé. Corruption, intérêts politicofinanciers, implication de la Maffia russe,
fraude aux pensions de retraite rythment
cette intrigue complexe et époustouflante.
Né à Paarl, de parents afrikaners, et ancien
journaliste, Deon Meyer est aujourd’hui
l’un des grands auteurs de la littérature
policière. Tous ses romans, très documentés, reflètent le vrai visage de cette nation
en pleine mutation depuis la fin de l’apartheid, avec ses rêves, ses subtilités et
ses fractures. LHC 1122
Toni MORRISON
Délivrances
Traduit de l’anglais ( Etats-Unis )
par Christine Laferrière
Paris, Christian Bourgois, 2015, 197 p.
Dans ce roman où se retrouvent les grands
thèmes qui traversent l’œuvre de Toni
Morrison – le racisme, l’enfance outragée,
les déchirements familiaux, la condition
féminine – le récit est fragmenté entre
les narrations de plusieurs personnages,
autour de la figure principale de Bride,
jeune Noire d’une grande beauté dont
la peau d’une exceptionnelle noirceur a
provoqué dans son enfance une véritable
répugnance chez sa mère, mulâtre au
teint clair. C’est pour se faire aimer de
cette dernière que Bride, autrefois appelée
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romans, littérature
Lula Ann, a commis un acte odieux dont le
souvenir viendra la hanter lorsque l’institutrice qu’elle a accusée à tort d’attouchements sexuels aura fini de purger sa peine
de prison. Bien qu’elle soit devenue une
adulte admirée et courtisée pour sa beauté
et sa réussite sociale, Bride reste vulnérable et voit son fragile équilibre s’écrouler lorsque son amant, Booker, rompt
brutalement avec elle. Elle traverse alors
une crise profonde au cours de laquelle
elle voit s’effacer les attributs de sa féminité d’adulte. Il lui faudra retrouver Booker
et apprendre le secret que celui-ci porte
en lui-même pour accéder enfin à une certaine sérénité. A travers l’histoire de Bride
et de Booker, c’est aux démons toujours
présents de l’Amérique que s’attaque Toni
Morrison dans ce roman aux allures de
LHC 1123
conte cruel. pour quelques
marches
de plus
découvrez le choix des bibliothécaires
Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9
Amelia ROSSELLI
Balcons sur
le Grand Canal
Traduit de l’italien
par Christophe Carraud
Paris, Editions de la revue Conférence,
2015, 189 p.
Gustave Roud ( 1897-1976 )
L’auteur, le poète, le photographe enfin tel
qu’il apparaît depuis quelques années, est à
( re ) découvrir en parallèle à la conférence sur
la littérature romande de Roger Francillon, le
26 novembre.
Art et Deuxième Guerre mondiale
Au cours du second conflit mondial, les
pays de l’Axe, principalement l’Allemagne
nazie, dépouillent les Etats vaincus de leur
patrimoine artistique. Un véritable trafic
d’œuvres d’art a ainsi lieu pendant cette
période. Mais ce n’est qu’à partir du milieu
des années quatre-vingt que le marché commence à se soucier de la provenance de ces
œuvres. Les héritiers des victimes de la Shoa
tentent alors peu à peu de récupérer ce patrimoine spolié dont l’actualité cinématographique, avec La femme au tableau ( 2015 ),
se fait l’écho.
Salle Genève
la conférence de Frédéric Ferney, le grand
homme d’Etat se révèle sous ses aspects les
plus secrets.
Salle de THéOLOGIE
Trois philosophes dans la tourmente
Hannah Arendt, Simone Weil, Etty Hillesum :
pour chacune, l’acte de pensée va de pair
avec la force de l’engagement et le sentiment
de liberté face aux régimes totalitaires. L’atelier de Philippe Baud fera vivre leurs textes
que vous trouverez en Salle de Théologie.
Salle de
géographie
Un siècle d’aviation
En écho à la conférence d’Adrien Bosc, venez
attacher vos ceintures, et vous envoler avec
Jean Mermoz ou Charles Lindbergh ! L’avion,
la plus fascinante conquête des temps
modernes, prend ses quartiers en Salle
de Géographie.
Banque et finances
espace jeunesse
Un des berceaux de la banque privée
moderne, Genève compte parmi les plus
anciennes places financières du monde.
Notre sélection prolongera avec profit la
conférence éclairée de Michel Camdessus.
L’école
Salle d’Histoire
Romans, contes, bandes dessinées : l’école
est un thème qui inspire de nombreux auteurs
pour enfants ; peut-être moins les enfants
eux-mêmes, qui trouveront aussi dans notre
Espace Jeunesse beaucoup d’autres livres
pour se divertir et s’enrichir !
Churchill intime
Homme de lettres qui fut couronné par le
Prix Nobel, orateur hors pair, mais aussi
peintre, bon vivant… Dans la continuité de
l’immense silence qui régnait, « ponctué
par intervalles de bruits familiers qui ne
semblaient exister que pour le rendre palpable et omniprésent. » Le jour viendrait
De nombreux titres sont disponibles
dans le fonds de la bibliothèque
pour illustrer ces sujets.
où son père appellerait la petite fille à la
fenêtre pour lui montrer quelque chose de
nouveau, de jamais vu : c’était le premier
vaporetto, un signe de vie sur ces eaux
lindegger
o p t i q u e
maîtres opticiens
optométrie
lunetterie
rue de Saint-Victor 4
022 346 25 12
Des balcons qui donnent sur une Venise
autre que celle des esthètes à la Ruskin,
des polissons à la Casanova, des amoureux
de toujours et des troupeaux d’aujourd’hui :
c’est la Venise intime et familière qu’a
connue une petite fille née en 1870. Amelia
Rosselli appartient à une famille bourgeoise juive marquée par le ghetto dont les
portes ne s’étaient ouvertes qu’en 1866.
Des revers de fortune l’avaient contrainte
de se séparer de son gondolier et de l’une
des domestiques, mais elle occupait toujours un étage complet d’un palais donnant sur le Grand Canal. Le garde forestier
d’une sylve quelque peu mythique venait
régulièrement au rapport sans amener
jamais, toutefois, le bois que l’on escomptait, et c’est sur ses genoux que l’enfant
écoutait le récit magnifié des fastes de
naguère. La vie à Venise, alors, était
monotone et immobile, et le leitmotiv qui
revient dans cette évocation est celui de
Accueil
5
instruments
lentilles de contact
cours de Rive 15 . Genève . 022 735 29 11
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mortes… Pourtant calli, campielli et cours
intérieures ne manquaient pas d’animation
avec le crieur Prospero annonçant naissances, fiançailles et décès, le passage
6
romans, littérature
de l’allumeur de réverbères, l’appel du
vendeur de tripailles venu ravitailler tous
ces chats, aimés et déjà innombrables,
qui tenaient lieu de poupées. Un temps
enfui où une vieille tante portait encore
crinoline et qu’Amelia Rosselli ressuscite
avec grâce. LHE 684
Éric-Emmanuel SCHMITT
La nuit de feu
Paris, Albin Michel, 2015, 182 p.
L’auteur prolifique abandonne ici la fiction
pour un récit autobiographique des plus
personnels puisqu’il y évoque de façon
sincère un épisode mystique bouleversant
qu’il relie à celui que vécut Pascal, en lui
empruntant du reste son titre. L’écrivain
raconte ce qui lui est arrivé dans le désert,
alors que, jeune normalien athée, il effectuait un trek qui devait le conduire dans
les pas de Charles de Foucauld ; à la faveur
d’une nuit où, perdu dans l’Atakor, il croyait
sa dernière heure venue, il connut la manifestation d’une Présence l’inondant de joie
et de plénitude. « Depuis ce jour je suis
en métamorphose. A une époque où la foi
est défigurée par des terroristes mortifères
( … ), l’homme qu’elle a accompli voulait
témoigner d’une foi qui ne s’attache pas
aux dogmes. » Une confidence inhabituelle
servie par de très beaux passages sur
son expérience du désert. De la part d’un
brillant esprit, elle aurait peut-être mérité
quelques développements plus amples et
plus approfondis. Il est vrai qu’en restant
très accessible, l’auteur touche par sa sincérité et ne tombe en tous cas jamais dans
LHA 11192
le prosélytisme. Delphine de VIGAN
mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture
Jess WALTER
Volker WEIDERMANN
D’après une
histoire vraie
The Financial Lives
of the Poets
Ostende 1936. Un été
avec Stefan Zweig
Paris, JC Lattes, 2015, 479 p.
New York, Harper Perennial, 2014, 322 p.
Traduit de l’allemand par Frédéric Joly
Paris, Piranha, 2015, 152 p.
Après la publication de son dernier roman,
Rien ne s’oppose à la nuit ( LHA 5907 ),
dans lequel elle évoquait le douloureux
souvenir du suicide de sa mère, la narratrice, Delphine, traverse une période difficile. Elle se sent submergée par la portée
du livre et l’énorme intérêt qu’il a suscité
auprès du public, et a du mal à se remettre
à écrire. C’est à ce moment qu’elle rencontre L., une jeune femme élégante et
intelligente, écrivain elle aussi mais en
tant que nègre de célébrités, avec qui elle
sympathise très vite et se découvre de nombreuses affinités. Mais progressivement,
cette amitié va devenir envahissante, à tel
point que L. va devenir la confidente, l’assistante et parfois même le substitut de
Delphine. Jusqu’au moment où celle-ci se
rend compte que L. est en train de faire le
vide autour d’elle et de prendre possession
de sa personnalité. La tension va monter
progressivement, jusqu’au dénouement.
En définitive, c’est peut-être dans un autre
sens que va s’exercer la prise de pouvoir…
Le roman, revendiqué comme tel, jongle
avec de nombreux éléments autobiographiques, mais ce n’est pas tant la vérité
que cherche à reproduire l’auteur, que la
manière dont elle est transformée par le
biais de l’écriture. Le livre évoque avec un
art consommé la relation entre réalité et
fiction, et pose des questions fondamentales sur le devenir du roman et le rapport
entre imaginaire et reconstitution de la
LHA 11191
vraie vie. When this novel was published in 2009,
it was the first to treat the consequences
of the recent financial crisis on ordinary
human lives. Its reissue is testimony
both to the lasting consequences of that
crisis and to the quality of this hilarious
but penetrating work of fiction. Its main
character, Matthew Prior, has the same
name as the 17th century satirical poet.
Walter’s Matthew is a business reporter in
his late forties with a big house, a family of four, and an expensive mortgage.
He quits his job to start a financial blog
written in verse, which predictably fails.
When the crisis hits, he can no longer
pay his mortgage, which in any case is
now worth more than the house. To make
matters worse, his wife takes up with an
old high-school flame. On a whim, Matt
befriends a group of marginal youths who
spend most of their time high on drugs.
His business acumen sees an opportunity : these unemployed young people have
ready access to excellent marijuana. His
middle-aged white-collar friends gave up
smoking marijuana years ago, but what if
they knew how good it was today ? Matt
launches a new career as a reliable and
confidential drug dealer to the middle
class. He has new hopes of surviving the
crisis and saving his family. Things do not
turn out as planned, but his adventures
are extraordinary, very funny, and in the
end rather moving. LHC 889 B, livre
Ce roman biographique constitue un véritable hommage à quelques figures de
la littérature d’exil allemande et autrichienne : à Stefan Zweig, Joseph Roth,
Egon Erwisch Kisch ou encore Ernst Toller.
Ils sont interdits de séjour et de publication dans l’Allemagne nazie et leur situation financière s’avère précaire. Pendant
quelques mois d’été, ils se retrouvent
dans la ville balnéaire belge d’Ostende,
au milieu de la foule des estivants insouciants. Ils vont se disperser dans le monde
entier, peu d’entre eux survivront à la
guerre, et ils pressentent déjà leur sort
inéluctable. Une étrange et profonde amitié lie Stefan Zweig, auteur à succès riche
et mondain, à Joseph Roth qui sombre
désormais dans la pauvreté et l’alcool,
et dont l’écriture décline. Roth s’éprend
de l’éblouissant auteur Irmgard Keun, qui
vient de quitter l’Allemagne. Tous commentent la guerre en Espagne et guettent
les possibles prises de position des pays
d’Europe. Ils médisent de Thomas Mann,
à qui ils reprochent de tarder à prendre
position contre le nazisme, ainsi que de
son fils Klaus. Weiderman, qui a publié
un texte sur les livres brûlés, maîtrise
son sujet dont le récit est enrichi de nombreuses citations. Cette « fête d’adieu à la
culture européenne » subjugue le lecteur
et l’encourage à une relecture des grands
LHB 1080
écrits de cette époque. LA FORCE D’UNE TRADITION.
disponible en français ( LHC 889 )
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histoire, biographies
Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9
Sandrine REVEL
Glenn Gould : une vie
à contretemps
Paris, Dargaud, 2015, 128 p.
Au fil d’un très bel album aux tons d’orage, l’auteur de
bande dessinée Sandrine Revel relate en dessins aux traits
fins et élégants la vie tourmentée du pianiste Glenn Gould.
Doté d’un talent absolu, le pianiste canadien, né en 1932,
intègre très jeune le Royal Conservatory of Music de Toronto
et suscite très vite une grande ferveur. L’album dessine
l’enfant avec ses prouesses ( il est remarqué dès 5 ans par
un pianiste chilien, Alberto Guerrero, alors en exil au Canada,
qui deviendra son professeur ), ses souffrances et ses
phobies. Le lecteur mesure ainsi dès les premières planches
la difficulté de l’enfant à communiquer, enfermé dès le plus
jeune âge dans le monde de la musique, arc-bouté sur luimême comme il le sera sur son clavier. Son interprétation
singulière, inédite et magistrale des Variations Goldberg de
J. S. Bach en 1955 lance sa carrière internationale. Carrière
qu’il interrompt brutalement en 1964, pour ne plus jamais
la reprendre. Un album magnifique, tant au point de vue
graphique qu’au point de vue littéraire, qui restitue un peu
du mystère de celui qui fut l’un des très grands pianistes du
XXe siècle. RGA 22
histoire,
Biographies
Corinne CHAPONNIÈRE
Les quatre coups de
la Nuit de cristal
Paris, Albin Michel, 2015, 327 p.
Dans un ouvrage fouillé et d’une écriture
limpide, Corinne Chaponnière revient sur
les lieux du crime ayant servi de prétexte
à la Nuit de cristal. Ce vaste pogrom fut
déclenché par les nazis après qu’un jeune
homme de 17 ans eût abattu à coups de
révolver un Conseiller de l’ambassade
d’Allemagne à Paris. Le meurtrier était
juif polonais, le diplomate, aryen de bonne
souche, mais peut-être pas tout à fait
dans la ligne… De quoi amorcer un roman
policier, un polar ! Au roman, l’auteur y a
songé. Et il en reste des traces, un style
narratif d’une tonalité de romancière,
pas d’historiographe. Et de policier, il y
a l’enquête, minutieuse, menée sur un
rythme pressant tout au long du récit et
de la divulgation des éléments l’étayant.
Histoire signifie enquête : il s’agit donc
bien d’un ouvrage historique qui tentera de
démêler les fils de cette affaire aux impensables conséquences. On suivra donc
quatre pistes – les quatre coups annoncés
– toutes plausibles, à divers degrés, toutes
insuffisantes pour conclure. Assassin et
victime sont connus, les coupables non.
Ils courent toujours ! Mais que s’est-il
vraiment passé ce 7 novembre 1938 ? La
réponse décevra peut-être les amateurs
de certitudes. L’Histoire traite du Réel
et ne se laisse pas appréhender comme
dans un roman. Décidément, le Réel est
impossible ! HE 682
Olivier MEUWLY
19 avril 1874 :
l’audace de la
démocratie directe
Lausanne, PPUR ( Le Savoir Suisse ),
2013, 124 p.
Olivier Meuwly est bien connu des politiciens et des observateurs de la vie politique
suisse. Avec ce petit livre, dense, précis,
vif, il parcourt une période méconnue et
pourtant agitée, qui va de 1848 – création
de la Suisse moderne – à 1874, date de la
révision totale de la Constitution ; révision
essentielle qui ouvre la voie à la démocratie directe. En 1848, donc, les Radicaux
avaient gagné la guerre du Sonderbund.
L’Etat semblait leur appartenir et leur
suprématie face aux Conservateurs catholiques vaincus devoir durer très longtemps.
Or, explique l’auteur, les événements ne
se sont pas du tout déroulés aussi simplement. Chez les Radicaux eux-mêmes
des tendances s’affrontèrent. A ces tensions entre partisans du plus d’Etat et
ceux qui s’y opposaient s’ajoutèrent les
affrontements entre centralisateurs au
profit du nouvel Etat fédéral et fédéralistes
défendant bec et ongles les prérogatives
des Cantons. C’est ainsi que l’on vit peu
à peu des conjonctions improbables entre
fédéralistes, notamment romands, et les
conservateurs catholiques. C’est dans
7
cette ambiance que se situa aussi le
débat sur l’opportunité d’ouvrir le champ
de la démocratie directe ou, au contraire,
la nécessité d’en rester à une démocratie
représentative. Olivier Meuwly explique
comment on est difficilement sorti de l’ornière, comment les uns et les autres ont
accepté des compromis. Bref, le 19 avril
1874, la majorité du Peuple et des Cantons
vota la révision totale. L’équilibre institutionnel se consolidait. HH 254
DIVERS
Patrick Leigh FERMOR
Un temps pour se taire
Traduit de l’anglais
par Guillaume Villeneuve
Paris, Nevicata, 2015, 97 p.
Dans ce précieux petit livre paru il y a
plus d’un demi-siècle et maintenant traduit, l’écrivain-voyageur que nous avons
accompagné avec tant de plaisir sur les
chemins de l’Europe, entre Londres et
Istanbul, nous introduit dans des lieux de
silence, chez les bénédictins de l’Abbaye
de Saint-Wandrille en pays normand où il
fit souvent retraite et chez les cisterciens
de la Grande Trappe, révélant ainsi une
autre face de son attachante personnalité. Un voyage spirituel ? Pas vraiment,
car l’auteur ne cache pas quelles sont ses
limites dans ce domaine, mais plutôt la
découverte de sa propre capacité à supporter la solitude, de la clarté d’esprit qui
accompagne la vie monastique et l’état
de paix que procurent l’isolement d’une
cellule, les repas silencieux et la monotonie-même du rituel. Observateur bienveillant et attentif, il décrit le quotidien
de ces hommes retirés du monde, le lever
aux petites heures, les longs offices auxquels ils assistent agenouillés ou debout,
la coulpe ou la proclamation, cérémonial
hebdomadaire au cours duquel chacun
accuse ses propres manquements, voire
ceux des autres, les repas spartiates
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8
divers
sous la présidence de l’abbé juché sur
une estrade et – chez les bénédictins du
moins car les trappistes accordent peu de
place à l’étude – la lecture faite « sur un
ton obligatoirement sépulcral et monotone » qui préserve le lecteur du péché
de vanité. L’histoire de ces monastères
est brièvement résumée et un détour par
la Cappadoce consacre un chapitre aux
monastères rupestres qui sont comme
la préhistoire de tout le monachisme. GVL 579/3 B, livre disponible en
anglais ( GVL 579/3 )
Aude HAUSER-MOTTIER
La musique de
la douleur
Paris, Mercure de France, 2015, 185 p.
A sa formation de pianiste et de physiothérapeute, l’auteur joint celle d’analyste
jungienne. Elle soigne entre autres les
musiciens qui souffrent d’une dystonie de
fonction, appelée aussi crampe du musi-
cien, qui compromet leur carrière et se
trouve être le trouble le plus pernicieux
dont puisse souffrir un instrumentiste. A
ceux qui la consultent, elle ne se contente
pas de prescrire des exercices de rééducation. Elle considère que l’origine d’un
blocage n’est jamais uniquement physique
et c’est pourquoi elle utilise parallèlement
une forme d’analyse basée sur l’interprétation des rêves pour remonter à la source
du handicap. Les sept cas présentés dans
ce livre, au nombre desquels un violoncelliste, un pianiste et une cantatrice,
témoignent de l’efficacité de la méthode
mais aussi des qualité d’intuition et d’empathie dont Aude Hauser-Mottier est, à
l’évidence, douée pour mettre en confiance
et amener à se livrer qui croit venir chez
la spécialiste pour résoudre simplement
un problème concret. Chacune de ces histoires se lit comme un petit roman à l’heureuse conclusion et il faut sans doute faire
la part de la concentration dans le temps
– le raccourci – qu’a exigé leur mise en
forme pour admettre la sagacité surpre-
et encore
nante dont semblent faire preuve certains
patients dans l’interprétation de leurs
SE 88
propres rêves. Edgar MORIN
Penser global : l’humain
et son univers
Paris, R. Laffont, Ed. de la Maison des
sciences de l’homme, 2015, 131 p.
tient. Chaque individu est partie prenante
de l’ensemble mais il n’existerait pas sans
ces cercles qui l’entourent et le façonnent
dès l’enfance. Or, l’histoire des hommes est
ponctuée d’acteurs qui ont pris leur partie
pour le tout et ont voulu l’imposer à tous ;
cela au travers des empires, des idéologies, des intégrismes religieux ; mais aussi
par des prises de pouvoir économiques au
détriment de régions plus faibles et d’atteintes graves à un environnement inscrit
dans les équilibres de la vie. En somme,
Edgar Morin nous appelle à une connaissance des interactions de l’univers et de
la vie pour nous inviter, chacun en particulier et tous ensemble, à penser global.
Les humains finiront-ils par y réussir et à
éviter ainsi des déséquilibres et des crises
très graves ? SF 283
L’éclosion du papillon est une création.
Mais pour cela, il faut que la chenille
s’autodétruise. Constructions, combinaisons incroyables d’éléments, créations,
destructions. D’une manière aussi vivante
que précise, Edgar Morin évoque l’histoire
de l’univers, l’inconnu de la non matière
mais aussi la formation des planètes,
le destin nullement éternel de la terre et
l’apparition de la vie sur cette terre, avec
finalement celle de l’humain. L’évolution
de ce dernier est évoquée, avec son parcours biologique peu changé depuis l’homo
sapiens mais aussi son parcours historique à travers les structures politiques,
économiques, sociales successives. Pour
Edgar Morin, il en va de l’humain comme
de
c’est-à-dire
que tout30.6.2009
est relié, se 9:51
4 tout ;
Saveurs:4
Saveurs
Page 1
Géraldine ALIBEU, Ingrid THOBOIS, Des fourmis dans les jambes : petite biographie
JG THOB 1
de Nicolas Bouvier, La Joie de lire, 2015, 40 p.
Martin AMIS, La zone d’intérêt, Calmann-Lévy, 2015, 404 p.
LHC 1079 B
Stéphanie BONVICINI, Le phare d’Edgar, Marmaille et compagnie, 2014,
30 p.
JLC BONV 1
Richard FORD, En toute franchise, L’Olivier, 2015, 231 p.
LHC 1080 B
G. H. GUARCH, Le testament arménien, Thadée, 2015, 435 p.
Harper LEE, Va et poste une sentinelle, Grasset, 2015, 332 p.
Ian McEWAN, L’intérêt de l’enfant, Gallimard, 2015, 231 p.
Martin SUTER, Montecristo, C. Bourgois, 2015, 337 p.
LHC 1120 B
LHC 1065 B
LHB 203
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